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OCCUPATION DE L'ARCHIPEL DES GLÉNANS PAR LES ANGLAIS

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Un autre épisode du blocus des côtes bretonnes qui, comme la station d'une flotte étrangère dans la baie de Douarnenez, mérite de  retenir l'attention, est l'occupation permanente par les Anglais des îles Glénans pendant les guerres de l'Empire.

L'archipel des Glénans, situé à 15 kilomètres de Concarneau et  à 12 kilomètres de la pointe de Trévignon, constituait pour l'ennemi un centre d'opération de premier ordre. C'était un lieu d'embuscade et un abri sûr qui permettait de surveiller une longue étendue de côte, de l'Ile de Groix jusqu'à Penmarc'h. Les Anglais fondaient à l'improviste sur tout navire qui sortait de Concarneau ou des estuaires de l'Odet, de l'Aven ou de la Laïta. Ils interceptaient les bâtiments qui se dirigeaient vers le golfe de Gascogne ou qui faisaient le commerce entre Nantes, Lorient et Brest.

L'archipel comprend sept îles dont la principale, l'île Penfret, a une surface de 40 hectares. L'asperge et l'ail sauvage y poussent spontanément ; le sol, fertilisé par les engrais marins, y est d'un bon rapport.

Les Anglais avaient découvert un excellent mouillage où leurs navires étaient à l'abri par tous les vents. Ils pouvaient y séjourner sans être vus du large ni de la côte.

Les îles Glénans étaient défendues par le fort Cigogne, placé sur l'îlot de ce nom. Ce fort était armé de huit canons et avait une garnison de 25 hommes ; il possédait une poudrière et un gril à rougir les boulets ; une tour de guet permettait de surveiller l'horizon.

Ce fort se révéla sans utilité. La garnison, bloquée pendant 15 jours, s'était vue obligée de négocier avec l'ennemi une convention spécifiant qu'elle ne tirerait pas sur les navires anglais, moyennant quoi les bateaux chargés de son ravitaillement ne seraient pas interceptés.

Les îles Glénans

Une sorte de trêve analogue existait entre les Anglais et les pêcheurs qui leur fournissaient du poisson et des provisions fraîches. Ils pouvaient pêcher sans être inquiétés. Depuis les XVIème et XVIIème siècles, la France et l'Angleterre étaient convenues qu'en temps de guerre, les belligérants respecteraient les barques de pêche. Les Anglais n'observèrent pas toujours ces stipulations.

Pour protéger les navires naviguant le long des côtes, le Premier Consul avait fait établir des batteries et des forts sur les pointes et à l'entrée des ports ou des estuaires. La baie de Concarneau était défendue par 7 batteries dont les feux se croisaient : à la Croix et au Fer-à-Cheval, en Concarneau ; à Beg-Meil, à Beuzec-Conq, au Cabellou, à la Jument et à la pointe de Trévignon. L'estuaire de l'Odet était protégé par les batteries de la pointe de Combrit, de la pointe de Saint-Gilles et de la pointe du Coq, en Bénodet. Les estuaires de l'Aven et de la Laïta et la côte s'étendant de l'Ile-Tudy à Penmarc'h, étaient également défendus. Toutes ces batteries étaient occupées par des canonniers gardes-côtes.

Les Anglais n'ignoraient pas le rôle dévolu à Quimper. L'occupation des Glénans leur permettait de gêner le trafic vers ce port. Ils s'installèrent dans l'île Penfret où existaient un puits d'eau potable, des fermes pourvues d'instruments aratoires et des bestiaux. L'île fut partagée entre les navires de la station, chaque navire déléguant des hommes chargés de travailler la terre et de cultiver des légumes.

Partant des Glénans, les Anglais firent quelques incursions sur le  littoral en vue de détruire les batteries qui les gênaient. En avril 1806, ils débarquèrent en trois endroits différents : à Moëlan, à l'entrée de l'Aven et à la batterie de Kernabat, entre Moëlan et l'Aven.

Lors de la première affaire, ils étaient au nombre de 60. Ils furent aperçus par une patrouille qui se replia sur le poste. Ce poste, défendu par 8 hommes seulement, se défendit vigoureusement. Un garde-côtes fut blessé, deux furent faits prisonniers. Avant de partir l'ennemi enleva les signaux, encloua les pièces de canons et emmena deux bateaux réfugiés au port et chargés, l'un de sel, l'autre d'ardoises.

Dans les deux autres affaires il n'y eut ni prisonniers ni blessé : les Anglais emportèrent les signaux ainsi qu'une chatte et quelques provisions.

Quelques jours plus tard, les deux hommes faits prisonniers sur le territoire de Moëlan, étaient ramenés à terre. Ils étaient porteurs d'une lettre qui contenait « des propos pleins de jactance » et où l'ennemi annonçait son intention de débarquer en force.

L'autorité militaire fit doubler les postes. A Bénodet, 40 soldats remplacèrent le détachement de la garde nationale qui s'y trouvait. Le préfet MIOLLIS demanda l'envoi d'une force militaire et d'armes que les autorités civiles distribueraient aux habitants. Aucune tentative nouvelle ne se produisit : les Anglais avaient sans doute voulu effrayer les habitants.

L'année suivante, dans la nuit du 22 au 23 février 1807, vers 4 heures du matin, une soixantaine d'ennemis essayèrent de surprendre le poste de Beg-Meil, en Fouesnant. Le poste n'était gardé que par 12 hommes. Deux factionnaires en surveillaient les abords. Le premier s'enfuit à la vue des Anglais ; le second tira dans leur direction  et cria : « Aux armes ! ». La garnison sortit immédiatement, se rangea en bataille et fit feu sur les ennemis, tuant un homme et en blessant un autre. Elle rentra ensuite dans le corps de garde d'où elle continua à tirer. L'ennemi riposta : un soldat du 70ème régiment d'infanterie eut la cuisse brisée, mais les assaillants eurent plusieurs morts. Ils se replièrent, emportant les cadavres qu'ils embarquèrent dans leurs chaloupes.

Les militaires qui défendaient le poste reçurent des félicitations bien méritées.

Le poste de Beg-Meil fut encore attaqué dans la nuit du 12 au 13 juillet 1810. La péniche qui débarquait les troupes fut canonnée et reprit le large en voyant que le poste était sur ses gardes.

Parmi les attaques de navires, nous citerons d'abord l'épisode du « Vétéran » [Note : Ce navire avait été lancé à Brest le 1er août 1803]. Ce vaisseau, armé de 86 canons et commandé par le plus jeune frère de l'Empereur, Jérôme BONAPARTE, le futur roi de Westphalie, rentrait en France après avoir participé à une croisière dans les mers des Antilles. Par le travers des Glénans, il rencontra l'escadre anglaise. Il fit aussitôt voile sur la côte, espérant y trouver un refuge. Les Anglais poursuivaient leur proie et bientôt le « Vétéran » n'eut que deux alternatives : se jeter sur les rochers qui abondaient dans ces parages ou faire face à un ennemi très supérieur en nombre. L'Etat-major hésitait.

Un jeune matelot breton, silencieux jusque-là, s'écria : « Moi je saurais bien faire entrer le navire à Concarneau ! ». C'était Jean-Marie FURIC, marin-pêcheur de Beg-Meil, qui, depuis son enfance, connaissait toutes les passes et les « cailloux » de la côte. Mis au courant, Jérôme BONAPARTE n'hésita pas et lui confia le gouvernail. Les Anglais, stupéfaits, virent le « Vétéran » s'engager dans un endroit parsemé de récifs. Ils n'osèrent pas continuer la poursuite.

Pour alléger le vaisseau, une partie de l'artillerie fut jetée à la mer. A 10 heures du soir, le 26 août 1806, le vaisseau entrait au port de Concarneau et mouillait dans le chenal, au sud des remparts. Jamais un si grand navire n'avait pénétré dans le port.

Le préfet MIOLLIS donna asile au prince en attendant son départ pour Paris. Jérôme BONAPARTE sera plus tard le parrain de l'un de ses enfants.

Le « Vétéran » devait demeurer 20 mois à Concarneau. Pendant ce temps, l'escadre anglaise croisait jour et nuit pour attendre sa sortie. Le préfet écrivait au Gouvernement : « Les Anglais bloquent à vue le port de Concarneau. Ils ont découvert un mouillage entre les  îles Glénans où ils restent à l'ancre dans les plus violents orages et où leurs navires qui croisent devant Lorient, Quiberon, Rochefort, viennent chercher refuge ».

Cependant on préparait en secret le départ du « Vétéran » pour Lorient où il devait subir les réparations nécessaires. De Concarneau à Lorient, la côte fut garnie de canons ; des feux furent préparés sur les rochers en mer. Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1808, l'équipage ayant été complété par des marins concarnois, le « Vétéran » quittait le port. Le 19 juillet au soir, il faisait son entrée à Lorient.

Et FURIC ? Les guerres qui se succédèrent pendant l'Empire firent oublier le signalé service qu'il avait rendu. Il attendit 42 ans la récompense qu'il avait méritée. Le 15 décembre 1849, il recevait la Croix de la Légion d'honneur qui lui avait été accordée par Louis-Napoléon BONAPARTE sur l'intervention du prince Jérôme. Ce dernier revint à Concarneau le 18 août 1852 ; il voulut revoir Jean-Marie FURIC. Celui-ci était mort : il avait appareillé pour un monde meilleur le 21 juin 1851.

Les rapports de CHÉPY signalent de nombreux faits relatifs à l'action de la station anglaise des Glénans. Le 12 septembre 1808, il écrivait :

« Le 5 de ce mois il y avait au mouillage des îles Glénans, 13 navires anglais : 3 vaisseaux, 3 frégates, 2 bricks, 1 goëlette et 3 bâtiments de transport. On pensait que les transports contenaient des troupes de débarquement. Des ordres furent donnés en cas de descente, mais quelques jours après la flotte avait disparu.

Le commandant du stationnaire " La Longitudinale ", mouillé à l'embouchure de l'Odet, voulut profiter de cette absence pour visiter et ravager l'île Penfret, habitée depuis longtemps par les marins de la croisière anglaise. Il s'y rendit avec des péniches. L'un de ces bateaux tira un coup de canon sur quelques anglais qui parurent à terre, mais on ne put effectuer de débarquement parce qu'une goëlette ennemie était restée en station et força les péniches à s'éloigner ».

Le 23 septembre, nouveau rapport :

« Le 18 septembre, à 6 heures du matin, des gardes-côtes partis la veille de Bénodet, réussirent à opérer un débarquement sur l'île Penfret et à faire prisonniers 3 soldats et 4 matelots anglais.

Cette île est depuis longtemps occupée par l'ennemi. Chacun des navires en station y a un certain espace de terrain, cultivé par des hommes du bord. L'enseigne de vaisseau COUDRO a fait brûler les maisons et les pompes, encombrer les puits, enlever les bestiaux et les instruments agricoles. Ils conduisit les prisonniers à Quimper où ils furent interrogés.

Ces 7 anglais cultivaient l'île qui leur donnait beaucoup de légumes. On les relevait de temps en temps. Ils firent savoir que chacun des bâtiments de la station avait à son bord un pilote français dont ils ne voulurent dire les noms. Ils prétendent que les Anglais n'ont aucune communication avec la terre. Interrogés sur la force de la troisième croisière, ils ont répondu qu'elle consiste en 7 bâtiments, tant vaisseaux que frégates ».

Le maire de Combrit, chargé de rendre compte à CHÉPY des événements maritimes dont il pouvait avoir connaissance, lui écrivait le 12 novembre 1808 : « L'ennemi a attaqué 7 chasse-marées venant de Bordeaux à Quimper et bien chargés. Ils se sont défendus avec leurs canons et leurs pierriers. L'un d'entre eux a coulé pendant le combat ».

La navigation devenait de plus en plus difficile ; de nombreux navires étaient coulés ou capturés malgré la précaution qu'ils prenaient de ne pas s'éloigner des côtes, se croyant sous la protection des forts. Cette protection était parfois illusoire. Dans les premiers jours de janvier 1809, trois péniches anglaises donnaient la chasse à trois navires qui faisaient route sur Quimper. Ces trois navires se réfugièrent dans l'anse du Pouldu dont les batteries pouvaient facilement couler les poursuivants. Ils furent cependant capturés : aucun des occupants du fort n'était à son poste.

Le 7 novembre 1809, une frégate et des péniches anglaises tentèrent de s'emparer du lougre l'« Oreste » qui était sous la protection de la batterie de Guilvinec. Seuls deux canonniers étaient à leur poste. Ils tirèrent sur l'ennemi et voulurent servir les deux pièces. Trop pressés, ils n'écouvillonnèrent pas et oublièrent d'obturer la « lumière », si bien qu'ils eurent tous deux les mains déchiquetées par la déflagration. Cependant, les Anglais, devant le feu nourri qui les avait accueillis, s'étaient éloignés : l'« Oreste » était sauvé.

Nous ne pouvons noter tous les actes de piraterie dus à l'escadre des Glénans. Les navires français pillés, incendiés, coulés ou capturés, furent très nombreux. Le tort fait à notre commerce maritime fut considérable. Les Anglais ne se montrèrent pas toujours d'une loyauté parfaite. Maintes fois ils usèrent de ruses pour s'emparer de nos navires.

L'un de leurs bâtiments, le « Strennous » arborait le pavillon américain. Il avait un équipage de 40 hommes et était armé de 14 caronades de seize et de 2 canons de douze. Les équipages français le laissaient approcher sans méfiance et en étaient les victimes.

La « Longitudinale », en station à Bénodet, reçut l'ordre de tirer au clair l'affaire du corsaire américain. Le 27 janvier 1813, elle quittait son mouillage, accompagnée par la péniche « Le Croissant », montée par 19 hommes et armée d'une caronade de douze, d'un canon de trois et de 4 espingoles d'une livre.

Le « Strennous » se trouvait aux Glénans, en avarie disait son commandant. La « Longitudinale » fit route sur lui. Lorsqu'elle fut parvenue à portée, la batterie du « Strennous » se démasqua, une trentaine d'hommes armés de pistolets surgirent et le capitaine cria : « Amène ton pavillon, nous sommes anglais et non américains ! ».

Les équipages des deux bâtiments français durent se rendre et monter à bord du navire ennemi où on leur déclara qu'ils étaient prisonniers de guerre. Cependant, ces prisonniers constituaient une gêne pour le « Strennous » : trois heures plus tard ils furent conduits à Penfret, à l'exception de deux novices qui furent gardés comme otages.

Le commandant du fort Cigogne, qui avait suivi l'affaire, les fit prendre par un canot qui les ramena au fort.

Les Anglais n'observèrent pas toujours les clauses concernant la sauvegarde des pêcheurs. Le 25 mai 1809, un bateau de pêche de Pont-Aven fut surpris par le calme plat au large de la pointe de Trévignon. L'équipage aperçut, sortant de l'estuaire de l'Aven, une chaloupe gréée comme celles du pays. Sans méfiance, on la laissa approcher et se ranger bord à bord. A ce moment, 18 Anglais, armés de fusils et de sabres, dissimulés au fond de l'embarcation, se dressèrent et prirent d'assaut le bateau de pêche.

Les pêcheurs, faits prisonniers, furent conduits à bord d'une frégate mouillée sous l'île Penfret, où ils furent longuement interrogés. Le pilote de la frégate était un Français. Il leur avoua que ce bâtiment projetait de prendre un chasse-marée pour en faire un brûlot qui devait être dirigé sur Concarneau pour incendier les navires qui s'y étaient réfugiés.

Le 22 août 1812, quatre préposés des douanes, de Pouldohan, en Trégunc, se livraient à la pêche dans un bateau du port lorsqu'un navire ennemi tira plusieurs coups de fusil dans leur direction. Les douaniers, habillés en civil et que les Anglais prenaient pour des pêcheurs, amenèrent les voiles et attendirent. Les Anglais montèrent à bord, s'emparèrent des poissons et laissèrent les douaniers continuer leur route, heureux d'en être quittes à si bon compte.

Nous terminerons par la mésaventure de la goélette américaine, le « Purser ». Ce navire venait de New-York avec un chargement de sucre, de café et d'indigo et avait été capturé, au mépris du droit des gens, par la frégate anglaise « Niémen ». Le commandant avait mis à bord de la goélette, pour la conduite en Angleterre, 10 marins de son équipage, tout en y laissant 5 américains prisonniers dont le capitaine, Samuel TURNER.

Le « Purser » se trouvait au large des Glénans lorsque TURNER se rencontra sur le pont avec le nouveau capitaine. Il l'aborda et entama la conversation. Soudain, il saisit un poignard qu'il tenait caché et qui avait échappé aux fouilles, et le plongea dans la poitrine de son interlocuteur. Jetant à la mer le cadavre qui venait de tomber à ses pieds, il parvint, avec le secours de ses marins, accourus à son appel, à garotter les Anglais et à reprendre possession de sa goélette. Il fit voile sur Bénodet et se présenta dans la baie, arborant le pavillon américain.

Méfiant, l'officier chargé de la garde de l'estuaire, monta à bord et considéra le navire comme prise de guerre. La cargaison fut débarquée et pillée en grande partie par les habitants de Bénodet qui firent, sans bourse délier, d'amples provisions de sucre et de café.

Le capitaine TURNER réussit à informer le préfet de sa mésaventure. Celui-ci en référa à son Gouvernement qui donna l'ordre de faire des excuses au capitaine et de lui rendre, dans la mesure du possible l'intégralité de sa cargaison. Des fouilles faites chez les habitants permirent de récupérer une grande partie des marchandises volées. L'affaire n'eut d'autre suite qu'une punition exemplaire infligée à l'officier qui avait agi contrairement aux règles en vigueur (Louis Ogès).

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