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LE CHATEAU DE GUINGAMP édifié par PIERRE II (XVème siècle)

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A partir de 1420, Guingamp revient dans la mouvance ducale. La construction d'un nouveau château est lancée sans doute dès les années 1440. Les travaux de construction dureront plus de 30 ans, et ne seront jamais achevés. Les tours Sud et Est s'élevaient toutefois à plus de 20 mètres. La forteresse a été rasée en 1626 au niveau actuel sur ordre royale.

« Les solemnitez des nopces achevées, le prince Pierre amena son espouse en sa ville de Guenkamp, en Basse-Bretagne, au diocèse de Treguer, la quelle ville confisquée sur ceux de Pontièvre, luy avoit esté donnée par le duc Iean son père, et la fit murer et ceindre avec ses tours et portaux, comme elle se voit à présent, et pour son logement y bastit un petit chasteau flanqué de quatre belles tours, espaulées d'un fort ravelin pentagone qui défend une des portes, nommée de Rennes ».

Il n'y a pas trente ans encore que Guingamp s'enorgueillissait de son enceinte de granit, telle que l’avait vue Albert-le-Grand ; mais, depuis, tout a conspiré à briser et à réduire en poussière cette glorieuse couronne, et, aujourd'hui, c'est à grand'-peine que l'on en retrouve de loin en loin quelques fleurons mutilés. C'est là un triste symptôme. Quand un vandalisme mercantile sape les murailles, l'égoïsme a sapé les moeurs ; car le culte du passé est très-certainement la plus haute école de respect et de dévouement.

L'histoire du château et des fortifications de Guingamp serait, à vrai dire, l'émouvant récit des siéges nombreux que notre ville a soutenus.

Avant d'être entourée de murailles par Pierre II, la ville n'était défendue que par des palissades ; il y eut cependant, de temps immémorial, un château plus ou moins fortifié, résidence des comtes de Guingamp. De ce que Notre-Dame fut primitivement la chapelle du château, il est facile de conclure que l'emplacement de cet ancien château, détruit, en 1419, après la félonie des Penthièvre, était à peu près le même que celui du château de Pierre II.

Il y avait néanmoins, en 1447, dans une autre partie de la ville, sur le Champ-Maurroy, proche de la porte de Montbareil, quelques masures qui, dans les comptes de cette époque, s'appellent « la Place du Vieu Chastel, » et sur lesquelles les bourgeois avaient perçu 3 sols de rente.

Les bourgeois jouissaient aussi des tourelles des portes, et dans son compte pour 1447, Denys des Prés s'exprime ainsi : « Pareillement ne se charge point le dit procureur de la ferme des tourelles des portes de la dite ville, qui souloient estre affermées par les précédents procureurs, savoir l'une 2 sols et l'autre 12 deniers, et plus ou moins ainsi qu'on les povoit affermer, parce que, de présent, ne sont en appareil de les louer, parce qu'elles sont arrasées par occasion du crime de lèse-majesté comis par ceux de Blois en la personne de mon souverain seigneur le Duc derainement décebdé » (Archives Municipales).

 Par lettres du 10 décembre 1443, le duc François Ier s'était désisté de la condition de racquit à laquelle était soumise la donation faite à son frère Pierre et avait permis à ce dernier de construire, à Guingamp, château et forteresse. (Archives départementales des Côtes-d’Armor).

Les bourgeois contribuèrent à la construction des murailles de Pierre II pour une somme de 1.500 livres, somme énorme pour le temps. On lit dans les comptes déjà cités : « Touchant une taille qui fut mise en la dite ville et forbourgs du temps du dit procureur (Denys des Prés, 1447,) savoir au moys de juing 1447, pour le fait de cent cinquante livres, pour la première moitié de trois cents livres par an, jusques à cinq ans, que les dits bourgeois octroyèrent à Monseigneur de Guingamp, pour aider à la fortification et empavement de sa ville » [Note : Cet empavement de la ville, ainsi que l'entretien des portes et des ponts, étaient les plus lourdes charges de la communauté. Les procureurs des bourgeois rendaient un compte spécial du « devoir du pavage, » qui faisait d'ordinaire l'objet d'une adjudication, dont la moyenne, au XVème siècle, est de 45 livres. Les pavés s'étendaient assez loin : sur la route de Pontrieux, jusqu'au-delà du Menguevel ; sur la route de Tréguier, au-delà de Pontezer. — Quelquefois des sommes plus considérables étaient extraordinairement dépensées. En 1630, on consacra 808 liv. 5 s. à écrêter la côte du Runiou, au haut de Montbareil ; on y employa huit perreyeurs et quinze maçons à 15 s. par jour, et douze manoeuvres à 10 s., du 18 décembre 1630 au 6 février suivant (Archives Municipales)].

« On voit dans les registres de la communauté de ville de Guingamp, dit Ogée, qu'en 1454, il fut payé à Yves Guerguezengor, une somme de deux sous six deniers pour le double d'un mandement qui lui avait été donné par le duc Pierre II, qui l'avait envoyé pour mesurer les murailles de la ville, et pour les frais d'un souper donné aux bourgeois après le mesurage des murs, lesquels frais montèrent à un sou six deniers. Les murs furent trouvés mal faits ». Les constructions avaient ainsi duré de huit à dix ans.

Maître Yves Guerguezengor était le procureur fiscal de la cour de Guingamp.

Nous savons le nom de l'architecte.

Le 4 janvier 1446, Pierre avait accordé à Maître Jean de Beuves les provisions de l'office de maître des oeuvres de la fortification des ville et château de Guingamp (Archives départementales des Côtes-d’Armor).

Une des clauses du traité de paix conclu, le 25 mars 1598, entre Henri IV et Mercœur, portait que, d'ici à un an, le château de Guingamp devait être démoli. Cette clause ne fut point exécutée.

Le 20 août 1603, le maire fut signifié, par le procureur fiscal, pour qu'il eût à réparer les murailles, que les dernières guerres avaient laissées en triste état. La communauté émet l'avis « que le sieur maire requiert que ledit procureur fiscal montre pouvoir de Madame, et en cas qu'il en apparoisse, demander renvoy devant les juges supérieurs, et contester n'êstre tenu aux dittes réparations prétendues, suplier Madame de les vouloir excuser ».

Après le passage du duc de Vendôme, en 1624, et au milieu de l'agitation qui régnait dans le pays, menacé d'une descente des ennemis sur les côtes, la ville arrêta, le 12 février 1625, qu'il serait procédé, sans retard, aux réparations urgentes des murailles et des portes, et qu'on y emploierait le produit de l'octroi, obtenu depuis 1609, et dont les lettres furent renouvelées à cause même de ces réparations.

A peine une année s'était-elle écoulée, que, le 21 juillet 1626, « en la congrégation des habitans de la ville de Guingamp, assemblés, à son de campane, en l'église d'icelle, en la chapelle de Monsieur Saint-Jacques, du commendement de Monsieur de La Rochegude, exempt des gardes de Sa Majesté, et commendant pour son service aux châteaux de Lamballe, Guingamp et Moncontour, où étoit présent en personne le dit sieur de La Rochegude : a été par icelui exposé qu'il avoit fait communiquer cy devant à une autre assemblée aux dits habitans, vendredy dernier, les lettres de commission de Sa Majesté pour la démolution du château de cette ville, fortifications, tours, bastions et touttes autres choses servant à la déffense d'une place ; que néanmoins il ne voit que l'on y ait apporté la diligence requise à faire travailler aux outils et instruments nécessaires, comme pioches, pinces, pelles, hotes ; qu'il avoit même envoyé des mandements pour faire tenir aux parroisses voisines, pour faire venir les sindics et procureurs d'icelles pour procéder à un ordre et règlement qu'il conviendra tenir en ce faisant : sommant de rechef les dits habitans de s'y employer, ayder et tenir main forte, leur accordant huittaine pour tout delay, et pour qu'ils n'en prétendent cause d'ignorance a été fait lecture des lettres du roy, scellées du grand sceau de cire verte, dont il ordonne l'enregistrement, affin qu'un chacun en droit soy y ait à obéir : déclarant aux dits habitans qu'il se rendra dans huit jours dans cette ville pour le lendemain faire travailler aux dittes démolutions, faute de quoy et de fournir les outils nécessaires il proteste de se pourvoir aux perils et fortunes des dits habitans. Les dits babitans ont dit n'avoir d'autre désir que d'obéir au commendement de leur roy, et qu'ils apporteront ce qui leur sera possible à l'exécution d'icelui, et avoir déjà envoyé avertir quelques parroisses voisines ; et, dès à présent, donner charge à leur procureur sindic et à ceux qui font pour eux, n'étant point encore de retour des Etats de cette province, de faire le plus grand nombre de pioches, pelles et outils requis, et qui sont nécessaires, et d'avertir les paroisses voisines et leurs sindics suivant les mandements qu'il a plu au dit sieur de La Rochegude de leur faire délivrer ».

En exécution de cet ordre, qui se rattachait à la conspiration de Challais, dans laquelle César de Vendôme était impliqué, le château de Pierre II fut démoli, et les tours qui le flanquaient furent démantelées et comblées. Le château était construit dans le style ogival du XVème siècle, comme le prouvent quelques débris de fenêtres trouvés en creusant les fondements de la nouvelle maison des Soeurs. La situation était admirablement choisie comme place de guerre et comme maison de plaisance. Ce qui subsiste encore des tours, donne à cette partie de la ville un aspect grandiose qu'elle gardera toujours, car il est impossible de démolir ces vénérables restes sans faire crouler l'établissement des Filles de la Sagesse, constituées ainsi gardiennes du dernier souvenir de la bienheureuse Françoise d'Amboise.

La démolition du château satisfit la politique ombrageuse de la cour de France, et l'on ne toucha pas aux autres fortifications. [Note : M. de La Rochegude voulait démolir le château au raz de terre les bourgeois firent intervenir le maréchal de Themines, et arrêtérent la démolition au niveau des autres fortifications de la ville, et au point où l'on voit encore les murailles du château. Aussi la ville de Guingamp fit-elle au maréchal une réception princière, qui coûta 1.364 livres 6 s. 8 d. (Archives Municipales)]. (S. Ropartz).

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Le château construit au XVème siècle tient compte des progrès et du développement de l'artillerie à poudre. Son plan géométrique est très rigoureux. Il forme un carré cantonné dans chaque angle d'une cour circulaire. Les ouvertures de tir sont disposées de façon à couvrir l'ensemble des abords du château, selon un " plan de feu " élaboré par l'architecte/ingénieur.

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Une porte s'ouvre au milieu de la muraille Sud-Est, côté Trieux. Cette ouverture munie d'un pont-levis, donnait probablement sur un ouvrage défensif secondaire, détaché du château. Cet ouvrage aujourd'hui disparu, est mentionné dans les archives sous le nom de " ravelin ". Il ne s'agit donc pas de l'entrée du château qui était probablement aménagée côté ville, dans la muraille Nord-Ouest. 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

  

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

L'analyse des maçonneries et la fouille des remblais du chantier du XVème siècle nous renseignent sur les étapes de la construction du château. La première étape consiste en l'implantation des fondations sur le rocher qui est aplani pour recevoir les blocs. La construction se déroule ensuite par tranches horizontales successives appelées " planées ". Côté extérieur, le mur présente un grand " appareillage " en pierre parfaitement taillées. Des signes sont parfois visibles sur les blocs. Il s'agit de signature des ouvriers, leur permettant de justifier de leur travail pour se faire rétribuer. La fouille a également permis de retrouver les implantations des machineries de bois utilisées pour lever les matériaux au sommet des tours et des murailles en construction. 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

 

Guingamp : château érigé par Pierre II, comte de Guingamp et duc de Bretagne

   

Des pierres d'attente, visibles sur les murailles à l'intérieur du château, signalent l'ancrage des murs des logis prévus contre les courtines Nord-Ouest et Sud-Est. Aucune fondation n'a été observée lors de la fouille pouvant correspondre à ces logis qui n'ont donc jamais été réalisés.

La fouille du fossé Nord-Ouest a montré que son creusement est resté lui aussi inachevé. La base de la tour Nord n'a pas été dégagée totalement du rocher qui l'entoure et qui masque sa maçonnerie.

Deux raisons principales peuvent expliquer cet inachèvement :

- les tensions entre le duché de Bretagne et le Royaume de France vont amener très tôt les ducs à privilégier la fortification de la " Marche ", ligne de fortification entre la baie du Mont-Saint-Michel et la Loire. La position moins stratégique de Guingamp, combinée à l'assèchement important des finances ducales, a pu retarder les travaux.

- la contribution financière des Guingampais à la construction des fortifications a pu être négociée sous la forme d'un amoindrissement des défenses du château contre la ville. Cela pourrait expliquer l'arrêt du creusement du fossé et l'inachèvement de la tour Nord, qui ne comptait que deux niveaux au XVIème siècle.

(recherches archéologiques menées par l'INRAP - Institut National de Recherches Archéologiques Préventives). 

Nota : les photos réalisées en 2010 par Roger Frey sont la propriété du site infobretagne.com.

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