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La conquête bretonne

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Conquête du pays de Guérande par les Bretons.

Les Bretons, chassés de l'île de Bretagne par les Saxons, vinrent, au milieu du VIème siècle, occuper la région qui est aujourd'hui le pays de Vannes. Un de leurs chefs, le comte Waroc'h, passa la Vilaine vers l'an 570 et imposa sa domination dans la presqu'île guérandaise. Ce pays était presque complètement en ruines. Les invasions des IVème et Vème siècles avaient détruit les belles villas gallo-romaines, et les indigènes vivaient misérablement, n'osant rebâtir leurs luxueuses habitations et reprendre le com­merce qui avait si puissamment enrichi les Gallo-Romains.

Waroc'h était un chef militaire. Arrivant dans un pays dont il fit une facile conquête et que ses Bretons appe­lèrent le Wen-Ran, c'est-à-dire le pays en friche, couvert de ruines, il établit sa demeure, ou mieux son camp, dans un lieu lui permettant de surveiller à la fois la région de la Loire, menacée par les Normands, et la Vilaine, où un débarquement de ces barbares pouvait l'isoler du pays de Vannes et anéantir ses troupes. Il s'arrêta donc dans un lieu qu'il appela de son nom la Cour de Waroc'h, et en breton Lesguiriac. Cette résidence du chef breton était située à la pointe de Piriac, entre ce bourg et le port de Lérat ; c'était peut-être l'ancienne habitation d'un riche Gallo-Romain que Waroc'h restaura et dont il fit sa demeure provisoire.

ORIGINE DE LA VILLE DE GUÉRANDE.

Cependant les nécessités d'organiser le Wenran d'une façon stable décidèrent Waroc'h à établir sa résidence définitive et la capitale du pays qu'il venait de conquérir dans une position plus centrale, en même temps que plus rapprochée de la Loire. A l'embouchure du fleuve, un camp ou une forteresse en commandait la défense et suffisait à assurer la sécurité du vieux port gaulois ravagé par les barbares. Waroc'h jeta les yeux sur un endroit où se croisaient de nombreuses voies romaines allant dans toutes les directions, entouré de nombreuses ruines d'habitations gallo-romaines. Ces voies constituaient une précieuse ressource stratégique permettant d'accéder rapidement à un point menacé et de correspondre facilement avec les régions éloignées. Ce fut ce point que Waroc'h choisit pour édifier la capitale de sa conquête.

Comme tous les chefs bretons, Waroc'h était suivi de moines et de prêtres ; leur première préoccupation, en s'établissant dans un pays, était d'assurer le service du culte en construisant un temple dans lequel le baptême pouvait être administré.

La première église de Guérande fut d'abord un petit baptistère, dont les ruines, enfouies sous le choeur de notre église, constituent le premier monument du culte chrétien à Guérande ; puis on y ajouta un petit temple qui fut placé sous l'invocation d'un enfant du pays, saint Aubin, mort peu de temps auparavant.

DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE.

La disparition de Waroc'h laissa sa conquête sans défense et en proie, à la rapacité des Normands, d'une part, dont les incursions, accompagnées de pillages, étaient continuelles, et aux descentes qu'y faisaient les Francs, désireux de rentrer en possession du territoire breton. Mais cet état de lutte ne paraît pas avoir appauvri le pays : au IXème siècle, le pays de Guérande était complètement organisé aux points de vue politique et administratif, et la ville se trouvait dans un état de prospérité superbe.

A cette époque, la cité primitive du VIème siècle s'était complètement transformée. La première église, peut-être détruite au cours d'une invasion, mais plutôt rendue insuffisante par l'accroissement de la population, avait été agrandie ou mieux complètement refaite.

Cette nouvelle église était de la part du peuple l'objet d'une grande vénération. Le rédacteur d'une charte de l'abbaye de Redon du milieu du IXème siècle prend soin de dire que cette charte a été passée dans cette église, devant l'autel où sont conservées les reliques de saint Aubin, comme si cet autel était l'objet d'un culte spécial connu dans un vaste rayon. Cette église devait être un monument autrement riche que la construction du VIème siècle, faite uniquement pour répondre aux plus urgentes nécessités du culte. Un passage des Miracles de saint Aubin ne laisse aucun doute à cet égard. « Les habitants de la cité de Guérande, dit-il, portent à leur saint confesseur un saint amour et le vénèrent après le Christ d'une façon remarquable, comme le prouve la magnifique basilique que leur zèle leur fit construire en son honneur ».

LA RIVALITÉ D'ACTARD ET DE GISLARD.

Au milieu du IXème siècle, le comte breton Nominoë, après avoir lutté avec succès contre les Francs et ses voisins, et soumis à sa domination presque toute l'Armorique, manifesta le désir de se rendre complètement indépendant et de prendre le titre de roi. Pour arriver à cette fin, l'appui des évêques, qui constituaient alors une puissance considérable, lui était nécessaire ; et comme quelques-uns d'entre eux tenaient le parti des Francs, il fallait donc « ou les gagner tous ou trouver un moyen de chasser ceux que l'on ne pourrait séduire (Dom Lobineau) ». Au nombre de ceux qui résistaient à Nominoë était Actard, évêque de Nantes. En 848, ce prélat restait seul adversaire du comte breton ; ses collègues de Vannes, de Dol, de Léon, de Cornouaille, qui n'avaient pas voulu se courber aux exigences du comte, avaient été déposés par Nominoë dans un concile réuni à Coëtlou, petite localité du Morbihan, et remplacés par des créatures dévouées à sa cause. Restait Actard qui ne semblait pas disposé à se laisser, sans résistance, déposséder de son siège. Pour lui succéder, Nominoë avait un homme prêt à flatter ses ambitions et à servir ses desseins : il s'appelait Gislard. Malgré son nom tout germanique, il était, dit-on, originaire de Vannes. Nominoë l'avait laissé, dès 846, rallier autour de lui les Bretons du pays de Guérande ; et, comme Gislard avait été consacré évêque dans une circonstance qui échappe à l'histoire, il avait entamé la lutte contre le franc Actard, en s'intitulant évêque de Nantes. Le pays de Guérande, et généralement toute cette partie de l'évêché de Nantes comprise entre la Vilaine, la Loire et une ligne allant de Savenay à La Roche-Bernard par Pont-Château, était habitée par une population entièrement bretonne de langue et de moeurs. C'est elle que le nouvel évêque gagna facilement et par laquelle il fut reconnu sans difficulté, tant elle plaçait son patriotisme breton au même degré que sa foi. Gislard, champion des Bretons, en face d'Actard, champion des Francs, avait, chez elle, cause gagnée d'avance. Ne pouvant encore monter sur le siège épiscopal de Nantes, où Actard résistait désespérément, Gislard, à l'instigation de Nominoë, s'installa, en 846, à Guérande, en plein pays breton, la ville la plus importante du diocèse après Nantes : de la magnifique basilique de Saint-Aubin il fit sa cathédrale, la dota d'un chapître de chanoines et y exerça toutes les fonctions épiscopales. Par son approbation, formelle ou tacite, Nominoë donna l'existence légale aux institutions de Gislard.

Actard cependant, soutenu par l'empereur, était décidé à opposer au Breton une extrême résistance. Depuis quatre ans que durait le démembrement de son diocèse, il s'attendait toujours à voir Nominoë paraître devant Nantes avec une forte armée ; aussi avait-il pris soin de mettre la ville en état de défense. En 850, Nominoë parut enfin ; il se rendit maître de la ville en peu de temps, chassa l'évêque Actard et remit à Gislard l'administration de tout le diocèse. Le pape Léon IV eut beau le supplier de ne pas soutenir plus longtemps l'évêque de Guérande, qu'il qualifiait à cette occasion de voleur et de larron, Nominoë n'en resta pas moins inébranlable. Pendant un an, ce prince jouit de son triomphe, mais à sa mort, en 851, son fils Hérispoë s'empressa de faire la paix avec l'empereur Charles le Chauve. Celui-ci exigea le rétablissement d'Actard sur le siège épiscopal de Nantes. Hérispoë céda ; en 851, Actard revint à Nantes, tandis que Gislard se retira à Lesguiriac, dans son ancien diocèse de Guérande.

Gislard songea de suite à reprendre sa juridiction épiscopale sur les Bretons de Guérande. Pour mieux marquer ses intentions, il s'était, à son départ de Nantes, retiré dans le domaine épiscopal de Lesguiriac, attendant que les événements lui permissent de reprendre possession de l'église de Guérande. Mais la situation politique de la Bretagne s'était modifiée ; le résultat, que visait Nominoë, d'ériger son pays en royaume, était obtenu, et Hérispoë s'opposa aux desseins de l'ancien évêque de Guérande et ne l'autorisa pas à exercer dans cette ville les fonctions épiscopales. Gislard n'en continua pas moins d'intriguer ; de Lesguiriac il mit tout en oeuvre pour recouvrer son antienne puissance, sûr que toute la population guéran­daise l'approuvait dans sa résistance.

Jusqu'à la mort d'Hérispoë, en 857, Gislard resta toujours en attente de quelque revirement dans les idées de son souverain. Quand Salomon monta sur le trône de Bretagne, il crut le moment favorable pour tenter un dernier effort et faire pression sur l'esprit de ce prince pour le déterminer à lui rendre son ancienne dignité. Salomon parut assez bien disposé en sa faveur et chercha à prendre sa défense ; mais sans doute il recula à l'idée de se brouiller avec l'empereur et de renouveler une lutte qui pouvait devenir désastreuse pour son pays. Par la force ou la persuasion, il parvint à faire renoncer Gislard à ses prétentions. Ce dernier, voyant que tout espoir était perdu, quitta Lesguiriac et se retira dans un monastère.

ÉTAT DU PAYS AU IXème SIÈCLE.

Ce fut sous le règne de Nominoë que Guérande atteignit la plus grande splendeur qu'elle ait eue avant l'an mille : le IXème siècle fut pour elle et pour toute la région guérandaise une période de relèvement et de grande prospérité : la propriété fut rénovée : comme à l'époque romaine, de belles villas surgirent sur le coteau, la culture fut remise en honneur, et l'industrie salicole naquit véritablement.

Les principaux rénovateurs du pays furent ces moines réguliers qui suivaient les Bretons dans leur émigration et s'entendaient autant dans le défrichement de la terre que dans la prédication de l'Evangile. A la fin du VIème siècle, les Bretons, arrivant du pays de Vannes au sud de la Vilaine, trouvèrent presque un désert, un pays inculte comme l'indique bien le nom de Wen-Ran qu'ils lui donnèrent. L'occupation assurée, il leur fallut, pour vivre, tirer leurs ressources de la terre. Les anciennes villas gallo-romaines dont les ruines couvraient le pays, furent réparées ; à l'aide des colons, dont les familles survivaient, les terres furent remises en exploitation, et les Bretons s'installèrent dans les domaines de leurs prédécesseurs et se les approprièrent, moins par la force et le droit de conquête que parce qu'ils les trouvèrent, la plupart du temps, sans possesseurs ; ils se comportèrent comme de premiers occupants.

Le pays reçut des divisions administratives appelées plous, placées sous l'autorité d'un mactiern, et la langue bretonne remplaça le latin en voie de transformation et les idiomes gaulois.

Pour venir en aide aux pauvres et aux malades, les moines de l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon avaient fondé à Guérande un hôpital qu'ils entretenaient de leurs deniers.

Une fondation célèbre eut également une grande répercussion : ce fut le prieuré de Saint-Guénolé de Batz, dépendance de la grande abbaye bretonne de Landévennec, fondée en 952. Les religieux qui s'établirent à Batz eurent une influence prépondérante sur le développement de l'industrie salicole ; ils se firent aussi les propagateurs du culte des saints bretons : de saint Guénolé, fondateur de l'abbaye, honoré à Batz, de saint Rioc et de saint Thei, ses disciples, honorés à Herbignac. Le culte de ces saints, joint à celui d'autres saints bretons : saint Cado, honoré à Careil, saint Gobrien et saint Gildas à Mesquer, saint Goustan au Croisic, saint Patern et saint Armel à Guérande, et d'autres encore ; est une preuve que le pays était complètement assimilé à la civilisation bretonne.

LES INVASIONS NORMANDES.

S'il fallait en croire la tradition, la presqu'île guérandaise aurait été peuplée de Normands et de Saxons aux IXème et Xème siècles ; et ces terribles pirates, établis à demeure dans la presqu'île, y auraient laissé des descendants dont les plus beaux spécimens seraient les habitants de Batz !

Cette domination normande, accompagnée de pillages et de violences, s'accorde bien mal avec la prospérité qui régnait alors dans le pays de Guérande. Les chroniques du temps assurent, de la façon la plus formelle, que les Normands, ou toute peuplade que l'on désignait sous cette dénomination, ne se sont jamais établis à demeure dans la région guérandaise. Au IXème siècle, à partir de 853, ils avaient leur cantonnement dans l'île Botty en Loire et ne firent que deux expéditions dans la presqu'île guérandaise, en 843 et en 853. En 843, après avoir fait quelques pillages aux environs de Guérande, ils remontèrent à Nantes qui fut prise et brûlée. En 853, une flotte, venant de la Seine, arriva à l'embouchure de la Loire, ravagea une partie du pays de Guérande et monta vers Nantes qui tomba encore au pouvoir des barbares. Une nouvelle flotte apparut en vue des côtes du Croisic vers 888 ; les habitants effrayés s'enfuirent et se réfugièrent à Guérande, mais cette fois les pirates ne tentèrent pas de débarquer. Jusqu'en 919 ils n'inquiétèrent plus la presqu'île guérandaise. Mais, à cette date, une flotte de Scandinaves, venant directement de leur pays, arriva soudain en vue des côtes. Ayant débarqué, les barbares s'avancèrent vers Guérande. Les populations étaient habituées à entendre parler de ces terribles visiteurs ; mais elles ne les avaient vus que deux fois et commençaient à ne plus les redouter. Aussi, cette invasion jeta l'effroi parmi les habitants, ne sachant que faire et où se réfugier. A ce moment, la ville de Guérande n'avait pas de garnison : beaucoup d'habitants s'enfuirent. Ceux qui demeurèrent furent assemblés à son de trompette et conduits à l'église, où ils implorèrent saint Aubin de leur venir en aide. Une procession fut organisée, dans laquelle les reliques du saint, pieusement conservées sur son autel, furent portées à travers la ville. Réconfortés par leurs prières, les Guérandais marchèrent à l'ennemi. Au moment où ils franchissaient les portes de la ville, dit la chronique, un seigneur, à l'aspect vénérable, équipé d'armes flamboyantes, et dont ils ignoraient le nom, se présenta à eux et leur tint ce langage : « O hommes de peu de foi, pourquoi craignez-vous de combattre des gens qui vivent sans Dieu ? Est-il donc plus impossible au Christ de vaincre une grande troupe qu'une petite, surtout quant le bienheureux Aubin s'apprête à vous porter secours ? Souvenez-vous de David enfant qui tua Goliath d'un coup de pierre ».

Ces paroles donnèrent confiance aux Guérandais : ceux qui s'étaient cachés prirent les armes et tous allèrent au devant des Normands. Cette petite armée fondit avec tant de force sur les barbares qu'elle les mit en déroute. Les Normands surpris de cette attaque s'enfuirent, laissant le champ de bataille couvert de cadavres des leurs. Les Guérandais n'eurent à déplorer aucune perte, mais ne purent retrouver le chef qui les avait conduits à la victoire.

Cette invasion de 919 fut entre toutes la plus terrible qu'eut à supporter le pays de Guérande. Mais, depuis cette date, la puissance des pirates commença à diminuer dans toute la Bretagne. A partir de 936, Alain Barbe-Torte, débarqué d'Angleterre, fit contre eux une guerre impitoyable ; il les poursuivit dans le comté de Nantes et les extermina à Trans, le 1er août 939. La région de la Basse-Loire ne les revit qu'une seule fois dans la suite. En 959 ou en 960, une flotte venant encore des pays Scandinaves fit le tour de la Bretagne, remonta la Loire et s'empara de Nantes, où l'évêque Gautier fut fait prisonnier. Emmenant avec eux leur prisonnier et les produits de leurs pillages, ces Scandinaves arrivèrent jusqu'à Guérande, où ils relâchèrent l'évêque après en avoir tiré une forte rançon. Ce fut la dernière visite des Normands à Guérande.

Ainsi donc, les pirates Normands ou Scandinaves ne descendirent que quatre fois dans le pays de Guérande, deux fois au IXème siècle, en 843 et en 853, deux au Xème siècle, en 919 et en 959 ou 960. Il y a loin aux exagérations de la tradition qui veut que Guérande ait été prise et brûlée par eux. Jamais ils ne se sont rendus maîtres de la ville ; ils se bornèrent, par quatre fois, à rançonner et à piller une partie du pays.

  (H. Quilgars).

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