Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA VICOMTÉ DE LOYAUX EN FRESNAY

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Fresnay-en-Retz"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La seigneurie de Loyaux dont le siège était le château de Loyaux [Note : Loyaux (Loeaux, 1366) métairie, commune de Fresnay — Le château avait disparu avant le XVème siècle], en la paroisse de Fresnay, s'étendait sur les paroisses de Sainte-Pazanne, Port-Saint-Père, Pont-Saint-Martin, la Chevrolière, Saint-Philbert, Saint-Mars-de-Coutais, etc. Elle faisait partie du domaine du duc de Bretagne et fut engagée une première fois par Jean IV à Gautier Huet, bachelier, en 1366, pour lui assurer la recette d'une rente annuelle de 400 livres en récompense de « ses bons, pénibles et agréables services pendant les guerres passées » |Note : 14 nov. 1366 (Arch. Loire-Inf., E 154)]. La seigneurie de Loyaux rentra dans le domaine ducal après la mort de Gautier Huet, et fut érigée en vicomté par la duchesse Anne, en 1490, au profit de Gilles de Condest, chevalier, seigneur de la Mortraie, capitaine des archers du Duc [Note : Arch. Loire-Inf., B 12, f° 171]. Au XVIème siècle, Loyaux rentra de nouveau dans le domaine royal ; en 1554, sa juridiction fut annexée au Présidial de Nantes [Note : Pour ce qui concerne l'histoire de la vicomté de Loyaux, voir Guillotin de Corson : Les grandes seigneuries de la Haute-Bretagne, 3ème série, p. 202] ; et, en 1626, les terres de Loyaux furent réunies au duché de Rays.

Lors de la réformation de 1678, une enquête fut ordonnée dans le but de contrôler les droits de prééminence que prétendaient avoir certains seigneurs dans les églises du domaine de Loyaux. Ce document offre aujourd'hui d'autant plus d'intérêt que la plupart des églises en question ont disparu.

 

PROCÈS-VERBAL
fait dans la plupart des Paroisses dépendantes de la Seigneurie de Loyaux
17 Avril 1680 [Note : Arch. Loire-Inf. B 1888].

Aujourd'huy septième mars 1680, Guillaume Henry, escuier, seigneur de Bellêtre, conseiller du Roy, maître honoraire en sa Chambre des Comptes de Bretaigne, commissaire député par lettres patentes de Sa Majesté du 19 mars 1678 pour la confection du papier terrier des domaines de Nantes, Loyaux, Touffou et le Gàvre, savoir faisons qu'en exécution de nostre ordonnance du 15 mars dernier donnée sur la requeste de maître Louis Moreau, signée Bodier, son procureur, et conclusions du procureur du Roy du 14 mars précédent, nous nous sommes transportez, en exécution de ladite ordonnance, dans la pluspart des paroisses dépendantes de la seigneurie de Loyaux.

Et le dimanche 7 avril 1680, sur les deux heures après midi, avons monté à cheval en la ville de Nantes avecq maitre André Boussineau, escuier, sieur de la Patissière, conseiller du Roy, son procureur au Siège présidial de Nantes, maître Jacques Menant, sieur du Port-Moreau, maître Simon Vacher que nous avons pris pour nostre greffier et adjoint, et duquel le serment pris, a promis de se comporter fidellement au fait des présentes, et Pierre Fagondo, huissier aux Comptes.

I. — Port-Saint-Père [Note : Le Port-Saint-Père, canton du Pellerin, arrondissement de Paimbœuf]

Et sommes tous de compagnie arrivez au bourg du Port-Saint-Père distant de quatre lieues de la ville de Nantes, auquel lieu nous serions retardé le 8 avril, où avons remarqué à l'entrée dudit bourg une rivière que l'on nous a dit estre la rivière du Tenu [Note : Le Tenu, Taunacum, rivière navigable depuis Saint-Mesme jusqu'à Vue où elle se jette dans la Loire sous le nom d'Achenau], laquelle flue du lac du Grand-Lieu à la chaussée de Pillan [Note : On dit aujourd'hui Pilon, village de Cheix, situé sur la rive droite du Tenu], et d'autant qu'il y a de vieux paux de bois plantez dans le milieu de la rivière qui font voir y avoir eu autres fois un pont [Note : Michel d'Espinose tenait cette terre et ce droit de sa mère Jeanne Gazet]. Avons demendé au passager à qui apartenoit à présent le passage, et ce qu'il s'en faisoit payer ; nous a dit qu'il le tenoit à ferme du seigneur de Portric d'Espinose, conseiller au Parlement, à cause de sa maison de la Tour [Note : La Tour était une seigneurie pourvue d'une haute justice qu'on nommait la Tour de Thouaré pour rappeler ses propriétaires au XVème siècle], et qu'il prenoit pour droit de péage du basteau, savoir : six deniers pour homme et cheval, et au reste à proportion. Et ce requérant ledit sieur, nous aurions ce matin, sur les six heures, envoyé ledit Fagondo, huissier, advertir Jean Thomas que l'on nous a dit estre fermier des rentes deues au Roy, et qui se payent audit bourg du Port-Saint-Père.

Et en mesme temps sommes allez entendre le divin service à ladite paroisse. Après quoy ledit procureur du Roy a requis que l'on eust à observer et faire mention dans nostre procès-verbal, des armes et bancs qui sont au cœur de l'église d’icelle. Et ce requérant ledit sieur procureur du Roy, nous y avons remarqué dans le cœur trois bancs, savoir :

Un du costé de l'Evangile que l'on nous a dit estre de la seigneurie de Briord [Note : Briord, château, commune du Port-Saint-Père, ancienne châtellenie relevant partie des Huquetières, partie de la vicomté de Loyaux. Elle appartenait à Anne Gesflot, veuve de Ch. de l'Espinay en 1680], au dossier duquel, joignant à la muraille de l'église, sur l'accodoir, sont les armes d'icelle ;

Et du costé de l'épitre est, joignant le hallustre, celluy de la seigneurie de la Tour, aveq ses armoiries [Note : Les d'Espinose, propriétaires de la Tour, portaient pour armes d'argent à l'arbre arraché de sinople, au griffon de gueules passant au pied, mantelé au 1er d'azur à la croix fleuronnée d'or, au 2ème d'or au cœur de gueules].

Et, au-dessous, du mesme costé, celluy de la Rivière, sans armes [Note : La Rivière - Beaumanoir appartenait à Marie Fyot, épouse de Fr. de Castellan, sieur de la Giraudais, qui portait d'argent à trois sangliers de sable].

Lesquels bancs sont clos, fermez, avec leurs accoudoirs. Et dans le lambris dudit cœur, avons remarqué écusson de Bretaigne. Comme aussi dans la nef du costé de l'épitre, au vitrail posé entre l'autel de Saint-André et le lutrin qui est sittué au milieu de ladite église, avons remarqué trois écussons dont l'un, placé au hault dudit vitrail, est de Bretaigne aveq la couronne ducalle, et les deux autres, au-dessous, l'on ne nous a voullu dire qui les prétendoit, dont l'un, du costé de l'hostel, porte : de gueulle en chef et trois roses ou nœus de ruban, et au-desous de six tourteaux d'or ; et l'autre porte : d'azur à trois chevrons d'or ondé en sautoir, et quatre tourteaux de mesme [Note : Ces deux écussons ne peuvent être identifiés avec ceux du Dictionnaire héraldique de Bretagne].

Et sortant de ladite église, nous avons trouvé ledit Fagondo aveq ledit Jean Thomas, lequel nous ayant suivy dans la maison de la Tour où nous aurions couché, et après luy avoir fait lecture des articles du roolle rentier de 1542 des rentes deues en ladite parroisse, nous l'aurions intérogé de celles qu'il recevoit, et demendé la déclaration pour en estre fait mention dans nostre procès-verbal, lequel nous a dit en estre assé bien instruit et payé, fors et reservé les rentes appellées Retraits de Pellan [Note : Le duc de Bretagne Jean V (vers 1409) ayant consenti à supprimer les moulins de Pilan pour faciliter l'écoulement des eaux du Tenu et du lac de Grandlieu imposa en retour sur les paroisses riveraines une cotisation de 127 livres qui le dédommagea de la diminution de ses revenus. Blanchart, Actes du duc Jean V, n° 1056] qui se lèvent dans ladite parroisse, faisant partie de six vingt sept livres, cinq deniers, à laquelle somme ladite paroisse du Port-Saint-Père, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Lumine, Saint-Philbert et autres mentionnez tant dans la Réformation de 1542 que dans les comptes précédens, sont contribuables ; comme aussi réservé les rentes deues au terme demy-aoust mentionnées au compte de Guillaume André, receveur de Loyaux, depuis l'an 1424 jusqu'en 1428, et dans les autres comptes des receveurs des années suivantes, lesquelles se levoient sur plusieurs tènemens sis en ladite parroisse, montant à 23 solz 10 deniers audit terme, et à 29 solz 3 deniers aubolle, au terme de Noel, lesquelles rentes il nous a dit luy estre incognues. ........

Après quoy nous nous sommes retirez, et passé à ladite Chaussée de Pillan ; et nous estant informé à celluy qui passe au bateau à qui apartenoit ledit passage, nous a dit qu'il y en avoit moityé au Roy, et l'autre moitié au seigneur de Jasson [Note : La seigneurie de Jasson, en Brains, en 1678, appartenait à Thomas Biré, sieur de la Grève, elle fut réunie à celle de Malnoë pour former une châtellenie à une époque reculée], et que le lieu étoit affermé quarente un escus et qu'il payoit dix-neuf escus davantage audit seigneur pour le bateau qu'il fournissoit.

§ II. — Saint-Mars-de-Coutais [Note : Commune du canton de Machecoul, arrondissement de Nantes].

Et le mesme jour, 8 avril 1680, dudit lieu de Port-Saint-Père, nous nous serions de compagnie transporté en la parroisse Saint-Mars, et passé la rivière du Tenu qui passe audit bourg du Port-Saint-Père, et enquis du passager à qui apartenoit le droit dudit passage ; nous a dit qu'il le tenoit à rente du seigneur de Saint-Mars, et prenoit six deniers pour homme et cheval.

Et arrivez en ladite parroisse Saint-Mars, sommes entrez dans l'église et remarqué savoir : au cœur d'icelle, un banc avec son accoudoir, clos et fermé, armoyé, que l'on nous a dit estre au seigneur à présent possesseur de la seigneurie de Saint-Mars, sois du costé de l'épitre, joignant une chapelle au costé du cœur non séparée, au vitrail de laquelle est un écusson quy porte : d'argent aveq une croix de sable en bande chargée de cinq croisilles d'or [Note : Les anciens seigneurs portant le nom de Saint-Mars se sont éteints au XIIIème siècle], que l'on nous a dit estre les armes des anciens pocesseurs de la seigneurie de Saint-Mars, lesquelles armes aurions aussy remarqué dans un endroit de l'escallier du logis proche ladite église, et est en relief, ayant pour soutenans deux sauvages, et pour cimier un casque, ledit écusson posé en bannière.

Et ensuite serions descendus dans les rivages et bordes du lac de Grand-Lieu et de la rivière du Tenu pour voir la sittuation des lieux sujets auxdites rentes de retraicz, la pluspart desquels avons remarqué estre proches et couverts des eaux du lac et rivière sittuez en lieu bas, et peu esloignées des maisons dont ils sont dépendentes. Après quoy nous nous sommes retirez et retourné au bourg du Port-Saint-Père où nous aurions couché.

§ III. — Sainte-Pazanne [Note : Commune du canton du Pellerin, arrondissement de Paimbœuf]

Et le landemain mardy 9 avril 1680, serions, de mesme compagnie, partis dudit lieu du Port-Saint-Père pour aller au bourg et parroisse Sainte-Pazanne affin d'estre informez des rentes de fromentages et autres debvoirs deus au Roy…. et qui se perçoivent dans lad. parroesse sur les tenues et herittages mentionnez en la reformation de 1542 et, à cet effet, aurions envoyé led. Fagondo advertir le sieur Cosson, fermier et receveur desd. rentes et debvoirs, pour nous montrer la situation des lieux y sujets ; ce que nous aurions fait le mesme jour neuf avril. Et auparavant sommes entrez dans l'église dudit lieu de Sainte-Pazanne où nous avons remarqué, dans le coeur, un banc que l'on nous a dit estre de la maison de la Durasserie à cause des fiefs de Sainte-Pazanne apartenant aux enfants de Mre Jean Robert, sieur du Molin-Henriette, à cause de dame Françoise Ménardeau, son espouse, dans lequel banc sont les armes des sieurs les Menardeaux qui sont : trois testes de licorne arachées, lesquelles armes sont aussy dans le grand vitrai de l'église composé de trois longueurs séparées de deux lisières de pierre de touffeau, au haut de chacune desquelles trois longueurs sont des écussons à plein de Bretaigne, dont celluy du milieu est réparé d'un verre blanc et ne se recognoist de Bretaigne que parce qu'il reste deux hermines vers la pointe ; au-desous duquel a esté posé un écusson portant : d'azur à trois testes de licorne d'or arachées, qui sont des Ménardeaux [Note : La famille Ménardeau a possédé beaucoup de terres importantes dans le comté de Nantes] ; et tout au bas de la même longueur du milieu est un autre écusson en escharpe ou bannière sous un casque pour cimier et deux anges pour soustenans, lequel est à moitié rompu, en sorte qu'il n'y paroist que les deux bras d'une croix de sable sur argent chargée de deux croisilles d'or, et une partie d'une autre croix vers le milieu, que l'on nous a dit estre les armes de la seigneurie d'Ardenne autrefois possédées par les sieurs du Croisil, et que nous a dit estre les mesmes qui sont entières dans le vitrail de la chapelle de la maison d'Ardenne [Note : En 1404, la terre d'Ardennes, la plus importante de Sainte-Pazanne, était à Allain du Croisic].

Comme aussy avons remarqué tout le tour du grand vitral estre parsemmé de fleurs de lys et d'hermines, et tout au haut d'icelluy, des deux costéz, de certaines losanges ou espèces d'écussons où il y a des moletes desprons ou estoilles d'or avec une figure comme d'un angelot, sur lesquelles sont apliquées lesdites mollettes ou estoilles. Et dans la chapelle de Saint-Sébastien, qui est sans séparation à costé du cœur, sont au vitral de ladite chapelle plusieurs fleurs de lies et hermines apliquées dans les bordures et entrelassures dudit vitrail ; et dans le coing au derrière du ballustre de la chapelle saint Yves, avons remarqué un écusson apliqué à la charpente de la sablière portant le lambris dont il paroist avoir esté osté ce qui avoit esté posé pour armes et dont l'aparence semble avoir esté trois roses suivant la figure qui y reste ; comme aussy dans la filière et lambris dans ladite église sont en plusieurs endroits des roses en bosses et en peintures.

Et au-desous de cette chapelle de saint Sébastien est celle de saint Yves et sainte Marguerite dans laquelle est un banc aveq un accoudoir, sans armes, que l'on nous a dit estre dépendant de la maison d'Ardenne, laquelle chapelle est sittuée vis à vis la nef, hors le cœur.

Et dans la nef, avis l'hostel saint Jean, est un banc que l'on nous a dit estre dépendant de la maison du Molin-Henriette [Note : Le Moulin-Henriet, était une des seigneuries de la même paroisse appartenant aux Robert] ..........

Après quoy nous nous sommes retiréz, et retourné audit bourg de Sainte-Pazanne.

§ IV. — Fresnay

Auquel lieu (Sainte-Pazanne) et mesme jour, 9 avril 1680, après midi, avons tous monté à cheval et partis d'icelluy pour aller en la parroisse de Fresnay. Et estans arrivez au bourg d'icelle avons entré dans l'église où avons remarqué aux deux petittes portes de chaque costé du grand austel quatre écussons dans le circuit du pallastre d'icelle, dont deux d'iceux, joignant les angles de la muraille du cœur de chaque costé, portent, savoir, celluy du costé de l'Evangille : tout plain de Bretaigne, de l'autre, du costé de l'épître : partie de France et de Bretaigne : les deux autres, au costé d'iceux, altéréz et néantmoins ressemblent à ceux poséz au vitrail cy-après, au cœur de ladite église. Dans le vitrage au pied duquel est le pipitre, au lieu du jubé, est au hault, un écusson à plain de Bretaigne ; au-desous deux autres écussons aux cornières dudit vitral dont celluy à droit porte : d'argent à douze losanges d'argent séparées de sable, au chef de gueulles chargées de trois testes de lion d'or arrachées ; et l'autre écusson porte : de gueulle au lion d'or vérré d'argent et de sable, au chef de mesme.

Et au vitral de la chapelle, au costé du cœur et de l'épître, avons remarqué un écusson d'argent à trois faces de gueulles et en franc canton d'un ange à my corps aislé, le tout d'or, couronné d'une couronne ducalle et orné d'une cordelière. Et de l'autre costé, à l'autre vitre, un écusson sans armes et vague par fracture. Et encore au cœur, du costé de l'Evangille et joignant le ballustre, est un accoudoir à deux personnes seulles, lequel joint aussi la closture de l'hostel saint Berthélemy.

Et avons encore remarqué la litre du cœur estre chargée d'écussons écarteléz d'or, le premier chargé de tresfles de sable, au chef de gueulle aveq une pomme de pin d'or, au milieu du chef un chevron en sautoir ; le Second : taillé tranché de sable ; le troisième : d'argent à trois chevrons de gueulle avec un ange à my-corps aislé d'or ; et le dernier : de sable tranché d'un ruisseau de gueulle et chargé de cannettes en chef et lembel de gueulle [Note : La famille Bastelard de la Noë portait d'or au chevron de sinople accompagné de trois tréfles de sable].

Et estans sortis de ladite église, avons mandé le sieur Pouvreau, fermier des rentes deues à la vicomté de Loyaux [Note : La vicomté de Loyaux ayant été donnée à viage à diverses familles, il est très difficile de faire l'attribution de ces armoiries], en ladite parroisse de Fresnay, lequel avons sommé nous dire et déclarer s'il estait bien servi desdites rentes conformément à ladite Réformation de l'an 1542… Après quoy nous avons requis ledit Pouvreau venir aveq nous au bourg de Saint-Mesme pour nous faire connoistre les lieux sur lesquels sont réparties lesdites rentes de retraits en ladite parroisse, etc........

§ V. — Saint-Mesme [Note : Commune du canton de Machecoul.]

Pourquoy serions tous, de mesme compagnie, partis dudit lieu de Fresnay pour nous transporter en la parroisse et bourg de Saint-Mesme. Et en allant, ledit Pouvreau nous avoit fait voir un grand canton de terre quel nous a dit estrc le fief de la Monjatière, consistant en mestairye et moulin, distant d'un quart de lieue dudit bourg de Fresnay. Et arrivéz au bourg de Saint-Mesme, serions dessendus et transportés jusqu'à la rivière et passage dudit lieu à l'effet de passer, s'enquérir et voir les rivages sujets audites rentes, ce que nous n'aurions peu faire, le passager n'estant audit passage, ny scavoir quelz droits se payoient pour ledit passage. Et enquis ledit Pouvreau à qui apartenoient les rivages, pasturages et marais dudit lieu, qui nous a dit que la pluspart d'iceux estoient du Brandé [Note : Le Branday, juridiction et seigneurie appartenant à François Dumoustier en 1679], et l'autre partie de la Boulinière et mestairye de la Guérinière, et autres qu'il nous a dit ne connoistre, attendu la grande quantité d'eau dont ils estoient couverts.

Et nous (estans) retiréz, sommes entrez dans l'église de ladite parroisse dans laquelle nous avons remarqué, dans les endroitz d'honneur, les armes de Gondy qui porte : d'or à deux masses d'armes de sable passé en sautoir liée de gueulle [Note : Les Gondy sont arrivés à la possession de cette seigneurie de Retz en 1562 par le mariage d'Albert avec Claude-Catherine de Clermont].

Et cela lait, sommes montez- à cheval et retournez audit bourg de Sainte-Pazanne pour y coucher.

§ VI. — Saint-Lumine-de-Coutais [Note : Commune du canton de Saint-Philbert-de-Grandlieu, arrondissement de Nantes]

Le landemain, 10 avril dudit an 1680, serions pareillement montez à cheval et partis dudit lieu de Sainte-Pazanne pour aller au bourg parroissial de Saint-Lumine. Et à la moityé du chemin, aurions trouvé le Port-Faissant [Note : Passage très ancien, sur la rivière de Tenu, qui se franchissait souvent à gué], par lequel nous aurions passé et enquis au passager à qui apartenoit ledit passage ; a dit apartenir au prieuré Saint-Martin de Machecoul [Note : Le prieuré de Saint-Martin de Machecoul dépendait de l'abbaye de Marmoutier] ; et à l'esgard des droits de passage, ne prendre que deux liars par homme et cheval.

Et arrivez audit bourg de Saint-Lumine, aurions entré dans l'église dans le cœur de laquelle n'avions remarqué aucunes armes. Et, dans une chapelle à main gauche du costé du cœur, dédiée à saint Michel, avons remarqué dans le haut de la vitre un écusson des armes de Bretaigne ; et, entre le cœur et ladite chapelle est une autre dans laquelle il y a un banc que l'on nous a dit estre dépendant de l'abaye de Villeneuve [Note : Cette abbaye, sise en la paroisse du Bignon, avait le fief important et le prieuré de Saint-Symphorien] ; et avons veu un écusson en icelluy avec une crosse et une mitre.

Ce fait, nous nous serions retirés dudit bourg de Saint-Lumine à celluy de Saint-Philbert où nous aurions couché.

§ VII. — Saint-Philbert-de-Grandlieu

Et le landemain, 11 dudit mois d'avril, nous estant transportés audit bourg de Saint-Philbert, serions entrés dans l'église dudit lieu, laquelle dépend du prieuré [Note : Après avoir été une abbaye au IXème siècle, lors de l'installation des religieux de Noirmoutier, chassés de leur île par les Normands en 836, cette fondation tomba au rang de prieuré de l'abbaye de Tournus (Saône-et-Loire) au XIème siècle], et remarqué dans le cœur quatre bancs : le premier, du costé de l'Evangille, apartenant au sieur de la Moricière [Note : La terre de la Moricière, en la même paroisse, appartenait alors aux Gabard], armoyé de ses armes ; le second, de Viègue [Note : La terre de Viègue, même paroisse, appartenait à Philippe de la Presle], du costé de l'épître, au sieur du Poncé-Salmonière ; le troisième, qui est entre les deux, audit sieur de la Moricière ; et le quatrième, auprès de la chaire du prédicateur, au sieur du Verger [Note : La terre du Verger était à la famille Savin]. Et n'avoir remarqué aucunes armes dans ladite église.

Et de là nous nous sommes transportés, hors du bourg dudit lieu, dans une vieille chapelle que l'on nous a dit estre anciennement l'église paroischialle [Note : Cette chapelle, située dans le cimetière actuel a été rebâtie et sert d'enfeu aux familles Juchault, d'Estrées et d'Illiers], dans les vitraux et austels de laquelle nous n'avons remarqué aucunes armes, lors que dans le cœur, du costé de l'Evangille, est une tombe élevée de deux à trois piedz de hauteur, enfoncée dans la muraille sous une arcade, sur laquelle est représenté en bosse un personnage rompu et brisé environ les cuisses, couvert d'une cotte et chemise maillée, avec trois écussons portant un lion rempant, couronné, lampassé et griffonné [Note : Cette chapelle étant dans le fief du Chaffaut on doit croire que ce sont les armes de cette famille de Bouguenais qui portait : de sinople ou lion d'or, lampassé et couronné de gueules, d'après un sceau de 1470], et au-dessus de l'arcade est, au-devant de la tombe, du costé de la place, mesmes écussons. Comme aussy, à l'entour de ladite chapelle, une littre et cinture effacée en plusieurs endroits aveq quelques écussons dont l'on ne peut faire dissernement de quelles armes il sont chargez ........ Ce fait nous nous sommes retirez et enquis quelques particuliers de nous dire combien de boisseaux de blé Conviennent pour faire le septier de Nantes, qui nous ont dit qu'en falloit six. Pareillement enquis ce que c'estoit qu'une truellée d'avoine, qui nous ont déclaré estre huit bouesseaux mesure Saint-Philbert.

Et à la sortie dudit bourg est une rivière qui flue au lac de Grandlieu, sur laquelle il y a eu autres fois un pont lequel a esté ruiné. Et au lieu, pour la commodité du publiq, il y a un batteau pour passer à aller de Saint-Philbert à Nantes, et pour le passage l'on prend trois deniers par homme, et pareille somme pour cheval, duquel passage l'on nous a dit le seigneur duc de Retz pocesseur et jouissaut [Note : Le bourg de Saint-Philbert étant sur une voie romaine, on doit croire que le pont est fort ancien et devait être entretenu par les religieux de l'abbaye voisine, dès le IXème siècle].

§ VIII. — La Chevrolière

Et le lendemain, vendredy 12 dudit mois d'avril 1680, sommes partis dudit lieu de Saint-Philbert pour aller au bourg parroissial de la Chevrolière. Et estans arrivéz, avons entendu le divin service dans l'église dudit lieu dans laquelle nous avons remarqué an haut du grand autel deux écussons que l'on nous a dit estre les armes de la maison de la Guerre [Note : Il s'agit ici de la famille Pantin, qui a possédé diverses terres dans le Comté nantais. La Guère est près d'Ancenis] qui sont : d'argent à une croix de sable, à quatre mollettes de gueulle. Et dans la vitre, à main droitte, est encore un écusson des mesmes armes, et au-dessous un écusson des armes de la maison de la Noë de Passé [Note : La maison de la Noë appartenait, depuis le XVIème siècle, à la famille Laurent, qui s'allia aux Pantin ; ses armes étaient bien celles-ci] qui sont : d'argent à un chesne de cinople.

Et du mesure costé de l'épître est un enfeu eslevé environ deux piedz et un banc fermé avec l'écusson des armes de la maison de la Noë que l'on nous a dit en estre dépendant.

De l'autre costé, dans la vitre, est un écusson des armes des seigneurs de Gondy, ducs de Retz, et au-dessous, est un écusson party des armes de la Guerre et de la Noë de Passé [Note : Les Gondi portaient d'argent à deux masses d'armes de sable passées en sautoir et liées de gueules]. Et au-desous, un enfeu sans aucunes armes que l'on nous a dit estre dépendant de la maison de la Freudière [Note : La Frudière est un château avec seigneurie, en la paroisse de la Chevrolière, qui appartenait alors à François de la Grue, au XVème siècle aux Rochereul], et sur l'un desdits enfeus est escript en lettres gotiques plusieures lettres que nous n'avons peu lire fors ces motz sur celluy du costé de l'Epitre : SY GIST BLANCHE.... datté de 1376.

Comme aussy avons remarqué une cinture dans le cœur, dans la nef, et autour de la chapelle Noste-Dame-de-Pitié, et au-dehors de ladite église, chargée de plusieurs écussons de la maison de la Noë de Passé dont la pluspart sont effacéz.

Et quant aux rentes de retraitz deues tant en ladite parroisse qu'en celle du Pont-Saint-Martin, ledit Cosson nous a dit avoir bien eu de la peine à les connoistre et s'en faire payer. Après quoy nous nous sommes retiréz.

§ IX. — Pont-Saint-Martin

Le mesme jour, 12 avril, après midi, sommes conjointement partis dudit bourg de la Chevrollière pour aller au bourg parroissial du Pont-Saint-Martin. Et arrivéz, serions entré dans l'église de ladite parroisse dans laquelle nous avons remarqué quatre écussons dont l'un, le plus haut, du costé de l'Evangile, sont les armes plaines de Bretaigne ; du costé de l'Epitre sont les armes Chasteau-Briand [Note : Les Châteaubriant portaient : de gueules semé de fleurs de lys d'or. Ils sont venus dans le pays par le mariage de Geoffroy de Châteaubriant avec Isabeau de Machecoul, qui lui apporta la châtellenie des Huguetières, démembrement de la châtellenie de Machecoul] ; les deux autres que l'on nous a dit estre des Huquetières, portent : d'azur au lion d'argent aveq cinq tourteaux d'or, deux en chef et trois qui sont oudesous du lion .............................

........... Avons encore remarqué que le seigneur duc de Retz jouist du passage de Saint-Philbert, du Pont-Saint-Martin, le sieur de Portric-d'Espinoze de celluy de la Tour, et du Port-Faissant le prieur de Saint-Martin-de-Machecoul, et prennent, comme l'a esté dit cy dessus, les droits de péage qui est par chacun homme trois deniers et autant pour cheval, et pour les charettes et autres marchandises, à proportion.

De tout ce que dessus avons dressé le présent nostre procès-verbal pour servir et valloir ce que de droist à quil apartient, le sabmedi dix-sept avril 1680.

Signé : GUILLAUME HENRY, BOUSSINEAU, J. MENANT, VACHER.

© Copyright - Tous droits réservés.