Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE MANOIR DE KERANGOUEZ A GARLAN.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Garlan"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Au Sud-Est de Kertanguy, les restes du manoir de Kerangouez se cachent au centre d'un grand bois taillis. Ce manoir, situé entre l'ancienne et la nouvelle route de Plouégat-Guerrand, faisait jadis partie de Plouigneau, mais, depuis la rectification du chemin, toute la bande de territoire comprise entre le tronçon déclassé, qui formait primitivement la limite, et le tracé actuel, a été ajoutée à la commune de Garlan. Ce dernier bourg est d'ailleurs à peine éloigné de deux kilomètres et demi, et, lorsque la famille de Coëtmen résidait à Kerangouez, vers la fin du seizième siècle, c'est toujours à Garlan qu'on administrait le baptême aux enfants des châtelains.

Kerangouez appartenait autrefois à la famille Botglazec, fondue avant 1580 dans Coëtmen, par le mariage d'Anne Botglazec, fille et héritière de N... Botglazec et de Marie de Quilidien, sieur et dame de Kerangouez et Roscerff, avec Guy de Coëtmen, sieur de Kergaran, fils cadet de Louis de Coëtmen, sieur de Boisguézennec, et de Margilie de Kermellec. Dans les actes baptismaux de leurs sept enfants, ces deux époux sont qualifiés de nobles et illustres, et les parrains et marraines appartiennent toujours à des maisons distinguées. Leur fils aîné, Pierre de Coëtmen, baptisé à Garlan le 11 janvier 1583, est tenu sur les fonts sacrés par noble et puissant Pierre de Coëtredrez, seigneur de Coëtredez, Penaunt, le Rest, Kerdeozer, Keradennec, et par dame Jeanne Le Cozic, dame de Kerohant, le Porzou. Julienne de Coëtmen, baptisée le 1er février 1580, a pour marraine Julienne du Dresnay, dame de Trobodec, et sa sœur Marie, baptisée le 12 septembre 1581, Marie du Dresnay, douairière de Coëtredrez, Kervenniou, propriétaire de Coëtsaoff, dont le compère est Alexandre de Kergariou, seigneur de Kergariou, Keraël, gouverneur de Morlaix. Le baptême de leur sœur Françoise, célébré le 20 août 1584 par noble et discret Messire Jean Botglazec, recteur de Plouézoc'h et official de Plougastel, est suivi de ceux de François de Coëtmen, en 1585, qui a pour parrain François de Goezbriand, seigneur dudit lieu, de Guy, en 1587, de Jean, en 1590, et d'Yves, en 1592.

A l'époque de la Ligue, Guy de Coëtmen de Kergaran fut convoqué devant le Conseil de la Sainte-Union morlaisienne, le 4 décembre 1589, pour prêter le serment de l'Union. Mais il refusa de s'exécuter, alléguant qu'il l'avait déjà jurée à Lannion, le 1er décembre, entre les mains de Louis Hingant, seigneur de Kerduel, capitaine des ville et château de Moncontour « comisaire député par Mgr le duc de Merceur et de Penthevre, gouverneur de Bretaigne, pour recevoir les protestations de toutz ceulz de cet evesché (de Tréguier) qui veullent se randre et adherer au sainct party et union des princes catolicques pour la manutention de la religion apostolicque et romaine soubz l'auctorité de mondit seigneur protecteur d'icelle en ce duché », et il présenta au Conseil le certificat et sauvegarde qui lui avait été délivré par M. de Kerduel. On remarqua qu'il portait sur son chapeau « la croyx des polectiques, et aultre que celle que portent ceulx de l'Union » et, l'ayant fait sortir, on délibéra sur la question de l'arrêter. Voyant que les choses prenaient une fâcheuse tournure, Guy de Coëtmen consentit alors à répéter son serment par écrit (A. de Barthélemy, La Chambre du Conseil, etc., p. 42).

Ce n'était d'ailleurs pas à tort que la Chambre de l'Union suspectait son zèle en faveur du parti de Merceur, et il allait bientôt apprendre à ses dépens qu'il importe de savoir retenir sa langue et mesurer ses paroles en public. Le 6 décembre, le sieur de la Motte, représentant et espion du duc à Morlaix, remontre « que le sieur de Kercharan qui depuis 8 (sic) jours a signé l'Union en ceste ville, et le sieur de Kerven, qui avoict prins paseport pour y venir signer, auroinct le jour d'hier en une taverne en ceste ville, dict en présencze de plusieurs honestes personnaiges que le roy de Navarre est très bon catolicque, et que qui meult Mgr de Merceur ce n'est le sczele de la Religion, ains un ambition pour se faire duc : d'avantaige come ceulz qui suivent le party du roy de Navarre sont sy bons catolicques que ceulx du party contraire ; ausy que ledict sieur de Kercharan a dict qu'il avoict signé l'Union o contrecœur et contre sa volonté, mais sans en dire davantaige, et cze en la presancze des sieurs de Kerouchant, Kerinisan, etc... ». Sur son rapport, la Chambre ordonne que ceux qui ont entendu ces propos viendront à la prochaine séance faire leur déclaration, que le sieur de Kergaran sera mis en prison jusqu'à plus ample informé, et que le sieur de Kerven sera retenu par le sieur de Bourgerel (A. de Barthélemy, La Chambre du Conseil, etc., p. 43-44).

Huit jours après, le comité décide que les sieurs de Kergaran et de Kerven seront remis en liberté, à la charge d'aller, dans le délai d'un mois, trouver M. de Kergariou, gouverneur de Morlaix, auquel seront envoyées les informations faites contre eux, pour en ordonner selon son plaisir, et de bailler chacun caution de la somme de 500 écus. Conduit devant le conseil, le sieur de Kergaran répète « d'abondant pareil serment de tenir bon à l'Union », et son compagnon jure aussi l'Union sur les Saints Evangiles, entre les mains de l'archidiacre de Plougastel (A. de Barthélemy, La Chambre du Conseil, etc., p. 47). Il est à croire qu'Alexandre de Kergariou ne dut pas traiter trop sévèrement Guy de Coëtmen, dont l'un des enfants était son filleul, et qu'il le laissa regagner son paisible manoir de Kerangouez, en l'astreignant tout au plus à servir de temps à autre dans les compagnies de gentilhommes ligueurs qui gardaient la ville de Morlaix et les paroisses circonvoisines.

Pierre de Coëtmen, fils aîné de Guy, épousa en 1606 Isabelle Hémery, fille et héritière de Guy Hémery et de Constance Le Sparler, sieur et dame de Kergadiou, en Guimaëc, et fut le bisaïeul d'Alexis-René, baron de Coëtmen, seigneur de Kergadiou, Leingouez, Kerangouez, maréchal de camp, gouverneur de Tréguier, commandant de Brest et des quatre évêchés de Basse-Bretagne en 1748, qui laissa de son alliance avec Julie de Gouyon de Vaudurant, sœur de l'évêque de Léon, deux filles dont l'aînée épousa le marquis de Rougé, maréchal de camp, et la cadette se maria au marquis de Caradeuc, fils du célèbre procureur-général du Parlement de Bretagne.

Le manoir de Kerangouez semble avoir été important, mais il n'en reste plus que des ruines. A gauche du portail de la cour fait saillie une petite tourelle, percée à hauteur d'appui de trois meurtrières très évasées. L'édifice principal, en grande partie démoli, offre une jolie porte de style Renaissance, ouverte au haut d'un perron, et deux larges fenêtres à meneaux ; il est flanqué d'une tourelle découronnée qui contient l'escalier. Dans la salle du rez-de-chaussée se voit une vaste cheminée dont le manteau est chargé d'un écusson fruste. La chapelle, qui bordait l'ancien jardin, a été détruite.

(L. Le Guennec).

© Copyright - Tous droits réservés.