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LE MANOIR DE KERTANGUY A GARLAN.

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Nous rejoignons la route de Morlaix à Garlan par la Croix-Rouge au hameau de Kergustou, où le seigneur de Kerohant avait, en 1481, un métayer exempt, et où résidait, à la même date, Jean Perrot, franc-archer de la paroisse. Ce village est situé au milieu de landes marécageuses et tristes, que bordent au Sud et à l'Est les bois de pins des manoirs modernes de Pradigou et de Kertanguy. Dans une garenne voisine de Kergustou, au bord même du chemin de Garlan, existent une vingtaine de blocs de quartz assez volumineux, tapissés de lichens et de mousses, et parmi eux deux ou trois peulvens ; ce sont très probablement les restes d'un monument mégalithique bouleversé. Plus bas, coule une petite fontaine entourée de roches du même genre.

Non loin de là, de l'autre côté du vallon, sur une éminence plantée de pins qui dépend du domaine de Kertanguy, se voient encore un certain nombre de mégalithes, débris de quelque cromlec'h considérable. Un menhir, brisé en deux et gisant sur le sol, mesure quatre mètres de longueur ; d'autres pierres semblent être les fragments d'un peulven colossal qu'on se serait acharné à briser ; dans la cassure d'un troisième peulven déraciné, a poussé un arbre vigoureux. Les plus gros blocs, au nombre d'une vingtaine, sont disposés en une file orientée Nord-Sud.

Le bois qui contient ces pierres est bordé au Sud par l'ancien chemin de Morlaix à Plouégat-Guerrand, aujourd'hui rectifié en cette partie et complètement abandonné. Dans le chemin même s'alignent, de l'Est à l'Ouest, six petites buttes circulaires, élevées d'environ 1 mètre sur 10 ou 12 mètres de circonférence et séparées par une distance moyenne d'une quinzaine de pas. Si ce sont bien de vrais tumulus, il doit être rare d'en rencontrer d'aussi minuscules. Le premier de ces tertres (vers l'Ouest) est enfoui sous les ajoncs et les ronces ; le second a été fouillé, sans succès, paraît-il, à une époque déjà ancienne, et est resté depuis partagé en deux par une tranchée ; le troisième n'existe pour ainsi dire plus ; le quatrième a été fouillé plus récemment, mais nous ignorons les auteurs et les résultats de cette recherche. Les deux derniers sont intacts. La terre qui forme ces buttes est argileuse, très meuble et mélangée de quelques cailloux.

Le tronçon de vieille voie où l'on rencontre ces petits tumulus offre, à certaines places, des traces de pavage grossier. Elle entre dans la commune de Garlan à la Croix-Rouge, nom de lieu significatif, et coupe en cet endroit une autre voie ancienne dite Hent-ar-Muled (le chemin des mulets), près de l'auberge de la Grande-Roche, dans le courtil de laquelle on trouve des morceaux de tuiles à crochets. Cette auberge est ainsi nommée d'un énorme bloc de quartz situé vis-à-vis et entouré des ruines d'une vaste allée couverte. Dans une lande avoisinante, aux confins des trois communes de Plouigneau, Ploujean et Garlan, il y a une fontaine où, selon le dicton local, les recteurs de ces paroisses pourraient se désaltérer l'un après l'autre sans quitter chacun son territoire respectif.

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La réformation de 1427 indique, au terroir de Kertanguy, le manoir du Buron, possédé par dame Jehanne de Rosmadec ; celle de 1481 mentionne le même manoir appartenant alors à Pierre Foucault de Lescoulouarn, fils de ladite dame, qui y avait pour métayer Robert le Normant, moyennant une redevance annuelle de 10 paresarts froment et 25 sols monnaie, et un autre lieu exempt au sieur de Kerprigent, auquel demeurait Hervé le Parch, son métayer, qui payait par an 10 livres à convenant. Lors de la réformation de 1535, ces deux terres avaient été acquises du seigneur de Langueouez, par un marchand de Morlaix, Vincent an Hénoret, Lhénoret ou Lhonoré, ainsi que plusieurs autres convenants dans la paroisse, achetés à divers gentilhommes pour une valeur de 1800 livres.

Vers la fin du seizième siècle, l'un des Kertanguy était à Nicolas Le Blonsart, sieur de la Villeneuve, époux de Marie le Dourguy, dame de Lambezre. Leur fils aîné, écuyer François Le Blonsart, sieur de Kertanguy, fut marié à Saint-Melaine de Morlaix, le 20 janvier 1611, à Marguerite Quintin, fille d'Yves Quintin, sieur de Kerhamon, et de Louise Calloët. Il était maire de Morlaix en 1619, juge-consul en 1643, et  obtint l'année suivante, grâce à l'intercession d'une pieuse religieuse du Calvaire de cette ville, sœur Françoise de la Nativité, décédée en odeur de sainteté le 4 avril 1634, la faveur d'une guérison miraculeuse ainsi rapportée dans un ouvrage contemporain :

« Messire François le Blonzart, escuyer, sieur de Quertanguy, estant dans une si griève maladie que les Médecins l'avoient abandonné et dit qu'il luy falloit faire donner les derniers sacrements, Madame Marguerite Quintin, son espouse, le voyant en cette extrémité, fut conseillée de le vouer à Sœur Françoise de la Nativité, ce qu'elle fit, et luy ayant mis quelque petite pièce des habits de cette bonne Religieuse, il fut en mesme temps soulagé, et joüist d'une très-parfaite santé. Ce grand miracle arriva l'an 1644, en présence de Marguerite de la Tourneufve, dame de Morbic, dont elle a donné sa déclaration le 17 mars 1668. Ainsi signé : Marguerite de la Tourneufve » [Note : Annales Calvériennes, par le F. Simon Mallevaud, prédicateur récollet, Angers, 1671, p. 775].

La fortune que François Le Blonsart avait amassée en commerçant, lui permit d'acquérir, vers 1654, pour son fils Yves Le Blonsart, sieur de Lambezre, la charge de sénéchal de la cour royale de Morlaix, possédée auparavant par Messire Jonathas de Kergariou, seigneur de Kergrist. Mais Yves Le Blonsart mourut peu après, le 21 octobre 1655, sans avoir eu d'enfant de son mariage avec Perrine Aumont, dame de Kerantrez, et son père le suivit bientôt dans la tombe, le 26 novembre 1656, laissant pour héritière de cette branche des Le Blonsart sa fille Marie, dame de Lezengar, Kerven, Kertanguy, mariée le 23 février 1642, dans l'église de Saint-Melaine, à écuyer Yves de Kermabon, seigneur de Kermabon et du Roudoumeur (Reg. paroissiaux de Saint-Melaine).

La famille du Plessis de Coatserhô, établie à Ploujean près de Morlaix, possédait aussi des biens à Kertanguy, et l'une de ses branches en prit le nom. Gabriel du Plessis, sieur de Kertanguy, vivant en 1609, est père de Michel du Plessis, sieur de Kertanguy, qui rend le 2 juin 1640, au fief de Boiséon, un aveu dans lequel il dit faire « sa plus actuelle résidence en son manoir de Guernanhir, paroisse de Garlan ». Ce nom de Guernanhir est actuellement inconnu dans la commune. Michel du Plessis allait épousé Anne Jégou, dont un fils, Rolland, et une fille, Françoise, baptisés à Garlan en 1636 et 1635. Le rameau des du Plessis de Kertanguy dut disparaître avant la réformation de 1668-1671, car il n'est pas compris dans l'arrêt de maintenue rendu en faveur de la famille du Plessis, le 12 août 1669. Son héritage fit retour à la branche de Coatserhô. Renée de Lanloup, dame de Coatserhô, mourut le 12 juin 1693 à son manoir de Kertanguy, étant veuve de François du Plessis. L'un de leurs fils puînés, Charles du Plessis, sieur de Kertanguy, épousa le 29 septembre 1694, une jeune fille roturière de la paroisse, nommée Claudine Guyomar, qui lui donna deux enfants, Marguerite et Jean. Ce dernier mourut jeune, et sa sœur Marguerite du Plessis, dame de Kertanguy, se mésallia bravement à son tour en donnant sa main, le 2 octobre 1716, à un honnête et notable cultivateur, Olivier Morvan, lieutenant de la milice paroissiale.

En 1783, M. Guillaume-Durivage, de Morlaix, résidait au manoir de Kertanguy, qui a été depuis possédé par la famille de la Fare, laquelle l'a vendue à M. de Bonvillier. L'habitation est moderne et sans aucun caractère, mais la ferme qui l'avoisine garde encore la tournure d'une vieille maison noble. Au Petit-Kertanguy existe aussi d'autres vieilles fermes à portes cintrées et escaliers extérieurs.

(L. Le Guennec).

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