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SIÈGE ET PRISE DE GUINGAMP PAR LES FRANÇAIS, EN JANVIER 1488.

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ENQUÊTE DES (19-28) SEPTEMBRE 1492, SUR DIVERSES CIRCONSTANCES DU SIÈGE ET DE LA PRISE DE GUINGAMP PAR LES FRANÇAIS, EN JANVIER 1488.

1er Témoin. LANCELLOT LE CHEVOYR, Sr. DE QUOITESLAN, aigé de trente‑sept ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vray, purgé de conseil et enquis, recorde que à ung jour de sabmadi ou mois de janvier mil IIIIcc IIIIxx et ouyt, autrement ne sceit declerer le temps, il ala à la ville de Guingamp pour ses affaires, et en celuy jour il ouyt communément dire en la d. ville que ung ost et armée de Francois venoit poser le siege devant la d. ville, laquelle estoit en l'oboissance de la Royne, nostre souveraine damme, tenante lors partie contraire du Roy. Et à ce que ce tesmoign voulit s'en aler à sa maison pour debvoir préserver ses biens, Guillaume Boesboessel, qui estoit lieutenant sur la compaignie de Olivier de Quoitmen, de laquelle y avoit plusieurs en la d. ville pour la garde d'icelle, parla à ce tes­moign qui estoit d'icelle compaignie de demourer en la d. ville pour aider à la garde d'icelle contre les d. Francois, ce que il fit. Et au dimanche ensuivant, il, estant sur la motte du château de la d. ville, veist partie de la d. armée du Roy se montrer en bataille en une lande assés près de la d. ville, et estoit lors sur la d. motte le d. Boesboessel et plusieurs de la d. compaignie du d. Olivier de Quoitmen, savoir Vincent Le Serré, Jacques de Mareil, Guillaume Le Divezat, Huguet Le Louet, Jehan de Quelennec, Roperz Kerdu, Jehan de Quoitquelven et plusieurs autres ; aussi y estoit Jehan Boesgelin, qui estoit cappitaine des frantz archiers de Treguer, et autres gentilz hommes. Et eux estans ensemble sur le d. château, ce tesmoign oyt dire, n'est souvenant à qui, que le sr. de Quoitmen avoit rescript au d. Boesboessel et à ceulx de la ville, d'icelle garder et résister contre les d. Francois, et que il leur envoieroit du secour dedans le mardi ensuivant, et fut délibéré entre eulx les d. bourgeois et gens de guerre estan à la garnison de la d. ville, que ainsi il le feroint. Et le lundi ensuivant les gens de guerre du d. ost et armée du Roy, environ mydi d'iceluy jour, poserent le siege devant la d. ville et se loga (sic) le sieur de Rochan (sic), qui se portoit lieutenant du roi en la d. armée, en la maison des Cordeliers, près la d. ville, et se efforcerent les gens d'icelle armée de prandre la d. ville d'assault, que ne purent, par la bonne résistance que firent ceulx qui dedans estoint. Toutesfois le d. Boesboessel, ce tesmoign et les d. autres de la d. compaignie du d. Olivier de Quoitmen devant nommez et aussi le dit Jehan de Boesgelin, cappitaine des frantz archiers, voians la petite puissance des estan en la d. ville pour resister a l'encontre des d. Francois, qui estoint à grant nombre, et que aucun secour ne leur venoit, ilz aviserent ensemble que mielx valoit parler avec les d. Francois de quelque composicion, et trouva moyen le d. Boesboessel de parler avecques ung veil homme d'armes de la d. armée du Roy que ce tesmoign ne cognoisset point, et accorderent ensemble ceulx Boesboessel et homme darmes que le d. Boesboessel yroit parlemanter de quelque composicion avecques le d. sr. de Rochan et autres cappitaines qui y estoint, et que ce pandant ilz cesseroint tout esplect de guerre. Et incontinant le d. Boesboessel descendit du d. chasteau et entra en l'eglise Nostre Damme en la d. ville, et le suyvirent ce tesmoign et autres gens de guerre de la d. compaignie du d. Olivier de Quoitmen, scavoir ceulx qu'il a devant nommez et plusieurs autres gentilz hommes et gens de guerre de la d. compaignie quieulx ne sceit nommer, et devant l'ymaige Nostre Damme, environ le mylieu de la d. eglise, s'entre assemblerent les d. Boesboessel et gens de guerre. Aussi se trouverent en celle assemblée les sennechal et procureur de la d. ville de Guingamp et aussi Yvon Le Calouart, Jehan Louel, Yvon Le Dantec et Guillaume Le Dyen, bourgeois de la d. ville ; n'est souvenant avoir veu en la d. assemblée autres de la ville. En laquelle assemblée ce tesmoign ouyt le d. Boesboessel remonstrer aux estans en celle assemblée le dangier où ils etoint, en les avisant que forcze leur estoit se rendre. Et pour tant que le d. homme d'armes qui avoit parlé à lui près le d. chasteau avoit dénoté que le d. sr. de Rochan et autres cappitaines de la d. armée demandoint que les estans en la d. ville se feusent mis en la voulonté du Roy, le d. Boesboessel demanda aus d. gentz de guerre s'ils étoint ad ce contons (sic), et luy fut répondu par les d. Vincent Le Seré et Jehan de Boesgelin, portant les paroles pour les d. autres gens de guerre, que jamais ne l'accorderoint en la fourme, mais qu'ils estoint constans de perdre leur desferre, sauff avoir leurs vies sauffves, et baillerent les d. gens de guerre charge au d. Boesboessel de faire composicion de la fourme ou meilleure s'il eust peu ; et fut illecques avisé que deux ou trois des d. gens de guerre que ne sceit nommer, iroint en la compaignie du d. Boesboessel devers le sr. de Rochan. Ne veist ne oyt en celle assemblée aucun de ceux de la d. ville bailler cherge au d. Boesboessel ne à autres d'aler devers le d. sr. de Rochan parlemanter de composicion pour ceulx de la ville, et ne fut present à assemblée quelconque de ceulx de la d. ville pour l'envoy du d. Boesboessel ne autres devers le d. sr. de Rochan, parlamanter pour eulx de composicion. Dit oultre que des le d. jour de lundi à mydi jucques au mercredi ensuivant y eust ceis et abstinence de guerre, sans que durant iceluy temps eust été tiré troict ne donné coup d'un costé ne d'autre. Et à ce que ce tesmoign peut congnoistre, ceulx de la ville povoint pendant le d. temps s'assembler pour avoir délibération sur la d. matière, ou lieu qu'ils ont accoustumé de tretter de leurs négoces, et a ouy ce tesmoign dire et tenir communément en la d. ville qu'ilz ont accoustumé de faire leurs d. assemblées en la d. esglise de Nostre Damne, et la chapelle S. Jacques. Item recorde que le d. jour de mardy, il, estant à disgner à la maison Raoul Perthevaulx en la compaignie Roperz Kerdu, François Hely, Selvestre Le Leslech, Huguet Le Louet, luy fut dit par les d. nommez que le d. Boesboessel leur avoit dit que le d. sr. de Rochan et autres cappitaines de la d. armée du Roy avoint baillé pour response au d. Boesboessel, qui avoit porté paroles de composicion tant pour les gens de guerre que pour ceulx de la d. ville, que il ne les receuveroit à composicion quelconque, si ceulx gens de guerre ne se mettoint à la volunté du Roy, et que les d. bourgois et habitans et autres y estans, poieroint cinquante mille frantz ou dix mille escutz d'or pour avoir leurs vies et biens sauffves. Et après digner, ce tesmoign estant sur la placze de la d. ville, assés près du puits au bout de la cohue, oyt le d. Yvon Le Dantec, Pierres Le Mintier, Mahé Tailboys, Raoul Le Gal et Katherine Flouriot, sa femme, dire que ne seroit possible es bourgois et habitans de la d. ville povoir fournir les d. dix mille escutz que les d. Francois demandoint, si ceulx de la juridicion du d. lieu de Guingamp ne leur eussent aydé. Ausi ouyt plusieurs autres de la d. ville en grand nombre, quels ne sceit nommer, dire qu'ilz n'estoint agréables de la d. composition et qu'ils ne la sauroint poyer. Ne sceit si les d. bourgois donnerent cherge au d. Le Dantec de porter les d. paroles aux d. Francois, ne s'il le feist. Et dit que durant le d. siege le d. Boesboessel estoit chieff et capitaine sur les gens de guerre estans en la d. ville, et n'avoint les d. bourgois aucune autorité sur la cloture ne ouverture de la d. ville ; et le sceit pour tant que durant i-celuy siege, il veist souvent ung homme que ne sceit nommer porter les cleffs de la d. ville auprès le d. Boesboessel, qui faisoit clorre et oupvrir les d. portes sans qu'il veist aucun de ceulx de la ville de ce aucunement s'entremettre. Et dit que les choses par luy devant déposées sont vraiez, notoires et manifestes, en regne voix publique et commune renommée ou pais et à la partie ; n'a ouy les d. acteurs les cognoistre ne confesser. Item dit que à la fin le sr. de Rochan et autres cappitaines de la d. armée auroint composé les d. gens de guerre estans en la d. ville qu'ilz perdroint leur desferre, et qu'ilz auroint leurs vies sauffves et s'en iroint hors chascun ung baton en la main. Et le d. mercredi ensuivant environ dix heures, ce tesmoign veist grant nombre de la d. armée entrer ou boulovart de la porte de la d. ville devers Rennes, ne sceit qui leur avoit ouvert la porte, et oyt ce tesmoign dire en ville, n'est membrent à qui, que les d. Francois estans oud. boulovart, desquieulx le sr. de Saint-Pierre estoit chieff, faisoint leur mener oud. boulovart des plus puissans des bourgois et autres estans en la d. ville pour ostages et en sceurté de poiement des d. dix mille escutz qu'ilz disoint ceulx de la ville avoir composé leur bailler, et que entre autres ilz avoint prins Meryen Cheron, Tugdual Berthevaulx, Yvon Quoitcoureden, Jehan Louel, Yvon Le Dantec, Yvon Jegou et autres que ne sceit nommer, et que du d. boulovart le d. sr. de Saint-Pierre les avoit renvoyez en ville et baillez en garde, ne ouyt dire à qui. Et environ vespres d'iceluy jour, le d. Boesboessel, ce tesmoign et autres gens de guerre qui estoint en la d. ville s'en yssirent hors. Item recorde que avant issir hors la d. ville, le d. jour de mercredi, il bailla en garde à la femme Raoul. Le Gal, son ostesse, une galvardine et trante deux livres monnoie, et dedans trois sepmaines après il revint à la d. ville pour debvoir recouvrer ses d. argent et galvardine, et luy dist celle femme du d. Gal que les d. Francois avoint rompu les coffres de sa maison et robé les biens que y avoint trouvez, et entre autres l'argent de ce tesmoign, et luy monstre deux coffres quelx apparissoint (sic) estre rompuz, et luy dist outre la d. femme que pareillement (sic) ilz avoint fait en plusieurs autres maisons de la d. ville, et dit qu'il est chose toute notoire ou pays et à la partie que les d. François, à leur entrée en la d. ville et tandiz qu'ilz y furent, rompirent coffres, huges, greniers, et prindrent les biens qu'ils y peurent trouver, et que de leurs despans, tandiz qu'ilz y furent, n'avoint poié comme riens. Et c'est ce qu'il dépose des premier, segond, tiers, quart et XVe articles et de la notorité (sic) du cinquième article, où il est séparé et sur iceulx interrogé sellon les interrogatoires de partie adverse. (Signé) J. DE LA REGNERAYE, passé ; T. HAULENER.

 

2ème Témoin. OLIVIER LE MOAL, aigé de trante cinq ans ou environ, convenir je dit tesmoign, jure dire vroy, purgé du conseil et enquis, recorde que durant le siège qui fut mis sur la ville de Guingamp, ou moys de janvier l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, il fut en la ville de Guingamp et estoit en la compaignie de Olivier Quoetmen, duquel le dit Boesboessel estoit lieutenant sur celle compaignie. Et durant celuy siège, Rolland de Kernevenay et ce tesmoign furent ordonnez entre autres pour la garde de l'endroit du chasteau de la dite ville et du boulovart de la porte de Rennes, et que le lundi que fut le dit siège posé, le dit Guillaume Boesboessel, qui estoit chieff et cappitaine sur les gens de guerre estans à la garde de la dicte ville, dist au dict Kernevenay et à ce tesmoign, estant sur le dit chasteau, que il avoit entendu que la ville de Morlaix estoit rendue à la dicte armée du Roy, et que il leur estoit requis faire quelque composicion pour tant, qu'ils n'estoint puissantz pour résister à l'encontre des diz Francois, qui estoint à grant nombre ; et avisèrent ensemble que le dit Boesboessel yroit devers le sieur de Rochan, se portant lieutenant de la dicte armée du Roy, parlementer de composicion pour les gens de guerre estans en la dicte ville ; ne parla pour leure le dit Boesboessel des bourgeois ne autres estans en la dicte ville, fors seulement des gens de guerre, et dist au dit Kernevenay et à ce tesmoign qu'il avoit parlé à d'aucuns de la dicte armée du Roy, quelx ne leur nomma point, touchant parlementer et composicion, et que ilz avoint accordé ensemble ceis et abtinance de guerre, jucques à scavoir s'ilz pourroint faire composicion. Et de là s'en ala le dit Boesboessel par sur les murs de la dicte ville, tirant droit à la poterne de la tour An Quellenic. Et bientost apprès il oyt dire, ne sceit à qui, que le dit Boesboessel estoit issu hors la dicte ville, par la dicte porterne de tour An Quellennic, environ leure de mydi , pour aler devers le sieur de Rochan ; ne sceit si les bourgeois et habitans de la dicte ville avoint baillé charge au dit Boesboessel de parler pour eux de composicion avecques le dit sieur de Rochan ; ne sceit si à ce, les diz bourgois et habitans eurent avisement ne consentement de la maire voix d'iceulx, ne si à celle fin ils firent assemblée ne convocacion ou lieu à ce acoustumé ; ne sceit aussi où ils ont acoustume faire leurs assemblées pour terminer de leurs negoces et affaires publiques. Et dit que le dit ceis et abstinance de guerre dura dès le dit lundi à mydi jucques au mercredi ensuivant, sans que cependant eust esté tiré nul traict, ne donné coup d'un costé ne d'autre. Il croit, à ce qu'il veist, que cepandant les bourgois et habitans de la dicte ville peussent bien s'assembler pour délibérer sur la dicte matière, ou lieu où ont accoustumé tretter de leurs négoces en la dicte ville, ne sceit où est le lieu où ilz doivent faire leurs dictes assemblées ; dit oultre, que le dit jour de lundi ou le mardi ensuivant, n'est souvenant lequel, ne à quel heure du jour, le dit Boesboessel parla au dit de Kernevenay et à ce tesmoign, estans à leur garde sur le dit chasteau, et leur dist qu'il avoit esté devers le dit sieur de Rochan parlementer de composicion pour les diz gens de guerre estans en la dicte ville, et que le dit sieur de Rochan, et autres cappitaines de la dicte armée, demandoint que les diz gens de guerre se feussent mis en la voulonté du Roy et qu'ilz ne vouloint attendre à autre composicion ; ne parla pour leure, le dit Boesboessel, du fait des diz bourgois. Et le dit jour de mardi, il oyt dire, n'est membrant à qui, que les sennechal et procureur du dit lieu de Guingamp avoint esté devers le dit sieur de Rochan et autres cappitaines de la dicte armée, parlementer de composicion pour les bourgois et habitans de la dicte ville et autres y estans, et que le dit sieur de Rochan et autres cappitaines leur demandoint dix mille escuz d'or ou cinquante mille livres monnoie. Et ouyt Jehan Davy, son hoste, dire que il n'estoit aucunement contant que la dicte ville eust composicion pour les d. dix mille escuz. Auxi oyt-il dire à plusieurs de la dicte ville, en grant nombre, que ne sceit nommer, qu'ilz n'avoint agréable la dicte composicion de poier les diz dix mille escuz, si aucune avoint esté faite, et que touz leurs biens ne les scauroint poier. Oultre, dit que les cleffs de la dicte ville ou dit temps, et de par avant, estoint es mains du dit Boesboessel, qui avoit la charge des dictes portes clorre et ouvrir. Et à ce que ce tesmoign pouvoit entendre, n'avoint les ditz bourgois et habitans aucun auctorité sur la cloture ne ouverture des portes, ançzois le dit Boesboessel, et le sceit ce tesmoign, pour tant que durant celuy temps il a souvant veu ung nommé Alain Arnart, qui avait accoustume en celuy temps fermer les portes de la dicte ville, apporter les dictes cleffs devers le seir à la chambre du dit Boesboessel, et jamais durant celuy temps ne veist les bourgois et habitans de la dicte ville avoir charge des dictes portes clorre et ouvrir. Et ce tesmoign maismes a fait, du commandement du dit Boesboessel, ouverture des portes de la dicte ville, durant le dit temps, o les dictes cleffs bien souvent, et icelles portes fermées, a rendu les cleffs à la dicte chembre du dit Boesboessel, et dit que le mercredi ensuivant l'apposement du dit siège, environ ung heure apprès mydi d'ycelui jour, il veist le sieur de Saint-Pierre, et grand nombre de gens de guerre de la dicte armée du Roy, entrer ou boulovart de la porte de la dicte ville devers Rennes, où il fut environ deux heures : ne sceit à quelle fin le dit sieur de Saint-Pierre fut si longuemant ou dit boulovart avant entrer en la dicte ville ; ne veist présenter aucun ostages au dit sieur de Saint-Pierre pour sureté de poiemant des diz dix mille escuz, et environ troys heures amprès mydi d'iceluy jour, le dit Boesboessel, ce tesmoign et autres gens de guerre estans en la dicte ville, issirent hors par la dicte porte de Rennes, et s'en alèrent chascun ung baton à la main : ne sceit ce tesmoign que firent les diz Francois en la dicte ville. Bien a il ouy dire depuix que il y avoint prins et detenu des plus riches et puissans des diz bourgois et habitans et autres estans en la dicte ville à ostages pour sureté de poiemant des diz dix mille escuz. Et de la notorité du cinquième article, dit rien ne savoir, et au regard du XVe des diz articles, il recorde que ce qu'il a devant déposé est vroy, notoire et manifeste, en règne y a voix publique et commune renommée au païs, n'a oy les diz acteurs en faire aucune congnoissance. Et c'est son record des premier, segond, tiers et XVe articles ou il est séparé, et sur icelx, enquis et interrogé sellon les interrogatoires sur ce produiiz en cause de partie adverse. (Approuvé en interligne ordonnez la dicte et detenu des plus riches et puissans, etc.) (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

3ème Témoin. JEHAN BANLOST, aigé de XXII ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé du conseil et enquis, recorde que à ung jour de sabmady, au moys de janvier l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, il ala à la ville de Guingamp, au marché qui y estoit celuy jour. Et pour ce que il ouyt bruit en la dicte ville que ung ost et armée des Francois venoit mectre le siège devant celle ville, il demoura pour ayder la garde de la dicte ville et résister contre les diz Francois, qui posèrent le siège sur la dicte ville le lundi ensuivant. Et au dit jour de lundi, Olivier Le Moal, Jehan Taillart Grantville et autres de la compaignie de Boesboessel, lors lieutenant des gens de l'ordonnance de la compaignie Olivier de Quoetmen, dirent à ce tesmoign que celuy de Boesboessel aloit devers le sieur de Rochan, lieutenant de la dicte armée du Roy, et autres cappitaines d'icelle armée, parlementer de composition pour les gens de guerre estans en la garnison de la dicte ville ; ne luy fut dit par les diz Le Moal et Taillart que celuy Boesboessel aloit pour les habitans de la dicte ville ; et en celuy jour de lundi, ce tesmoign veist le dit Boesboessel venir devers la porte de tour An Quellenic, et disoit l'on qu'il venoit parler o le dit sieur de Rochan et autres cappitaines de la dicte armée, qu'estoint logés en la maison des Cordeliers près la dicte ville, et faisoit lors celuy Boesboessel mauvoise chière, et incontinant que les gens de la compaignie du dit Olivier de Quoetmen le vidrent arriver, ilz alèrent au devant de luy pour savoir quelque nouvelle de leur composicion, et y ala auxi ce tesmoign, et ouyt le dit Boesboessel dire à d'aucuns de ses gens avecques luy assemblez, quielx ne sceit nommer, que le dit sieur de Rochan et autres cappitaines de la dicte armée ne vouloint attendre à composicion avec les diz gens de guerre de la garde de la dicte ville, si ne se vouloint mectre en la voulonté du Roy, ce que les gens de l'ordrenance de la dicte garnison ne voulirent consentir. Et oyt ce tesmoign, le mardi ensuivant, dire que le dit Boesboessel avoit esté de rechieff vers le dit sieur de Rochan et autres cappitaines de la dicte armée, pour trecter la dicte composicion des diz gens de guerre, et que il avoit tel besoigne o les gens de la dicte armée, que ilz auroint leurs vies sauffves et perdroint leur desferre et s'en yront hors, chascun ung bâton en la main ; ne sceit si les bourgois et habitans de la dicte ville et austres estans en icelle, avoint baillé charge au dit Boesboessel ne à autres de parlemanter de composicion avecques les diz sieurs de Rochan et autres cappitaines de la dicte armée ; ne les veist faire congregacion ne assemblée pour délibération sur la dicte matière, et dit que dès le dit jour de lundi à mydi, jucques au mercredi ensuivant, y eut ceis et abstinance de guerre entre la dicte armée et les estans en la dicte ville, sans que durant celuy temps eust esté tiré ung troict, ne donné coup ne d'un costé ne d'autre. Et à ce que ce tesmoign peust congnoistre, ceulx de la dicte ville, pendant le dit temps, povoint estre assemblez pour avoir délibéracion sur la dicte matière, au lieu acoustumé à tretter de leurs négoces. Dit oultre, ce tesmoign, que le dit jour de mercredi, que les François entrèrent en la dicte ville à la foiz, et dès incontinent que fut dit à ceulx de la dicte ville la dicte composition, si aucune avoit esté à la somme de dix mille escuz, lorsque en fut paroles, elle fut dissantie de la somme par partie des diz bourgois, dès que leur vint à congnoissance, par forme de quelle congnoissance ilz eurent par l'entrée que faisoint les diz Francois au boulovart de la dicte ville, et le sceit ce tesmoign pour tant que à l'entrée des diz Francois ou dit boulovart, il veist assemblez ou martroy de la dicte ville, au bout de la cohue, environ doze ou treize des diz habitans, que ce tesmoign ne sceit nommer ; qu'ilz disoint d'une commune voix qu'ilz ne savoint riens de la dicte composicion, ne que les diz Francois devoint entrer si soudainement en la dicte ville, disantz qu'ils ne poieroint les diz dix mille escuz, et que aucunement ne tendroint la dicte composicion, s'aucune avoit esté, pour ce que touz leurs biens ne la sauroint poier, et donnèrent charge d'une commune voix à Yvon Le Dantec, qui presant estoit, de dire aus diz Francois que ceulx bourgeoys avoint entendu quelque chose de paroles de composicion avecques quelque ung des habitans de la dicte ville et autres, à debvoir poier les diz dix mille escuz, mais qu'ilz n'en tendroint riens, de quoy le dit Dantec print charge, et print chemin pour devoir aler ce dire à Monsieur de Saint-Pierre et autres Francois qui avecques luy estoint ou dit boulovart de la dicte porte de Rennes ; ne sceit ce tesmoign si le dit Dantec feist sa dicte charge ou non. Et estoint les cleffs de la dicte ville en celuy temps et de paravant es mains du dit Boesboessel, qui avoit la charge des dictes portes clorre et oupvrir, parce qu'il estoit chieff et cappitaine sur les gens de guerre y estans, et n'avoint les diz bourgeois et habitans aucune auctorité sur la cloture ne oupverture des dictes portes, et le sceit ce dit tesmoing, pour ce que en celuy temps il fréquentoit la dicte ville et voyet le dit Boesboessel faire clorre et oupvrir les portes ; ne sceit si au dit boulovart furent baillez ostages au dit sr. de Saint-Pierre pour seureté de poiemant des diz dix mille escuz, et dit que emprès mydi du dit jour de mercredi, il veist les diz Francois entrer en la dicte ville, et communément dire en la dicte ville que les diz Francois, à leur entrée en icelle et tandiz qu'ilz y furent, pillèrent la dicte ville, rompirent coffres, huges, greniers, et qu'ilz avoint prins les biens qu'ilz avoint peu trouver, et que de touz leurs deppans n'avoint poié, tandiz qu'ilz y furent, comme riens. Du contenu es VIe, VIIe, Xe et XIe articles, dit que rien ne sceit. Et en ce qu'est le XIIIIe article, il recorde avoir ouy dire communément en la dicte ville, que la chappelle de saint Jacques, en l'esglise de Nostre Dame de Guingamp, est le lieu où s'assemblent les bourgois et habitans de la dicte ville, par forme de communité, pour terminer leurs négoces et affaires publiques, à son de campane. Aussi a ouy dire communément en la dicte ville, que si autremant les dictes assemblées estoint faittes, les actes d'icelles congrégations ne seroint valables ; ne sceit si ce est vroy ou non, car jamais n'a veu débattre la matière. Et dit que ce qu'il a devant déposé est notoire et manifeste ou pays et à la partie, et n'a veu les diz acteurs n'en faire aucune congnoissance. Et est ce que dépose des premier, segond, tiers, quart, VIe, VIIe, IXe, Xe, XIe, XIIIIe et XVe articles, où il est séparé, et sur iceulx interrogé sellon les interrogatoires produitz en cause de partie adverse. (Signé) J. DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

4ème Témoin. THEBAULT TREVAULT, aigé de trante ans ou environ, comme il dit, tesmoign donné d'une et autre part, juré et enquis, recorde par son serment que au temps du siège qui fut possé par ung ost et armée de Francois devant la d. ville de Guingamp, au moys de janvyer l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, ce tesmoign estoit serviteur et demourant avecques feu Meryen Cheron, bourgois de la d. ville, qui fut l'un des dixiniers d'icelle ville durant le d. siège, qui dura des ung jour de lundi d'iceluy moys jucques au mercredi prouchênement ensuivant, ne sceit autrement declerer le temps ; et pour ce que le d. Cheron, son maistre, estoit l'eure malade, ce tesmoign servit pour luy en la d. charge de dixenyer durant le d. siège. Et le d. lundi ou mardi ensuivant, n'est souvenant lequel, il veist Guillaume de Boesboessel, qui estoit chieff sur les gens de guerre estans lors en la garde de la d. ville, issir hors celle ville par la potterne de la tour An Quelennic, et avecques luy ung nommé Bastien, son serviteur, et aussi les seneschal et procureur de la justice du d. lieu de Guingamp et Guillaume Le Dyen, qui estoit lors procureur de la d. ville ; n'est souvenant avoir lors veu autres issir avecques le d. Boesboessel. Et paravant l'issue du d. Boesboessel, il luy avoit ouy dire qu'il yroit parlemanter de composicion avecques le sr. de Rochan (sic) et autres cappitaines de la d. armée du Roy qui estoint logés en la maison des Cordeliers, près la d. ville, et qu'il avoit eu assurence pour y aler, ne declera de qui ; ne luy dit celuy Boesboessel de par qui il aloit devers les d. cappitaines de la d. armée du Roy parlemanter de composicion, aussi ce tesmoign ne scavoit qui luy avoit baillé cherge d'aler devers les d. capitaines. Et dit que le d. jour de lundi à mydi, jucques au mercredi ensuivant, y eut ceis et abstinance de guerre, sans que eust esté tiré ung troict ne donné coup ne d'un conté ne d'autre. Et à ce que ce tesmoign peut congnoistre, ceulx de la d. ville povoint durant le d. temps estre assemblés pour avoir délibération ensemble de leurs affaires publiques ou lieu accoustumé à trecter leurs négoces, qui est en l'esglise Nostre Damme en la chappele (sic) Saint Jacques. Ne fut ce tesmoign présent à assemblée quelconque de la communité de la d. ville pour l'envoy du d. Boesboessel ne autres devers les d. cappitaines de la d. armée parlemanter de composicion pour eulx, ne ne sceit s'ilz en firent assemblée à celle fin ou non. Item, dit que le mercredi apprès mydi, ce tesmoign estan sur le Martroy de la d. ville, devant la maison Yvon Le Dantec, veist assemblés Jehan Leauté, Olivier Bomboni, Pierres Rouault, Fouquet d'Estable, Alain Le Louarn, Henry Potier, Yvon Le Dantec et plusieurs autres de la d. ville que ne sceit nommer, jucques au numbre de vingt cinq ou trante, lesquielx ce tesmoign oyt dire que les Francois estoint entrez au boulovart de la porte devers Rennes et que le d. Boesboessel avoit composé pour la d. ville qu'ilz poieroint dix mille escus pour avoir leurs vies et biens sauffves ; quelle chose ce tesmoing oyt les d. Dantec et autres dissantir, disantz que jamais (sic) ceulx de la d. ville ne luy avoint baillé cherge pour ce faire et qu'ilz ne scauroint poier celle somme, et baillerent cherge au d. Yvon Le Dantec de ce aler dire ausd. Francois, de quoi le d. Dantec print cherge, et se transporta droit à la d. porte de Rennes, disant aler à celle fin devers les d. Francois ; ne sceit ce tesmoign qu'il y fit, bien oyt il dire d'empuis au d. Henry Potier et autres de la d. ville, que le d. Dantec l'avoit ainsi dit au sr. de Saint-Pierre, estant oud. boulovart. Aussi ouyt ce tesmoing le d. Meryen Cheron dire qu'il n'avoit point agreable la d. composicion, outre ouyt ce dire à Tudgual Berthevaulx et à plusieurs autres de la d. ville que ne sceit nommer, et dit estre certain que la maire voix des d. bourgois et habitans de la d. ville dissantirent celle composicion, si aucune avoit esté faitte, des que ilz en ouyrent parler. Et estoint les cleffs de la d. ville, en iceluy temps et de paravant, es mains du d. Boesboessel, qui avoit la cherge des d. portes clorre et oupvrir, et n'avoint les d. bourgois et habitans, durant le d. siege, aucune auttorité sur la cloture ne oupverture des d. portes, et le sceit ce tesmoign pour tant que en celuy temps il veist souvant le d. Boesboessel faire fermer et oupvrir (sic) les portes par Bastien et Alain Rabel, ses serviteurs, et les d. cleffs porter à la chambre du d. Boesboessel devers la nuyt. Item, recorde que à l'entrée que firent les Francois en la d. ville et tandiz qu'ilz y furent, ilz pillerent la d. ville, rompirent coffres, huges, greniers, et en prindrent plusieurs biens, et des despans qu'ilz y firent ne poierent comme riens. Et le sceit ce tesmoign pour tant que oud. temps il estoit en la d. ville, et les veit rompre ung coffre, une armoise et ung grenier de la maison du d. Cheron, son maistre, et prandre ce que ilz peurent trouver. Aussi veist en plusieurs autres maisons de la d. ville coffres, aromoises (sic) ou « arrmoises » et greniers rompuez (sic), comme es maisons de Mahé Jourden, Jehan Le Bloay, Raoul Le Fauchour, Guillaume Le Guellenec (sic), Jehan Davy, Jehan Leauté, et en autres maisons, disant que les d. Francois ce avoint fait et qu'ilz avoint pillé et porté les biens qu'ilz avoint peu trouver esd. coffres, armoises et greniers, et est certain que durant que les d. Francois furent dans lad. ville, ilz ne poierent de leurs despens comme riens. Ne veist ce tesmoign les d. Francois prandre pour ostages de la d. composicion aucun de la d. ville ne d'ailleurs ; bien dit-il que le sr. de Saint-Pierre feist mettre et détenir en arest, en la maison du d. Cheron, Guillaume Taillart, Jehan Colin, Jehan Quoitcoureden et Jehan Kergaslay (sic), qui y furent environ ung moys, ne sceit pour quelle occasion ilz furent ainsi detenuz. Oultre recorde que durant la detencion des d. Guillaume Taillart, Jehan Colin, Quoitcoureden et Kergoaslay en la d. maison du d. Cheron, il veist avecques eulx maistre Jehan Kerprigent et Charles Le Blanc, et parloint d'envoyer ceulx Kerprigent et Le Blanc devers le d. sr. de Rochan, pour avoir la fourme de la composicion dont les d. Francois se ventoint. Ne veist ce tesmoign les d. Kerprigent et Le Blanc aler devers le sr. de Rochan ; mais environ quinze jours ou trois sepmaines apprès, ceulx Kerprigent et Le Blanc luy didrent (sic) qu'ilz avoint esté devers le d. sr. de Rochan querir lettres d'icelle telle quelle composicion ; ne luy didrent de par qui ilz y avoint esté ; ne sceit ce tesmoign qui leur avoit baillé cherge de ce faire ; ne veist communiquer les d. lettres, à la venue des d. Kerprigent et Le Blanc, o les d. bourgois. Et par appres il veist Jehan Louel et Yvon Le Dantec portantz ung roule par la ville de certain esgail fait sur les habitans de la d. ville ; ne sceit ce tesmoign de quelle somme estoit celuy esgail, ne de quelle auctorité estoit celuy esgail fait, mais est certain avoir veu la femme du d. Cheron leur poier seix centz frantz (sic) de la monnoie lors courante, à valoir en ce que le d. Cheron estoit imposé oud. roule ; ne sceit si le d. esgail estoit pour le poiement des d. dix mille escutz, bien oyt il dire que ce que l'on recepvoit estoit pour bailler aux d. Francois. Et oyt lors dire que les d. Guillaume Taillart, Jehan Colin, Quoitcoureden, Kergoaslay, et autres gentilz hommes forains qui estoint en la d. ville ou temps de la prinse d'icelle, avoint fait ung autre rolle et esgail sur eulx de somme de finance que n'oyt numbrer, pour aussi bailler ausd. Francois ; et de fait, ce tesmoign veist le d. Jehan Colin escripre, en la maison du d. Cheron, ung roule ouquel il mettoit les d. forains ; ne sceit si du contenu oud. roule l'on feist aucune recepte, ne dequel pourchatz ne auctorité le d. Colin escripvoit ainsi le d. rolle ; ne sceit aussi si Vincent de Murenorre, qui estoit forain, estoit mis oud. roule, mais ce tesmoign oyt dire communemant (sic) en la ville que celluy de Murhorre (sic) avoit poyé sa ranczon, que n'oyt ce tesmoign declerer, au sr. de La Luserne, qui par tant l'avoit laissé s'en aler. Et oyt ce tesmoign dire communemant en la d. ville que les d. esgailz et roules avoint esté faitz sans le seu, consentemant ne evocation des d. bourgois et habitans en fourme de communité, et oyt dire ausd. Cheron, Raoulet Folliart et plusieurs autres de la d. ville, qu'ilz n'avoint agreable (sic) les d. esgailz et rolles. Du contenu es XIe, XIIe et XIIIe articles dit rien ne savoir. Item, recorde qu'il est demourant en la d. ville de Guingamp environ seize ans a, et des celuy temps il a veu, par chacun an, les d. bourgois faire leurs assemblées pour terminer leurs négoces et affaires publiques, et à son de campane, en la chappelle de Saint Jacques en l'esglise Nostre Damme du d. lieu de Guingamp, et souvant a esté presant esd. assemblées et congregacions ; n'a veu dempuis le d. temps les d. bourgois et habitans faire leurs assemblées par fourme de communité ailleurs que en la d. chappelle ; ne sceit, si autremant celles assemblées estoint faittes, si les actes d'icelles congregacions seroint valables, car jamais n'a veu debatre la matière. Oultre recorde que les faitz par lui devant déposés sont vrois, notoires et manifestes, en a et regne voix publique au pais et à la partie, n'a ouy les d. acteurs en faire aucune congnoissance. Et est son record des premier, segond, tiers, quart, Ve, VIe, VIIe, IXe, Xe, XIe, XIIe, XIIIe et XVe articles, esquels il est séparé et sur iceulx interrogé. (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

5ème Témoin. YVON DU CLEUZQUENNEC, aigé de trante cinq ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, et purgé du conseil, et enquis le XXIe jour dud. mois de septembre, recorde que durant le siège qui fut posé par ung ost et armée de Francois, duquel se portoit lieutenant pour le Roy le sr. de Rochan (sic), sur la d. ville de Guingamp, au mois de janvier l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, ce tesmoign n'estoint (sic) point en la d. ville de Guingamp, mais y entra le mercredi que le sr. de Saint-Pierre et autres Francois y entrèrent, pour debvoir aider à préserver le bien de Yvon de Guerguezengorre, son oncle, qui y estait, et à l'entrée que les d. Francois firent en la d. ville, ilz hostèrent des bourgois d'icelle les cleffs de leurs celiers et greniers, et les coffres et huges que ne peurent ouprir (sic) a cleffs, ilz rompirent et prindrent les biens qui y peurent trouver ; vendirent et distribuerent le vin qui trouveroint (sic) es celiers et caves de la d. ville et aussi les blez qui estoint esd. greniers, et en firent ce que bon leur sembla, et pour leurs depans (sic) ne poierent, tandiz qu'ilz y furent, comme riens. Et le sceit ce tesmoign pour tant que durant celuy temps que les d. Francois furent en la d. ville , il frequenta les d. Francois et fut souvant en leurs logitz, et les voyet (sic) en leurs hosteleries s'entremettre de vendre le vin des caves de leurs d. hostes, prandre les d. blés des d. greniers, et veist plusieurs coffres rompues (sic) es maisons de Henry Queryen, Olivier de La Forest, Pierres Dariau, Pierres Rouault, et en plusieurs autres maisons, et se plaignât (sic) les d. nommés des d. Francois, disans que ceulx Francois avoint rompu les d. coffres et emporté les biens qui y avoint trouvé. Aussi il veist es d. maisons plusieurs des d. Francois, que ne sceit nommer, vendre et distribuer les vins estans esd. maisons et en recepvoir l'argent. Aussi est membrent (sic) avois veu le d. Henry Queryen supplier à des Francois qui estoint logés en sa maison, de luy bailler deux boesseaux de son froment, estans en son grenier, en la d. maison, pour semer et mettre en terre, et en fut reffusé. Et oyt plusieurs autres bourgois et habitans de la d. ville se plaindre des d. Francois, disans avoir esté par eulx pillez et robez de leurs biens, et que durant que ilz avoint esté en la d. ville, il avoit convenu à plusieurs des d. bourgois dormir sur la terre et leur laisser leurs litz. Et quant les d. Francois s'en alerent, ilz porterent avecques eulx toutz les biens portatiffz peurent emmener et porter o eulx. Et oyt ce tesmoign estimer le dommage que les d. Francois avoint fait en la d. ville, le d. voiage, à plus de dix mille escus. Et tout ce est notoire au pays et à la partie. Oultre recorde que les vingnt ans derrains il a fait demourance en la d. ville de Guingamp la plupart du temps, et que les dix ans derrains, à chacun des dix ans, il a souvant veu les bourgois et habitans de la d. ville de Guingamp faire leurs assemblées par fourme de communauté, pour terminer leurs negoces et affaires publiques, à son de campane, en l'église Nostre Damme de la d. ville de Guingamp, en la chappelle Saint Jacques, et a passé plusieurs actes des deliberacions que les d. bourgois faisoint en leurs d. assemblées, comme procuracions et autres actes que ce tesmoign ne sceit declerer, et des celuy temps de dix ans n'a veu les d. bourgois et habitans faire leurs d. congregacions, par fourme de communité, en autre lieu que en la d. chappelle Saint Jacques. Et est notoire en la d. ville que la d. chappelle Saint Jacques est le lieu où s'assemblent les d. bourgois pour terminer de leurs affaires publiques. Ne sceit si les actes d'icelles congregacions estoint faittes ailleurs (sic) seroint ditz, censez et reputez pour nulz, car jamais n'a veu debattre la matière. Et est son record des Ve et XIIIIe articles, où il est séparé et sur iceulx interrogé. (Signé) DE LA REGNERATE, T. HAULENER.

 

6ème Témoin. JEHAN KERMOYSAN aigé de XXVIII ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé du conseil et enquis le XXIe jour du d. moys de septembre, recorde que au moys de janvyer l'an mil IIIIcc IIIIxx huit, que le siège fut posé par ung ost et armée de Francois devant la ville de Guingamp, à ung jour de lundi d'iceluy moys, ce tesmoign estoit en la dicte ville, et y fut durant le dit siège, qui dura des le dit lundi jusques au mercredi prochain ensuivant, et demouroit lors avecques Maistre Fougue de Rosmar, sénéchal du d. lieu de Guingamp, combien que durant le d. siège il ne se tenoit environ le d. senechal fors la nuyt, et au dit jour de lundi, ou le landemain, n'est membrant lequel, il ouyt dire communémant en la dicte ville que Guillaume de Boesboessel, qui lors estoit chieff sur les gens d'ordrenance estans en la garde d'icelle ville, et aussi le d. senechal, Yvon de Guerguezengorre, procureur du d. lieu, estoint issus hors la dicte ville et alez devers le sr. de Rochan et autres cappitaines de l'armée du Roy qu'estoint logez en la maison des Cordeliers, près la dicte ville, parlemanter de composicion pour les estans en la dicte ville ; ne sceit si aucuns des bourgois de la d. ville y estoint aussi alez ; ne veist les d. bourgois par forme de communité ne autrement, ne aussi les d. gens d'ordrenance bailler cherge aux d. Boesboessel, senechal et procureur, d'aler parlemanter de composicion avec les d. Francois ; ne sceit s'ilz y alerent d'eulx mesmes, sans l'envoy de la dicte communité ; et dit qu'il est notoire en la d. ville et au pais d'environ, que les d. Francois, à l'entrée qu'ilz firent en la d. ville, et tandiz qu'ilz y furent, avoint rompu coffres, huges, greniers, et prins les biens qu'ilz y avoint peu trouver, et que de touz leurs despens n'avoint poié, tandiz qu'ilz y avoint esté, comme riens ; dit aussi que le dit jour de mercredi on le jeudi ensuivant, n'est membrant lequel, durant que ce tesmoign estoit o son maistre en ville, les d. Francois rompirent luys de la chembre de ce tesmoign, où y avoit plusieurs biens, tant à ce d. tesmoign que au d. seneschal de Guingamp, et aussi à Alain de Rosmar, quieulx biens les d. Francois pillerent, prindrent et porterent o eulx, et n'y lesserent aucun bien : maismes ce tesmoign oyt plusieurs des bourgois et habitans de la d. ville se plaindre des d. Francois, disans estre par eulx pillez et robez, et est notoire ou pays et en la partie que les d. Francois y firent grandes pilleries et oultraiges. Et appres l'entrée des d. Francois en la d. ville, ce tesmoign y fut environ XV jours, et durant celuy temps, il ouyt dire à Jehan Le Gonydec, Nycolas Taillart, Guillaume Le Roux, et à plusieurs autres que ne sceit nommer, que l'on avoit fait rolle et esgail en la d. ville sur les bourgois et habitans en icelle, et aussi sur les nobles forains y estans ou temps du d. siège, de certaine finance que n'oyt numbrer, pour bailler ausd. Francois pour les rancons des d. nobles bourgois et habitans ; ne veist le d. rolle ; ne sceit si les d. bourgois en firent rolle par entre eulx, et les d. nobles ung autre rolle aussi par entr'eulx ; ne sceit qui feist les d. rolles et esgailz, ne de quelle auctorité ils furent faitz ; ne sceit aussi qui feist la cueillete de ce, qui fut poyé des d. esgailz, si aucune chose en fut poyé, et oyt en celuy temps dire, ne sceit à qui, que Vincent de Murenorre, Rollant Le Blanc et son filz, qu'estoint nobles forains estans en la d. ville ou temps du d. siège, avoint poyé leur ranczon ausd. François ; ne luy fut nommé à qui, ne quelle somme ilz poierent ; et Jehan Le Gonydec, l'un des d. nobles forains, dist à ce tesmoign qu'il avoit poyé sa ranczon ; ne luy nomma à qui, ne combien il avoit poyé ; mais il luy dist que par ce, il avoit esté laissé s'en aler. Ainsi s'en estoint les d. Murenorre, Le Blanc et son filz avoint esté laissez s'en aler hors la ville, parce qu'ilz avoint poyé leur ranczon. Et disoit bien lors communément en la d. ville, que les d. Francois laissoint issir hors celle ville toutz ceulx qui vouloint poyer leur ranczon sellon l'esgail en fait, et que aux autres qui ne vouloint poyer l'on reffusoit l'yssue de la d. ville, et à ce tesmoign maismes fut souventes fois reffusé l'yssue de la d. ville, par cause qu'il ne vouloit poyer quatre escuz d'or, que l'on disoit être mis oud. esgail, et luy fut souventes fois demandé les d. quatre escuz d'or ; ne sceit dire les noms de ceulx qui luy reffusèrent l'yssue de la d. ville, ne qui estoint ceulx qui luy demandèrent les d. quatre escuz. Et ne sceit si les d. esgailz furent faitz sans le sceu consentemant ne evocacion des diz bourgeois et habitans en forme de communité. Bien dit-il avoir ouy dire à Olivier Hylary, Henry Potier, Alain Le Breton, Raoul Berthevaulx, et à plusieurs autres bourgois de la d. ville, que ne sceit nommer, que les d. esgailz avoint esté faitz sans le sceu et consentement des bourgois et habitans de la d. ville, et que ils n'avoint agréable les d. esgailz. Du XIIIe article, dit rien ne scavoir, et en ce qu'est le XIIIIe articie, il dit que des environ seix ou sept ans derrains, il a accoustume frequenter la d. ville, et des celuy temps, il a par chascun des diz ans souvent veu les bourgois et habitans de la d. ville s'assembler à son de campane à la chappelle Saint Jacques, en l'esglise de Nostre Damme de Guingamp, par fourme de communité, pour terminer de leurs affaires et negoces publiques, et s'est plusieurs fois trouvé es dictes assemblées, où il les a veuz faire déliberacions sur le fait de leurs matières publiques que ne sceit ce tesmoign declerer : et jamais n'a veu faire les d. assemblées et congregacions des d. bourgois et habitans ailleurs que en la d. chapelle, et est chose toute notoire en la d. ville, que la d. chappelle de Saint Jacques est le lieu où les d. bourgois et habitans s'assemblent pour terminer de leurs négoces et affaires publiques ; ne sceit si les d. congregacions estoint faittes ailleurs, les actes d'icelles congregacions seroint dits censez ne reputez pour nulz, car jamais n'a veu debattre la matière. Et ce est ce que deposé des premier, Ve, VIIIe, IXe, Xe, XIIIe et XVIIIIe articles, où il est séparé, et sur iceulx interrogé. (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

7ème Témoin. DOM HERVÉ BONBONI, aigé de trante seix ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé de conseil et enquis, recorde que durant le siège qui fut posé par ung ost et armée de Francois devant la ville de Guingamp, en l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, ne sceit autrement declerer le temps, il fut en la d. ville de Guingamp et y estait le mercredi que les d. Francois y entrerent, et à leur entrée en la d. ville partie d'eulx logerent en la maison de ce tesmoign, et durant qu'ils y furent rompirent deux huges à ce tesmoign et pilleront et hostèrent des d. huges plusieurs biens que il et les hoirs de Jeanne, sa soeur, y avoint à grant valeur que ne sceit estimer, et durant la rompture des d. huges ils chaczerent ce tesmoign hors sa d. maison. Aussi prindrent et pillerent de la d. maison chair salée, beurres (sic) et autres biens. Et oyt plusieurs des bourgois et habitans de la d. ville que ne sceit nommer se plaindre des d. Francois, disans avoir esté par ceulx Francois pillez et robez, et qu'ils avoint rompu coffres, huges, greniers, et prins les biens qu'ils y avoint peu trouver. Et est chose toute notoire en la d. ville et au pays, que les d. Francois pillerent la d. ville, rompirent coffres, huges, greniers, caves, celiers, et que ilz en avoint fait à leur plaisir. Et dit ce tesmoign que il est natiff et originaire de la d. ville de Guingamp et y a demouré la plupart de son temps, et des qu'il a « eu » congnoissance des faitz de la d. ville, il a veu les bourgois d'icelle souvantes fois par chacun an s'assembler en la chappelle Saint Jacques, en l'esglise Nostre Damme de Guingamp, à son de campane, pour terminer de leurs négoces et affaires publiques, et jamoys ne les a veuz faire assemblée ailleurs par fourme de communité pour les d. matières. Et est chose toute notoire en la d. ville, que la d. chappelle Saint Jacques est le lieu où les habitans ont accoustumé s'assembler pour terminer et disposer de leurs d. négoces et affaires publiques. Ne sceit que, si les d. congregacions estoint faittes ailleurs, les actes d'icelles congregacions seroint nuls et non trettibles à consequance. Et ce est ce que il sceit des Ve et XIIIIe articles, où il est séparé et sur iceulx interrogé. (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

8ème Témoin. DOM PIERRES OLIVIER, aigé de quarante sept ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé de conseil et enquis le XXIIe jour du d. moys de septembre, recorde qu'il est natiff et originaire de la paroesse Nostre Damme de Guingamp et est prestre XIX ans a, et des celuy temps il a souvent (sic) veu les bourgois et habitans de la d. ville de Guingamp faire leurs assemblées et congregacions, à son de campane, en la chappelle de Saint Jaques, en l'eglise Nostre Damme de la d. ville, pour terminer de leurs négoces et affaires publiques et jamais aie les a veuz faire leurs d. assemblées pour leurs d. affaires publiques ailleurs que en la d. chappelle, et est chose toute notoire en la d. ville que celle chappelle de Saint Jaques est le lieu où s'assemblent les d. bourgois et habitans pour terminer de leurs négoces et affaires publiques, et souvent a oy dire et tenir communement en la d. ville, si autremant les d. congregacions estoint faittes, les actes d'icelles congregacions ne seroint valables ; ne sceit à certain si ce est vroy ou non, car jamoys n'a veu debattre la matière. Oultre recorde que durant le d. siège que ung ost et armée de Francois posa et tint sur la d. ville, ou moys de janvier l'an mil IIIIcc IIIIxx huit, ce tesmoign fut en cette ville, et y estoit le mercredi que le sr. de Saint Pierre o une compaignie des d. Franczois y entra, et à l'entrée que ceulx Francois firent en la d. ville et durant qu'ilz y furent, ilz pillerent et roberent ce que ilz peurent trouver de biens en la d. ville, et rompirent coffres, huges, caves, celiers, greniers, et firent de grans oultraiges. Et dit ce tesmoign le savoir pour tant que durant le temps que les d. Francois furent en la d. ville il demoura et fit residence en la maison Henry Queryen d'icelle ville, en laquelle logerent deux hommes d'armes des d. Francois, dont l'un s'appeloit le sr. de Locquanay et l'autre le sr. de Clizant, lesquelx et leurs serviteurs, des que ilz furent logés en la d. maison, hostèrent de la femme du d. Queryen toutes les cleffs de la d. maison que elle gardoit, prindrent tant des coffres que des huges et armoyses de la d. maison plusieurs grans biens qu'ilz y trouverent, et rompirent ung coffre ou maistre Alain Le Forestier avoit plusieurs biens, quelx ilz porterent o eulx quant ilz s'en alerent et touz les autres biens portatiffs de la d. maison, et distribuerent les vins et blés estans en icelle maison, et combien que le d. Queryen et sa femme avoint ou grenier de leur maison environ cinquante cinq quartiers froment (sic), le d. Queryen et sa femme ne peurent avoir des d. Francois des d. blez pour semer ne mettre en terre, et leur convint emprumpter celle année quatre quartiers froment de la femme Meryen Cheron pour semer et mettre en terre. Et neantmoins que les d. Queryen et sa femme avoint sept petiz enffens et des serviteurs, il leur convint celle année vivre leurs d. enffens de l'aulmosne et par prest, et le sceit ce tesmoign, pour ce que à tout ce il fut present. Aussi recorde que il avoit une maison es faubours de la d. ville où il avoit plusieurs biens quielx les d. Francois pillerent et roberent. Et pareillement les d. Francois qui entrerent en la d. ville firent en plusieurs autres maisons d'icelle, et oyt plusieurs autres bourgeois de la d. ville se plaindre des d. Francois d'avoir esté par eulx pillez et robez. Et est chose toute notoire en la d. ville et ou pays, que les Francois, à l'entrée qu'ilz firent en la d. ville et durant qu'ilz y furent, avoint pillé celle ville, rompu coffres, huges, greniers, et prins les biens qu'ilz avoint trouvé en celle ville, à l'estimacion de la valeur de quinze mille escuz et plus, et que de leurs despans que firent en la d. ville ne poierent, tandiz qu'ils y furent, comme riens. Et est ce qu'il sceit des Ve et XIIIIe articles, où il est séparé et sur iceulx interrogé. (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

9ème témoin. JEHAN LOHEREC, aigé de cinquante seix ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé de conseil et enquis le XXVe jour du d. moys de septembre, recorde que durant le siège que les Francois tindrent devant la ville de Guingamp et ou temps de la prinse d'icelle, en l'an mil IIIIcc IIIIxx huit, ce tesmoign estoit en la d. ville, et à ce que il voulit s'en aler à sa maison, il fut impêché à la porte devers Rennes par aucuns Francois que ne congnoisset et par aucuns de la d. ville estans en leur compaignie que ne sceit nommer, jucques à ayder poyer la composicion de la d. ville, quelle disoint estre à dix mille escuz, et ce voyant ce tesmoign il retourna en la d. ville et y demoura l'espace de XV jours, et à la fin s'en ala sans rien poyer d'icelle composition. Ne sceit si defficulté (sic) se trouva à cause d'esgaill entre ceux de la d. ville et les autres forains et autres qui avoint du bien en la d. ville, ne si sur celle difficulté eust esté accordé que deux rolles eussent esté faitz, l'un pour les nobles et l'autre pour les bourgois, de la d. composicion. Ne sceit aussi si Jehan Colin fit l'esgail des d. nobles. Aussi ne sceit si le sr. de Saint Pierre avoit dit qu'il ne tenoit les d. Colin, Taillart, Quoitcoureden et Kergoaslay, fors que pour les d. nobles des champs. Bien dit que environ ouyt jours après la d. prinse de Guingamp, Jehan de Boisgelin de Pordic et Jehan Le Gonidec luy didrent que ilz avoint baillé de l'argent aux bourgois de la ville, tellement qu'ilz avoint eu leur congié pour s'en aller ; ne luy declererent combien ilz avoint poyé ne ausquielx de la d. ville. Ne sceit si l'on fit rolle et esgail en la d. ville de la d. composition, ne si ceulx qui poierent ce que estoint mis esd. esgailz furent laissez s'en aller ou non. Du contenu des VIIIe et IXe articles, où il est séparé et sur iceulx interrogé, dit autre chose ne savoir. (Signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER.

 

10ème Témoin. GUILLAUME LE DYEN, aigé de trente troys ans ou environ, comme il dit, tesmoign, jure dire vroy, purgé de conseil et enquis le XXVIIIe jour du d. moys de septembre, recorde qu'il estoit en la ville de Guingamp durant le siège que les Francois misdrent sur la d. ville à ung jour de lundi ou moys de janvyer l'an mil IIIIcc IIIIxx et huit, et que le d. jour de lundi, devers le soir, il vist issir hors celle ville, par la poterne de tour An Quelennic, Guillaume Boesboessel, et avecques luy maistre Fouques de Rosmar, senechal, Yvon de Guerguezengorre procureur du d. lieu, Jehan Louel et Tudgual Berthevaulx, et ce tesmoign, du commandement du d. Boesboessel, issit hors celle ville et avecques luy et les d. autres nommés il alla à la maison des Cordeliers, près la d. ville, parlementer de composicion o le sr. de Rohan (sic) et autres cappitaines de la d. armée du Roy, pour les estans en la d. ville. Ne sceit ce tesmoign qui lors estoit procureur des bourgois et habitans de la d. ville, si ceulx Boesboessel et autres nommez avoint eu charge ne consentement des d. bourgois, par fourme de communité ne autrement, d'aller pour eulx parlementer de la d. composicion. Et dit que des le lundi, environ deux ou troys heures apres mydi, que les Boesboessel et autres nommez commancerent à parlementer de composicion, y eut ceis et abstinence de guerre tout depuis, sans que jamais y eust esté tiré ung troict ne donné coup ne d'un costé ne d'autre. Et durerent ces parlemans (sic) des le d. lundi apres mydi juques au mercredi prochain ensuivant, que le sr. de Saint Pierre et autres Francois entrerent en la d. ville, et semble à ce tesmoign et croit que durant le d. temps les bourgois et habitans de la d. ville pouvoint estre assemblés pour avoir deliberacion ensemble sur la d. matière, ou lieu accoutumé à trecter de leurs négoces, qui est l'eglise Nostre Damme, à la chappelle Saint Jaques, et tout ce est notoire. Ne fut ce tesmoign present à deliberation quelconque que les d. bourgois et habitans feissent pour le renvoy du d. Boesboessel et autres nommez devers le d. sr. de Rohan et autres nommés de la d. armée parlemanter de composicion, et dit qu'il est notoire ou pays et à la partie que telle deliberacion qui fut faite du d. renvoy, s'aucune fut, fut sans l'evocacion ne deliberacion de la communité des bourgois et habitans de la d. ville, et qu'il n'y avoit à ce fors les gens de guerre estans en la d. ville et bien peu des d. bourgois et habitans. Aussi dit qu'il est chose toute notoire que les d. bourgois et habitans, des incontinant que leur fut dit que le d. Boesboessel et autres nommez avoint composé pour la d. ville à la somme de dix mille escuz d'or, que lorsqu'il en fut parolles, elle avoit esté dissantie de la fourme par les d. bourgois des que ce leur vint à congnoissance, et que les d. bourgois avoint donné charge d'aler dire ausd. Francois qu'ilz avoint entendu quelque chose de parolles de composicion avecques quelque ung des habitans de la d. ville et autres, à devoir poyer dix mil escuz, mais qu'ilz n'en tendroint riens, et que de fait les d. bourgois et la maire voix d'iceulx avoint dissanti la d. composicion. Aussi dit qu'il est notoire que les cleffs de la d. ville estoint es mains du d. Boesboessel au temps du d. siège. Oultre recorde que à l'entrée que les d. Francois avoint faitte en la d. ville, au mercredi prochain ensuivant l'aposement du d. siège, tandiz qu'ilz furent en la ville, pillerent celle ville, rompirent coffres, huges, greniers, et en prindrent plusieurs biens, et de touz leurs despans ne poierent, tandiz qu'ilz y furent, comme riens. Et dit ce tesmoign le savoir, pour tant qu'il vist en la d. ville plusieurs coffres rompuz, tant es maisons de Rolland Cleuroux, Yvon de Kerengroais, que en plusieurs autres maisons de la d. ville. Aussi rompirent et pillerent le grenier de l'ospital de la d. ville de Guingamp, de Kerenabat et plusieurs autres greniers. Et durant que les Francois furent en la d. ville, furent logés en la maison de ce tesmoign le fourier de Saint Pierre et quatre hommes de sa compaignie ; quielx ne poierent aucune chose de leurs despans durant qu'ilz y furent, neantmointz qu'ilz avoint baillé le froment qu'il avoit en son grenier à leurs chevaulx, qui valloit ung grant bien, et oyt dire communemant à la d. ville que paraillement ilz avoint fait par toute la ville. Du contenu es VIe, VIIe et VIIIe articles dit que riens ne sceit, fors qu'il dit avoir veu deux rolles, l'un avecques Jehan Colin, l'autre avecques Yvon Le Dantec et Jehan Louel ; n'est membrant s'ilz estoint signez ou non, ne sceit qui les avoit faitz ne de quelle auctorité ilz avoint esté fait (sic), toutesfoiz ilz luy didrent que les d. rolles estoint les rolles des esgailz faitz en la d. ville pour poyer la ranczon de la ville ausd. Francois, et que le rolle qui estoit avecques le d. Jehan Colin estoit l'esgail fait sur les nobles estans à la d. ville ou temps du d. siège, et le d. rolle que le d. Yvon Le Dantec portoit estoit l'esgail fait sur les d. bourgois et habitans, et en celluy rolle des d. bourgois ce tesmoign estoit esgaillé ouyt vingtz dix escuz d'or, à valer esquielz fut poyé par ce tesmoign aud. Dantec le numbre de cent escuz d'or. Dit aussi qu'il est chose toute notoire au pais et à la partie qu'il fut fait deux esgailz et deux rolles en la d. ville apres la d. entrée des d. Francois, l'un sur les d. bourgois et habitans et l'autre sur les d. nobles forains, pour le poiement de la ranczon de la d. ville, et qu'il estoit aussi notoire que ceulx qui voulirent poier ce que ilz furent mis esd. rolles furent laissés s'en aller, comme Vincent Le Murhorre, Rolland Le Blanc et son filz, Jehan du Boisgelin de Pordic, Jehan Le Gonidec et autres. Dit oultre avoir oy dire et tenir notoirement que les d. esgailz avoint esté faits sans le sceu, consentemant ne evocacion des d. bourgois en fourme de communité et que ilz l'avoint dissanti. Des XIe et XIIe articles dit rien ne savoir. Item, dit que au temps du d. siège, et les dix ans de paravant, il demouroit à la d. ville , et des iceluy temps, à la foiz que les d. bourgois et habitans vouloint tretter et terminer de leurs affaires et négoces publiques, il les a veuz se assembler et faire leurs congregacions par fourme de communité en la chappelle Saint Jaques, en l'eglise Nostre Damne de la d. ville de Guingamp, et jamais n'a veu les d. bourgois faire leurs congregacions ailleurs que à la d. chappelle, et est chose toute notoire à la d. ville que la d. chappelle est le lieu où se assemblent les bourgois de la d. ville par fourme de communité, pour terminer de leurs négoces et affaires publiques  à son de campane. Ne sceit, si celles congregacions estant faittes ailleurs, les actes d'icelles congregacions seroint nulz et non trettibles à consequance, car jamois n'a veu debatre la matière. Dit oultre que les faits par lui devant recordez sont vroyes, notoires et manifestes, Et est son record des premier, cinquiesme, VIe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe, XIe, XIIe, XIIIIe et XVe articles, et de la notorité des premier, segond, tiers et quart, où il est séparé et sur iceulx interrogé. (signé) DE LA REGNERAYE, T. HAULENER). (Voir Archives Municipales. — Livre Rouge).

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