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LES ENVIRONS DE LA RÉGION FOUGERAISE

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Bien que ce soit sortir de notre sujet, nous donnerons ici quelques courtes notes, très élémentaires, sur les localités environnantes, situées en dehors de la région fougeraise.

I

Voici maintenant quelques données sur les cités des Aulerques cénomans et des Aulerques diablintes, voisines de la cité Redoniquc, aux époques gauloise et gallo-romaine.

Sous toutes réserves, je proposerai l'hypothèse suivante, bagée sur l'identité probable du territoire des doyennés primitifs et de celui des « pagi » gaulois ou gallo-romains ; hypothèse qui m'a paru propre à concilier les auteurs, très divisés sur cette question, pourvu qu'on veuille bien ne pas attacher une importance extrême au sens précis des termes « cité » et « pays » ; tel « pays » prospère et aspirant à l'indépendance, ayant pu parfois, à tort ou à raison, être qualifié de « cité » par les historiens anciens ; et réciproquement telle « cité », après une épreuve quelconque, ayant pu retomber au rang de simple « pagus ».

La cité des Aulerques Diablintes aurait eu, comme les autres cités Aulerques (Cénomans et Eburovices), un territoire important, comprenant, m'a-t-il semblé, les pagi d'Ernée, de Jublains, de Javron, d'Ambrières et d'Avranches : c'est-à-dire les futurs doyennés primitifs, ou archiprêtres, d'Ernée, d'Evron, de Javron, du Passais (lequel comprenait un canton devenu normand), et l'évêché d'Avranches.

Dans le territoire du futur diocèse d'Avranches habitait la tribu des Abrincates ; dans le Passais, ou pays d'Ambrières, celle des Ambibariens [Note : Voir Abbé ANGOT, Dictionnaire de la Mayenne, préface — et MOULINS, Congrès archéologique de France, 1878]. Abrincates et Ambibariens m'ont paru, au même titre que les habitants des pagi ci-dessus désignés, appartenir à la Cité diablintique, constituée, comme les autres cités, selon Julian (II, 15), par la fédération de tribus diverses, fixées dans un pagus.

Le territoire des doyennés de Laval et de Sablé appartenait à la Cité des Cénomans ; celui des doyennés de Craon et d'Ecueillé, à la Cité des Andes ; en sorte que, dans le département actuel de la Mayenne, il y aurait eu des populations de 3 cités gauloises : les Diablintes, les Cénomans, et les Andes.

La capitale des Diablintes (Neodunum, ou Noiodounon, aujourd'hui JUBLAINS, acquit, pendant l'occupation romaine, une grande importance. Il en reste des ruines considérables, d'un puissant intérêt ; on en retrouve des vestiges sur une cinquantaine d'hectares ; c'est une des grandes curiosités de la région. On croit que la ville fut détruite pendant les Bagaudes (270-275) ; elle ne fut point reconstruite et tomba dans l'oubli ; et lors de la constitution des évêchés, la cité des Diablintes, encore affaiblie, s'est laissé absorbée par celle des Cénomans.

Par contre, les Abrincates, ou habitants du pages d'Avranches, se sont rendus indépendants et sont devenus les diocésains de l'évêque d'Avranches. Je croirais même volontiers qu'ils ont quelque peu dépassé leurs frontières naturelles primitives, qui, vers le sud, semblent avoir été la Sélune et la Guerche, au détriment du Coglais, du pays, d'Ernée et du Passais.

II

LA BAIE DU MONT SAINT-MICHEL ET LE MONT-DOL.

La côte nord de la Bretagne a subi de rudes vicissitudes [Note : Voir LE BOUTEILLER, Assoc. Bretonne, 1909 — et Abbé HAMARD, Gisement du Mont-Dol.]. A l'époque gallo-romaine, et jusqu'au IIIème ou IVème siècle de notre ère, la baie du Mont Saint-Michel, semble-t-il, n'existait pas.

Il y avait là une forêt, la forêt de Scissy, traversée par des voies romaines. De nombreux arbres, enfouis dans les grèves, ont été exhumés, témoignant de la réalité de l'existence de la forêt. On pouvait aller, à pied sec, au moins à marée basse, de Cancale, aux environs de Granville. L'île de Jersey et l'archipel de Chausey étaient reliés au continent.

Puis, à la suite, probablement, de cataclysmes violents, que M. Le Bouteiller croit pouvoir placer au IVème siècle de notre ère, le sol s'affaissa et la mer envahit la péninsule jusqu'à Dol, et jusqu'à la montagne Saint-Joseph près de Saint-Malo.

Il est visible, par la nature du sol, que les marais de Dol ont été recouverts par les flots ; et des fouilles pratiquées au pied du Mont-Dol (qui ont amené la découverte d'une station préhistorique) ont montré l'existence d'une couche de sable marin recouvrant des éboulis, et recouverte elle-même de sable granitique et de terre végétale. Car progressivement, après cet envahissement, la mer se retira. Il y eut, par endroits, des alternatives d'avances et de reculs. Des lieux, envahis par la mer, se libérèrent des flots et furent de nouveau inondés. L'île de Césembre, située à 8 kilomètres en mer, était reliée à la côte, au moyen âge, par des prairies ; un village, Saint-Etienne-de-Paluel, a disparu sous les flots depuis 1630 seulement.

III

L'ABBAYE DU MONT SAINT-MICHEL.

Elle fut fondée en 710 par saint Aubert, évêque d'Avranches, sur un monticule alors appelé le mont Tombe. Saint Aubert avait institué un collège de 12 chanoines ; plus tard on y installa des Bénédictins qui construisirent un vaste monastère de style roman. Incendié, en partie, au XIIIème siècle, le couvent fut relevé si magnifiquement dans le style gothique, que ce travail a conservé le nom, bien mérité, de merveille. L'église abbatiale possède encore sa nef romane, malheureusement diminuée de deux travées. Le chœur, véritablement superbe, est du XVème siècle. Le rocher, sur lequel se bâtit un village, au pied de l'abbaye, était fortifié dès le XIIIème siècle ; il a subi plusieurs sièges pendant la guerre de Cent Ans. Les Anglais ne purent s'en emparer.

Occasion d'un pèlerinage célèbre, auquel se rendirent nombre de princes et de rois, l'abbaye du Mont Saint-Michel acquit une immense renommée ; de tous les points du territoire, des chemins, dits « chemins montais », dont quelques troncons n'étaient autres que d'antiques voiès romaines, conduisaient au Mont [Note : Nous parlons par ailleurs, à propos du Pont-Aubrée, du Grand Chemin de Saint-Michel au Mans. — Notons ici que la voie d'Avranches à Bordeaux qui traverse notre région, porte, à Saint-Jean-sur-Vilaine, le nom de Chemin Montais. (LE BOUTEILLER, I, 97)].

L'abbaye subsista jusqu'à la Révolution. Depuis le XVème siècle, sans que sa destination religieuse cessât, l'abbaye servait de prison d'Etat. M. Etienne Dupont [Note : Voir ses ouvrages : Les Prisons du Mont-Saint-Michel La Bastille des mersLe Mont Saint-Michel inconnu, etc...] l'a justement appelée la « Bastille des mers ».

Pendant la Révolution, environ 300 prêtres y furent enfermés, du 16 octobre 1793 au 9 mars 1795 ; puis un grand nombre (15.000, dit-on) de détenus politiques et de prisonniers de droit communs s'y succédèrent.

On y installa en 1811 une maison de correction ; ce qui n'empêcha pas d'y enfermer encore des prisonniers d'Etat. Pour loger tous ces détenus, on n'avait pas craint de mutiler cette merveille d'architecture. En 1818, on comptait à l'abbaye, « vraiment saccagée » (DUPONT, Prisons da Mont Saint-Michel, p. 199), de 7 à 800 détenus. En 1823, il y en avait 673 (DUPONT, Prisons da Mont Saint-Michel, p. 205) ; en octobre 1834, 600 prisonniers de droit commun et 22 détenus politiques (DUPONT, Prisons da Mont Saint-Michel, p. 223).

Un décret du 20 octobre 1863 supprima les prisons au Mont Saint-Michel (DUPONT, Prisons da Mont Saint-Michel, p. 342).

En 1864, l'abbaye fut rendue au culte ; et, en 1873, l'administration des Beaux-Arts entreprit la restauration du magnifique édifice ; mais depuis 1874 le culte avait cessé ; il a été timidement repris, depuis peu ; à part de rares occasions, la célèbre abbaye n'est plus qu'un corps superbe, mais sans âme ; il est pénible de voir ces salles splendides, cette magnifique église, ce cloître merveilleux, entièrement vides et détournés de leur but.

IV

AUBIGNÉ.

La seigneurie d'Aubigné confinait à la baronnie de Fougères. Le château fut construit sur l'emplacement d'un castellum d'origine gallo-romaine, croit-on. Il devint le siège d'une antique baronnie dominant sur 12 paroisses, relevant directement du Duc, et possédée successivement par les sires d'Aubigné, les barons de Vitré, le marquis de Coëtquen, les ducs de Duras et les marquis de Montbourcher. (Guillotin de Corson, IV. 48).

V

AVRANCHES.

Aber Ingena (havre d'Avranches) puis Abringena — et Abrincta.

Ancienne ville romaine, alors appelée Legedia ou Ingena, capitale des Abrincates. Siège d'un évêché depuis le VIème siècle. Saint Aubert en fut évêque au VIIIème siècle ; et Huet, évêque très érudit, au temps de Louis XIV. Avranches était une ville fortifiée et faisait partie du comté de Mortain. La cathédrale, rasée lors de la Révolution, gardait le souvenir de la pénitence publique à laquelle dut se soumettre Henri II, roi d'Angleterre, pour avoir ordonné le meurtre de saint Thomas Becket, évêque de Cantorbéry (1172). Dans le jardin, une pierre avec inscription rappelle cet événement. Dans le même jardin, d'où l'on jouit d'une vue superbe sur le Mont Saint-Michel, on a réédifié le portail roman de l'église Saint-Georges-de-Bouillé. On conserve, dans l'église Saint-Gervais, une relique insigne : le chef de saint Aubert ; on y montre la trace du doigt de l'archange saint Michel.

VI

CHATILLON-EN-VENDELAIS.

Le vieux château, dont les ruines pittoresques ont fini de disparaître de nos jours, avec le rocher qui les supportait, était jadis appelé le Plessis Inoguen, en souvenir d'Inoguen de Fougères qui apporta en dot à son mari, Tristan de Vitré, au XIème siècle, une notable partie du Vendelais.

Après cette cession du Vendelais, Châtillon devint le siège d'une châtellenie de la baronnie de Vitré, dont firent partie toutes les paroisses comprises dans la dot d'Inoguen. Le château était une place très forte. Il fut plusieurs fois assiégé. En 1591, le prince de Dombes s'en empara. A la requête des Etats de Bretagne, qui refusaient de participer à l'entretien de la garnison, Richelieu ordonna le démantèlement de la forteresse. Une indemnité de 30.000 livres fut accordée au baron de Vitré. L'étang, qui faisait partie du domaine proche de la baronnie de Vitré, ainsi que le moulin, est l'un des plus étendus de Bretagne. Il s'étend sur 151 hectares environ, et est alimenté par la Cantache, ruisseau qui passe au Saut-Roland.

VII

DOL ET COMBOURG.

Les évêques de Bretagne étaient jadis suffragants de l'archevêque de Tours. Nominoë voulut rompre ce lien ecclésiastique, qui lui semblait insupportable pour la Bretagne devenue indépendante ; et, de sa propre autorité, il érigea l'évêché de Dol en métropole. Naturellement, cet acte provoqua des réclamations. Une longue querelle s'en suivit, qui dura plusieurs siècles. Les papes, pour donner satisfaction aux bretons, tout en sauvegardant le principe, accordaient parfois le Pallium, insigne de la dignité archiépiscopale, aux évêques de Dol, pris individuellement, mais refusaient de reconnaître la métropole doloise. Ce n'est qu'au commencement du XIIIème siècle, que durent prendre fin les prétentions des évêques de Dol au titre de métropolitains de Bretagne. Les évêques de Dol étaient également Comtes de Dol ; c'étaient de puissants personnages féodaux. Vers le milieu du Xème siècle, l'archevêque Wicohen, que l'on croit frère de Juhel Béranger, comte de Rennes, fut investi, à titre personnel, d'un territoire considérable au nord de la Bretagne. Conan-le-Tort, fils de Juhel Béranger, remédia à cet abus. Cependant, l'archevêque conserva un fief comprenant plus de 100 paroisses entre le Couesnon et l'Arguenon. Il se produisit alors une confusion entre les fiefs personnels du prélat et ceux de son église. C'est pour cela, probablement, que le successeur de Wicohen, l'archevêque Main, put donner à son neveu, Méen-le-Laïc, ancêtre des barons de Fougères, la région de Bazouges. En tout cas, Guinguené, successeur de l'archevêque Main, mais héritier naturel par son père Haimon, qui en avait été investi, des biens de Wicohen, se trouva être encore un des plus grands seigneurs de Bretagne au XIème siècle. Il put faire bâtir, pour Rivallon, l'un de ses frères (à d'autres il fit de semblables libéralités), le château de Combourg, et lui confia la mission de défendre à la fois les droits temporels du siège de Dol et la frontière bretonne. Telle fut l'origine de la baronnie de Combourg, forte d'une quinzaine de paroisses, dont l'une, Saint-Ouen-la-Rouërie, était enclavée dans la baronnie de Fougères. La ville de Dol était fortifiée. La cathédrale de Dol est la plus belle église du diocèse ; elle appartient, presque entièrement, au XIIIème siècle. Le château de Combourg, intéressant monument des XIème, XIVème, XVème et XVIème siècle, a été récemment restauré par les architectes des Beaux-Arts. Il appartint successivement aux familles de Dol, de Soligné, de Tinténiac, de Malestroit, Raguenel, du Chastel, de Montejean, d'Acigné, de Durfort et de Chateaubriand. (Guillotin de Corson, IV, p. 463). Le souvenir du grand écrivain y est fidèlement conservé. A Dol, voir la cathédrale ; le logis des Petits-Pallets, du XIIème siècle, spécimen des plus rares des maisons particulières de cette époque reculée ; porches curieux. Près de Dol : menhir du Champ-Dolent (10 mètres de hauteur, dont 7 hors de terre ; — le Mont-Dol (station préhistorique, vestiges gallo-romaine ; église intéressante ; vue superbe.

VIII

ERNÉE (marché le mardi).

Ernée, chef-lieu d'un antique doyenné et d'un pagus (in pago, Erneie - 1128), puis d'une châtellenie de la seigneurie de Mayenne, porte le nom de la petite rivière au bord de laquelle la localité est située. Sa première église paroissiale fut Notre-Dame de Charné, à 1 kilomètre de la ville. Le château-fort d'Ernée est signalé au XIIème siècle ; la tradition en attribue la fondation à Charlemagne. Il est possible qu'il y ait eu à Charné une agglomération plus ancienne encore. L'emplacement du château, qui dominait l'Ernée, est aujourd'hui occupé par l'église. (Delaunay, I, 64). Tout près se trouvait une motte, partiellement applanie vers 1750 ; sur ses débris, il a été édifié un calvaire. Dès le XIVème siècle, le château paraît n'avoir plus été entretenu. Cependant, en 1680, il restait encore 3 grosses tours, avec des logements et des remparts. En 1231, Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, reçut saint Louis à Ernée. En 1488, la garnison bretonne de Fougères brûla la ville d'Ernée.

L'église de Charné, « chère à la piété des habitants » (Abbé Angot), fut vendue nationalement, en 1796, pour 1.402 livres ; l'acquéreur commença à la démolir ; mais il dut s'arrêter devant l'indignation publique. Les fidèles se cotisèrent pour racheter l'église. Les ossements de 36 victimes de la Révolution, exécutées à Ernée en 1794, furent transférés à Charné.

Il y avait une capitainerie de gabelle à Ernée. Parfois 150 à 200 faux-saulniers étaient entassés dans la prison d'Ernée. L'hôpital d'Ernée est signalé dès 1284 ; les Augustines y sont depuis 1690. Le collège existait en 1691 depuis on ne sait quand.

IX

GORRON (marché le mercredi).

D'après la tradition (Le Bouteiller, I, 263), le château de Gorron aurait été fondé par Gurvant ; la petite ville doit son origine à l'existence de ce château, dont il ne reste plus rien. En 1048, Guillaume le Conquérant s'en empara.

En 1199, nous voyons le duc Arthur de Bretagne donner la seigneurie de Gorron à Juhel III de Mayenne; c'est sans doute à titre d'héritier des biens de la couronne d'Angleterre qu'il put faire cette donation. La seigneurie de Gorron est qualifiée de châtellenie en 1403 et baronnie en 1528. Elle faisait partie de la seigneurie primitive de Mayenne. Une famille a porté le nom de Gorron. Après avoir appartenu aux seigneurs de Mayenne, Gorron passa, par suite de partages et d'alliances, aux de Vendôme (vers 1272) ; aux du Merle (vers 1380) ; aux du Bailleul (1402) ; aux de Grippel (debut du XVIème siècle) ; aux de Blavette (XVIème siècle) ; aux de Riants (fin du XVIème s,). En 1659, les du Bailleul acquirent la seigneurie, qu'ils conservèrent jusqu'à la Révolution. Il y avait un poste de gabelle à Gorron.

X

LANDIVY (marché le lundi) — MAUSSON — PONT-AUBRÉE — SAVIGNY — SAINT-MARS-LA-FUTAYE.

Landivy était le siège d'une seigneurie unie à celle de Mausson depuis le XVème siècle. Elle était le gage féodé d'une vairie ou châtellenie de la seigneurie de Mayenne. Une famille a porté le nom de Landivy. Mausson était devenu la demeure des seigneurs de Landivy.

Ce château, situé dans un site merveilleusement sauvage, a une origine très ancienne ; on a attribué sa fondation à Charlemagne. Le château primitif devait être une motte. La plus grande partie du château actuel date du XVIème siècle. C'est une construction intéressante ; l'administration des Beaux-Arts l'a quelque peu restaurée.

Aux XVème et XVIème siècles, Mausson appartint aux de Scépeaux ; puis, par alliance, il passa aux de Gondi, sires de Retz. Il fut vendu, avant 1641, aux de Romilly, seigneurs de la Chesnelaye en Trans, marquis d'Ardennes (St-Georges-de-Reintembault) ; deux marquis de Romilly furent gouverneurs de Fougères (XVIIème et XVIIIème siècles). Des de Romilly. Mausson passa par alliance aux de l'Hôpital, qui en 1771 vendirent à Pierre d'Alba, seigneur de la Ferté. Les d'Alba possédaient encore Mausson lors de la Révolution. En 1791, le château fut fouillé par des bandes avinées qui y cherchaient des armes et des munitions [Note : On sait que le pont dom Guérin, qui est tout proche de Mausson, fut un centre révolutionnaire]. L'émigré d'Alba fut tué, en 1795, dans une affaire au moulin de Gilot. Le château et les terres furent vendus nationalement le 9 thermidor an VII (27 juillet 1799), et sans doute rachetés, car en 1812 les propriétaires appartenaient encore à la famille d'Alfa. (Abbé Angot.) La terre de Mausson devait 70 livres aux religieux Cordeliers de la forêt de Fougères.

On sait que le samedi le plus voisin du quatrième jour de juillet, et cela depuis plusieurs siècles, la paroisse de Landivy, tout entière, vient en pèlerinage à Notre-Dame des Marais de Saint-Sulpice de Fougères. Ce pèlerinage se continue toujours vers 1926 d'une façon très édifiante ; il résulte, paraît-il, d'un vœu fait pendant une épidémie.

Au Pont-Aubrée, en Landivy, se voit encore, dans un beau site, et en un lieu plein de souvenirs, un antique châtellier de terre assez bien conservé. Là se trouvent, au bord de l'ancien chemin du Mont Saint-Michel au Mans [Note : Selon M. Le Bouteiller (I, 97), le Grand chemin du Mont Saint-Michel au Mans était formé : de la voie du Mans à Jublains ; puis, jusqu'à Gorron, de la voie de Jublains à Avranches ; et enfin de la voie de Chartres à Aleth, qui, franchissant la Mayenne à Ambrières, passait par Gorron, Hercé, Geray (carrefour important), La Dorée, Landivy, le Pont-Aubrée, Louvigné, Mellé, Saint-Georges, Saint-James, La Croix-Avranchin, etc...], une chapelle d'origine très ancienne, mais, reconstruite à une époque récente. Près d'elle, trois croix, sur un seul piédestal, ont donné lieu à un dicton plaisant. — Le Pont-Aubrée est encore un lieu de pèlerinage fréquenté en 1926.

A quelques kilomètres au nord de Landivy, se trouvent les ruines de la célèbre abbaye cistercienne de Savigny, fondée en 1112, par Raoul Ier de Fougères, dans sa forêt de Savigny, et dont le premier abbé fut saint Vital (+ 1122). En souvenir de son fondateur, l'abbaye de Savigny portait une feuille de fougères dans ses armoiries. Nous possédons des fragments de sceau et de contre-sceau de l'abbé de Savigny en 1529, d'après des dessins conservés au presbytère de Saint-Brice-de-Landelles. L'abbé de Savigny possédait, dans notre région, des dîmes assez, importantes et de nombreux fiefs, avec droit de Haute Justice. Les religieux de Savigny avaient d'abord choisi la règle de saint Benoît ; ils adoptèrent ensuite (1147), et conservèrent, celle de Citeaux. La situation de l'abbaye « sur les marches normandes, en fit, au XVème siècle, un objet de compétition entre les Anglais et les Français ; et de terribles combats eurent lieu aux alentours du monastère. Les protestants, à leur tour, le pillèrent au temps des guerres de religion ; ..... Massillon, qui le gouverna … (1721 à 1742) l'embellit... » (DIMIER, Basse Normandie, p. 378). Dans la première moitié du XVIIIème siècle, on comptait encore 18 moines dans l'abbaye de Savigny, qui jadis avait été très prospère. En 1790, il y en avait quatorze. Cinq d'entre eux, réfugiés dans la région fougeraise, prêtèrent le serment constitutionnel, et exercèrent, dans notre pays, diverses fonctions religieuses schismatiques, ou civiles (voir Piron, manuscrit, p. 196 — Bibliothèque de Fougères). J'ignore l'attitude et le sort des autres religieux. Les finances de l'abbaye, lors de la Révolution, étaient en mauvais état.

L'abbaye fut vendue nationalement, en 3 lots, le 9 juillet 1793, sur une mise à prix totale de 12.000 livres ; l'adjudication produisit 46.500 l. Or la valeur des constructions serait actuellement de 5 à 6 millions de francs-or ! Les bâtiments consacrés aux hôtes étaient presque neufs et admirablement aménagés. Les jardins avaient une grande réputation, par leurs collections de rosiers, leurs beaux fruits, leurs plantes rares. Quant aux bâtiments conventuels, ils présentaient le plus haut intérêt.

Nous donnons ici le plan de l'abbaye, d'après une copie faite, sur une pièce officielle, par M. Lemesle, ancien curé de Savigny-le-Vieux, qui a beaucoup étudié notre abbaye.

Plan de l'abbaye de Savigny.

Dès le premier tiers du XIXème siècle, l'abbaye tomba en ruines ; elle ne tarda pas à disparaître. On peut dire qu'elle fut exploitée comme une carrière. Les matériaux servirent à faire des constructions, et même à empierrer des chemins.

L'église, abbatiale, reconstruite de 1173 à 1200, était une des plus belles et des plus grandes églises de Normandie. Elle avait été bâtie selon le plan de Clairvaux, et dans le style de transition. Quelques parties pouvaient appartenir au gothique primitif ; le portail latéral droit, qui a été transporté au château des Louvellières (Le Teilleur), était du XVème siècle. La longueur intérieure de l'église atteignait 247 pieds (82 m. 33), et sa largeur 26 m. 66. La nef transversale mesurait 50 mètres. La voûte n'avait pas moins de 22 mètres de hauteur. Les fenêtres étaient étroites et en lancettes ; quelques-unes mesuraient 0 m. 80 de largeur sur 5 mètres de hauteur. Celles des pignons des deux transepts étaient circulaires et avaient 6 mètres de diamètre. La grande fenêtre occidentale était partagée en 3 compartiments en pointes, avec un trèfle au sommet.

Quatre gros piliers, formés d'un faisceau de colonnettes, portaient la croisée centrale, au-dessus de laquelle s'élevait un clocher en charpente de 200 pieds d'élévation. Il était composé de deux lanternes surmontées d'une flèche, avec quatre clochetons autour, qui avaient 24 pieds d'élévation.

Les colonnes de l'abside, plus petites que celles de la nef, étaient, monolithes et avaient 3 m. 60 de hauteur, avec un diamètre de 1 mètre. Elles étaient surmontées de beaux chapiteaux, sur lesquels reposaient des arcades aigues exhaussées. M. Sauvage reproduit dans sa brochure [Note : La bibliothèque municipale possède cette brochure] le plan de l'église. M. Lemesle.

Ancien curé de Savigny-le-Vieux, en a tenté une restitution qui se trouve actuellement au presbytère de Saint-Brice-de-Landelles.

Le cloître, de style roman, était attenant à l'église et formait un quadrilatère de 120 pieds de côté. La galerie couverte, soutenue par 124 colonnes monolithes de granit surmontées de chapiteaux cubiques, avait une largeur de 12 pieds. Au centre de la cour intérieure se trouvait un bassin. Plusieurs arcades du cloître ont été reportées au château des Louvellières, en Le Teilleul.

Le réfectoire, au sud du cloître, avait deux étages ; sa longueur était de 168 pieds, et sa largeur de 27. On y accédait par le magnifique portail roman qui subsiste encore et forme la principale curiosité des ruines de l'abbaye.

Les dortoirs étaient en ligne parallèle du réfectoire et sur la face nord du cloître. Ils communiquaient directement avec le transept droit de l'église, au moyen d'un vaste escalier.

Nous sommes heureux de pouvoir donner, grâce à l'amabilité de M. le Curé de Saint-Brice-de-Landelles (Manche), une vue de l'abbaye, d'après les dessins de M. Lemesle, conservés dans la salle à manger du presbytère de Saint-Brice-de-Landelles.

Les barons de Fougères s'étaient bâti, dans l'abbaye, une vaste maison où ils aimaient à se retirer ; et quelques-uns y moururent. Cette maison fut détruite au XVIIIème siècle pour cause de vétusté.

C'est dans le cloître de cette abbaye, si chère à nos premiers seigneurs, que se trouvait leur enfeu [Note : L'enfeu primitif de la famille des barons de Fougères se trouvait à Saint-Sauveur-des-Landes]. La pierre tombale de Raoul II de Fougères, jadis acquise par le Général de la Riboisière, a été offerte par son petit-fils à la ville, qui l'a fait placer dans la tour de Coigny du château de Fougères ; elle provient de l'abbaye de Savigny.

A part le portail du réfectoire qui a été classé par l'administration des Beaux-Arts, il ne reste plus à Savigny que des ruines informes, dont l'aspect lamentable montre cependant l'importance de l'abbaye. Plusieurs religieux de Savigny furent béatifiés, et leurs corps placés dans des cénotaphes, au-dessus du pavé de l'église. C'étaient : saint Vital, premier abbé ; saint Geoffroy, son successeur ; saint Hamon ; saint Pierre d'Avranches et saint Guillaume Niobé. Leurs reliques transférées en grande cérémonie, le 1er mai 1243, dans la nouvelle église abbatiale, en présence de nombreux prélats, et d'une foule estimée à plus de 100.000 personnes, furent déposées, dans des sépulcres de pierres, entre les colonnes du rond-point de l'église, à l'entour du maître-autel. Le sépulcre de saint Vital se trouve maintenant dans chœur de l'église paroissiale de Savigny-le-Vieux. L'église paroissiale possède encore les nombreuses et précieuses reliques de l'abbaye ; elles y avaient été transportées lors de la ferme de ce couvent. La sœur de saint Vital, sainte Adeline, avait été aussi enterrée dans l'abbaye, mais ses reliques ne furent pas transférées dans l'église [Note : Tous ces renseignements sont tirés de la notice consacrée, par M. H. Sauvage, à saint Vital et à l'abbaye de Savigny].

Non loin de Landivy et de Pontmain se trouve Saint-Mars-sur-la-Futaye. Près de l'église, qui date de l'époque romane et a été remaniée au XVème siècle, et récemment, se trouve une épine géante, tonjours vivace, cerclée de fer pour l'empêcher de s'écarteler. La tradition fait remonter cette épine au temps de saint Julien, évêque du Mans (IIIème s.). Il faut plutôt y voir, selon l'abbé Angot, un souvenir de l'ermite Pierre, qui vivait au XIème siècle, et dont on sait que la hutte était attachée à une épine, et chez qui séjourna saint Bernard de Tyron. On se rappelle que saint Bernard de Tyron résida aussi à Chesnedé, dans la forêt de Fougères.

L'église de Saint-Mars renferme une croix processionnelle du XIIème siècle ; de riches ornements, offerts, paraît-il, par le Cardinal de Mazarin, qui fut duc de Mayenne ; et une statue en pierre de la Sainte Vierge, d'un type archaïque (XIIIème ou XIVème siècle), provenant de la chapelle du prieuré de la Futaye. Ce prieuré (à 2 kilomètres au sud) dépendait de Saint-Jouin-de-Marnes. Il présente encore des parties intéressantes. L'église, qui sert de grange, paraît du XIIIème siècle. Du grenier, on voit les chapiteaux qui soutenaient les voûtes.

XI

LAVAL (marché le samedi).

Le château de Laval paraît avoir été fondé au début du IXème siècle, dans un pagus d'origine cénomanique, par le comte Guy qui, vers 786, avait été nommé Préfet de la marche bretonne (voir Le Bouteiller, I, 216). Ces traditions, qui ont été contestées, ont trouvé en quelque sorte une confirmation dans les fouilles opérées au château de Laval ; on y a découvert, en effet, des substructions remontant à l'époque carolingienne. Au lieu où se bâtit le château de Laval, se croisaient plusieurs voies antiques traversant la Mayenne. Laval devint le siège d'une importante baronnie qui ne comprenait pas moins de 84 paroisses entières et 27 fragments d'autres paroisses. Cette seigneurie était divisée en 10 châtellenies. Elle fut érigée en comté en 1429 et relevait directement du Roi. Ce fut l'un des plus grands comtés du royaume. Guy VII de Laval épousa en 1239 la fille d'André III de Vitré.

Il en résulta l'union des deux seigneuries de Laval et de Vitré. Guy VII était lui-même fils d'Emma de Laval et de Mathieu II de Montmorency et fut l'auteur des Laval-Montmorency, qui se fondirent, au XVème siècle, dans les de Montfort, lesquels se fondirent dans les de Rieux, qui se fondirent eux-mêmes dans les de Coligny, dont, en 1605, héritèrent les de la Trémoille. Ces derniers possédèrent Laval jusqu'à la Révolution. [Note : Antoine de la Trémoille, prince deTalmont, descendait du duc de la Trémoille qui gagna la bataille de Saint-Aubin. Il était le second fils du dernier comte de Laval et baron de Vitré (lequel était mort en 1792). Il fut arrêté le 30 décembre 1793, à Malagra en la Bazouges-du-Désert, par la garde nationale du pont Dom Guérin, et guillotiné à Laval, le 27 janvier 1794]. Le château de Laval a été remanié à la Renaissance. La façade intérieure possède de jolis frontons de cette époque. Le donjon et la chapelle, très intéressants, sont du XIème ou du XIIème siècle. La charpente du donjon, formant hourds, est justement célèbre.

XII

LÉVARÉ.

Seigneurie relevant de Mayenne par la châtellenie de Pontmain. Le titre de baron, puis de marquis (1650) que prirent les seigneurs de Lévaré, était simplement personnel. Etaient seigneurs de Lévaré : au XIIème siècle, les de Gorron ; du XIVème au XVIIIème siècle, les de Vaux. (Les de Vaux de Lévaré possédaient des biens en Louvigné : Monthorin, le Bois-Garnier). Vers le milieu du XVIIIème siècle, Olive de Vaux porta Lévaré aux Boisnel de Montécault. En 1860, cette famille vendit le domaine de Lévaré à Mme Leray, mère du duc d'Abrantès. Le château, qui est important, paraît avoir été reconstruit au début du XVIIIème siècle.

XIII

MAYENNE (marché le lundi).

(Meodana Castrum monnaie mérovingienne).

M. Le Bouteiller (I, 313), fait de Juhel Ier de Mayenne le fondateur, au Xème siècle, du château et de la ville de Mayenne. S'il fallait s'en rapporter à la monnaie frappée au nom de Meodana Castrum (abbé Angot, II, 809), il faudrait reculer sensiblement la fondation d'une forteresse en ce lieu (voir du reste Le Bouteiller, I, 265).
En tout cas, Mayenne semble bien être devenue, au Xème siècle, le siège d'une vaste circonscription composée d'antiques pagi d'origine diablintique et redonique, circonscription qui ne tarda pas à se diviser en deux seigneuries : la baronnie de Fougères et celle de Mayenne.

Cette dernière comprit les châtellenies d'Ernée, de Pontmain, de Gorron, d'Ambrières, de Lassay et de Vilaine-la-Juhel.

Par suite de partages, la seigneurie se réduisit aux châtellenies de Mayenne, Ernée et Pontmain (abbé Angot, II, 809). Possédée d'abord par une famille portant son nom, la baronnie de Mayenne passa par alliance aux d'Avaugour, puis à la maison ducale de Bretagne, puis à la maison d'Anjou. Charles II d'Anjou, comte du Maine et baron de Mayenne, fit un testament en faveur de Louis XI ; mais Mayenne ne tarda pas à revenir aux d'Armagnac, issus de la maison d'Anjou, puis aux princes de Lorraine, descendants de Yolande d'Anjou.

En 1544, la baronnie de Mayenne, en union avec celle de Sablé et de la Ferté-Bernard, fut érigée en marquisat en faveur de Claude de Lorraine. En 1573, Charles IX en fit un duché-pairie.

Henri de Lorraine ayant été tué au siège de Montauban en 1621, son neveu, Fernand de Gonzague, hérita du duché de Mayenne. Le Cardinal de Mazarin l'acheta des de Gonzague en 1654. Après lui, le duché passa aux de la Porte, par le mariage d'Hortense Mancini, nièce du Cardinal, avec Armand de la Porte ; puis, par alliance, aux de Durfort (1733) ; puis aux d'Aumont qui le possédaient encore lors de la Révolution.

Mayenne était une place forte. Sur l'emplacement de l'ancien château, on a établi un joli jardin d'où l'on domine la Mayenne. Les églisse sont intéressantes. Non loin de Mayenne se trouve Jublains.

XIV

MÉGAUDAIS (commune de Saint-Pierre-des-Landes).

En 1600, Bertrand de Mégaudais, seigneur de Marolles, et Catherine de Langan, sa femme, firent bâtir une église à Mégaudais, pour faciliter l'accomplissement de leurs devoirs religieux aux habitants de ce quartier, éloignés de l'église paroissiale de Saint-Pierre-des-Landes.

L'église fut érigée en succursale en 1674. La succursale fut supprimée en 1803 et rétablie en 1846. L'église a été reconstruite vers 1869 par M. de Saint-Cyr, à 800 mètres de l'ancienne, près du château est un édifice assez remarquable, précédé d'une superbe avenue.

XV

MONTAUDIN (marché le vendredi).

La seigneurie de Montaudin (Haute Justice) relevait de Mayenne par la châtellenie de Pontmain. Elle fut possédée, du XIIème au XVème siècle, siècle, par les Montgiroul, puis par les Husson, les du Boisganats (XVème siècle) ; puis par les de Monteclere (XVIème et XVIIème siècles). Madeleine de Monteclerc épousa Urbain de Laval. Les de Layal vendirent la seigneurie aux du Teillet, qui vendirent aux de la Hautonnière, seigneurs de la Pihorais depuis le XVIème siècle.

Le château de la Pihorais a été reconstruit en 1770.

Le château-fort de Montaudin se trouvait sur la grande place du bourg. — Dans l'église, qui est récente, on a conservé un vitrail de 1544, provenant de l'ancienne. On y remarque des fonts-baptismaux en granit du XVème siècle.

Pierre Le Pore, de la famille des seigneurs de Larchapt en Romagné, fut commandant de Montaudin en 1431.

XVI

MONTAUTOUR.

Une inscription, dans l'église de Montautour, rappelait qu'en ce lieu pittoresque, le duc Conan avait fiancé, vers 1137, sa fille Constance à Geoffroy de Mayenne, fils de Juhel. Ce fait a été rapporté par Le Baud dans sa chronique de Vitré. M. Guillotin de Corson, en le citant (V, 263), explique qu'il s'agit de Conan III (duc de 1112 à 1148), ce qui correspondrait assez bien comme date. Mais je ne vois pas que Conan III ait eu une fille du nom de Constance. Par contre, Conan IV (duc de 1156 à 1166) en eut une, qui épousa bien un Geoffroy. Seulement il s'agit de Geoffroy d'Angleterre et non de Geoffroy de Mayenne, et ce mariage eut lieu en 1181 ; les fiançailles il est vrai étaient sensiblement plus anciennes, puisqu'alors Constance n'avait que 5 ans et Geoffroy 8 seulement ; mais elles ne purent tout de même pas se faire en 1137.

D'autre part, Geoffroy Ier de Mayenne épousa une princesse de Bretagne (Le Bouteiller, I, 313) ; mais il n'était pas fils de Juhel, et les dates ne correspondent pas. Du reste, Geoffroy II de Mayenne, n'était pas non plus fils de Juhel, mais son petit-fils (Le Bouteiller, I, id.). Il y a donc incertitude.

XVII

PONTORSON.

C'était jadis une des places les plus fortes de la Basse-Normandie. Un château-fort, bâti par Robert le Magnifique, a subisté jusqu'au XVIIème siècle. Du Guesclin en fut gouverneur. La ville était entourée de murs.

Les paroisses de 8 lieues à la ronde furent convoquées pour la démolition de ces fortifications, de 1622 à 1636. (Arch. départ.). C'est sur le pont du Couesnon, à Pontorson, que Du Guesclin jura la confraternité d'armes à Olivier de Clisson. La sœur du connétable, Julienne Du Guesclin, lors d'une attaque anglaise, s'élança la première, renversa les échelles, et fit échouer l'attaque. Dans les guerres de religion, Pontorson fut calviniste ; Montgommery y avait sa demeure. L'église, du XIIème siècle, est très intéressante ; la façade est remarquable ; un portail porte le léopard de Normandie.

XVIII

SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUËT (au confluent de la Sélune et de l'Airon).

Harscouët ou Harsculphe de Saint-Hilaire était un compagnon de Raoul II de Fougères. Il y avait à Saint-Hilaire un château-fort pour la défense de la frontière normande.

La petite ville de Saint-Hilaire eut une certaine importance par ses fabriques de drap, de feutre, de laine, de toile et de coutil.

L'église est récente. Il ne reste de l'ancienne que la tour.

XIX

SAINT-JAMES-DE-BEUVRON.

Saint-James est le nom anglais de Saint-Jacques. On peut remarquer que, dans le pays, on continue la prononciation anglaise : St-d’Jémse Origine gallo-romaine. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, y bâtit un château-fort ; mais déjà il y existait des fortifications de terre. Un retranchement, nommé la Haie-de-Terre, existe encore à 1 kilomètre de la ville. Du château-fort, pris et repris pendant la guerre de Cent Ans et qui servit encore de défense à Montgommery pendant les guerres de religion, il ne reste plus rien. Après sa disparition, le château de la Paluelle (style renaissance et XVIIème siècle), dans une superbe situation, aux portes de la ville, servit de résidence aux seigneurs de Saint-James.
En 1796, la ville demeura pendant plusieurs mois au pouvoir d'Aimé du Bois-Guy et de ses chouans. L'abbaye de Fleury-sur-Loire avait un prieuré à Saint-James. A une demi-lieue se trouve Montjoie (mons jovis) dont le nom rappelle le culte de Jupiter. On y a fait des trouvailles préhistoriques.

XX

VITRÉ.
Ville d'origine féodale, comme Fougères ; c'était le chef-lieu d'une baronnie forte de 80 paroisses, et défendue par les forteresses de Vitré, de Châtillon-en-Vendelais, de Chevré et de Marcillé-Robert.

Du château primitif, construit au Xème ou XIème siècle, au lieu où s'est élevée depuis l'église de Sainte-Croix, il ne reste rien. Il reste peu de chose de celui qui fut reconstruit au XIème siècle au lieu actuel : des soubassements et le portail de la chapelle. — Le château actuel, des plus intéressants, est du XVème et du XVIème siècles.

Possédée d'abord par une famille de ce nom, la baronnie de Vitré passa, en 1251, aux Laval-Montmorency, seigneurs de Laval, par suite du mariage, en 1239, de Philippine de Vitré avec Guy VII de Laval. Et depuis lors, la seigneurie de Vitré demeura unie à celle de Laval.

Pendant la Révolution, le prince de Talmont, héritier du seigneur de Laval et Vitré ; prit part à l'insurrection vendéenne. Il fut arrêté à Malagra, en La Bazouges, et fut condamné à mort. Confisqué par la Nation, le château de Vitré fut rendu aux de la Trémoille en 1815. Ceux-ci le vendirent au Département et à la ville de Vitré pour 8.500 francs. La ville en est actuellement seule propriétaire. Les architectes des Beaux-Arts l'ont restauré, et la ville y a construit, sur leurs plans, des bâtiments destinés au service municipal.

Chose bizarre, la tour de Montafilant, qui forme l'angle sud-ouest du château, et la chapelle Saint-Julien relevaient de l'évêque de Dol.

L'église de Notre-Dame, jadis sous le vocable de saint Pierre, fut d'abord une collégiale de chanoines réguliers (XIème siècle). Vers le milieu du XIIème siècle, les chanoines furent remplacés par des bénédictins de l'abbaye de Saint-Melaine ; il n'y avait au début qu'une paroisse à Vitré.

Saint-Martin n'était qu'une succursale, qui fut également donnée, au XIIème siècle, à l'abbaye de Saint-Melaine. Les deux églises de Notre-Dame et de Saint-Martin furent, jusqu'à la Révolution, desservies alternativement par deux prêtres, l'un faisant le service pendant 8 jours à la paroisse et l'autre à la succursale.

Cependant, il y eut des fonts-baptismaux à Saint-Martin à partir du XVème siècle ; mais cette église ne devint paroisse régulière qu'en 1803. Quant à Sainte-Croix, ce fut à l'origine un prieuré de l'abbaye de Marmoutier, qui devint paroisse au XIIème siècle ; l'abbé de Marmoutier nommait le recteur. Supprimée comme paroisse en 1806, l'église de Sainte-Croix redevint paroissiale en 1820 et cure de 2ème classe en 1826.

L'église de Notre-Dame, très intéressante, a été presqu'entièrement reconstruite au XVème siècle ; l'abside et le transept semblent du XIIème siècle. — Celle de Saint-Martin, jadis située dans le cimetière, où la tour se voit encore, a été rebâtie récemment sur un autre lieu. — L'église de Sainte-Croix, brûlée par les huguenots en 1591, fut relevée peu après, et considérablement agrandie en 1671. Elle a été reconstruite presqu'en entier en 1828.

(Emile Pautrel).

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