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Guérande : les personnes, les terres, le commerce et l'agriculture

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LES PAYSANS.

Notre éducation et nos moeurs nous font voir souvent, sous un jour tout à fait inexact, ce qu'étaient les paysans d'autrefois. Dans notre pays guérandais, leur condition n'a jamais été trop mauvaise, et, si on laisse passer le moyen-âge, où les guerres continuelles ont été la source d'inévitables misères dans les régions les plus riches, le XVIème siècle inaugura une véritable ère de prospérité. A partir du XVIIème siècle notamment, la propriété paysanne s'est considérablement accrue ; dans la seconde moitié de ce siècle, elle englobait les deux cinquièmes des terres, ce qui était énorme. Au siècle suivant, les paysans continuèrent à acheter des terres, et, en 1789, de l'aveu même des cultivateurs, ceux-ci possédaient les deux tiers du pays. Les paysans jouissaient donc d'une aisance incontestable. Ceux d'entre eux qui ne trouvaient pas de terre à acquérir achetaient des marais salants, propriété extrêmement prisée autrefois.

LES PALUDIERS.

Les paludiers étaient mieux partagés que les cultivateurs, bien que la récolte des salines fût beaucoup plus fragile que celle de la terre, et il n'en était guère parmi eux qui ne possédât quelques oeillets de marais salants ; il y en avait même qui achetaient des fiefs. Leur principale ressource provenait de la troque du sel contre les grains.

L'ASSOCIATION.

L'association était, au moyen-âge, l'un des fondements de la société bretonne. La paroisse, division officielle, fut d'abord une société fondée autour d'une église, sous la protection d'un saint. Et lorsque la paroisse se fut étendue, elle se fractionna elle-même en associations appelées frairies. Au moyen-âge, il y avait, dans la paroisse de Guérande, en dehors de la ville, six frairies, dont les centres étaient à Quéniquen, Saillé, Trescalan, Careil, Clis et Congor ; dans les temps modernes, huit autres frairies furent constituées : celles de Bogat, Lessac, Lévéno, Poissevin, Miroux, Savenac, Mouzac et Coëtpéan. Et, dans la paroisse, dans les frairies, il se forma même d'autres associations qui s'appelaient confréries, réunissant, pour un objet commun, les membres qui en faisaient partie. La plus illustre de ces confréries fut celle de Saint-Nicolas, vénérable par son antiquité, qui, à la fin du XIVème siècle, comptait parmi ses membres tout ce que la Bretagne avait d'illustre, le connétable Olivier de Clisson, l'amiral Bouchart, le trésorier-général Ferron, et beaucoup d'autres. Le siège de cette confrérie était dans une maison de la rue Saint-Michel, près du château ; elle disparut en 1751.

Quant aux artisans, ils étaient réunis en corporations, mais, bien que Guérande eût compté dans le commerce et dans les arts de grands artistes, les corporations furent peu nombreuses et généralement pauvres. Il faut remarquer, en effet, que, pour la Bretagne, l'association était surtout un lien religieux, et quand il s'agissait d'affaires commerciales ou industrielles, le caractère individualiste de la race reprenait le dessus.

L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

Dès la fin du moyen-âge, et peut-être antérieurement, la ville de Guérande fut en mesure d'assurer à ses enfants l'enseignement gratuit, grâce à l'initiative du clergé et particulièrement du Chapitre de la Collégiale Saint-Aubin. Cet enseignement, réduit primitivement aux notions les plus élémentaires, se développa principalement à partir du XVIème siècle.

Au moment de la Révolution, la ville comptait les écoles suivantes : 1° pour les garçons : plusieurs petites écoles gratuites (correspondant à l'enseignement primaire actuel), dirigées par des particuliers ou placées sous le patronage du Chapitre et entretenues à ses frais ; un collège — la Régence, — entretenu par le Chapitre ; une institution dirigée par les Dominicains du monastère Saint-Yves, à Bizienne (enseignement supérieur) ; et enfin des cours spéciaux professionnels d'agriculture et d'industries locales donnés dans les Hospices. 2° pour les filles : l'établissement de la Porte-Calon, au faubourg Saint-Michel, dirigée par les Ursulines, et comprenant une petite école gratuite à l'usage des enfants pauvres, et un collège (enseignement secondaire) pour les filles des familles fortunées.

La situation de la ville, au point de vue intellectuel, était donc aussi florissante que possible : pauvres et riches pouvaient, suivant leurs moyens et condition, acquérir sur place, gratuitement ou à peu de frais, toute l'instruction désirable. Enfin, la Communauté de ville s'imposait facilement des sacrifices pour fournir aux enfants pauvres les moyens de suivre les cours des Universités et des écoles spéciales, en payant des deniers communs la pension de ces étudiants.

Dans les campagnes, l'instruction était moins avancée, et, dans les paroisses maritimes, la langue bretonne était en usage ; elle l'est même demeurée jusqu'à la fin du XXème siècle dans les environs de Batz. Cette langue fut consacrée par la composition populaire des poèmes locaux très remarquables, dont quelques-uns sont parvenus jusqu'à nous.

L'ASSISTANCE PUBLIQUE.

Dès le IXème siècle, Guérande était en possession d'un Hôpital ; mais, dans la suite, les établissements d'assistance se multiplièrent. L'Hôpital Saint-Jean ou Hôtel-Dieu, dont les bâtiments sont, fin XXème siècle, transformés en école publique, et qui remplaça peut-être le précédent, existait dès le XIIIème siècle ; il avait en annexe une aumônerie ou maladrerie, où étaient soignées les personnes atteintes de maladies contagieuses, notamment les caqueux ou lépreux. L'Hôpital général, fondé en 1688 et établi au faubourg Saint-Michel, dans le manoir de l'Arloc, était surtout un établissement destiné aux vieillards, aux orphelins et aux enfants trouvés et abandonnés. A cet établissement était annexé un bureau de charité, dont les membres visitaient les pauvres à domicile et leur distribuaient des secours.

L'AGRICULTURE. - DÉFRICHEMENT DU PAYS.

Les terres vagues et incultes étaient, au moyen-âge, fort nombreuses. Ce fut le duc Jean V qui tenta le premier de les mettre en rapport en les concédant pour des minimes redevances. Les seigneurs imitèrent son exemple, et les bourgeois et paysans, qui possédaient quelques avances, acquirent ces domaines improductifs, les transformèrent en labour, en salines, en métairies. Les ducs et les rois les encourageaient, du reste, en dégrevant d'impôts les défricheurs.

LA CULTURE DES CÉRÉALES.

La culture des céréales se faisait dans la partie nord de la paroisse de Guérande : on y cultivait le seigle et l'avoine : jusqu'au XVIème siècle, le froment était considéré comme un luxe, et, si sa culture s'étendit peu à peu, celle du seigle resta, jusqu'à la Révolution, la plus importante. Les fèves, les haricots, les pois et les lentilles formaient, avec les céréales, la principale culture ; la pomme de terre n'apparut que fort peu de temps avant la Révolution.

Dans tout le pays, les terres n'étaient ensemencées qu'une année sur deux.

L'ÉLEVAGE.

L'élevage était très répandu. Beaucoup de gens faisaient fructifier leur argent en constituant des cheptels à microît, c'est-à-dire qu'ils achetaient des vaches ou des brebis, les confiaient à des fermiers et partageaient avec eux leurs produits.

LA VIGNE.

L'introduction de la vigne dans notre pays est sans doute due aux Romains. Sa culture prit aussitôt une grande extension, et, dès le IXème siècle, il existait autour de Guérande un vignoble renommé ; les grands clos furent plus tard ceux de Saint-Aubin, de la Motte et du Marsillé.

La majeure partie des vignes appartenait au clergé et aux seigneurs ; le tiers était possédé par des bourgeois et des paysans.

Dès le XIVème siècle, on cultivait le plant d'Aunis, qui donnait un vin blanc dont la réputation était grande ; on l'appelait plus communément le vin breton. Plus tard, on cultiva le gros-plant ou plant nantais qui donnait un vin généralement peu apprécié. Dès le XVème siècle, et sans doute aussi auparavant, on récoltait aussi du vin rouge.

La culture de la vigne vit arriver sa décadence avec le XVIIIème siècle. A ce moment les vignes étaient épuisées et ne produisaient plus ; les frais de culture, joints aux impôts, en surpassaient parfois le produit : aussi les abandonna-t-on, ce qui créa des misères parmi les cultivateurs. Le gouvernement de l'Intendance de Bretagne fit alors des efforts pour reconstituer le vignoble guérandais, mais il ne réussit pas dans cette entreprise.

L'INDUSTRIE SALICOLE.

L'industrie salicole faisait vivre la moitié du pays de Guérande : créée par les indigènes de l'époque préhistorique, qui produisaient le sel en faisant évaporer l'eau de mer dans de petits vases, elle fut transformée par les Romains, qui établirent de véritables salines pavées de briques, et perfectionnée par les Bretons qui substituèrent aux briques romaines l'argile naturelle du bassin salicole ; c'est donc à ces derniers que l'on doit cette industrie telle qu'elle existe aujourd'hui. Avant l'an mille, les moines des abbayes, et surtout ceux de Saint-Sauveur de Redon, furent les principaux créateurs des salines. Plus tard les ducs de Bretagne, notamment Jean V, firent de grands efforts pour les multiplier ; jusqu'à l'époque de la Révolution, le bassin salicole ne cessa de s'agrandir.

Le sel était l'objet d'un commerce très étendu ; les paludiers le transportaient au loin, en bateau ou à dos de mulets, et ils le troquaient contre des grains.

TISSAGE.

Une industrie très répandue dans la campagne, sinon très prospère, était celle du tissage. C'était une industrie familiale qui, en dehors du chef de famille et de ses enfants, n'occupait aucun ouvrier. Ordinairement les sergers se transmettaient leur métier de père en fils ; mais le manque de mesure dans la confection des toiles dites basins de Guérande, fut toujours le grand obstacle à l'écoulement de ces produits, qui n'étaient guère utilisés que sur place.

LA NAVIGATION.

La navigation fut, de tout temps, l'une des grandes sources de richesses du pays guérandais. Beaucoup de nos compatriotes se livraient au commerce maritime ou à la pêche. Au XVème siècle principalement, les mers étaient sillonnées par de véritables escadres de navires qui portaient glorieusement le nom de Guérande joint à celui de leur saint patron : on les trouvait en Angleterre, en Espagne, au Portugal, dans les Pays-Bas, dans les ports allemands, en Suède et en Norvège, et jusque sur les côtes du Maroc, les uns chargés de sel ou de vin, les autres de poisson, d'autres allant acheter des produits exotiques, de l'huile, des peaux, des métaux, des étoffes ou du papier.

La bravoure et la vaillance de leurs équipages étaient fort renommées, et ceux-ci inspiraient partout le respect, et à leurs ennemis la crainte, lorsque la nécessité de la guerre transformait en navires de combat les barques de pêche.

Cette grande prospérité ne survécut guère au moyen-âge.

LA PÊCHE.

Les armateurs guérandais pratiquaient aussi la pêche, non pas comme maintenant la pêche côtière, mais la grande pêche sur les côtes de Terre-Neuve, d'où les barques rapportaient en moyenne chaque saison 5.000 morues. Cette pêche tomba au XVIIème siècle, et fut remplacée peu après par la pêche de la sardine, dont se désintéressèrent la plupart des marins guérandais.

En dehors de ces principales industries, il y en avait beaucoup d'autres qui se greffaient sur l'agriculture, les transports et le commerce maritime : les Guérandais avaient appris à produire sur place tout ce dont ils avaient besoin, et pour cela ils avaient organisé une foule de petits métiers.

FOIRES ET MARCHÉS.

Les principales transactions se faisaient au moment des foires.

L'institution des foires est très ancienne à Guérande : dès le IXème siècle, il s'en tenait une en ville sur la place Saint-Aubin, devant l'église, et une autre à la Pierre de Congor. En 1405, Jean V en fonda une en faveur des Dominicains du monastère Saint-Yves, foire qui devait se tenir, les 20 et 21 mai de chaque année, au faubourg Bizienne.

Cette foire, dite de Saint-Yves, était, avec celle de la Saint-Lucas, la plus célèbre de la région.

Il y avait également chaque samedi un marché en ville qui existait dès le XIIème siècle et sans doute antérieurement.

  (H. Quilgars, 1922).

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