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HISTOIRE DE LA VILLE DE FOUGERES

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La ville de Fougères sous les seigneurs des maisons de Fougères et de Lusignan.

Quelques antiquaires (dont le géographe Sanson, Ogée, article Fougères) ont voulu faire remonter la fondation de la ville de Fougères jusqu'au temps des Romains. Suivant eux, la station ad fines, indiquée dans l'itinéraire d'Antonin, sur la route de Valognes à Rennes, ab Alaunâ Condate, aurait été précisément là où est la ville de Fougères, et lui aurait ainsi donné naissance.

Mais cette opinion n'a d'autre fondement que la prétention qu'ont montrée quelques antiquaires de vouloir retrouver dans des villes actuellement existantes tous les lieux indiqués dans les anciens itinéraires, et elle se trouve suffisamment réfutée par le silence de l'histoire et l'étude plus réfléchie du document même sur lequel elle repose.

D'autres, tels que d'Argentré et Le Baud, ont supposé l'existence de la ville de Fougères dès le VIIème ou au moins dès le IXème siècle : le premier, en faisant intervenir un de ses seigneurs du nom de Gurbidic, dans une charte d'Alain-le-Long, duc de Bretagne, en 689 ; le second, en donnant à un autre de ses seigneurs le commandement d'un corps d'armée, dans une expédition conduite par Charles-le-Chauve, en 857, contre les Saxons. Mais les judicieuses critiques de Nicolas Vignier, d'Hévin et de Dom Morice ont démontré d'une manière trop évidente la fausseté de la prétendue charte d'Alain-le-Long, pour qu'elle puisse servir à étayer aucun système touchant l'origine des anciennes baronnies de Bretagne ; et la chronique de Saint-Brieuc, citée par l'historien Le Baud, est depuis longtemps reléguée au nombre des pièces apocryphes, inventées par les historiens du XVIème siècle, dans un intérêt de système.

Pour nous, nous ne pensons pas que l'on puisse faire remonter la fondation de la ville de Fougères à une époque antérieure à la création de la seigneurie, qui, sans aucun doute, fut la cause de son établissement. Nous ne trouvons, en effet, aucun document authentique qui puisse venir à l'appui d'une opinion plus favorable à son antiquité.

Le titre le plus ancien que nous possédons concernant la baronnie de Fougères, l'acte de fondation du prieuré de Villamée, vers 990, ne laisse en aucune manière soupçonner que la ville existât à cette époque. Méen, que nous avons dit avoir été le premier seigneur de Fougères, n'y prend pas le titre de sa baronnie, mais tout simplement celui de laïc, Maino laïcus ; sans doute parce que la ville, qui devait constituer son titre et donner son nom au fief tout entier, n'avait pas encore reçu l'existence.

Ce n'est que vers 1040 que nous rencontrons, pour la première fois, le nom de Fougères dans l'histoire. Méen II, en donnant aux religieux de Marmoutiers l'église de Saint-Sauveur-des-Landes, leur donna également une maison dans sa ville de Fougères, in castro Filgerio.

C'est donc entre ces deux époques, 990 et 1040, c'est-à-dire aux premières années du XIème siècle, que nous devons rapporter la fondation de la ville de Fougères.

Quoique l'histoire garde le plus profond silence sur ses commencements, nous pouvons, grâce aux documents généraux, assister en quelque sorte à sa naissance, et suivre pour ainsi dire pas à pas ses progrès et ses développements.

Le Xème siècle vit crouler le gigantesque édifice qu'avait élevé le génie de Charlemagne, et à la construction duquel il avait consacré quarante années de combats. Cette grande unité monarchique, qui avait été le rêve de sa vie tout entière, disparut alors dans une effrayante dislocation, et de ses débris il se forma une foule de petites souverainetés, les unes indépendantes, les autres qui ne tinrent plus au centre de la monarchie que par le lien d'un hommage trop souvent illusoire.

La Bretagne, comme les autres provinces, fut entraînée dans ce grand travail de décomposition sociale, et elle vit son territoire se fractionner en seigneuries, dont les possesseurs méconnurent plus d'une fois l'autorité, source de leur puissance. — Ces nouveaux souverains choisirent le plus ordinairement, pour y établir leur demeure, une éminence sur laquelle ils élevaient un château, qu'ils entouraient ensuite de retranchements murés ou palissades, quelquefois même d'un fossé, dans lequel ils faisaient entrer les eaux d'un étang ou d'une rivière.

Ces remparts, tout simples qu'ils étaient, suffisaient à une époque où l'homme qui se défendait avait sur l'assaillant, réduit pour ainsi dire aux seuls moyens d'attaque qu'enseigne la nature, tout l'avantage que lui a fait perdre le perfectionnement de l'art de la guerre.

Autour de cette demeure venaient se grouper tous les serfs qui travaillaient pour le compte du maître, et les hommes libres que l'attente de sa protection ou de ses faveurs attachait à sa personne.

Charlemagne, dans un de ses Capitulaires, nous a donné la nomenclature des bons artisans dont il recommande à ses juges de pourvoir ses châteaux et ses maisons royales. Or, comme chaque seigneur, à l'exemple de l'empereur, dut s'empresser de régler sa maison d'une manière semblable, seulement en restreignant le nombre des hommes proportionnellement à ses besoins et à sa puissance, nous pouvons très-bien nous faire une idée de la population d'une ville à cette époque. Elle se composait, suivant le Capitulaire, « d'ouvriers en fer, d'orfèvres ou argentiers, de tailleurs, de tourneurs, de charpentiers, d'armuriers, de ciseleurs, de savonniers, de brasseurs sachant faire la cervoise, le cidre et le poiré, et toute autre liqueur bonne à boire, de boulangers sachant aussi faire la semoule pour l'usage du maitre, de faiseurs de filets, sachant faire tout ce qui appartient à la chasse, et, du reste, des hommes de métier qu'il serait trop long d'énumérer ».

La fondation d'un château avait donc toujours pour conséquence rétablissement d'un village, dans lequel se rassemblaient tous ceux qui pouvaient attendre faveur, salaire ou protection de la part de celui qui l'habitait.

Une église complétait les éléments de cette ville naissante : elle était ordinairement située, à quelques pas de la forteresse, quelquefois même dans son enceinte, et était desservie par un prêtre qui était le chef spirituel de la colonie, comme le seigneur en était le chef civil et militaire.

Telle a été l'origine de la plupart de nos villes, au Moyen-âge, quand elles n'ont pas dû leur formation à l'existence d'un couvent.

Telle a été aussi, nous n'en pouvons pas douter, l'origine de la ville de Fougères. Méen, investi d'une partie du comté de Rennes, dut songer aux moyens de s'assurer la paisible jouissance de son fief, de le mettre en état de défense, en cas qu'un ennemi tentât de le lui enlever, et de remplir les conditions de son investiture, qui consistaient, sans doute, en services militaires stipulés en faveur du duc de Bretagne. Or, il lui était difficile de rencontrer dans toutes ses terres un endroit qui réunit à un plus haut degré tous les avantages réclamés par le système militaire en usage à cette époque, que celui où est établi le château de Fougères. Le rocher, en effet, sur lequel il s'élève, présentait un heureux ensemble de circonstances qui devaient nécessairement fixer le choix d'un homme de guerre. Outre sa position centrale au milieu des possessions du seigneur, position qui lui permettait, en cas d'attaque, de se porter avec une égale facilité sur tous les points qui viendraient à être menacés, et d'y rentrer, dans le cas où il serait forcé à une retraite, la nature avait fait tous les frais des fortifications, et l'homme n'avait qu'à compléter son oeuvre, pour en faire une place presque inexpugnable.

L'ennemi, en effet, qui eût osé s'aventurer dans les épaisses profondeurs de la forêt, dont l'ombrage s'étendait jusque sur ses murailles, et qui lui servait de rempart du côté de la Normandie et du Maine, les seuls côtés qu'il eût intérêt à protéger, aurait été bientôt arrêté par les eaux de la petite rivière qui baignait les murs du château, et que trois vastes réservoirs pratiqués par la nature, au nord et au midi, permettaient d'élever de manière à inonder entièrement les abords et à intercepter toute communication avec la campagne [Note : Les deux étangs de la Couarde et l'étang de Rouillard : ce dernier situé au dessous du château].

Il est bien probable que le château seigneurial servit d'abord de retraite à toute la colonie, et qu'elle fut un certain nombre d'années sans franchir son enceinte. Cependant ses limites devenant trop resserrées pour contenir sa population, celle-ci dut songer à s'établir en dehors des murailles, mais de manière pourtant à pouvoir s'y réfugier facilement, si elle venait à être inquiétée dans sa nouvelle demeure. C'est ainsi que durent se former peu à peu les quartiers de la basse-ville, aujourd'hui délaissés, mais pleins des souvenirs de huit siècles, et pouvant revendiquer la gloire d'avoir été le berceau dans lequel se forma la petite société dont nous sommes les membres.

Il est également probable que la première église paroissiale fut élevée dans l'enceinte même du château et consacrée sous l'invocation de la Sainte-Vierge.

Cependant, moins d'un siècle après la fondation de la ville de Fougères, sous le pontificat de Méen, évêque de Rennes (vers 1064), Raoul Ier et sa mère Adélaïde transférèrent à l'église Saint-Sulpice, qui était déjà érigée en paroisse, les droits et les prérogatives attachés jusqu'alors à la chapelle du château de Fougères, qui ne servit plus qu'aux exercices religieux du seigneur et de sa famille. Plusieurs siècles s'écoulèrent et le bas-fond formé par les rochers, qui semblables à d'énormes murailles le ferment de tous côtés, ne laissant d'ouverture que pour l'entrée et la sortie de la rivière qui l'arrose, ce bas-fond ayant reçu toute la population qu'il pouvait contenir, les habitants s'étendirent sur le flanc des deux escarpements qui touchaient au château par leur base, du côté où semblaient les appeler les deux églises de Rillé et de Saint-Léonard, construites déjà depuis longtemps, mais tout à fait en dehors de la ville.

Il est à présumer néanmoins que les sommets de ces deux escarpements avaient reçu quelques édifices à une époque bien antérieure. L'hospice Saint-Nicolas entr'autres existait bien certainement à la fin du XIIème siècle ; mais ces édifices isolés de la ville ne lui étaient point rattachés, comme ils le sont aujourd'hui, par une série non interrompue de constructions liées entr'elles et formant rues : ce ne fut qu'à la longue que ces deux parties, que les accidents du terrain forçaient pour ainsi dire de venir à la rencontre l'une de l'autre, en s'étendant par un mouvement qui les rapprochait sans cesse, finirent par se joindre et ne former qu'une seule agglomération que l'on entoura de murailles.

Ainsi, on peut croire avec quelque raison que les quartiers qui se trouvent aujourd'hui au centre de la ville, tels que la place Royale et ses environs, sont d'une formation plus récente que les autres, et ont été bâtis à l'époque la plus rapprochée de nous. C'est vers là, en effet, que la disposition du sol et la réflexion concourent à établir le point de jonction des deux parties de la ville qui s'étaient élevées isolément. Il est difficile, du reste, d'assigner l'époque précise à laquelle se consomma cette réunion : nous croyons néanmoins ne pas hasarder, en disant qu'elle était déjà accomplie au milieu du XVème siècle, quand on construisit les beaux remparts dont nous admirons encore aujourd'hui les restes.

Mais abandonnons le champ des hypothèses et des probabilités ; l'histoire va désormais nous servir de guide, et son flambeau nous fournira une lumière suffisante pour éclairer les événements dont notre ville sera le théâtre.

Elle comptait à peine un siècle et demi d'existence lorsqu'elle fut attaquée par les Anglais, appelés en Bretagne par Conan (1166). Défendue par Raoul II, elle soutint un siège de quelques jours, après lesquels elle fut prise d'assaut, livrée au pillage, et rasée ensuite par ordre du roi d'Angleterre.

Grâces à l'activité de son seigneur, elle sortit bientôt de ses ruines, et six ans après ce désastre, elle était déjà rétablie et prête à soutenir les efforts de ceux qui viendraient l'attaquer. Henri II, en 1172, et Jean-sans-Terre, en 1203, ravagèrent ses environs, mais ne firent aucune tentative contre elle.

En 1230, Pierre Mauclerc, voulant se venger du seigneur de Fougères, qui avait fait hommage au roi de France, avec lequel il était en guerre, tomba à l'improviste sur le château de Fougères, et s'en empara ; mais les troupes de France, qui gardaient la ville au nom du roi, le reprirent presque aussitôt [Note : En 1304, le timbre de l'horloge actuelle (1846) fut fondu par Rolland Chaussière : à cette époque le moulin de Grolay existait et était le moulin seigneurial de Fougères] (L. Maupillé et A. Bertin, 1846).

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