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Guérande pendant les temps modernes

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GUERRE CONTRE LES ESPAGNOLS.

La première moitié du XVIème siècle apporta au pays de Guérande une nouvelle ère de paix, pendant laquelle il se couvrit de monuments nouveaux et restaura ses ruines. Ce fut surtout l'ère des monuments religieux : Clis, Careil, Saint-Sébastien, Bréca, etc., édifièrent ou réparèrent leur chapelle ; des croix de pierre furent érigées dans les carrefours ou le long des chemins, et une quantité d'habitations nouvelles, aux portes cintrées et aux larges perrons, surgirent dans les villages. On semblait croire que cette paix devait toujours durer. Mais les dernières phases de la lutte entreprise par les rois de France contre Charles-Quint et Philippe II, son successeur sur le trône d'Espagne, vinrent se répercuter dans le pays guérandais. Maîtres de Belle-Ile, les Espagnols commirent sur la côte toutes sortes d'actes de piraterie, et les navires de la région durent subir de leur part des attaques continuelles avec alternatives de succès et surtout de revers. Les armateurs guérandais et croisicais souffraient de leur dangereux voisinage qui, non seulement ruinait le commerce, mais aussi faisait craindre un débarquement et toutes ses funestes conséquences.

En 1557, ces Espagnols devenant plus menaçants, le gouverneur de Bretagne, duc d'Etampes, confia aux Croisicais le soin d'aller les expulser de Belle-Ile. Ceux-ci armèrent les navires qui leur restaient, et, avec l'aide de volontaires recrutés dans le pays de Guérande, ils n'hésitèrent pas à tenter cette expédition périlleuse. Partis au commencement d'avril, ils ne purent approcher l'ennemi, et s'en retournèrent peu de jours plus tard, après s'être emparés d'une chaloupe chargée de « quelques sucres et aucunes olives », sur lesquels ils prélevèrent, avant de se les partager, « deux couples de pains de sucre et un grand baril d'olives », dont ils firent présent au duc d'Etampes.

Cette expédition rendit les Espagnols plus audacieux. Non contents d'arrêter les navires qui passaient à portée de leurs canons, ils cherchèrent à mettre pied à terre. La côte de Pénestin, celle d'Assérac et le trait de Mesquer, dont la défense avait été négligée, furent principalement l'objet de leurs attaques. Le gouverneur de Bretagne dut assurer la défense des côtes avec le concours des habitants.

Le 4 mai, les Espagnols se présentèrent vers cinq heures du matin devant la pointe de Chémoulin, avec 12 navires de 40 tonneaux environ. La garde qui faisait le guet en ce lieu fut impuissante à empêcher leur débarquement. Les Espagnols atterrirent, pillèrent cinq ou six villages et incendièrent trois maisons. L'alarme fut aussitôt donnée à Guérande. Pierre Godelin, sénéchal de la ville, partit immédiatement à leur poursuite, avec une petite armée de 300 hommes, presque tous munis d'arquebuses, et recrutés dans la ville et les faubourgs. Son apparition décida l'ennemi à regagner ses vaisseaux, laissant à terre une partie de son butin. A huit heures du matin, l'armée guérandaise se trouva en ordre de bataille, en face des navires ennemis mouillés près du rivage. Un combat à distance eut lieu et dura cinq heures et demie. Les Espagnols, armés de canons, firent de vains efforts pour mettre en déroute leurs adversaires et reprendre pied à terre ; mais ils se heurtèrent à l'énergie des Guérandais qui les couvrirent du feu de leurs arquebuses. A une heure et demie l'après-midi, ils levèrent l'ancre, après avoir perdu 5 ou 6 hommes, cependant que les Guérandais n'avaient aucun mort à déplorer ; ils s'en allèrent mouiller au large, semblant attendre la nuit pour tenter une nouvelle descente.

Godelin envoya chercher des renforts, ainsi que quelques arquebuses à crocs. L'arrivée de nouveaux soldats et de charrettes chargées d'armes rendit les Espagnols « si ombrageux qu'ils eurent peur des charrettes, craignant que ce fussent quelques longues couleuvrines ou canons ». Ils disparurent vers cinq heures du soir, se dirigeant vers l'île d'Yeu, où ils rejoignirent le gros de leur escadre.

Sur mer, l'ennemi continua ses actes d'hostilité. Il s'empara, entre autres, de deux navires du port du Croisic appartenant à Mathias Lecomte et à Mathurin Trimault, et emmena ceux-ci prisonniers. Lors de la paix de Cateau-Cambrésis, en 1559, ces captifs ne furent pas relâchés, et Charles IX, sur les instances des habitants du Croisic et du Gouvernement de Bretagne, dut faire réclamer leur mise en liberté, en 1561, par l'évêque de Limoges, son ambassadeur à la cour d'Espagne.

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LES TROUBLES RELIGIEUX. LE PROTESTANTISME.

L'apparition du Protestantisme fut le prélude de nouvelles guerres civiles. Ce fut Coligny, seigneur d'Andelot, qui introduisit, en son château de la Bretêche et à la Roche-Bernard, la religion réformée. Sa situation et son autorité lui facilitèrent l'adhésion de quelques familles, et, en peu de temps, dans le pays de Guérande, et particulièrement au Croisic et à Piriac, le Protestantisine fit des progrès rapides. La Réforme trouva ses premiers adeptes parmi les nobles et les bourgeois. Les Tournemine, barons de Campzillon, les du Bouays de Baulac, seigneurs de Careil, les Jollan des Roches, de Montbarrot, Aubin de Trémondet, de Branzay, Le Gentilhomme de Kervaudu, de Treméreuc, de Couëdo, Yviquel de la Grée, Yviquel de Saint-Goustan, de Gennes, Groy, Bouchart, etc., s'empressèrent de l'accepter. C'est grâce à ces adhésions de gens riches et considérés que le Protestantisme put se maintenir aussi longtemps dans le pays de Guérande, où il eut à soutenir les attaques incessantes d'adversaires aussi forts que le Chapitre de la Collégiale Saint-Aubin, les Dominicains de Saint-Yves et la Communauté de ville de Guérande.

En mai 1558, deux pasteurs, Jean Carmel, dit Fleury, et Pierre Loiseleur, dit Villier, seigneur de Westhoven, commencèrent leurs prédications dans l'église Notre-Dame de Pitié. Le succès fut considérable ; les principaux seigneurs du pays adhérèrent ouvertement à la Réforme, après en avoir secrètement cherché l'introduction. Ce serait en effet sur les indications de M. de Baulac, seigneur de Careil, que d'Andelot se serait décidé à tenter la propagation de la nouvelle religion. Fleury devint de suite son hôte, et, après le 17 mai 1558, il habita le château de Careil, où il continua ses prédications, se rendant de temps à autre au Croisic aider Loiseleur qui fondait définitivement l'Eglise réformée de cette ville.

Cette oeuvre accomplie, Loiseleur se préoccupa de l'étendre. Dans les derniers jours de mai 1558, il fit à Batz plusieurs prédications dans la chapelle du Murier et gagna sans difficulté à sa cause les plus notables habitants de cette paroisse. De Batz, il se rendit à Guérande et à Piriac. A Guérande, son succès fut moindre. Ses prédications dans l'église Saint-Michel lui créèrent quelques adhérents parmi les bourgeois de la ville, mais lui attirèrent aussi des haines féroces ; il fut même, de la part du seigneur de Cleuz, l'objet d'un attentat, et repartit du pays à la fin de 1558.

L'édit de janvier 1562 avait accordé aux protestants la liberté du culte. Ceux du pays de Guérande s'empressèrent d'envoyer chercher un de leurs compatriotes, François Baron, originaire de Piriac, qui avait fait ses études théologiques à Genève et qui accourut à leur appel. Il établit sa résidence au Croisic, d'où il assura le service des églises de Guérande et de Piriac.

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LUTTE CONTRE LE PROTESTANTISME.

Un événement malheureux vint à ce moment réveiller les animosités des premiers temps. Au mois d'avril 1562, Jean du Bouays, seigneur de Baulac et de Careil, faisait procéder dans l'église Saint-Michel de Guérande au baptême d'une de ses filles par le ministre du culte réformé. Vers trois heures de l'après-midi, après la cérémonie, quelques protestants, d'origine populaire, se rendirent jusqu'à l'église du monastère Saint-Yves, au faubourg Bizienne, qu'occupaient les Dominicains, et l'un d'eux, y étant entré, jeta à terre les statues de saint Martin et de saint Fiacre, et répandit sur la rue le blé placé en offrande sur l'autel de saint Avertin. Cette affaire causa un moment de trouble dans la région.

En janvier 1563, le ministre Lecoq vint s'installer à Guérande ; mais il se trouva immédiatement en lutte avec les Dominicains et le Chapitre de la Collégiale Saint-Aubin, lutte fort inégale, dans laquelle il ne tarda pas à succomber. Obligé de quitter la ville trois mois après son installation, il périt dans les massacres de la Saint-Barthélemy. Deux ans après son départ, il fut remplacé par un nouveau pasteur, Jean Boisseul. Celui-ci réussit à se maintenir à Guérande pendant près d'un an ; il abandonna cette ville en 1566 pour aller au Croisic prendre la place de Baron.

La Saint-Barthélemy n'eut presque aucune répercussion dans le pays de Guérande, où il n'y eut pas de victime à déplorer. Les ministres se bornèrent à passer à l'étranger, mais revinrent presque aussitôt reprendre leurs fonctions. Boisseul cependant ne retourna au Croisic qu'en 1576 et fut à ce moment délégué par les protestants guérandais pour les représenter au synode de Vitré. Les Tournemine passèrent à Jersey et revinrent à Campzillon, en 1576 également.

Après de longues luttes, les réformés de Guérande obtinrent enfin, en 1602, l'autorisation de faire construire un temple au village de Clis d'y établir un cimetière. Jusque-là, ils avaient utilisé, pour leur culte, l'église Saint-Michel de la ville ; mais, depuis le départ de Boisseul, cette église avait été rendue au culte catholique, et il leur fallait aller accomplir leurs actes religieux au Croisic ou à Piriac. Le temple de Clis ne put cependant être édifié.

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DÉCLIN ET DISPARITION DU PROTESTANTISME.

De 1600 à 1644, les protestants de Guérande n'eurent pas de lutte grave à soutenir. Le culte ne cessa d'être exercé au Croisic jusqu'au jour où un arrêt du Conseil du 5 avril 1644 vint interdire aux protestants de « faire aucun exercice public de leur religion en la dite ville du Croisic ». Ceux-ci s'adressèrent au Roi pour lui remontrer que la ville du Croisic avait été désignée « pour tous ceux qui feront profession de ladite religion en ladite sénéchaussée de Guérande ». Ils ajoutaient que le culte réformé était exercé dans un lieu que les protestants avaient acquis par contrat.

C'était le déclin du Protestantisme qui commençait. Les protestants, atteints par l'arrêt de 1644, se réclamèrent de l'arrêt du Parlement de 1602, qui les autorisait à construire un temple. Mais ce fut en vain.

En 1660, les réformés renouvelèrent leurs efforts pour obtenir cette construction. Cette fois, la Communauté de ville du Croisic répondit par une demande d'expulsion du ministre protestant.

Quatre ans plus tard, Basly, ministre au Croisic, reprit l'offensive : il s'adressa au Parlement de Bretagne, se plaignant que la Municipalité du Croisic et le Chapitre de Saint-Aubin de Guérande l'empêchassent d'exercer son ministère. Ce fut en vain. Le Parlement lui répondit en confirmant l'arrêt de 1644, et, en 1655, il l'aggrava encore en interdisant le culte réformé sur le territoire de la sénéchaussée de Guérande, même dans les habitations particulières.

Cet arrêt du Parlement de Bretagne fut le coup suprême porté au Protestantisme dans le pays guérandais. Les adjurations qui s'étaient faites déjà nombreuses se multiplièrent. Par tradition et par souvenir, quelques familles bourgeoises restèrent fidèles à la Réforme, mais, à partir de 1680, les nouvelles générations furent catholiques.

Un siècle plus tard, en 1763, le subdélégué de Guérande affirmait à l'Intendant de Bretagne qu' « il n'y avait plus de protestants » dans sa circonscription.

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LES GUERRES DE LA LIGUE.

Le Protestantisme n'apporta pas seulement le trouble dans les consciences, il amena les guerres de la Ligue. Le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, pour soutenir la cause de celle-ci, avait demandé et obtenu le concours des Espagnols. Le point de concentration de ses troupes dans la région guérandaise était le château de Ranrouët, où Jean de Rieux, marquis d'Assérac, s'était fortifié avec l'aide de Guillaume du Bouexic, chef d'une compagnie de 50 arquebusiers français.

La garnison de Ranrouët se livra à diverses incursions dans les paroisses environnantes, au détriment de ceux qui avaient embrassé le Protestantisme. Le château de Careil, notamment, qui appartenait à une famille protestante, fut pris et pillé, en 1589, par une petite armée sous les ordres du capitaine de Cleuz. En 1590, l'arrivée du capitaine Grésil de la Tremblaye fut le signal de pillages et de brigandages sanglants. La Tremblaye s'était emparé de Saint-Nazaire et comptait se rendre maître de Guérande. Sa réputation l'avait précédé dans la ville, et la menace de sa présence remplissait les habitants de crainte et d'effroi. On racontait qu'il avait commis à Saint-Nazaire toutes sortes d'atrocités et qu'il y avait fait de « terribles besongnes ». Certains prétendaient l'avoir vu galoper vers Rennes, emportant dans un bissac la tête du capitaine de Saint-Nazaire. Pour résister à ce brigand, Guérande avait quelques pièces d'artillerie, une compagnie de 80 arquebusiers, envoyée par Mercœur, sous le commandement du capitaine Dupé d'Orvault, une autre compagnie de 25 arquebusiers et 15 chevau-légers, sous les ordres de M. de Kergos. Mais certaines parties des remparts étaient en mauvais état ; il y avait en particulier un pan de courtines complètement écroulé entre la porte Saint-Michel et la tour Théologale, par où l'ennemi pouvait facilement se faire un passage.

La Tremblaye heureusement ne put s'emparer de Guérande ; mais à Batz et au Croisic il fit des prisonniers, qu'il emmena à Redon, en attendant le paiement d'une rançon de 10.000 écus.

Quelques temps après le départ de La Tremblaye, les troupes que Mercœur entretenait à Ranrouët s'avancèrent dans la presqu'île pour s'emparer du château de Campzillon, appartenant à la famille de Tournemine, qui avait été l'une des premières du pays à adhérer à la Réforme. Ce château avait été reconstruit quelques années plus tôt, en 1569, par Pierre de Tournemine, à la place d'une antique citadelle, détruite, dit un aveu, bien avant l'année 1540. Campzillon fut pris sans résistance et brûlé. (Octobre 1590).

L'incursion de La Tremblaye et l'agitation que causaient les rapides progrès de la Réforme émurent les habitants de la ville. Ceux d'entre eux qui avaient adhéré à la Ligue, ou lui étaient favorables, craignaient de voir Guérande tomber au pouvoir des protestants, et leurs appréhensions n'étaient pas sans fondement. Une partie de la bourgeoisie, des magistrats et quelques familles nobles, étaient nettement partisans de la Réforme, et beaucoup d'autres, sans avoir embrassé le Protestantisme, désapprouvaient les agissements de la Ligue. Les trois ordres de la partie de la population restée fidèle au Catholicisme se réunirent en assemblée générale et chargèrent leur député, Charles Aubin, sieur de la Tréallaie, de présenter leurs doléances aux Etats de la Ligue, tenus à Nantes en 1591, et de réclamer du secours pour la ville.

Les Etats se contentèrent de faire envoyer à Guérande quelques soldats espagnols, laissant pour le surplus aux habitants le soin de compléter leur défense par leurs propres moyens et ressources. Ces soldats étrangers, que les Guérandais durent entretenir, ne leur procurèrent qu'une dette considérable qu'ils réussirent difficilement à alléger. Malgré tous leurs efforts, cette dette s'élevait, en 1653, à 15.000 livres, et, pour l'éteindre, la Communauté de Ville dut solliciter du Roi l'autorisation de lever sur tous les habitants un impôt important.

La Ligue se termina en Bretagne en 1598. et les guerres qui eurent lieu dans la suite contre les Réformés n'eurent de répercussion dans le pays de Guérande que par le recrutement de 100 marins, ordonné par Louis XIII, le 11 septembre 1628, pour compléter les équipages des vaisseaux destinés au siège de la Rochelle.

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LA DÉFENSE DES COTES.

Pendant le XVIIème siècle, l'une des premières préoccupations du Gouvernement, en matière militaire, fut d'assurer la défense des côtes. Les progrès de l'artillerie avaient fait de cette belle couronne de remparts, qui protégea si bien Guérande aux XIVème et XVème siècles, un travail de défense bien illusoire. Il ne fallait plus songer à utiliser ces fortifications démodées, pour arrêter l'ennemi ; mieux valait tenir celui-ci éloigné par d'autres combinaisons stratégiques. L'armement des côtes guérandaises dura 150 ans. C'est plus qu'il n'était nécessaire pour établir des ouvrages sérieux ; mais à chaque instant les projets militaires étaient modifiés, et, comme ils étaient conçus au hasard des circonstances, on n'arriva jamais à créer dans le pays de Guérande un système de défense solide et véritablement efficace. La vieille organisation des milices avait réservé, en Bretagne, 90.000 hommes à la protection des bords de la mer : la création des milices-garde-côtes réduisit considérablement ce nombre de défenseurs. En cherchant à réorganiser l'armée côtière, on l'affaiblissait sans cesse en hommes. Les milices paroissiales, indépendantes les unes des autres, furent tout d'abord réunies en Capitaineries portant le nom de leur commandant. Les paroisses riveraines de la mer, de Saint-Nazaire à la Roche-Bernard, formèrent deux capitaineries, l'une allant du Brivet à la pointe du Croisic, l'autre de la pointe du Croisic à la Roche-Bernard. La première était protégée à l'origine par une batterie de 11 pièces de canons située à la pointe de Saint-Nazaire, et qui se trouvait presque inutilisable par suite de son mauvais état ; par une autre batterie de 8 pièces à Villès-Martin, soutenue par un corps de garde bien entretenu. Il y avait encore trois batteries de 3 pièces à l'anse de Cascaillo, près de Batz ; mais ces batteries n'avaient jamais fonctionné et elles étaient à peu près détruites.

La seconde capitainerie ne possédait, comme ouvrages de résistance, que deux batteries de quatre pièces, établies à l'entrée du port du Croisic et dont il ne restait presque aucune trace, En 1615, pour assurer la défense du trait de Mesquer, le roi avait ordonné la démolition des bâtiments et de la chapelle du prieuré de Merquel, qui, gênaient l'établissement d'ouvrages militaires.

A la fin du XVIIème siècle, l'organisation défensive des côtes était la même, c'est-à-dire qu'elle n'existait pour ainsi dire pas. Louis XIV tenta un timide essai de refonte des milices garde-côtes. Une ordonnance du 30 août 1692 détermina le nombre de corps de gardes à installer dans chacune des deux capitaineries et celui de leurs défenseurs, et les pourvut d'un cadre d'officiers.

La mise en défense de la ville, préoccupa en même temps le gouvernement royal. Un édit de juillet 1661 avait ordonné de lever en Bretagne un impôt annuel de 3.000 livres pour l'entretien d'une garnison à Guérande et d'une autre au château du Croisic. Le Parlement de la Province, opposé en général à tout impôt nouveau, n'enregistra cet édit que le 1er mars 1663.

Une première alerte eut lieu en 1711. Un navire d'Ostende, armé de six pièces de canons, et monté par 38 hommes, vint le 23 octobre mouiller entre les Evens et Baguenaud, cherchant un abri contre le mauvais temps. Une barque du Pouliguen, commandée par un nommé Baux, dont l'équipage s'arma de mousquets et d'un petit canon pierrier, entreprit de lui donner la chasse. En plein midi, elle se dirigea vers le navire ennemi. Celui-ci n'ayant pu réussir à lever l'ancre à cause du grand vent, chercha à repousser les assaillants. Un premier tir dirigé sur la barque bretonne tua un de ses matelots ; mais celle-ci prenant le navire par l'avant pour éviter son feu, riposta par une décharge de mousqueterie qui blessa le capitaine ennemi et sept de ses hommes. Le reste de l'équipage, pris de panique, se jeta à fond de cale, abandonnant le combat. Les Bretons montèrent à bord de l'Ostendais. Pierre Le Guerrier, du Pouliguen, s'empara de son pavillon, tuant d'un coup de pistolet le capitaine qui, bien que blessé, cherchait à le défendre.

Les Pouliguennais s'emparèrent du navire, et, fiers de leur exploit, le conduisirent à Nantes où il fut vendu.

Le 13 octobre 1746, une flottille de 45 vaisseaux anglais apparut en vue du Croisic et mit en émoi toute la région. Les habitants s'enfuirent, emportant avec eux leurs meubles et ce qu'ils avaient de précieux. Les Anglais cependant n'essayèrent pas d'atterrir ; ils firent route vers Quiberon, démolissant sur leur passage la tour d'Hoedic.

Cette panique démontra la nécessité d'assurer plus que jamais la sécurité des habitants à terre et celle de la navigation, en donnant aux côtes les défenses dont elles avaient besoin. La tentative de formation des milices garde côtes en 1692, suivie d'une réorganisation en 1726, avait imparfaitement réussi ; pour l'exécution des travaux de défense, elle avait été sans effet. Une nouvelle réorganisation eut lieu en 1732. Sous le nom de Capitainerie de Guérande, on groupa les paroisses de Guérande — qui comprenaient alors la Turballe et Trescalan — le Pouliguen, Batz et la pointe Chemoulin ; la Capitainerie du Croisic groupa toutes les paroisses comprises entre Nivillac, la Roche-Bernard et Piriac ; celle de Saint-Nazaire s'étendit au sud de la Loire, et commanda l'entrée du fleuve. Ces trois Capitaineries composèrent le Bataillon de Guérande. Mais si l'on établit un cadre d'officiers, on ne leur assura pas de soldats et l'on n'édifia point d'ouvrages de défense : ce dernier point de vue, le plus essentiel, resta dans l'oubli.

Il fallut la présence de la flotte anglaise sur la côte bretonne, en 1746, et les ravages qu'elle commit, pour décider enfin le gouvernement à prendre des résolutions. Le 28 avril 1747, il établit une « disposition générale pour la défense des côtes de la province de Bretagne ». Cette disposition comprenait des armements provisoires en vue des événements qui pouvaient se produire pendant l'été suivant avec l'Angleterre. On proposa « de ne point faire camper les troupes réglées avant que d'y être obligé par les mouvements des ennemis, et cependant de les tenir à portée d'être rassemblées dans les lieux qui demandent le plus d'attention... On mettait au Croisic une compagnie d'invalides ; dans le quartier à portée du Croisic, quatre compagnies du régiment des dragons d'Asfeld ». Ce fut tout ce que l'on trouva pour s'opposer à une invasion anglaise.

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RÉFORMES DU DUC D'AIGUILLON.

Enfin le duc d'Aiguillon, gouverneur de Bretagne, voulut se rendre compte par lui-même de l'état des armements des côtes, dès, son arrivée au gouvernement de la Province, en 1753. Il en commença la visite, notant la situation de chaque ville, de chaque port, leurs moyens de défense, leurs ressources en hommes et en armes. Le résultat de cette inspection fut aussi peu rassurant que possible. Pour défendre tout le rivage maritime compris entre Chémoulin et le Croisic, le duc d'Aiguillon ne trouva que trois corps de garde, à Penchâteau, à la Dilane et à la Barrière du Croisic ; celui de Penchâteau seul était armé de trois petits canons.

En fait de soldats, il y avait dans la Capitainerie de Guérande 1.900 hommes inscrits aux milices, dont 300 seulement en service réel, formant trois compagnies casernées dans la ville de Guérande. Le mobilier des corps de garde, confié aux généraux des paroisses, était aussi sommaire que leur armement. Celui de la Turballe, par exemple, comprenait « un lit de camp, une table, un banc, un ratelier d'armes, un pavillon de serge rouge passé de couleur, dont une pointe est déchirée et le morceau perdu, un sac pour le renfermer, son mât cassé, la drisse ou corde pourrie, un sable de deux heures ».

La Capitainerie du Croisic n'était pas mieux défendue. En théorie, elle possédait 2.598 hommes, dont 350 groupés en compagnies détachées. Elle avait dans son étendue neuf corps de garde établis au Castelli, à Piriac, à Kervagarec, à Beaulieu de Mesquer, au Bil, à Loscolo, à Pénestin, à Tréhiguier et à la Roche-Bernard.

Le duc d'Aiguillon prit une mesure énergique : il ordonna la construction de nouveaux corps de garde et prescrivit de garnir de soldats et de munitions ceux qui existaient. A l'île Dumet, qui commandait l'approche des côtes, il fit édifier un fort pouvant abriter une garnison à demeure, ainsi que de l'artillerie (1753).

L'année suivante, d'Argenson, marquis de Paulmy, ministre de la Guerre, recommença, en personne, l'inspection du duc d'Aiguillon. Il descendit à Nantes, d'où il gagna Saint-Nazaire ; le 11 juillet 1754, il était au Croisic, et de là s'en fut à Guérande, chef-lieu de capitainerie, où il passa en revue les services de son administration. Le ministre fut bientôt édifié sur le peu de résistance que la Presqu'île guérandaise pouvait offrir en cas de débarquement de l'ennemi. La longueur des côtes de la Capitainerie était de 10 lieues. Pour la protéger, Paulmy trouva les trois corps de garde de la Dilane, près de Batz, de Penchâteau et de la Turballe ; ces deux derniers installés dans des maisons particulières louées à cet effet en temps de guerre. Il n'existait ni magasin à poudre, ni guérites, ni prison. Enfin, il n'y avait plus aucun fort, aucune batterie, sauf à Penchâteau, et encore cet ouvrage, construit du temps de Vauban, était devenu tout à fait insuffisant. En fait de canons, il n'y en avait plus que deux à Penchâteau, de calibre 8, quatre affuts dont deux inutilisables, pas de mortiers, pas de bombes, mais seulement 193 boulets de huit.

En face de ce misérable armement, Paulmy constata qu'on pouvait débarquer au port de Lérat, dans la baie de la Turballe, dans celle de la Barrière à Batz ; et aucune pièce d'artillerie ne pouvait empêcher une telle éventualité.

De concert avec le duc d'Aiguillon, Paulmy fit édifier immédiatement de nouveaux corps de garde. Dès 1755, des abris de cette nature, construits aussitôt ou remis en état, pouvaient rendre quelque utilité à Saint-Nazaire, Villès-Martin, Gavy, Chémoulin, Portnichet, Escoublac, le Pouliguen, Penchâteau, la Dilane, la Barrière, la Rumaine, Saint-Goustan, la Turballe, le Castelli, Saint-Michel de Piriac, Kervagarec, Beaulieu de Mesquer, le Bil. Le cadre des officiers fut, en même temps, reconstitué. La Capitainerie de Guérande reçut pour commandant M. de Pellan, pour lieutenant M. Le Chauff, pour major M. de la Bourdonnaye, et pour aide-major M. de Courson. Les trois compagnies casernées à Guérande furent placées sous le commandement de dix officiers. Les miliciens des paroisses, au nombre de 1.654, eurent sept officiers et reçurent 1.564 fusils. Les forts construits à la Barrière du Croisic, à Saint-Goustan, à Penchâteau, et à Beaulieu, en Mesquer, furent pourvus de canons. Il fut décidé, de plus, que l'île Dumet serait gardée par un détachement de 30 hommes fournis par le Croisic, et que cette ville donnerait encore le contingent de troupes nécessaire pour assurer la garnison des corps de garde de la Capitainerie de Guérande, de la Turballe à Saint-Nazaire.

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LA BATAILLE NAVALE DE PIRIAC (1759).

Pendant que s'opéraient ces armements, la flotte anglaise vint de nouveau, en 1758, se montrer en vue du Croisic, et ses manoeuvres firent craindre un instant son intention de tenter un débarquement dans la baie de la Turballe. Cette fois encore, le pays guérandais échappa à l'invasion anglaise. Mais l'année suivante le dernier acte d'une bataille navale vint chercher comme théâtre les côtes de Guérande.

La flotte française était forte de 21 vaisseaux de ligne et de 5 frégates, parmi lesquels le Formidable, le Soleil-Royal, le Héros, le Juste, le Glorieux, le Robuste, ayant à bord au moins 74 canons ; puis le Brillant, l'Eveillé, le Sphynx, le Dragon, le Bizarre, l'Inflexible, armés chacun de 64 canons. C'étaient des vaisseaux respectables, susceptibles d'opposer une résistance opiniâtre à l'ennemi le mieux armé. Ces vaisseaux étaient soutenus par des frégates armées de 32 ou de 16 canons. Cette flotte était commandée par le maréchal de Conflans, vice-amiral de France.

Les Anglais, de leur côté, avaient à leur disposition une flotte, sinon mieux armée, du moins plus nombreuse : elle comptait 45 vaisseaux et avait à sa tête l'amiral Hawke.

Le premier contact eut lieu en vue des côtes de la Charente : huit vaisseaux français durent se réfugier à Rochefort et cesser toute participation à la lutte. Les autres remontèrent vers le nord, poursuivis par les Anglais qui n'avaient pas encore subi de pertes sérieuses. En vue de l'embouchure de la Loire, les vaisseaux français, serrés de près, durent se résigner à combattre ou à s'avouer vaincus ; le nombre écrasant de l'adversaire ne laissait que bien peu d'espoir sur un résultat favorable. Il parut préférable de gagner du temps pour tenter de sauver quelques navires en les abritant dans un port inaccessible à l'ennemi. La Vilaine pouvait leur offrir un abri convenable, mais pour atteindre cette rivière, il était nécessaire d'occuper l'ennemi avec quelques vaisseaux, en acceptant un combat inégal. Ce fut dans cet état de retraite défensive que M. de Conflans parvint le 20 novembre entre le plateau du Four, l'île Dumet, la pointe de Piriac et la terre. Forts de leur supériorité numérique, les Anglais n'eurent pas de peine à maîtriser la flotte française : le Formidable fut bientôt entre leurs mains ; le Héros fut brûlé au moment où il s'échouait à la pointe du Croisic. Deux autres vaisseaux furent coulés, et nul parmi leurs équipages ne put se sauver. Le Juste, criblé de coups de canons, put gagner la Loire avec 150 hommes. Sept autres vaisseaux et quatre frégates se retirèrent dans la Vilaine et allèrent s'échouer à Vieille-Roche ; ceux-ci furent quelque temps après amenés à la Roche-Bernard et réparés dans les chantiers de ce port.

Le Soleil-Royal restait seul. Gravement endommagé, il essaya une résistance suprême ; acculé vers la côte du Croisic, il alla donner sur les rochers de Saint-Goustan. L'amiral de Conflans, qui était à bord, refusa de se rendre, et, comme toute résistance était impossible, il fit sauter son navire.

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PANIQUE A GUÉRANDE ET AU CROISIC.

Ce désastre produisit à terre une véritable panique. Menaçante, la flotte anglaise restait en vue des côtes, causant aux habitants du Croisic, en particulier, des appréhensions bien justifiées. On se demandait si une descente n'allait pas avoir lieu, et, comme les forts n'étaient pas en état d'opposer une résistance sérieuse, on ne doutait pas de la réussite d'un coup d'audace. Les survivants de la bataille, après avoir gagné la terre, s'enfuyaient dans un désordre qui contribuait à aggraver la panique et à démoraliser les esprits. A Guérande l'administration était débordée ; officiers et marins échappés au désastre, y affluaient, envoyés dans cette ville par le commandant des forces du Croisic, marquis de Broc. La plupart arrivaient à pied et montraient en la circonstance des exigences impossibles à satisfaire, réclamant des chevaux pour les conduire vers la Vilaine, à la Roche-Bernard ou à Muzillac. Beaucoup de chevaux avaient été envoyés au Croisic pour aider au transport des canons sur la côte ; il n'en restait que peu dans les campagnes, et les officiers les accaparaient sans même, dans le désordre qui régnait, donner leur nom ou exhiber leur commission.

Le 23 novembre, plusieurs officiers de marine se présentèrent chez M. Tiffoche, subdélégué à Guérande de l'Intendant de Bretagne, et lui demandèrent de leur fournir les moyens de se rendre à Muzillac. Le subdélégué donna de suite l'ordre au sergent de la ville de chercher dix chevaux et de les tenir prêts à partir, à l'auberge où se trouvaient les officiers. Un nommé Duchêne, loueur de voitures put en fournir cinq. Les cinq autres, à force de recherches, purent être découverts. Duchêne prit la tête de l'escorte. Harassés par de durs travaux, les chevaux ne marchaient plus ; les officiers ne cessaient de murmurer, et l'un d'eux, apercevant dans un champ un cheval, se débarrassa du sien et s'empara de l'autre. La bête abandonnée fut perdue.

De leur côté, les commissaires aux vivres étaient affolés : il leur fallait pourvoir à l'entretien de toute cette multitude de marins et de soldats réfugiés si soudaine­ment à Guérande.

Les approvisionnements faisaient défaut. En hâte, ils se procurèrent les denrées de première nécessité, et, comme ils avaient besoin d'un vaste local pour remiser leurs vivres et en opérer la distribution, ils s'emparèrent de l'église Notre-Dame et y logèrent des farines. Les premiers moments d'émoi dissipés, les commissaires aux vivres ne s'inquièrent pas de rendre au culte l'église Notre-Dame ; ils continuèrent l'occupation de celle-ci pendant deux mois, parce quelle ne leur coûtait aucune location, malgré les protestations du Général de la paroisse qui dut les inviter, au mois de janvier suivant, à évacuer sans délai cet édifice religieux.

Les Anglais, cependant, n'approchèrent pas trop près du Croisic dans la crainte des récifs qui protégeaient le rivage. Mouillés au large de Saint-Goustan, ils tentèrent un bombardement qui causa peu de dégâts, mais tua quelques bœufs et chevaux. Trois maisons furent atteintes par les boulets, et leurs dégradations furent estimées 200 livres.

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HÉROISME DES GUÉRANDAIS.

Il y avait à ce moment grand avantage à assurer les communications avec la garnison de l'île Dumet ; mais toute sortie en mer, effectuée du Croisic, était impossible. Vingt soldats courageux du régiment de Bourbon, sous le commandement du capitaine de Mansigny, tentèrent cependant l'aventure. Ils allèrent s'embarquer à Piriac, dans la chaloupe d'un pêcheur, François Le Quitte, et résolument se lancèrent à travers la flotte ennemie. Ils pensèrent périr : pendant que des vaisseaux bombardaient Le Croisic, d'autres se tournèrent vers la malheureuse embarcation et lui donnèrent la chasse. La mer agitée par le vent, gêna heureusement l'ennemi, mais arracha aussi à la barque de Piriac son gouvernail et ses avirons. Malgré cet accident, les intrépides marins et soldats purent remplir leur mission : ils atterrirent à l'île Dumet et se joignirent à ses défenseurs. L'Intendance de Bretagne prit à sa charge de dédommager le pêcheur Le Quitte : elle lui fit payer une somme de 23 livres 2 sous.

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LIQUIDATION DE LA GUERRE.

Pour solder les frais de cette guerre désastreuse, il fallait beaucoup d'argent, et les caisses de l'Etat étaient vides. Le jour même où se livrait le combat en rade du Croisic, le 20 novembre 1759, le Ministre, comte de Saint-Florentin, ordonnait de dresser, dans toutes les églises, un inventaire des objets d'argent susceptibles d'être convertis en monnaie.

A Guérande, ce fut un changeur, nommé Fournet, qui s'occupa de cette besogne. La Collégiale lui fournit « six petits chandeliers montés en fer, une lampe et deux tableaux couverts d'une feuille d'argent, deux burettes, deux lanternes, une petite clochette, une lampe et un bénitier ». Au couvent des Dominicains du faubourg Bizienne, il trouva, outre les vases sacrés, deux burettes et un petit bénitier ; chez les Ursulines une petite lampe. Dans les églises de Batz et du Croisic, il releva quatre petites statues de saints en forme de reliquaire, recouvertes de feuilles d'argent ; dans celle d'Escoublac deux burettes très minces ; dans celle d'Herbignac une lampe. Mesquer, Piriac, Saint-Molf, Saint-André, Assérac et Saint-Lyphard ne présentèrent aucun objet d'agent ; il en fut de même des Capucins du Croisic.

Telles furent les dernières luttes guerrières qui troublèrent le pays de Guérande sous l'ancien régime. Dès lors la ville ne parut plus dans l'Histoire que pour protester contre la suppression des privilèges de la Province et participer à quelques conspirations contre l'administration française, dans lesquelles la noblesse et la bourgeoisie se trouvèrent unies ; car un un profond sentiment d'indépendance était demeuré dans le coeur de la population guérandaise : à travers les siècles, elle fut et demeura toujours bretonne.

  (H. Quilgars).

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