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Guérande : vente des biens du clergé et le serment constitutionnel sous la Révolution

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Tiraillement dans les Corps administratifs — Vente des biens du Clergé — Les Jacobins — Suppression du Chapitre Saint-Aubin — Le Serment constitutionnel — Les Jureurs et les Prêtres fidèles — Ce qu'il advint de chacun des chanoines, des prêtres et officiers du bas-chœur.

Dans ce temps où l'on prenait les premières mesures de persécution contre le Clergé et les Communautés, il y avait déjà beaucoup de tiraillements au sein des Administrations du District et de la Commune. Busson et Brière ayant donné leur démission du directoire, on mit à leur place Paturel et Le Borgne. Un peu plus tard il y eut encore des défections : au mois d'août 90, Guyomard, peu fidèle aux séances, est prié en vain de se joindre à ses collègues. L'année suivante, on eut les mêmes difficultés qu'au début pour se recruter et combler les vides qui se produisaient. Ainsi Chottard qui est, à vrai dire, le membre le plus ardent, se plaint amèrement de ce qu'on donne les places aux aristocrates, et même il avoue qu'il n'a pu trouver personne pour tenir l'état-civil. Sur une liste, nous voyons les noms suivants : Guyomard, président du District ; Busson, Hautmont-Desprées, Brière, de la Marque, Rado, Caillo, J. Hurel de Nancé, Crespel de Kercado, Chottard. L'exécution des décrets, persécuteurs de la religion, répugnait aux hommes honnêtes et pacifiques. Quelques-uns de ceux-là se sont retirés, puis ont reparu ; quelques autres se sont maintenus au pouvoir sans discontinuité.

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Mais, les décrets pressant, il fallait procéder à la liquidation des biens ecclésiastiques. A Guérande, plus qu'ailleurs, c'était une très grosse affaire, autant à cause du capital que représentait la valeur de ces propriétés que de l'esprit de la population opposée à cette injustice scandaleuse. En aucune autre commune du Département, si ce n'est en celle de Nantes, l'Eglise ne possédait autant de biens.

On compte pour ces opérations deux périodes : la première de 1791 à l'an III ; la deuxième de l'an IV jusque sous l'Empire. Nous les distinguons ici. Les ventes commencèrent dès les premiers mois de 91. On réalisa d'abord pour les biens du Clergé 215.106 livres ; pour celles des Communautés 567.632 livres. Ensuite on atteignit 236.371 livres et 441.378 livres, soit au total 1.460.422 livres. Et cela dans la seule commune de Guérande. Si l'on joint à celle-ci les deux autres qui forment la presqu'ile, Batz et Le Croisic, on arrive à la somme, qui paraîtra étonnante, de 2.704.954 livres.

Les ventes ne se firent pas sans difficultés, les enchères étant hésitantes ou faisant complètement défaut. Cependant on doit avouer que tout trouva acquéreur, jusqu'à des ruines comme celles d'une chapelle (Saint-Laurent ou la Trinité) pour 95 livres. Les biens des Jacobins montèrent à 169.136 livres ; mais il y en avait sur Saint-Molf, Mesquer et Piriac ; on en vendit d'autres en 1810, en particulier le couvent pour 9.000 francs [Note : On voit encore aujourd'hui au bout du faubourg de Bizienne, une partie du couvent avec son portail d'entrée, puis un mur percé d'une fenêtre ogivale et d'une petite porte : ce doit être le latéral de la partie où se trouvait l'autel Saint-Avertin ; par là on pénétrait dans l'église des religieux, laquelle avait le chevet tourné vers l'Orient]. Les Ursulines produisirent, en premier lieu, 88.011 livres ; après, 77.218 livres. L'hospice des Capucins fut acheté dès 91 pour 2.500 livres. La maison des Filles de la Sagesse, dans la rue des Sœurs-Grises, pour 4.000 livres. Mais il y avait sur le territoire guérandais de riches domaines appartenant aux abbayes de Saint-Gildas, de Redon, de Saint-Florent, de Melleray, de Prières et à la Chartreuse d'Auray. L'Ordre de Malte, Blanche-Couronne et les Minimes de Nantes avaient aussi des terres dans le District. La mieux pourvue, c'était l'abbaye de Prières : 1.451.158 livres ; le plus gros lot fut adjugé à 690.00 livres. En comptant les propriétés du Chapitre Saint-Aubin, dont nous allons nous occuper, il y eut dans tout le District 585 ventes et 567 acquéreurs. Parmi ces derniers il faut mettre au premier rang ceux que l'on appelait les Administrateurs, tous bourgeois ou anciens fonctionnaires ; nous n'avons point à donner ici leurs noms.

Le Chapitre de Guérande produisit 71.598 livres en maisons, terres et salines ; mais dans ce chiffre nous ne comprenons point les biens de la Fabrique, de la cure et des chapellenies [Note : L'hôtel prévôtal fut acheté par Chottard pour 5.700 livres. (La livre-monnaie valait un peu plus de 0,96 centimes). On le voit encore, tout près de l'hospice des Capucins. De cet hospice il ne doit rien rester que des murs. Daus la rue qui porte le nom des Capucins se lit une date gravée en creux sur le chambranle d'une porte romane, 1594 ; mais cette date est bien antérieure à l'établissement de ces religieux à Guérande].

Plus tard, au fort de la Révolution, on alla jusqu'à vendre une partie du patrimoine des pauvres, les biens des hospices.

Nous ne ferons point ici mention des biens de seconde origine, c'est-à-dire de ceux appartenant aux émigrés. On en vendit beaucoup à Guérande, meubles et immeubles. Dans les premiers temps, il y eut une espèce de pudeur qui faisait rares les amateurs [Note : Arch. dép. Série Q. Domaines nationaux]. Ce sujet n'entre point dans le cadre de notre étude.

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Parmi les premières victimes de la Révolution, nous devons placer les Pères Jacobins, condamnés à disparaître dès les commencements, ainsi que les Capucins. Ces derniers, qui avaient leur couvent au Croisic, ne possédaient à Guérande qu'un pied-à-terre, appelé hospice : ils durent l'abandonner et on le vendit. Le prieuré des Jacobins n'était habité que par quatre religieux : Fidèle Pâris, prieur, né à Rennes en 1753, ordonné à Moutiers en 1777 ; il dut quitter Guérande, sans que nous sachions ce qu'il advint de lui ; Louis-René Thoby, originaire du pays et ordonné à Angers en 1766, ex-professeur de théologie ; son nom ne figure dans aucun dossier de l'époque ; Louis-François Guinguené, né à Saint-Brieuc, ordonné à Saint-Malo en 1784 ; de lui aussi, rien ; Julien, né à Metz, prêtre à Vannes en 1786. Ce dernier est le seul qui eut le malheur de prêter serment ; il devint vicaire constitutionnel à Lavau et finit nous ne savons où, ni comment.

M. de Boceret parle d'un autre qu'il appelle Adam Beauregard. Sans nul doute ce religieux avait été prieur du couvent de Guérande, mais il n'y était plus à l'époque de la Révolution. L'auteur précité dit de lui qu'il resta dans le pays et put y remplir un certain ministère, en se cachant ici ou là. Mais nous n'avons pu constater ces faits. Ce qu'il y a de certain, c'est que son nom ne paraît nulle part.

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L'Assemblée Constituante s'était déjà beaucoup avancée dans la voie des innovations et des réformes : confiscation des biens d'Eglise, interdiction des vœux de religion, mise en demeure pour les bénéficiers de déclarer leurs revenus, suppression de presque toutes les communautés d'hommes, bouleversement et remaniement des paroisses, ordre aux municipalités de pénétrer dans les couvents de femmes pour en faire l'inventaire, vente des biens du Clergé. Par le décret du 12-24 août, elle désorganisait l'Eglise de France, portait une atteinte grave à la hiérarchie sacrée et par là fomentait un schisme qui devait allumer le feu de la persécution violente. Cette Constitution civile du Clergé fut la cause de tous les malheurs pour la religion.

Les Chapitres des cathédrales et des collégiales se trouvaient supprimés par la nouvelle organisation. Ainsi la ville de Guérande allait voir disparaître cette institution, si vénérable par son antiquité et qui avait fait la gloire de cette cité depuis un millier d'années.

Le fait a dû s'accomplir en l'église Saint-Aubin dans les premiers jours de novembre 90, peut-être même le soir ou le lendemain de la fête de Toussaint. On constate, en effet, que le sous-chantre de la Collégiale Leforestier, réclame son traitement à partir du 1er novembre, jour, dit-il, où il a cessé ses fonctions professionnelles. Les chanoines de N.-D. de Nantes furent supprimés le 11 de ce mois et ceux de Clisson le 23. Nous avons eu la bonne fortune autrefois de retrouver la protestation, si belle et si ferme, de ces derniers, à l'heure où l'Administration du District fermait les grilles de leur chœur [Note : Les chanoines de Saint-Pierre de Nantes avaient été les premiers à subir la persécution. Dès le 14 octobre, en effet, trois membres du District s'étaient faits, par mandat spécial, exécuteurs de la loi. Le doyen, M. de Boissieu, prit la parole dans cette douloureuse circonstance ; son discours nous a été conservé]. Mais celle de Messieurs les Chanoines de Guérande a été perdue ou brûlée avec bien d'autres papiers lors de la prise de la ville par les Royalistes en 1793. Nous le regrettons vivement. C'en était donc fait de la fondation de Saint Salomon, roi de Bretagne. Cette suppression dût être un gros événement pour la ville qui, du même coup, perdait ce qui avait fait sa gloire dans les siècles écoulés et ne devait plus voir l'éclat des cérémonies et entendre journellement la psalmodie de l'office capitulaire.

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Bientôt après cet événement, la Constitution civile du Clergé dut être proclamée du haut de toutes les chaires dans les paroisses de France. Pour entrer dans les rangs du clergé national et salarié par l'Etat, ont était obligé de prêter un serment qu'on a appelé schismatique parce qu'il était contraire à l'organisation de l'Eglise catholique qui reconnaît le Pape comme chef souverain.

Cependant comme le roi, dont la main était forcée, avait cru pouvoir sanctionner le décret de l'Assemblée, et que le Pontife romain ne l'avait point encore condamné, attendant plus ample information, un certain nombre de prêtres opinèrent que l'on pouvait se soumettre à ce serment et, à ce prix, continuer l'exercice du culte. A Guérande, les avis se partagèrent au début. Tandis que tous les chanoines, sans exception, s'étaient prononcés contre la Constitution, quelques prêtres dans le ministère paroissial firent le serment que le décret du 31 mars 91 rendait obligatoire, sous peine de cesser les fonctions ecclésiastiques. Si nous croyons à l'Almanach d'Expilly de 92, il y en aurait eu treize, parmi lesquels le recteur de la paroisse, Eon, et les vicaires, Hervé, Anézo, Chelet, Bizeul, Mollé, Thébaud, Perraud, Olliveau, et les prêtres de chœur, Chantrel, Legal et Radal, c'est-à-dire tout le clergé paroissial de la ville et des campagnes, excepté Santerre, de la Madeleine. Mais nous n'en avons point la preuve et d'ailleurs si ces messieurs avaient juré réellement et dans les termes voulus, ils ne tardèrent point à se rétracter. D'autre part nous savons, d'après des documents administratifs, que leur serment fut prêté avec des restrictions telles qu'on le jugea insuffisant, mais que, faute de les pouvoir remplacer, il fallut maintenir ces prêtres dans leurs fonctions. Nous ne devons donc compter au nombre des assermentés que les Thébaud, Chantrel, Radal et Legal. Voilà tout, et c'est un grand honneur pour la ville de Guérande.

La rétractation de M. le Recteur et de ses vicaires est formellement consignée au registre du District. Il y est écrit, sous la date du 12 avril : « Quatre fonctionnaires ecclésiastiques qui avaient prêté serment le rétractent. Le sieur Chélet est monté en chaire, a annoncé au public sa rétractation et celle des autres ; le sieur Bouchaud, recteur de Piriac, s'est aussi rétracté » [Note : Arch. dép. L. 45. — Sur le refus de M. Eon de publier les décrets de l'Assemblée, on chargea Chantrel et Legal de le faire].

Ces événements ne se passaient pas sans troubles dans la ville : on craignait même une émeute ; aussi demanda-t-on soixante-dix dragons pour Guérande, cinquante pour Herbignac [Note : Arch. dép. L. 711].

D'après la nouvelle organisation du culte, les ministres reconnus par l'État avaient dû se soumettre à une élection, c'est-à-dire au choix du peuple assemblé : ce mode d'arriver aux fonctions et aux dignités ecclésiastiques rendait leur juridiction absolument nulle : voilà pourquoi on les appelait des Intrus, pasteurs entrés dans le troupeau par une voie illégale, sans pouvoirs d'administrer les sacrements.

Les procès-verbaux d'élection manquent pour le district de Guérande. D'ailleurs, nous ne croyons pas que l'on tenta jamais de nommer curé et vicaires à Guérande, ceux-ci ayant fait une espèce de serment, dont on parut se contenter à regret. Nous pouvons donc affirmer qu'il n'y eut point d'intrus à Guérande. Les quelques prêtres, vraiment assermentés, purent en tenir lieu, par exemple Chantrel, le diacre d'office du Chapitre ; eux seuls pratiquèrent le nouveau culte jusqu'à leur abdication, comme nous le verrons plus loin. Dans tout le District, on ne peut trouver que sept curés constitutionnels. Les almanachs du temps, 1791-92-93, ne font aucune mention de prêtres constitutionnels à Guérande, Chantrel les remplaçant, mais non reconnu officiellement. Voilà un fait glorieux pour la chrétienne ville de Guérande que nous sommes heureux d'établir historiquement [Note : Sur les 21 paroisses du District 7 seulement furent pourvues d'assermentés et à grand'peine. Pontchâteau, Saint-André, Chapelle-des-Marais, Sainte-Reine, Besné, Crossac, Missillac n'en eurent jamais. Dans cette dernière paroisse, en particulier, si un intrus eût voulu entrer au presbytère, on l'eut écharpé. Dans certaines autres, le recteur, s'étant rétracté, n'a jamais été remplacé. Des vicaires, on n'en cherchait pas, puisque les curés eux-mêmes faisaient défaut].

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Pour tracer un tableau d'ensemble du clergé guérandais, nous voulons, par anticipation, raconter ce qui advint de tous ces ecclésiastiques fidèles que la Révolution arrachait à leurs fonctions. De mars 1791 jusque vers de milieu de l'année suivante, presque tous restèrent, soit en ville, soit dans la campagne, disant la messe dans des chapelles privées, pendant que deux ou trois jureurs occupaient l'ancienne Collégiale.

Loyseau de la Sauve (Pierre-Côme), prévôt du Chapitre, résidait à Châlons, où il jouissait du titre de vicaire-général de ce diocèse. Qu'il nous suffise de dire que réfractaire au serment, il fut déporté à Oviedo.

Le Flô de Trémélo (Jean-Félix), né à Nantes, paroisse Saint-Laurent, 1742, vicaire général de Dol et de Nantes, grand-chantre du Chapitra, figure sur une liste de déportés en septembre 1792. Il s'était embarqué au Havre pour l'Angleterre, où il retrouva son évêque, Mgr de La Laurencie. Après les plus mauvais jours, il repassa en France, ce que l'on constate par un certificat de résidence à Nantes, daté du 4 décembre 1796. Rapportant des pouvoirs très étendus, il gouverna plus ou moins ouvertement le diocèse avec l'abbé de Boischollet. Au rétablissement du calte, il fut maintenu dans sa charge et sa dignité par Mgr Duvoisin jusqu'en 1813, date de sa mort.

De Kerpoisson (J.-B.), d'une vieille famille du pays, dut mourir dès le commencement de la Révolution, car son nom ne reparaît plus. Il jouissait, dans le Chapitre, du titre de théologal.

Potiron de Boisfleury (Louis-Théodore), né à Guérnené-Penfao le 22 décembre. 1764, se retira d'abord dans sa famille, puis à Derval et à Bain ; il émigra à la fin de 92, mais dut rentrer peu de temps après, car il fit dans la suite constater sa résidence à Derval, du 21 ventôse an III au 3 vendémiaire an IV. Nous verrons au cours de notre récit qu'il eut, à Guérande même, plusieurs retraites secrètes d'où il sortait, la nuit comme le jour, pour accomplir son ministère. En adhérant au sénatus-consulte, il voulut passer la fin de sa vie à l'ombre de sa chère Collégiale et mourut le 19 décembre 1804, en sa ville de Guérande.

Hamon de Bois-Martin, alias de Bais (Aimé-François), originaire de Saint-Brieuc, s'expatria à Jersey.

De Monti de Beaupoix (Laurent-Joseph), né à Nantes en 1738, pouvait être regardé comme Guérandais, car il y avait de sa famille. Il prit un passe-port pour Liverpool, le 19 juillet 1792. De retour en France, il entra dans le Chapitre de la Cathédrale en 1803 et mourut le 6 octobre 1924 [Note : Nous avons constaté, à la date du 25 octobre 1791, que l'abbé de Monti voulut bien se retirer de Guérande « pour la paix ». — Arch. dép. L. 711].

Duclos-Brossard (Joseph-Etienne), du diocèse de Coutances, quitta Guérande avant les arrêtés qui l'obligeaient à se rendre au chef-lieu du Département ; alla à Redon, puis à Ambon, d'où il s’embarqua pour l'Espagne. Avec bien d'autres prêtres, exilés comme lui, il résida à Bilbao ; mais on prétend qu'il finit ses jours à Prague [Note : Au 5 novembre 92, de Bilbao, il demanda la levée de séquestre sur ses biens : ce qui lui fut refusé].

De Bruc de Monplaisir (H.-M.-Claude), né à Vallet en 1751, chanoine de 1776, vicaire-général de Nantes depuis 1785, émigra, comme le précédent, en Espagne. La persécution calmée, il se hâta de revoir sa patrie. Mgr Duvoisin, en lui donnant des lettres de vicaire-général honoraire, le nomma curé concordataire de Guérande. Là il rétablit le culte et semblait rappeler le passé glorieux de la Collégiale disparue. En 1815, on le choisit pour vicaire capitulaire du Diocèse pendant la vacance du siège épiscopal ; deux ans après, appelé par le roi à l'évêché de Vannes, il gouverna ce diocèse avec sagesse et piété. La mort le surprit au cours de ses visites pastorales, 16 juin 1826.

Le Pourceau de Tréméac (René-Marie), né à Escoublac en 1754. Il ne quitta Guérande que pour répondre aux appels, selon l'ordre du Département ; comme les autres prêtres qui se trouvaient à Nantes dans ces conditions, il fut enfermé à Saint-Clément et au Château, puis le 10 septembre s'embarqua, victime de la loi d'exportation. Après l'exil, il fut nommé premier curé de la paroisse Saint-Pierre, à Nantes ; à la suite d'un long et fructueux ministère, il prit le parti de passer le temps de sa retraite au château de Tréméac où il était né. C'est là qu'il consomma sa carrière, le 4 août 1828.

Desfriches-Desgenettes (Nicolas), chanoine de 1789, n'étant alors que clerc-tonsuré, du diocèse de Séez. Il ne vint probablement jamais à Guérande et certainement il n'y résidait pas au début de la Révolution. Aussi nous ignorons tout de lui, si ce n'est que le 25 mai 92 il demanda son traitement et qu'on lui répondit que rien n'était encore réglé à ce sujet [Note : Arch. dép. L. 711].

Loyseau (Pélage), le dernier nommé des chanoines, dignité qu'il ne dut qu'à une haute protection et non à son humble origine. Né au Pouliguen, en la paroisse de Batz, il resta à Guérande aussi longtemps qu'il put ; mais obligé de se rendre à Nantes, il connut les prisons du Séminaire et du Château, d'où il s'embarqua pour l'Espagne avec plusieurs de ses confrères, en septembre 92 [Note : Eodem. Le 7 février précédent, il avait fait la demande de son traitement, étant à Nantes et, dit-il, obligé d'y demeurer. L'année suivante, sa sœur, la veuve Hugon, du Pouliguen, sollicite la main-levée sur les biens de son frère expatrié. On le lui refusa]. Quand il fut de retour en France, il se fixa au Pouliguen, où il avait une sœur veuve, et une nièce, religieuse carmélite. L'administration diocésaine le maintint en ce lieu, comme desservant de la chapelle Saint-Nicolas. Il y mourut le 4 juin 1820, quelques jours après l'érection de la nouvelle paroisse, dont il doit, quand même, être regardé comme le premier curé.

Nous devons ici faire mention des écclésiastiques du bas-chœur de la Collégiale, malgré qu’ils n’aient point suivi le bel exemple des chanoines. Dans une situation très humble, jouissant de peu de revenus, ils aspiraient, sans doute, à un sort meilleur : voilà une des raisons qui les firent accepter le nouvel ordre de choses.

Le diacre d'office, J.-B. Chantrel, titulaire de plusieurs chapellenies (ce qui l'aidait à vivre), avait vingt-sept ans de service dans la Collégiale ; il prêta serment, comme nous l'avons écrit déjà, avec quelques autres de son rang, 23 mars 91, et devint sacriste de la paroisse Saint-Aubin. Quoiqu'il eût dû remplir pendant un certain temps ses fonctions de prêtre constitutionnel à Saillé, et même à Herbignac, c'est lui, on peut le dire, qui exerça seul le culte schismatique à Guérande et même on lui donna le titre de vice-gérant, la paroisse étant restée sans curé. Il a raconté qu'il faillit être massacré lors de l'invasion des Royalistes dans la ville. En l'an IV, selon sa déclaration du 25 germinal, il s'est fixé à Guérande comme simple citoyen, mais non plus comme prêtre et cela dura jusqu'à l'an VI. Recommença-t-il à célébrer la messe ? nous ne le croyons pas. L'année suivante, il mourut, réconcilié, dit-on, avec la Sainte Eglise qu'il avait contristée et abandonnée. Le 3 messidor, an VII, ses héritiers rapportèrent à la municipalité un calice dont il s'était servi au cours de son ministère.

Théodore Legal n'était que diacre et au Chapitre il remplissait les fonctions de sous-diacre. Il eut le malheur de jurer à l'exemple de son confrère et le même jour. Le Régent du collège, demeuré fidèle et ayant quitté Guérande, Legal se fit nommer chef d'institution et y resta jusqu'en 1795. On a dit qu'il tint la place de curé constitutionnel de Mesquer en 1797, fonction pourtant qu'il ne pouvait remplir, puisqu'il n'était pas prêtre et d'ailleurs il n'y avait plus à cette époque de culte constitutionnel reconnu. Ce qu'il y a de prouvé, c'est qu'il fut, en cette commune chef-lieu de canton, greffier, puis juge de paix ; il y mourut le 10 février 1810. On ne sait si sa fin a été chrétienne.

Nous pouvons joindre au diacre et au sous-diacre d'office de la Collégiale, le Régent et le maître de la Psalette, car l'un et l'autre dépendaient du Chapitre.

Lesguillon de Longvillay (Louis) enseignait les belles-lettres aux jeunes garçons de la ville et tenait, comme on dit aujourd'hui une école secondaire. Resté fidèle à son sacerdoce (car il était prêtre), il quitta Guérande dès l'instant où il fut mis en demeure de prêter serment pour continuer ses fonctions et se retira dans sa famille à Warignier près Clermont (Oise). On le regarda comme émigré et ses biens furent confisqués et vendus ; mais il ne dut pas quitter la France [Note : Au registre des Impositions du District on lit : « Le citoyen Lesguillon, résidant à Warignier, tend à se décharger de sa contribution mobilière de 1792 ». On s'y oppose, vu le délai passé. — Arch. dép. L. 1014].

Le maître de la Psalette faisant les fonctions de chantre à la Collégiale, René-Marie Leforestier, né le 21 novembre 1740, était entré au Chapitre comme simple chantre et ce n'est qu'au bout de quelques années qu'il dirigea les enfants de chœur. Remarquez qu'il n'était qu'un simple laïque ; cependant, comme serviteur des chanoines, il put obtenir une pension et, en l'an VII, il avait pris résidence an Croisic. Là il était allé se joindre à un frère, membre de la congrégation de Saint Jean-Baptiste de la Salle. Nous croyons que l’un d’eux devint instituteur à Piriac. L’almanach de 1792 insère ce nom de Leforestier comme celui d’un notaire de Guérande. Il est, dans ces conditions, difficile d’avancer quelques chose de certain ; cependant il figure, pendant les années 93, 94, parmi les membres de la municipalité.

(Abbé P. Grégoire).

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