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LE CHÂTEAU DE RANROUET ET LES SEIGNEURS D'ASSÉRAC.

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Le château de Ranrouët ou Ranrouet, forteresse médiévale située sur la commune d'Herbignac, est le chef-lieu de la seigneurie d'Assérac. La famille d'Assérac s'est installée à Herbignac vers le milieu du XIIème siècle et la seigneurie est ensuite passée par mariage aux Rochefort à la fin du XIIIème siècle, puis aux Rieux à la fin du XIVème siècle, et aux héritiers, les familles de Lopriac et Cambout de Coislin. Construit au XIIème siècle, le château de Ranrouët est progressivement aménagé jusqu'au XVIIème siècle, puis abandonné vers 1793. En 1929, Le château est acheté par la fille de Gaston Ecomard. Elle et son mari, Henri Menager, consolident les ruines et commencent à restaurer  en partie le site. Dans les années 1980, leur héritiers le vendent au conseil général, qui l'ouvre au public. Cet édifice fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 10 novembre 1925.

Ville d'Herbignac (Bretagne) : château de Ranrouët.

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

Placé, comme une sentinelle, à l'extrémité nord-ouest du vaste marais tourbeux de la Grande-Brière, le château de Ranrouet est situé à environ un kilomètre du bourg d'Herbignac (ancienne Loire-Inférieure) à quatre lieues de Guérande.

Successivement possédé par les maisons d'Assérac, de Rochefort, de Rieux, de Lopriac, de Kerhoent et du Cambout, son nom seul de Ran-Roué (en langue bretonne : lot du Roi) suffirait à indiquer son illustre origine. Ses murailles, garnies de six tours, sont défendues par de larges fossés. Une contrescarpe, armée d'un fossé extérieur, double la force de cette vieille forteresse. L'enceinte des murailles, y compris un bastion placé devant le pont-levis, les fossés et la contrescarpe, contient en superficie deux hectares et demi ou cinq journaux.

Certaines portions des tours et des remparts dénotent une construction du XIIème siècle, encore est-il permis de supposer qu'à l'instar d'autres châteaux-forts, il fut superposé à quelque construction gallo-romaine, utilisée à l'époque normande ; mais la majeure partie des murailles a été édifiée depuis que le château de Ranrouet n'a plus été considéré comme place de guerre, c'est-à-dire depuis le XVIIème siècle.

On voit, au sommet de l'une des tours, la date de 1639 [Note : Quelques-uns y ont cru lire 1689 ; nous ne pouvons admettre cette date, car, ainsi que nous le dirons plus loin, les Rieux, auteurs des dernières constructions à Ranrouet, n'en étaient plus possesseurs en 1689]. La maçonnerie moderne est fort aisée à distinguer de l'ancienne, qui, à l'encontre de la dernière, faite en simple mortier d'argile et grossièrement établie, est tout entière à la chaux et au sable, avec pierres d'appareil, symétriquement placées par assises égales, comme au XIIème siècle, époque à laquelle remonte aussi la porte d'entrée, avec son arche plein cintre, surmontée d'une grande arcade du même genre, qui lui sert d'encadrement, et dans laquelle est pratiquée la baie de la flèche du pont-levis.

Des mâchicoulis de la première construction, il ne reste que quelques débris, à la partie orientale.

C'était sur les vieilles murailles qu'était appuyé le corps de logis principal, où se distingue encore une poterne ou porte de secours. Dans la partie ancienne des trois tours de l'Est, on voit, encastrées dans la muraille, des sortes de boulets de pierre, représentant les deux formes usitées de l'écu de Rieux : 10 besants en triangle, 4. 3. 2. 1, ou 5, en sautoir.

Le château de Ranrouet est, aujourd'hui, complètement en ruines. On ne sait trop à quelle époque faire remonter cet abandon, il est, dans tous les cas, postérieur à la vente, en 1680, du marquisat d'Assérac, par Jean-Gustave de Rieux, à la famille de Lopriac.

Non loin et à l'ouest des écuries seigneuriales, situées en dehors de l'enceinte fortifiée, et dont les larges portes cintrées attestent encore l'affectation, on remarque un bâtiment, servant actuellement d'étable et de grenier à fourrages : une baie plein cintre à colonnes et voussures sculptées, et la structure de sa toiture rappellent seules une chapelle : c'était l'oratoire du château.

Quelles que soient les fortifications considérables élevées à Ranrouet, l'histoire de ce château, sous le rapport militaire, est à, peu près nulle ; c'est à peine s'il est nommé dans les nombreuses mentions de la seigneurie d'Assérac, quoiqu'il en ait toujours été le lieu de résidence. Cependant, le 24 avrill 1441, le duc Jean V en prit possession ; le 10 mars 1464, François de Rieux en rendit aveu à Guy de Laval, baron de La Roche-Bernard. Durant les guerres de la Ligue, cette forteresse, pourvue d'un double fossé et défendue par des marécages couverts de bois, communiquant avec la Grande-Brière Mottière, reçut une garnison du duc de Mercoeur. Jean de Rieux, marquis d'Assérac et seigneur de Ranrouet, après avoir suivi le parti du Roi, voulut, en le quittant, se signaler par quelque action d'éclat : il entreprit de livrer Rennes à Mercœur, mais ayant été obligé d'abandonner ce projet, il se retira, dit l'histoire, à Ran-Roué, d'où il faisait des incursions dans le voisinage.

Un aveu de 1600 décrit ainsi le château de Ranrouet : « Un grand château composé de six tours, d'un corps de logis et son donjon, avec dehors et boulevards, d'un bastion, avec fossés autour ».

De tout cela — s'écrie M. de La Gournerie, dans la Bretagne contemporaine — que reste-t-il ? Des tours mutilées, un bastion plein cintre à petites voussures et de larges fossés pleins d'eau ! ».

Il existait, dès le XIème siècle, des seigneurs d'Assérac. Le cartulaire de Redon (p. 387) nous en fournit la preuve à propos de la fondation d'une petite chapelle élevée sur la pointe de Penbé (Penbec), au territoire d'Assérac. Trois habitants du petit village de Mesquiric (Petit Mesquer, paroisse limitrophe d'Assérac), Juhel Coquard, Jarnogon Leroux et Normandeau (Normandellen) firent construire en ce lieu, sur les bords de la mer, vers l'an 1095, une chapelle du consentement de leur seigneur Frédor, fils de Richard, Aceraci dominus. Le cartulaire ajoute (p. 445) que Simon, fils de Richard, seigneur de La Roche, et autres toparques de cette race (aliique stirpis illius toparchæ), c'est-à-dire les seigneurs d'Assérac, enrichirent de leurs dons le sanctuaire de Penbé.

Ces noms de Richard, Frédor et Normandeau ne semblent-ils pas assigner, aux habitants de ce pays et aux seigneurs d'Assérac une origine normande ? Cette opinion est d'ailleurs confirmée par la suite des actes dans lesquels il est question de la maison d'Assérac. Plus d'un siècle plus tard, en 1212, Wilhelinen d'Assérac est témoin d'une restitution faite à l'abbaye de Blanche-Couronne, près de Savenay, par Eudon de Pontchâteau (Dom Morice Pr. I. 817). Le nom de Wilhelmen (Wilhem) tiré de la langue teutonique, n'accuse-t-il pas, lui aussi, la race normande ?

Les plus anciens titulaires de la seigneurie d'Assérac, dont l'histoire ait conservé les noms furent donc : Richard, vivant vers l'an 1050, Frédor, son fils, sous lequel fut élevé, vers 1095, la chapelle de Penbé, et qui pourrait bien être le premier édificateur de Ranrouet, ou tout au moins, son fils, Rioc.

Après Rioc, et à la suite d'une lacune de plus d'un demi-siècle, le premier seigneur d'Assérac, dont il soit fait mention est le Wilhem que nous venons de citer, et qui dut être le père d'Allen ou Alain, sire d'Assérac, procureur et atorné de monseigneur Jehan I, duc de Bretagne, envoyé par ce prince en Angleterre pour une négociation relative au comté de Richemont ( D. Mor. Pr. I. 1212). Assérac portait : gironné d'or et d'azur de huit pièces.

Allen ou Alain fut le dernier du nom d'Assérac, car, en 1294, Thibaud, sire de Rochefort, qui avait probablement épousé la soeur dudit Alain, mort sans hoirs, possédait la seigneurie de ce nom et devait, pour elle, un chevalier et demi à l'ost du duc (D. Mor. Pr; I. 1112).

Les sires de Rochefort, seigneurs dudit lieu, barons d'Ancenis, vicomtes de Donges, sieurs du Henleix, de Béac, de Quéhillac, etc., et qui portaient : vairé d'or et d'azur, possédèrent, pendant près d'un siècle, la terre d'Assérac. Celle-ci passa, en 1374, à la non moins illustre famille de Rieux, par le mariage de Jean II, de Rieux, maréchal de France avec Jeanne de Rochefort, baronne d'Ancenis, dame de Rochefort, d'Assérac, de Châteauneuf, vicomtesse de Donges, veuve d'Éon de Montfort, fille aînée et héritière de Guillaume, sire de Rochefort et de Jeanne, baronne d'Ancenis. Par suite de ce mariage, Jean de Rieux dut s'engager, pour lui et sa postérité à écarteler son blason de Rochefort. A partir de ce moment, Rieux porta donc : Écartelé aux 1 et 4 : vairé d'or et d'azur ; aux 9 et 3 : d'azur à 10 (aliàs 5) besants d'or [Note : Cet écartelé peut paraître, au premier abord, assez anor mal, puisque le blason de famille s'y trouve relégué à un rang inférieur (2 et 3) à celui de Rochefort, qui occupe le premier (1 et 4) ; mais nous pouvons en garantir l'authenticité par la connaissance de deux écus armoriés, décorant un vieux vitrail, aujourd'hui détruit, et dont nous aurons à reparler]. La branche aînée porta plus tard, sur le tout : d'Harcourt, qui est : de gueules à deux fasces d'or.

Jean III, François et Jean IV de Rieux furent successivement seigneurs d'Assérac, et, dans la première moitié du XVIème siècle, cette terre fut donnée en apanage à François de Rieux, fils, juveigneur de Jean IV, que forma la branche d'Assérac. Les Rieux personnifiant ce qu'on a appelé la maison d'Assérac, nous allons donner quelques détails sur les différents membres de cette famille qui ont habité, ou, tout au moins, possédé Ranrouet.

Des deux premières femmes de Jean IV, la première, Françoise Raguenel, ne laissa que des filles ; la seconde, Claude de Maillé, mourut jeune, d'accident, à Elven.

De la troisième, Isabeau de Brosse, fissurent : 1° Claude, qui continua la ligne directe jusqu'à son extinction en 1547 ; 2° François, tige de la branche d'Assérac ; 3° Jean, auteur des seigneurs de Châteauneuf, lesquels se fondirent eux-mêmes, en 1645 dans Assérac, devenue seconde branche aînée depuis 1547 ; 4° Péronnelle, morte sans alliance.

François de Rieux, second fils de Jean IV, maréchal de Bretagne et d'Isabeau de Brosse, sa troisième femme, apanagé, en 1518, de la terre d'Assérac, épousa Renée de La Feillée, dame du Gué de l'Isle, fille aînée et présomptive héritière de François de La Feillée, vicomte de Plouider et de Cyprienne de Rohan, dame du Gué de l'Isle. De ce mariage issut :

Jean, qui, par lettres de septembre 1574, obtint du Roi l'érection de la terre d'Assérac en marquisat. Lieutenant du roi Henri III, en Bretagne, sous le duc de Montpensier, par lettres du 27 septembre 1576, il est qualifié Jean de Rieux, seigneur d'Assérac, guidon de la compagnie de 50 lances sous le marquis d'Elbœuf, dans une quittance du 25 mars 1560 (Fonds-Gaignières). Il épousa Philippe de Saint- Amadour, vicomtesse de Guignen, fille de Claude du nom, et de Claude de La Touche-Limousinière. De ce mariage : 1° Jean, mort sans alliance ; 2° Gabrielle, morte aussi sans alliance ; 3° René, qui suit ; 4° Claude, seigneur du Gué de l'Isle, mort jeune ; 5° Anne, femme de René de Carné, seigneur de Cohinac, gouverneur de Brest ; 6° Suzanne, mariée à Jacques Brossin, seigneur de Mérey.

René, seigneur de La Feillée, de l'Isle-Dieu, de Belle-Isle, chevalier de l'ordre du Roi, son chambellan, ainsi que du roi de Navarre, lieutenant de 100 hommes d'armes de la compagnie de Condé. Étant mort, ainsi que son frère aîné, avant son père, il ne porta jamais le titre de marquis d'Assérac. Il avait épousé Marguerite de Conan, fille de François, seigneur de Rabestan, maître des requêtes, et de Jeanne Hennequin. De ce mariage :

Jean, dit l'aîné, seigneur de l'Isle Dieu, marquis d'Assérac, épousa Jeanne-Hélène de La Mothe-Vauclair, dame de La Hunaudaye, veuve de François de Coligny. De ce mariage :  1° René, qui suit ; 2° Jean, qui suit également ; 3° Suzanne, mariée le 21 juillet 1601 à Pierre de Montmorency, seigneur de Lauresse.

René, marquis d'Assérac, se noya dans le Tibre, à Rome, le 13 août 1609, à de 17 ans, en voulant sauver son page.

Jean, dit le jeune, seigneur de La Feulée, comte de Largoët, devint marquis d'Assérac par la mort de son frère aîné. Il épousa Suzanne de Rieux, sa cousine, fille de Guy, seigneur de Châteauneuf et de Madeleine d'Épinay-Duretal, sa seconde femme. D'où : 1° Jean-Emmanuel, qui suit ; 2° Claude-Hélène, mariée le 19 septembre 1632 à Charles de Bellay, prince d'Yvetot, marquis de Bellay, baron de Commequiers, fils puîné de Martin, marquis de Thou, chevalier des ordres, et de Louise de Savonnière, sa première femme.

Jean Emmanuel, marquis d'Assérac, comte de Largoët, seigneur de l'Isle-Dieu, gouverneur de Guérande, du Croisic et de Saint-Nazaire, en 1650, mourut en 1656.

Première femme : Anne Mangot fille de Claude, garde des sceaux de France, et de Marguerite Le Beau, dame de Villarceau, mariée le 20 février 1639, norte sans enfants en 1642. — Seconde femme : en 1645, Jeanne-Pélagie de Rieux comtesse de Châteauneuf, vicomtesse de Donges, sa cousine, fille unique, héritière de Guy II de Rieux, comte de Châteauneuf, et de Catherine de Rosmadec, dame de La Hunaudaye, sa seconde femme. D'où :

Jean-Gustave sire de Rieux, marquis d'Assérac, vicomte de Donges, comte de Châteauneuf, etc., mort à Paris, le 29 janvier 1713, âgé de 64 ans. Il avait épousé, le 2 mars 1677, Anne d'Aiguillon, fille unique de César, sieur de La Juliennais et de La Motte de Gennes, au pays Nantais.

Jean-Gustave vendit, en 1680, le château de Ranrouet et la terre d'Assérac à René de Lopriac. Le marquisat ayant donc, de ce fait, changé de maître à cette époque, nous ne rappellerons que pour mémoire la suite de la filiation des Rieux.

Du mariage de Jean-Gustave avec Anne d'Aiguillon, issut Jean-Sévère, marquis d'Ouessant, baron de La Hunaudaye et de Montafilant, qui eut pour fils, Louis, dernier du nom, lequel trouva la mort au champ d'Auray, après la triste affaire de Quiberon [Note : On trouve, sous le n° 12 du tableau des victimes de Quiberon : d'Assérac, Louis, de la commune de Paris, district de Paris, département de la Seine. Il serait difficile de reconnaître, sous ces fausses indications, l'infortuné Louis de Rieux, qui avait, en effet, pris le nom d'Assérac, de l'ancien marquisat de sa famille, dénomination qui lui devint funeste, en ce que, méconnu d'abord d'un homme d'affaires, à qui il avait demandé de l'argent pour se sauver, le secours arriva trop tard].

Les registres d'Herbignac, paroisse sur le territoire de laquelle est placé le château de Ranrouet, parlent assez peu des Rieux, ce qui prouve que la terre d'Assérac fut rarement le siège de leur résidence. La première trace que l'on y rencontre, remonte à l'année 1642. Il est fait mention, à la date du 24 novembre, de l'acte suivant : « Service solennel célébré dans l’église parochialle d'Herbignac, pour l'âme de deffunte haute et puissante dame Anne Mangot, vivante, marquise d'Assérac, où son coeur a été apporté pour reposer, et, après, être transporté où il plaira à haut et puissant seigneur, Jean-Emmanuel de Rieux, marquis d'Assérac, etc. — Signé : LANGON, recteur ».

Aucun acte ne relate la mort de Jean-Emmanuel, inhumé pourtant à Herbignac. Une tradition veut que, mort des suites d'un duel, son corps fut rapporté à Ranrouet, puis déposé dans le caveau seigneurial en 1656. Sous le choeur de l'ancienne église d'Herbignac existait, en effet, un caveau sépulcral où, dit l'aveu de 1680, déja cité, « étaient enterrez les seigneurs marquis d'Assérac et de Ranrouet, et dans lequel on entre en levant la pierre qui ferme ledit enfeu, qui est auprès de l'autel, du costé de l'épistre ».

Cette tombe a été violée lors de la première révolution, la châsse en plomb de Jean-Emmanuel fut ouverte (même enlevée, dans un but allégué peut-être de prétendu patriotisme, pour être transformé en balles) et, un absurde faiseur de collections, se permit de détacher au marquis d'Assérac une dent qu'il montrait comme une curieuse antiquité. On remarqua que ce seigneur avait la barbe et les cheveux roux. Pour éviter d'aussi indiscrètes visites, on a muré depuis le caveau. En 1880, quand on démolit l'église d'Herbignac, on découvrit, sous le marche-pied du maître-autel, l'escalier conduisant à l'enfeu. Après le déblaiement des terres qui l'obstruaient, on put descendre de huit à neuf marches en granit, et on se trouva dans un caveau voûté en pierres de sept à huit mètres de long sur trois ou quatre de large. A l'extrémité, on aperçut des ossements, gardant parfaitement leur ordre naturel ; la tête était encore très bien conservée et portait presqu'intacte, la barbe et les cheveux, que l'on constata être de couleur rouge : on était en présence des restes de Jean-Emmanuel de Rieux. A son côté, dans le même caveau, on trouva un crâne dénudé, moins bien conservé que le sien : ce devait être celui de haute et puissante dame Anne Mangot, sa première femme, ou, peut-être, de Jeanne-Pélagie de Rieux, sa seconde, mais moins probablement de celle-ci, les registres paroissiaux d'Herbignac étant muets à son endroit.

Les dépouilles du marquis et de la marquise d'Assérac n'ont point été transportées au cimetière paroissial, ainsi qu'on l'a cru et dit : on les a laissées dans le caveau, dont la voûte seule a été détruite, à cause de la différence de niveau. L'emplacement de l'enfeu se trouve aujourd'hui à l'entrée du transept, du côté de la nef, qui correspond à l'ancien choeur.

Nous avons dit que plusieurs tours du château de Ranrouet portaient les cinq besants des Rieux, enchâssés dans la pierre : cette disposition d'écusson existait encore ailleurs. Il nous a été donné, à M, le comte de L'Estourbeillon, notre excellent ami, et à nous-même, de retrouver dans un réduit poudreux de la cure d'Assérac, les débris, hélas ! à peine reconnaissables d'un antique et beau vitrail du XVIème siècle, représentant très probablement, nous le pensons du moins, par le peu que nous en avons vu, la vie de la Sainte Vierge. Des lambeaux d'armoiries nous ont permis de les reconstituer dans leur ensemble et d'en indiquer même les donateurs. Cette belle verrière portait, au-dessous d'un Père éternel, qui a pu être conservé, dans ses deux panneaux les plus élevés, un double écusson, que nous dépeignons ainsi : A droite : Écartelé aux 1 et 4 : vairé d'or et d'azur, qui est Rochefort ; aux 2 et 3 : d'azur, à 5 besants d'or, en sautoir, qui est Rieux, sur le tout : de gueules, à 2 fasces d'or, qui est d'Harcourt. — A gauche, aux 1 et 4 : vairé d'or et d'azur, qui est Rochefort ; au 2 : d'azur à 5 besants d'or en sautoir, qui est Rieux ; au 3 : d'or à la croix engreslée d'azur, qui est La Feillée.

Ces deux blasons, que nous visions naguère en décrivant celui de Rieux, étaient parlants et donnaient, en même temps que la date précise de la pose du vitrail, les noms de ses illustres donateurs.

En effet, François de Rieux épousa Renée de La Feillée, en 1530, et Claude, son neveu, sire de, Rieux, comte d'Harcourt, etc., mourut en 1547. C'est donc entre ces deux années qu'il faut placer nécessairement l'âge de la verrière. Celle-ci, nous le répétons, est dans un état tel qu'il est impossible de penser à l'utiliser ; mais, au moins, pouvons-nous assurer que, grâce aux soins aussi intelligents que généreux d'un des meilleurs paroissiens d'Assérac, M. de Couëssin (que sa modestie nous pardonne), les nobles écus vont bientôt orner de nouveau la jeune et magnifique église qui s'achève en ce moment.

En l'an 1680, Jean Gustave, nous l'avons dit, vendit la terre d'Assérac et le château de Ranrouet à René de Lopriac, chevalier, marquis de Coëtmadeuc, d'une famille d'ancienne chevalerie et qui portait : de sable, au chef d'argent, chargé de trois coquilles de gueules. Vingt-cinq ans plus tard, un autre René de Lopriac, fils du précédent, fit régulariser dans sa chapelle privative et seigneuriale de Ranrouet, le mariage contracté par lui l'année précédente, et sur la validité duquel les époux éprouvaient quelques scrupules.

Nous transcrirons ici cet acte officiel emprunté aux registres paroissiaux d'Herbignac.

« Le 9 juin 1705, nouvelle bénédiction nuptiale donnée en la chapelle du château de Ranrouet, par messire René Maillard, recteur, à Messire René de Lopriac, chevalier, marquis de Coëtmadeuc et d'Assérac, demeurant à son château de Ranrouet, et à dame Jeanne Sauvaget, son épouse. Le mariage des deux conjoints avait été, après bannies faites à Herbignac et à Ligné, paroisse de ladite dame Sauvaget, et par autorisation de l'évêque de Nantes, célébré en 1704 dans l'église des Religieuses de Saint-Cyr, à Rennes, mais, des contestations ayant été élevées sur la validité de ce mariage, ledit messire de Lopriac et ladite Jeanne Sauvaget, son épouse, ont prié M. le recteur d'Herbignac de leur administrer de nouveau la bénédiction nuptiale, ce qui a été fait le 9 juin 1705, précité, en présence des soussignants. — Ont signé : René de Lopriac, — Jeanne Sasuvaget, — Halgan, recteur de Crossac, — Lizeul, prêtre, vicaire d'Herbignac, — J. Le Breton, chapelain de Pompas. — René Maillard, recteur ».

Le dernier représentant de Lopriac a été Félicité, petite-fille de Renée et de Jeanne Sauvaget, mariée en 1752, à Louis-Joseph, marquis de Kerhoent.

Kerhoent porte : écartelé aux 1 et 4 : échiqueté d'or et de gueules, qui est Kergournadec’h ; aux 2 et 3 : d'azur à la fleur de lys d'or, cotoyée en pointe de deux macles de même, qui est Kerriec-Coëtenfao, sur le tout : losangé d'argent et de sable, qui est Kerhoent.

Félicité de Lopriac et son mari n'ont pas été, comme on le croit généralement, les derniers à posséder féodalement le marquisat d'Assérac. Louis-Joseph mourut antérieurement à 1789, ainsi que constate la pièce que nous allons transcrire en finissant ; quant à sa femme, elle périt, en tout cas, sous la hache révolutionnaire, le 7 thermidor an II (26 juillet 1794). Ranrouet fut acquis, vers 1788, par les du Cambout, que portent : de gueules, à trois fasces échiquetées d'argent et d'azur.

L'acte de bénédiction d'une cloche à Herbignac nous apprend que, le 5 juillet 1789, furent parrain : « Jean Chaudet, fermier général, par procuration de Pierre du Cambout, et marraine : dame Antoinette-Félicité Lizeul, épouse de François Merlet, notaire et grefier en chef de la vicomté de Donges, par procuration de dame Félicité de Lopriac, veuve de Louis-Joseph de Kerhoent ... ».

A quel titre Pierre de Coislin eût-il été parrain d'une cloche à Herbignac, en 1789, sinon comme possesseur et propriétaire de Ranrouet, dès cette époque ? Comme preuve de cette affirmation de la vente de la terre de Ranrouet, sinon de tout le marquisat, aux du Cambout de Coislin, avant la Révolution, c'est que ceux-ci en sont restés maîtres jusqu'en 1848, époque à laquelle l'antique fief a passé aux mains de M. Ernest de La Rochette, riche propriétaire en Assérac, et que ses descendants le possédaient encore naguère.

Ville d'Herbignac (Bretagne) : château de Ranrouët.

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TABLEAU CHRONOLOGIQUE ET GÉNÉALOGIQUE DES SEIGNEURS D'ASSÉRAC ET DE RANROUET DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A LA RÉVOLUTION.

Richard, d'origine, normande, seigneur d'Assérac, au XIème siècle.

Frédor, son fils, seigneur dAssérac, fin du XIème siècle (Cartulaire de Redon). — Rio son fils.

Wilhem, seigneur d'Assérac et de Ranrouet, vivant en 1212 (Dom Morice).

Allen, ou Alain d’Assérac, seigneur de Ranrouet, dernier du nom. Fondu dans Rochefort en 1294.

Thibaud de Rochefort, seigneur d'Assérac el de Ranrouet, en 1294, par son mariage avec l'héritière du nom.

Jeanne de Rochefort, épouse en 1374 Jean de Rieux, en qui se fond sa maison.

Jean II, sire de Rieux et de Rochefort, seigneur d'Assérac et de Ranrouet en 1374.

Jean III, sire de Rieux et de Rochefort, seigneur, d'Assérac, époux de Béatrix de Montauban.

François, sire de Rieux et de Rochefort, seigneur d'Assérac, époux de Jeanne de Rohan.

Jean IV, sire de Rieux et de Rochefort, comte d’Harcourt, seigneur d'Assérac, épouse en trosièmes noces Isabeau de Brosse. — Morten 1518.

François de Rieux, apanage de la terre d'Assérac et de Ranrouet, épouse, en 1530, Renée de La Feillée.

Jean, seigneur, puis, en 1574, marquis d'Assérac, époux de Philippe de Saint-Amadour. — Mort en 1575.

Jean, marquis d'Assérac, épouse Jeanne-Hélène de La Motte-Vauclair, damé de La Hunaudaye.

René, marquis d'Assérac, mort à 17 ans, en 1609. — Jean, marquis d'Assérac, par la mort de son frère, épouse Suzanne de Rieux-Châteauneuf.

Jean-Emmanuel, marquis d'Assérac, mort en 1656. — Première femme : Anne Mangot, morte sans enfants ; deuxième femme : Jeanne-Pélagie de Rieux-Châteauneuf.

Jean-Gustave, marquis d'Assérac, époux d'Anne d’Aiguillon — Mort à Paris en 1713. — Il vendit, en 1680, le marquisat d'Assérac à René de Lopriac.

René de Lopriac, marquis de Coëtmadeuc, devint, en 1680, marquis d'Assérac par acquêt des Rieux.

René de Lopriac, fils du précédent, marquis d'Assérac, épouse, à Ranrouet, Jeanne Sauvaget, en 1705.

N… de Lopriac, fils du précédent, marquis d'Assérac. — La maison de Lopriac se fond dans Kerhoent, en 1752.

Louis-Joseph de Kerhoent, épouse, en 1752, Pélagie, héritière de Lopriac, et devient, de ce fait, marquis d'Assérac. — Pélagie mourut sur l'échafaud, en 1794, mais le marquisat avait été, antérieurement à 1789, acquis par la maison du Gambout.

Pierre du Cambout, marquis de Coislin, acquiert, vers 1788, le marquisat d'Assérac. — Ses descendants sont restes propriétaires de Ranrouet, jusqu'en 1848.

(Joseph de Kersauson de Pennendreff).

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