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LE MANOIR DE KERMERCHOU A GARLAN.

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Suivons le chemin de Kergustou, dans la direction du Sud. Nous rencontrons d'abord le hameau de la Villeneuve ou Kernévez, où maistre Jehan Péhan avait en 1481, un métayer exempt, « quel lieu est redifié puis XL ans en ça, et deparavant estoit en ruine et disent les thesmoings que dès oncques puis et de paravant il estoit tenu lieu noble et s'il seroit contributif payeroit tiers de feu ». Cette métairie contenait quinze arpents de terre et produisait un revenu de cent sols par an.

Au carrefour suivant, nous croisons encore la vieille voie de Brest à Cherbourg, ou de Morlaix à Tréguier, signalée par une croix de pierre à piédestal, puis nous laissons sur la droite le manoir de Kermerchou, berceau d'une ancienne famille morlaisienne dont le nom n'est pas éteint. Elle remonte jusqu'à Prigent de Kermerchou, vivant en 1400, époux de Jeanne Droniou, dame de Kerprigent, et père d'autre Prigent, bouteillier du duc Pierre II en 1453 aux gages de 60 livres, marié à Anne de Coatgoureden. Il obtint des lettres du duc Jean V, en date du 27 octobre 1441, pour l'affranchissement du sergent et receveur de sa terre de Kermerchou, et d'autres lettres du duc Pierre II, datées du 1er avril 1454, exemptant à perpétuité le métayer d'un convenant dépendant du manoir, son fils Philippe de Kermerchou est cité dans la réformaion de 1481 comme possesseur du manoir de Kermerchou, « de grand édifice, appartenances de colombier et autres embellessements du manoir », et où il y a deux métayers. Il comparaît en archer en brigandine à la montre de 1481, et reçoit l'injonction de présenter un second archer.

De son mariage avec Françoise Pinart, il laissa deux fils, Antoine et Pierre, ce dernier auteur des branches qui subsistent. Son aîné Antoine de Kermerchou, seigneur dudit lieu, épousa Françoise de la Haye, de la maison de la Haye en Plouaret, fut employé à l'enquête de 1535, et eut pour fils Jean de Kermerchou, seigneur dudit lieu et de Leurven (en Ploumiliau), marié à Lucrèce le Chevoir, de la maison de Coatélant. Leur fille et héritière Françoise, dame de Kermerchou et de Leurven, porta ces terres dans la famille Arrel par son alliance avec Jean Arrel, sieur du Cosquer, fils cadet de Pierre Arrel, sieur de Kermarquer, et de Louise de Goezbriand.

« Noble et illustre Françoise de Kermerchou, dame de Cozkaer, Leurmen, Kermerchou, Quélennec, Gourmon, etc. », est marraine à Garlan le 20 août 1584. Son mari « escuier Jean Arrel, sieur du Cozkaer et de Leurven » comparaît le 9 mars 1590 devant la Chambre de la Sainte-Union à Morlaix, et, « ayant ouy la lecture et meurement conceu les articles de la Saincte Union, a preste le sermant de tenyr ledict party, observer le contenu desdictz articles entre les mains de M. l'archediacre et, a scigné et a esté reczeu à la charge daler trouver M. de Merceur dans le temps de l'arrest et de cze baillera cauption de la somme de 2.000 écus ou luy faire servicze soubz le sieur de Kerousy ou aultre cappitaine dudit Seigneur, et a baillé a plaige M. le scolastique et Vincent Kermerchou qui ont signé. — Jean Arrel — Yves Arrel — V. Kermerchou » (A. de Barthélemy, Le Cahier de la Sainte-Union, p. 72).

Mais Jean Arrel semble s'être peu soucié de tenir son serment, et le conseil de l'Union finit par le traiter en ennemi. On voit, en effet, les ligueurs saisir ses biens, et Charles de Kergariou de Kermadéza chargé, à la date du 8 mai 1590, de faire transporter à Morlaix « les foins, avoines et pailles qui sont à Kerouchant et à Kermerchou » (A. de Barthélemy, Le Cahier de la Sainte Union, p. 92). Le 8 juillet, la Chambre décide « que les deniers que le sieur de Porzmeur a entre mains appartenantz au sieur de Leurguen seront arrestés et viendra demain pour faire rapport » (A. de Barthélemy, Le Cahier de la Sainte Union, p. 112).

Du mariage de Jean Arrel et de Françoise de Kermerchou issurent deux fils, Pierre et Yves. Ce dernier, qualifié sieur de Coatmen, fut prêtre et devint chanoine et scolastique de Tréguier, doyen de Lanmeur et prieur de Kernitron en 1612 ; il est l'auteur d'une Vie de saint Mélar, imprimée en 1627, à Morlaix chez Georges Alienne. Son frère aîné, Pierre Arrel, sieur de Kermerchou, Leurven, etc., capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Michel, épousa vers 1610 Renée de Coatanscour, fille et héritière de René de Coatanscour, sieur de Kervény en Plougasnou, et de Marie de Kerret. Leur fille Marie Arrel, dame de Kermerchou et Kervény, se maria en 1637 à Sébastien Le Bigot, sieur de Langle, Kerlouet et Kerjégu, chevalier de Saint-Michel, dont une fille héritière, Moricette-Ursule Le Bigot, qui devint la femme de Messire Jean Botherel, sieur de la Pinelaye et du Coudray, grand prévôt de Bretagne. Elle fournit aveu le 2 avril 1676 au comté de Boiséon pour la seigneurie de Kermerchou, provenant de la succession de défunte dame Marie Arrel, dame de Kerjégu, sa mère. Cet aveu comprend le manoir noble de Kermerchou, avec ses logements, cours, chapelle, colombier, jardins, vergers, bois de haute futaie, rabines et autres pièces de terre, le lieu noble de Carpont et son bois taillis, les convenants ar Pontou, la Villeneuve, Kervézec-Bian, Kervézec-Huella et Kergrech, ce dernier, acquis par la feue dame et son mari du seigneur de Coatangars (Archives du Finistère, E. 829). Des Botherel, la terre de Kermerchou a passé aux Visdelou de Bédée. En 1767, elle appartenait au marquis de Rosnivynen.

En 1617, le manoir était habité par nobles Lancelot Le Chevoir et Marguerite de Quélen, sa compagne, sieur et dame de Coatezlant, Treffbriant, Coatjagu, qui, le 10 février de cette année, firent baptiser leur fille Jeanne à Garlan. Au siècle suivant, Kermerchou était la résidence de la famille Potonnier, originaire de Bayeux, en Normandie, et établie à Morlaix par le mariage, en 1674, de Michel Potonnier, sieur de Moissonnière et de demoiselle Barbe Cornet. Maître Louis-Jean Potonnier, sieur du Carpont, receveur ou régisseur du domaine de Kermerchou vers 1730, marié à Jeanne Nigeon, laissa cette charge à son gendre Jean-Pierre Carluer, sieur de Keryvon, époux en 1739 de Renée Potonnier.

Le manoir de Kermerchou, actuellement converti en ferme, est un assez vaste édifice à un étage, flanqué sur la façade d'une tour ronde aux fortes et solides murailles. Malheureusement, le portail gothique ouvert sur un perron a été remplacé par une baie rectangulaire, et les fenêtres à meneaux sont modernisées. Une meurtrière pratiquée à la base de la tourelle défendait la porte du manoir, à l'intérieur duquel se voient deux belles cheminées à hotte et pilastres bien moulurés. Un large escalier de pierre s'enroule dans la tour jusqu'à l'étage ; plus haut, un escalier de bois ménagé dans l'épaisseur du mur mène à une petite chambre circulaire avec cheminée. Le bâtiment qui borde la cour, à gauche, a aussi des parties anciennes, et deux puits jumeaux existent au centre de cette cour. Le colombier et la chapelle ont disparu.

(L. Le Guennec).

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