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INFORMATIONS DIVERSES SUR L'HISTOIRE DE BRETAGNE

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INFORMATIONS DIVERSES PARTIE 1.

1. DROIT DE MOTTE. — Le droit de motte remontait aux premières époques de la féodalité. En vertu de ce droit les vassaux d'un domaine étaient obligés d'apporter, à une place désignée, un certain nombre de charretées de terre pour y élever une butte ou motte du haut de laquelle le seigneur pût apercevoir d'un coup d'œil toute l'étendue de ses possessions. (Daru). C'était à cette motte qu'il tenait ses assises, certains jours de la semaine, et que son bailli ou sénéchal rendait la justice en son nom. (D. et H.).

2. L'esclavage proprement dit [Note : Si toutefois il y a eu esclavage proprement dit en Bretagne, car des auteurs estimés soutiennent la négative] n'exista en Bretagne que jusqu'à la fin du dixième siècle, mais les servitudes des paysans n'en étaient pas moins onéreuses. Outre le cens, les lots, les ventes, les corvées, les nourritures de chiens, de vaches et d'autres animaux, les repas qu'on était obligé de donner, les seigneurs tiraient encore des droits énormes sur les mariages, la vente du pain, du vin, etc. ; on ne pouvait enfin ni manger, ni boire, ni faire un pas sans payer une contribution ; droits sur le sel, droits de passe sur les ponts, sur les chemins, aux portes des villes, etc. (D.).

3. Alain Fergent fit des réformes dans l'administration de la justice, établit des lois et fit des ordonnances dans toute l'étendue du duché. Il plaça à Rennes un sénéchal, et soumit à son tribunal tout le reste de la Bretagne, excepté le comté de Nantes, de manière que tous les jugements, rendus par différents juges, ressortaient au sénéchal de Rennes par réclamation ou appel. Ce fut sous le règne de ce prince qu'on établit les sceaux pour sceller les actes.

4. Alain Fergent créa aussi un parlement pour juger les causes d'appel du sénéchal de Rennes et de Nantes. Ceci fut observé jusqu'au quinzième siècle. Ce parlement était une compagnie d'hommes de toutes robes, de tous états, qui ne s'assemblaient que par l'ordre ou la permission du duc. Dans la suite on lui donna un président qui tenait la première place dans l'absence du chancelier.

5. Jusqu'au règne d'Alain Fergent à peu près, on ne distinguait les personnes du même nom que par le nom de leur père, comme Pierre, fils de Jean ; Philippe, fils de Jacques, etc., pratique ancienne et commune aux Bretons avec les Hébreux, les Grecs et la plupart des autres nations. Ce fut sous le règne d'Alain Fergent que l'on commença à se donner des surnoms, pris des terres qu'on possédait ou de quelques sobriquets. Grasse-Vache fut le premier surnom.

6. Il y avait des terres où le seigneur héritait du colon qui ne laissait pas d'enfants mâles ; c'est ce qu'on appelait l'usement de motte. Il y en avait où il s'attribuait sur chaque ménage les biens de celui des deux époux qui mourait le premier. Conan III prit le parti des opprimés, et fit d'utiles réformes. Entre les droits vexatoires qu'il entreprit d'abolir, le plus inhumain, peut-être, était celui que les seigneurs s'arrogeaient sur les débris que la mer rejetait après les tempêtes. Ces misérables restes de la fortune des naufragés, devenaient la propriété légitime du seigneur, dès qu'ils avaient touché le rivage. Ce droit s'appelait droit de bris et naufrage. Un concile, tenu à Nantes, en 1127, prononça une sentence d'excommunication contre ceux qui ne renonceraient pas à cette coutume barbare. Cette sentence n'intimida les coupables que pour un temps ; ils recommencèrent peu après leurs pillages.

7. Sous le règne de ce même duc, la population bretonne était divisée en deux classes, les maîtres et les serfs. Survenait-il un différend entre les seigneurs, la force en décidait. Etait-ce entre les faibles, la volonté du seigneur était la loi. Conan, comme nous l'avons déjà dit, protégea les faibles contre les seigneurs, et se montra toujours l'ennemi du régime féodal qui faisait des milliers de malheureux.

Parmi les priviléges qui affaiblissaient l'autorité des ducs, il n'y en avait pas dont l'abus fût plus préjudiciable que celui de l'immunité des minihis. Ce mot vient, dit-on, du celtique minichi qui veut dire franchise. Les minihis étaient des lieux qui avaient été consacrés par la demeure ou la pénitence de quelque saint. Les criminels ne pouvaient plus être poursuivis, dès qu'ils s'étaient réfugiés dans ces lieux. La ville de Saint-Malo jouissait toute entière de ce droit d'asile.

8. Sous le règne de Geoffroi, les terres seigneuriales se partageaient au décès du possesseur entre tous les mâles de la famille. En 1185, ce prince réunit les barons dans une assemblée dont la mémoire s'est conservée sous le nom d'assise du comte Geoffroi. Là il fut réglé que la totalité de l'héritage noble serait recueillie par l’aîné, sous la condition que celui-ci ferait une pension sortable aux cadets.

9. Les historiens d'Anjou prétendent que ce fut Pierre de Dreux qui apporta les hermines en Bretagne : cependant il est certain qu'il y avait des hermines sur les monnaies de Bretagne avant le neuvième siècle.

10. Jusqu'à l'année 1214, les seigneurs avaient rendu la justice à leurs vassaux ou l'avaient fait rendre par leurs voyeurs qui, pour la plupart, gens ignorants ou intéressés comme leurs maîtres, commettaient des injustices criantes. Sous le règne de Pierre de Dreux l'administration de la justice passa des seigneurs à des sénéchaux, lieutenants et autres qui, étaient subordonnés à ceux du duc. Avant Pierre de Dreux les appellations n'allaient point au parlement de France. Mauclerc fut le premier à consentir à ce ressort, mais seulement en cas de déni de justice ou de faux jugement, encore ce droit de ressort n'avait-il lieu qu'au civil.

11. A compter longtemps avant ce siècle, le serment avait part aux preuves dans les causes civiles. On le faisait sur les reliques ou sur les évangiles avec beaucoup de solennité ; mais quelque foi qu'on y ajoutât, celui qui faisait le serment était encore obligé de faire l'épreuve du fer chaud ou de l'eau chaude, si la partie l'exigeait.

12. Onzième siècle. A cette époque la plupart des gens aisés dédaignaient la culture des terres, ne mangeaient guère de pain, vivaient presque de laitage. Uniquement adonnés aux armes et à l'éducation des chevaux, ils négligeaient la culture des lettres. Leur passion pour la guerre était extrême ; ils étaient toujours prêts à prendre part dans les querelles de leurs voisins. Pour ce qui concernait les mœurs, elles étaient dépravées surtout chez la plupart des grands, et chez plusieurs d'un ordre dont on était en droit d'attendre le bon exemple. — Les Bretons prétendent à l'honneur qui leur est disputé par les Normands et les Picards, d'avoir été les premiers trouvères. (Nom qu'on donnait aux anciens poètes).

1227. A cette époque chaque curé était tenu de se confesser à son évêque une fois dans l'année.

 

INFORMATIONS DIVERSES PARTIE 2.

1. Dans le principe, les états ne se composaient que de possesseurs de fiefs ecclésiastiques ou laïques (le clergé et la noblesse). Le clergé, dans les assemblées, se composait d'évêques, d'abbés, de prieurs d'ordres réguliers, etc. La noblesse se composait de barons, de bannerets, chevaliers, écuyers et seigneurs de bannière, etc. L'admission du tiers-état dans les assemblées, fut longtemps retardée, parce que ceux qui n'étaient ni nobles, ni ecclésiastiques se trouvaient sujets d'un seigneur qui, en cette qualité, les représentait au parlement. La première assemblée où le tiers-état fut appelé, est celle que le duc Artur II convoqua à Ploërmel, l'an 1309. Ce fut par les villes que commença l'usage d'appeler le tiers-état dans les assemblées de la nation, lorsqu'on eut à lui demander quelques secours et qu’on crut devoir le disposer à des sacrifices par des honneurs. (D.) Le tiers était représenté par les députés de quarante-deux villes.

2. Les gentilshommes bretons mettaient l'honneur au-dessus de tout ; mais ils n'avaient guère d'autres talents que l'adresse et l'expérience dans les armes. Les sciences leur étaient presqu'entièrement inconnues. Beaucoup de grands hommes ne savaient ni lire ni écrire. Ceux qui avaient honte qu'on signât pour eux, se faisaient faire des estampilles pour imprimer leur nom, lorsqu'il en était besoin.

Il était de principe eu Bretagne qu'en cultivant on ne dérogeait point, voilà pourquoi une foule de nobles y faisaient cultiver leurs terres. Plusieurs de ce nombre se rendaient aux états en habits de paysan, et l'épée au côté. D'antres portaient cette épée dans les champs qu'ils cultivaient de leurs mains, et la déposaient auprès de la bêche et de la charrue. (Hab.).

3. Quand un évêque prenait possession de son siége épiscopal, les seigneurs les plus marquants étaient tenus de le recevoir. Un d'eux, chapeau bas, tenait la bride du cheval du prélat, qu'il conduisait jusqu'aux portes de l'église. Il avait pour ce service le cheval de l'évêque et tout son harnois.

Le seigneur de Retz était tenu de porter sur ses épaules l'évêque de Nantes, le jour de son installation. Le duc Jean IV ayant fait l'acquisition de cette seigneurie se prêta à cette cérémonie, et l'évêque, pour reconnaître ce service ; lui fit présent de la nappe sur laquelle il avait dîné.

4. A Quimper, à Dol, à Nantes, les évêque étaient presque les maîtres de leurs villes, et leur juridiction y était presqu'aussi considérable que celle du souverain. L'évêque de Quimper était juge des habitants ; on tenait l'audience dans sa maison. Le duc n'avait aucun droit de nommer l'évêque ; c'était le chapitre qui l'élisait. A Nantes les évêques ne faisaient pas le serment de fidélité au duc, et ne plaidaient point à sa cour. Les hommes de l'évêque faisaient hommage au duc, mais avec cette restriction : sauf la fidélité qu'ils devaient à leur évêque.

5. L'évêché de Dol avait dix-neuf paroisses dans l'évêché de Saint-Malo, douze dans celui de Saint-Brieuc, sept dans celui de Tréguier, deux dans celui de Rennes, une en Cornouaille, une en Léon, etc.

6. On ne travaillait point au quatorzième siècle le samedi après vêpres, ni les jours de fêtes. La peine qu'on infligeait à ceux qui violaient ce précepte, était, dans quelques diocèses, de payer cinq sous pour le luminaire, ou d'assister cinq dimanches à la procession, portant au cou l'outil dont on s'était servi pour travailler.

7. Les livres manuscrits étaient si rares à cette époque, qu'on les léguait par testament : une dame Angevine acheta un recueil d'homélies qui lui coûta la valeur d'un tonneau et demi de grain, deux cents brebis et cent peaux de martre.

8. Les plus gros vaisseaux à cette époque ne portaient que cent soixante tonneaux ; mais malgré leur petitesse, ces barques allaient en Angleterre, mettaient les pays à contribution, et revenaient chargées de butin après d'éclatants triomphes.

9. Jean IV établit en Bretagne un nouvel impôt ; c'était un écu d'or que l'on devait payer par feu, sous le nom de fouage (fouage vient de fouer, foyer). Les terres nobles étaient exemptes du fouage.

DANSE MACABRE. — Cette danse avait lieu le jour des morts, et se faisait au milieu des cimetières par des personnages vivants. Chacun des acteurs qui y figuraient, était costumé de manière à représenter avec tous ses attributs, un des états que l'homme peut professer ; ainsi on y voyait des papes, des rois, des cardinaux, des juges, des moines, des chevaliers, des soldats, des artisans, des laboureurs, des dames, etc.Tous, se tenant par la main, formaient une ronde immense et chantaient des couplets analogues au sujet. Au centre de la ronde se tenait un personnage qui représentait la mort, armée de sa faux ou d'un dard. A la fin de chaque strophe la ronde s'arrêtait ; la mort s'avançait vers un de ceux qui en faisaient partie, et le frappait de son dard ; celui-ci feignait de tomber et sortait de la danse, même cérémonie avait lieu à l'égard de tous les autres danseurs et danseuses jusqu'à ce que la mort les eût tous frappés l'un après l'autre. (Frém.) Cette cérémonie bizarre était digne de la Bretagne arriérée, diront aujourd'hui les gens à civilisation modèle, mais par malheur elle avait aussi lieu à Paris même, et il paraît qu'on y trouvait plaisir et goût, car il fallut toute l'autorité de l'archevêque pour l'abolir dans la capitale du royaume.

SERVITUDE SINGULIÈRE. Il y avait des propriétaires qui étaient tenus, à la veille de certains jours de l'an, de battre l'eau d'un ruisseau ou d'un étang, voisins du château de leur seigneur, pour faire taire les grenouilles, en disant trois fois : « renouesselles, taisez-vous, renouesselles, taisez- vous, renouesselles, taisez-vous, Monsieur dort ; laissez dormir Monsieur ».

 

INFORMATIONS DIVERSES PARTIE 3.

1. Avant que le tiers-état fût admis aux assemblées, ou les nommait assises, parlement général de la nation, qu'on appela depuis les états. Le duc présidait à l'assemblée, ayant à sa droite les princes, puis son chancelier, et à ses pieds le président de Bretagne, les ministres, les trois grands officiers de sa cour. A la droite du duc et après le chancelier, se plaçait le clergé, puis les députés du tiers-état ; à gauche, la noblesse. Le président du clergé et celui de la noblesse étaient assis sur des siéges élevés et sous un dais. Le président du tiers-état n'avait qu'un accoudoir de serge verte.

2. Les actes, relatifs à la famille du prince, les mariages, les constitutions de douaire, les transactions entre les princes du sang, les testaments, les traités diplomatiques, les impôts, enfin tous les actes importants du gouvernement, de l'administration ou de la justice, étaient soumis à la ratification des assemblées.

3. Les revenus des ducs se bornaient à leurs domaines et aux impôts qu'ils mettaient quelquefois sur leurs propres vassaux. Lorsque les guerres avaient épuisé leurs finances, ils assemblaient les états pour demander du secours. Les prélats et les barons, après avoir examiné la demande du prince, lui accordaient ce qu'ils jugeaient convenable, selon les circonstances des affaires, et le souverain le recevait comme un don de leur pure libéralité. De là vient qu'on donna dans la suite aux subsides extraordinaires le nom de don gratuit.

4. Avant d'entrer dans la ville où les ducs de Bretagne se faisaient couronner, ils juraient de conserver la foi catholique et de protéger l'église de Bretagne de défendre ses libertés, de gouverner sagement le peuple et de lui rendre une exacte justice.

5. Un des plus beaux droits des ducs de Bretagne était celui d'anoblir les roturiers. Le droit de légitimer les enfants bâtards appartenait seulement au souverain.

6. En temps de guerre, le duc faisait publier le ban de l'ost sur les murs ; puis il envoyait avertir l'évêque du jour et du lieu du rendez-vous, et quand il en était temps, le héraut de l'évêque appelait ceux qui en dépendaient. A l'armée, les hommes de l'évêque avaient leurs bannières particulières. L'évêque de Rennes avait un sénéchal, ce qui marque une juridiction temporelle.

7. Les règles de la succession n'étaient pas établies en Bretagne d'une manière invariable. Les femmes avaient été plusieurs fois appelées à la couronne préférablement aux mâles, parents plus éloignés du dernier prince.

8. Les charges de la cour étaient celles de sénéchal, de pannetiers, de veneur, de gouverneur des jeunes princes, d'écuyer, d'échanson, de porte-verges, de voyer et de chancelier, le titre d'écuyer était au-dessous des autres. Les degrés de noblesse étaient ceux de comtes, vicomtes, barons, vicaires, prévôts, chevaliers, simples gentilshommes. Le titre de baron appartenait aux gentilshommes qui avaient des fiefs, relevant des premiers seigneurs.

Les vicaires ou voyers étaient ceux que le duc ou les seigneurs propriétaires de quelques villes, avaient établis chefs des armes et de la justice dans une ville. Les prévôts étaient chargés de l'exécution des jugements. Cette charge était héréditaire.

9. Les chevaliers servaient à leurs dépens avec le nombre de vassaux que portaient leurs fiefs. Devise des chevaliers : en peb, hent léaldet (toujours loyauté).

10. La qualité de comte ne se prenait que par les ducs, après eux par les seigneurs de Penthièvre, de Rennes, de Nantes, et de Cornouaille, etc. Le second titre après celui-là était la qualité de vicomte.

11. Parmi les seigneurs, il s'en trouvait qui avaient des droits tout-à-fait singuliers ; celui du seigneur de Raiz mérite d'être remarqué. Chaque boucher lui devait un denier le jour du mardi gras. Il fallait le tenir prêt dans la main au moment que les gens du seigneur présentaient une aiguille au boucher ; si celui-ci n'avait pas ce denier à la main, les gens du seigneur pouvaient piquer avec l'aiguille telle pièce de viande qu'il leur plairait, et l’emporter sans donner le temps de chercher dans la bourse. – Le seigneur de Penmarch avait dans l'église de Goulven le droit de puiser dans le plat de la quête tout autant que sa main pouvait s'étendre.

12. Les armes offensives étaient la lance et l'épée ; les défensives étaient le bouclier, la cotte de maille et le pot de fer. Les éperons n'étaient qu'une longue pointe de fer, attachée au soulier.

13. Il y gavait cieux sortes d'hommages, l'hommage simple et l'hommage lige. L'hommage simple se rendait debout et avec l'épée au côté, en donnant les mains au souverain dont on dépendait. L'hommage lige se rendait à genoux et sans épée. Le mot lige vient d'un ancien usage de lier le pouce du vassal et de lui serrer les mains dans celles du souverain pour marquer que le vassal était lié par son serment.

14. Il n'y a jamais eu de règle fixe sur l'hommage des ducs ; les rois ont accepté des hommages simples, parce que, dans l'exacte vérité, la Bretagne n'avait jamais été concédée en fief.

15. Le concile de Nantes, tenu en 1431, abolit plusieurs coutumes ridicules qui existaient en Bretagne, entr'autres la fête des fous.

Lettres. — Passionnés pour les armes et presque toujours en guerre, les Bretons, pour la plupart, ignorèrent les sciences humaines à peu près jusqu'au règne d'Anne de Bretagne. (1488). Mais à dater de ce siècle, leurs progrès dans les lettres, comme aussi dans les arts, ont été si rapides jusqu'à nos jours, que la Bretagne a l'avantage d'avoir vu naître un grand nombre de gens instruits, des savants, des génies même. Quant à la guerre, l'histoire nous apprend qu'à toutes les époques cette province a fourni des guerriers qui ne le cèdent point en valeur aux plus grands capitaines de l'antiquité. Aussi un historien renommé l'appelle-t-il la terre classique des braves et des grands souvenirs.

Ainsi la Bretagne peut aujourd'hui se glorifier d'avoir été la patrie d'une multitude d'hommes célébres en tout genre. A l'appui de ce que j'avance, je cite en passant quelques grands noms.

Dans les lettres. — De la Mennais, de Châteaubriand, Le Sage, Fréron, Duclos, Guinguené, Geoffroy des Fontaines, Abailard, Maupertuis, Descartes, les deux Berlin, le Grand, le père Hardouin que l'on dit avoir été orbis litterati portentum.

Au barreau. — Saint Yves, patron des hommes de lois ; Duaren, d'Argentré, Dumoulin, Toullier, Carré, Gerbier, l'aigle du barreau français, etc.

Dans le sacerdoce. — Le père Neuveu, le père Bougeant, le père André, Tournemine, Belle-grade, Le Gobien, Neuville, Le Gris-Duval, etc.

Dans la médecine. — Laënnec, Broussais.

Dans la peinture. — Le célèbre Valentin qui naquit à Guingamp.

Dans la sculpture. — Michel-Colomb, premier sculpteur de son siècle. Il naquit à Saint-Pol-de-Léon.

A la guerre. — Duguesclin, Clisson et Artur de Richemont, qui sauvèrent la France ; sans eux les léopards d'Angleterre auraient remplacé les lis ; Beaumanoir, Tanguy du Châtel, Trésiguidy, le maréchal de Gouyon de Matignon, le maréchal de Guébriant, la Tour-d'Auvergne, Moreau, Charette, André-des-Iles, Du Guay-Trouin, Cartier qui découvrit le Canada ; La Nouë, surnommé Bras de fer ; Mahé de la Bourdonnais, le maréchal de Coëtlogon qui commanda dans douze batailles, et fut douze fois vainqueur ; Carousin qui, dans un combat naval, ayant eu les deux jambes coupées, se fit placer dans un baril de cendre et continua de commander ; le colonel Madec, de Quimper, qui dans l'Inde renouvela les prodiges d'Hercule ; une fois on l'y vit à la tête de cinquante cavaliers accourir à la délivrance de l'empereur du Mongol, assiégé dans Delhy, traverser une armée de cent mille assiégeants, et pénétrer en triomphe dans cette capitale, où, nouveau Mardochée, il fut revêtu de la pourpre et proclamé sauveur de l'empire.

L'orgueil et le préjugé peuvent bien accuser les Bretons d'être un peuple encore arriéré ; mais leur activité dans le commerce, leur succès dans l'agriculture, leur zèle pour les lettres et les arts, suffisent pour faire tomber aujourd'hui ce reproche humiliant, et pour apprendre qu'il ne faut pas juger des Bretons modernes sur les Bretons des temps reculés. S'ils ont conservé quelques traits de leurs ancêtres, c'est l'attachement à la foi catholique, la valeur et le caractère. Considérés sous ces trois points de vue, les Bretons sont toujours, il est vrai, ce qu'étaient leurs vieux pères, religieux, francs, sincères, compatissants, vifs, terribles dans leurs emportements, braves jusqu'à la témérité, communicatifs jusqu'à l'imprudence, opiniâtres jusqu'à l'excès : on sait ce que signifient ces mots, devenus proverbe : tête de Breton.

(Abbé Brouster).

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