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GUINGAMP ET L'INSURRECTION DE 1675

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Personne n'ignore que la Bretagne s'est soulevée, durant le XVIIème siècle, à propos du tabac et du papier timbré, et que cette mutinerie fut réprimée, avec une atroce sévérité, par le duc de Chaulnes, commandant de la province, parce qu'il n'est personne qui n'ait lu les lettres horriblement spirituelles écrites par Madame de Sévigné sur ce triste sujet. Mais je ne sais point d'épisode important de notre histoire sur lequel on ait publié moins de documents ; et, si je ne me trompe, on n'a rien imprimé, outre les treize lettres dans lesquelles la mère de Madame de Grignan parle plus ou moins épisodiquement de ces événements. Encore, ces lettres n'ont-elles trait, en général, qu'aux mutineries de Rennes et à l'exil du Parlement, qui furent comme la dernière scène de cette tragédie, dont le premier acte, et le moins sanglant, s'était joué à Nantes dès 1673. Or, quand Rennes se révolta, la Basse-Bretagne, et principalement la Cornouaille, était en pleine insurrection, et d'innombrables troupes de paysans armés menaçaient de pillage et d'incendie les villes dont la populace faisait écho. A cet immense mouvement, l'immortelle marquise a consacré cinq lignes qui donnent froid dans les os, et que voici : « Nos pauvres Bas-Bretons s'attroupent, quarante, cinquante, par les champs, et dès qu'ils voient les soldats, ils se jettent à genoux, et disent mea culpa ; c'est le seul mot de françois qu'ils sachent ; on ne laisse pas de les pendre ; ils demandent à boire, du tabac et qu'on les dépêche, et de Caron pas un mot » (Lettre du 24 septembre 1675). Si quelqu'un a ajouté quelque chose à ce que je viens de citer, ce quelque chose est si tenu qu'il a, je le confesse, complètement échappé à mes lectures ou à ma mémoire.

Cette pénurie absolue de documents m'enhardit à rassembler quelques notes puisées dans les papiers de la municipalité de Guingamp, et dans ceux de la famille d'Acigné, tout incomplets et décousus que soient ces renseignements.

Les papiers des archives municipales sont principalement les comptes du maire et les registres des délibérations de la communauté de ville, pour cette année 1675 et les suivantes ; les papiers de la famille d'Acigné sont quelques lettres adressées de Guingamp à Claude d'Acigné, marquis de Carnavallet, qui venait d'être nommé gouverneur de Brouage et lieutenant-général, pour Sa Majesté, dans la Saintonge et le pays d'Aunis. Ces lettres sont écrites par Mesdames de Mezobran, de Kercabin et d'Acigné [Note : Jeanne-Jacqueline, Marguerite et Marie d'Acigné, filles de Jean d'Acigné, baron de La Touche, et de Marguerite Fleuriot, héritière de Kernabat. — Claude d'Acigné était second fils de cette maison ; mais Jean d'Acigné, son aîné, mourut sans hoirs, en 1674. — Claude mourut aussi sana héritiers, et aussi Yves, fils cadet, chevalier de Malte et capitaine de cavalerie au service du duc de Modène mort en 1660], soeurs du marquis de Carnavallet, qui ne se doutaient pas que leurs épîtres seraient quelque jour et si malencontreusement pour leur amour-propre, rapprochées de celles de Madame de Sévigné.

Les Bretons n'avaient pas été familiarisés avec les impôts ; celui que Louis XIV établit sur les tabacs, et, plus tard, la bizarre invention du papier timbré, furent reçus dans la province avec un mécontentement universel. Ce mécontentement se traduisit en actes de rébellion, à Nantes, dès l'année 1673. L'émeute de Nantes, excitée, s'il faut en croire Ogée, par deux femmes, tomba d'elle-même ; le gouverneur, Sébastien de Rosmadec, montra une modération que la cour taxa de faiblesse, et blâma énergiquement : leçon indirecte, dont profita trop bien le duc de Chaulnes.

On est tout d'abord amené à se demander pourquoi ce premier ferment de révolte couva pendant la fin de l'année 1673, pendant toute l'année 1674 et les premiers mois de 1675, puisque ce fut seulement vers le mois d'avril 1675 que l'insurrection générale éclata.

Je crois en avoir trouvé la raison dans un fait dont personne aussi, je crois, n'a parlé. Pendant l'année 1674, la Bretagne fut sillonnée de troupes, et tenue en alerte par la menace d'une descente des Hollandais sur ses côtes ; cette circonstance retarda la révolte, mais la favorisa dans un autre sens, parce que la misère fut extrême et alla presque jusqu'à la famine [Note : Hévin, dans sa Consultation XIII, après avoir constaté que, de 1650 à 1664, la prospérité de la Bretagne fut immense, s'exprime ainsi : « Voilà la face de la province jusqu'en 1664, laquelle a extrêmement changé depuis ; car, à l'abondance des espèces d'or et d'argent, la rareté a succédé par les charges extraordinaires qu'elle a soutenues depuis, et dont elle est épuisée. — (Suit l'énumération de douze nouveaux impôts, parmi lesquels le tabac et le papier timbré). — C'est, poursuit l'auteur, ce qui a converti l'abondance des espèces en rareté, qui augmente et qui est si manifeste, que les revenus des terres et fermages sont moindres d'un tiers par toute la province, aussi bien que les loyers des maisons dans les villes, et il y en a même où ils ont diminué de plus de moitié »]. On me pardonnera quelques détails, bien que les événements de 1674 ne se rattachent que très–indirectement à ceux de 1675, auxquels est spécialement consacré ce chapitre.

M. de Carnavallet (il avait, de son autorité privée, érigé ce fief en marquisat, comme son père avait fait de La Touche une baronnie) [Note : C'était la mode, ainsi que le constatait Hévin : « Ce n'est que dans le dernier siècle qu'on s'embaronna, de même qu'en celui-ci l'on s'est emmarquisé » (Quest. Féod., p. 21.) — Ce nom de Carnavallet avait, du reste, une illustration véritable, ayant été porté par François de Kernavanoy, grand écuyer du roi Henri II, puis gouvernent d'Henri III, et l'un des hommes éminents du XVIème siècle], avait été nommé lieutenant de la Saintonge et de l'Aunis, en avril 1674, si je ne me trompe. Le 26 mai, l'une de ses soeurs, je ne sais laquelle, car les lettres ne sont pas signées, lui écrivait : « J'ai une joie très-parfaite, mon très-cher frère, de ce que vous vous êtes rendu en parfaite santé, et de ce que votre équipage a fait le voyage sans mal. Messieurs de Carnabat [Note : Charles d'Acigné, frère de M. de Carnavallet] et de Mezobran [Note : Rolland Le Goualès, mari de Jeanne-Jacqueline d'Acigné, et beau-frère de M. de Carnavallet] sont à Brest, où toute la cavalerie des quatre évêchés s'est rendue. On dit que l'infanterie marchera. Monsieur du Gage [Note : Julien de Cleuz, chatelain des Salles, aux faubourgs de Guingamp] est aide-de-camp de Monsieur de Chaulnes, à Brest. On croit que le duc fera une revue de toute la cavalerie, après quoi il les renverra. Ce n'est pas que les Hollandais ne fassent bien de la frayeur dans les côtes ; mais les entendus disent qu'ils ne croient pas qu'ils aillent descendre à Brest. On dit que les Malouins ont peur : la plupart des femmes sont allées à Rennes ; pourvu qu'elles soient bien faites, les galants de Rennes se consoleront de la guerre. On ne parle que des Hollandais partout ».

A son tour, le 29 mai 1674, un sieur Artur Laurence, régisseur, je suppose, de M. de Carnavallet, disait : « J'ai entendu lire la lettre que vous avez écrite à Monsieur de Mezobran, par laquelle vous lui mandez que vous vouliez que l'on eût vendu tous les meubles que vous avez ici, sans réserve. Si cet ordre fut venu quinze jours auparavant, l'on eut pu les vendre ; mais, présentement, il n'y a rien à faire attendu que la noblesse et les bourgeois sont tous à Brest, et l'on ne sait quand ils reviendront. L'on vous trouvera fermiers pour Carnabat et Carnavallet, s'ils peuvent demeurer d'accord de prix, le bled diminuant ici de prix au lieu d'augmenter. Pour faire fin, l'on ne parle ici que de la guerre, et il y a à Brest plus de trois mille cavaliers des quatre évêchés, et plus de quatre mille paysans tous les jours, pour les fortifications, à remuer de la terre : ils y vont depuis Tréguier et La Roche, qui sont distants de Brest de vingt-deux lieues. Monsieur de Carnabat n'est d'aucune compagnie, Monsieur le duc l'ayant retenu près de lui ».

Cette chaude alerte ne fut apaisée que dans le courant de juillet ; le 30 juin, une des dames mandait encore :

« Je vous assure mon très-cher frère, que j'ai bien du chagrin de ce que vos affaires avancent si peu ; mais il n'y a pas moyen de rien faire que nos Messieurs ne soient de retour. Mon frère de Carnabat nous mandoit qu'il seroit ici sur la fin de cette semaine ; mais, puisqu'il n'arrive pas ; je crains qu'il n'ait suivi Monsieur le duc, que l'on dit parti de Brest, depuis mercredi, pour aller à Belle-Isle. On a voulu dire ici que la ville était bloquée, et que tout ce que put faire le marquis de Coetlogon [Note : Lieutenant du duc de Chaulnes], fut d'entrer tout au plus vite dans la citadelle, suivi de cinquante cavaliers. Il y eut une furieuse alarme à Brest, il y a huit jours : on voyoit les ennemis à sept lieues de la ville, et, le jour devant, on avoit congédié toute la cavalerie, si bien qu'ils étoient tous dans une consternation la plus terrible du monde. L'on fit exposer le Saint-Sacrement, et tout le monde se mit en prières. Monseigneur de Tréguier leur donna l'absolution générale ; car, comme ils n'avoient pas de secours, ils croyoient tous périr ; lorsque le vent, que les ennemis avoient bon, tourna tout d'un coup ».

Le duc de Chaulnes ne quitta les côtes du Finistère qu'à la fin de septembre : « A la fin, toute la cour de Brest s'en est allée à Nantes. Monsieur de Tréguier avoit préparé quantité de vivres pour Monsieur le duc ; mais il s'en est allé, sans le venir voir » (Lettre du 13 octobre 1674).

On n'avait plus à craindre que les flottes hollandaises insultassent nos côtes ; Turenne venait de balayer l'Alsace et de l'arroser du sang des Impériaux. Louis XIV, parvenu à l'apogée de sa fortune, apparaissait aux yeux de ses contemporains avec une auréole au front et comme une sorte de demi-dieu. Ce fut alors que le peuple, écrasé par l'impôt, épuisé par la guerre, osa trouver trop lourd le sceptre du grand roi. La Bretagne et la Guyenne poussèrent à la fois le même cri. Le maréchal d'Albret et le duc de Chaulnes se hâtèrent, en même temps, d'étouffer dans le sang cette plainte, qui eût troublé les rêves glorieux du monarque.

Le mouvement de Bretagne commença, je crois, en avril 1675. La première trace que j'en trouve, est dans une lettre écrite, le 3 mai, par le duc de Chaulnes, et que les registres de la communauté de ville analysent en ces termes : « Lecture d'une lettre de M. le duc de Chaulnes, datée de Rennes, le 3 de ce mois, par laquelle il mande qu'il est si persuadé de la fidélité de cette ville et de son zèle au service du roi, qu'il croit inutile de l'y exhorter. Mais comme il se pourroit, ainsi qu'il est arrivé à Rennes, que quelque canaille voudroit profiter des désordres, il faut prévenir leurs desseins, en établissant dès-à-présent une garde devant l'Hôtel-de-Ville, pour opposer d'abord à leur attroupement. Il sera aussi donné ordre, en cas d'émeute, ce qu'il ne croit pas, que les capitaines fassent prendre les armes à leurs compagnies pour maintenir la tranquilité publique ».

La communauté de ville se hâta d'écrire au commandant, pour « le remercier très-humblement du soin qu'il prend de la conservation de cette communauté et pour l'assurer de sa docilité, et que, jusqu'à présent, il n'a paru aucune émeute de la part du peuple ». On établit, en même temps, une garde permanente, et on donna des ordres précis aux quatre compagnies de la milice bourgeoise.

Le 15 mai, comme la fermentation augmentait, et que le duc de Chaulnes répandait des troupes dans le pays, les bourgeois de Guingamp résolurent de lui envoyer une solennelle ambassade, composée d'un juge de la cour ducale, du maire et de deux notables, « pour protester de leur obéissance et fidélité au service de Sa Majesté, et prier Son Excellence d'interposer son crédit auprès du Roi, de décharger ladite communauté du logement des gens de guerre, attendu que la ville est de peu d'étendue et que d'ailleurs elle a toujours été très-soumise aux ordres de Sa Majesté, dont elle ne se départira jamais, étant prête de s'opposer à toute entreprise contre son service ».

Malgré ces protestations et cette apparente tranquillité, Guingamp était alors à la veille de son émeute : ce fut dans la nuit du 24 au 25 mai. L'insurrection avorta : la milice tint bon, et s'empara des factieux.

Après cet exploit, les bourgeois, qui eux aussi, comme dit Madame de Sévigné, « aimoient mieux les maux que les remèdes, » avisèrent bien vite aux moyens de détourner « l'orage des gens de guerre, » dont ils étaient malheureusement menacés « à cause des désordres que quelque canaille de cette ville y avait, les jours passés, voulu exciter ». Ils dépêchèrent un exprès à leurs députés, à Rennes, pour qu'ils disent bien à Son Excellence : « que s'il y a eu quelque émotion populaire, elle est tout à fait apaisée par l'emprisonnement des factieux, auxquels on fait le procès, dont M. le marquis de La Coste, qui est ici résidant, est pleinement informé ». M. de La Coste eut, de son côté, la bonté d'écrire en faveur des bourgeois.

M. de Langeron, qui était devenu propriétaire de La Coste, en Plaintel, par son mariage avec Magdeleine du Gouray, et qui n'est connu que sous le nom de marquis de La Coste, était lieutenant pour le roi dans les quatre évêchés de Basse-Bretagne. Ce fut lui qui, dix ans plus tard, mit à exécution, avec une sagesse et une modération dont il donna toujours des preuves honorables, l'édit contre les Protestants. J'ai déjà publié sa correspondance à ce sujet [Note : Portraits Bretons, voyez le chapitre intitulé : « Les Derniers Protestants »], et ce que je vais raconter complètera la biographie de ce personnage, dont la physionomie ressort avec un certain relief et mérite de ne pas être oubliée.

Cependant, M. le lieutenant du grand-prévôt était accouru à Guingamp pour faire le procès aux trois mutins qui avaient été arrêtés lors de l'émeute. Cette affaire fut menée avec un zèle si exemplaire et une célérité si méritoire, que, dès le 6 juin, le procureur des bourgeois, « conformément aux ordres du marquis de La Coste, et de l’advis de la communauté, » payait « aux charpentiers qui avaient levé la potence, dix livres, et à l'exécuteur criminel de haute justice, cinquante livres » [Note : La seigneurie, et je lui en fais mon compliment, entretenait fort mal son gibet. L'inventaire des titres, aux archives des Côtes-du-Nord, porte, à la page 119 : « 23 septembre 1437 — 7 mai 1475. — Six pièces concernant les réparations du gibet et justice patibulaire de Guingamp ». — Du reste, ces gibets seigneuriaux ne servaient presque jamais, et, dans les aveux, on trouve ordinairement la mention que les pots sont gisants à terre. Même avant 1538, alors qu'on ne connaissait aucun appel en matière criminelle, dans notre pays ; alors que tout « haut-justicier, appelant avec soi des postulans de sa jurisdictien pour assesseurs, pouvoit condamner le matin et faire pendre la relevée, » on pendait très-rarement dans les justices seigneuriales. La raison très-péremptoire qu'en donne Hévin, c'est qu'aux termes du chapitre 135 de la très-ancienne Coutume, en matière criminelle, on pouvait porter l'affaire, de plano, à la juridiction supérieure, sans qu'il y eût jamais lieu au retrait de barre, et chacun, selon le mot d'Hévin, préférait, en si grave matière, « un juge de grande autorité, dans la justice et le mérite duquel il s'assurait plus, que dans celle d'un petit juge ». Hévin, CXI Consult.].

La rébellion fut parfaitement étranglée, à Guingamp, par cette triple pendaison ; mais la Basse-Bretagne était en feu. Le 10 juillet, « sur la remontrance du sieur maire, que sur les bruits qui courent et les désordres arrivés à Châteaulin, Carhaix et autres lieux, et sur les menaces que l'on fait de venir à Guingamp pour insulter, brûler et piller, il convient que la communauté prenne ses sûretés et mesures pour éviter les insultes, repousser les insolents et conserver la ville, — a été arrêté que le sieur maire fera incessamment travailler aux réparations des portes, ponts-levis et murailles, pour les mettre en état de défense ». On prit aussi d'autres mesures de police, on fit des provisions de poudre et de plomb, et, pendant dix mois, la population fut presque continuellement sous les armes.

Par une circonstance toute particulière, nous trouvons dans les registres et les comptes municipaux de Guingamp, des détails sur les graves événements de Châteaulin.

Le 12 juin, le maire remontra à la communauté assemblée : « qu'il avait eu avis que Monsieur le marquis de La Coste, lieutenant du Roi en Basse-Bretagne, ayant sorti de cette ville de Guingamp, depuis mercredi dernier, après y avoir apaisé les troubles, pour aller à Châteaulin, où étant, il auroit été attaqué par les séditieux et même par un nombre infini de paysans de la campagne, qui se seroient joints à ceux de la ville ; lesquels, armés, ont attaqué mondit sieur le marquis et sa compagnie, de sorte qu'il a été fort blessé par les mutins dudit Châteaulin, d'où on l'a transporté à Brest, dans un grand péril de sa vie : ce qui doit causer une douleur extrême, particulièrement à cette communauté, qui a de grandes obligations à Monsieur le marquis de La Coste ». La communauté députa immédiatement le sénéchal, le procureur fiscal et le maire, pour aller faire compliment de condoléance au noble blessé ; cette attention alla au odeur de celui-ci, et, le 8 août, il écrivait :

« Messieurs, quoique je sois encore assez incommodé, je ne puis retarder davantage à vous témoigner le ressentiment que j'ai de la grâce que vous m'avez faite de m'envoyer vos députés pour me faire connaître la part que vous prenez à l'accident qui m'est arrivé. Comme c'est une marque de votre amitié, je tâcherai, en toute occasion, de vous en marquer ma reconnaissance, en général et en particulier ; et afin que ceux qui viendront après nous aient connaissance de nos sentiments communs, je vous prie que celle-ci soit enregistrée sur le livre de la communauté. Je suis, Messieurs, votre très-humble et très-obéissant serviteur ».

Dans l'intervalle, on avait publié par toute la Bretagne un arrêt du Parlement, en date du 12 juin, et dont la teneur suit : « La Cour a donné commission au procureur-général pour informer contre ceux qui sèment de faux bruits de l'imposition de la Gabelle et autres nouveaux subsides, et commis Maître Joachim Descartes [Note : De la famille de l'illustre philosophe, dont le père s'appelait aussi Joachim Descartes. Celui dont il est cas ici, était, je crois, fils de Pierre, frère aîné de René, et c'est lui qui a signé nomme témoin au baptême de Catherine Descartes, sa soeur, le 12 décembre 1637], conseiller, avec tout effet et connaissance de cause pour instruire, faire et parfaire le procès aux coupables, et fait défense à toutes personnes de s'assembler ni attrouper sur peine de la vie ».

Le duc de Chaulnes vint en personne à Quimper, au centre de la révolte ; il marcha de là sur Carhaix, où il était à la fin d'août. Il avait avec lui toute une armée ; il écrasa l'insurrection ; mais Dieu sait à quel prix !

C'est ici que trouve place une lettre écrite de Guingamp le 24 septembre, par une des soeurs du marquis de Carnavallet, et qui nous fait connaître, dans un autre style, sinon dans un autre esprit que Madame de Sévigné, l'ensemble de l'expédition du duc de Chaulnes en Basse-Bretagne :

« Il n'y a pas longtemps, mon très-cher frère, que Monsieur de Carnabat vous a écrit, et je ne doute pas qu'il ne vous ait tout à fait instruit de l'état où sont présentement vos affaires. Cela va toujours bien lentement, par la raison qu'on ne vouloit rien demander aux hommes, vu leur grande pauvreté. Ils ont eu du bled assez cette année, Dieu merci ; mais tout sera pillé par les troupes qui vont venir ici cette semaine. Monsieur le duc de Chaulnes est depuis samedi à Morlaix. Mon frère de Carnabat y est allé pour rendre ses civilités à Monsieur le duc. Il ira de là à Lannion et à Tréguier : mon frère le suivra en cette tournée. Les paysans ont été bien punis de leur rébellion : ils sont présentement souples comme un gant. On en a pendu et roué une quantité en ce pays de Cornouailles, et particulièrement à Quimper-Corentin. Pour ceux de ce pays-ci, qui n'étoient pas révoltés, ils ont pourtant pensé faire les diots ; car on ne pouvoit venir à bout de leur faire signer la requête que Monsieur de Chaulnes avoir envoyée en toutes les paroisses : ils disoient que c'étoit la gabelle qu'on leur vouloit faire signer. Monsieur de Carnabat fit plus de six voyages à Plouisy pour leur devoir faire entendre ce que c'étoit : il ne put y parvenir. A la fin, ma soeur de Carnabat y alla, et mena avec elle Monsieur de Kergrist La Grève, auquel ils avoient créance, et il signa pour toute la paroisse. Les jours devant que l'acte fût fait, mon frère en avoit fait mettre deux en prison, si bien que cela leur fit grand peur. Le métayer du Parc-Pruc est un des prisonniers : il a été accusé d'avoir été avec les bonnets rouges [Note : Je ne sais quelle catégorie de révoltés on désignait par cette épithète, qui semble empruntée au vocabulaire des révolutions contemporaines], et de les avoir sollicités de venir piller cette ville et Plouisy. Cet homme vous doit beaucoup : on a fait arrêter ses gagneries [Note : Récoltes en terre]. Il s'appelle Tilly. Il doit plus de trois cents livres. J'aurois pourtant grand regret qu'il fût pendu, à cause qu'il est notre homme. Madame du Gage fut aussi à Saint–Michel [Note : Fauxbourgs de Guingamp, trêve de Plouisy], et leur fit signer. Monsieur du Cludon [Note : Jean de Kergorlay, père de Madame du Gage, unique héritière, qui porta le Cludon dans la maison de Cleuz] est lieutenant du roi en l'évêché de Tréguier, et Monsieur de Nevet, en Cornouailles, en l'absence de Monsieur de La Coste, lequel ne se remet guère. On a dit ici qu'il étoit mort. On a fait désarmer tous les paysans, et on a ordonné de donner les armes à leurs capitaines de paroisses. Ceux de Plouisy ont un grand chagrin de ce qu'on ne les met pas à Carnabat. L'on fait contribuer toutes les paroisses d'autour de Guingamp, sous quatre lieues à la ronde, pour nourrir les troupes pendant que Monsieur le duc sera ici : on croit qu'il y sera trois nuits. On a fait provision d'avoine, douze cent trente boisseaux ; deux cents moutons ; cent charretées de paille ; cent cinquante de foin ; quarante-huit bêtes à cornes ; dix charretées de bois. Toutes les femmes ont bien peur, et la plupart se mettent dans les couvents. Enfin, tout est ici dans une consternation la plus grande du monde.

Le marquis de Montgaillard a été tué à Carhaix, depuis que Monsieur le duc y est, par le cadet de Tonquedec-Pongant : il est fort regretté. On garde Pontgant très-exactement. On parle du sujet de leur démêlé fort différemment. L'aumônier de Monsieur de Montgaillard fut aussi tué.

Monsieur de Mezobran est allé à Lannion au-devant de Monsieur de Chaulnes. Monsieur de Kergaradec régalera Monsieur de Chaulnes, comme gouverneur de Lannion.

Toute la famille vous fait bien ses compliments ; mais particulièrement votre filleul [Note : Claude, deuxième fils de Charles d'Acigné, et neveu de M. de Carnavallet, que l'on appellait le petit de Carnavallet, semble avoir été l'enfant gâté de toute la famille. Il faisait ses études à Pont­le-Voy, et terminait sa seconde, quand on s'avisa qu'il avait bien assez de littérature et qu'il valait mieux le faire entrer aux pages], qui sera fort propre pour la guerre : il est fort grand.

Le marquis de La Rivière [Note : Charles-François, chevalier, marquis de La Rivière de Corlay, fils d'autre haut et puissant Messire Charles de La Rivière, chevalier seigneur dudit lieu, de Saint-Quihouaye, Kerauffret, Saint-Michel, et de dame Marguerite Bernard, dame de L'Isle-Aval, etc. J'ai le contrat sous les yeux : les six mille livres de rente se réduisent à cinq. — Charles de La Rivière avait un cousin germain du même nom, en faveur duquel le roi rendit héréditaire la charge de gouverneur de Saint-Brieuc et de la tour de Cesson, que son père, Yves Olivier de La Rivière, seigneur du Plessix-Herupel, avait acquise, en 1667 et moyennant 8.000 livres, de Claude d'Acigné, après que celui-ci se fut fait pourvoir du gouvernement de Brouage, beaucoup plus avantageux. (Archives de La Rivière)] a été voir toute la famille. Le contrat est signé. Madame de Kerlouet [Note : Mauricette Le Bigot, veuve de Sébastien Fleuriot de Langle] donne à sa fille, entre son partage et ce qu'elle lui donne de son bien, six mille livres de rente et être nourris un an, et un carrosse à six chevaux. Il fait habiller quatre pages et quatre laquais. Ils viendront tous demeurer ici, tôt après les noces.

Obligez-moi de bien faire mes compliments à ma soeur. Adieu, mon cher frère, je suis à vous de tout mon coeur ».

Tandis que Madame de La Rivière éclaboussait les Guingampais avec son beau carrosse, le duc de Chaulnes gagnait en toute hâte la ville de Rennes, où l'émeute avait triomphé, et Madame de Sévigné écrivait la lettre célèbre : « M. de Chaulnes est à Rennes avec Le Forbin et Le Vins, et quatre mille hommes : on croit qu'il y aura bien de la penderie » (Lettre du 16 octobre).

Les Etats, qui avaient été convoqués à Dinan pour le 20 septembre, n'avaient pu se tenir à cause des troubles : on les ouvrit au mois de novembre. [Note : J'ai trouvé, dans le registre de paroisse de Saint-Denoual, une mention incidente de la révolte dans le pays de Dinan : « La grosse cloche de Saint-Denonal, nommée le jour que les employés au tabac furent tués en forêt, pèse 190 livres, poids de Lamballe ». C'est de la forêt de la Hunandaye qu'il s'agit].

Mais, quand Le Forbin et Le Vins et les quatre mille hommes de M. de Chaulnes eurent fini leur besogne, il fallut les loger pour leurs quartiers d'hiver : ce fut alors véritablement que « cette province, pour employer le langage de Madame de Sévigné, fut rudement punie et au point de ne s'en remettre jamais » (Lettre du 27 octobre). Qu'on en juge parce qu'éprouva Guingamp.

Le 16 décembre 1675, arriva dans la ville M. 0llier, maistre de camp, c'est-à-dire colonel, avec quatre compagnies de son régiment. On le reçoit avec des honneurs extrêmes : une députation de trois notables va au-devant de lui ; on lui a loué une maison tout entière ; ses cavaliers sont disséminés dans les hôtelleries, et les officiers sont installés au Cheval-Blanc, le meilleur cabaret du lieu. Puis les bourgeois s'occupent de dresser un rôle régulier de la contribution des gens de guerre, et députent vers M. l'intendant de Pomereuil, pour « le complimenter de la part de cette communauté, lui offrir ses obéissances, soumissions et respects, et lui demander instamment sa protection et de vouloir bien régler les droits de la compagnie de M. 0llier ».

 Candides bourgeois ! les droits de la compagnie de M. 0llier n'étaient réglés que par le code des bandits, la loi du plus fort. Le 25 décembre, malgré la solennité du jour, il fallut s'assembler en toute hâte, pour entendre le maire remontrer : « qu'il avoit vu, ces jours derniers, Monsieur d'0llier (sic), colonel du régiment étant actuellement en cette ville pour le quartier-d'hiver, lequel, pour ménager la paix et empêcher le désordre que commettent ses cavaliers chez les particuliers où ils sont logés, vivants comme à discrétion, demande la somme de deux cent trente-cinq livres dix sous par jour ».

L'assemblée fut d'avis d'attendre pour statuer l'arrivée des députés que l'on avait envoyés à M. l’intendant. Les soldats répondirent par un redoublement de menaces et de violences. Le 1er janvier 1676, la communauté, croyant faire au mieux, se chargea elle-même « de la dépense de table de M. 0llier, colonel, de ses officiers et valets, et du fourrage à fournir à son équipage, au nombre de quarante chevaux et trente valets, et de payer pour ce une somme à débattre avec Chateauneuf, hôte au Cheval Blanc ». Elle déclara de plus qu'elle paierait pour apaiser M. 0llier, et « pour éviter aux désordres dont on est menacé par ledit M. 0llier, » une somme de quatorze cents livres pour les quatorze jours écoulés depuis son arrivée, et qu'on mettrait aux mains du colonel quatre-vingts billets de douze livres chacun, payables par avance de semaine en semaine.

On se mit en devoir de faire, selon les rôles, la cueillette de cet argent, et l'on avait réuni neuf cents livres, déposées chez le greffier de ville, lorsque M. 0llier lui-même survient, contraint le greffier de se dessaisir de cette somme entre ses mains, sans vouloir en délivrer aucun acquit. Le maire demande une décharge ; le colonel répond qu'il donne sa parole de payer le sieur Chateauneuf, trouve fort mauvais qu'on ait réglé sa dépense, et demande qu'on lui délivre les rôles, pour faire lui-même la levée du restant des 1.400 livres. A l’instant, on apporte une lettre du duc de Chaulnes, dont la teneur suit : « A Rennes, le 6 janvier 1676. — Messieurs, j'apprends par plusieurs endroits que vous vous êtes accommodés avec les troupes, et particulièrement par les plaintes de quelques gentilshommes qui prétendent avoir été enrôlés pour payer leur taxe. Je n'y ai point ajouté foi, parce que j'ai été persuadé que vous m'auriez rendu compte de la conduite que vous tenez, tant pour les conditions dudit accommodement, que pour les gentilshommes. C'est pourquoi j'attendrai votre réponse, et suis, etc. ».

Pauvres bourgeois ! s'ils veulent rester dans la légalité et garder les ordonnances, le colonel lâche ses soudards, qui mettent la ville au pillage ; s'ils achètent la paix au prix de toutes les humiliations et de tous les sacrifices, l'autorité les blâme et les rappelle aux règles administratives ! Ils rédigèrent un humble mémoire, où ils se contentèrent d'exposer les faits dans leur éloquente simplicité. Dans un gouvernement despotique, le plus mince agent du pouvoir ne peut avoir tort, à plus forte raison les grosses épaulettes ; le duc de Chaulnes répondit :

« De Rennes, ce 13 janvier. — Messieurs, j'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite pour me rendre compte de votre conduite, sur laquelle je vous dirai que vous deviez si bien régler les logements que Monsieur 0llier ne pût y trouver à redire. Ce que vous deviez faire pour cela, était de loger sa compagnie, et de mettre toute la ville pour aide, le fait du logement vous regardant uniquement. Je serais bien aise de contribuer à la satisfaction de M. 0llier, le considérant tout à fait, et voulant même y donner mes soins ; mais il faut que les choses se fassent dans l'ordre. J'ordonne au grand prévôt de voir ce qui se peut faire, selon mes instructions, pour le soulagement de votre ville et le maintien des troupes. Monsieur l'intendant sera dans peu à Guingamp : vous lui rendrez non-seulement tous les honneurs qui sont dus à son caractère ; mais encore comme à une personne qui est tout à fait de mes amis. Je suis, etc. » [Note : L'intendant était, pour chaque province, la personnification la plus complète et la moins définie du despotisme administratif et centralisateur. M. le comte Beugnot en a excellemment parlé : «  Richelieu, dit-il, ne se contenta pas de faire régner le despotisme dans les régions supérieures de l'Etat, il voulut qu'il pénétrât jusqu'au fond des provinces, et y détruisit des habitudes de sage et modeste indépendance, nées à l'ombre des institutions municipales librement concédées par la royauté elle-même dans des temps déjà anciens. Pour atteindre ce but, il accrut démesurément les pouvoirs des maîtres de requête, délégués temporairement, depuis le règne de Henri II, dans les provinces, et rendit leurs fonctions permanentes, sous le nom d'intendants de justice, police et finances. Il y eut désormais dans chaque province un agent direct du roi, formé, au sein du Conseil d'Etat, à la pratique du pouvoir absolu, dont la mission était d'entraver, dans l'exercice de leurs droits les moins contestables, les gouverneurs, les parlements, les corps de ville, les corporations religieuses on civiles, et de substituer partout, à la place des pouvoirs locaux, l'autorité royale, libre de tout contrôle et de toute résistance, Cette magistrature nouvelle, qui réunissait dans ses mains des pouvoirs de toute sorte, tua l'esprit municipal, première assise de tout bon gouvernement, et commença l'assujettissement des provinces à la capitale, dont les intendants furent toujours les plus ardents promoteurs. Enfin, Richelieu remplaça par la crainte les sentiments d'amour et de confiance qui unissaient, depuis des siècles, le peuple au roi. A vrai dire, le caractère de la royauté fut changé » (Correspondant, Avril 1859, p. 591)].

Après M. de Pomereul, qui arriva le 19 janvier, Guingamp eut le lourd honneur de recevoir, le 14 février, M. le duc de Chaulnes lui-même.

La veille, le maire avait été signifié, de la part de Chateauneuf, l'hôte du Cheval-Blanc, en paiement des dépenses faites par M. 0llier. C'était ainsi que cet illustre militaire tenait sa parole.

Le 15 février, au matin, M. le duc voulant témoigner son bon vouloir aux habitants de Guingamp, fit appeler le maire, et lui dit d'assembler la communauté, « pour délibérer sur la proposition qu'il fait de faire un fond de 2.000 livres pour se redîmer du logement des troupes qui sont en cette ville, le premier mars prochain, et sans lequel les troupes y resteront jusqu'au 15 avril ». La communauté dépêcha huit notables vers M. le duc, « pour lui faire très-humbles supplications de vouloir modérer la somme, attendu la nécessité du lieu et la surcharge que l'on a reçue des troupes ».

Le duc répondit qu'il n'y avait point de diminution à prétendre.

Alors, les bourgeois, résignés à tout plutôt que de conserver au milieu d'eux M. 0llier et ses bandits, décidèrent qu'on viderait les coffres de la fabrique et les troncs de l'église, pour faire les deux mille livres, et députèrent vers le commandant pour qu'il approuvât leur délibération. « Mon dit seigneur, pour correspondre à leur soumission, voulant décharger et gratifier la communauté du paiement et avances de la dite somme, veut bien qu'elle soit levée sur les deniers des étapes, qui y ont été destinés par délibération des derniers Etats jusqu'à la concurrence des étapes. En reconnaissance de quoi, la communauté a arrêté qu'elle ira en corps le remercier très-humblement de la continuation de ses bontés, et lui demander aussi la continuation de sa protection pour l’avenir ».

A la date du 20 février, le terrible duc étant à Quintin, donna aux Guingampais une marque très-gratuite de cette protection, dans une lettre où je ne sais trop si l'on doit voir un conseil bienveillant ou une menace odieuse :

« Messieurs, j'ai reçu les ordres pour faire sortir les troupes, même avant le premier mars ; s'entend après le paiement de ce qui leur est dû entre les mains de Monsieur d'Harouis. Comme on a prévu, dans les évêchés de Léon et de Saint-Brieuc que ce retardement de paiement pourrait arrêter les troupes dans leur étendue, une personne de chaque évêché a envoyé des lettres de change à M. d'Harouis. Il serait bon que vous veilliez si vous ne trouvez personne qui voulût rendre ce service à la province, (dont je doute, puisqu'il n'y a que l'attente de cinq ou six jours, et que j'en réponds), pour éviter que ceux de Léon, qui seront déchargés des troupes par cet expédient, ne les rejettent sur vous. Profitez donc de cet avis ».

A quelque temps de là, les bourgeois témoignèrent leur reconnaissance, de la sincérité de laquelle on peut douter, en offrant à la duchesse de Chaulnes une de ces gigantesques collations dignes de Gargantua et de Gamache, et qui donnent une si magnifique idée de l'estomac de nos aïeux. [Note : Ces réceptions de hauts personnages furent, après les troupes, la principale dépense de la communauté dans la seconde moitié du XVIIème siècle. En 1678, il fut question que Louis XIV lui-même vint en Bretagne. Heureusement pour les bourgeois, qui eussent été éternellement ruinés, que ce projet de voyage avorta, et ils en furent quittes pour les frais d'une glacière, que, comme toutes les autres villes du passage du roi, et d'après les ordres formels du duc de Chaulnes, ils avaient dû construire au prix de 372 livres 13 sols] (S. Ropartz).

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