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LA CITE DE RHEDONES

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De la cité des Rhedones et du comté de Rennes.

Le territoire qui forme aujourd'hui l'arrondissement de Fougères était, sous la domination des Celtes, compris dans la cité des Rhedones.

Cette cité, membre de la célèbre confédération armoricaine, fut soumise par P. Crassus, lieutenant de César, l'an 56 avant Jésus-Christ. Incorporée à l'empire romain, elle fit partie de la seconde, puis de la troisième Province Lyonnaise, sous la métropole de Tours.

Les Romains en restèrent les maîtres jusqu'en 439 : cette année ils en furent chassés par Grallon, roi des Bretons, qui la réunit à la monarchie qu'avait fondée Conan Mériadec, son aïeul, trente ans auparavant. La cité des Rhedones demeura unie à la monarchie bretonne, sous Audren, successeur de Grallon ; mais à la mort do ce prince (464), elle en fut détachée et forma, sous le nom de comté de Rennes, un état particulier qui fut possédé par Juthaël ou Withaël.

Le comté de Rennes ne resta pas longtemps dans la possession des princes bretons ; en 497, Clovis, amené par la victoire sur les frontières de la Bretagne, songea à donner à ses états une limite plus naturelle que celle qui les séparait du comté de Rennes : il envahit les terres de ce comté, et, après avoir refoulé les Bretons au-delà de la Rance et de la forêt de Brékilien, il le réunit à ses autres conquêtes.

A la mort do Clovis (511), le comté de Rennes tomba dans le partage de Childebert ; mais Hoël, fils du roi Budic, sut habilement profiter de la division qui existait dans la maison royale : il tomba sur les Français, qui ne s'attendaient à rien moins qu'à une pareille attaque, et rétablit sa nation dans la possession de ses anciennes limites.

Le comté de Rennes fut successivement gouverné par trois princes bretons, Hoël Ier ou Rioval, Hoël II (545) et Canao (546).

Ce dernier, en recevant dans ses états Chramne, le fils de Clotaire, révolté contre son père, provoqua le ressentiment du monarque outragé. Une armée française entra en Bretagne, et une seule défaite fit perdre aux Bretons tous les avantages de la victoire d'Hoël (560).

Redevenu province française, le comté de Rennes échut, après Clotaire Ier, à Chilpéric Ier (562), et ensuite à Clotaire II (582) ; mais ni l'un ni l'autre ne purent y consolider leur autorité. Il devint comme un terrain neutre sur lequel les deux peuples venaient chaque année mesurer leurs forces et dont la possession était le prix du vainqueur. Enfin, une armée de Childebert ayant été presqu'entièrement détruite dans les landes qui avoisinent aujourd'hui Saint-Aubin-du-Cormier, les Français renoncèrent pour un temps à leurs entreprises sur cette contrée (593).

Six princes bretons, Judual, Hoël III (595), Salomon II (612), Judicaël (632), Alain II (638) et Grallon II (690), purent en conséquence jouir en paix des fruits de la victoire remportée par Guérech ; mais en 691, Pépin, maire du palais d'Austrasie, qui gouvernait sous le nom du faible Thierry III, entreprit de faire rentrer sous la domination des Francs tous les peuples qui, profitant de l'incapacité des derniers Mérovingiens, s'étaient soustraits à leur empire : il tourna ses armes victorieuses contre les Bretons et leur enleva encore une fois le comté de Rennes.

Réunie à la France, et, pendant un siècle et demi, possédée sans trouble par Clovis III (691), Childebert II (695), Dagobert III (711), Chilpérich II (715), Thierry IV (720), Childéric III (742), Pépin-le-Bref (752), Charlemagne (768), et Louis-le-Débonnaire (814), cette contrée paraissait désormais faire partie de la monarchie à laquelle se rattachaient, outre les liens d'une si longue dépendance, la langue et les moeurs de ses habitants, lorsque parut, à la tête des Bretons, un homme dont la valeur secondait merveilleusement le génie audacieux et entreprenant. Voulant faire sortir sa nation de l'abaissement dans lequel l'avaient maintenue les longues prospérités de la France, sous le gouvernement des carolingiens, Nominoé fondit à l'improviste sur le comté de Rennes, en chassa les Français et y fît reconnaître son autorité, avant même que Charles-le-Chauve eût songé à lui opposer la moindre résistance (843).

Ce fut en vain que plus tard ce faible monarque déploya tout l'appareil de sa puissance, et vint à la tête de ses armées pour tenter de reprendre le territoire qu'il avait perdu. Quatre expéditions n'aboutirent qu'à des défaites qui amenèrent enfin un traité honteux pour la France : le monarque humilié se trouva heureux d'acheter la paix en abandonnant les comtés de Rennes, de Nantes et de Retz, qui, depuis cette époque, n'ont pas cessé d'appartenir à la Bretagne, jusqu'au jour où ils vinrent se fondre avec elle dans la grande monarchie à laquelle les rattachaient tant de souvenirs.

Le comté de Rennes fut successivement possédé par Erispoé (851), Salomon III (852), Gurvand (874), Judicaël (877), Juhel Beranger (888) et Conan (950).

Ce dernier prince, devenu souverain de toute la Bretagne (990), démembra son ancien apanage, le comté de Rennes, et donna ainsi naissance aux deux seigneuries de Vitré et de Fougères.

Le pays que nous occupons a donc été possédé par quatre peuples différents : par les Celtes, jusqu'à l'an 56 avant Jésus-Christ ; par les Romains, jusqu'à l'an 439 de Jésus-Christ, c'est-à-dire pendant une période de 483 ans ; par les Français et les Bretons alternativement, jusqu'à l'an 843, c'est-à-dire pendant une période de 404 ans [Note : Une particularité assez remarquable, c'est que cette période est partagée en deux parties parfaitement égales par la possession de chacun des deux peuples, l'un et l'autre ayant possédé le comté de Rennes pendant l'espace de 202 ans (les Bretons de 439 à 497, de 513 à 560, de 594 à 691, et les Français de 497 à 513, de 560 à 594, de 691 à 843)].

Enfin, par les Bretons seuls, qui, comme nous l'avons vu, en sont restés définitivement les maîtres.

Ici se présenterait naturellement une question de philosophie sociale d'une haute importance, savoir : quels éléments sociaux chacun de ces peuples a apportés dans la formation de la société à laquelle nous appartenons ; en d'autres termes, chez lequel de ces peuples nous devons aller rechercher nos ancêtres. Mais la solution complète de cette question exigerait des connaissances que nous ne possédons pas, et nous entraînerait d'ailleurs dans des développements qui excéderaient les bornes que nous nous sommes prescrites. Cependant, pour satisfaire au désir que son simple exposé pourrait faire naître, examinons en peu de mots les circonstances qui ont accompagné la succession de ces différents peuples, les phénomènes sociaux qui se sont manifestés lorsqu'ils sont venus prendre la souveraineté de notre contrée. Peut-être pourrons-nous en déduire des conséquences qui feront jaillir une certaine lumière sur l'obscurité de notre origine.

D'abord, qu'arriva-t-il lorsque les Romains renversèrent la domination des Celtes ? Quel fut le résultat des dispositions réciproques des deux peuples ?

D'un autre côté, l'histoire nous apprend que les Romains, maîtres de la Gaule, songèrent plutôt à la dominer par l'ascendant et le prestige de leur civilisation que par la force et les autres moyens que justifie la conquête.

Ils traitèrent les habitants avec des égards auxquels ils n'avaient point habitué les peuples qu'ils avaient soumis jusqu'alors, et non contents de leur conserver la plus grande partie de leurs privilèges, ils leur accordèrent le droit de bourgeoisie et la faculté de parvenir aux plus grandes charges de l'empire. D'un autre côté, les Gaulois se laissèrent facilement séduire par ces brillantes faveurs : bientôt les lois de Rome, ses moeurs, ses vêtements même devinrent ceux des habitants de la Gaule, et les nombreuses colonies semées, par les empereurs, sur la surface de son territoire, furent comme autant d'écoles dans lesquelles, en se façonnant aux usages et en apprenant la langue des vainqueurs, les anciens Celtes voyaient chaque jour s'effacer et disparaître les derniers linéaments de leur caractère national.

Ce grand phénomène social était entièrement accompli au Vème siècle, lorsque les Bretons insulaires vinrent prendre possession de la presqu'île armoricaine. L'élément civilisateur, en contact avec l'élément barbare, avait fini par remporter, et une assimilation complète s'était formée sous l'action vivifiante du Christianisme, entre deux peuples qui semblaient devoir être toujours séparés. Des légions romaines étaient bien encore commises à la garde du territoire ; mais les colonies, sorties du sein même de l'Italie, maudissant les exactions et le despotisme effréné des empereurs, s'étaient sensiblement rapprochées des indigènes dont elles partageaient les souffrances, et leur fusion avait donné naissance à un nouveau peuple, dont le nom de Gallo-Romain, consacré par l'histoire, rappelle assez la double origine.

Maintenant qu'arriva-t-il, lorsque les Bretons expulsèrent les légions romaines qui étaient commises à la garde de la cité des Rhedones et s'en emparèrent ? Imposèrent-ils aux Gallo-Romains le joug de leurs institutions, de leurs croyances religieuses, de leurs moeurs et de leur langue, ou parvinrent-ils à les leur faire admettre, comme les Romains avaient fait à leurs ancêtres, quatre siècles auparavant ? Non ; issus de la même famille que les anciens Celtes, mais séparés maintenant par la différence du langage, ils n'essayèrent sans doute même pas de renouer les liens d'une fraternité qui n'avait plus d'existence que dans des souvenirs traditionnels. Maîtres du comté de Rennes, ils ne se mirent jamais en devoir de le coloniser, et, se portant pour ainsi dire comme héritiers des Romains, ils se contentèrent d'exercer sur les habitants, auxquels d'ailleurs ils laissèrent la jouissance de leurs propriétés, les droits de la souveraineté, en exigeant d'eux les tributs et les autres prestations qui constituent la subjection et la dépendance. Il en fut de même des Francs, lorsqu'à leur tour ils vinrent enlever aux Bretons leur conquête. Néanmoins il paraîtrait étrange que ces derniers, restés définitivement et sans contestation maîtres du comté de Rennes, n'y aient pas fondé d'établissement, si nous ne savions pas que la crainte des Francs et surtout la terreur que leur inspiraient les Normands, les retinrent longtemps retranchés derrière la forêt de Brékilien et les rives de la Rance, qui leur semblaient des remparts formés par la nature elle-même, et au-delà desquels peu d'ennemis avaient osé s'avancer pour les inquiéter. Aux IXème et Xème siècles, lorsque la société, après un long travail de dislocation, commença à se rasseoir sur ses bases et préluda à la formation du système féodal, plusieurs chefs bretons vinrent bien se fixer au milieu des populations gallo-romaines qui occupaient le comté de Rennes ; mais ils furent toujours en trop petit nombre pour exercer quelque influence sur la société dans laquelle ils entraient, et pour ne pas, au contraire, être contraints de subir la sienne propre et de céder à ses exigences. Aussi, si nous jetons un coup-d'oeil sur le comté de Rennes, à la fin du Xème siècle, nous sommes frappés par le spectacle que nous offre une société toute gallo-romaine par sa langue et ses institutions, quoique les hommes qui marchent à sa tête et la dirigent appartiennent presque tous à la nation bretonne.

Nous trouvons encore aujourd'hui une preuve de notre assertion, dans les noms des paroisses qui furent imposés vers cette époque et qui, pour la plupart, se rapportent à la langue gallo-romaine. Il est vrai que ces mêmes noms nous servent à retrouver la trace d'établissements bretons sur les confins des trois provinces de la Bretagne, de la Normandie et du Maine, dans cette contrée, que l'on désigna, au moyen-âge, sous le nom de Désert. Mais ces établissements, nous n'en doutons pas, appartiennent à un autre ordre de faits. Lorsque Charles-le-Chauve eût concédé à Salomon III le Cotentin, le diocèse d'Avranches et cette partie du Maine qui est en deçà de la Mayenne, une colonie de Bretons alla prendre possession des terres nouvellement concédées et y fonda les établissements dont il est question. La terrible invasion des Normands, qui arriva quelques années après, en détruisit sans doute un grand nombre, et força leurs possesseurs de se retirer dans leur ancienne patrie ; mais tout porte à croire que tous n'obéirent pas à cette réaction violente, et qu'une partie se maintinrent dans le Désert, où ils se retranchèrent militairement, et qu'ils donnèrent naissance aux paroisses dont les noms de Landéan, Landivy, Goron, Harcoët de Saint-Hilaire, dont on a fait, par inversion, Saint-Hilaire-du-Harcoët, Villamée (Villa d'Amois), etc., accusent encore aujourd'hui l'origine bretonne.

D'après ce que nous venons de dire, nous pouvons conclure que la société à laquelle nous appartenons est la fille et l'héritière de cette société gallo-romaine, formée de la fusion des Romains et des Celtes : celtique par son origine, romaine par son intelligence, ses moeurs et ses institutions. Nous pouvons par conséquent revendiquer pour nos ancêtres les Celtes, dont les traits principaux se retrouvent encore, après deux mille ans, dans leurs descendants, malgré les altérations qu'ont éprouvées leurs moeurs, par suite du croisement des races (L. Maupillé et A. Bertin, 1846).

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