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LA FONDATION DES CARMES D'HENNEBONT

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L'acte primitif de cette fondation des Carmes d'Hennebont est perdu depuis longtemps, mais on peut le rapporter d'une manière approximative à l'an 1384, parce que deux ans après, le monastère était dit nouveau dans une lettre au vicomte de Rohan.

Ville d'Hennebont (Bretagne).

Le fondateur fut le duc de Bretagne lui-même, Jean IV, surnommé le Conquérant. Voici comment il rappelle le fait, dans une charte de 1394 : « Comme autrefois, de nostre certaine science et grâce spéciale, pour le salut de nostre âme, de nos prédécesseurs et successeurs, et pour prier Dieu pour nous et eux, et pour ce que par chacun jour la première messe, qui sera dite et célébrée, soit pour nous et les nostres, et être à jamais perpétuellement ès bons mémoires, devotions et tout le divin office, qui sera fait, dit et célébré en nostre ville de Henbont  ; ... considérant que en nostre d. ville avoit une chapelle nommée et appellée la chapelle de Saint-Yves, sise en nostre propre héritaige ; ayant esgard ès choses dessus dites et plusieurs autres, par l'advisement de nous et de nostre conseil, nous ayons voulu et octroyé par nos autres lettres que en la d. place et lieu remegnant l'édifice qui y est en son estat, et sauf a croistre, changer et amander, soit perpétuellement et sans rappeau, pour fonder, et de fait fondames un collège des Frères de l'ordre Nostre-Dame du Carmel, et que en iceluy lieu ils pussent dès lors habiter, user et exploiter, en édifiant le d. lieu et les appartenances en nostre propre héritaige, et que ils et leurs successeurs en pussent user et jouir, et le leur avons amortifié perpétuellement, pour nous et nos successeurs, selon qu'il est contenu et fait mention en nos dites lettres ... » (Carmes. Reg.).

Outre la chapelle de Saint-Yves et le terrain avoisinant, le duc Jean IV donna aux Carmes, pour doter leur établissement, une rente annuelle et perpétuelle de soixante-douze livres. Cette rente, assise sur les revenus du duché, fut confirmée par les rois Henri II en 1555, Louis XIV en 1701, et Louis XV en 1720. Dans le principe, les 72 livres de rente valaient environ 6000 francs de notre monnaie actuelle, mais la dépréciation graduelle de l'argent leur enleva peu à peu leur valeur primitive.

Il paraît aussi que c'est au duc fondateur qu'il faut rapporter la concession du Guindage, c'est-à-dire le droit pour le couvent des Carmes de percevoir un sol et demi, ou dix-huit deniers, sur chaque tonneau de vin (guin, vin) qui descendait sur le port et havre d'Hennebont ; ce droit, de nature variable, était affermé 90 livres en 1592. En retour, les religieux devaient enterrer gratuitement les corps des matelots et des étrangers trouvés noyés dans la rivière du Blavet, et faire un service pour chacun d'eux. Ce droit de guindage ou de vinage fut confirmé le 14 mars 1651 et le 25 mai 1740.

Le premier prieur ou vicaire du nouveau couvent fut le Frère Prigent. C'est lui qui reçut, en 1386, de Jean Ier, vicomte de Rohan, et de Jeanne de Navarre, sa femme, une maison et un terrain contigus à l'établissement, avec des matériaux en bois et en pierres pour la construction du couvent. Il s'engagea, avec l'assentiment de ses frères et de son provincial de France, à célébrer, tous les jours, à perpétuité, une messe chantée, après celle du duc, pour les deux époux, leurs parents et amis défunts et leurs descendants, et à les admettre à la participation de toutes les prières, messes et pénitences des religieux de la province. Ces concessions furent confirmées le 12 août 1387 à Angers, par le Fr. Raymond, prieur général de l'Ordre des Carmes. Elles furent fidèlement observés jusqu'au 25 janvier 1644, où les charges furent réduites, d'un commun accord, a douze grand'messes par an. (Reg.).

Peu de temps après, vers 1390, Henri Le Parisy, chevalier, donna aux Carmes d'Hennebont, sur ses terres de la Vigne et de Spinefort en Languidic, une rente de 24 livres en argent et 4 minots de froment rouge par an. Le tout représenterait aujourd'hui une rente annuelle d'environ 1.400 francs, Les religieux, par reconnaissance, le mirent au nombre de leurs fondateurs, et lui assignèrent plusieurs messes et services.

Enfin, le 19 juin 1394, le duc Jean IV couronna son œuvre en donnant les lettres suivantes : « ... Puis naguères nostre cousin le vicomte de Rohan et Henri Le Parisy, chevalier, de leur dévotion, en augmentant et accroissant le d. lieu, ayant donné les maisons, places de maisons, courtils et terres leur appartenant, qu'ils eurent et recouvrirent de Boniface Le Porel et sa femme, sises celles choses devant la place de nostre cohue de nostre ville d'Henbont, sur lesquelles nous est deu chacun an de rente dix sols ; scavoir faisons que nous, de nostre grâce spéciale et pure dévotion, pour prier Dieu pour nous, nostre très chère et très amée compaigne la duchesse, nos hoirs et successeurs à tousjoursmais, et estre participants en tous leurs bienfaits, oraisons et dévotions, avons donné et donnons par ces présentes, pour nous, nos hoirs et successeurs, ausd. Frères et convent la d. somme de dix sols de rente, qui deue nous estoit chacun an sur les d. maisons et places, courtils et appartenances ... » (Reg.).

Quand « Jeanne de la Lande, veuve de Henri Le Parisy, mourut, elle fut enterrée au milieu du chœur de l'église des Carmes, à 32 pieds au dessous du grand autel, et près du balustre. Sa fille Jeanne Le Parisy voulut y faire ériger un hault tombeau, à quoi M. Jan de Beslée, procureur du duc à Hennebont, s'opposa, disant que ce tombeau aurait empesché le peuple de voir le prestre faisant l'office à l'autel. D'où s'ensuivit proceix à la Chambre du duc ; pour lequel terminer fut accordé entre les religieux et la d. Jeanne Le Parisy que ceux des maisons de Spinefort et de Sainte-Geneveufve auroint leur enfeu et se Feroint inhumer, si bon leur sembloit, au lieu où estoit inhumée la d. Jeanne de la Lande, à condition qu'ils ne feroint point élever la tombe plus hault que de deux pieds ; ou bien leur estoit permis de choisir leur sépulture en aultre lieu du chœur : ce qu'ils ont faict au hault d'iceluy, du costé de l'évangile, où il y a une cave voûtée dans la muraille et un autel au dessus, joignant la muraille du pignon, où sont les armes de la maison de Spinefort » (Rennes.).

Plus tard, la famille des Parisy de Spinefort s'éteignit dans la descendance masculine, et les terres de la Vigne et de Spinefort furent vendues judiciairement et acquises en 1686 par M. Guillaume de Marbeuf, seigneur de Laillé et président à mortier au parlement de Bretagne. Alors M. David de Cléguenec, seigneur de Meslien, réclama le titre de fondateur de l'église et couvent des Carmes d'Hennebont, disant que ce droit était personnel et attaché au sang, et qu'il lui appartenait incontestablement, comme issu de la famille de Parisy. Mais M. de Marbeuf soutint au contraire que ce droit était réel et attaché aux terres de la Vigne el de Spinefort, et appartenait au propriétaire de ces terres, qui seul en subissait les charges et payait les rentes dues au couvent.

Une sentence contradictoire du 11 juin 1688 donna raison à M. de Marbeuf. Aussitôt M. de Cléguenec fit appel au parlement, et l'affaire resta longtemps indécise. Enfin, le 22 juillet 1697, le seigneur de Meslien se désista de son appel, et reconnut que le droit de fondateur appartenait à M. de Marbeuf. Celui-ci fit immédiatement reconnaître son droit aux religieux, et régla avec eux sa situation par un acte du 20 août suivant.

Les religieux, y est-il dit, sont obligés de célébrer une messe quotidienne pour les fondateurs, une messe basse tous les samedis, et un anniversaire solennel avec deux messes basses le jour de saint Jean l'Evangéliste, et prières chaque jour au tombeau des fondateurs dans le sanctuaire. Le président de Marbeuf pourra faire mettre l'écusson de ses armes dans tous les lieux éminents de l'église et du couvent, jouira de tous les droits, privilèges et prééminences des seigneurs fondateurs, et aura la faculté d'entrer dans le couvent avec sa femme, et de s'y faire accompagner par d'autres personnes à son choix. Il promit en retour de payer exactement la rente annuelle des 24 livres d'argent et des 4 minots de froment rouge, mesure d'Hennebont.

Jh.-M. Le Mené.

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