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LES SEIGNEURS SUCCESSIFS DE LEZOUALC'H.

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Le manoir de Lezoualc'h a été le berceau de la famille Autret que nous trouvons mentionnée comme noble dès la Réformation de la noblesse de 1426.

Dans le fonds de l'Evêché de Cornouaille (Arch. du Finistère, G. 89-111), nous avons relevé en 1391, Eon Autret demeurant à Quimper « en Maesminihy en Saint-Mahé » en 1450, 1496, 1498, Juquel Autret, fils de Barthelemy, qualifié seigneur de Lesoualc’h ; en 1477, Guion Autret ; en 1490, Raout Autret. Nous trouvons aussi, en 1418, Jacob Lesoualc'h comme receveur de l'Évêché. Dans l'enquête faite en 1410 et 1411 sur les droits du vicomte de Léon en Cornouaille, un des derniers témoins entendus s'appelle Henri Autret (Dom Morice, P. II). On voit donc que la famille Autret est l'une des plus anciennes de la Basse-Cornouaille.

Nous allons suivre la filiation en donnant sur chaque génération les renseignements que nous avons pu recueillir et en nous servant principalement de deux généalogies, dressées par Guy Autret et conservées à la Bibliothèque Nationale (Fr. 29587) [Note : Et du fonds des Arch. du Fin., E. 366 et 366 2].

Les Autret blasonnaient: « D'argent à quatre fasces ondées d'azur » et leur devise était : « Dre ar Mor » (Par la mer) [Note : Ou « à travers la mer »].

I.
Barthelemi Autret, sieur de Lesoualc’h, en la paroisse de Goulien, Évêché de Cornouaille, épousa Jeanne de Languevoez, d'après une généalogie de cette dernière famille dressée par Guy Autret et mourut vers 1514. Il fut père de :

II.
Juquel Autret, sieur de Lesoualc’h, mentionné dans un acte passé par son fils le 10 janvier 1514, épousa Jeanne de Moelien, veuve de Jean du Dresnay en 1485, fille de Jan de Moelien et de Marie Le Chevaër. (Celle-ci était probablement fille de Charles Le Chevaër, cité dans la Réformation de 1444, demeurant au manoir Mispirit, en Goulien) [Note : Le manoir de Mispirit avait primitivement appartenu à une famille du même nom. Nous trouvons, en 1477, Maître Jehan Mispirit et André sa compagne. Mispirit appartint successivement ensuite aux Chevet, Blanchart et Lefaucheux].

III.
De son mariage Juquel Autret eut :

Jehan Autret (qualifié noble escuyer) sieur de Lesoualc'h qui figure dans des actes des 10 janvier 1512, 6 janvier 1524, 18 mars 1539, 4 avril 1540.

Il épousa, suivant Guy Autret, Catherine Le Picart, fille de Louis Le Picart et Janne d'Auray, sieur et dame de Kerganou, en l'Evêché de Vannes. Elle reçut en partage, suivant le même auteur la terre de Kervéguen, en Goulien. (Dans un inventaire fait à la Coudraye, le 22 mai 1690, il est fait mention d'un « contract d'acquet du manoir de Kervéguen, ses fiefs, juridiction et ferme, du 29 novembre 1524 ». Jehan Autret mourut le 29 juin 1547.

Il fut père de

IV.
Jehan Autret (qualifié noble home), sieur de Lesoualc’h et de Kervéguen, fit une fondation, le 25 mars 1574 dans la chapelle de N.-D. de Bonne-Nouvelle, au village de Lannourec, en la paroisse de Goulien « pour estre luy, sa compaigne espouse et ses enfants et héritiers participans ès prières, oraisons, messes et offices divins qui se célèbrent et se célébreront, toutes les sepmaines par chacun an en la ditte chapelle en l'avenir ».

Il épousa, suivant Guy Autret, Marie de Coatanezre, dame de Lésergué et des Salles, fille de Jan de Coatanezre et de Amice de la Palue, sieur et dame de Lesergué et des Salles. Elle devint dame de Lesergué à la mort, sans postérité, de son frère aîné Charles de Coatanezre en 1548.

De ce mariage vinrent :
1° René Autret, qui suit ;
2° Catherine Autret, femme de Jacques de Lanros, sieur du Minven, en Tréogat.

V.
René Autret (qualifié Noble home) est dit fils aîné, principal et noble et sieur de Lesergué dans un acte du 15 septembre 1577. Il se qualifie de sieur de Lesoualc'h dans un acte du 2 juillet 1586. Il épousa, par contrat du 3 août 1567, Jeanne Le Vestle, qui était d'après Guy Autret, fille de Pierre le Vestle et de Marguerite L'Honoré. Il combatit dans le parti du Roi et fut tué par les Ligueurs vers 1595. Son manoir de Lesoualc'h fut ensuite pillé et saccagé par la Fontenelle en personne qui y fit mettre le feu ainsi qu'aux villages environs. Nous reproduisons ci-après le procès-verbal d'enquête fait en 1634.

Pillage du Manoir de Lezoualc'h en la paroisse de Goulien par La Fontenelle (1595).

Enqueste civille faicte par la cour et siège présidial de Quimper Corentin recqt Mre Yves Aultret, sr de Lesoualch et de Kergaradec, deffandeur, vers escuyer Guy Aultret, sr de Misirien, demandeur, dellivrée cloze et soubz sczeau a Me François Yvenou, procureur dud, deffandeur, ce XIème novembre 1634. Signé : Delagarde.

Encqueste civille faicte par la court et siège présidial de Kemper Corentin par nous Jan de Querouartz, senechal de Cornouaille et premier magistrat audict siège, ayant avecq nous, pour adjoinct, Jan Prouhet, pour le greffier dudict sïège, jurré en tel cas requis, requerant escuier Yves Aultret, seigneur de Lesoualch et de Kergaradec, deffandeur, vers Guy Aultret, escuier, sieur de Missirien et de Leserguay, demandeur, et ce pour parvenir à la vériffication des articles nous mis entre mains par le dict deffandeur, dabtés en la signification faicte ce jour audict demandeur par Buzaré, Sergeant, à laquelle encqueste avons vacqué et procédé en notre maison, en ceste dicte ville de Kemper Corentin, ce jour sixiesme de novembre an 1634, comme ensuilt.

Yvon Brechonnet, laboureur de terre, demeurant au village de Trochalut, parroisse de Gouzlien, âgé de soixante et troys ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment dire véritté, purgé de conseil, affection, solicitation, encquis.

Dépose que trante et huict ou neuff ans sont, le deffunct sieur de la Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et que, environ ungn an devant le temps de sa venue audict Douarnenez, ses gentz ligeurs tuèrent deffunct escuier Renné Aultret, sieur de Lesoualch, quy estoiet du party du Roy et son capitaine en troys parroisses du Cap ; sy recorde que peu de temps apprès la mort dudict feu sieur de Lesoualch, ledict sieur de Fontenelle entra au mannoir de Lesoualch, suivy d'ugne compagnie de cavallerie, de laquelle il princt et emporta tout ce que bon luy sembla, mesme brusla tout ce qu'il ne peult emporter et briza le surplus des meubles, et dict apprès que ledict feu Fontenelle eust sorty de ladicte maison, en laquelle il entra, il vict nombre de papperasses et parchemins presque bruslés, qui sembloient à des contractz et autres actes, et que ce rettirant il vict encorre le moulin, les maisons de la basse-court dudict Lesoualch et autres mettairyes prochaines bruslées par le feu que y avoict faict mettre le predict Fontenelle, et qu'il ne se trouva en la maison que certains actes et pièczes que l'on dissoict estre inutilles, quy estoict restés en un gallatas du grand corps de logeix, que la dame de Lesoualch, leur grande mère, emporta, et est son record lequel lui leu et donné à entendre en son vulgaire langage brethon, a dict icelle contenir véritté et a signé, ainsin signé : Yvon Brechonnet.

Pierre Le Goff, teixier de son mestier, demeurant au village de Kerguellien Houilien, parroisse de Gouzlien, âgé de soixante et six ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment dirre veritté, purgé de conseils, affection, solliczittation et encquis.

Dépose que trante et neuff ans sont ou environ le deffunct sieur de Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez, et que, un an devant sa venue audict fort, escuier Renné Aultret, sieur de Lesoualch, auroict été assaziné par ses gentz, et quelcque temps apprès, en hayne que Messire Claude Aultret, son filz aysné, père desdictes partyes, estant capitaine de quelques parroisses, tenoict le party du Roy, ledict sieur de la Fontenelle vinct en personne à Lesoualch et auroict fait mettre le feu audict mannoir de Lesoualch par ses soldatz, quy auroict bruslé les meubles y estant et aussy bruslé les actes estantz en ladicte maison et le moullin et cincq villages à l'enthour de lad, maison et laissé couller le vin et emporté tout ce trouvèrent et jugèrent leur pouvoir servyr sy recorde que quant ledict sieur de Fontenelle et ses soldatz s'estoinct rettirés, il vinct audict mannoir de Lesoualch nombre de personnes, lesquelz trouvèrent encorres quelcque restes de meubles et garandz my-bruslés, lesquelz ne pouvoinct rien valloir, et est sa deposition, laquelle luy leue et donnée à entendre de mot à autre, a dict icelle contenir véritté et ne scavoir signer.

Berthelemy Sicourmat, cherpentier de son mestier, demeurant au village de Kergonven, paroesse de Gouzlien, âgé de soixante et huict ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment dirre véritté, purgé de conseill, affection, soliczitation, encquis.

Dépose que trante et huict ou neuff ans sont, le sieur de la Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et que un an devant escuier Renné Aultret, sieur de Lesoualch, fut assasiné par ses gentz et quelques temps apprès, Mre Claude Aultret, sieur de Lesoualch, son filz aysné et père desd. partyes, estant capitaine de quelcques parroesses aux environs, en hayne de ce que ledict sieur tesnoict le party du Roy, ledict sieur de la Fontenelle, acompagné de ses gentz en grand nombre, seroict venuz en personne audiet mannoir de Lesoualch et auroict emporté ce qu'ils auroinct trouvé leur pouvoir servir et mis le feu en ladicte maison, bruslé les meubles et les garantz y estantz et le moullin et quatre villages proches dud. mannoir ; sy recorde que apprès qu'ils s'estoinct rettirés de ladicte maison, nombre de personnes allèrent et trouvèrent les garantz de ladicte maison sur la place demy-bruslés et les meubles estant aussy dans lad. maison toutz bryssés et rompus et demy-bruslés, dict outre que lesd. paysantz y assemblés serrèrent et emportèrent lesd. pappiers et garantz dans ungne chambre au dessus, lesquels il dict ne pouvoir de rien servir en l’estat qu'ilz estoict et est sa déposition et dit savoir sur les articles nous mit entre les mains de la part du dict sieur de Lezoualch, laquel luy leue et donnée à entendre de mot à aultre, a dit icelle contenir véritté et a signé, ainsin signé : Bthellemi Sicourmat.

Pierre le Marrec, marinier, demeurant au village de Kerizict-Gouzlien, paroisse de Gouzlien, âgé de soixante et dix a unze ans ou environ, comme il dict, tesmoign jurré par serment dire véritté, purgé de conseill, affection, soliczitation, encquis.

Dépose que trante et neuff ans sont ou environ, le sieur de la Fontenelle s'empara du fort de Douarnenez et dict qu'un an devant escuyer Renné Aultret, lors sieur de Lezoualch, fust assasiné par les gentz dudict de la Fontenelle et quelques temps apprès en hayne de ce que Mre Claude Aultret, père desdictes partyes, tesnoict le party du Roi, comme capitaine des parroesses aux environs, ledit sieur de la Fontenelle et ses gentz seroinct venuz en personnes en la maison de Lezoualch ou ilz auroinct mis le feu, ensemble dans le moullin, mestayrie et quatre villages aux environs dudict mannoir, sy recorde que ungn nommé Missire Berthelemi le Marec, pbre et curé de la paroisse de Gouzlien, son oncle, à son rethour dudict mannoir, accompagné de la dame de la maison lui auroict dit que la maison dudict Lesoualch estoict ruynée, d'aultant que toutz les actes et garantz de lad. maison estoinct bruslés par ledict sieur de la Fontenelle et ses soldatz, et est sa déposition et tout ce qu'il dict savoir, laquelle luy leue et donnée à entendre de mot à autre, en son vulgaire langage brethon, a dict icelle contenir véritté et a signé, ainsin signé Pierre le Marrec, Jean de Querouartz, senechal, et a ledict sieur senneschal escript an marge de son
sign : taxe pour quatre temoigns quarante solz reçeu.
Signé Jan de Querouartz, sénéchal, Prouhet, adjoinct
[Note : Copie extraite des Archives de M. Le Bris-Durest, de Pont-Croix, par M. de Rosmorduc].

Du mariage de René Autret et de Jeanne Le Vestle naquirent :
1° Claude Autres, qui suit.

2° François Autret, sieur de Kervéguen et de Kerstrat, mentionné avec ces qualités dans un acte du 2 juin 1632. Il habitait alors le manoir de Kerstrat en Ergué-Gabéric. Son fils, Nicolas Autret, servait dans les armées navales depuis cinq ans, comme volontaire, lorsqu'il fut tué dans les Iles de Provence, en 1637. Marie Autret, épouse de écuyer Alain Larvor, sieur de Kerudalan et de Kerstrat, vivant le 16 juillet 1643, pourrait être sa fille.

3° Hélène Autret, femme de Jacques de Clisson, sieur du Ménez.

4° Marie Autret, mariée à René de Kersulgar, écuyer, fils de Louis de Kersulgar et de Marie de Saludem, sieur et dame de Kernaou, en Ergué-Gabéric. Elle fut partagée par son neveu, le sieur de Lesergué, le 13 novembre 1624.

VI.
Claude Autret (qualifié noble homs) sieur de Lesoualc'h, fils aîné, principal et noble, combatit avec son père dans le parti des Royaux et fut capitaine de Goulien et des paroisses environnantes. Il figure dans des actes des 18 mars 1608 et 22 mai 1618 et mourut au mois de janvier 1639.

Il s'était démis, de son vivant, de ses biens en faveur de son fils aîné, ainsi qu'il se voit par l'aveu que ce dernier fournit au Roi le 22 mai 1618.

Il épousa en premières noces, par contrat du 12 novembre 1590, Françoise de Clisson, fille de Jacques de Clisson, sieur du Menez, de Lanriou et du Tymeur et de Béatrice de Cornouaille, et en secondes noces, par contrat du 15 (alias 25) juillet 1596, Gillette du Piessix, dame de Missirien, fille de Jacques du Plessix, sieur de Kerminihy et de Missirien et de Barbe de Toulalan. Par ce mariage, la terre de Missirien entra dans la maison de Lesoualc’h.

Du premier mariage est issu :
1° Yves Autret, qui suit.

Du second lit vint :
2° Guy Autret, sieur de Missirien.

Bien que ce dernier soit défia honorablement connu (BlOGRAPHIE BRETONNE, Guy Autret, seigneur de Missirien, correspondant de Pierre d'Hozier en Basse-Bretagne par M. LE Cte DE ROSMORDUC, etc...) nous ne pouvons nous dispenser d'en dire quelques mots.

Guy Autret servit d'abord dans la carrière des armes ; il se retira ensuite en son manoir de Lesergué, en Ergué-Gabéric « paisible retraite qui convenait à ce sage, chercheur patient, érudit, écrivain de mérite, Breton passionné pour la gloire de son pays ». Lui-même a exprimé le charme qu'il trouvait à sa résidence silencieuse et à ses recherches historiques : « Sans charge et sans occupation civile, je possédois en repos la plupart de mon loisir et de ma solitude sans solitude ; là ma vie se passoit dans un calme continuel, là entre toutes les estudes, j'avois heureusement faict eslection de celle de l'histoire, comme de la plus convenable à mes inclinations ; ayant toujours creu que ta recherche des antiquités estoit incomparablement plus utile que celle des tulipes et des peintures, qui ne flattent que les yeux et les sens, au lieu que l'histoire est un solide aliment de l'esprit, qui entretient et délecte si agréablement ceux qui l'ont une fois savourée, qu'ils s'y attachent après par délices, avec des affections et des ravissements incroyables » [Note : Préface à la 5ème Edition des Vies des Saints par MM. THOMAS, PEYRON et ABGRALL. Salaun, Quimper 1901]. Il donna une nouvelle Edition des vies des saints d'Albert Le Grand, en y ajoutant des notes, des corrections, d'importantes additions et de nouvelles notices, Il a laissé aussi d'intéressantes notes et généalogies sur les familles nobles de Bretagne, conservées à la Bibliothèque Nationale et à celle de Rennes.

Guy Autret naquit vers 1599. Il eut pour parrain le célèbre brigand Guy Eder de la Fontenelle. Il épousa en premières noces Blanche de Lohéac, fille de Mathieu de Lohéac et de Marguerite Le Baud et en secondes noces, Françoise Le Borgne, veuve de Messire Ollivier de Lamprat, sénéchal de Carhaix. Il n'eut point d'enfants de ces deux mariages. « Suivant une note du fils de Pierre d'Hozier, Guy Autret serait décédé à Paris le jour du Vendredi-Saint (26 mars 1660) des suites de l'opération de la pierre. D'après les registres mortuaires de la paroisse de Saint-Sulpice de Paris, il serait mort le 5 avril 1660 » (Lettres de Guy Autret, Préface cf. supra).

Nous avons retrouvé aux Archives du Finistère, un mémoire dressé par Sébastien de Kerc’hoent, seigneur de Coetanfao, des dépenses de son enterrement (10 avril 1660). Voici ce mémoire « Nous soubzignant, seigneur de Coetanfao, certiffions l'employ cy-dessous de la somme de quattre cents soixante et dix livres entre véritable, laquelle some a esté trouvée dans les coffres de deffunt Mr de Missirien après son decebz et nous a esté mins entre mains pour fournir aux frais de son enterrement qui a esté faict en la paroisse de Saint-Sulpice, à Paris où il est décédé le 3e d'avril et inhumé en la dicte église le 5e du même mois 1660.

Et premier,
« Nous avons payé par les mains du garçon de feu Mr de Missirien aux nottaires qui ont faict inventaire des hardes et argent du dict deffunt seigneur de Missirien, pour leurs vacations et avoir retiré deux coppies signés et garantis dont nous avons envoyé lune à Madame de Missirien, dix huit livres. Plus pour les frais de l'enterrement suivant le mémoire et le reçu aupied du crieur qui a soing des enterrementz à Saint-Sulpice, 355 l.

Au prestre qui a veillé le corps pendant un jour et demi et une nuit, 8 l.

Donné au garçon de feu Mr de Missirien pour achepter bas à bottes et autres choses nécessaires pour son voiage de Bretagne dont il a payé vingt et deux solz et port des lettres que nous renvoyons à Madame de Missirien, 6 l.

Plus payé au Sr Voesin, facteur du messager de Paris à Rennes pour le voiage du valet de Mr de Missirien suivant le reçu, 36 l. Plus donné à ce mesme garçon pour sa despense à Rennes et son voiage de Rennes à Quemper, 24 l. Plus pour le port des hardes du valet, d'ici à Rennes, 3 l.

Reste encore, 20 l.

Fait à Paris, à l'hotel de Lyon, rue Saint-André des Arts, 10 Avril 1660.
Sébastien de Querhoent de Coetanfao »
. (Arch. Fin. E. 227).

Les dépenses d'enterrement à Ergué-Gabéric sont détaillées dans un autre mémoire que nous croyons intéressant de reproduire :

« A Mathieu l'Hostis et Mary le Carre pour avoir fourny les armoiries et timbres en l'esglise parroissialie d'ergué-gabéric durant le grand service dudict feu seigneur de Messirien en faire une lisière noire et y avoir mis des armoiries et timbres en la dicte lisière tant au dedans que dehors, 57 l.
A Malherbe, marchand de drap à Quimper pour la tante noire faicte en l'esglise d'Ergué-Gabéric et la mesme tante noire au manoir de Lesergué, 145 l.
En poisson, viande, pouletz, cochons, pains et choses nécessaires pour les assistans au service, 162 l. 10 s.
A Jean Terrestre, drogaiste, pour l'illumination de l'esglise d'Ergué, 20 l.
Un tonneau de seigle aux pauvres d'Ergué, 36 l.

D'autres frais sont mentionnés à la suite, tels que : « A l'orfèvre pour avoir prisé la vaiselle d'argent, 3 l. A un librairepour estimer et faire les lotties des livres de la bibliotecque, pour un jour, 3 l. A Jamot apothicaire à Paris 500 l.
Plus le port des coffres de Guy Autret de Paris à Rennes, 22 l. 15 et de Rennes à Quimper, 16 l. »
(Arch. Fin. E. 227).

Les domestiques de Lesergué (3 valets à bras, 1 palefrenier, 2 servantes, 1 pasteur de mouton et 1 pasteur de vaches) la dame de compagnie et la gouvernante, reçurent une gratification.

Les vassaux furent exonérés de la moitié de leur rente annuelle.

Nous avons cherché vainement le procès-verbal d'inventaire qui dût être fait à Lesergué quelque temps après la mort de Guy Autret. Il eut été excessivement intéressant d'avoir le détail de sa bibliothèque et surtout de ses documents d'archives qui furent dispersés probablement après sa mort, aux hasards d'une vente : un libraire appelé pour faire l'estimation et les « loties » semble l'indiquer.

VII.
Yves Autret (qualifié noble homs), sieur de Lesoualc’h, Lesergué, Kervéguen, Kerjan, etc… fournit aveu au Roi, le 22 mai 1618, pour les dites seigneuries.

Il épousa, par contrat du 22 septembre 1618, Marie du Menez, fille aînée d'Alain du Menez et de Marie de Gourcuff, sieur et dame de Lézurec.

Il acquit de Claude comte de Boiséon, vicomte de Dinan et de la Bellière, Baron de Kerouzeré, seigneur de Coetnisan, etc..., par acte du 24 novembre 1628, la terre et seigneurie de Kergaradec, en la paroisse de Plogoff, dont il prit possession le 29 décembre suivant.

Voici cet acte dans lequel sont détaillées les prééminences en l'église de Plogoff :

29 Décembre 1628

Prise de possession en 1628 de la terre et seigneurie de Kergaradec en la paroisse de Plogoff, par Messire Yves Autret, seigneur de Lesoualch.

(Prééminences en l'église de Plogoff)

Nous Jan Urgoez et Michel Blanchart, nottaires royaulx héréditaires jurés et reçus en la court de Kemper Corentin, scavoir faisons que ce jour jeudy 28e de décembre 1628, ont comparus en leurs personnes, en nostre tablier en la ville de Pontecroix, messire Yves Aultret, chevallier, seigneur de Lesoualch, paroesse de Goullien, d'une part et essuyer François Filly, sieur de Kerneiz, demeurant au manoir de Lanvers, paroisse de Beuzec-cap-Sizun, procureur spetiall, o pouvoir exprès, de messire Claude compte de Boesevon, viconte de Dinan et de la Beliaire, baron de Kerouzéré, seigneur de Coetnisan, etc ...., au désir de la procuration luy passée et inséré dans un contrat par luy présantemant apparu, passé par la court de Morlaix, le 24e jour de novembre dernier, signé : Claude de Boisenou, Rollant Godet et le Normant, notaires royaulx, refferant le registre estre par devers le dict Godet, icelluy contract contenant vandiction faicte par led. seigneur conte de Boesevon audict seigneur de Lesoualch, de la terre et seigneurie de Kergaradec, en domaine, fieff, prééminances d’église, droict de fondation et de coustume et générallement toutz ce que en despant en la parroesse de Plogoff et ailleurs, sans réservation, ladicte terre rellevant du proche fieff du Roy, quitte de toutes charges ; lecquel contract a esté par cestes registré présantement devant nous susdicts notaires par ledicts Filly, oudict nom, d'une part, et ledict seigneur de Lesoualch, d'autre, et ont prorogé de juridiction de nostre dite court de Kemper Corentin, avecq toute soubzmission à icelle pour l'anterinement et exécution dudict contract de vante sellon sa forme et theneur consantants lesdictes partyes d'estre trettés et convenus par nostre dicte court ainsin que sy ledict contract eust esté gréé, faict et consanty par nostre dicte court et sénéchaussée de Kemper Corentin et par devant nottaires d'icelle. Fait grée en nostredict tablier, en la ville de Pontecroix, lesdicts jour et an que devant, soubz les signs desd. partyes ; le registre de cestes est signé : Yves Aultret, Fran. Filly et de nous J. Urgoez, nattaire royal, et M. Blanchart, nottaire royal, lequel demeure vers et en la garde dud. Blanchart. (Signé :) M. Blanchart notaire royal.

Et advenant le lendemain vantiredy, 29e jour de décembre l'an 1628, nous soubzsignons notaires, nous sommes expréssément transportés de nos demeurances, à la recqueste dudict, escuyer François Filly, sieur de Kerneiz, procureur comme dict est dudict seigneur comte de Boesevon, jusques au manoir et seigneurie de Kergaradec, scittué en la parroesse de Plogoff, où y estants, en la présance de plusieurs personnes, ledict Filly, oudict nom, usant de son dict pouvoir et en vertu de la dicte procure luy consantye dans led. contract de vante de la terre de Kergaradec, dabté du 24e jour de novembre dernier, a réellement et actuellement et deffaict présantemant, à veue de nous, mis et induict ledict seigneur de Lesoualch acceptant en la posetion reelle et corporelle dud. lieu, manoir et seigneurie de Kergaradec, issues et appartenances et despandances, sans réservation, domaine, fieff et tout ce quy en despand, par avoir led. seigneur de Lesoualch, embullé et desambullé par les maisons et macziaires dud. Kergaradec, terres chaudes, froides, prairies, forestaiges, fieffs et touttes leurs despandances, et avoir faict feu et fumée, beu et mangé esdites maisons et désambullé par les fieffs et despandances et faict toutz autres actes recquis et nécessaires pour bonne et debve posetion, prandre et acquillir, à la coustume sans aulchun trouble, opposition, ny empêchemant de personne, les maisons ducquel manoir sont en plusieurs endroits ruinés et sans couverture et dans celles quy sont couvertes sont à présant derneurantz les desnomés cy apprès, à tiltre de simple ferme, ainsin qu'il nous ont dict, scavoir en l'une desdictes maisons dudict manoir demeure à présant Mathias Guesengar, quy a dict poyer, pour sa costepart de la taillée, la somme de 4 livres thournois. Item en une aultre maison dudict manoir demeure Jan Kerloch et Marie le Berre, sa femme, pour poyer l'an, à ce qu'ils disent, à pareill tiltre de simple ferme, la somme de 4 livres, 10 soubz thournois. Item en un aultre logement dudict manoir demeure, à pareill tiltre de simple ferme. Andre Guezengar, pour payer la somme de 75 soubz thournois par checun an. Et finallement en une autre maison dudict manoir demeure Jan Le Gall, dict Jaouhen, pour poyer par checun an, de simple ferme, la somme de 115 soubz thournois. Toutz lesquels fermiers cy dessus desnomés sont présants devant nous nottaires de la court de Kemper-Corentin et se soubzmectent et prorogent de juridiction en nostredicte court et s'obligent de poyer au temps advenir et tant que led. seigneur de Lesoualch leur dellaissera lad. ferme, pareille somme que celle qu'ils ont déclairés par cy devant et déclairent ne prétandre aulchun droicts aux édiffices dudict manoir, à quoy faire ils ce sont obligés soubz obligation et hippotecque de touts leurs biens et, par leurs sermants, déclairants ne scavoir signer ont prié et requis Mre Anthoine le Berre, prèbre et curé de ladicte parroesse de Plogoff, de signer cestes pour eulx, ainsin signé en ceste endroict au registre de cestes : Le Berre.

Et à l'instant ledict Fily, oudict nom, nous a faict condéçandre jusques à un vieux moullin à vand, sittué près dudict manoir, qu'il nous a dict entre le moullin de la seigneurie de Kergaradec, en la posetion ducquel moullin et son distroict il a pareillement induict ledict seigneur de Lesoualch, par l'avoir faict entrer dans ledict moullin et faict touts actes recquis et nécessaires pour bonne et debve posetion prandre, sans opposition de personne, et appurons que ledict moullin est tout ruiné, sans boesaige, ny aulchune couverture, mesmes les murailles presque tombées et ce quy reste encore deboult mesnage prompte ruine, et n'y a audict moullin ny degré, ny meubles, ny porte, ny fenestres, ny aulchun ferrementz.

Et dudict manoir nous acheminantz vers le bourg parroessial de Plogoff, nous a ledict Fily montré une grande croix de pierre, posée sur des marches de pierre de taille, nomée la croix de Keroullant, cittuée dans le domaine de la seigneurie de Kergaradec, dans lacquelle croix sont en boeze les armoiries de la seigneurie de Kergaradec, du temps que ladicte terre appartenoict aux seigneurs de Rosmadec, scavoir les armes plaines du Grand Rosmadec, quy sont des pals, et les armes du petits Rosmadec ou Lespervez quy sont des gemels.

Et de ladicte croix nous nous sommes transportés jusques au bourg parroessial de Plogoff et estants entrés dans l'église dudict bourg, ledict Fily, usant de sondict pouvoir, a pareillement induict le dict seigneur de Lesoualch, acceptant, aux droicts de fondation, de coustumes et préminances d'église et autres droicts honnorificques de ladicte église, despandants de lad. seigneurie de Kergaradec, par avoir faict entrer ledict seigneur de Lesoualch en ladicte église et faict les actes nécessaires pour ladicte posetion prandre, sans empêchemant ny opposition de personne, lesquels préminances led. Filly, oudict nom, nous a présantement montrés, scavoir au porche du semittiaire, du costé du midy, par dehors, sont troys escussons en bocze de relieff, scavoir au hault dud. porche les armes plaines de Bretaigne, et aux deux côtés dud. porche les armes entiennes de lad. seigneurie de Kergaradec, lors qu'elle appartenoict aux seigneurs de Rosmadec, scavoir, au costé droict, comme l'on entre aud. porche, est un escusson armoyé des armes du pettit Rosmadec, quy sont troys gemelles, et du costé gauche sont les armes plaines du grand Rosmadec, quy sont troys palles.

Et estantz entrés dans ledict semittière nous a ledict Filly montrés au hault du porche et principalle entrée de ladicte église, du costé du midy, un escusson bosse chargé de la représantation de troys pigeons, ledict escusson estant extrêmement entien et vieux, lecquel ledict Fily nous a dict estre les armes particulières de ladicte seigneurie de Kergaradec.

Plus nous a led. Filly montré et avons veu au hault du pignon occidental! de lad. église, sur lequel est construict le clocher, un grand escusson en bocze de relieff coupé en bannière, dans lecquel escusson y a un equartellé, au premier et dernier est la repprésantation d'un lion, au second et troysiesme se voict des ermines et un saoultouer, que ledict Fily nous a dit estre les armes de la seigneurie de Kerouzéré en ecquartellé avecq les armes de la seigneurie de Meinfaoults, dans laquelle maison de Kerouzéré ladicte terre de Kergaradec a entré par te mariaige de dame Jeanne de Rosmadec avecq Messire Jean, baron de Kerouzéré, l'an 1476.

Et estantz entrés dans ladiete église nous a ledict Fily faict voir troys escussons en rellieff aux pierres du font babtismal, de ladicte église, lesquels parroessent estre extrèmemant vieulx, dans l'un desquels, estant devers occident, sont les armes plaines du grand Rosmadec party avec la repprésantation d'une thour, dans un autre escusson, estant du mesme costé, sont les armes plaines. dudiet petit Rosmadec, ainsin qu'ils ont estés describés cy devant, et, du costé de septentrion dudict font baptismal est le troysiesme escusson, aucquel sont les armes plaines du grand Rosmadec.

Item nous a ledict Filly monstré dans l'une des vieilles collonnes quy soutiennent le bastimant du ceur de ladicte église, quy est la première du costé de l'évangille, lacquelle collonne paroict avoir esté faicte lors que premièrement l'on bastit ladicte église, un vieil! escusson estant en bocze partant les armes plaines du grand Rosmadec.

Davantaige nous a ledict Filly monstré deulx thombes dans le ceur de ladicte église, costé de l'évangille, joignant le marchepied du grand autell, sur l'un desquelles est unne grande croix de relieff avecq quelques escussons tellemant usés que l'on ne peult remarquer quelles armes y sont gravées, et sur l'autre thombe, tirant vers le mittant du ceur, est la repprésantation d'un personnaige. Sur lesquelles thombes estoict antiennement le bancq de ladicte seigneurie de Kergaradec, joignant un hault rebort de pierre de taille, quy cy voict encorre, construict expréssemant pour empêcher le passaige des parroessiens par l’applassemant et lieu dudict escabeau, lecquel escabeau ayant esté usé et consommé par las de temps, n'auroict esté reffaict, pour cause que les seigneurs de Coetenisan estoinct grandemant esloignés de ladicte église ; comme aussy nous a ledict Filly dict que pour la mesme cause les seigneurs de Coetenisan n'ont faict raffréchir les lisières qu'ils ont droict d'avoir, tant au dehors, que au dedans de ladicte église, comme seigneurs fondateurs d'icelle, à cause de lad. seigneurie de Kergaradec entiennemant nomée la seigneurie de Plogoff.

Et pour ce quy est des armes en vittre, lédict Filly nous a faict voir au pignon oriantal de ladicte église la grande et maistresse vitre composée de troys passées et de troys soufflects, au premier et plus hault desquels est un escusson des armes plaines de Francze partye avecq celle de Bretaigne et au second soufflet, quy est du costé de l'évangille, est un équsson en banière porté par un ange, lecquel eccusson est equartellé, au premier et dernier sont les armes de la baronie de Kerouzéré, quy sont de pourpre à un lion d'argeant, au second et troysiesme sont les armes de la seigneurie de Meinfoults quy sont d'ermines à un saoultouer de gueulles, et au troysiesme soufflet, estant du costé de l'espittre, est un autre ecqusson en banière porté pareillement par un ange, lecquel escusson est aussy ecquartellé, au premier sont les armes de la baronie de Kerouzéré, quy sont de pourpre à un lion d'argeant, au second les armes de Pontecroix quy sont d'azur à un lion d'argeant, au troysiesme sont les armes de Meinfouts, quy sont d'ermines à un saoultouer de gueulles, au quattriesmes sont les armes de Rosmadec quy sont palls d'argeant et d'asur de six pièczes.

Item en la chappelle de Sainct-Sébastien, du costé de l'évangille de ladicte église, y a unne vittre au pignon oriantall de ladicte chappelle, en lacquelle y a un escusson quy paroist estre grandement entier et s'ettre conservé par le moyen d’un cercle de fer, dans lecquel il est enchassé, lecquel esqusson porte les armes du petit Rosmadec, quy sont d'or à troys gemelles de gueulle, dans lacquelle vittre n'y a aulchunes aultres armes que celles de ladicte seigneurie de Kergaradec.

Item dans la nefs de ladicte église, près l’autell de Saincte Katherine, est unne vittre dans la muraille costière de ladicte église, du costé du midy, au hault soufflet de ladicte vittre sont les armes du petit Rosmadec, quy sont d'or à trois gemelles de gueulles.

Dans la chappelle quy est du costé de l'épistre en ladicte église, y a quelques esqussons en vittre tellement vieulx que nous n'avons peu blazonner, ny remarquer les coulleurs, ny les figures, fors en la vittre quy est au pignon méridional de ladicte chappelle avons veu deulx escussons en l'applassement desquels l'on a mis depuis peu d'années et freichement du verre blancq, et nous a ledict Filly dict que cella estoict advenu sur ce que un certain habittant de ladicte parroesse ce seroict avancé, il y a quelques anées, de poser dans ladicte vittre ses armes ou marque aux lieuex ou debvoinct estre ceulx de la seigneurie de Kergaradec, ce que estant venu à la coignoissance de deffunct maistre Yves le Sodec, lors recepveur de ladicte seigneurie de Kergaradec, il les auroict faict hoster et, en entendant y faire apposer les armes de ladicte seigneurie de Kergaradec, il y fist mettre led. verre blancq, quy cy voict à présent.

Et de plus nous a ledict Filly dict que à cause de ladicte seigneurie de Kergaradec, les seigneurs de Coetenisan ont droict d'apposer leurs armes en toutz les endroicts les plus éminans de ladicte église, ainsin qu'ils les avoinct au temps entien, comme seigneurs fondatteurs de ladicte église.

De tout quoy avons rédigé nostre présant procès-verball, à la recqueste desdictes partyes, à leur valloir et servir comme ils voiront l'avoir affaire, et leurs avons décerné acte de ce que ledict Filly a induict ledict seigneur de Lesoualch en la posetion des préminanczes et droictz honorifficques cy durant describés, sans empêchemant ny opposition de personne, en la présance de Mre Antoine le Berre, prestre et curé de ladicte parroesse de Plogoff, quy signe, et de plusieurs aultres habittants dud. bourg et parroesse de Plogoff, quy ne signent.

Et ce faict, la nuict estant survenu, nous nous sommes retirés jusques au manoir de Lesoualch, en la parroesse de Goullien, et le landemein, trantiesme jour de décembre, presant moys et an, nous nous sommes transportés jusques en nos demeurances. Le registe de cestes est signé : Yves Aultret, Guy Aultret, Fran. Fily, A. Ferre, et de nous Y. Urgoez, notaire royal, et M. Blanchart, notaire royal, lecquel demeure en la garde et par devers ledict Blanchart. (Signé :) M, Blanchart, notaire royal.

NOTA : A la suite de la pièce ci-dessus se trouve un procès-verbal dressé par P. de la Porte, sergent du ressort du siège présidial de Quimper, résidant à Pont-Croix, constatant qu'il s'est transporté au bourg de Plogoff, les dimanches 22 et 29 avril et 6 mai 1629 et qu'il y a publié et banni l’acquisition et la prise de possession de la seigneurie de Kergaradec faites par messire Yves Autret, seigneur de Lesoualch. Signé : P. DE LA PORTE.

A la suite du procès-verbal ci-dessus se trouve l'acte d'appropriement pour le seigneur de Lezouach prononcé par le présidial de Quimper le jeudi dernier jour de mai 1629. Signé : M. DU STANGIER. [Note : Communiqué par M. Le Cte de Rosmorduc].

La terre de Kérgaradec, qui avait primitivement fait partie de la seigneurie du Tyvarlen (La ndudec) fut baillée en partage, le 26 août 1474, par filou de Rosmadec, à sa sœur, Marguerite de Rosmadec, épouse de François de Boiséon (Arch. d’I.-et-V., E. 53).

Yves Autret dût affranchir une rente de 61 l. 3 s. 6 d., constituée sur cette terre au chapitre de Cornouaille par les seigneurs de Boiséon, pour la somme de 1223 l. 5 s.

Dans son aveu au Roi de 1653, Guy Autret, agissant en qualité de tuteur des mineures de son neveu, avait employé avoir juridiction haute, moyenne et basse sur les vassaux de la seigneurie de Kergaradec ; par son arrêt du 30 juin 1655, la Chambre des Comptes ordonna qu'il ne pourrait prétendre que le droit de basse-justice.

Cette justice fut réunie, à celle de Lézoualc'h par lettres patentes du Roi du mois de juillet 1665, confirmée par arrêt du Parlement de Bretagne du 21 août de la même année (Arch. d'I.-et-V., B. 359).

A cause de leur seigneurie de Kergaradec, les seigneurs de Lezoualc'h prétendaient avoir un droit de pêcherie et de sècherie sur les côtes du Cap-Sizun. Ce droit est ainsi énoncé dans un aveu : « .... A cause de laquelle seigneurie, appartient audit seigneur abvouant un endroit de pescherie apelée le senage pour lequel droit est deu le septième poisson des mullets, dorées et autres poissons quy se prennent avec filets dans la grande mer, aux costes des parroesses de Cléden, Plogoff et Goulien et aux environs de l'Isle Saint, duquel debvoir apartient audit seigneur de Lezoualc'h, une tierce partie en les deux autres aux seigneurs de Mollac et de Kerharo, fors ce quy se prend à la cosse de Goulien, qui apartient au seigneur advouant. Lequel droit peut valloir par communes années, 60 sols » « ... le droit de pescherie et secherie au port et rade du Loch, pour lequel led. advouant reçoit un merlus de chaque compagnon de bateau quy décharge aud. port du Loch et en la parroesse de Plogoff, une fois l'an seullement, pouvant valloir cinquante solz monnoye ».

Par arrêts de son conseil des 21 avril, 26 octobre, et 1er janvier 1752, le Roi institua une commission chargée de la vérification des titres des droits maritimes et statuer en dernier ressort.

Voici le jugement concernant la seigneurie de Kergaradec : « Vu la requête présentée par le procureur général de la commission contenant que par arrêté du 21 avril 1739, Sa Majesté avait ordonné que dans le délai de quatre mois, tous seigneurs, communautés et particuliers qui perçoivent ou font percevoir à leur profit sur les ports, quays, havres, rades, rives, rivages de la mer, dans l'étendue du Royaume, et sur les rivières qui y ont leur embouchure, ensemble les propriétaires des parcs et pêcheries, représenteroient leurs titres ; par arrêté du 26 décembre 1740, sa Majesté avoit prorogé le délai de deux mois. Le sieur de Kergaradec produisit des titres demandant à être maintenu en jouissance d'une rente de 15 l. 15 s. et de 50 merlus à prendre et recevoir sur la poissonnerie et pêcherie du Cap-Sizun, les conclusions de la commission demandaient au seigneur de Kergaradec de justifier plus amplement par titres et pièces authentiques en originaux ou par copies de l'établissement de la dite rente. Ce jugement fut signifié au seigneur de Kergaradec le 4 mars 1741 et depuis ce temps, il a gardé le silence, en conséquence la commission a donné que la dite rente serait et demeurerait supprimée » [Note : Arch. Finistère. B. 4270. Dans l'inventaire d'archives fait à Lezoualc'h en 1690, nous trouvons cependant mention de « Deux anciens garants sur velin, justifiant estre dû à la seigneurie de Kergaradec une rante sur les pêcheries de Cornouaille, des 2 juillet 1494 et 31 janvier 1499 ». (Arch. de la Baronnie du Pont)].

Yves Autret et Marie du Menez semblent n'avoir pas mené une vie bien exemplaire, si nous en croyons le factum ci-dessous :

« Claude Autet, sr de Lezoualc'h fit démission à Yves, son fils aîné, l'an 1618, pour jouir en l'an 1619 de : 12 pipes et un comble froment, deux pipes et demi seigle, 150 l. en argent, 6 pipes avoine, 18 pipes de blé mouture, 61 chapons, 1000 à 1200 l. de rente. Yves Autret reçut en épousant Marie du Menez d'abord 6000 l. et en 1638, 1000 l. en 1640, 3000 l. et en 1645, environ 100 l. de rente de Lézurec.

Sans avoir eu jamais procès d'importance, tutelles, querelles, crimes ou occasion quelconque de depance, sans avoir paru à des Estats, chez les grands seigneurs, fréquenté des personnes de condition, ny faict depance qui aye paru il consomma une grande partie de ses biens ».

Guy Autet prit sa fille à l'âge de sept ans, l'entretint jusqu'à son mariage, fit les frais de noce, lui fournit ses habits et lui prêta 2000 l. pour ses deniers dotaux. Il paya également l'instruction de ses deux fils à Rennes et à Paris.

« En 1639, Guy Autret fut sur le point de faire interdire le sr de Lezoualch ; celui-ci passa démission à sa femme let 11 février 1639, promit de s'abstenir absolument de vin, rompit ménage et alla demeurer avec son beau-fils.

En 1647, le sr de Kergaradec contracta mariage avec la Delle de Kerampuill, le sieur de Missirien fit les frais de la noce à Carhaix et paya à un orfèvre de Rennes, 118 l. pour des bagues et 800 l. pour des habits.

En 1649, la darne de Missirien mourut. Guy Autret habilla de neuf le sieur et la dame de Lezoualc'h, les prit à Lesergué et après quelques mois de séjour, les mit en sa maison de la Villeneuve en Plomeur et leur laissa la jouissance des meubles et quelques rentes. En 1650, ceux-ci eurent dissipé plus de 30 pipes de blé, jouit toute l'année de son moulin à vent, vandu ses bois et ses landes et commencé le dégat comme en pais de conqueste.

En 1651, ils font difficulté de retourner en la maison de Kerneien (Esquibien) où ils avoinct prins logement et veulent résider à la Villeneuve par violance.

Il n'y a point de personne raisonnable qui face reflection sur touts les mauvais mesnages mentionnes cy-dessus et sur plusieurs autres que le temps aprandra et qui ne sont encore en évidence quoy que celles qui se voyent se montent à plus de vingt et quatre mille livres, qui n'aye horreur d'une telle prodigalité et ne demeure d'accord qu'il ne faille pas pleindre la misère de ceux qui, de gaietté de cœur, se sont plongés en une pauvreté volontaire et lesquels bien loign de mériter assistance doivent avecq justice souffrir quelque disette et compemsation des plaisirs qu'ils ont goutté dans les profusions des bonnes chères.

Les pères mères des gentilshommes ont une obligation civille et naturelle de lesser à leurs enfents les biens qu'ils ont trouvez en leur maison, anfin qu'ils se puissent maintenir en leur condition et quand ils les mètent au bissac, les enfents n'ont à leur père que l'obligation que peuvent avoir les animaux ou les plus infames hommes (!)

Le sr de Kegaradec qui pouvoit avec raison faire une semblable pleinte, pastis sans murmure et néanmoins ses père et mère l'appelle ingrat, avare, dénaturé et lui donnent des imprécations et malédictions sans subject comme s'ils avoint regret de le voir faire quelques efforts de se rellever de l'abime de ruine auxquels ils l'ont précipité » (Arch. Fin., E. 227).

Yves Autret mourut, à la Coudraye, en Tréméoc, le 8 mai 1665 et sa femme y était déjà décédée le 23 janvier 1661. (Registres paroissiaux de Tréméoc).

Les enfants de leur mariage furent :
1° Alain Autret, sieur de Kergaradec, mort sans postérité vers 1642.
2° Guy Autret, qui suit.
3° Marguerite Autret, reçut en partage de son frère le 6 mars 1652, la terre et seigneurie de Kergaradec. Elle avait épousé, par contrat du 5 septembre 1638, Silvestre de Charmoy, sieur de Kerarrest, de la Palue, de Poulguinan, fils de Nicolas de Charmoy, sieur de Belair et de defunte Janne du Quélennec. Elle mourut au mois d'aoùt, 1675.

Silvestre de Charmoy fournit aveu au Roi, le 5 août 1667, de la seigneurie de Lesoual'ch, pour le rachat de Mre Guy Autret.

VIII.
Messire Guy Autret, chevalier, seigneur de Lezoualc'h, Kergaradec, Kerjean etc..., épousa, par contrat du 8 janvier 1647, Marie-Josephe de Kerampuil, fille de messire Pierre, seigneur de Kerampuil et dame Françoise le Borgne, de la maison de Lesquiffiou.

Guy Autret mourut en juin 1652. Sa veuve se remaria, par contrat du 25 juin 1653, avec Pierre du Disquay, sieur de Kervent (Ploneis), fils de Claude du Disquay, sieur de Bodelio et de feue Françoise de Lesaudevez.

Guy Autret de Missirien afferma, en 1655, le manoir de Lezoualc'h et ses dépendances, pour sept ans, à raison de 2400 l. tournois par an, à Ecuyer Mathurin Bougeault et Delle Jeanne Kerouren, sieur et dame de Rest-an-roue. Les bâtiments du manoir étaient en très bon état et la chapelle existait encore.

Du mariage de Guy Autret de Marie-Josephe de Kerampuil, sont restées deux filles :
1° Françoise-Geneviève Autret, née le 3 janvier 1649.
2° Marie-Antoinette Autret, née le 17 février 1652.

IX.
Françoise-Geneviève Autret, unique héritière après la mort de sa sœur, était, le 13 juillet 1859, sous la tutelle de son grand-oncle Guy Autret de Missirien, et à la mort de celui-ci sous la tutelle de sa veuve Françoise le Borgne, dame douairière de Missirien, ainsi qu'on le voit par un acte du 8 août 1660. Elle mourut jeune en 1671 et sa succession fut recueillie par sa tante, Marguerite Autret, épouse de Silvestre de Charmoy.

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On peut trouver des renseignements intéressants sur la famille de Charmoy dans les lettres de Guy Autret publiées par M. de ROSMORDUC et dans l'étude de M. LE NEPVOU DE CARFORT sur « Les Anciens seigneurs de la Coudraye, en Tréméoc » publiée dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, T. XXXIX, 1912. Nous nous contenterons d'indiquer la filiation à partir de la date où elle devint propriétaire de la seigneurie de Lezoualc'h.

Du mariage de Silvestre de Charmoy et de Marguerite Autret, issurent onze enfants dont un seul survécut, Guy-François, né à la Coudraye le 12 janvier 1645. Il épousa en 1671, demoiselle Bonne-Prudence de la Guibourgère.

De ce mariage naquirent quatre enfants, dont deux survécurent : Jacques de Charmoy, né le 9 mars 1680 et Bonne-Yvorée, née le 7 décembre 1681.

A la mort de sa première femme, Guy de Charmoy se remaria, par contrat du 8 janvier 1683, avec dame Yvorée de Kerguiris, veuve de messire Bertrand de Kermeno, seigneur de Coiroun. Il n'en eut pas d'enfants et mourut en 1689 [Note : Après sa mort, le mobilier de Lezoualc’h fut vendu. Les archives furent transportées à Lezurec, par Yves du Menez, tuteur des enfants de Guy de Charmoy et mises dans une malle recouverte de cuir, dans la chambre au-dessus de la salle].

Jacques de Charmoy épousa Gillonne de Quélen, dont il n'eut pas d'enfants. Sa sœur Bonne-Yvorée épousa Jean-Louis du Bot, seigneur de Talhouet dont issut François du Bot, chevalier, seigneur de Talhouet, en Pluherlin, diocèse de Vannes.

Celui-ci vendit la seigneurie de Lezoualc'h, par contrat du 5 août 1730, à « dame Marguerite Milon, veuve de feu noble homme Robert Guerin, de son vivant écuyer, conseiller du Roy au conseil souverain de Léogane ». Elle épousa peu de temps après noble homme Pierre-Hyacinte de Treneuf et revendit la terre de Lezoualc'h par contrat du 10 avril 1733, à écuyer Paul Mascarenne, sieur de Rivière, époux de Jeanne de la Pierre, demeurant à Pontivy.

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Nous renvoyons au travail de M. de Carfort pour les détails sur cette famille de Mascarenne de Rivière. Indiquons la filiation :

Du mariage de Paul Mascarenne et Jeanne La Pierre, issurent :
1° Jean-Paul, né à Quimper.
2° Charles-Joseph, né le 4 novembre 1738.
3° Jean-Célestin, né le 27 avril 1740, décédé en bas-âge.
4° Jean-Félix, né le 20 mai 1742
5° Marie-Jeanne, née le 17 mai 1745.

Jean-Paul Mascarenne épousa, en 1758, Delle Angelique-Henry de Bohal. Charles-Joseph fut officier de marine et ses exploits se trouvent dans la Biographie bretonne (T. II, p. 720) Marie-Joseph épousa le chevalier Pierre-Joseph-Marie de Trolong du Rumain. Les enfants de Jean-Paul Mascarenne et Angelique-Henry de Bohal, furent :
1° Jean-Paul-François qui mourut en bas âge.
2° Paul-François, qui épousa Delle Adélaïde-Gabrielle-Mauricette d'Andigné, née à Guérande, fille de Mre Charles-René d'Andigné, chevalier, seigneur de Kercassier, et de Delle Marie-Adélaïde de Sesmaisons.
3° Antoine-Marie-Hyacinthe qui épousa, par contrat du 24 février 1783, Louise-Renée de Rospiec de Trévien. Ceux-ci eurent la jouissance de la seigneurie de Lezoualc'h [Note : La famille Mascarenne habitait la plupart du temps un hôtel particulier, place Terre-au-Duc, à Quimper. Cette maison fut affermée, le 11 décembre 1792, par Expilly, évêque constitutionnel du Finistère (L. 21)].

Le 5 juillet 1784, ils l'affermèrent à Jacques Mazéas et Madeleine le Velly, de Kerguerriec en Goulien « à my croit et perte suivant l'usage du pays, pour sept ans, à leur disposition la maison couverte de paille où ils feront leur cuisine et dans la maison principale, la cuisine du métayer actuel avec tous les greniers au second étage et l'appartement dit l'office, derrière la cuisine pour y faire leurs buées, parce que les seigneur et dame bailleurs y feront aussi les leurs et même dans les cuves des dits preneurs, qu'ils feront entretenir de cercles à leurs frais, auront les dits preneurs pour leur part des fruits, ceux du grand verger et les « bolossiers » en dehors de la cour...., fourniront trente livres de beurre aux seigneurs..., logeront deux vaches et un cheval ou jument en privé aux seigneurs et les nourriront sauf l'avoine et la lavure, de même que les chevaux des personnes qui viendront rendre visite aux seigneurs... la semence et la récolte par moitié, sauf le lin… le four sera en commun... pour la somme annuelle de 372 livres ».

Antoine-Hyacinte Mascarenne habita Lezoualc'h jusqu'en 1793, année où il fut porté comme émigré par le District de Pont-Croix et ses bien vendus comme biens nationaux quelque temps après. Nous reviendrons plus loin sur cette question.

(Daniel Bernard).

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