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GRAND-FOUGERAY AUX IXème ET Xème SIÈCLES

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Le Cartulaire de Saint-Sauveur de Redon renferme un grand nombre de chartes concernant la paroisse de Fougeray aux IXème et Xème siècles. Dès 852 nous voyons Erispoë roi de Bretagne donner à l'abbaye de Redon deux terres appelées Moi et Aguliac, situées sur le bord de la Chère, dans la paroisse de Fougeray « Duas randremes Moi et Aguliac in plebe quae vocatur Fulkeriac, super flumen Kaer ». Cette donation d'Aguliac fut confirmée en 859 par le roi Salomon (Cartul. Roton. 24 et 25).

Non seulement Fougeray était paroisse à cette époque reculée, mais c'était déjà une paroisse assez considérable pour qu'on l'appelât dès 903 le Grand-Fougeray « Fulkeriac Major ; » elle renfermait alors, en effet, presque tout le territoire des quatre paroisses actuelles : Fougeray, Ste-Anne, La Dominelais et Mouais. Située sur les limites franco-bretonnes, elle avait une population composée partie de Bretons, partie de Francs, et d'importantes familles appartenant aux deux nations y avaient des intérêts.

Du côté des Bretons, nous voyons les rois Erispoë et Salomon, les comtes Pascweten et Alain-le-Grand employer en bonnes œuvres une partie des terres qu'ils avaient à Fougeray ; nous voyons même Paskweten, alors gendre du roi Salomon, y séjourner, et Colédoc, parent d'Alain-le-Grand, y posséder des terres et des serfs. Le clergé breton semble aussi affectionner Fougeray ; l'évêque de Vannes, Courantgen, y réside parfois, et S. Convoyon y envoie, peu de temps après la fondation de son abbaye de Redon, les moines Haëlwin et Konwoion ; ces derniers fondent même en Fougeray le monastère de Mouais où nous trouvons plus tard l'abbé Ritcand, successeur de S. Gonvoyon (Cart. Roton. 167, 168, 173, 174, 187, etc.).

Du côté des Francs, quelques personnages importants méritent également d'être signalés à Fougeray : c'est d'abord Austroberte, noble et pieuse femme qui fut la bienfaitrice du prieuré de Mouais, devançant dans sa générosité les libéralités royales des princes bretons envers les moines de Redon établis en Fougeray. C'est encore Sigebert qui tenait un rang assez important pour avoir l'honneur de recevoir dans sa maison le prince Pascweten et l'évêque Courantgen.

Mais l'élément breton dominait à Fougeray : nous en avons la preuve dans les noms des villages et des habitants qui appartiennent presque tous, à cette époque, à la langue bretonne ; tels étaient les villages de Mordan, de Hoethlor, de Broncongar ; telles étaient les terres de Moi et d'Aguliac ; tels étaient encore les colons Sulhoiarn et Hinconan qui habitaient Broncongar et le serf Tavalt que donna à Redon le prince Colédoc.

Cette population se divisait en trois classes : les hommes libres, — les colons, — et les serfs ; ces derniers disparurent au siècle suivant, après les invasions normandes.

Les rentes des métairies de Mordan et de Hoethlor en 864, « villa quae dicitur Mordan et alia que appelatur Hoethlor et sunt site in plebe Felkeriac, » nous montrent que l'on élevait alors sérieusement des bestiaux dans les exploitations agricoles et que l'on y cultivait deux fois plus de froment que de seigle (Cart. Roton. 212 et 213. — Il est probable que Hoethlor ou Coëthlor était la terre actuelle du Loray appelée anciennement Coëtloray).

Vers 880 les Normands amoncelèrent les ruines en Bretagne. Après avoir ravagé l'abbaye de Redon, ils s'engagèrent sur les bords de la petite rivière de Chère qui se jette dans la Vilaine non loin de Fougeray ; ils dévastèrent toute la contrée et détruisirent de fond en comble la paroisse de Cornou située au bord de la Chère entre Fougeray et Sion.

Mais lorsque la paix revint en Bretagne avec le glorieux règne d'Alain Barbe-Torte (939), nos paroisses se reconstituèrent en grande partie et Fougeray fut de ce nombre. Toutefois les moines de Redon obtinrent l'érection en paroisse de leur prieuré de Mouais et de son territoire qui furent de la sorte distraits de Fougeray ; plus tard, en 1062, Quiriac, évêque de Nantes, donna aux mêmes religieux cette nouvelle paroisse de Mouais.

Quoique l'abbaye de Redon eût à son origine des biens en Fougeray, rien n'indique cependant qu'elle ait jamais possédé complètement cette paroisse ; tout, au contraire, porte à croire que de très bonne heure Fougeray appartint aux évêgues de Nantes. Aussi dès 1123 l'un de ces derniers, Brice, fut-il confirmé par Louis-le-Gros — qui prétendait commander en Bretagne, — dans la possession de l'église de Fougeray.

Il y a bien quelque probabilité qu'à la mort de l'évêque Gislard, Fougeray fut envahie par les évêques de Vannes ; mais cette usurpation, si elle eut lieu, fut de courte durée, et sous le règne d'Alain-le-Grand, l'évêque de Nantes Fulcher se fit restituer les paroisses qu'on avait voulu soustraire à sa juridiction. A partir de cette époque et jusqu'en 1803, la paroisse de Fougeray fit partie sans conteste du diocèse de Nantes. A cette dernière date elle fut donnée au diocèse de Rennes en échange des trois paroisses de Villepot, Fercé et Noyal-sur-Bruz cédées à l'évêque de Nantes.

Nous n'avons point de preuves que l'abbé de Redon ait été jadis le curé primitif de Fougeray. Mais la fondation du prieuré de Mouais avait fait naturellement naître de fréquentes relations entre le Grand-Fougeray et les moines de Saint-Sauveur. C'est ce qui explique l'usage, pratiqué jusqu'à la fin du XVIIème siècle, de se rendre processionnellement de Fougeray à l'abbaye de Redon le lundi de la Pentecôte. Cette lointaine procession se faisait chaque année avec grande pompe et se terminait dans l'église abbatiale par une messe solennelle chantée par le clergé de Fougeray.

Ainsi pendant huit siècles se conservèrent ces liens de la charité chrétienne unissant la vieille paroisse bretonne au grand monastère national de Saint-Sauveur de Redon, et faisant prier ensemble dans ce sanctuaire béni les prêtres séculiers de nos campagnes et les savants disciples de Saint-Benoît.

(abbé Guillotin de Corson).

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