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FOUGÈRES DURANT LA PÉRIODE CONTEMPORAINE

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CONSULAT (1799-1804) ET PREMIER EMPIRE (6 novembre 1804 - 6 avril 1814).

C'est sous le Consulat que l'arrondissement de Fougères reçut sa formation actuelle ; mais, jusqu'au 18 novembre 1801, il fut divisé en 11 cantons, ramenés à cette date à 6, dont voici la composition :

Fougères-Sud : partie de la ville, Billé, Combourtillé, Dompierre, Javené, Lécousse, Parcé, Romagne et Saint-Sauveur.

Fougères-Nord : partie de la ville, Beaucé, Fleurigné, la Chapelle-Janson, Laignelet, Landéan, La Celle-en-Luitré, Le Loroux, Luitré et Parigné.

Antrain : Antrain, Bazouges-la-Pérouse, Chauvigné, La Fontenelle, Marcillé, Noyal, Saint-Ouen-la-Rouërie, Saint-Rémy, Rimou et Tremblay.

Louvigné : Louvigné, La Bazouge-du-Désert, Mellé, Le Ferré, Monthault, Poilley, Saint-Georges-de-Reintembault et Villamée.

Saint-Aubin : Saint-Aubin, Saint-Georges-de-Chesné, Gosné, La Chapelle-Saint-Aubert, Mézières, Saint-Christophe-de-Valains, St-Jean, Saint-Marc-sur-Couesnon, Saint-Ouen-des-Alleux et Vendel.

Saint-Brice : Saint-Brice, Baillé, Cogles, La Celle-en-Cogles, Le Châtellier, Le Tiercent, Montours, Saint-Etienne, Saint-Germain, Saint-Hilaire et Saint-Mare-le-Blanc.

En tout, 57 communes.

Le premier sous-préfet fut l'ex-greffier du district de Fougères, René Baron ; c'était un ancien tisserand de Saint-Brice-de-Landelle (LE BOUTEILLER, Révolution, feuilleton n° 137).

A Fougères, une nouvelle municipalité fut constituée, le 28 avril 1800. M. Lemercier des Alleuz devint maire : parmi les conseillers municipaux, citons MM. Le Pays du Teilleul, de Mésenge, du Pontavice, Binel, Lenoir. Ces noms disent assez le changement qui s'opérait dans les idées municipaux, citons MM. Le Pays du Teilleul, de
Mésenge, du Pontavice, Binel, Lenoir. Ces noms disent assez le changement qui s’opérait dans les idées.

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RÉTABLISSEMENT DU CULTE.

La paix revenant dans la cité, on put s'occuper de choses utiles. C'est de ce moment que date le « Chemin Neuf » qui prolongeait la récente route de Rennes jusqu'au carrefour Saint-Jean. La percée du « Rocher coupé » est un peu antérieure à la Révolution, et jusqu'à la création du « Chemin Neuf » on arrivait de Rennes dans la ville de Fougères par l'actuelle place Raoul II, les « ponts de Rennes », près du château, et la rue Pinterie.

Dès le 22 décembre 1801, M. Binel étant maire, on s'occupa de l'établissement d'un collège ; l'année suivante, un arrêté des Consuls mit à la disposition de la ville, pour cet usage, l'ancien couvent des Ursulines [Note : Le collège occupe toujours une partie de cet immeuble. Dans l'autre partie se trouve maintenant l'établissement de Saint-Joseph].

En même temps le culte fut restauré.

L'église de Saint-Léonard était en si mauvais état qu'on célébra d'abord à Saint-Louis (7 juillet 1800). Ce n'est qu'en 1801 [Note : Un arrêté du préfet du 18 mai 1801 autorise, sur pétition, à user librement de l'église Saint-Léonard sous la surveillance des autorités ; la municipalité, le 15 juin, accorda l'édifice sous certaines conditions qui furent levées l'année suivante. (Le Bouteiller, n° 6). Cependant, le 5 août de la même année 1801, l'église n'était pas encore à la disposition du clergé. (Abbé Piron)] que, les réparations les plus urgentes étant achevées, le clergé fidèle s'y transporta, ce qui mécontenta les prêtres schismatiques, qui durent se contenter de la chapelle Saint-Nicolas. L'ancien recteur de Saint-Léonard, M. Le Meneult des Aulnays, était revenu à Saint-Léonard en 1802. Il signe, pour la première fois, le 11 mai 1802 (pour un mariage). Il signe « curé », le 8 août 1803 (abbé Piron).

La croix fut replacée sur le clocher en 1804.

Les prêtres anticoncordataires officièrent à Saint-Louis.

Saint-Sulpice avait moins souffert ; le recteur, M. Beaulieu, put y célébrer le culte le 24 mai 1800 ; quelques mois plus tôt les paroissiens avaient racheté leur église, vendue nationalement.

Quant à la paroisse de Rillé, elle fut définitivement réunie à celle de Saint-Sulpice, en 1803.

Cette même année, les prêtres purent revêtir la soutane et prendre le surplis pour porter le viatique aux malades.

Nous avons dit par ailleurs que les religieuses de la Providence purent rentrer dans leur couvent en 1800.

L'hôpital Saint-Nicolas était toujours desservi par des infirmières laïques ; les religieuses Augustines n'y furent appelées qu'en 1810.

Quant à Saint-Louis, voir la suite.

***

DIFFICULTÉS RELIGIEUSES ET CIVILES.

Cependant, la pacification n'allait pas sans heurts, les rancunes ne pouvant si vite se dissiper.

De graves difficultés religieuses étaient à régler. Le Concordat y pourvut en partie.

On sait que ce Concordat (15 juillet 1801) obligeait les évêques à prendre, dans le clergé constitutionnel, un certain nombre de prêtres, pour les placer, comme recteurs, dans les paroisses les plus éloignées des villes. Les paroisses de notre arrondissement qui eurent le malheur de se voir gouvernées par les anciens schismatiques, plus ou moins repentants, furent : Saint-Aubin, Saint-Rémy, Rinou et Le Loroux.

L'évêque constitutionnel d'Ille-et-Vilaine, Lecoz, fut un des évêques imposés au Saint-Siège ; il devint archevêque de Besançon (1802), sans même s'être positivement retracté.

Mgr de Maillé, ancien évêque de Saint-Papoul (Aude), qui était resté dans son diocèse pendant la Révolution, fut nommé évêque de Rennes. Son quatrième successeur (Mgr Saint-Marc) deviendra (3 janvier 1859) archevêque de Rennes et métropolitain de la Bretagne.

Mais le Concordat ne pouvait résoudre toutes les difficultés d'ordre religieux ; certaines ne pouvaient se régler que dans le secret du confessionnal.

Il y avait la question des prêtres schismatiques mariés : quelques-uns avaient reçu sacrilègement la bénédiction nuptiale, mais la plupart n'étaient que civilement mariés. Des dispenses furent accordées, par le cardinal Caprara, au nom du pape, qui relevait de leur fonction sacerdotale les malheureux égarés repentis. Plusieurs de ces scandaleux mariages furent ainsi régularisés dans notre région, souvent tardivement ou même au lit de mort.

Une autre question était très épineuse : celle de la validité des sacrements, — notamment de celui de mariage, — administrés par les prêtres schismatiques à leurs paroissiens, alors qu'ils ne possédaient pas ou ne possédaient plus les pouvoirs nécessaires.

Les nouveaux recteurs concordataires eurent parfois peine à se faire écouter à ce propos. Il arriva même que des plaintes furent déposées contre eux, pour refus d'absolution aux paroissiens qui refusaient de régulariser leur mariage, ou pour des motifs de ce genre. Des procès s'en suivirent (Archives du Tribunal), notamment à La Chapelle-Janson (3 août 1804) et à Mézières (29 septembre 1804). Le curé de La Bazouges-du-Désert se vit également poursuivre en justice, en février 1804, pour avoir refusé de célébrer un service solennel pour son prédécesseur, le malheureux de Lesquen, tué par les chouans, en faisant observer que l'Eglise n'autorisait les prières publiques, pour les schismatiques, que le Vendredi-Saint ; réponse d'autant plus cinglante qu'elle était faite à l'apostat Lenglet, ancien prieur de Savigny, alors marié et maire de La Bazouges, dont le mariage ne fut régularisé qu'en 1822.

Parmi les difficultés religieuses, citons encore l'affaire des Louisets, dont nous parlerons bientôt.

Citons aussi la question mi-civile, mi-religieuse, qui concernait l'acquisition des biens nationaux.

Par ailleurs, les difficultés purement civiles ne manquaient pas ; à chaque instant, dans les réunions (fêtes locales, foires, mariages, etc.), des disputes éclataient entre les tenants des anciens partis ; les faits des chouans ou des bleus étaient aussitôt rappelés ; des rixes s'en suivaient, nécessitant des poursuites.

***

En 1802, M. de Pommereul, officier d'artillerie, devint propriétaire définitif du vieux château de Fougères, dont il était déjà afféagiste.
1803. — Construction du « Chemin neuf », achevé vers 1806.
1805. — Percement de la rue Rallier.
1806. — Abandon du calendrier républicain.
1810. — Démolition de la chapelle Saint-Roch, dans le cimetière de ce nom (emplacement de la prison).
1810. — Les religieuses Augustines sont réintégrées à l'hôpital Saint-Nicolas.
1812-1814. Construction du grand bâtiment de l'hôpital général de Saint-Louis.
1813. — Bénédiction du nouveau cimetière. La première personne qui y fut enterrée fut M. Le Meneult des Aulnays, curé de Saint-Léonard. C'est pour cela que le cimetière prit le nom du « Bon-Pasteur » (LE BOUTEILLER, XIXème siècle — Journal de Fougères 1914). Il paraît que l'on porte encore sur le tombeau de M. des Aulnays, les enfants qui sont en retard pour marcher.

 

LA RESTAURATION (1814-1830).

La ville de Fougères, par la voix de ses élus, avait crié : Vive le le roi, au temps de Louis XVI et de ses prédécesseurs. Quelques années plus tard, elle criait : Haine à la royauté ! Mort aux tyrans ! Vive la République ! Pendant le Consulat, elle cria, sans hésitation Vive Bonaparte. — Vive l'Empereur, sous l'Empire.

Elle crie, maintenant, avec la même ardeur et la même conviction : Vive le roi !

Il en fut de même dans les campagnes, même à Saint-Marc-le-Blanc, ainsi qu'en témoignent les registres. On y lit que la Saint-Louis (25 août) y était célébrée avec autant d'enthousiasme que précédemment, la fête de « la mort du dernier des rois (21 janvier) ».

***

LES LOUISETS.

Le Concordat de 1801 n'obtint pas un assentiment unanime. Il en résulta un schisme, connu sous le nom de « Petite Eglise », qui eut, dans la région fougeraise, un certain retentissement et une longue durée, puisqu'il n'a pas encore complètement disparu. Dans notre pays, ces dissidents, assez nombreux, prirent le nom de « Louisets », ou plutôt de Louisettes (car la secte se composa, au début, presqu'exclusivement de femmes), parce que leur chef, l'abbé Joseph Goret des Martinais, ancien aumônier des Ursulines de Fougères (qu'il entraîna clans le schisme), aurait été le premier prêtre à célébrer dans la chapelle St-Louis de Fougères lors du rétablissement du culte, et qu'il y serait resté seul lorsque les prêtres catholiques purent rentrer à Saint-Léonard [Note : LE BOUTEILLER, XIXème siècle, feuilleton n° 5]. Mgr Enoch, évêque concordataire de Rennes, confirme cette opinion, dans une lettre conservée aux archives départementales.

M. Goret des Martinais rassembla bientôt ses adeptes chez lui, place de l'Aumaillerie (impassse de la rue Châteaubriant).

Les Louisettes firent peu de bruit pendant l'Empire ; mais sous la Restauration, les principales adeptes de l'abbé Goret des Martinais, parmi lesquelles ses deux sœurs, se montrèrent très agissantes et attirèrent des recrues à la secte ; elles distribuaient des secours aux adhérents. Le schisme gagna les campagnes et se développa assez rapidement.

L'évêque intervint sans succès ; il prescrivit des prières publiques pour obtenir le retour à la discipline de M. Goret. Ce fut en vain. Il réclama alors l'intervention de l'autorité civile, mais le gouvernement, très hésitant, se refusa pendant longtemps à intervenir, à cause, sans doute, des pourparlers engagés avec Rome, en vue d'un nouveau Concordat. En 1815, Mgr Enoch estimait déjà à 11 ou 1200 le nombre de Louisettes.

L'abbé des Martinais, déjà âgé (il était né à Fougèrees le 28 décembre 1753), d'une santé chancelante, ne pouvait suffire. Il fut aidé, à partir de novembre 1814, par un prêtre originaire de la Mayenne, du nom de Jacques-Pierre Fleury, qui logea chez Mme de la Lézardière, au n° 6 de la rue Royale (maison Aubrée actuelle, dans la Grande-Rue, ou maison voisine). Ce prêtre était un vieillard, persécuté pendant la Révolution, et qui, pour sa résistance au Concordat, avait été emprisonné sous l'Empire.

Le sous-préfet de Fougères, à la demande de l'évêque, et sur les ordres du préfet, tenta de renvoyer l'abbé Fleury dans son département ; mais après avoir fait semblant d'obéir, il revint et refusa de partir ; en sorte que les Louisettes eurent deux oratoires et deux prêtres à Fougères, place de l'Aumaillerie et rue Royale.

M. Goret des Martinais, « patriarche » des Louisettes, mourut le 9 mai 1816, à 5 heures du soir, à 62 ans et fut enterré le lendemain soir, au milieu d'une affluence si considérable de Louisettes et de curieux, que la police dut intervenir. Déjà, à la mort de Mme de Vallois, sœur de M. des Martinais, quelques jours auparavant, il y avait eu du tumulte [Note : LE BOUTEILLER, XIXème siècle, feuilleton n° 21].

A la suite de cela, le maire intima à M. Fleury l'ordre de quitter la ville. Ce prêtre se rendit à Paris, reçut audience du ministre et de hauts personnages. Des décisions contradictoires furent prises à son sujet par le ministre de l'Intérieur et par celui de la Police. Finalement, il lui fut interdit de revenir à Fougères, et il se retira à Nantes.

On a signalé, en 1816, un autre prêtre de la Petite Eglise, qui résidait au Pertre.

Le 21 août 1821, le sous-préfet de Fougères annonçait au préfet que, depuis un mois un prêtre se tenait secrètement chez Mme de la Léziardière, et y officiait. J'ignore s'il s'agit déjà de l'abbé de Juvigny, qu'on retrouve au même endroit en 1827 et 1828, et qui fut alors poursuivi pour avoir procédé clandestinement à des mariages religieux sans se préoccuper des formalités du mariage civil.

M. de Juvigny fut condamné deux fois à Fougères (Archives du Tribunal), et acquitté à Rennes, la cour d'appel ayant estimé que l'article V de la charte autorisait chacun à professer comme il l'entendait sa religion. Le procureur général se pourvut en cassation, et le 12 septembre 1828 le pourvoi fut rejeté, non que la cour de cassation admît la thèse de la cour de Rennes, mais pour ce motif que, l'autorité civile ayant été avertie des agissements de l'abbé de Juvigny, il n'y avait pas eu de clandestinité.

Ce prêtre, qui mourut en 1841 ou 1844, a-t-on dit (je n'ai pas trouvé son acte de décès à Fougères), fut le dernier prêtre de la Petite Eglise fixé dans le pays. Les adhérents ne reçurent plus que de loin en loin la visite d'un prêtre, et vécurent sans sacrements. Il leur fut défendu de se rassembler en un nombre supérieur à vingt.

Dès lors, la secte perdit progressivement de son importance. Il reste encore cependant quelques traces du schisme qui, un moment, fut très répandue à Landéan, La Bazouge, Mellé, Louvigné, Romagné, Saint-Germain et Fougères ; il en était résulté, en plus des inconvénients d'ordre religieux, de graves divisions dans les familles, surtout à l'occasion des mariages, les fiancées exigeant souvent des jeunes gens, le renoncement au catholicisme.. De plus, les Louisettes ne se soumettaient qu'avec répugnance aux prescriptions concernant l'état civil. Ils chômaient régulièrement les fêtes supprimées par le Concordat, refusaient tous rapports avec les prêtres, et pratiquaient leur religion chez eux.

Je ne connais rien du caractère de M. de Juvigny ; mais en ce qui concerne les autres prêtres mentionnés ci-dessus, ceux qui les ont connus les représentent unanimement comme des orgueilleux, des entêtés, des exaltés et des ignorants.

M. l'abbé Angot (Dictionnaire de la Mayenne, III, p. 13) cite un prêtre anti-concordataire, l'abbé Jean Ménard [Note : Chose curieuse, Bois-Guy, dans les chouans, portait le surnom de Jean Ménard. C'est sans doute une coïncidence sans importance], né à Montjoie, près de Saint-James, qui prêchait, en faveur de la Petite Eglise, dans les communes de la Mayenne qui touchent notre arrondissement (Montaudin, Landivy, Fougerolles, etc.). Il fut arrêté à Fougerolles le 19 avril 1808, et conduit à Laval, d'où le préfet le fit reconduire dans son département d'origine (la Manche). Les conversions des Louisettes sont rares.

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MISSION DE 1821 — LE CALVAIRE.

Le mouvement d'insurrection royaliste contre l'empereur, revenu de l'île d'Elbe, qui prit quelque ampleur en certaines parties de la Bretagne, fut, comme nous l'avons dit au n° 122, paralysé chez nous par l'absence de Bois-Guy. Quelques chouans seulement, très peu nombreux, prirent les armes ; le retour du roi arrêta le mouvement.

En septembre 1815, Fougères dut loger des troupes étrangères assez nombreuses.

21 mai 1817. — Arrivée à Fougères de trois sœurs d'Evron, pour desservir la maison d'éducation fondée, sur le Brûlis, en 1809, par Mlle Thérèse Duval, ancienne Gigonne, et dotée par elle et par Mme Pétel, ancienne Urbaniste, d'une maison et d'une rente de 600 francs, le 21 avril 1817.

Cet établissement, transféré en 1824 dans une partie du couvent des Ursulines est devenu le pensionnat Saint-Joseph.

12 septembre 1817. — Adjudication à Joseph Heude, pour 1.100 fr., de la réfection de la lanterne de la tour de l'horloge.

1819. — Etablissement d'un service régulier de voitures de Fougères à Rennes. Ce service n'est devenu quotidien qu'en 1830.

1820. Percement de la porte actuelle de l'hôtel de ville de Fougères.

1821. — Grande mission, à Fougères, prêchée par les Jésuites [Note : L'ordre des Jésuites fut rétabli le 7 août 1814. Avant son rétablissement, une société de prêtres s'était constituée sous le nom de Pères de la Foi ; ils entrèrent dès 1814 au noviciat de la nouvelle Compagnie de Jésus]. Après avoir duré six semaines, cette mission fut clôturée par l'érection d'un calvaire sur la place d'Arme, à l'endroit où, pendant la Révolution, avait été dressée la guillotine.

Cette protestation solennelle irrita quelques anciens révolutionnaires.

Après la Révolution de 1830, leur colère n'étant pas calmée, ils tentèrent d'abattre le calvaire.

Plus tard (1842), au moment d'une réparation, devenue urgente, les deux curés de la ville s'entendirent pour choisir un nouvel emplacement. C'est alors que le calvaire fut transféré sur le « Chemin neuf », là où se voit aujourd'hui une superbe croix de granit qui l'a remplacé, dans un terrain appartenant à la communauté de Rillé.

Au cours de la mission de 1821 furent fondées, par le R. P. Le Houby, deux congrégations, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Cette dernière existe encore dans les deux paroisses de Saint-Léonard et de Saint-Sulpice.

1822. — Installation du presbytère de Saint-Léonard dans l'ancien hôtel des Gléteins (en face du jardin public actuel). Jusque-là les prêtres étaient logés dans une propriété privée (maison Bertin).

 

CONGRÉGATION DE RILLÉ.

Le nouveau presbytère fut acheté au nom de la ville, pour le prix de 12.000 francs ; la fabrique de Saint-Léonard en fournissait 5.000. Il était convenu que l'immeuble servirait à perpétuité de presbytère.

1823. Agrandissement de l'hôpital Saint-Nicolas par la construction d'un bâtiment en face de l'hôtel de ville (c'est par la suite devenu l'école municipale).

1824. — incendie d'un petit oratoire assez récent, à la communauté de la Providence (Voir BOURDE DE LA ROGERIE, Etude sur l'église de la Trinité (Société Arch. 1922)).

10 octobre 1824. — Arrivée, à Fougères, des Frères de l'Instruction chrétienne, dits Frères de Ploërmel, institués par l'abbé Jean de Lamennais. Le vénérable fondateur vint lui-même, à Fougères, présider à leur installation. Les Frères logèrent d'abord sur le Brûlis, dans la maison que venaient de quitter les sœurs d'Evron et leurs fondatrices, Mlles Duval et Pétel.

En 1826, les Frères s'établirent en Saint-Sulpice ; jusqu'en 1833, trois d'entre eux montaient chaque jour jusqu'à la maison du Brûlis, pour instruire les enfants de Saint-Léonard.

Après quoi, la jouissance de la maison du Brûlis leur ayant été retirée pour faire place à une école communale, les Frères durent louer des locaux en Saint-Léonard.

En 1858, ils eurent un nouvel établissement près de St-Léonard, sur l'emplacement de l'ancien presbytère.

1825. — Installation de la maison de Retraites, dans l'ancien couvent des Récollets, au faubourg Roger.

1827. — Origine de la congrégation de Rillé.

1829. — Commencement de l'industrie de la chaussure à Fougères

1829-1830. Reconstruction du presbytère de Saint-Sulpice. La dépense fut de 13.745 francs ; la ville vota 6.000 francs ; le reste fut fourni par la fabrique et des cotisations volontaires (LE BOUTEILLER, XIXème siècle, feuilleton n° 28).

 

LOUIS-PHILIPPE (1830-1848).

1831. — Approbation, par Mgr de Lesquen, de la règle proposée par l'abbé Letaillandier, recteur de Laignelet (depuis 1819), à quelques pieuses personnes, dont Anne Boivent, qui devint la sœur Marie-Thérèse, première supérieure de la congrégation des sœurs Adoratrices de la Justice de Dieu. Le 26 octobre 1833, cette congrégation s'établit dans les bâtiments subsistant de l'ancienne abbaye de Rillé, vendue nationalement pendant la Révolution. La congrégation s'est, depuis, magnifiquement développée.

1832. — Tentative de soulèvement légitimiste, sous l'influence la duchesse de Berry.

Le département d'Ille-et-Vilaine était aux ordres de M. de Trégomain. M. de Courson, qui devait commander une partie de la région de Vitré se rendit, le 25 mai, à Malnoë, chez M. de Farcy, et donna prématurément l'ordre de soulèvement.

 

TENTATIVE DE SOULÈVEMENT LÉGITIMISTE.

Le 27 mai 200 hommes se trouvaient réunis au Saut-Rolland, en Dompierre, lorsqu'un contr'ordre arriva [Note : La duchesse de Berry et le maréchal de Bourmont n'avaient donné l'ordre définitif de soulèvement que pour la nuit du 3 au 4 juin. On s'était d'abord arrêté à la date du 24 mai ; mais un contre-ordre avait été donné le 22, qui n'était pas parvenu partout à temps]. Au lieu de se disperser, les nouveaux chouans cherchèrent à gagner la forêt du Pertre. Il y eut un combat en Bréal, le 29 mai 1832. Le soulèvement, dans cette région, ne dura que huit jours.

Des perquisitions furent faites dans quelques châteaux des environs, notamment à Malnoë, au Bois-Février, à la Haye-St-Hilaire.

M. de Courson, qui avait été blessé ; M. de Pontfarcy, qui devait commander la Mayenne, et M. Guays, l'un de ses officiers, réussirent à gagner Jersey (LE BOUTEILLER, XIXème siècle. N°s 30 et suiv.) ou l'Angleterre.

1837. — Fondation de la Chronique de Fougères.

1842. — Démolition de la chapelle Saint-Gorgon.

1843. — Percement de la rue du Tribunal, de la rue de Nantes et de la rue du Maine, ce qui provoqua la naissance d'un nouveau quartier.

1844. — Agrandissement de la place appelée aujourd'hui place Raoul II, près du château.

 

DEUXIÈME RÉPUBLIQUE (1848-1852).

1848. Construction, par des ateliers de charité, de quelques chemins en ville. On employa jusqu'à 2.000 terrassiers et 1.500 femmes. En 1846, on avait fait, par ce procédé, la rue Pasteur actuelle, le chemin des Batailles, celui de l'abreuvoir de Pissepré, la rue du Portail-Marie au Chemin-Neuf (appelée communément la Corderie). En 1848, on construisit le chemin de la Haute-Bourgère à la route de Laval, celui de Gibary, la route (le Grolay, la ruelle des Récollets, etc.

24 juin 1848 : Chateaubriand étant mort, on donna son nom à la rue de l'Aumaillerie, où se trouvait l'hôtel de Marigny. Mme de Marigny était la sœur de l'écrivain, qui a souvent séjourné chez elle en cet hôtel, quoique la résidence habituelle de Chateaubriand, lors de ses séjours à Fougères, fût chez son autre sœur, Mme de Farcy, qui habitait là où sont maintenant les Servantes des Pauvres, rue Nationale.

Une plaque de marbre a été apposée, en 1924, sur l'ancien hôtel de Marigny, pour rappeler le souvenir de Chateaubriand.

Juillet 1849. — Le choléra fait quelques victimes à Fougères.

1849. — Agonie de l'industrie de la toile, les fabricants n'ayant pas adopté en temps utile les nouveaux métiers. C'est le moment de la transformation de la fabrication des chaussures ; le chausson de tresse fit place au chausson de feutre cousu « en retourné ».

Le « cloué » ne tarda pas à apparaître ; puis le cousu « en trépointe » à la main ; et enfin le cousu à la machine « Blake ». En 1852, on commença à faire des chaussures avec des tiges de peausserie. Peu à peu, les fabricants améliorèrent leur matériel et leurs procédés de fabrication.

 

SECOND EMPIRE (1851-1870)  — SŒURS DE ST-VINCENT-DE- PAUL.

Juin 1853. — Arrivée, à Fougères, de cinq sœurs de St-Vincent-de-Paul, pour distribuer des secours aux pauvres. Elles s'installèrent d'abord dans dans la maison qui avait été construite en 1770 pour le chapelain de Saint-Nicolas, au-dessus de la tour des Noyers ou de la Surprise (en bas de la rue Pommereul). Les religieuses y restèrent jusqu'en 1857. Après quoi, elles s'établirent dans la propriété, à elles léguées, par Mme de Kersalün, née Lucie de Québriac, lorsqu'elle entra chez les religieuses du Sacré-Cœur.

23 octobre 1853. — Bénédiction de la Salle d'Asile de Saint-Léonard, fondée par M. de la Riboisière.

29 novembre 1853. — Achèvement du nouvel hôpital. Les religieuses y accompagnèrent les malades dans une procession solennelle.

De l'ancien hôpital, il reste : le bâtiment conventuel (caserne de Saint-Nicolas), l'ancien hôtel du Châtellier (bureau du génie), le bâtiment construit en 1823 (école primaire) et quelques débris de la tour Saint-Nicolas (un balcon circulaire en marque l'emplacement). La maison du chapelain se trouvait sur cette tour. En 1865, par un acte de vandalisme impardonnable, on procéda, pour ouvrir la rue Pommereul, à la démolition de la chapelle de Saint-Nicolas (XIème siècle, remaniée au XIIIème siècle), et d'une immense cuisine fort curieuse du XIème siècle, qui au XVIème siècle servait de « chauffoir » (LE BOUTEILLER, III, 363) pour les pauvres. On possède encore le dessin de la façade de la chapelle et de quelques détails de la cuisine.

 

PROCESSION DE NOTRE-DAME DES MARAIS (1855).

7 janvier 1855. — Grandes fêtes à Fougères, à l'occasion de la proclamation du dogme de l'immaculée Conception. Pour la première fois, on porte en procession par toute la ville, la statue de Notre-Dame des Marais.

1858. — Fondation de l'oeuvre de Saint-Louis de Gonzague. M. le vicomte Christian Le Bouteiller fut un des fondateurs et en est resté le président vénéré.

1864. — Commencement des travaux d'agrandissement de l'église de Saint-Léonard, par la construction de trois travées, à l'ouest de l'ancien édifice.

1865. — Démolition regrettable de la chapelle de St-Nicolas.

Juin 1867. — Le choléra fait une trentaine de victimes à Fougères, et quelques autres dans le canton de Saint-Brice.

25 août 1867. — Inauguration du chemin de fer de Fougères à Vitré.

2 mai 1869. — Pose de la première pierre de la chapelle de Notre-Dame des Marais.

3 octobre 1869. — Inauguration de l'éclairage au gaz.

1870-1872. — Construction de la sacristie de Saint-Léonard.

 

GUERRE DE 1870-1871. — TROISIÈME RÉPUBLIQUE.

Le 8 septembre 1870, les mobiles de l'arrondissement de Fougères, au nombre de 1.100, partirent pour Paris. Ils combattirent vaillamment à Champigny, le 2 décembre 1870. Parmi les Fougerais tués à ce combat, citons MM. de la Moussaye, Delamaire, de la Vieuxville, Piederier, officiers. MM. Dézerseul, Martin-Métairie, Guy du Pontavice furent blessés.

Le capitaine Charles Malard fut glorieusement tué à Torçay, le 18 novembre 1870. Pendant sept heures, il tint tête, avec sa compagnie, à 8.000 prussiens auxquels il fit subir des pertes considérables.

La garde nationale de Fougères fut envoyée le 24 novembre 1870 au camp de Conlie.

Après la déroute du Mans (11 janvier 1871), de nombreuses troupes fatiguées arrivèrent en désordre à Fougères ; devant elles, toutes les portes s'ouvrirent charitablement. Les églises même étaient pleines de soldats.

Seuls, les zouaves pontificaux arrivèrent en bon ordre. Le général de Charette logea chez Madame de Saint-Gilles, sur la grande douve (place de la Riboisière).

Une ambulance fut installée à Saint-Louis de Gonzague.

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GUERRE DE 1870 — APPARITION DE PONTMAIN.

17 janvier 1871 : apparition de la Sainte Vierge à Pontmain.

1er mars 1871 : signature de la paix.

12 avril 1872 : première messe célébrée dans la chapelle nouvelle de Notre-Dame des Marais. Elle fut dite par le nouveau curé, M. l'abbé Douard.

1873 : Harel, artiste de talent, élève de Carpeaux, sculpte la statue de la Sainte Vierge, qui se trouve à Saint-Léonard, près du choeur.

Juillet 1873 : inauguration du nouveau chœur de St-Léonard.

1877 : commencement des travaux de la nouvelle facade de Saint-Léonard.

Janvier 1878 : création du Journal de Fougères.

1881 : construction de l'hôtel des Postes et de la Bibliothèque, près de Saint-Léonard.

22 octobre 1881 : inauguration du chemin de fer de Mayenne à Fougères.

15 décembre 1881 : inauguration des orgues de Saint-Léonard, œuvre de Debierre, de Nantes. Elles coûtèrent 40.000 francs.

15 avril 1882 : consécration de l'église de Saint-Léonard.

3 juin 1891 : le cardinal Place, archevêque de Rennes, pose la première pierre de l'église de Notre-Dame de Bonabry. Elle fut édifiée par M. Joly, curé de Saint-Léonard, au centre d'un nouveau quartier, qui depuis s'est considérablement développé et qui vient de s'augmenter encore (vers 1923) par l'édification, aux Orières, de nombreuses maisons dites « à bon marché » par les soins de M. l'abbé Bridel, ancien vicaire à Saint-Léonard de Fougères. En même temps (vers 1924), un autre quartier se créait dans les terrains de la Madeleine. Des constructions furent du reste élevées dans tous les quartiers.

Deux ans plus tard (1893), la nef de l'église de Bonabry était bénite par Mgr Gonindard, archevêque de Rennes. Et, en 1926, M. le chanoine Maretheux, curé de Bonabry, fait construire le chœur de son église et la sacristie.

1885 : reconstruction du presbytère de Saint-Léonard (aujourd'hui annexe de l'hôtel de ville,) sur l'emplacement de l'hôtel des Gleteins (il coûta entre 40 et 50.000 francs).

1892 : la ville entre en possession du vieux château.

23 juin 1893 : inauguration de la statue du général de la Riboisière.

8 juillet 1894 : inauguration du chemin de fer de Fougères à Vire.

13 novembre 1897 : érection de Bonabry en chapelle paroissiale.

9 décembre 1897 : inauguration du tramway de Fougères à Rennes.

7 mars 1900 : érection de Bonabry en paroisse.

11 février 1903 expulsion des sœurs d'Evron qui dirigeaient le pensionnat Saint-Joseph.

24 octobre 1913 : arrivée à Fougères des sœurs oblates de Saint-Benoît, servantes des pauvres ; elles s'installent dans l'hôtel Danjon de la Garenne, Grand'Rue.

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On chercherait vainement, dans ces derniers chapitres, l'histoire de nos luttes électorales et sociales, qui cependant occupèrent et divisèrent tant nos concitoyens.

Outre qu'elles n'ont peut-être pas autant d'importance qu'elles ont fait de bruit, les personnages, les faits et leurs conséquences ne sont pas encore assez distants, pour qu'on puisse en parler avec sérénité et sans éveiller des susceptibilités.

J'ai traité librement des hommes, des doctrines et des faits de la Révolution, estimant le recul suffisant peur pouvoir les juger, et le nombre des générations écoulées assez grand, pour permettre de rappeler les actions des ancêtres, sans blesser leurs descendants.

Il n'en serait vraisemblablement pas de même, pour les temps qui ont suivi la grande tourmente.

Nous ne pouvons cependant pas ne pas signaler le fait qui domine l'histoire de notre région depuis 1895 : la laïcisation, et le mouvement de résistance qui s'en suivit et se manifesta notamment par la construction et l'entretien, au prix d'efforts considérables, d'innombrables écoles libres.

 

GUERRE DE 1914-1918 — COURONNEMENT DE NOTRE-DAME DES MARAIS.

Nous ne pouvons pas non plus passer sous silence la grande guerre 1914-1918. Nous avons cité, pour en conserver la glorieuse mémoire, quelques noms des héros de 1870. Ici, nous sommes obligés d'avouer notre impuissance, tant fut considérable le nombre des victimes [Note :  Plus de 600 pour la ville seule, et environ 3.500 pour l'arrondissement], parmi lesquelles il en est qui me sont bien chères, puisque deux de mes fils sont glorieusement tombés au champ d'honneur.

Magnifique, fut le courage de nos soldats ; inouïes, leurs fatigues et leurs souffrances ; étonnante, leur héroïque ténacité. Grand, aussi, fut le dévouement de toute la population. Les femmes des campagnes furent admirables, prenant en mains la direction des cultures, et exécutant pendant quatre longues années, les durs travaux réservés d'ordinaire aux hommes.

Dans la ville et dans quelques bourgs, de nombreuses ambulances reçurent les blessés auxquels de dévouées infirmières — j'en ai été personnellement le témoin prodiguèrent les meilleurs soins ; la charité sut faire face à tous les besoins.

Enfin, il nous plaît de clore ce chapitre de nos annales par ce fait :

8 septembre 1923 Couronnement de la statue miraculeuse de Notre-Dame des Marais par le cardinal Charost, archevêque de Rennes. Cet événement, préparé par M. le chanoine Mathurin, curé-doyen de Saint-Sulpice, fut l'occasion de fêtes d'une splendeur inoubliable ; le concours des pèlerins fut immense, et la ville magnifiquement décorée. Le couronnement eut lieu dans l'enceinte du vieux château, près de l'endroit même où environ neuf siècles plus tôt, la vénérée statue fut honorée.

(Emile Pautrel).

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