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L'EGLISE DE GARLAN.

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Le joli bourg de Garlan, distant d'environ six kilomètres de Morlaix, fait partie du canton de Lanmeur. Il groupe ses quelques maisons blanches et coquettes autour d'une petite place régulière, sur une colline peu élevée qui borde au Sud la fraîche vallée où serpente le Dourdu. On s'y rend, de Morlaix, par l'ancienne route de Lannion et l'embranchement qui s'en détache à la croix de Kervézec, ou bien par le chemin vicinal de la Croix-Rouge, mais durant la bonne saison, on ne saurait choisir de route plus directe et plus ombreuse, sinon de moins accidentée, que l'ancienne voie romaine de Morlaix à Tréguier par Lannion, qui passe au pied même de la terrasse où se dresse l'église paroissiale.

L'étymologie du nom Garlan est restée jusqu'ici incertaine. Guillaume Le Jean l'a traduit quelque part par : la Lande escarpée, mais !a topographie de l'endroit ne concorde guère avec cette désignation. D'autres voient dans Garlan le nom d'un pieux solitaire qui aurait propagé la foi dans le pays, et ils prétendent retrouver son souvenir dans l'appellation du village de Mézou-Manac'h (les campagnes du moine), situé à peu de distance au Nord du bourg. Certains enfin, et nous nous rangerions volontiers à leur avis, l'interprètent ainsi : Goar ou Gar, ruisseau ; Lan ou Laan, nom d'homme existant dans les vieux cartulaires : le ruisseau (et par extension l'habitation) de Laan.

Eglise de Garlan (Bretagne).

L'église de Garlan, dédiée à Notre Dame des Sept-Douleurs et à saint Éloi, est moderne. Elle a été rebâtie, de 1877 à 1879, sur les plans de M. Le Guerranic, architecte, à l'emplacement d'un pauvre édifice des seizième et dix-septième siècles, qui, sous la Révolution, menaçait déjà ruine. Il contenait deux ou trois autels décorés de boiseries sculptées de quelque valeur que l'on vendit pour subvenir aux frais de la construction. La nouvelle église, commencée sous le rectorat de M. l'abbé Le Duc, curé-archiprêtre de Saint-Mathieu de Morlaix en 1909, a été consacrée le 26 août 1879, par dom Anselme Nouvel, de l'ordre de saint Benoît, évêque de Quimper et de Léon, M. Calvez étant recteur.

Bâtie dans un style élégant inspiré par l'art gothique du commencement du XIIIème siècle, avec piles cantonnées de colonnettes et chapiteaux fleuris, cette église ne renferme plus que quatre vieilles statues. Au maître-autel sont les images des deux saints patrons : une belle Vierge mère du temps de Louis XIV, bien drapée et mouvementée, portant un enfant Jésus aux bras ouverts, et foulant un dragon qui tient dans sa gueule la pomme de perdition, et un saint Eloi, en évêque, bénissant. Les deux autres statues se trouvent au bas de la nef : saint Marc ayant un livre à la main et accompagné d'un lion ; saint Nicolas et son traditionnel saloir d'où émergent trois petits enfants. On conserve au presbytère une remarquable statue de saint Yves, assis sur une sorte de chaire aux accoudoirs terminés par des têtes de lions. Il serait bien à désirer que l'on en restaurât les mains mutilées et qu'on la replaçât avec honneur dans l'église.

Le cimetière qui entoure celle-ci forme esplanade au-dessus de la vallée du Dourdu, et l'on y domine un calme et souriant paysage animé par la rivière sinueuse, les moulins virant à l'ombre des peupliers et des ormes, les fermes anciennnes cachant leurs pignons aigris derrière les haies des vergers. De l'autre côté du cours d'eau, le château du Bois de la Roche, vieux murs et vieux toits, apparaît à l'orée de ses bois de sapins couronnant un coteau abrupt aux escarpements schisteux, fleuris d'ajoncs et de bruyères.

Jadis, les seigneurs de Boiséon en Lanmeur possédaient, comme hauts justiciers de la paroisse, le titre et les prérogatives de fondateurs de l'église de Garlan. Le service solennel et la messe annuelle fondés par Messire Hercule-François de Boiséon, comte dudit lieu, gouverneur de Morlaix, mort en 1692, y ont été desservis jusqu'à la récente mise sous séquestre des biens de la fabrique.

Un compte de décharge du comté de Boiséon [Note : Bibliothèque de Morlaix n° 872], rendu en 1597 et années suivantes par Hervé Perrot, receveur de cette terre, contient quelques articles ayant trait à des payements faits en diverses circonstances au clergé de Garlan.

« ... Plus auroit payé aux prebtres de la paroisse de Garlan pour les services par eulx faicts et célébrés en l'esglise dudit Garlan en l'intention de ma feue dame (Jeanne de Rieux, femme de Pierre, comte de Boiséon, décédée à Morlaix, le 20 juin 1598), la some de vingt realles comme conste par quittance du 5e juillet 1598, signée F. Thépault, et pour ce  ... v.l. ».

« 1599. — ... Se descharge ledit comptable du nombre de 15 quarts froment, 15 bouesseaux avoine mesure de Morlaix et 18 sols tournois par argent, par ledit comptable payé au sieur recteur de Garlan en payement de la dixme de Coatanroch, en Garlan, afermée par feu Charles Parfaict, comme de quoy faict foy la quittance dudit sieur recteur de Garlan du 12e mars 1600 signé H. Rungoat, recteur, et F. Thépault, que ledit comptable monstre en l'endroict ».

« 1600. — ... Payé au recteur de Garlan 24 sols monnoie, 24 quartiers froment et 2 quartiers avoine mesure de Morlaix ».

Le procès-verbal dressé le 9 novembre 1679 [Note : Archives du Finistère, A. 19] par Maître François Bouyn, sieur de Rains, commissaire pour la réformation du domaine royal dans la châtellenie de Morlaix et Lanmeur, indique l'état des prééminences de l'église et le nom de leurs possesseurs à cette époque. Les prières nominales y étaient dites alors par Missire Henri Primaigné, sieur recteur « pour le sieur comte de Boyséon, en qualité de fondateur et pour plusieurs gentilzhommes comme bienfaicteurs de laditte paroisse ». La maîtresse-vitre portait, en supériorité, un écusson aux armes écartelées de Boiséon et de la Boche-Jagu, et plus bas neuf autres écussons des armoiries de la Roche-Jagu, dépendant de la terre de Kerohant, possédée par le président de Bréquigny. Sous la première arcade du chœur, du côté de l'épître, était une tombe enlevée joignant le sanctuaire et offrant aussi les armes des seigneurs de Kerohant.

Du même côté se trouvait une chapelle latérale dédiée à saint Jean, avec une fenêtre à deux panneaux et une rose contenant un écusson de gueules à sept besans (lire : annelets) d'or, 3, 3, 1, surmontés d'un lambel d'azur, timbré d'un casque de chevalier et entouré « d'une devise en lettres gotticques qu'on n'a peu lire ». Ce blason, qui est celui de la maison de la Boissière-Kerohant, existait encore sur le vitrail, sur l'autel et sur les piédestaux de deux statues, et la chapelle renfermait un banc « avec un petit accoudouer ou prye Dieu », le tout prétendu par le sieur de Bréquigny de sa terre de Kerohant.

Un autre autel situé dans la même chapelle était dédié à saint Yves, et sa fenêtre présentait les armoiries de Kermerchou, d'argent à la croix treflée de sable gironnée de cinq étoiles d'or, écartelées de celles des Arrel. Cet autel dépendait de la terre de Kermerchou et appartenait au sieur de la Pinelaye Botherel, grand prévôt de Bretagne, à cause de la dame sa femme, ainsi que l'arcade et enfeu avoisinant.

La fenêtre suivante portait les armes des Kermerchou, et, dans sa rose un écartelé d'un burellé d'argent et de gueules et d'argent au lion de sable, blasons des Lollivier de Lochrist et des Quintin. Au-dessous, il y avait une arcade, un enfeu et un banc revendiqués par le sieur de Rascoët Cozten de sa terre de Rascoët.

La chapelle de saint Laurent, située du côté de l'évangile et « couverte en forme d'appentys » était la propriété des seigneurs du Bois de la Boche du nom de Le Blonsart, dont elle montrait les armoiries : d'argent à la fasce échiquetée d'argent et de sable, et abritait les sépultures ainsi que plusieurs bancs. Près de la porte de la sacristie, un petit banc en forme de prie-Dieu était litigieux entre le sieur de Kervézec Le Blonsart et le sieur de Kergrée Rolland.

Dans la nef, du côté de l'épître, on rencontrait un autel non armorié, puis une arcade surmontée d'une vitre chargée d'un écusson rempli de plusieurs armoiries et portant sur le tout en abîme, de gueules à la croix raccourcie d'or cantonnée d'une macle de même, blason des seigneurs de Leinquelvez, du nom de Thépault, qui possédaient également le banc voisin. Plus bas, se voyait dans une chapelle un tombeau armorié et élevé de terre, dépendant de la maison de Kermerchou.

Du côté opposé de la nef, contre la balustrade du chœur, était un autel et une arcade sans armes, attribués au seigneur de Lannidy Calloët, à cause de sa terre de Kerouallan.

La grande vitre du bas de l'église n'offrait qu'un seul écusson, celui des Boiséon. L'écusson des Kermerchou décorait une porte latérale « soutenu de deux léopartz, surmonté d'un timbre avec une devise en lettres gotticques qu'on ne peut lire ». Enfin, le blason de Boiséon, orné d'une couronne comtale et du collier de l'ordre du Roi, était sculpté sur l'un des contreforts du clocher.

Toutes ces armoiries furent brisées ou martelées sous la Révolution, en vertu du décret de l'Assemblée Nationale du 19 juin 1790, qui parait n'avoir été appliqué à Garlan que bien plus tard. Le 11 mars 1792, le maire constate « que l'enlèvement des armoiries des vitraux laisse l'église dans un état désolant » et requiert qu'on fasse réparer les fenêtres par un vitrier.

(L. Le Guennec).

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