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CAHIER DE DOLÉANCES DE GUITTÉ EN 1789

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GROUPE DE GUITTÉ-CAULNES.
Les cahiers des deux paroisses de Guitté (4 avril) et de Caulnes (5 avril) présentent certaines analogies de rédaction. Ces analogies doivent sans doute être attribuées à l'influence de Bouttier de Villegaste, qui a écrit de sa main ces deux documents, et qui a été élu député par les deux paroisses.

GUITTÉ.
Subdélégation de Montauban. — Dép. des Côtes-du-Nord, arr. de Dinan, canton de Saint-Jouan-de-l’Isle.
POPULATION. — En 1790, 1.100 hab. (Arch. des Côtes-du-Nord, série Q).
CAPITATION. — Total en 1770, 911 l. s. 8 d., se décomposant ainsi : capitation, 595 l. ; 21 d.p.l. de la capitation, 52 l. 1 s. 3 d. ; milice,  78 l. 1 s. ; casernement, 145 l. 9 s 5 d. ; frais de milice , 41 l. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 3981). — En 1778, 242 articles (Ibid., C 3982).
VINGTIÈMES. — En 1787, 1.911 l. 8 s.
FOUAGES. — 14 FEUX 3/4. — Fouages extraordinaires, 297 l. 1 s. 4 d.

OGÉE. — A 8 lieues au S.-S.-O. de Saint-Malo, à 8 lieues de Rennes et à 2 lieues 1/3 de Montauban. — 650 communiants. — Ce territoire qui est couvert d'arbres, est fertile en grains de toute espèce. On y trouve beaucoup de prairies, quelques landes et des arbres fruitiers.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 4 avril 1789, au lieu ordinaire des délibérations. — Pas de président indiqué. — Comparants : Pierre Piedevache ; Guillaume Bernard ; Jean Levrel ; Pierre Gaudin ; Joseph Commeure ; Claude Rouxel ; Mathurin Sablé ; Charles Tual ; J. Tual ; Jean Jagu ; Bouttier de Villegaste (voir note qui suit). — Députés : Pierre Piedevache ; Bouttier de Villegaste, lequel avait rédigé à l'avance le procès-verbal, où il avait inséré, in fine, la phrase suivante : « Et en cas que les paroissiens de Guitté me nomment leur député, je déclare accepter cet honneur. A. Villegaste, le 4 avril 1789 ».

Note : Bouttier de Villegaste, avocat à Caulnes, devint, en 1790, membre du Directoire du département des Côtes-du-Nord, et il l'était encore en septiembre 1792, après la réduction du nombre des membres de ce Directoire (L. DUBREUIL, La Révolution dans le département des Côtes-du-Nord, p, 29, n. 2 et p. 112). Il était né en 1735 à Caulnes, où son père était notaire et procureur (Abbé PARIS-JALLOBERT, Anciens registres paroisse de Bretagne, Caulnes, p. 6).

 

Cahier de plaintes et doléances des paroissiens de Guitté.

ARTICLE PREMIER. — Demandent les dits paroissiens la suppression des corvées sur les grands chemins et qu'ils soient entretenus à l'avenir par gens payés des deniers provenant des barrières qu'on établira (voir note qui suit).

Note : La tâche de Guitté, sur la route de Dinan à Saint-Méen, était de 584 toises, et son centre se trouvait à une lieue et demie du clocher ; la province prenait à sa charge 788 toises (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4883).

ART. 2. — La destruction et démolition des colombiers dont nous [sommes] entourés ; les pigeons détruisent presque autant de grain que les décimateurs en enlèvent.

ART. 3. — Le franchissement et amortissement des rentes seigneuriales au denier vingt-cinq ; les seigneurs, par une paresse malicieuse, laissent accumuler trente années de leurs bailliages, les exigent au jour comme au jour et même à l'heure, de la manière la plus dure et la plus despotique ; pour acquitter ces rentes, le redevable vend, le seigneur a le sixième du prix du contrat, double profit pour lui ; c'est ce qu'il cherchait, outre le plaisir d'écraser ses hommes (voir note qui suit).

Note : La seigneurie de Couëllan, appartenant au seigneur de Saint-Pern, s'étendait en partie sur la paroisse de Guitté. Les rentes de cette seigneurie rapportaient, au total, en 1748, 1.756 l. 7 s. 2 d. ; parmi les droits seigneuriaux, on peut citer le droit de quintaine, qui vaut, année commune, 10 l. (Baron DE SAINT-PERN, op. cit., t. I. pp. 564 et sqq.). Sur les rentes perçues par la seigneurie de la Costardais, voy. le cahier de Médréac.

ART. 4. — La suppression des dîmes, dont l'inégalité révolte ; la plupart des paroisses qui nous bordent n'en payent point des filasses ; pourquoi les payons-nous ? C'est la cupidité des seigneurs et des ecclésiastiques qui nous y a assujettis ; nos voisins ont jadis plaidé et s'y sont soustraits (voir note qui suit).

Note : D'après sa déclaration de 1790, le recteur Berges possédait les deux tiers de la grande dîme, affermés 510 l. en 1780, et qui ont produit, en 1790, 60 boisseaux de froment, 5 de méteil, 6 de paumelle, 100 d'avoine noire, 85 de blé noir, ainsi que les 6 dîmereaux de la Bretonnière, Encare, la Villegondal, la Giclais, Carcouran et Sainte-Anne, affermés 600 l. Quant à la dîme verte, elle rapportait 60 l. en 1790, mais elle occasionnait au décimateur des frais considérables, car il fallait ramasser le lin en juillet, le chanvres en août, les porter à l’eau, puis les rapporter sur des chevaux, etc. Les frais totaux de la cueillette sont évalués par le recteur à 420 l. (Arch. des Côtes-du-Nord, série Q). D’après le Pouillé manuscrit de Saint-Malo (Arch. d’Ille-et-Vilaine, série G). les décimateurs étaient : le recteur pour un tiers, le prince de Lambesc et M. de Saint-Maur.

ART. 5. — La banalité des moulins ; il n'y a guère des moulins affermés deux ou trois cents livres sont à douze (sic). Il est physiquement impossible que les meuniers payent ce prix immodéré, en prenant même le dixième ; cependant ils sont opulents ; le paysan paye tout et est volé (voir note qui suit).

Note : De la baronnie de Bécherel dépendait le moulin de Néal, qui avant 1773, avait été afféagé depuis longtemps pour 20 boisseaux de blé ; en 1773, il était en ruine, les eaux avaient emporté une partie de la chaussée et on ne payait plus l’afféagement (Arch. De la Loire-Inférieure, B 2091, Minu de Langle). La seigneurie de Couëllan possédait les deux moulins de Hyanmoul, — lire sans doute Beaumont, — et de la Roptais, qui, en 1748, étaient affermés 286 l. 13 s. 4 d. (Baron de SAINT-PERN, op. cit., t. I, p. 565).

ART. 6. — L'amortissement des francs-fiefs, dont la perception est l’abus les plus humiliant et le plus intolérable de tous.

ART. 7. — Les seigneurs, se prétendant maîtres des rivières et ruisseaux, jusqu'au point de saisir et confisquer à leur profit les filasses qu'on y met à rouir, font noyer au gré de leurs meuniers les terrains voisins de ces rivières, ne rétablissent point les ponts de communication entre les paroisses et obligent les passants à faire une ou deux lieues pour parvenir à un quart de lieue qu'ils auraient à faire, si les ponts anciens étaient entretenus. Les paroissiens demandent que les seigneurs soient tenus à les réédifier et entretenir.

ART. 8. — Les plus petits procès, dont la demande première n'est pas souvent de dix sols, coûtent très souvent aux malheureux obligés de plaider deux ou trois cents livres par l'industrie des procureurs de campagne, qui sont les fléaux du peuple ; un dommage de cinq sols ne sera jamais réparé, ou coûtera souvent aux deux parties des sommes qui les ruineront ; il serait bon et juste d'établir des juges dans chaque canton pour décider ces petits différends sans grands frais.

ART. 9. — Pour rendre aveu à un seigneur d'un terrain affermé quarante sols, il en a coûté quinze livres ; d'autres montent plus haut, et, s'il n'est pas fait au gré du seigneur et par son procureur fiscal, il sera impuni et il coûtera le triple et le quadruple ; toutes les propriétés seront à vingt dus solidaires (?) Pour obvier à ces abus, demandent qu'il leur soit permis comme autrefois de rendre leur aveu sous leurs seings et sur du papier commun, sans frais de réception.

ART. 10. — Les seigneurs perçoivent les rentes, qui montent quelquefois à la valeur du fonds ; ils en recueillent la dîme au douze ; leurs pigeons en mangent un autre douzième ; ce n'est pas tout : à peine le blé noir est en fleur — c'est une de nos meilleures récoltes — le seigneur vient avec ses domestiques et sa nombreuse meute piller le champ dont il avait déjà une si forte part, et le pauvre cultivateur n'a pas la permission de tuer les volières de corneilles qui détruisent ses semences. S'il tire dessus, deux cavaliers de maréchaussée viennent chez lui prendre son fusil et il paye huit francs pour les leur journée ; demandent qu'il soit permis de tirer sur es corneilles et autres gibiers qui mangent la récolte.

ART. 11. — Demandent la décharge et la suppression des lods et ventes, surtout pour les contrats d'échange, qui ne se payaient pas autrefois.

ART. 12. — Demandent la suppression du droit de retrait féodal, que les seigneurs excercent non seulement pour eux, mais pour leurs valets.

ART. 13. — Les afféagements des petits terrains, qui seuls faisaient vivre les bestiaux des pauvres gens qui n'ont qu'une vache, sont afféagés ; ils sont privés par là du moyen de vivre et vont mendier ; c'est cependant sur l'espoir de ces pâtis qu'on a construit autour et qu'on regardait comme faisant partie des afféagements qu'on faisait dans les environs.

ART. 14. — Les seigneurs propriétaires des bois et forêts négligent de les clore ; un roturier propriétaire d'un champ voisin de ces bois ne peut moralement empêcher ses bestiaux d'y entrer ; les bestiaux sont saisis par les gardes ; le dommage, qui n'est pas de cinq sols, coûtera plus que la valeur des bestiaux ; c'est une oppression dont on demande la suppression.

ART. 15. — S'il naît un bâtard dans une paroisse et que la mère soit pauvre, al nourriture et les frais pour l’égail coûtent quelquefois mille ou douze cents livres ; le seigneur n’en paie rien, mais, si ce bâtard acquiert une fortune de mille ou douze cents livres, à sa mort c'est le seigneur qui devient son héritier ; abus à corriger ; la succession du bâtard doit retourner à l’entretien des pauvres de la paroisse qui l’a nourri.

ART. 16. — Le point le plus essentiel (voir note qui suit) et l’obligation la plus intéressante, c’est de charger les députés aux Etats généraux de ne consentir à faire aucun travail, même relative à la dette nationale, jusqu’à ce que l’époque des prochains Etat généraux ne soit fixée et inviolablement arrêtée et qu’il ne soit statué sur tous les griefs, plaintes et doléances du people. Tel est le vœu que nous formons et dont nous ne nous départirons jamais.

Note : Toute la fin est d'une écriture différente, et qui semble bien être celle de l’un des signataires, Claude Rouxel. Tout le reste du cahier semble avoir été écrit par un autre des signataires, Bouttier de Villegaste.

L'admission des procureurs fiscaux dans les délibérations a fait manquer plusieurs paroisses, gauchir les autres, mais, ce qui est plus inouï, a trompé la plus grande partie des autres,

[11 signatures].

 

DÉLIBÉRATION DU GÉNÉRAL du 1er février 1789.
(Arch. commun. de Rennes, Cart. des Aff. de Bretagne, L).

Le général adhère à l'arrêté des dix paroisses de Rennes du 19 janvier.

[18 signatures, dont celle de Pierre Piedevache].

(H. E. Sée).

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