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L'ANCIENNE PAROISSE DE GUER

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LE PEUPLE EN LA PAROISSE DE GUER.

On peut envisager la question du peuple sur un triple point de vue : religieux, moral et politique. Nous allons le faire en toute indépendance, sans parti pris.

 

Point de vue religieux. — Pour satisfaire aux besoins de leurs âmes et pratiquer leur religion, les paroissiens de Guer avaient toutes facilités.

La paroisse de Guer, il est vrai, était très considérable ; sa superficie mesurait 9.120 hectares. L'église paroissiale n'était pas précisément au centre de la population ; elle inclinait vers le levant et pour s'y rendre les fidèles des environs de Monteneuf avaient une grande distance à parcourir, avec des routes et des chemins qui laissaient beaucoup à désirer.

Mais, il ne faut pas oublier que Monteneuf avait été, de très bonne heure, érigé en trève, avec un prêtre résidant, une église suffisante, des fonts baptismaux, un cimetière, tout ce qu'il fallait pour la commodité des habitants de la trève et des villages environnant Porcaro. Ni Saint-Raoul, ni la Telhaie n'avaient les mêmes facilités, n'étant pas trèves. Cependant, en tant que chapelles frairiennes, elles jouissaient de certains privilèges. Elles avaient un prêtre attaché aux soins de la frairie, faisant le catéchisme, disant la messe, faisant les enterrements, confessant et administrant les malades.

Outre ces églises frairiennes, il y avait dans la paroisse de nombreuses chapelles autorisées où la messe se disait tous les dimanches et fêtes d'obligation.

Nous avons eu occasion de signaler les nombreux cimetières qui se trouvaient autour des chapelles de prieurés ou domestiques : Saint-Nicolas ; les Moutiers ; Saint-Etienne ; Sainte-Anne-des-Touches ; Saint-Méen-de-Monteneuf ; Saint-Joseph-de-Lespinay ; Saint-Louis-de-Grée-Mareuc ; Saint-Martin-de-Grée-Basse — sans compter le cimetière de la Madeleine et toutes les chapelles dans lesquelles il était de tradition de se faire enterrer.

Régulièrement tous les enfants de la paroisse, à l'exception de Monteneuf, devaient être baptisés dans l'église paroissiale. Quelquefois, cependant, en raison des circonstances, il fut permis de les faire baptiser ailleurs. Les mariages, on l'a vu, se faisaient un peu partout, dans toutes les églises et chapelles de la paroisse ; il suffisait d'en demander l'autorisation au recteur de Guer.

Il était de droit commun et d'usage général, que les publications de bans ne devaient se faire qu'à l'église paroissiale, même pour les habitants d'une trève régulièrement constituée. Il était juste que l'on se sentit dépendant, en quelque chose, de l'église-mère.

Alors on se faisait un devoir d'assister à la grand'messe à tour de rôle. Le chemin était long et il fallait souvent sauter d'une pierre sur l'autre. Mais on était bien aise de se retrouver, d'entendre publier les mariages, les ventes de toute espèce, car tout cela se publiait au prône de la grand' messe et au sortir d'icelle.

Sous l'ancien régime l'église était vraiment la maison de Dieu et du peuple, le centre de la vie religieuse et civile de toute la population.

Pour gérer toutes les affaires et délibérer sur toutes les questions, il y avait le général de la paroisse, corps religieux et politique, composé des notables de l'endroit. Il se réunissait, au son de la cloche, dans la sacristie, et délibérait en toute liberté et indépendance. C'était l'union de l'Eglise et de l'Etat, voire même la fusion des deux éléments constitutifs de la vie religieuse et sociale.

 

Point de vue politique et social. — A Guer, comme partout ailleurs, le peuple formait la troisième classe de la société ; le clergé était au premier rang, puis la noblesse. Cet état de classement n'était que le résultat des éléments qui avaient présidé à la formation de la société primitive. Dans les premiers siècles de notre histoire, nous voyons les Druides remplir les fonctions de prêtres et de magistrats. Puis, sous l'influence du christianisme, les prêtres de la loi nouvelle virent s'établir à côté d'eux une caste composée d'hommes éminents par leur bravoure et chargés de défendre l'intégrité du sol et même de l'étendre. Ce furent les nobles. En récompense de leurs services, ceux-ci reçurent du souverain des droits honorifiques et des terres qu'ils distribuèrent à d'autres, moyennant rétribution : de là les droits féodaux et les rentes seigneuriales.

Sous ce régime, et à divers titres, mais réellement, le peuple posséda des terres, des maisons, comme le prouvent les nombreux contrats de vente et d'achat qu'on peut consulter encore aux archives départementales et les études de notaires.

Sans doute il y avait les redevances royales et seigneuriales ; parfois elles paraissaient lourdes au paysan d'alors qui n'était pas riche en argent et ne faisait pas beaucoup « d'éliges » [Note : On a établi que le peuple d'alors était moins chargé d'impôts, même en tenant compte du temps, que le paysan d'aujourd'hui. Les charges fiscales, de nos jours, sont écrasantes et les revenus souvent médiocres].

Néanmoins, il pouvait vivre et élever honnêtement sa famille. Quand la révolution lui donna l'occasion et le moyen de se soustraire à toutes ces vieilles charges, le peuple saura en profiter et parfois avec barbarie. N'est-il pas naturel d'aimer à se voir déchargé de tout ce qui est un fardeau, si léger soit-il ?

Quant aux rapports des paysans avec les prêtres et les nobles, nous n'avons rien trouvé qui nous permette de dire qu'ils vivaient d'ordinaire en mauvais termes. Au contraire, c'est un fait indéniable, qu'il était, d'instinct, respectueux de ses chefs naturels, mais sans rien laisser de sa dignité. Il fut toujours digne de lui-même, plus digne, plus indépendant, moins rampant qu'aujourd'hui. On peut facilement le démontrer.

Le clergé en général jouissait de la considération et du respect du peuple. Alors on aimait ses prêtres ; on leur obéissait dans la mesure voulue ; à l'occasion, on savait résister, comme on a pu le voir quand il a été question de Monteneuf et Saint-Raoul, et même dépasser la mesure. Les prêtres d'alors vivaient au milieu de leur population, prenaient part parfois aux travaux de la campagne, vivaient la vie de leurs paroissiens et compatriotes.

Il en était de même de la noblesse, simple, affable, se mêlant facilement au peuple, vivant parmi leurs tenanciers et habitant des maisons qui ne valaient guère mieux que des chaumières. S'il y avait des nobles arrogants et durs, c'était l'exception.

Beaucoup d'entre les nobles n'étaient pas riches ; ceux de Guer passaient, à tort peut-être, pour n'avoir pas grand' chose. Ils tenaient, cela se comprend, à leurs droits, comme aujourd'hui chacun de nous tient aux siens. C'est dans le fond de l'humanité.

Nous avons dit, à propos des droits du seigneur, que ce n'étaient souvent qu'une simple reconnaissance de vassalité. Par exemple, au four banal de la Voltais, les vassaux n'étaient tenus de faire cuire leur pain qu'une fois l'an, dans la semaine de Pâques. En tout autre temps, ils pouvaient choisir.

Nous ne croyons pas que les gens de la paroisse de Guer avaient en horreur les seigneurs de l'endroit ; nous pensons même qu'ils les aimaient et les estimaient. Sans doute il y a eu des pillages de châteaux par les paysans, mais ce fut surtout au commencement de la révolution, le fait de gens venus d'ailleurs, et il fallait bien que le peuple fut attaché à ses prêtres et à ses nobles, pour que le chef de la chouannerie établit son quartier-général à Guer même, ce qu'il n'eut pas fait si le pays lui avait été hostile.

 

Point de vue matériel. - Sous certains rapports, le paysan d'autrefois était moins favorisé que celui d'aujourd'hui. Il avait moins d'argent, s'habillait plus simplement, voyageait moins, ne connaissait guère que son clocher et celui de la ville voisine. En revanche, ses goûts étaient plus modestes, ses désirs plus bornés ; il vivait au jour le jour, content d'avoir ce qu'il fallait pour élever convenablement sa famille. Il faut bien avouer que l'idée socialiste a pénétrée pas mal déjà dans nos campagnes ; le laboureur n'aime plus comme autrefois sa modeste maison, sa charrue, ses animaux ; son intérieur modeste ne lui plaît plus ; il rêve de s'enrichir ; il rêve pour ses enfants une place de bureaucrate quelconque, pour ses filles une place en ville. Dans l'ancien temps, rien de tout cela ; le laboureur vivait plus modestement, ne rêvait pas et n'en était que plus heureux.

Il avait ses plaisirs et ses distractions ; ses foires et marchés, ses repas en famille, ses soirées d'hiver, ses réjouissances les jours de noce, sa franche gaîté, sans préoccupations du lendemain.

Pour se nourrir, il avait du pain, un peu noir, il est vrai, quelquefois très noir, mais substantiel ; il cultivait le froment, le blé, l'avoine, le blé noir, comme aujourd'hui ; il avait de la volaille qu'il mangeait ou vendait [Note : On sait que la vaisselle d'argent n'était pas rare alors, même chez les simples paysans] selon son bon plaisir. Comme à Sparte, on vivait en Bretagne sobrement, mais on était fort, vigoureux ; la génération d'alors valait mieux sous ce rapport que la nôtre.

Le paysan de ce temps-là n'était pas soumis au service militaire, sans toutefois en être complètement libéré au point de vue des charges. D'ailleurs il n'aimait pas le métier de soldat. Tout le monde sait que le tirage au sort ordonné par le gouvernement fut l'occasion du soulèvement de la Vendée et de la Bretagne.

Ainsi, à tout bien considérer, et vu la différence du temps et des habitudes, on est autorisé à dire que le paysan d'alors n'était pas plus à plaindre qu'aujourd'hui.

 

Le commerce. — Nous avons relaté, en son lieu, les foires et les marchés qui se tenaient dans la paroisse de Guer, avec les conditions dans lesquelles elles se faisaient. Nous n'y reviendrons pas. Il nous reste à noter, d'après les registres de l'église de Guer, les différentes phases du prix des denrées.

La première mention date de 1715.

1715 : « Cette année, le blé à 10 sous, 12 s., 15 s. le commun prix depuis Pâques. De commerce point, ni d'argent. Les banqueroutes fréquentes, le tout pour la diminution de l'argent. Les toiles de 32 sous à 12 sous ; ainsi de la laine et autres marchandises à proportion. Le pain à 1 sou la livre, le plus blanc ; le fil à 15 sous qui valait 55 sous, etc. ».

Les années précédentes : 1709, le blé valait 4 livres ; 1710, 4 livres 10 sous ; 1711-12-13-14 et 1715, le blé très cher et autres marchandises à proportion, et l'argent commun.

Puis la note suivante : « Ayez recours aux apprécis de blés selon chaque année, et vous jugerez par là de toutes autres choses, car c'est la règle universelle des trafics de ce pays ».

Cette réflexion nous paraît très juste ; dans tous les temps et tous les pays, le prix des grains est une hase pour apprécier la richesse ou la pauvreté d'une année. N'oublions pas non plus que nous sommes sous le règne de Louis XIV et au temps de ses guerres contre toute l'Europe.

Note à la fin du registre des sépultures de 1756 : « Le blé a valu pendant le cours de l'année depuis 1 liv. 10 sous jusqu'à 2 livres » (Il s'agit évidemment du demé).

A la fin du registre des sépultures de 1757 : « Le prix commun du blé a été de 2 livres ».

A la fin du registre des baptêmes et mariages de 1784 on lit : « Cette année 1784 les pommiers ont rapporté plus qu'ils n'avaient fait de mémoire d'homme, Le demé de pommes choisies, rendu chez l'acheteur, lui coûtait 6 liards et la barrique de cidre choisi et soutiré au bout d'un mois, 2 livres 2 sous. Environ la moitié des pommes n'a pu être mise en cidre faute de barriques qui ont valu jusqu'à 5 livres 5 sous la pièce. Triste année pour les cabaretiers et maltôtiers ! ».  

A la fin du registre des baptêmes et mariages de 1785 on lit : « Le cidre qui valait il y a un an 40 sous la barrique vaut actuellement 8 sous le pot au cabaret ; le blé 105 sous le demé et il y a abondance de pauvres ».

A la fin des mêmes registres de 1786 on lit : « J'ai vendu 18 écus (54 francs) la barrique de cidre dont les pommes m'avaient coûté 6 liards le demé il y a deux ans », écrit le recteur de Guer, auteur des diverses notes qui précèdent.

Ajoutons, pour expliquer la note de 1785, celle qui se trouve à la fin du registre des baptêmes et mariages de 1785, en l'église de Saint-Malo-de-Beignon.

« Cette année (1785) il se fit sentir une extrême sécheresse : pendant près de 7 mois, depuis le 6 janvier jusqu'au 20 d'août, il ne tomba presque pas de pluie ; aussi il n'y eut presque pas de moisson. Le seigle valait 6 francs et le blé noir 5 livres 10 sous ; et le cidre qui ne valait que 4 livres la barrique au commencement de l'année valait 30 livres sur la fin. Le foin fut jusqu'à 200 livres le millier ».

Prix des denrées (sous le régime révolutionnaire) [Note : Registre de la Municipalité de Guer].

1 liv. boeuf ..............................

1 liv.  veau ..................................

1 liv. graisse..............................

1 liv. mouton .............................

1 liv. lard ...................................

Beurre frais ...........................

Beurre en pot ............................

Pot d'huile ...............................

0,7 s.

4 s.

5 s.

3 l. 60 s.

0,50 cent.

0,12 cent

0,12 cent

0,30 cent

Pois (le cent) ..........................

15 l.

 

 

Vin Bordeaux, 1ère qualité

150 l.

 

 

Vin Bordeaux, 2ème qualité

110 l.

 

 

Vin Bordeaux, 3ème qualité

90 l.

 

 

Le pot de vin 1ère qualité

 

18 s.

 

2ème qualité

 

14 s.

 

Vin Nantais 1ère qualité

60 l.

 

 

1 barrique de charbon de bois   

3 l.

 

 

1 livre de chandelles

 

18 s.

 

1 livre de miel

 

14 s.

 

1 livre de résine brut

 

6 s.

 

Huile à brûler

 

5 s.

 

Eau de 1ère qualité

10 l.

18 s.

 

Eau de 2ème qualité       

15 l.

 

 

Eau de 3ème qualité       

13 l.

 

 

Eau de genièvre 1ère qualité     

15 l.

 

 

Eau de genièvre 2ème qualité

8 l.

 

 

Cuir veau

2 l.

10 s.

 

Cuir veau tanné, 1ère qualité       

4 l.

 

 

Cuir veau tanné, 2ème qualité

1 l.

50 s.

 

Veau tanné, 2ème qualité 3 l. 10 s.  

Cuir cheval tanné

8 l.

 

1 livre de graisse de porc

1 l.

4 s.

1 livre de fer

 

6 s.

1 livre de fonte

 

3 s.

1 livre de cuivre 1ère qualité

2 l.

10 s.

1 livre de cuivre 2ème qualité

 

12 s.

1 livre de lin

 

18 s.

1 livre de laine

2 l.

 

L'aune de drap d'Elbeuf

5 l.

  (abbé Le Claire, 1915).

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