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L'histoire de l'église de Guerlesquin.

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HISTOIRE.

Guerlesquin, paroisse du Diocèse de Tréguier, a été rattachée depuis le concordat de 1801 au diocèse de Quimper et de Léon, restant géographiquement situé dans le Petit Trégor ou Trégor Finistérien.

L'ancienne église paroissiale bâtie vers 1630 menaçait ruines en 1856 ; démolie, elle fut remplacée par l'actuelle, construite entre 1857 et 1859. Elle est placée sous le patronage de St Ténénan, 7ème évêque de Léon (615 – 635) ; le pardon annuel est célébré le quatrième dimanche de juillet.

Guerlesquin : église Saint Ténénan

Dans la "Revue Historique de l'Ouest" 1899, un chapitre relatif aux droits honorifiques des seigneurs de Guerlesquin mentionnait les "du Parc de Locmaria" comme ayant la qualité de fondateurs et premiers prééminenciers de l'église paroissiale de la dite ville ainsi que du couvent des Dames Paulines. Leurs armes : "d'argent à trois jumelles de gueules" étaient seules et uniques dans les trois premiers jours de la maîtresse vitre, ainsi que dans toutes les autres vitres, de même que sur les bancs du côté de l'Evangile, dans le pignon de la nef, en relief aussi sur les deux pilastres composant l'entrée du cimetière et sur les deux grandes cloches armoyées avec l'inscription : "François du Parc" et "Vincent du Parc".

Par Arrêté du 15 novembre 1856, le Préfet du Finistère prescrivait "la fermeture de l'église, puis la démolition immédiate pour cause de danger imminent". Il fallut donc construire une nouvelle église. En attendant l'achèvement des travaux, les offices étaient célébrés sous les halles.

L'architecte de l'Arrondissement de Morlaix : Monsieur Edouard Puyo est donc chargé d'établir les plans et les devis et de faire réaliser les travaux, en conservant toutefois le clocher du 15ème siècle, tout en tenant compte de la nécessité de construire une église plus spacieuse afin d'éviter aux fidèles d'assister aux offices dans le cimetière qui entourait l'église. La chapelle Sainte Barbe et l'ossuaire jouxtant pratiquement l'ancien édifice devaient être démolis.

Le 12 décembre 1856, un premier dossier présenté par l'architecte est refusé, par l'Assemblée Communale, pour des raisons techniques. Un second devis est donc établi ; il sera approuvé par le Conseil Municipal et le Conseil de Fabrique pour un montant de travaux de 43.891,20 F, les honoraires de l'architecte, 5 % compris, et après déduction de 5.300 F pour la vente de vieux matériaux.

L'adjudication a lieu le 3 novembre 1858 et l'entrepreneur retenu est M. Yves Rumeur, de Morlaix ; début des travaux : décembre 1858 - Fin : septembre 1859.

Restait à trouver le financement de ce projet. Par décret du 6 janvier 1859, la commune est autorisée à vendre aux enchères publiques plusieurs rentes et terrains estimés à 2.288 F et à emprunter une somme de 10.000 F remboursable en huit annuïtés.

Pour éviter une imposition fiscale extraordinaire, le Conseil Municipal lance une souscription volontaire auprès de toutes les "âmes charitables", 7.307 F sont ainsi trouvés, ce qui fait une liste de 181 souscripteurs, du fait que certains donnent 1,50 F, 1 F et même 0,50 F. De son côté, la Fabrique peut vendre deux pièces de terre : 1 ha. 39 ares 70 centiares sises à Plestin-les-Grèves pour 1.200 F ; et participe pour une somme de 8.000 F.

Si le gouvernement de sa Majesté Napoléon III, sollicité, attribue une aide de 4.000 F – deux fois 2.000 F – en 1859, en juillet de la même année, l'emprunt autorisé est souscrit par actions de 1.000 F :
- Claude Laurent : 4 = 4.000 F.
- Ambroise Callarec : 2 = 2.000 F.
- Ambroise Laurent, boulanger : 1 = 1.000 F.
- Le Vexier, receveur Municipal : 1 = 1.000 F.
- Louis Robillard,  chapelier : 1 = 1.000 F.
- Marie-Françoise Chapalain : 1 = 1.000 F.

Le remboursement étalé sur 8 ans, fut tiré au sort : le premier à récupérer ses actions fut Le Vexier, suivi de Callarec, de Claude Laurent, de Chapalain, Ambroise Laurent et le dernier sera Robillard.

Tout semblait pouvoir démarrer, mais c'était sans compter sur les observations du Comité Diocésain qui émettait des réserves sur le plan architectural d'une part, et la préfecture qui s'inquiétait du coût de la construction d'autre part.

Monsieur Puyo, l'architecte, décida de rédiger un rapport et de l'adresser au Sous-Préfet de Morlaix sur ce qu'il appelait: "la malheureuse affaire de Guerlesquin" : "depuis 21 mois, écrit-il, les habitants de Guerlesquin sont sans église ; ils ont consenti tous les sacrifices possibles et l'on a bien du mal à terminer les maçonneries !... – Il continue en soulignant que les chapelles de croix sont une nécessité, rappelant au Sous-Préfet qu'il connaît bien Guerlesquin et que l'ancienne église qui ne différait que de 7 à 8 mètres de l'édifice projeté, ne pouvait contenir que 250 à 300 fidèles. Il s'étend ensuite sur le style de l'édifice, faisant remarquer qu'il avait beaucoup de granit à travailler et peu d'argent à dépenser  !!! Les deux fenêtres de chaque côté de la tour, dit-il, ne sont pas d'un très beau style, mais les supprimer serait toucher un souvenir, peut-être un culte : celui des morts. Vous saurez que les deux fenêtres en question appartiennent à l'ancien ossuaire et que les habitants veulent conserver ces vestiges, écrivant ainsi leur culte et leur piété sur la façade de leur église !!. Et d'ajouter : quant aux ornements superflus, me dit-on, je fais remarquer que je ne fais que remettre en place les vieilles pierres sculptées et encore suis-je contraint d'en laisser beaucoup sans emploi".

Il termine son rapport en suppliant le Sous-Préfet d'intervenir auprès des Autorités compétentes afin de satisfaire une bonne et belle commune.

L'église fut consacrée le 15 novembre 1859 par Monseigneur Sergent, cinquième évêque de Quimper et de Léon. Voici le procès-verbal de la consécration : "L'an 1859 en ce jour 15 du mois de novembre, avant midi, Monseigneur Sergent, évêque de Quimper et de Léon, assisté de Monsieur Kéramanac'h, archiprêtre de Morlaix, et de Monsieur Mazé, archiprêtre de Quimperlé, en présence d'un grand nombre d'ecclésiastiques et une foule immense de fidèles, a consacré la nouvelle église de Guerlesquin qui a été reconstruite conjointement aux frais de la commune et de la Fabrique".

Un siècle plus tard, jour pour jour, le dimanche 15...

Le dimanche 15 novembre 1959, Mgr Fauvel, 11ème évêque de Quimper et de Léon, présidait le centenaire de l'église reconstruite, en présence d'un nombreux clergé, d'anciens recteurs et vicaires de Guerlesquin et d'une grande foule de paroissiens.

LE CLOCHER.

Sur la place du Martrai, avant de pousser la grille d'accès au placître, arrêtons-nous pour examiner le clocher du 15ème siècle, dont la tour est le seul vestige authentique de l'église primitive. C'est un clocher-mur de l'atelier morlaisien des Beaumanoir, en activité vraisemblablement de 1480 à 1550 environ.

Pierre Delestre, dans "A la découverte des chapelles du Trégor", définit ainsi cette architecture: "un clocher-mur s'élance vers le ciel, il semble commander le reste de l'édifice qui s'allonge d'Ouest en Est ; à la base une porte centrale en plein cintre est flanquée de deux contreforts qui soutiennent une plate-forme garnie de balustres laquelle soutient elle-même deux baies géminées surmontées d'une troisième abritant toutes les cloches, qui se balancent à l'air libre : l'accès à la plate-forme se fait par un escalier à vis pratiqué dans une tourelle accolée".

La technique des Beaumanoir s'exprimait dans la ligne gothique par deux éléments caractéristiques : flèche octogonale à crochets, montée sur une chambre à jours barlongue et un chevet polygonal à pignons aigus et à noues multiples Tous les composants de cette formule se trouvent utilisés sur l'église de Guerlesquin [Note : D’autres églises, à Trédrez, Loguivy-Plougras, Lohuec, Ploumilliau, Ploulec’h et Plounévez-Moëdec, pour les Côtes-d'Armor. Sainte Melaine à Morlaix, Plougonven, Taulé, Guimilliau pour le Finistère sont des chefs d’œuvre d’art gothique flamboyant parmi les plus réussis et les plus originaux de Bretagne].

La flèche, surmontée d'un coq, dotée d'un paratonnerre, avait été reconstruite en 1840 par Charles Le Bras, maçon-entrepreneur à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor). Les plans en avaient été tracés par M Boyer, architecte à Morlaix Les travaux terminés pour le 1er juin 1840 étaient revenus à 800 F.

Deux statues en pierre : Saint Pierre, à gauche, et Saint Roch [Note : Saint Roch, qui attrapa la peste en soignant les malades, est invoqué contre l’horrible mal. Comme il fut pèlerin en Italie, il porte le chapeau, sa tunique est relevée et sa culotte échancrée pour montrer le bubon violacé qui enfle sa cuisse, un petit chien l’accompagne], à droite, surmontant le portail d'entrée, abritées sous une baie ogivale garnie d'un vitrail représentant l'Annonciation. Sur la façade, deux autres statues Sainte Barbe et Saint Ener ont été placées en 1987, lors de travaux entrepris sur l'église endommagée par la chute de la pointe de la flèche avec son coq sur une partie de la toiture nord de l'édifice.

Les deux verrières de la façade proviennent de l'ancien ossuaire démoli en 1858, lors de l'agrandissement de l'église.

Le monument aux Morts a été également déplacé, pour mieux mettre en valeur la façade inscrite, ainsi que le clocher, à l'Inventaire des Monuments Historiques, en 1932 Ce monument exécuté par Louis Tilly, maître carrier guerlesquinais a été inauguré en juin 1921. Sur un socle de pierre octogonal, une croix en granit, inspirée de celle du cimetière de Lanloup. élevée en 1987, a remplacé celle en Kersanton, œuvre d'Yves Larhantec, qui se trouvait plaquée contre l'église et qui avait été installée en sauvenir de la Mission de 1862, cette croix de mission se trouve à présent dans le Champ de Bataille, en contre-bas, derriève l'église. Au Champ de Bataille sont reconstruits le porche d'entrée de la chapelle Saint Ener et la fontaine de St Trémeur.

Traditionnellement en Bretagne, la façade occidentale est toujours peu ornée, à cause peut-être, de la direction dominante des vents de pluie ?...

C'est donc au sud que se trouve la véritable entrée du sanctuaire : entrée constituée d'un porche plus ou moins en saillie, voûté et garni de statues : les douze apôtres formant "une haie d'honneur" pour inviter les fidèles à venir écouter le Maître.

Au centre de la partie supérieure du pignon extérieur : sur une banderolle : 1859, date de la reconstruction de l'église ; en bordure du toit : mégères tirant une langue démesurée. En s'avançant, en face, surplombant la porte géminée : Notre-Dame de Bonne Aventure, vocable utilisé par l'abbé Guillaume Quernec à l'occasion d'un legs en 1625, statue de l'ancienne église ; sous une voûte lambrissée et fixés sur une poutre en bois teinté, bien alignés les douze apôtres reconnaissables à leurs attributs : le premier à droite, Pierre porte les clefs du paradis, à côté Paul avec l'épée, en face à gauche l'imberbe Jean porte la coupe, suivi d'André et sa croix.

Ces douze statues ornaient autrefois le retable de l'autel de la chapelle Saint Ener.

L’INTÉRIEUR.

C'est un édifice en croix formé en plus de la travée du clocher encastré, d'une nef avec bas-côtés de sept travées et un chœur polygonal du type Beaumanoir ; au droit de la 5ème travée, chapelles en ailes formant faux transept (Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon - R. Couffon, A. Le Bras 1959).

En entrant dans l'église par le porche du clocher, on se trouve directement dans une nef coiffée d'un lambris en berceau, peint couleur azur et parsemé d'étoiles d'or au niveau du chœur, qui se prolonge jusqu'au chevet, avec rappel dans les bas côtés et bras de croix. La nef est éclairée par sept verrières – quatre au nord et trois au sud – qui ont chacune d'entre elles dans le haut, les effigies de sept saints bretons : Modez, Guillaume, Hervé, Malo, Patern, Yves et Corentin ; elles ont été réalisées par l'atelier Nicolas de Morlaix. Le sol est composé de dalles en pierre.

Sur la droite, près des fonts baptismaux, le tableau de la Sainte Famille ou de la Sainte Enfance signifie qu'une confrérie a été officiellement érigée en la paroisse de Guerlesquin ; l'acte de fondation porte la date du 5 août 1715 ; cette confrérie était due à la générosité de Madame René de Kerhoran, douairière de Kerroué en Loguivy-Plougras et les têtes des personnes peintes entourant Jésus, Marie, Joseph, seraient, dit-on, celles des membres de la famille de la Bienfaitrice.

Puis dans la chapelle latérale, dont le vitrail - Lux Fournier, Tours, 1931 -représentant l'Assomption de la Vierge Marie - se trouve le tableau du Rosaire. Ce tableau rappelle l'érection de la Confrérie du Rosaire, le 8 décembre 1643, en présence du haut et puissant messire Vincent du Parc, chevalier seigneur, marquis de Locmaria et du Guérand, Vicomte de Trobodec, baron de Keradenec, Coatfrec, Coatredrez, Guerlesquin et gouverneur pour le Roi des ville et château de Concarneau ; capitaine de la Compagnie des Gendarmes de Monseigneur le cardinal de Richelieu de Fransac, pair de France et fondateur de l'église de Guerlesquin.

Le Révérend Père Dominique Le Meur, enfant de la paroisse (Goasqueau), dominicain à Morlaix fait l'érection dans la chapelle de Saint Laurent dans laquelle on a construit un autel qui sera orné d'un tableau en la forme prescrite [Note : Vincent Le Meur, de la même famille, aumonier du Roi Louis XIV, est l'un des fondateurs du séminaire des Missions Etrangères à Paris en 1668].

Sur le tableau réglementaire offert par Vincent du Parc figure la Vierge présentant le rosaire à Saint Dominique et à Sainte Catherine de Sienne, avec sur la gauche (à lire de haut en bas) cinq médaillons verticaux des mystères joyeux, puis sur la droite (à lire de bas en haut) les cinq médaillons des mystères douloureux, et en haut horizontalement les médaillons des cinq mystères glorieux. Rappelons qu'un rosaire est un grand chapelet de quinze dizaines correspondant aux quinze mystères peints sur le tableau [Note : Le 12 décembre 1890, Monseigneur Lamerche, évêque de Quimper et de Léon, confirma par écrit l'érection de la Confrérie du Rosaire].

A gauche du vitrail, une statue de la Vierge Immaculée Conception et à droite Saint Joseph, père nourricier de Jésus, tenant le lys.

Un habitant de Botsorhel rédigeant son testament le 13 mars 1663 demandait à ce que soit payée la somme de 30 sols, à la confrérie du Saint Rosaire de la Vierge érigée en l'église de Guerlesquin ; pareille somme à la chapelle de Monsieur Saint Ener en Guerlesquin et seulement une aumône de 15 sols à la chapelle de Saint Jean.

En continuant notre cheminement, on découvre un vitrail relatant l'apparition du Sacré-Coeur de Jésus à Sainte Marguerite Marie Alacoque, située à Paray-le-Monial en Saône et Loire. La dévotion du Sacré-Coeur établie en 1768 par Mgr Jean-Marc de Royère, évêque de Tréguier de 1767 à 1772, qui officialisera "le culte du Sacré-Cœur jusqu'à la dévotion populaire répandue chez de nombreux fidèles mais point encore nettement encouragée par l'autorité diocésaine" (Histoire de Tréguier par Pierre de La Haye).

Un tableau représentait la Vierge et Saint Joseph en adoration devant le cœur de Jésus duquel partent des flammes et entouré d'une couronne d'épines ; autrefois dans l'église, il est aujourd'hui à la chapelle Saint Jean.

Une confrérie du Sacré-Cœur a été érigée et affiliée à l'archiconfrérie du Vœu National, à Paris Montmartre le 10 août 1879. La mission prêchée du 7 au 21 août 1900. par les bénédictins de Kerbénéat, a conservé en souvenir les images du Sacré-Coeur distribuées dans toutes les familles par les R.P. Félix et Maurice et les jeunes conscrits avaient reçu de Montmartre un beau drapeau tricolore brodé sur le blanc de l'image du Sacré-Cœur.

En vertu d'une fondation "Barbe Le Garrec", datant de 1723, il était prévu que la paroisse devait avoir une mission tous les douze ans. Une mission est une série d'exercices religieux suivie par toute une paroisse pendant 8 à 12 jours et comprenant des sermons, des conférences, des explications de tableaux et le chant de cantiques.

Le vitrail du Sacré-Cœur réalisé par Lux Fournier - Tours 1931 - est un don de la famille Duboc-Rolland.

La Maîtresse vitre.

Aux riches couleurs, surmontée d'une belle rosace, elle retrace en deux tableaux verticaux un épisode de la vie de Saint Ténénan, patron de l'église.

Un prêtre de Plabennec portait la communion à un malade quand, passant dans un mauvais chemin, il laisse tomber par mégarde la Sainte Hostie qu'il ne peut retrouver. Il partit à Saint-Pol-de-Léon chez son évêque Saint Ténénan pour lui avouer sa négligence. L'évêque se mit alors en prières et pendant qu'il priait dans sa cathédrale, il vit descendre dans le chœur un beau pigeon blanc portant en son bec une branche de chêne chargée d'un essaim : des abeilles avaient fabriqué un petit dôme de cire en forme de tabernacle où le saint évêque retrouvait l'hostie.

Un autre vitrail apparaît ; il a été fabriqué en 1930 par Rault, verrier d'art à Rennes, à la mémoire de Madame Duboc-Rolland. Il a pour thème "la délivrance des âmes du purgatoire" ; au-dessus de la porte de la sacristie est fixé le tableau dit "de l'agonie" qui servait pour la Confrérie de l'Agonie du Christ ou de la Bonne Mort, créée à Rome en 1648. Erigée en la paroisse le 8 septembre 1866 et enregistrée à l'évêché sous le visa de Mrg Sergent, cette confrérie datait de beaucoup plus longtemps, car jusqu'en 1754, les inhumations se faisaient dans l'église même, dans des enfeus pour les familles nobles [Note : Vincent de Kergorlay, sieur de Kérolland, avait participé aux guerres d'Italie, à Fornoue (juillet 1495), il a été inhumé dans le chœur de l'église en février 1506. Mentionnons que Pierre Ier de Rohan, qui fit construire les premières Halles de Guerlesquin, sauva, dit-on, le roi de France à la bataille de Fornoue et que son troisième fils. Pierre II, fut tué à Pavie en 1525], ou sous les dalles pour les autres défunts. Il était nécessaire de relever les reliques - les ossements - assez fréquemment et les déposer dans l'ossuaire situé à l'extérieur de l'édifice. Par mesure d'hygiène et de salubrité publique, le Parlement de Bretagne interdit les inhumations dans les églises et fit ouvrir des cimetières dans l'espace ceinturant l'église et qui devint par la suite l'enclos paroissial comprenant généralement un calvaire, un ossuaire et des tombes des défunts, le tout clôturé par un mur, et les passages fermés par des grilles ou des échaliers afin d'en interdire l'accès aux animaux risquant de profaner les tombes.

L'exiguïté de l'ancien cimetière devait conduire le Conseil Municipal à la réalisation d'un nouveau cimetière qui se trouve situé Rue Ver en direction de Plouégat-Moysan ; la première inhumation y ayant eu lieu en 1890.

Une croix en kersanton sculptée par Y. Hernot, de Lannion, socle à 3 degrés, où on lit : O crux Ave, spes unica - 1889. Le fût rond est à écots avec chapiteau orné ; croix à branches rondes, fleurons-couronnes mutilés ; crucifix et titulus à jour.

Dans la chapelle latérale nord se trouve le vitrail retraçant le martyre de Sainte Barbe, par l'atelier Lux Fournier de Tours en 1930. C'est un don des familles Nicol-Bocher, Guillou-Bocher et Tilly-Bocher. Sainte Barbe est bien vénérée dans notre Trégor.

"Il n'est guère aisé de fixer dans le temps l'introduction en Bretagne de la dévotion à Sainte Barbe ; mais c'est peut-être aux croisades que l'on doit la célébration locale de cette vierge et martyre, à moins que ce soit aux guerres d'Italie qui au début du 16ème siècle donnèrent à cette vénération un regain de popularité".

"Née en Nicodémie, en Asie Mineure, au début du 3ème siècle de notre ère, elle était fille d'un riche païen appelé Dioscore. D'une intelligence rare, dit son légendaire, elle comprit très vite la vanité des choses de ce monde et refusant les idoles, aidée par le philosophe Origene qu'elle rencontra, elle fut séduite par Valentin, disciple d'Origene, elle fut bientôt baptisée à l'insu de son père".

"Celui-ci, la voyant grandir en beauté, la pressa de prendre époux. Les prétendants ne manquaient pas, mais comme ils étaient païens, elle les refusa tous, au grand dépit de son père qui pour la punir de son inconduite l'enferma dans une tour et la fit espionner. Il apprit ainsi qu'elle était chrétienne. Oubliant tout sentiment paternel, il la dénonça au proconsul romain Marcius. Mise en demeure de renier sa foi nouvelle, elle refusa fermement, fut dépouillée, flagellée, jetée en prison. Son père espérait bien par ce traitement barbare la ramener à résipiscence. En vain, supplice et mutilations par le feu et le fer n'eurent pas raison de sa résolution. Condamnée à mort, elle fut décapitée par son père lui-même".

"La tradition veut que ce dernier, revenant du lieu où fut supplicié sa fille, fut frappé par la foudre. Cela se passait vers l'an 235 à Héliopolis de Coelisyrie, disent certains, à Héliopolis d'Egypte pensent d'autres" (Les Cahiers du Trégor, Article d'Hervé Le Goff).

A noter que le retable de l'autel est formé par un tableau commémorant le martyre de Sainte Barbe, dont la statue grandeur nature à droite de l'autel, et que Saint Nicodème - Sant Nigouden - lui fait pendant à gauche. Saint Nicodème provient de la chapelle de Saint Ener.

Sainte Barbe, en raison de son pouvoir sur le feu et le tonnerre, est patronne des artilleurs, des mineurs, des sapeurs-pompiers, des tailleurs de pierre et des pétroliers !!!

Statues.

Dans le chœur, en face de Saint Ténénan, patron de l'église en habit épiscopal, un Ecce Homo, du 16ème siècle : debout enveloppé dans une tunique rouge agrafée sur la poitrine, couronné d'épines et les mains liées sur le ventre ; puis une Vierge couronnée portant sur le bras droit l'Enfant Jésus et une sainte Anne apprenant à lire à la Vierge, enfant.

Un Christ dans "l'attente du supplice" : après son portement de Croix, Jésus, à demi assis sur un morceau de poutre, présente un corps moucheté d'ecchymoses, une grosse corde est nouée à ses poignets, d'où l'appellation parfois donnée : le Christ aux liens. Cette statue provient de la chapelle Saint Ener. Dans l'angle, une sainte femme exprime la douleur d'une mère regardant son fils agonisant.

SAINT LOUIS (1214-1270).
Parmi les instruments symboliques de la Passion du Christ, la couronne d'épines est le plus fréquent, en partie, à cause de Saint Louis qui ramena dans sa sainte chapelle à Paris, l'insigne relique : dévotion française, dévotion royale répandue en Bretagne par les pouvoirs civils aussi bien que religieux ; Saint Louis est aussi l'Ecuyer du Suzerain suprême ; sa corrélation avec Saint Nicodème le grand juif pieux, rallié au Christ, portant le linceul et dans la main droite probablement la couronne (disparue) se marque ici à l'église où ils sont tous deux figurés(La sculpture bretonne - V.H. Debidour) ; tête nue, les cheveux à longues boucles, la physionomie très jeune, le roi présente la couronne d'épines de la main droite à travers un linge et tient de la main gauche un sceptre ; il est revêtu du manteau royal à collet d'hermine, qui laisse voir un pourpoint chamarré et chaussé de bottines mousquetaires. Cf Couffon et Le Bars.

SAINT YVES (Erwan en breton).
Le plus grand des saints bretons tient une place précise et authentique dans l'histoire des hommes et dans la gloire du Christ, tout particulièrement à Tréguier le 19 mai de chaque année. En juge ecclésiastique avec soutane, surplis, camail recouvrant les épaules, avec le capuchon sur la tête ; un rouleau de parchemin à la main, il se penche sur sa gauche pour écouter les doléances du pauvre et le riche devait se tenir à droite. Ce Saint Yves est le seul élément restant du traditionnel groupe qu'il formait avec le pauvre et le riche.

SAINT ENER.
En abbé, avec crosse et mître. Cette statue a été ramenée processionnellement de l'ancienne chapelle du Saint, à l'église vers 1950.

SAINTE MARGUERITE Vierge et martyre.
Ayant demandé à Dieu de lui montrer son plus cruel ennemi, le diable se présenta sous la forme d'un affreux dragon et se précipita sur elle pour la dévorer. La Sainte ayant été promptement engloutie, fit alors le signe de croix : aussitôt le dragon creva et Sainte Marguerite se redressant sortit du ventre du dragon sans la moindre égratignure. C'est pourquoi Sainte Marguerite est invoquée par les jeunes épouses pour obtenir un heureux accouchement.

CHRIST EN CROIX.
Au pied de la croix pleure une Marie-Madeleine. Le Christ couronné d'épines, mains ouvertes, pieds cloués l'un sur l'autre, la tête tombe sur l'épaule droite, ses yeux sont fermés.

LE CHEMIN DE CROIX.
Erigé par M. Deschamps du Cerisié, recteur de Kergloff près de Carhaix, le 5 juillet 1862, à la fin de la première semaine de la Mission prêchée par M. Cloarec, curé-archiprêtre de Saint Mathieu à Morlaix.

(Jean-Louis Mercier et Yves Marzin).

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