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L'église Saint-Aubin de Guérande

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Les origines, les institutions de l'église de Guérande

- Introduction — Sources manuscrites et imprimées.- 

- Les origines, l'église mérovingienne, l'église carlovingienne, VIème-IXème siècle.

- La collégiale et ses origines — l'église actuelle (XIIème,XIIIème,XVème,XVIème et XVIIème siècles).

- Droits et devoirs du Chapitre.

- Prévots et Chanoines de la Collégiale.

 

INTRODUCTION

L'histoire de l'église Saint-Aubin de Guérande n'est pas des plus faciles à faire. L'église actuelle s'élève en effet sur les ruines de deux autres églises entièrement disparues, l'une mérovingienne, l'autre carolingienne. D'une construction du XIIème siècle, il reste encore la nef ; d'une autre des XIII-XIVème siècles, quelques parties de la nef et une chapelle improprement nommée crypte. Au XVème siècle s'éleva un nouveau monument qui forme aujourd'hui le choeur de l'église. Aux XVIème et XVIIème siècles on ajouta successivement des chapelles latérales, un porche, une façade. Pour éclaircir l'histoire de ces constructions successives, il n'existe aucun texte, à part une date dans la charpente ; toutes les archives du chapitre, qui devaient être très riches, ont disparu jusqu'au dernier parchemin ; aux Archives de la Loire-Inférieure, il existe quelques liasses sur l'église Saint-Aubin, mais les documents qu'elles renferment n'ont trait qu'à des obéissances féodales et sont plus intéressantes pour l'histoire générale que pour celle de l'église de Guérande en particulier. Il faut donc, en se contentant de quelques notes recueillies çà et là, raisonner sur des substructions ou recourir aux événements politiques pour démêler les origines de notre église. Sur sa fondation il n'existe que des traditions, sur son patron que deux biographies principales dont le plus ancien manuscrit ne remonte qu'au Xème siècle (Bibliothèque Nationale ms. lat. 17626). C'est donc bien peu de choses pour pénétrer les origines de la seconde église du diocèse de Nantes. 

Nous nous arrêtons dans cette étude à l'année 1790. A cette époque Saint-Aubin de Guérande a été rejeté au rang des simples églises paroissiales, et la tentative faite en 1888 pour restaurer le chapitre ne lui a rendu ni son esprit primitif, ni son imposante dignité. 

A ceux qui voudraient contrôler nos renseignements nous offrons la bibliographie des principales sources que nous avons utilisées dans le cours de ce travail. 

I. — SOURCES MANUSCRITES 

ARCHIVES DE LA LOIRE-INFERIEURE, G 297-307, fonds de la Collégiale ; — G 81-84, officialité de Guérande ; — B 739, Aveux du chapitre de Guérande ; — B (non inventorié), Enquêtes de la sénéchaussée de Guérande. 

ARCHIVES DE L'ILLE-ET-VILAINE, C 1722, 2398, 3190, fonds de l'Intendance de Bretagne ; — H 106. clergé régulier.  

ARCHIVES DU PALAIS DE JUSTICE DE RENNES, Registres des enregistrements des édits, lettres-patentes, etc. 

BIBLIOTHEQUE NATIONALE, Manuscrits français 22319, 22329 ; — manuscrits latins 16732, 17004. 

REGISTRES DE LA CHANCELLERIE DE BRETAGNE, Table analytique des matières, in-f°, (collection Quilgars). 

II. — SOURCES IMPRIMEES. 

CARTULAIRE DE L'ABBAYE DE REDON. Edit. de Courson, in-4°, 1863. 

CHRONIQUE DE NANTES (LA), Edit. R. Merlet, in-8°, 1896. 

GALLIA CHRISTIANA, tome XIV, in-f°, 1856.

GREGOIRE, La collégiale de Saint-Aubin de Guérande, in-8°, 1889. 

LA BORDERIE (A. DE), Histoire de Bretagne, 3 vol. in-8°, 1896-1899. 

LOBINEAU (DOM), Histoire de Bretagne, in-f°, 1707.

LOTH (J), L'Emigration bretonne en Armorique du Vème au VIIème siècle, in-8°, 1884. 

MAITRE (LEON), Les origines du temporel des évêques de Nantes et de la collégiale Saint-Aubin à Guérande, in-8°, 1900. 

MOLLAT (G.), Institution de la Prévôté dans l'église Saint-Aubin de Guérande, (Société Archéologique de Nantes. 1902, p. 12.) 

MORICE (Dom), Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire de Bretagne, 3 vol. in-f°, 1742. 

PLAINE (DOM F.), Saint Salomon, roi de Bretagne et martyr, in-8°, 1895.

TRAVERS, Histoire civile, politique et religieuse de la ville de de Nantes, tome I, in-4°, 1838. 

 

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CHAPITRE I. 

Les origines ; — l'église mérovingienne ;  — l'église carlovingienne ; — VIème – IXème siècle.

Les origines de l'église de Guérande sont intimement liées à celles de la ville. Sur la fondation de l'une et de l'autre il n'existe aucun texte. La ville ne saurait être antérieure à l'époque mérovingienne ; son existence à l'époque romaine doit être en effet complètement abandonnée. Le sous-sol de la ville n'a livré aucune substruction romaine, aucun objet de cette époque. Quant à Grannona [Note : Notifia Dignitatum, édition Seeck, p. 205. On a prétendu que Grannona a été la forme primitive du nom de Guérande. Cette erreur a été relevée par M. Loth (Emigration Bretonne) L'origine du nom de Guérande est Gwen-Rann ayant donné régulièrement Guerran. Quant au gaulois Ewiranda, il n'a rien à faire ici] dont on a fait tant de cas, il faut rechercher cette citadelle en dehors du territoire actuelle de la Loire-Inférieure, en dehors probablement de la Bretagne, sur les côtes de Normandie. Les ruines de Clis, que l'on a identifiées à la forteresse romaine sous le nom fantaisiste de Château-Grannon, ne ressemblent qu'à celles d'une de ces riches villas dont on trouve encore les traces dans les environs de Guérande. 

Si l'on consulte les textes, la ville de Guérande apparaît pour la première fois dans les chartes du Cartulaire de Redon du milieu IXème siècle. En 854, elle semble une ville importante avec son église renfermant des reliques de Saint-Aubin [Note : Isla donatio celebrata est in ecclesia quae dicitur Werran, ante sanctum altare in quo habentur reliquiae S. Albini. (Cart. Roto. p.370)]. C'est vers cette époque, qu'il faudrait placer la fondation de la ville suivant M. de la Borderie, qui voit en Guérande « une fondation des Bretons qui sous Nominoë débordèrent au sud de la Vilaine et s'établirent dans l'espèce de péninsule comprise entre cette rivière, le bas cours de la Loire et la mer » (Histoire de Bretagne, I, p. 87). 

En formulant cette opinion, M. de la Borderie n'a consulté que les textes et a négligé les monuments. En effet, si le sous-sol de Guérande n'a révélé aucun vestige de l'époque romaine, il a livré des précieux monuments datant de l'époque mérovingienne, dont le plus connu, le seul même, est un sarcophage de granit conservé dans la crypte de l'église. Ce sarcophage fut découvert dans l'église actuelle. Il se compose d'une auge fermée par un couvert décoré de croix pattées, de cercles et d'imbrications. D'après sa forme et son ornementation, on peut le dater de la fin du VIème ou du commencement du VIIème siècle. A cette époque il existait donc dans l'emplacement de la ville actuelle un groupe de population assez important, car si l'on a pris le soin de sculpter dans une pierre aussi dure que le granit des motifs d'ornementation en vogue dans ces temps, c'est qu'il devait exister dans la cité des personnages remarquables dont on voulait consacrer la mémoire en leur donnant de riches tombeaux, ou bien que la ville était suffisamment riche pour entretenir des artisans capables de reproduire dans le granit ce que partout ailleurs on sculptait dans le marbre et la pierre blanche. Le sarcophage de Guérande n'était sans doute pas isolé ; des recherches faites sous le choeur de l'église amèneraient certainement la découverte de nouveaux monuments. 

L'existence de ce sarcophage chrétien suffirait seule à démontrer celle d'une église au commencement du VIIème siècle au plus tard ; mais, bien mieux, il existe encore des substructions de ce temple primitif. 

Il y a environ six ans, (en 1898 ou 1899), en fouillant sous l'espèce de déambulatoire placé au fond du choeur de l'église actuelle, on mit à jour une construction semi-circulaire de 1m95 de diamètre. Les murs épais de 0m30 étaient construits avec des petits moellons assez régulièrement taillés, reliés par un mortier blanc fait de chaux, de sable et de coquillages. M. Maître reconnut dans cette construction « les restes d'une habitation civile qui fut utilisée pour l'érection du premier oratoire » (L. Maître, Les Origines du pouvoir temporel). Nous ne croyons pas pouvoir accepter cette opinion. Il faudrait en effet dans ce cas supposer que le premier temple ne fut construit que bien postérieurement à la fondation de la ville. La date du sarcophage nous donne celle du temple, c'est-à-dire la fin du VIème ou le commencement du VIIème siècle ; or cette date est celle de l'arrivée des Bretons dans la presqu'île guérandaise. Si l'habitation civile est antérieure au temple, elle doit donc dater de l'époque gallo-romaine, et elle n'a aucun des caractères des constructions de cette époque. Si ce monument est bien contemporain de l'arrivée des Bretons à Guérande, il est bien inadmissible que ces Bretons chrétiens, suivis dans leurs expéditions de moines et de prêtres, aient utilisé une habitation civile qu'ils venaient de construire, pour servir d'église. 

Nous devons plutôt voir dans ce monument les vestiges d'un baptistère destiné à l'immersion des catéchumènes ; cette opinion semble d'autant plus admissible qu'il existe encore sous l'église une source, et l'on sait que les baptistères mérovingiens étaient construits dans le voisinage des sources nécessaires à leur entretien. 

Dans une autre partie de l'église, sous la nef, M. Muterse a constaté la présence de substructions composées de briques et de moellons retenus par un ciment blanc composé de chaux et de coquillages, et cet archéologue a rattaché ces substructions à l'époque gallo-romaine à cause de la présence des briques. M. Muterse a recueilli des fragments de briques et de chaux et en cela il a été bien inspiré, car l'examen de ces débris ne permet pas de leur attribuer une origine aussi ancienne ; la brique de l'église de Guérande n'a pas les caractères de la brique romaine, et le ciment est à peu près identique à celui du monument semi-circulaire du déambulatoire ; les substructions constatées par M. Muterse présentent tous les caractères des monuments mérovingiens découverts dans les autres parties du département, et il y a toute chance pour dire que ces substructions se rattachaient au même monument que la construction du déambulatoire. 

Dès la fin du VIème siècle il existait donc un temple chrétien dans l'emplacement de l'église actuelle de Guérande. Sur le fondateur de ce temple, il n'existe aucune tradition ; seuls les événements qui eurent lieu à la fin du VIème siècle peuvent aider à éclaircir cette question. 

A cette époque la presqu'île de Guérande se trouvait sous la domination du comte de Vannes, Waroch, qui avait passé la Vilaine vers l'an 570 et occupé tout le pays jusqu'à la Loire (J. Loth, Emigration bretonne, p. 93). Waroch avait même établi sa résidence non loin de Guérande, sans doute dans une ancienne villa gallo-romaine qu'il appela de son nom Aula Quiriaca, ou mieux en breton Lesguiriac [Note : La dernière mention dans les textes de Lesguiriac date de 1572 (Arch. Loire-Inférieure B 1472). Les renseignements du document permettent de fixer exactement l'emplacement de ce palais, aux environs du port de Lérat. — Revue Celtique, tome XXIII, p. 205]. C'est dans ce palais que le chef breton reçut l'évêque de Nantes Félix qui venait se plaindre des ravages commis par les Bretons sur les terres de son diocèse (Grégoire de Tours, Historia Francorum, IV 4). Les invasions des IVème et Vème siècles avaient ruiné complètement la civilisation gallo-romaine. Les villas avaient été pillées puis brûlées : toutes les ruines éparses sur le territoire de la presqu'île guérandaise portent les traces de l'incendie qui mit fin à l'époque gallo-romaine. Quand les Bretons entrèrent dans ce pays dévasté et habité seulement par quelques pirates, ils purent bien lui donner le nom de Gwen-Rann, la terre en friche. Waroch, suivant Grégoire de Tours, était respectueux des temples chrétiens ; il dota l'église de Saint-Nazaire qui avait été volée par un de ses officiers (Grégoire de Tours, De gloria Mart. cap. 61). Il n'est donc pas impossible de le considérer comme le fondateur de la ville et de l'église primitive de Guérande. L'emplacement de Guérande était en effet merveilleux pour surveiller à la fois l'entrée de la Loire et celle de la Vilaine. Plusieurs voies romaines qui passaient dans les environs rendaient les communications faciles pour se transporter rapidement sur un point menacé. Il y a donc une coïncidence très remarquable entre les dates de l'arrivée des Bretons chrétiens de Waroch à Guérande, et de la fondation de la ville et de la première basilique de ce lieu. Autre fait non moins intéressant : les Bretons, alors qu'ils s'établissaient en Armorique, se groupaient en circonscriptions qu'ils nommaient plou (plebs). Au IXème siècle le Cartulaire de Redon nous montre la presqu'île de Guérande divisée en deux plebes : le Plebs Wenran et le Plebs Keriac. Ces divisions, créées bien avant le IXème siècle, remontaient évidemment à l'époque de l'occupation du pays par les Bretons, c'est-à-dire à la fin du VIème siècle. Comme à l'ordinaire les Bretons étaient suivis de moines qui construisaient des églises dans les plous, il y a tout lieu de penser que la première église de Guérande, qui précisément date de la fin du VIème siècle, est celle qui fut élevée sinon par Waroch lui-même, du moins par ses Bretons. Tout porte donc à croire que la ville et l'église de Guérande furent fondées à la fin du VIème siècle par les Bretons de Waroch, sinon par ce personnage lui-même. 

De l'architecture de la première église, nous ne connaissons que bien peu de choses ; peut-être n'était-ce qu'un monument de dimensions fort restreintes, nous serions même fort porté à le croire, car si l'on en juge d'après les substructions découvertes, les murs de peu d'épaisseur ne témoignent pas en faveur de l'existence d'un monument bien grand ; un simple édifice rectangulaire avec une charpente en bois, tel pouvait être ce temple primitif. Ajoutons que comme dans la plupart des églises de cette époque il devait exister une crypte, et il se pourrait que le sarcophage que l'on possède maintenant provint des ruines d'un caveau mérovingien. 

La première église disparut sans doute au cours des invasions normandes, au VIIIème ou au commencement du IXème siècle. Au milieu du IXème siècle les textes citent l'église de Guérande, ecclesia Wenran (Voir Cartulaire de Redon). Cette église est-elle la même que celle du VIème siècle ? Nous ne le pensons pas. En effet il existe, dans les fondations d'un pilier actuel du choeur, une base de colonne décorée de dents de scies et de bâtons (Note : Cette base n'est plus visible aujourd'hui, nous ne la connaissons que par la photographie d'un dessin fait par M. Clétiez) ; le P. de la Croix la date de la fin de l'époque mérovingienne ; elle est donc postérieure d'environ deux siècles à l'église primitive, et prouve que, si la première église n'a pas été complètement détruite au VIIIème siècle, elle a été en tout cas restaurée ou agrandie. En effet il existe un texte du milieu du IXème siècle qui mentionne une donation faite à l'abbaye de Redon in ecclesia quae dicitur Werran, ante sanctum altare in quo habentur reliquiae S. Albini (Voir Cartulaire de Redon, p. 370). Pour que les rédacteurs de la charte aient pris soin, chose rare à cette époque, de mentionner la présence des reliques de saint Aubin dans l'Eglise, il faut que ce temple ait été tenu en bien grande vénération ; ce devait être un beau monument, autrement riche que la construction mérovingienne faite uniquement pour répondre aux premières nécessités du culte chez un peuple qui venait d'arriver dans le pays. Un passage des Miracula S. Albini ne laisse aucun doute à cet égard : « Cujus (vici Guenran) incolae sanctum confessorem sancto venerantur amore : miraque post Christum colunt veneratione, quod magnifica illic probat basilica in ejus honorera ipsorum studio constructa » (Bollandistes : Acta S.S., mense Martio, I, 62). 

Telles furent, selon nous, les deux premières églises de Guérande. 

Reste à savoir sous l'invocation de quel saint étaient placées ces églises. Saint Aubin est aujourd'hui le patron de l'église de Guérande. Ce personnage mourut en 554 ou 555. Suivant les Bollandistes ses reliques furent distribuées peu de temps après sa mort, c'est-à-dire sans doute avant la fin du VIème siècle. Si l'on rapproche de cette date celle de la fondation de la première basilique guérandaise, on doit être frappé de la coïncidence qui en résulte. D'autre part, la seconde distribution des reliques du saint n'eut lieu qu'en 873 après la victoire remportée par le roi de Bretagne Salomon et l'empereur Charles le Chauve sur les Normands à Angers [Note : Post haec, una cum episcopis et populo, cum maxima religionis devotione, corpora S.S. Albini et Licinii, quae effosa, timore Normannorum de tumulis suis fuerant, suis in locis cum muneribus magnis restituit (Annales Bertiniani édition Waitz, p. 125)]. Or, nous savons par le Cartulaire de Redon qu'en 854 l'église de Guérande possédait déjà, des reliques de saint Aubin ; elle en avait donc reçu dès la fin du VIème siècle, et pratiquait donc le culte de ce saint dès cette époque. Du reste les changements de patron sont des plus rares dans les églises primitives et nous ne voyons dans l'histoire aucun événement assez remarquable pour avoir provoqué ce changement dans l'église de Guérande. 

Les motifs d'un culte si fervent pour l'évêque d'Angers ne sauraient s'expliquer que par une tradition qui — sans preuve du reste — fait naître saint Aubin au village de Quéniquen, aux environs de Guérande. C'est l'opinion des Bollandistes (Note : In venetensi namque territorio vicus quidam est in littore oceani maris situs quem Britannica lingua Guenran vocant (Acta S. S., mense Martio, 1° die), qui n'ont fait que compléter un texte de Fortunat [Note : Beatissimus Albinus venetica regionis oceani britannici confinis indigena exiguis parentibus oriundus (Bibliothèque Nationale ms. lat. 17626)] désignant Guérande comme lieu de naissance du saint. Ainsi pourrait s'expliquer la vénération qu'avaient les Guérandais pour l'évêque d'Angers. En réalité, la patrie de saint Aubin est inconnue. Le bourg de Languidic, dans le Morbihan, revendique aussi l'honneur de l'avoir vu naître (Note : Cayot-Delandre, Le Morbihan, son histoire, ses monuments, p. 467). Il est inadmissible, comme on le dit vulgairement, que le culte de saint Aubin ait été le résultat de l'intervention miraculeuse de ce personnage lors d'un combat soutenu par les Guérandais contre les Normands. Ce fait rapporté par les Bollandistes, Le Baud et Albert Le Grand [Note : Bollandistes, loc. cit. ; — A. Le Grand, La Vie des Saints de Bretagne, édition Abgrall, p. 47 ; Le Baud, Bibliothèque Nationale ms. fr. f° 8266, f° 128], est placé à la date de 909 [Note : Ce siège des Normands eut lieu en réalité non en 909 mais en 919 (Flodoart, Chronicon, in D. Bouquet, VIII, p. 176)], c'est-à-dire bien après la présence des reliques du saint dans l'église. L'apparition de saint Aubin, telle qu'elle est représentée sur un vitrail de la Collégiale, n'est que l'embellissement d'un fait réel. Au moyen-âge, dans le temps des grandes calamités, on portait souvent processionnellement par les villes les reliques que l'on avait sous la main Que pendant un siège les Guérandais aient transporté sur leurs lignes de défense les reliques de saint Aubin conservées dans leur église, c'est vraisemblable ; que la vue de ces reliques ait renouvelé le courage des combattants, c'est encore vraisemblable, mais là se borne l'apparition du saint. 

 

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CHAPITRE II 

La Collégiale et ses origines. — 846.

La tradition rapporte que l'église de Guérande fut érigée en collégiale au milieu du IXème siècle, — en 862 suivant l'Almanach de Bretagne (Travers, Histoire de Nantes, I, 36) — par Salomon, troisième roi de Bretagne. Telles sont les seules indications que l'on possède sur cette institution, car d'acte authentique il n'y en a pas. On en est donc réduit à choisir entre ces deux hypothèses ; ou bien l'institution de la collégiale a été faite en vertu d'une charte d'un prince breton, ou franc ; ou bien elle est le résultat des événements. La première hypothèse est celle que donne la tradition en attribuant la fondation de la Collégiale à Salomon qui régna sur la Bretagne de 857 à 874. Dans ce système, ce qu'il y a d'extraordinaire c'est que l'acte de fondation n'a jamais été signalé, il n'y a jamais été fait allusion. Les auteurs de la Chronique de Nantes (Note : Cette compilation n'est, il est vrai, pas antérieure au XIIIème siècle) n'auraient certainement pas manqué d'en parler à propos de Gislard ; les Bénédictins l'ignorent complètement, de même les Bollandistes. Les recherches du Chapitre lui-même faites à l'occasion de la Réformation du domaine royal en 1678 et d'une requête au Roi en 1771 ont été stériles. On peut en conclure que, si cet acte n'a jamais été vu ni signalé, c'est qu'il n'a jamais existé. 

L'origine de l'institution de la collégiale doit être recherchée ailleurs, et pour cela il faut se reporter aux événements qui troublèrent la Bretagne au milieu du IXème siècle. 

Nominoë, comte breton, après avoir lutté avec succès contre les Francs et s'être rendu maître de presque toute l'Armorique, désira prendre le titre de roi. Pour ce faire, il lui fallait l'appui des évêques dont quelques-uns tenaient le parti franc. Il fallait donc, dit Lobineau, « ou les gagner tous, ou trouver un moyen de chasser ceux que l'on ne pourrait séduire » (Lobineau, I, 2, p. 43). Actard, évêque de Nantes, était l'un des plus opposés à Nominoë. En 848, le comte breton se débarrassa des évêques de Vannes, de Léon, de Dol et de Quimper en les faisant déposer par un concile qu'il réunit à Coëtlou, aux environs de Vannes. Restait encore Actard, et, pour le supprimer, il fallait s'emparer de Nantes. Nominoë marcha sur cette ville, et, s'en étant rendu maître, il chassa l'évêque et le remplaça par un autre, dévoué à la cause bretonne, du nom de Gislard. 

Nominoë étant mort, son fils Erispoë fit la paix avec Charles le Chauve, et sur la demande de l'empereur rétablit Actard à Nantes en 851. Quant à Gislard, il se retira à Aula Quiriaca (Note : La Chronique fait ici une erreur en identifiant Aula Quiriaca avec Guérande ; mais elle ne se trompe pas, croyons-nous, en indiquant Aula Quirica comme ayant été la résidence de Gislard. Aula Quirica, ou Lesguiriac, était dans le plebs de Guérande. Cet ancien palais ou avait séjourné Waroch, après quelque riche gallo-romain, convenait mieux à Gislard que la ville de Guérande. Les évêques de cette époque résidaient du reste la plupart du temps dans des domaines souvent éloignés de leur ville épiscopale. Que Gislard ait résidé à Guérande ou à Aula Quiriaca, cela ne change en rien la thèse que nous soutenons). Suivant la Chronique de Nantes, Gislard aurait été évêque pendant cinq ans (Note : Chronique de Nantes, édition Merlet. — Ecclesiam Namneticam quinque annis usque ad obitum Nominoii rexit). Nominoë étant mort en 850, il faudrait admettre que Gislard devint évêque de Nantes en 846 ; or Actard ne fut détrôné qu'en 850. Dans un autre passage le même document s'exprime ainsi : « Nominoius eligens Gislardum ex urbe Venetensi progenitum in urbe Namnetica constituit pseudo episcopum » (Chronique de Nantes, édition Merlet, p. 41). Gislard était donc évêque avant de monter sur le siège de Nantes. N'étant pourvu d'aucun siège épiscopal régulier, il ne pouvait être qu'évêque de Guérande depuis 846, ou évêque résidant à Guérande ou aux environs. Cette époque est au lendemain de la bataille de Ballon, c'est-à-dire au temps du grand mouvement antifranc. Rien d'étonnant que Gislard ait profité de cette circonstance pour se mettre à la tête des Bretons établis entre la Vilaine et la Loire en exploitant la haine que ceux-ci professaient contre Actard, défenseur des sujets de Charles-le-Chauve. En arrivant à Guérande en 846, Gislard rallie sous son obédience la population d'une partie de ce qui est aujourd'hui l'archidiaconé de la Mée et que l'on peut délimiter exactement d'après les noms de lieux d'origine bretonne. L'évêque de Guérande ne reste pas seul pour administrer son diocèse ; il nomme des dignitaires, et la première chose qu'il doit faire est de se constituer un chapitre à l'exemple de ses collègues des diocèses régulièrement établis. La Collégiale était fondée. Si Gislard n'obtint pas l'approbation canonique nécessaire, il eut du moins l'assentiment tacite de Nominoë qui du reste s'empressa de le porter au siège de Nantes quand celui-ci devint vacant par le départ d'Actard en 850. Gislard exerça dans son église toutes les fonctions épiscopales et fit même des ordinations que le pape reconnut valables. 

Gislard, suivant la Chronique de Nantes, était natif de Vannes, mais son nom indique une origine germanique. De sa vie nous ne connaissons que son passage à Guérande et à Nantes ; nous ignorons même où, quand et par qui il fut sacré évêque ; ce qu'il y a de certain c'est qu'il était canoniquement consacré, puisque les ordinations qu'il fit furent déclarées valables. Sur son caractère et sa moralité nous avons deux textes absolument contradictoires : l'un est un passage d'une lettre du pape Léon IV à Nominoë, dans lequel Gislard est appelé furem et latronem, voleur et larron (Note : Decreta Gratiani, causa VII, quaest, I, X). L'autre est un ancien catalogue de Christine de Suède dans lequel l'évêque de Guérande est qualifié de saint (Note : Cité par Travers, Histoire de Nantes, I, 36). En réalité Gislard apparaît comme l'un des champions de la cause bretonne dans la grande lutte de la  formation de l'unité bretonne. La ville de  Guérande lui doit l'une de ses institutions dont elle s'est toujours montrée orgueilleuse, et l'église de Saint-Aubin son chapitre et le second rang qu'elle conserva dans le diocèse de Nantes. 

Quant au temps que Gislard passa à Guérande, noue ne voyons pas d'inconvénient à admettre la période de quatre ans portée dans la Chronique de Nantes, — cinq avec l'an 850-851 passé à Nantes. En 852 il n'était certainement plus à Guérande. En effet la plus ancienne charte du Cartulaire de Redon relative à la région guérandaise date de 852, et l'évêque porté à la date est celui de Vannes, Courantgenus, qui semble avoir réuni sous son obédience l'ancien diocèse de Gislard jusqu'en 857. A partir de cette date, Courantgenus et Actard, et leurs successeurs figurent ensemble à la date des Chartes, c'est donc qu'ils se disputaient l'héritage de Gislard. Cette lutte continua jusqu'à la fin du IXème siècle. Vers l'an 900, suivant la Gallia Christiana, l'évêque de Nantes Fulcherius réunit définitivement à son diocèse la portion de territoire qui en avait été distraite en 846 [Note : Memoratur quoque Nannetensis dioecesis partes Gislardi temporibus disjunctas recuperans (XIV, 807)]. 

Gislard disparu, aucun successeur ne lui fût en effet donné. Suivant M. de la Borderie, l'évêque de Guérande aurait été déposé et enfermé au monastère de Saint-Martin de Tours où sans doute il finit ses jours. Il est toutefois probable que Gislard, après son départ de Guérande, continua à faire valoir ses prétentions sur son évêché et qu'il trouva en Salomon un défenseur, tout au moins, par politique. Hincmar rapporte que ce fut l'empereur Charles le Chauve qui déposa définitivement Gislard (Hincmar. Epistola XXXI, in Migne, c. XXVI). 

Quand Salomon succéda à Erispoë en 857, Gislard n'était plus à Guérande depuis au moins six ans. Ce prince n'eut donc point à fonder la Collégiale : il se trouva devant un fait accompli depuis onze ans. S'il fit quelque chose pour elle, il ne pût que confirmer une institution qui remontait au temps de Nominoë.

 

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CHAPITRE III

L'église actuelle : XIIème, XIIIème, XIVème, XVème, XVIème, et XVIIème siècles.

Constructions successives.

L'église Saint-Aubin, telle qu'elle est aujourd'hui comprend une partie romane (XIIème siècle), et une par­tie ogivale (XIII-XVIème siècle). L'église carolingienne, comme la précédente, dut sombrer au cours d'une incursion des Normands. Ceux-ci en effet, pendant tout le premier tiers du Xème siècle furent maîtres de la région de la Basse-Loire et ravagèrent ce pays jusqu'en 937 date à laquelle Alain Barbe-Torte les chassa définitivement de la Bretagne (Note : Sur les différentes incursions des Normands dans la Basse-Loire, cf. Flodoart, Chronicon, in D Bouquet, VIII ; A. Eckel, Charles le Simple, p. 68, in Bibliothèque de l'Ecole des Hautes-Etudes ; Bibliothèque Nationale ms. fr. 8266 f° 128 ;.Bollandistes, Acta S. S., m. Martio. 1° die). Toutefois il est probable que l'église carolingienne fut restaurée après le départ des Normands et qu'elle subsista au moins jusqu'au XIIIème siècle. La nef actuelle du XIIème siècle a bien pu être ajoutée au monument du IXème siècle. Si l'église du IXème siècle avait été complètement détruite au Xème, Guérande serait restée pendant trois siècles sans église ou seulement en possession d'une église provisoire en bois, car il n'a pas encore été découvert de substructions pouvant remonter à la période comprise entre les Xème et XIIème siècles : mais il serait tout à fait invraisemblable que la ville de Guérande fût restée sans église à cette époque, car c'est justement le moment où se construisent toutes les églises des environs : Saint-Molf, Escoublac, Saint-André, Saillé, Saint-Lyphard. 

Vers le milieu du XIIème siècle furent jetées les fondations d'une nouvelle construction qui est aujourd'hui conservée et forme le bas de la nef de Saint-Aubin. Ce monument se compose de cinq travées à cintre brisé, dont la dernière est en tiers-point. Les arcs reposent sur des piliers alternativement ronds en forme de colonne, et composés de quatre demi-piliers en forme de colonne, autour d'un noyau central. Le dernier arc repose d'un côté sur un pilier engagé. Les chapiteaux sont les uns godronnés, les autres historiés ; ces derniers représentent des scènes de torture. Ils sont surmontés de tailloirs supportant la tombée des voûtes. Les bases circulaires reposent sur dés plateaux de même forme et sont reliés ensemble, dans les piliers composés, par des griffes demi-sphériques. Un doubleau termine cette nef romane, lequel porte comme décoration des dents de scie et les premières traces des crochets du XIIIème siècle. Au-dessus des arcades était un triforium reconstruit aujourd'hui dans le style du XIIIème siècle, mais qui avant cette reconstruction portait tous les caractères du XIIème siècle. 

Là s'arrêtait le monument du XIIème siècle lequel devait être accolé à celui du IXème. Ce dernier ne disparut complètement qu'à la fin du XIIIème siècle. L'église commencée au milieu du XIIème fut alors achevée. Il reste encore de cette nouvelle construction une partie des murs du sud avec une porte trifoliée et une baie ; aujourd'hui fermée, ornée de colonnettes à chapiteaux garnis de crochets, et une partie des murs du nord avec une lancette ornée seulement d'un simple biseau. 

En 1342, la ville ayant été prise par les Espagnols, l'église fut livrée aux flammes (Note : D'Argentré, Histoire de Bretagne, édition 1669, p. 281. L'auteur dit que cinq églises furent brûlées en 1342 ; il faut entendre par là la collégiale et quelques chapelles). Après cet incendie il ne resta que la partie romane. Jusqu'à la fin du XIVème siècle l'église resta en ruines, et c'est à peine si le service du culte put y être fait. Pour engager les fidèles à subvenir aux réparations de l'église, le Pape Grégoire XI fut obligé de promettre des indulgences à ceux d'entre eux qui apporteraient leur concours à cette restauration (Note : Archives du Vatican, A, 185, f°.270, cité par de Lesquen et Mollat, Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d'Avignon à l'époque du grand schisme d'Occident ; in-8°, 1904). Après le traité de 1380, une tentative de reconstruction fut sans doute faite. On peut dater en effet de cette époque deux travées dans le haut de la nef, avec piliers composés dont l'un porte des reprises postérieures. A cette époque fut bouchée la baie du XIIIème siècle qui s'ouvrait dans le mur du sud, et construite la chapelle basse improprement nommée crypte. Cette chapelle est de forme rectangulaire : un pilier central composé d'un faisceau de colonnettes avec chapiteaux décorés de feuilles de chêne, reçoit la tombée de voûtes très surbaissées. 

Cette construction, entreprise à la fin du XIVème siècle, fut probablement inachevée. Ce n'est qu'à la fin du siècle suivant que le choeur de l'église fut enfin terminé. Il se compose de cinq travées ogivales et d'une cintrée, la dernière, dont les arcs sont supportés par des piliers octogonaux sans chapiteaux. Un triforium à baies ogivales surmonte et éclaire le vaisseau. 

L'entrée du choeur était fermée avant la Révolution par un jubé en bois d'un très beau travail, construit en 1650, et dont les portes à colonnettes torses ont seules été conservées : elles ornent aujourd'hui l'une des salles du musée de Cluny à Paris (Note : Elles sont classées sous le n° 1604. Du Sommerard, Catalogue du musée de Cluny, édition de 1883, in-8°). 

Le vaisseau de l'église actuelle mesure 68 mètres de long sur 25m de large. L'église a la forme d'une croix latine défigurée par l'addition de nombreuses chapelles. Le chevet est plat et terminé par trois grandes baies. La nef est flanquée de deux collatéraux qui se prolongent de chaque côté du choeur derrière lequel ils sont reliés par un passage formant une sorte de déambulatoire sous la dernière travée du choeur, beaucoup plus large que les autres et s'en distinguant par la forme cintrée de son arc. Les chevets du transept sont également plats. 

Primitivement la nef était dépourvue de voûte et l'on pouvait apercevoir une belle charpente ornée de blochets sculptés, de grotesques finement taillés dont on peut voir les derniers restes, bien mutilés, en visitant les combles de l'église. Cette charpente porte en plusieurs endroits la date 1541, ce qui nous fait croire que ce ne fut qu'à cette date que fut achevée la construction commencée à la fin du XVème siècle. Un autre endroit porte cette mention : Fait par Riaud. Dans les combles on lit encore cette inscription : Aeditur nobili dom. Francisco Robin, doct. medic., anno 1756 (Bibliothèque de Nantes, ms, fr. 1331, f° 478 ; note de Verger). 

Les chapelles latérales, à part celles du transept et la crypte : sont au nombre de cinq ; elles datent du XVIème siècle. Ce sont d'anciennes chapelles construites par les principaux seigneurs de la région qui, à ce propos, entrèrent souvent en lutte avec le Chapitre. Ce dernier, en effet, prétendait être le seul maître dans son église et ne voulait même pas tolérer l'opposition d'armes seigneuriales dans les vitres de la collégiale ; et en cela il était appuyé par les bourgeois de la ville qui en ces cas n'hésitaient pas à. engager des procès contre la noblesse. Sur ces débats il reste quelques documents, conservés mais en résumé malheureusement, dans les registres de la Chancellerie de Bretagne. En 1506 maître Antoine Sorel dut obtenir un mandement d'Anne de Bretagne pour garder ses armoiries dans la Collégiale (Archives de Loire-Inférieure, B 16 f° 133, in Table analytique des Registres de la Chancellerie, verbo Sorel). La même année le Chapitre demanda aux juges des sénéchaussées de Nantes et de Guérande d'informer sur « certains signes et seaulx » apposés dans l'église (Archives de Loire-Inférieure, B 16, f° 6). En 1506 encore, Henry du Verger et Jean du Dreseuc, sieur de Lesnérac, durent comme Sorel, obtenir un mandement de la duchesse Anne pour conserver leurs écussons dans leurs chapelles (Archives de Loire-Inférieure, B 17, f° 60). En 1533 ce sont les paroissiens eux-mêmes qui s'opposent aux prétentions qu'avait Françoise de Trévécar de « faire apposition d'écuczons en une vitre de ladite église » (Archives de Loire-Inférieure, B 35, f° 59). 

Malgré ces chicanes de préséance quelques seigneurs conservèrent jusqu'à la Révolution leurs chapelles privatives, et leurs écussons dans la collégiale, et l'on peut voir encore aujourd'hui dans la chapelle appelée crypte le bel enfeu des sires de Carné avec les statues de Tristan de Carné et de Jeanne de la Salle, son épouse. Ces tombeaux portent les deux épitaphes suivantes : 1° — Ci gist tre noble et vertueuse dame madame Ienne de la Salle femme de monsieur Tristan de Carné, de la Touche Carné, de Cohignac, Cremeur et héritière dé la Salle et Cettera, laquelle trepasa à Cremeur l'ain 1526, Dieu lui face miséricorde. 2° — Ci gist noble puissant seigneur Tristan de Carné en son. vivant chevalier e héréditaire, premie maistre d'ostel des dus de Bretaigne, servant au ledict estat la reine Anne, duchesse de Bretaigne, maestre d'oste des rois Louis, roy François e de Monseigneur François

Dans le même enfeu se trouve une boîte de plomb portant cette inscription : Yci gist le coeur de deffuncte Anne de Rieux en son vivant mary et espouse de noble homs René de Carné, sier et dame de Cremeur. 1567

L'ornementation des autres chapelles est sans intérêt. Les autels sont surmontés de vulgaires retables en plâtre ou en bois, détestable imitation du style ogival. Signalons cependant les retables du transept, véritables monuments, en marbre et en pierres blanches, datant de la Renaissance. Dans la chapelle Sainte-Anne est un bon tableau représentant la Cène, lequel provient de l'ancienne église des Jacobins de Guérande, ainsi qu'un autre tableau représentant le Christ, placé aujourd'hui dans les fonts baptismaux. Dans le transept est placé un curieux tableau de Quatroulx, représentant le chapitre de la collégiale en habit de cérémonie au XVIIème siècle. Les boiseries du choeur et la chaire sont modernes ; cette dernière est signée Grotaërs. 

A l'extérieur, la façade a été reconstruite il y a quelque trente ans, mais en partie sur l'ancien plan. L'ancienne façade, suivant une vieille gravure signée Rouargue, se composait d'une grande arcature dans le style ogival du XVIème siècle à voussure ornée de feuillages, dans laquelle s'ouvrait un portail séparé par un trumeau en deux baies terminées par des arcs surbaissés surmontés d'arcs en accolades et de fleurons. Le reste de l'arcature comprenait urne paroi pleine. Deux gros contreforts soutenaient cette arcature ; dans celui de gauche s'ouvrait une chaire extérieure surmontée d'un dais dans le style du XVème siècle. Un clocheton surmontait le contrefort. 

Les deux bas-côtés de l'église sont terminés par des parois pleines sans ornementation avec contreforts dans les angles couronnés par des aiguilles. Une tour octogonale surmonte cette façade ; et un vitrail a remplacé l'ancienne paroi pleine qui surmontait le portail. 

L'ornementation du côté nord est du XVIème siècle au transept. 

Le long du choeur, des arcs-boutants de la fin du XVème, portent à l'extrados des caniveaux destinés à l'écoulement des eaux qui se déversent sur la voie publique par des gargouilles zoormophiques. Au sud est un beau porche construit à la fin du XVème siècle et ornementé à l'époque de la Renaissance ; du même côté des crochets et des fleurons flamboyants décorent les contreforts et les pignons des chapelles.

 

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CHAPITRE IV

Droits et devoirs du Chapitre.

Les droits et prééminences du chapitre de Guérande furent codifiés au XVème siècle (Bibliothèque Nationale, ms. fr. 22329, f° 319 ; voir document I). 

Avant le XVIIème siècle le chapitre comprenait quatorze prébendes ayant pour titulaires autant de chanoines. Jusqu'à la fin du XIIIème siècle, l'administration intérieure du chapitre nous est inconnue ; nous savons toutefois qu'aucun des chanoines n'était supérieur en dignité à ses collègues. Plus tard un prévôt fut placé à la tête du chapitre. L'époque de l'institution de cette charge était inconnue jusqu'à ces derniers temps. En 1902 l'abbé Mollat découvrit dans les Archives du Vatican une bulle de Clément V, du 13 juillet 1312, instituant la prévôté dans la collégiale de Guérande (Rég. Vat. 59. f° 141, v°. Publié dans le Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, 1902, 1er semestre, p. 121). Les termes de ce document, nulla dignitas habetur, font croire qu'il n'existait avant 1312 aucune dignité dans le chapitre. Récemment nous avons retrouvé dans les Archives du Palais de Justice de Rennes un long arrêt du conseil du Roi dans lequel la date de l'institution de la Prévôté est reportée à 1295 (B 45, f° 41 et sq. ; voir document). Ces dix-sept années de différence ne doivent pas nous étonner. Quand, en 1312, le pape remit à l'évêque de Nantes Daniel Vigier une bulle instituant la Prévôté dans l'Eglise de Guérande. on peut être bien certain que cette institution fut sollicitée soit par l'évêque, soit par le chapitre lui-même qui sentait la nécessité de remettre entre les mains d'un seul le gouvernement de la collégiale, et cet office fonctionnait déjà quand Clément V l'institua ou plutôt le confirma. Les deux documents peuvent donc parfaitement s'accorder : la prévôté fut de fait créée en 1295 et canoniquement en 1312. Le prévôt était nommé par le chapitre, mais son élection devait être ratifiée par le pape et par le roi. 

Au XVIIème siècle le nombre des chanoines n'était plus que de douze : c'est le chiffre des aveux rendus au Roi à l'époque de la réformation du domaine (Archives de Loire-Inférieure, G 297). Deux prébendes avaient en effet été distraites de leur destination primitive : l'une avait été annexée au collège de la ville, l'autre à la psalette. Sur les douze chanoines, trois étaient titulaires dès trois cures de la ville Saint-Aubin, Notre-Dame et Saint-Michel ; un autre était grand chantre. 

Au-dessous des chanoines était le bas choeur composé de : un diacre, un sous-diacre, un chantre, un sacriste, quatre enfants de choeur et un nombre indéterminé de chanteurs (Archives de Loire-Inférieure, G 297). Le chapitre nommait à toutes ces dignités, ainsi qu'à tous les bénéfices de la région, au nombre de plus de deux cents. Quand la prévôté devenait vacante, les onze autres prébendes tombaient à l'ordinaire du Pape et de l'évêque de Nantes, alternativement pendant un mois. Le chapitre était curé primitif de Guérande ; il exerça cette fonction jusqu'en 1683, époque où il délégua ses fonctions à un vicaire perpétuel. 

Le chapitre de Guérande tenait le second rang dans le diocèse ; il passait après le chapitre de Saint-Pierre de Nantes. Il possédait le droit d'envoyer l'un de ses membres le représenter aux Etats de Bretagne ; c'est ainsi qu'en 1451 il fut représenté aux Etats de Vannes par Alain de Quélen (D. Morice, Preuves II, 1568). Un point sur lequel il se montrait très rigoureux concernait la visite de l'évêque de Nantes. Celui-ci ne devait venir qu'une seule fois sous son pontificat visiter le chapitre, et devait venir en personne. 

Le chapitre se montra toujours très jaloux de ses droits et de sa dignité ; il n'hésita pas en plusieurs circonstances à prendre part aux événements politiques et à manifester ses opinions ; ainsi en 1472 il députa Alain Kerguizeau, son prévôt (D. Morice, Preuves III, 237) à l'assemblée des vassaux de l'évêché de Nantes réunie pour protester contre la conduite des évêques Guillaume de Malestroit et Amaury d'Acigné (Archives de Loire-Inférieure, E 75) qui avaient été bannis par le duc François II « pour felonnies, ingratitudes, desloyautez et damnables conspirations faites contre le pays » (D'Argentré, Histoire de Bretagne, édition 1669, XII, 15, p. 60). 

A la fin de l'Ancien Régime, la collégiale vit ses privilèges confirmés : des lettres patentes de Louis XV du 16 août 1771 donnèrent à Saint-Aubin tous les avantages accordés aux cathédrales par la déclaration du 1er décembre 1769 (Archives du Palais de Justice de Rennes, B 45, f° 42). 

Le chapitre était propriétaire de terres et de marais salants et par conséquent touchait en cette qualité les revenus de ces, domaines. En 1781, ces revenus atteignirent 1932 livres, tandis que les charges ne furent que de 980 livres ; en 1787, les recettes ne montèrent qu'à 918 livres et les charges à 633 (Archives de Loire-Inférieure, G 307). 

La principale source de revenus était la dîme. En nature elle se percevait suivant l'abondance de la récolte. Dans le premier quart du XVIIIème siècle, la dîme du sel atteignit les chiffres suivants : En 1717, 406 muids ; En 1718, 529 muids ; En 1719, 680 muids ; En 1720, 190 muids ; En 1721, 112 muids ; En 1722, 171 muids (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 2398). 

La dîme sur le sel fut pour le chapitre une source abondante de procès ; les chanoines émettaient la prétention de dîmer les premiers sur les marais salants et n'hésitaient pas à recourir à la procédure pour soutenir leurs affirmations. En 1689, ils entrèrent en procès à cet effet avec les chartreux d'Auray qui voulaient lever la dîme sur les marais de Saillé (Archives de Loire-Inférieure, B, Enquêtes de la Sénéchaussée de Nantes). Les chanoines levaient encore la dîme sur le vin, le grain et le blé noir. 

Les rentes constituées données au chapitre ou acquises par lui étaient nombreuses ; elles devaient être payées à jour dit sous peine de poursuites contre les retardataires. En 1477, les chanoines n'ayant pas été payés des arrérages d'une rente constituée sur les héritages de François de L'Hospital, de Constance de Carné, de Rolande et de Jean de Gravot, firent traduire par le duc ces débiteurs devant la cour de Guérande [Archives de Loire-Inférieure, B 8, f° 171 (Registre de la Chancellerie)]. Plus tard, ils firent saisir les terres de Kercabus et de Kerpoisson pour obtenir le paiement d'une rente de 18 livres (Archives de Loire-Inférieure, G 305). 

Tous ces revenus se trouvaient grossis par les nombreuses fondations qui furent faites dans la collégiale et dont la plupart portaient le nom de chapellenies. Beaucoup remontaient à une époque très éloignée ; les plus anciennement citées sont celles de Saint-Aubin « fondée à l'autier Saint-Eloy en l'église collégialle Saint-Aubin » [Archives de Loire-Inférieure, B 7, f° 35 (Registre de la Chancellerie)], qui fit l'objet d'un mandement de François II en 1473 ; de Notre-Dame, en la même église, dont on a un aveu de 1494 (Archives de Loire-Inférieure, B 751) ; une autre dont le nom nous est inconnu, fut fondé en 1489 par Jamette du Dréseuc (Archives de Loire-Inférieure, G 301). C'est surtout au XVIème siècle que furent fondées les chapellenies ; la plus grande partie était destinée à procurer des messes aux défunts ; mais d'autres avaient des buts différents. En 1668, Pierre de la Haie, sieur de Corollec fonda une procession solennelle (Archives de Loire-Inférieure, E 1484) ; en 1686, Jacquette de la Bouexière légua à la collégiale 1300 livres pour donner une mission tous les dix ans (Archives de Loire-Inférieure, G 301). 

Les dîmes étaient levées primitivement en nature, mais ce système fut peu à peu abandonné, et au XVIIIème siècle la seule dîme en nature qui était encore perçue par le chapitre était celle du sel. Les autres dîmes furent baillées à ferme. Dès 1590, les dîmes des paroisses de Mesquer et de Saint-Molf furent affermées pour 84 écus (Archives de Loire-Inférieure, G 306). Le fermage de la dîme alla toujours en augmentant : en 1614, le prix de ferme était de 810 livres seulement ; en 1701, il atteignit 6500 et alla toujours en grossissant jusqu'à la Révolution (Archives de Loire-Inférieure, G 306). 

Le fermage des dîmes était perçu par un receveur du temporel qui remettait annuellement ses comptes au chapitre (Archives de Loire-Inférieure, G 299). 

Par contre le chapitre avait certaines obligations. Outre l'obéissance féodale qu'il devait au Roi, il fut soumis de la part de la papauté à des redevances pécuniaires en plusieurs circonstances. Pendant le Grand Schisme, les papes l'imposèrent de 99 livres pour la période de 1382 à 1398, et chacun des chanoines fut soumis à un impôt annuel de 15 livres « pro fructibus prebende » (De Lesquen et Mollat, op. cit.).

 

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CHAPITRE V

 Prévôts et Chanoines de la Collégiale.

Le chapitre de Saint-Aubin était composé de quatorze chanoines — douze à partir du XVIIème siècle — dont l'un portait le titre de prévôt depuis le fin du XIIIème siècle. Les insignes des chanoines étaient le camail blanc ou la cappa de même couleur. Le prévôt portait en plus unes croix d'or émaillée de blanc avec les armes de la Collégiale : De gueules au Saint-Aubin crossé et mitré d'or, tenant de dextre un écusson losangé d'argent et de gueules, et avait dans les grandes cérémonies la crosse et la mitre. Il serait intéressant de rétablir la liste des prévôts depuis la création de l'institution, malheureusement le manque de documents antérieurs au XVème siècle ne le permet pas. La liste suivante que nous ne garantissons pas complète est empruntée en partie à l'abbé Grégoire (Note : La Collégiale de Saint-Aubin de Guérande. — M. Grégoire n'indique pas les sources où il a puisé ses renseignements ; nous lui empruntons les noms que nous ne faisons suivre d'aucune annotation), en partie aux renseignements que nous avons trouvés. La date qui précède chaque nom n'est pas toujours celle de la nomination du prévôt, mais celle à laquelle on le trouve le plus anciennement dans les textes. PREVOTS : - 1398. Jean de Keroulay (De Lesquen et Mollat, op. cit.).  - 1405. Jean de Frenays. - 1437. Denys Eveillard. - 1444. Alain de Quélen (D. Morice, Preuves II, 1568. Député du chapitre. aux Etats de Vannes). - 1467. J. Picoteau. - 1472. Alain Kerguizeau (D. Morice Preuves III, 237. Député du chapitre à l'assemblée des vassaux de l'évêché de Nante en 1472). - 1515. J. Loysel. - 1524. De Saffré. - 1537. Guy Drouillart (Le Mené, L'Abbaye de Prières, in Bulletin Société Polymathique du Morbihan, 1903, p. 20. — Abbé commendataire de Prières en 1537, décédé en 1553). - 1591. Jean Chartier (Archives d'Ille-et-Vilaine. C 3190). - 1593. Jacques Legouars. - 1596. Laurent Letiers. - 1596. Denys Lavoyon. - 1602. Louis de la Bourdonnays (il devint évêque de Léon). - 1602. René de Kermeno. - 1606. Félix Ricordel. - 1620. Jean Séguin (Archives de Mesquer, GG 1 f° 1. Docteur en théologie de la Faculté de Paris. Grégoire le place à la date de 1605). - 1639. Jacques Kervisio. - 1645. Jean Ricordel (Archives Loire-Inférieure E 1480. Grégoire le place à la date de 1643). - 1647. Alain de la Tullaye. - 1650. Jean de Kermeno (Archives d'Ille-et-Vilaine, H 106). - 1660. Sébastien de Guémadeuc (Guillotin de Corson, Pouillé de l'archevêché de Rennes, I, 605. - Archidiacre du Désert, aumônier d'Anne d'Autriche, évêque de Laveur en 1670, de Saint-Malo en 1671, décédé en 1702). - 1676. Després. - 1686. Claude Bazin de Bizon. - 1709. Nicolas Cosnier de la Botinière (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 2397-2398. Licencié in utroque jure. Mort prévôt en 1724). - 1726. René de Kermeno (Archives de Loire-Inférieure,. G 297). - 1731. De Chabestan (Il ne reçut pas l'Institution canonique - Archives de Loire-Inférieure, E, 1508). - 1731. René Loysel. - 1743. De Chabestan (Il est cette fois régulièrement investi de sa dignité - Archive de Loire-Inférieure, C 175). - 1772. D'Andigné (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1772). - 1777. De Sennemont (Il fut institué par le pape en 1777, et par le roi en 1778 - Archives du Palais de Justice de Rennes, B 46 f° 70). - 1784. Pierre Loizeau de la Sauve (Vicaire général de Châlons, prieur de Gaël en 1788), dernier prévôt. 

Cette liste est suffisante pour montrer que les prévôts de Guérande appartenaient aux plus illustres familles ; plusieurs d'entre eux ne quittèrent la collégiale que pour monter sur un siège épiscopal. Le prévôt de la Collégiale ne remplissait pas les fonctions de curé de Saint-Aubin ; cette charge était exercée par l'un des chanoine, le théologal, mais souvent les autres chanoines tentèrent de s'ingérer dans les affaires de la cure, car au commencement du XVIIème siècle le théologal Maillard dut faire faire sommation à ses collègues du chapitre de le laisser seul gouverner sa cure (Archives de Loire-Inférieure, G 298). 

Nous n'avons qu'une liste des plus incomplètes des curés de Saint-Aubin : - 1591. Guillaume Maillard (Archives du Palais de Justice de Rennes, Minutes du Parlement de la Ligue, n° 140). - XVIIème siècle. Pierre Blanche (Archives de Loire-Inférieure, G 301). - 1716. Nicolon (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 2398). - XVIIIème siècle. Charles Cady de Pradroy (Archives de Loire-Inférieure, C 175). - 1760. De Kerpoisson, dernier théologal.

CHANOINES. Il serait chimérique de vouloir retrouver le nom de tous les chanoines depuis le IXème siècle. Les quelques noms connus jusqu'à la fin du XVIème siècle sont les suivants : - 1157. Guillaume et Daniel (Archives du Maine-et-Loire, H, et P. Marchegay, dans Bulletin Société Archéologique de Nantes, 1869, p. 168). - Entre 1380 et 1400 : Pierre Le Bechays ; Raoul Eder ; Guillaume Eder ; Jean Maugendre ; Jean Berthou, secrétaire de Jean V ; Jean Hurel ; Henri « de Ortis » ; Pierre Guiton ; Guillaume Salmo ; Jacques de Pont-l'Abbé ; Gacien de Monceaux, évêque de Quimper en 1488 ; Guillaume Richard ; Yves Le Corroleur ; Yves de Montallais ; Bernard du Peyron ; Jean « de Curia » (Voir De Lesquen et Mollat, op. cit.). En 1450 : Ollivier d'Aprillac ; Jacques de Tréguz ; Jean Lescaval ; Gilles Magner ; Pierre Delisle ; Théobald de Callac (Archives d'Ille-et-Vilaine, H 106). Vers 1495, Jacques Clatte, docteur en droit, vice-chancelier de l'Université de Nantes, conseiller de la reine (G. de Corson, op. cit., V, 338). 1506. Guyon de Quilfistre (Archives de Loire-Inférieure, B 16 f° 91 - Registre de la Chancellerie). 1556. Louis Berthou (Archives du Palais de Justice de Rennes, B 45, f° 41). 1573. 0llivier Guillemot (Archives de Loire-Inférieure, H 162). 1591. Julien Madec ; Félix Ricardel ; Jean Chailli ; Jacques Perruchot (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 3190). 

La plupart du temps les prévôts et les chanoines ne résidaient pas à Guérande. Titulaires presque toujours de bénéfices plus importants, ils passaient leur vie loin de la Collégiales. En 1591 sur quatorze chanoines, cinq seulement résidaient à. Guérande (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 3190).

 

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Documents

Droits du Chapitre, 1475 (Bibliothèque Nationale, ms. fr. 22.319). 

Vetus instrumentum anni MCCCCLXXV pluribus in locis lacerum, in quo jura Collegiatae. S. Albini de Guerrandia continentur (Note : Le document dont il est ici question est conservé aux Archives de la Loire-Inférieure, G 297. L'état de ce parchemin ne permettant de le reproduire qu'avec de grandes lacunes, nous croyons préférable d'en donner ce résumé conservé à la Bibliothèque nationale) 

Ecclesiam esse omnibus praeeminentiis et nobilitatibus illustrem, collationis beneficiorum jus habere. 

Episcopum namnetensem dimidia parte decimarum territorii Guerrandiae frui, praepositum et capitulum altera.

Episcopum in urbe Guerrandiae officialem, promotorem, commissarium, etc. ab officialatu namnetensi independentes. 

Episcopum namnetensem teneri et juvare ad praeeminentias eclesiae et capituli custodiendas et manu tenendas. 

Dictam ecclesiam nusquam visitari nisi per episcopum vel archepiscopum turonensem, et non per alios neque per vicarios nec quoslibet. 

Episcopum ingressum solemnem in dicta civitate facere, specialiter post Namnetas.

 

Déclarations des droits du Chapitre, 1679 (Archives de Loire-Inférieure, G 297). 

..... Déclarent les dits sieurs chanoines que leur église et chapitre sont de fondation royale, faicte par Sainct Salomon roy et duc de Bretagne en l'année..., et ne recognoistre autre que le Roy pour seigneur fondateur sans qu'aucunes personnes ayant droit d'y mettre armoiryes, tombes, enfeus ni bancs particuliers, et que la dite Eglise a tousiours esté le second siège épiscopal du diocèze, et que c'est pour cette raison et autre qu'ils ont droit de prendre la première séance, le premier pas. et les premiers suffrages dans tous les synodes et assemblées générales et particulières du clergé du dit diocèze de Nantes, immédiatement après les chanoines de l'Eglize cathédrale de Saint-Pierre, ainsi qu'il a esté jugé par arrest de la Cour du Parlement de cette Province, et que leur chapitre est composé de douze chanoines dont l'un est prévost. Des douze chanoines il y en a trois titrés de trois cures, sçavoir : le chanoine théologal de la cure de Saint-Aubin, un autre de la cure de Nostre-Dame, et l'autre de celle de Sainct-Michel. ............ Ont les dits chanoines ; le droit de nommer un précepteur pour l'instruction de la jeunesse, conjoinctement avec le seigneur Evesque de Nantes et les paroissiens du dit Guerrande. Ont encore les dits sieurs chanoines seuls le droit d'establir un maistre de Psallette.......... Déclarent les dits sieurs chanoines avoir et posséder de tout temps immémorial une juridiction quasy épiscopalle, d'autant qu'ils ont droit de prendre cognoissance de tous les testaments, de recevoir toutes les fondations qui se font dans tout le territoire du dit Guerrande, qu'ils décrettent et érigent en tiltre de béneffices perpétuels, délivrent touttes provisions, collations de touttes chapelennyes, pourvoient à tous les offices et béneffices. La dite église collégiale de Sainct-Aubin estant l'églize matrice du territoire de Guerrande, est en droit d'avoir un grand vicaire, un official, et un promoteur résidants dans la ville du dit Gerrande. Lesdits chanoines sont en possession de ne recevoir de visite des seigneurs et évesques de Nantes qu'une fois seulement pendant le pontificat d'un chacun d'eux........

 

Composition du Chapitre, 1726 (Archives de Loire-Inférieure, G 297).

Déclaration que donnent à N.N.S.S. de l'assemblée générale du clergé de France qui sera tenue en 1730, les nobles prévôt et chanoines de l'Eglise de Guérande. ... Le chapitre se trouve composé d'un seul dignitaire, appellé le Prévost, qui avec la. dignité est indivisement chanoine ; douze autres chanoines, de deux prébandes canonialles attachées l'une à la Psalette et l'autre à. la régence publique, de quatre enfants de choeur, d'hebdomadiers, d'un sacrite, d'un souchantre d'un diacre, d'un sous-diacre et de quelques autres supports choristes et psalteurs en hombre non déterminé. Le chapitre prétend estre en droit et possession d'élire leur prévost ; dans le cas de vacance, les onze autres canonicats tombent à l'ordinaire du pape et de l'évesque dans chacuns leurs mois lorsqu'ils viennent à vaquer, et sont toutes fois réségnables et permétuables à la volonté des titulaires vivants. La prébande de la régence se donne concurrement par le seigneur Evesque, le chapitre et le général de la paroisse en est amoville de trois ans en trois ans. La prébande de la psalette est à la disposition du chapitre seul et à toujours mutable. La sacristie est à la nomination du chapitre et du général de la paroisse, ensemble, et ne se donne que par ferme de trois années. Et enfin lesdits autres officiers et choristes sont amovibles et à la seule disposition du chapitre. Ainsi signé : R. de Kermeno, prévost de Guerrande ; Radigues, et J. Guilloré, chanoine sindic.

 

Arrêt du Conseil du Roi et Lettres Patentes, 1771 [Extrait des Registres du Conseil d'Etat ; — enregistré au Parlement de Bretagne le 5 novembre 1771 (Archives du Palais de Justice de Rennes, B 45, fa 41 et sq.)].

Sur la requête présentée au Roy étant en son conseil par les prévôt, chanoines et chapitre de l'église royale, collégiale et paroissiale de Saint-Aubin de Guérande... contenant que c'est avec la plus grande confiance qu'ils ont recours au l'authorité de S. M., et à la protection spéciale qu'elle a bien voulu accorder dans toutes tems aux églises cathédrales et Collégiales de son royaume, toutes les fois que sous prétexte de certains défauts de formalités dans les unions anciennement faites à ces églises de bénéfices dans des tems où ces sortes de formalités étoient absolument inconnues des impétrans à différens titres, cherchoient à en dépouiller les chapitres et obtenoient en Cour de Rome des provisions de ces mêmes bénéfices. Le chapitre de saint Aubin de Guerrande se trouve dans le même cas, étant sur le point de se voir enlever six chapellenies de son église, dont trois sont actuellement attaquées, et les trois autres auroient bientôt le même sort si S. M. n'avoit la bonté d'imposer silence aux impétrans et de maintenir le chapitre dans la possession où il a toujours été de présenter aux bénéfices dont il s'agit. 

Les bénéfices du chapitre de Guerrande, l'histoire de la Province de Bretagne, et la tradition la plus constante et la mieux soutenue, concourent à établir l'ancienneté de cette église dont la fondation remonte au VIIIème siècle, et fut faite par Salomon dernier du nom, roi de Bretagne, auquel nos rois ont succédé ; en sorte que l'église de Guerrande doit être regardée comme de fondation royale et jouir des privilèges attachés à ce titre. Elle était desjà vers l'année 850 le siège d'un évêque, suivant le P. Toussaint de Saint-Luc, carme, dans ses Mémoires sur le Clergé de Bretagne. Ghislard siège en l'année 862 et y vient jusque en l'année 899. 

Les limites de cet ancien diocèse qui comprenait entr'autres ce qu'on appelle l'archidiaconé de la Mée, sont fixés par une charte conservée .dans les Archives de l'Eglise de Nantes et rapportée par Dom Lobineau dans les Preuves de son Histoire de Bretagne. Il n'y a pas encore un siècle que le palais épiscopal construit et habité par les anciens évêques de Guerrande, y subsistait. Le chapitre conserve un procès-verbal fait en l'année 1680, qui constate son existence et sa démolition ; il fut procédé en cette même année à la requête de M. de Beauvau, lors évêque de Nantes ; mais la rue dans laquelle ce palais était situé conservé le nom de rue de l'Evesché. 

Une preuve incontestable que l'église de Guerrande a été le siège épiscopal, c'est que l'évêque de Nantes actuel a ses réguaires francs à Guerrande comme à Nantes. Indépendamment de ces preuves, cette église jusque dans son architecture ne laisse aucun lieu de douter qu'elle n'ait été cathédrale : des crosses et des mitres en relief qu'on y voit sur les murailles, des évêques peints sur les vitres, et surtout une chaire épiscopale en pierre, pratiquée dans l'épaisseur des murs d'une des tours du frontispice, attributs distinctifs des seules églises cathédrales rendent ce fait d'autant plus incontestable, que tous les auteurs conviennent que les églises cathédrales ne sont ainsi dénommées que ex cathedra episcopi. 

De la distinction que cette église a obtenue toujours sur toutes les autres collégiales de la Province, de prendre place immédiatement après la cathédrale aux sinodes et assemblées générales et particulières du clergé de ce diocèse, à l'exclusion de toute autre église collégiale, ainsi qu'il a été jugé par arrest du Parlement de Bretagne en faveur du chapitre de Guerrande, entre les. chanoines de l'église collégiale de Nantes, arrest qui se trouve visé dans la sentence de la réformation du domaine de l'année 1681 ....... ; le droit qu'avait le chapitre d'assister par députés aux Etats de la Province, droit attesté par Taillandier, dans son Histoire de Bretagne, édition de Paris, 1756, tome II, page 43 ; et enfin la qualité qu'elle a toujours conservée de second siège épiscopal de Nantes, et qu'elle a pris surtout dans un aveu rendu au Roi par le chapitre le 29 mai 1697. Dépendamment de plusieurs droits et privilèges propres des églises cathédrales dont elle a toujours joui depuis la réunion au diocèse de. Nantes, tels que le droit d'avoir des grands vicaires, il a pareillement le droit de nommer les régens au collège de Guerrande ; mais de tous les privilèges dont jouit le chapitre, le plus flatteur, sans doute, et le plus avantageux pour lui, est d'estre le collateur ordinaire de tous les bénéfices simples du territoire, au nombre de plus de 200, droit quasi épiscopal qui ne lui a jamais été constaté, et dans les cas même dû et a cru devoir refuser des visas, ç'a toujours été par devant l'archevêque de Tours, comme métropolitain, et non par devant l'évêque diocésain. qu'on s'est pourvu pour les obtenir. 

Ce chapitre enfin, après avoir été recteur en exercice de la parroisse de Guerrande jusques en l'année 1683, a toujours conservé depuis le droit de nommer un vicaire perpétuel qui exerce les fonctions curiales dans cette parroisse, la seconde du diocèse par sa vaste étendue et la qualité et le nombre de ses habitants qui est d'environ 18 000.

Le chapitre de Guerrande anciennement composé de 14 chanoines, est réduit aujourd'hui à 12, les deux autres prébendes ayant été annexées l'une à l'instruction gratuite de la jeunesse dans le collège de cette ville dont le Principal est à la nomination du chapitre, l'autre à l'entretien de la Psalette ou bas-choeur, indispensablement nécessaire pour maintenir dans cette église la désence du service divin et le bel ordre des cérémonies qui s'y sont toujours observées, et qui y seroient impraticables sans un bas-choeur, attendu le petit nombre de chanoines qui peuvent rarement se trouver tous ensemble au choeur, soit à raison d'infirmités pour les vieillards et les malades, d'études pour les prébendés clercs, d'occupations extérieures relatives à l'administration du temporel du chapitre, du travail enfin qu'exigent les fonctions de la prédication dont le théologal est chargé. Cependant l'unique fonds destiné au soutien de ce bas-choeur ne consiste qu'en 6 chapelenies ou servitoreries, de tous tems affectées à cet objet. Ce fonds seroit même très insuffisant si la générosité du chapitre et son zèle pour la dignité au service divin n'y avoit d'ailleurs supplée ; mais malgré leurs efforts les suppliants auront la douleur de voir annéantir leur bas-choeur si S. M. n'enterpose son autorité pour réprimer l'avidité des impétrants dont les entreprises ne tendent à rien moins qu'à le dépouiller. Ces six chapelenies sont celles de Sainte-Catherine, de la Magdeleine, de Saint-Louis, de la Trinité, de Saint-Gatien et de Saint-Jean. 

Des six, celle de Sainte-Catherine a desjà été enlevée au bas-choeur et ce pourvu a été maintenu en possession par arrest du 9 juin 1768. Les cinq autres ont été impétrées en cour de Rome ; les impétrants en ont pris possession et attendent une décision pour attaquer le chapitre... Les suppliants observeront à S. M. que la chapelenie de Saint-Gatien a été de tous tems affectée à l'entretien d'un joueur de serpent, d'où lui est même venue la dénomination de Serpenterie ; cette destination première se trouve constatée par un grand nombre de collationnés fort anciens que le chapitre en a fait avant son union. Un chanoine de cette église s'en étant fait pourvoir en 1689 sur résignation en cour de Rome, le chapitre lui refusa la collation, maintint en possession le choriste qu'il en avoit pourvu, et ce chanoine après plusieurs procédures contradictoires dont il reconnut le peu de succès, se désista de son injuste prétention par acte passé devant notaire... Le chapitre jugea à propos de la faire de nouveau réunir à sa manse en 1738 avec les chapellenies de la Magdeleine, de la Trinité et de Saint-Louis, par un décret rendu par le sr évêque de Nantes le 22 février 1738 et confirmé le, 13 février 1763 par un nouveau décret du sr évêque de Nantes actuel, décret qui a depuis été revêtu de Lettres-patentes accordées par S. M. au mois de juillet suivant, et enregistrées au Parlement de Bretagne le 17 novembre de la même année... Le chapitre n'auroit pas dû s'attendre à se voir aujourd'hui troubler dans la possession de cette chapellenie par le sieur Artur, prêtre sacriste, et en cette qualité, choriste de cette église, lequel en a pris possession au mois d'août 1769 et a fait arrester en conséquence tous les revenus qui a mis les suppliants dans la nécessité d'en faire autant de leur côté pour le maintien de leurs droits, et a donné lieu à une instance pendante actuellement au Présidial de Nantes. 

Ce n'est pas avec plus de fondement en justice que le sr François Mercier, prestre vicaire au diocèse de Nantes a, sur des provisions par lui surprises en cour de Rome, pris possession de la chapellenie de Saint-Jean, ce qui a également donné lieu à une instance pendante au Présidial de Nantes. Il est hors de doute que depuis 140 ans au moins, ce bénéfice a toujours été appliqué à la subsistance du bas-choeur. Sa première destination était, à la vérité, pour l'entretien d'un choriste. En l'année 1556 le chapitre l'avoit conféré, sur la présentation de l'ancien chanoine, au sieur Louis Bertou, prestre choriste de cette église, et il a été aussi donné successivement en titre aux choristes pour le service du choeur jusques aux années 1629 et 1630, tems auquel le chapitre fit unir cette chapellenie au bas-chœur qui n'avoit pas à beaucoup près des revenus suffisans pour son entretien. Il y eut deux décrets rendus sur cette union, le premier par un vicaire général et en même tems archidiacre et official de l'évêque ; le second en ratification du premier, par l'évêque lui-même ; l'on y a observé toutes les formalités hors usitées. Le grand vicaire avoit le pouvoir d'unir les bénéfices, et le chapitre seul présentateur et collateur y étoit aussi seul intéressé....  

A l'égard de la chapellenie de Sainte-Catherine qui a été la première attaquée comme la meilleure des trois, il n'est pas douteux qu'elle étoit appliquée à l'entretien d'un choriste avant l'union qui en fut faite à la sous-chantrerie en l'année 1627, ce qui n'a pas empesché le sieur Augustin Le Mercier, oncle de celui dont il a été parlé plus haut, et cy-devant enfant de choeur et ensuite pendant 28 ans sous-diacre et diacre d'office de l'église de Guerrande de se faire pourvoir au mois de décembre de l'année 1767 de cette chapellenie dans laquelle il a été maintenu par arrêt du 9 juin de l'année suivante, arrêt qui ayant eu jusques ici sa pleine et entière exécution, ne permit pas aux suppliants d'espérer de rentrer en jouissance de cette chapellenie avant le décès du titulaire actuel....

Pour ce qui est des trois autres chapellenies de la Mgdeleine, de Saint-Louis et de la Trinité, destinées, une à l'entretien d'un diacre d'office, et les deux autres pour un sous-diacre, elles ont été impétrées par les sieurs Jaim et David, qui n'ont point, à la vérité, fait notifier au chapitre leurs provisions ny fait arrester les revenus des chapellenies comme l'ont fait les sieurs Artur et Mercier ; mais il n'en est pas moins vrai qu'ils n'attendent que le succès des premiers impétrans pour traduire pareillement les suppliants au Présidial de Nantes et jouir des provisions par eux surprises... Avant les unions qui en ont été faites, les unes et les autres ont été constamment à la collation du chapitre : c'étoit le plus ancien des chanoines qui y présentait au nom du chapitre ; elles ont été de tout tems appliquées au service au choeur, et leur fondation est si ancienne qu'il serait impossible aux supplians d'eu fixer l'époque et d'en rapporter les actes. Tout ce qu'ils peuvent dire à cet égard, c'est qu'il y a tout lieu de présumer la fondation des chapellenies, et leur destination est aussi ancienne que la création même du chapitre qui n'a pu estre fondé sans un bas-choeur, et qui n'a jamais eu pour le soutenir d'autres fonds que ces chapellenies. Il est tout au moins évident que ces bénéfices lui appartenoient avant la création d'un prévôt faite en l'année 1295. Il est sensible que comme seul dignitaire de cette église., le chapitre lui eut déféré la présentation de ces chapellenies si le plus ancien des chanoines résidents n'eut été déjà en possession de ce droit lorsque la prévosté fut établie ; le chapitre lui-même avant leurs unions ne les appellait pas autrement en les conférant que notre chapellenie, nostra capellania, ainsi qu'on le voit par une supplique présentée par le chapitre en l'année 1627 pour demander l'union de la chapellenie de Sainte-Catherine. Cette supplique énonce d'ailleurs clairement que ces bénéfices ont toujours été destinés aux officiers du bas-choeur dont elles forment l'unique revenu. Si le chapitre, en vue d'un plus grand bien s'est vu dans la suitte obligé de les faire unir, ce n'a été que pour obvier aux abus. En effet, comme avant ces unions, ces chapellenies étoient données en titre de bénéfice aux choristes, ceux-ci abusoient de l'espèce de stabilité que leur donnoit leur titre pour s'absenter du choeur et se rendre indépendants, ce qui tournoit au préjudice au service divin et estoit contraire à l'esprist primitif de la fondation desdits bénéfices. 

....... Une considération plus puissante encore se tire des engagements contractés par le chapitre avec la parroisse, à laquelle ils, se sont obligés par des transactions, de fournir pour l'office parroissial 4 chantres au lutrin, 4 enfants de choeur, et deux officiers pour assister le célébrant à l'autel. Le chapitre ne pouvoir prévoir alors que les chapellenies qui forment l'unique revenu de leur bas-choeur, lui seroient un jour contestées, et qu'il seroit conséquemment hors d'état de satisfaire à ses obligations envers les habitans.....

 

Lettres patentes en faveur du chapitre (Archives du Palais de Justice de Rennes, B 45, f° 42).

Louis, etc...... A ces causes...., ordonnons qu'à compter de la datte dudit arrêt, le chapitre de Saint-Aubin de Guérande jouira des avantages que nous avons accordés aux églises cathédrales et cures par notre déclaration du 1er décembre 1769, et ce dans toutes les demandes qui auroient été formées depuis laditte époque où pourroient l'être à l'avenir, au préjudice des dispositions de laditte déclaration.....

Donné à Compiègne, le 16ème jour du mois d'août, l'an de grâce 1771, et de notre règne le 50. — Signé : Louis ; et plus bas, par le Roy, Phelipeaux — Scellé du grand sceau de cire jaune à simple queue. 

H. Quilgars

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