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LA CHAPELLE DES GLENANS ET L'ABBE MARHALLAC'H

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Il me reste à parler de la chapelle qui existait encore récemment à la pointe nord de l'île du Loc'h et du vénérable prêtre qui l'avait créée, Mgr. du Marhallac'h. Ce que je vais rappeler est emprunté à l'excellente notice de M. l'abbé Rossi.

Les îles Glénans

Félix du Marhallac'h était le dernier rejeton d’une très ancienne et illustre famille de la Cornouaille. Après quelques années passées à Paris dans le travail et l’étude, il revint se fixer en Bretagne, mais le foyer qu’il s’était créé fut brisé par les épreuves les plus douloureuses, et il prit le parti d’entrer au séminaire à 43 ans. Devenu prêtre libre à Quimper, il s’occupait de bonnes oeuvres, s’intéressant particulièrement aux classes ouvrières. Quand la guerre de 1870 éclata, il voulut accompagner à Paris les mobiles du Finistère qui comptaient dans leurs rangs deux de ses neveux. La permission de suivre l'armée lui avait été refusée en 1859 ; cette fois il s’en passa et partit pour Paris comme aumônier libre, à la suite de ses Bretons. Je le vis installé sans position officielle à Villejuif, gros village de la banlieue de Paris, dont toute la population suivie de ses prêtres s’était réfugiée à l’intérieur des fortifications. Villejuif semblait devenu un village de la Basse-Bretagne, car cette localité et tous les forts voisins étaient uniquement occupés par les bataillons de mobiles du Finistère.

L’abbé du Marhallac'h disait la messe dans l'église à moitié démolie par les obus prussiens et visitait les ambulances. Le 29 novembre, pendant une attaque contre les positions prussiennes, les mobiles hésitaient un instant, et l’aumônier, qui était à côté d’eux au premier rang, dut leur transmettre en breton l’ordre d’avancer. Mais il fallut se retirer, l'abbé du Marhallac'h avait reçu dans son chapeau une balle qui avait effleuré le crâne et sa soutane était criblée de trous.

Aussi son nom devint-il rapidement populaire, non seulement à Villejuif, mais encore à Paris, et le gouvernement s'honora en lui faisant remettre la croix de la Légion d'honneur devant tout le régiment massé sur la place de l'Hôtel-de-Ville. Le bruit de cette vaillante conduite le rendit également populaire dans le Finistère, et, le 8 février 1871, il était nommé député à l'Assemblée Nationale, sans qu’il eût quitté Paris. Après avoir siégé à Bordeaux, il apprit que des malades bretons étaient restés dans les hôpitaux de Paris et il rentra dans cette ville pendant la Commune. Il était perdu, si, prêtre et député, il avait été reconnu.

L’abbé du Marhallac'h revint dans son diocèse et résolut de se consacrer à une oeuvre de grand dévouement. 

« La population des Glénans ne dépassait pas cent habitants, mais en 1871, un industriel étranger avait voulu y établir un vivier ; les travaux nécessitaient un nombre considérable d’ouvriers. privés de tout secours religieux ; M. du Marhallac'h s’en émut. Il obtint, grâce à ses relations à Paris, la création d'une paroisse aux Glénans et, comme la position était misérable et le danger parfois fort grand, il se l'était adjugée avec l'autorisation de Mgr. Sergent.

M. du Marhallac'h avait toujours beaucoup aimé ces îles ..... Familiarisé avec la mer, propriétaire d’un bateau ponté, le Surcouf, et doué d’un courage, qui alla parfois jusqu’à la témérité, le nouveau recteur vint bâtir dans l'île du Loc'h une chapelle en bois dont il fut l’architecte et qu’il disposa très ingénieusement pour servir d'habitation en dehors des offices [Note : Ce bâtiment tout en bois avait environ 10 mètres sur 15. La partie centrale en occupait toute la longueur, quand on démasquait le sanctuaire ; de chaque côté, trois petites cellules servaient de chambre, de cuisine et de magasin. Quelquefois pendant la messe on entendait les paroles malsonnantes d’un perroquet, ou on voyait se promener dans la chapelle une langouste échappée du panier où l’abbé renfermait sa pêche]; il la dédia à Notre-Dame des Iles. Il y disait la messe tous les jours, et le dimanche, si le temps avait permis aux habitants des autres îles de venir, il chantait la grand'messe et les vêpres, prêchant en français ou en breton, selon la composition de son auditoire ; un des marins de son embarcation lui servait de chantre. Les jours de tempête, alors que l'île du Loc'h était inabordable, ce qui arrivait souvent en hiver, un pavillon hissé au haut d’un grand mât, indiquait par des signaux convenus le point où l’on était rendu de la messe, pour que tous dans les différentes îles pussent ainsi y assister.

Le jour de la Fête-Dieu, les habitants montaient dans leurs embarcations et suivaient celle du recteur qui portait le bon Dieu ; la flottille se rendait à l'île Penfret [Note : C’était en réalité à l'île du fort Cigogne] et on descendait dans les casemates du fort où un reposoir était dressé.

Dans la semaine, le bon recteur visitait ses paroissiens et pourvoyait souvent à leurs besoins ; son temps était partagé entre ses exercices de piété, les leçons qu’il donnait aux enfants, et son cabinet de travail où il s'instruisait en lisant beaucoup.

Parfois sa solitude était troublée par des sinistres auxquels il assistait sans pouvoir leur porter secours. Un soir, la tempête était déchaînée, la mer entraînait sur les rochers de l'île un navire étranger ; il toucha et disparut dans l'abîme corps et biens. Quelque temps après, un malheureux aborde dans l'île, il parle une langue que personne ne comprend, mais grâce à sa connaissance de l'italien, le Recteur apprend que le navire et tout l'équipage était grec. Bientôt la mer apporte six cadavres  ; le bois ne manque pas, mais il n'y a pas d'ouvriers, l'abbé du Marhallac'h prend alors ses outils et passe la nuit à confectionner les cercueils. Le lendemain, les fosses sont creusées et les morts reçoivent les derniers honneurs.

Dans une autre circonstance, son propre bateau fut entraîné au large avec ses deux hommes d’équipage, le mât cassa, et le Surcourf se trouva en grand danger toute la nuit... ; une autre fois il chassa sur ses ancres et disparut pour toujours ».

L’abbé du Marhallac'h était encore aux Glénans quand Mgr. Nouvel remplaça Mgr. Sergent sur le siège de saint Corentin. Cinq mois plus tard, le nouvel évêque perdit un de ses vicaires généraux et, pour le remplacer, manda près de lui M. du Marhallac'h qui refusa d’abord, mais dut se soumettre. Dans ces nouvelles fonctions, qu’il exerça pendant 15 ans, il donna de nombreuses preuves de son zèle éclairé et de sa charité. Nommé protonotaire apostolique en 1887, il mourut le 16 août 1888.

Après le départ de l'abbé du Marhallac'h, rappelé à Quimper par son évêque, plusieurs prêtres lui succédèrent aux Glénans jusqu’en 1885, date à laquelle le traitement du recteur fut supprimé et reçut une autre destination. Le chiffre de la population avait beaucoup diminué et le service divin cessa d’être célébré dans la petite chapelle qui se trouva dès lors abandonnée. Le bâtiment tomba en ruines, la charpente et la menuiserie servirent de bois à brûler, car le combustible est bien rare dans l'île. Les croix en bois du cimetière que l'abbé du Marhallac'h avait créé n’existent plus, les croix en fer elles-mêmes ont disparu ! (Villiers du Terrage).

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