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FRANCOISE D'AMBOISE

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Note : Françoise d'Amboise, née le 29 mai 1427 à Thouars, morte le 4 novembre 1485 à Bouguenais, est duchesse consort de Bretagne de 1450 à 1457 par son mariage avec Pierre II. Elle est la fille de Louis d’Amboise, prince de Talmont et vicomte de Thouars et de Louise-Marie de Rieux. Elle est également fondatrice du premier carmel féminin de France à Vannes. Devenue veuve, elle entre au Carmel et devient la prieure de son couvent. Elle a été béatifiée quelques années après sa mort.

Françoise d'Amboise, épouse de Pierre II.

Le duc Jean V avait réservé le comté de Guingamp, comme l'un des plus beaux fleurons de la couronne brisée des Penthièvre, pour le prince Pierre, le second de ses fils. Il le lui donna, en le mariant à l'angélique Françoise d'Amboise, et Pierre prit dès lors le titre de comte de Guingamp. Son apanage, fixé à huit mille livres de rente, fut assuré par acte du 2 mars 1439 : les terres, châtellenie et seigneurie de Guingamp y sont comprises pour six cents livres de revenu.

Aussitôt qu'il fut possible d'échapper aux bruyantes fêtes dont la magnificence du duc avait voulu entourer le mariage du prince Pierre, les nouveaux époux vinrent chercher à Guingamp le calme et doux bonheur d'une vie simple et paisible, qui convenait également au caractère débonnaire du prince et au saint recueillement de la princesse.

Le château que Pierre s'était bâti devint le rendez-vous de toute la noblesse des évêchés de Tréguier, de Saint-Brieuc et de Cornouailles. Il y eut à Guin­gamp une petite cour charmante, sur laquelle rayonnaient la vertu, la grâce, la jeunesse et la beauté de Françoise d'Amboise, l'une des femmes les plus accomplies de ce temps. La chasse, au milieu d'un pays couvert de bois et abondant en toute espèce de gibiers, était le plaisir journalier du prince et de ses gentilshommes ; et, pendant que les seigneurs chevauchaient à travers monts et vaux, la princesse et ses femmes se livraient aux exercices de piété dont saint Vincent Ferrier avait appris l'usage à la cour de la duchesse Jeanne de France, femme de Jean V. La duchesse Jeanne avait été la mère et la maîtresse spirituelle de Françoise d'Amboise, qui lui fut confiée dès l'âge de quatre ans, et à laquelle elle légua, comme le plus précieux des dépôts, les enseignements de saint Vincent Ferrier. Les noms de la pieuse Jeanne et de saint Vincent furent désormais inséparables dans le coeur de Françoise, qui les prit tous deux pour guides et pour modèles de sa vie, et qui se voua à son tour au culte de l’illustre apôtre, dont son zèle obtint par la suite la canonisation. A Guingamp, notre princesse retrouvait les traces du grand prêcheur espagnol, qui y avait passé cinq jours dans le couvent des Dominicains, et lorsqu'elle exerçait les saintes pratiques que saint Vincent avait naguère évangélisées, elle réveillait dans la mémoire du peuple une tradition à peine endormie. Après avoir donné toute sa journée aux oeuvres de religion et de charité, la bienheureuse châtelaine, quand Pierre revenait de la chasse, sortait au–devant de son époux avec la beauté et la gaîté de ses quinze ans, et ses douces prévenances entouraient le retour de bonheur et de joie. « Ainsy, dit Albert-le-Grand, se passèrent les premières années de leur mariage, en grande union, concorde et conformité de moeurs et humeurs. Pendant qu'ils vivoient de la sorte en leur message comme en un petit paradis terrestre, Dieu permit, pour sa plus grande gloire, et accroistre la couronne de la bienheureuse princesse, que l'ennemy du genre humain troublât leur repos et quiétude par le moyen de certains flatteurs, lesquels d'une langue serpentine, jetèrent dans l'âme du prince mille soupçons de sa chaste et pudique femme, de sorte qu'il devint jaloux à toute extrémité. Il devint triste, chagrin, fascheux et inaccessible à tout le monde : tout luy desplait, et pointille sur un pied de mouche ; il se deffie de tous, espie les actions de ses domestiques, régarde comme on parle, comme l'on chemine, comme on se gouverne : ceux qui auparavant luy estoient plus familiers luy sont suspects ; il congedie, voire avec menaces et injures, les seigneurs qui le venoient visiter, montrant porter une haine ouverte à ses proches et familiers, mesme à sa très-chaste et innocente femme, laquelle il ne peut regarder que de travers, et grinçant des dents, et néantmoins il ne peut vivre une heure hors de sa présence. La beauté incomparable de cette dame fomentoit ses soupçons et défiances ; son éloquence et ses charmantes paroles pleines d'humilité et de respect aigrissoient son courroux et enflamoient de plus en plus sa rage. Néantmoins elle tâchoit à le remettre en son bon sens et luy demandoit quel estoit le sujet de sa tristesse, protestant aymer mieux mille fois mourir, que faire la moindre action contre son devoir ny qui luy depleut. Ceia et rien estoit tout un vers ce pauvre prince, frappé si avant de l'avertin de la jalousie. La bienheureuse princesse, voyant qu'elle ne gaignoit rien sur luy, se prépara à la patience, recommanda son innocence à Dieu, le suppliant de ne permettre qu'elle ny son mary offençassent sa majesté ; que cela sauf, sa sainte volonté fût entièrement accomplie en leur triste et désolé mesnage.

Enfin, cette nuée enfanta le carreau, et des soupçons et paroles, le prince en vint aux effets et aux coups. Furieuse passion ! qui transformes les hommes en bestes et métamorphoses ce prince, qui, pour sa naturelle bonté et débonnaireté, fut depuis surnommé le simple, en un tygre cruel envers la plus belle, la plus chaste, la plus humble et la plus aimable femme de son siècle ! Cette dame jouoit parfaitement bien du luth, et sçavoit la musique, mesmes l’avoit apprise à ses demoiselles, avec lesquelles elle chantoit quelquefois des airs et chansons spirituelles, que la défuncte duchesse luy avoit appris. Un jour, comme elle s'occupoit à cet honneste et récréatif divertissement en la haute salle du chasteau de Guenkamp, son mary, qui estoit en son cabinet, entendant cette douce harmonie, capable d'apprivoiser les bestes farrouches mesmes, sortit de sa chambre tout furieux, et, entrant dans la salle, se print à crier et tempester et vomir mille injures contre la princesse et en vint jusques-là, que fermant le poing et levant le bras, il s'avança pour la frapper. Alors, l'humble Françoise, regrettant plus l'offence faite à Dieu que le tort fait à son innocence, se jetta à genoux, les mains jointes, les yeux surbaignez de larmes, luy dit : " Monseigneur et mary, différez un petit pour le présent, et quand nous serons en la chambre, vous pourrez faire punition s'il y a cause ". La voyant en cette humble posture, il ne la voulut frapper, mais luy commanda d'entrer promptement en la chambre, où il la suivit peu après garni de verges freschement cueillies, et luy ayant donné plusieurs soufflets en face, la fit despouiller, et la fouëta par tout le corps avec une cruauté si barbare, qu'il la laissa demi-noyée en son sang ; et, pendant ce sanglant sacrifice, il ne lui eschappa jamais aucune parole que seulement : " Mon amy, croiès que j'aimerois mieux mourir que d'offenser mon Dieu ny vous. Mes péchez méritent plus rude chastiment que celuy-cy. Mon cher amy, Dieu nous veille pardonner ". Non content de l'avoir excédée de la façon, il chassa et renvoya tous ses domestiques que sa mère luy avoit baillés, ce qui luy fut bien dur à supporter, nomément l'absence de sa nourrice ou gouvernante, femme vertueuse et spirituelle, en laquelle elle avoit tant de confiance qu'elle luy ouvroit son intérieur et conféroit avec elle des plus importantes affaires de sa conscience. Cette privation l'affligea tellement qu'elle tomba en une griève maladie laquelle la réduisit en peu de jours si bas, que l'on n'en attendoit que la mort ».

La Bretagne entière se révolta en apprenant les violences exercées par un maniaque brutal sur une femme dont la vertu était universellement admirée. Les barons du pays adressèrent au prince Pierre d'énergiques reproches qui ne restèrent pas sans effet, et firent rentrer en lui-même ce pauvre fou.

Mais je dois, en ce chapitre, céder la place à Albert-le-Grand : la vie de la bienheureuse Françoise est très-certainement le chef-d'oeuvre du naïf et ini­mitable légendaire, et je n'ai point la vanité de prétendre dire et faire mieux que lui.

Le prince, « honteux et confus, entra dans la chambre où sa femme estoit malade au lit, non ja furieux et bouillant de cholère, mais repentant de ses fautes et la larme à l’oeil, se jetta à genoux, teste nue, près de son lit, recogneut humblement sa faute et luy en demanda pardon. L'heureuse Françoise le releva, l'embrassa et luy dit : " Monseigneur mon amy, je vous le pardonne de bon coeur, ne pleurez plus, car je sçais bien que cette malice n'est point venue de vous, mais de l'ennemy de nature qui est envieux de nostre bien et de la félicité à laquelle nous tendons. Il n'est point honteux de semer noises, divisions et autres maux, car c'est son office de nous empescher de bien faire et nous attirer à mal. Je vous asseure, Monseigneur mon amy, que moy, vostre petite servante, n'ay offencé envers vous et jamais n'ay parlé à homme seule. Je vous prie, ne me croyez pas estre du nombre de celles qui se gouvernent mal et ayez meilleure opinion de moy ". Le prince fondoit en larmes oyant ces paroles, et demeura si honteux et confus, qu'il ne peut pour l'heure répliquer mot, et se courrouçant contre soy­mesme, fit une aspre pénitence, porta longtemps la hère et le cilice, jeusna et prist la discipline, l'exemple de son espouse. L'heureuse princesse, extrêmement aise de voir son cher époux remis en son devoir, demanda la santé à Dieu et l'obtint ».

Françoise d'Amboise, épouse de Pierre II. 

C'était en l'an 1447.

« Depuis que le prince Pierre eut recogneu sa faute, il se conforma tellement aux sainctes intentions de sa femme, que son palais sembloit un monastère bien reglé, par le bon ordre qu'y donna nostre Françoise. Ils se levoient tous les jours à quatre heures, et à genoux, en leur oratoire, récitoient dévotement leurs Heures, puis faisoient une heure d'oraison mentalle, dont les points leur estoient fournis par celuy de leurs ausmoniers qui estoit en sepmaine pour deservir l'oratoire du prince. Sur les six heures, ils entendoient tous deux la messe, où, depuis le Sanctus jusqu'à la communion, elle versoit de ses yeux un torrent de larmes, excitant à la dévotion les plus tiedes et lasches. Et son mary sortant pour vaquer à ses affaires, elle demeuroit en oraison en sa chapelle, si quelque affaire urgente ne l'en divertissoit pas, et entendoit toutes les messes qui s'y disoient. — Elle se confessoit au plus tard tous les quinze jours et recevoit dévotement le sainct sacrement avec abondance de larmes et une extrême dévotion, nommément ès festes solemnelles, estant toute ravie en Dieu. Quand elle estoit revenue du sermon, elle assembloit ceux de ses domestiques qui n'y avoient peu aller et leur récitoit ce qu'elle y avoit appris pour leur édification. Après avoir sobrement pris sa réfection, elle passoit la journée à travailler avec ses filles, à ouvrages à l’éguille, de broderie, dantelle et autres semblables, fuyant l'oisiveté comme la mère de tout vice et le couppe-gorge des vertus. Jamais ne querelloit ses serviteurs, mais les reprenoit doucement et dissimuloit prudemment leurs fautes, prenant son temps pour les advertir de leur devoir. — Elle visitoit les hospitaux et maladeries, s'informant diligemment s'ils estoient fournis de lingeries, meubles, lits et autres utensiles. — C'estoit la mère du peuple, le refuge des misérables, la nourrisse des pauvres ».

Les deux époux jouissaient à peine de cet heureux retour au doux accord qui avait fait la joie des premières années de leur mariage, et qu'avait si cruellement troublé la monomanie jalouse de Pierre, quand éclata, comme un coup de foudre, la colère du duc François contre l'infortuné Gilles de Bretagne. Françoise d'Amboise, à la nouvelle de l'arrestation de Gilles, se hâta de quitter sa solitude de Guingamp, pour courir, avec son époux, s'interposer comme médiatrice entre ses deux beaux-frères ; « en quoy nostre bienheureuse princesse fit bien paroistre sa liberté et courage ; car, entretenant privément le duc, elle luy fit voir l'injustice de ses procédures, le tort qu'il faisoit à son propre frère, et luy descouvrit les ruses et malicieuses artifices des ennemis du jeune prince. Le duc s'offença de cette liberté, et en vint jusques-là qu'elle encourut sa malle-grâce et luy fut dit, à elle et son mary, que le duc les prioit de se retirer à Guenkamp ».

Pendant cette espèce d'exil, le fratricide du château de La Hardouinaye se consomma, et l'appel sanglant de Gilles ajourna au tribunal de Dieu le duc coupable. Françoise vint s'asseoir, ange consolateur, au chevet du prince expirant sous les terreurs de cette vengeance invisible ; mais rien ne pouvait sauver le condamné, et, le 17 juillet de l'an 1450, son trépas donnait la couronne à Pierre II et le sceptre à Françoise d'Amboise.

Tandis que la Bretagne se réjouissait de cet avènement, qui présageait une ère de paix et de sage administration, les Guingampais pleuraient l'éloignement de leur bon châtelain, qui les avait dotés de plusieurs établissements utiles, dont vous avez trouvé mention en maint endroit ; ils pleuraient surtout le départ de leur sainte comtesse, qui s'était montrée au milieu d'eux « la mère du peuple, le refuge des misérables et la nourrisse des pauvres ». Mais « Dieu vouloit se servir de cette princesse pour la réformation générale de la Bretaigne, et faire revenir un siècle d'or après tant de malheurs et de misères, car le duc, son mary, voyant qu'elle estoit guidée de Dieu, suivoit son conseil, et, en toutes ses affaires, prenoit son advis ».

Françoise d'Amboise, épouse de Pierre II.

Le testament du duc Pierre assignait, comme douaire, à la duchesse Françoise, le comté de Guingamp et les autres terres qui avaient formé la dotation du prince lors de son mariage ; mais de plus hautes pensées appelaient la bienheureuse veuve dans le cloître, et Guingamp ne la vit plus revenir dans le petit château, doublement consacré par les douleurs de la femme et par les prières de la sainte. (S. Ropartz).

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