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FOUGÈRES A LA FAMILLE DE FOUGÈRES

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LA BRETAGNE DUCHÉ.

Au moment de la bataille de Trans (939) où les Normands furent défaits, et depuis 2 ans déjà, Alain Barbe-Torte (937-952), petit-fils d'Alain-le-Grand, triomphant enfin de l'anarchie, avait réussi à reprendre l'autorité sur toute la Bretagne.

Mais sous l'influence du régime féodal qui s'implantait alors partout, ce n'est plus avec le titre de roi qu'Alain Barbe-Torte exerça cette autorité : c'est comme comte ou Duc de Bretagne, et sous une lointaine et vague suzeraineté du roi de France.

La dignité ducale ne se fixa pas dans la famille d'Alain (+ 952).

Après de longues luttes intestines (de 952 à 990), le pouvoir revint à la lignée de Gurvant, en la personne du duc Conan-leTort (990-992), fils du vainqueur de Trans.

Avec le nouveau mode de succession ducale, héréditaire et sans partage, acheva de se constituer, en dépit de la vassalité théorique, qui paraissait faire de la Bretagne une province française, une véritable nationalité bretonne : « L'hérédité nationalise le pouvoir » (MAURRAS. Enquête sur la Monarchie, p. 142). Ce fut son effet en Bretagne.

Très précieuse pour l'autorité suprême d'une nation comme la France, l'hérédité devient dangereuse lorsqu'elle agit sur les rouages secondaires, comme l'était, théoriquement, la Bretagne, par rapport à la France. C'est l'histoire de tous les grands féodaux, toujours prêts à la rébellion.

Puissants dans leur beau duché, les successeurs de Nominoë considérèrent le serment d'hommage rendu au roi capétien comme une vaine formalité. Nous les verrons passer avec une extraordinaire facilité, de l'alliance française à l'alliance anglaise : l'égoïsme national, l'intérêt breton, le souci de l'indépendance du duché, les guideront seuls.

 

LA SEIGNEURIE DE MAYENNE.

Si l'on en croit de vieilles traditions appuyées par une charte de 922 (LE BOUTEILLER, I, 301), dont l'authenticité, il faut le dire, a été contestée, la seigneurie de Mayenne, très étendue, aurait été formée d'éléments bretons et d'éléments francs, réunis au début du Xème siècle, par suite d'un mariage entre un officier ou seigneur franc et la fille d'un officier ou seigneur breton son voisin.

Cette grande seigneurie, qui semblerait avoir compris alors les antiques pays du Vendelais, du Coglais et une grande partie de l'ancienne cité diablintique, aurait fini par se scinder par suite de partages d'héritages entre parents, pourrait-on croire, en deux parties principales. L'une, à une époque difficile à préciser (vers la fin du Xème siècle) serait devenue française avec Mayenne comme chef-lieu, tandis que l'autre partie, restée bretonne, aurait constitué vers le même temps, un des éléments d'un important et définitif fief-frontière : la seigneurie de Fougères.

Ce nouveau recul des frontières bretonnes fit de ce dernier fief un des principaux boulevards de l'indépendance bretonne, près du Maine et de la Normandie.

(Voir la généalogie de la maison le Fougères).

Généalogie de la maison ducale de Bretagne (Fougères).

 

Généalogie de la maison de Fougères (Bretagne).

 

MÉEN Ier, SOUCHE DES BARONS DE FOUGÈRES (FIN DU Xème SIÈCLE).

Dans une charte du duc Conan-le-Tort (990-992), apparaît, en l'an 990, un seigneur nommé Méen, qu'on qualifie de laïc, pour le distinguer de son oncle Méen, archevêque de Dol. Ce Méen-le-Laïc était apparenté d'assez près aux seigneurs de Mayenne.

Il possédait tout le territoire actuel de l'arrondissement de Fougères, à l'exception :

1° Peut-être, du Coglais actuel (qui me semble un fragment de l'antique pagus ; en effet dans cette région on voit plusieurs seigneurs (Rorgès-Gradeloc, etc.), qui ne semblent pas relever de Méen (LE BOUTEILLER, II, 86, 87).

2° De l'Antrenois (future chatellenie d'Antrain comprenant : Antrain, Tremblay, Saint-Marc-le-Blanc, Romazy, Chauvigné, Le Tiercent), alors aux mains d'un seigneur appelé Hervé, fils de Burchard, et relevant du comte de Dol (LE BOUTEILLER, II, 25).

3° De Saint-Ouen-la-Rouerie, qui relevait aussi de Dol et faisait peut-être partie de l'Antrenois.

4° De Saint-Aubin et de Gosné qui relevaient directement de Rennes.

5° De Mézières, dépendant de Vitré.

 

AUFFROY OU ALFRED DE FOUGÈRES.

En revanche, Méen possédait hors du territoire actuel de l'arrondissement :

1° Plusieurs paroisses autour de Bazouges-la-Pérouse (Roz-sur-Couesnon, Sougeal, Pleine-Fougères, Sains, Saint-Georges-de-Grehaigne, et peut-être Trans) [Note : Trans faisait partie du doyenné de Fougères].

2° Quelques paroisses du Vendelais : Princé, Mecé, Châtillon, Montreuil ; le Vendelais étant ainsi tout entier sous la suzeraineté de Méen.

Comme on le voit, le domaine ou fief de Méen était fort étendu.

On remarquera que des deux antiques pagi qui, avec la région de Bazouges, constituèrent la seigneurie de Fougères, le Vendelais seul était encore resté intact. Le Coglais nous paraît déjà morcelé ; il n'en restait à Méen, semble-t-il, que ce qu'on appela la Vairie de Louvigné. Le Vendelais ne tardera pas lui-même à être scindé en deux grands fragments. Ces morcellements résultent des constitutions de dots et des partages des territoires administratifs devenus biens matrimoniaux.

Pour la partie du fief de Méen située à l'est du Couesnon, c'est, très vraisemblablement, à la suite d'un démembrement de la seigneurie de Mayenne que Méen en était le seigneur.

Quand à la partie située à l'ouest du Couesnon, il semble que c'est en vertu d'une donation, à lui faite par son oncle l'Archevêque. Les archevêques de Dol, en effet, étaient titulaires d'un fief immense, comprenant plus de 100 paroisses entre le Couesnon et l'Arguenon (DE LA BORDERIE, II, 422 ; III, 57. — LE BOUTEILLER, Assoc. bretonne, 1913, p. LXXX).

Il faut se garder de confondre, comme on l'a fait quelquefois, Méen-le-Laïc, qui apparaît en 990, avec Main, fondateur de Pontmain. Ce dernier d'après les traditions de Mayenne, aurait vécu au IXème siècle et serait vraisemblablement un ancêtre de Méen-le-Laïc (LE BOUTEILLER, I, 321).

 

AUFFROY OU ALFRED DE FOUGÈRES (entre 1000 et 1032).

Méen-le-Laïc, dont il vient d'être question, fut père d'Alfred de Fougères.

Ce nom de Fougères apparaît pour la première fois, d'une façon authentique, dans une charte non datée, que l'on doit nécessairement situer dans les trente premières années du XIème siècle.

Fut-ce Alfred ou son père Méen qui vint édifier une forteresse, ou rétablir une antique fortification, sur le rocher pittoresque émergeant au fond de la vallée, et si bizarrement entouré par le Nancon ? On peut soupçonner, avec M. l'abbé Piron, que ce put être Méen qui, en commençant ses travaux, aurait fait, en 990, une donation au Mont Saint-Michel, pour appeler les bénédictions du grand Archange ; mais on ne sait rien de certain sur ce point.

Quelques historiens [Note : LE BOUTEILLER, II, 15 et suiv., 97, 100 et suiv. — MAUPILLÉ, Hist., 22 et notes sur les cantons de Fougères et Louvigné dans les bulletins de la Soc. Arch., t. VIII et XI] ont cru qu'avant de se fixer sur les bords du Nançon, Méen s'était établi déjà à Louvigné d'abord, puis à Champlion, en Saint-Sauveur.

 

RAISONS D'ÊTRE DU CHATEAU ET DE LA SEIGNEURIE DE FOUGÈRES.

Ces raisons sont de deux sortes : politico-historiques et militario-topographiques.

La constitution d'un puissant fief frontière, aux mains d'une vaillante famille bretonne, était nécessaire pour la sécurité du duché.

Quant au choix du lieu de Fougères, il résulte tant de la situation avantageuse, présentée par le rocher sur lequel on édifia la forteresse, que de l'importance considérable donnée à ce lieu, par le croisement de plusieurs chemins publics menant en Normandie et vers le Maine.

 

ETAT DU PAYS LORS DE LA FONDATION DE FOUGÈRES.

Tout le territoire de la baronnie naissante était habité par une population déjà assez dense. On y connaît, à la fin du Xème siècle et au début du XIème, quelques personnages importants et plusieurs familles notables : les de Louvigné, qui semblent apparentés aux seigneurs de Fougères ; les du Châtellier ; les de Cogles ; Rorgès, qui était seigneur dans le Coglais ; Gradeloc, à Poilley ; Hervé, fils de Burchard et gendre de Rivallon de Dol, à Antrain ; Guingomar-Bloc, dans la même région ; Haimon, à Sougeal ; Gradelon, à Chauvigné, etc.

Au cours du XIème siècle, les chevaliers Janson et Reistembault, fondent ou tout au moins donnent leurs noms à deux paroisses.

La ville se bâtit, au moins en partie, sur le territoire et aux dépens d'une paroisse dédiée à saint Martin, que l'on désigna ensuite sous le nom de l'Escousse, où l'on a vu un sobriquet signifiant : la dépouillée [Note : MAUPILLÉ, Cantons de Fougères (Soc. Arch., VIII). — Ceci n'est pas admis par tout le monde. M. l'abbé Piron, notamment, écrit à ce propos que le nom de dépouillée, secouée ou démembrée devrait se rapporter « à la paroisse et non au bourg... Or c'est le bourg qui est appelé Lécousse. Du reste, ajoute-t-il, on pourrait dire quand même que ce bourg est dépouillé de son territoire ; mais il faut remarquer que le mot excussus ou excussa est passif : c'est le feu qui est tiré de la pierre, excussus e petra... Ce sont les parties retranchées qui sont excussa, et non pas le chef-lieu qui est percussus. » — En tout cas, l'hypothèse de M. Maupillé rend assez difficile l'explication du nom du village de Lécousselle en Saint-Etienne, ou de ceux des champs de l'Escussel et de l'Ecussel près Fougères].

 

FONDATION DE FOUGÈRES.

La plupart des bourgs et un bon nombre des gros villages de la baronnie existaient déjà, ayant des origines très diverses.

Quelques-uns pouvaient être d'antiques vici gaulois, Vendel, Cogles, Vieux-Vy (Vetus vicus), par exemple ; peut-être Saint-Brice qui s'appela d'abord Puiniac. Certains, assez. nombreux, remontaient probablement à l'époque gallo-romaine, tels ceux dont les noms se terminent en igné, ey ou é.

Le Rocher des Fougères (Bretagne).

Le Rocher des Fougères avant toute construction. (Vue panoramique et plan ; le dessin est orienté vers le Nord-Ouest qui se trouve en haut).

LÉGENDE. — A. Coteau du, Champ du Lion (un peu plus haut se trouve-le coteau de Bliche). — B. Coulée du Gast. — C. Coteau de la Vigne. — D. Coteau de Saint-Léonard. — E. Prairie des Batailles. — F. Coulée de Bémouche. — G. Coulée de Mirande. — 1. Rocher des Fougères ou de la Couarde. — 2. Bas de la Piraterie. — 3. Coteau de Billé. — 4. Pointe du Rocher de la Couarde vers Bémouche. — 5. La Rivière du Nançon (dite aussi de la Couarde), affluent du Couesnon. — 6. Prairies du Gué Landry. — 7. Ruisseau du Gast. — 8. Ruisseau de Bémouche. — 9. La Haute-Ville. — 10. Prairies de Pissepré.

 

LES ÉGLISES ET LE CLERGÉ AUX Xème ET XIème SIÈCLES.

Quelques bourg ou villages avaient pris naissance au IXème siècle, lors de la colonisation carolingienne, comme la Celle-en-Luitré, et d'autres, au nom caractéristique, dataient de la venue de Gurvant avec ses Bretons : Landéan, Pontmain, etc.. Un petit nombre de bourgs pouvaient être peu antérieurs à la fondation de la ville, et très peu lui semblent postérieurs ; mais beaucoup de simples villages peuvent être plus récents.

Il serait téméraire d'ailleurs de vouloir préciser, car les origines des paroisses rurales sont mal connues.

En tant que paroisses religieuses, canoniquement érigées, on ignore à quelle époque elles remontent. On sait seulement que Rimou, la Fontenelle et Saint-Rémy-du-Plein étaient paroisses, ou au moins succursales, au VIème siècle, et que presque toutes nos paroisses étaient érigées à la fin du Xème siècle. (Voir Le Bouteiller, II, p. 7 et suiv. ; 44 et suiv. ; 65 et suiv.).

 

LES EGLISES ET LE CLERGÉ AUX Xème ET XIème SIÈCLES.

Les églises, pour la plupart, étaient misérables, petites, souvent même bâties en bois et couvertes de paille ou de genêts. Cependant, quelques-unes étaient remarquables, notamment celle de Tremblay et celle du prieuré de la Trinité, à Fougères [Note : Ce prieuré se trouvait à l'endroit où existe maintenant le couvent de la Providence].

Elles étaient fréquemment des propriétés privées, que les héritiers se partageaient. Ainsi, un seigneur, nommé Juhel, possédait le tiers du tiers, ou le neuvième de l'église de Romagné.

Les propriétaires percevaient les revenus du culte et rétribuaient le prêtre desservant. C'était une source de graves abus. L'état du clergé, du reste, était déplorable à cette époque, où l'anarchie causée en Bretagne par les luttes intestines et les invasions normandes, ne faisait guère que cesser.

La discipline religieuse était fort relâchée à tous les degrés de la hiérarchie : ce triste état de choses ne prendra fin qu'après le pontificat de Grégoire VII (1073-1085).

C'est peut-être Saint-Sulpice qui fut le premier sanctuaire de la ville ; on peut supposer, en effet, qu'un édifice religieux fut élevé pour les besoins des ouvriers qui construisaient le château avant que celui-ci et la chapelle qu'il renfermait ne fussent achevés.

Ce dernier édifice, dédié à la Sainte-Vierge, paraît avoir été vaste, et, à en juger par les débris trouvés dans les fouilles, il devait être remarquable. Selon une tradition déjà ancienne au XVIIème siècle, le seigneur de Fougères fit placer dans la chapelle du château, au XIème s, ou XIIème siècle, une précieuse statue de pierre, aujourd'hui vénérée en l'église Saint-Sulpice, sous le nom de Notre-Dame des Marais. En 1024, Alfred de Fougères fonda une collégiale de chanoines pour desservir sa chapelle (LE BOUTEILLER, II, 104).

 

MÉEN II DE FOUGÈRES (entre 1015 et 1074).

Méen II, qui avait succédé à son père Alfred au gouvernement de la baronnie de Fougères, prit une part active à la conquête de l'Angleterre, faite en 1066 par le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, à l'armée duquel s'étaient joints de nombreux chevaliers bretons. En récompense de ses services, il reçut du nouveau roi d'Angleterre d'importants domaines en Grande-Bretagne et peut-être en Normandie [Note : Les barons de Fougères possédaient d'importants domaines en Normandie : Savigny, Les Loges-Marchix, Moidrey, Brécey, etc., et l'on a été porté à croire qu'ils provenaient, comme les terres d'Angleterre, des libéralités de Guillaume le Conquérant. — M. Bourde de la Rogerie fait observer à ce sujet (notice sur la Trinité dans le bulletin de la Soc. Arch., t. XLIX) que si Guillaume le Conquérant put sans scrupules dépouiller les Saxons, il n'avait pas de motifs pour dépouiller ses vassaux ou compagnons normands, au profit de bretons. — C'est exact, mais peut-être Guillaume put-il faire ces dons sans dépouiller personne d'autre que lui ; il lui suffisait de ne donner au seigneur de Fougères que la seigneurie de terres relevant directement du duc de Normandie. — Mais il est possible aussi que les biens en question aient une autre origine].

La situation des seigneurs de Fougères s'accrut donc considérablement, ils devinrent ainsi vassaux des rois d'Angleterre, ducs de Normandie, pour une notable fraction de leurs domaines.

Méen II mourut en 1074. Son fils aîné, Juthual, mourut quelques mois plus tard.

 

RAOUL Ier DE FOUGÈRES (1074-1120). RENAISSANCE RELIGIEUSE. — FONDATION DE L'ABBAYE DE SAVIGNY.

La seigneurie de Fougères échut alors à Raoul Ier, frère de Juthual; sous son règne on assiste au consolant spectacle de la renaissance religieuse.

C'est le moment où les forêts des confins du Maine, de la Bretagne et de la Normandie, se peuplèrent d'ermites fameux par leur sainteté, qui s'y étaient bâti d'humbles cabanes.

Parmi les plus illustres, citons :

Robert d'Arbrissel, fondateur de l'abbaye de Fontevrault, près de Saumur.

Vital de Mortain, fondateur de l'abbaye de Savigny.

Raoul de la Fustaye, fondateur de l'abbaye de Saint-Sulpicela-Forêt, près de Rennes.

Bernard de Tyron, fondateur de l'abbaye de Tyron, près de Nogent, dans le Perche.

Guillaume Firmat, fondateur du couvent de Fons-Géhars, près de Mantilly.

Le premier de ces saints personnages était le chef des ermites de la forêt de Craon. Le second s'était retiré dans celle de Savigny, appartenant au seigneur de Fougères.

Saint Bernard de Tyron s'était fixé dans celle de Fougères (en 1106 et 1107), au lieu encore appelé Chênedé (Quercus docta, le chêne savant). Saint Guillaume Firmat a séjourné à l'hermitage Saint-Clair, en la Bazouge-du-Désert, près du pont dom Guérin ; on conserve aussi le souvenir de son séjour en Louvigné, à Montlouvier et aux Biards. Raoul de la Futaye tire peut-être son nom du village de la Futaye, en Saint-Mars, au bord de la petite rivière du même nom, qui passe à Pontmain.

***

De nombreux disciples se groupèrent autour de ces pieux anachorètes ; et pour vivre, ils défrichaient les forêts et en mettaient en culture de larges fragments.

Le seigneur de Fougères, passionné pour la chasse, était désolé de voir dévaster sa belle forêt, si voisine de son château. Il y avait fait exécuter de grands travaux, des fossés et des talus, pour y conserver le gibier. (On a cru retrouver quelques traces de ces travaux, ainsi que des déboisements opérés par les ermites).

Pour éviter de perdre sa chasse, Raoul Ier résolut d'éloigner les ermites ; il leur donna sa forêt de Savigny.

Les religieux y trouvèrent saint Vital, se placèrent sous sa direction et édifièrent la célèbre Abbaye de Savigny, dont il ne reste plus aujourd'hui que des ruines [Note :  Il reste un très intéressant portail roman, qui était celui du réfectoire. La grande et superbe église dont les débris jonchent le sol datait de 1187. Ce n'était pas l'église primitive].

Raoul Ier se fit lui-même construire, dans le proche voisinage de l'abbaye, une maison où il aimait à aller se reposer ; et désormais les seigneurs de Fougères qui, jusque-là, avaient leur enfeu à Saint-Sauveur-des-Landes, choisirent comme lieu de sépulture l'abbaye de Savigny.

La passion de Raoul pour la chasse le porta également, paraît-il, à déplacer une église dédiée à saint Martin, située dans la forêt, au sommet du coteau qui a conservé le nom de Saint-Martin. Reconstruite à quelque distance, dans un cimetière appelé l'Aignelet (LE BOUTEILLER, II, 193), elle devint le siège de la paroisse de ce nom.

Le cimetière de Laignelet n'était pas un lieu de sépulture, mais un lieu d'asile et de refuge situé autour de l'oratoire d'un anachorète, disciple de saint Bernard de Tyron et nommé Engelger (LE BOUTEILLER, II, 196). Il était interdit par les lois ecclésiastiques de poursuivre les personnes refugiées dans ces lieux consacrés.

Une autre plaie se guérit ainsi : les églises cessèrent d'appartenir à des particuliers. Sous peine d'excommunication, les laïcs, possesseurs des églises, durent les remettre aux mains des évêques ou des Ordres religieux.

Dans nos régions, les seigneurs donnèrent généralement leurs églises aux grandes abbayes ; en s'en désaisissant, ils les dotaient souvent de quelques terres, de là ces innombrables chartes de donation, si précieuses pour l'histoire. Ceci explique l'existence des nombreux Prieurés-Cures de nos campagnes.

***

CONSTITUTION DE LA BARONNIE DE FOUGÈRES.

Raoul Ier avait été élevé à la Cour du duc Alain Fergent ; il resta dans les meilleurs termes avec lui et l'assista dans ses querelles.

Vers la fin de sa vie, Raoul, imitant son souverain, le duc Alain, entré à l'abbaye de Redon, se retira dans sa maison de Savigny, où il mourut en 1120. Il fut enterré dans l'abbaye.

 

CONSTITUTION DÉFINITIVE DE LA BARONNIE DE FOUGÈRES.

Alfred de Fougères avait marié, en 1027 (MAUPILLÉ, Hist., p. 23), sa fille Innoguen à Tristan de Vitré (+ vers 1045). Il lui avait donné en dot les paroisses du Vendelais, situées au sud du Couesnon qui, dès lors, sépara les deux baronnies de Fougères et de Vitré (LE BOUTEILLER, II, 107).

Les paroisses ainsi distraites de la seigneurie de Fougères furent : Billé, Combourtillé, Saint-Georges-de-Chesné, Vendel, Saint-Jean, Parcé, Javené, Dompierre, Luitré, La Celle-en-Luitré, une partie de Beaucé, Princé, Châtillon, Mecé et Montreuil.

Sens et Vieux-Vy furent jointes aux paroisses ci-dessus, et devinrent le partage des Montboucher, héritiers d'Innoguen ; mais ces deux paroisses firent retour à la baronnie de Fougères en 1291 (LE BOUTEILLER, II, 110 ; III, 28).

Bien qu'enclavée dans la terre de Fougères, la paroisse de Saint-Ouen-la-Rouërie n'en faisait cependant pas partie ; elle dépendait de la seigneurie de Combourg (LE BOUTEILLER, II, 26).

Le Coglais était devenu, dès 1050, semble-t-il, partie intégrante de la baronnie de Fougères (LE BOUTEILLER, II, 24).

Par contre, vers le même temps, à la suite, croit-on, du mariage d'une fille de Méen II, à laquelle elles furent données en dot, quelques paroisses à l'ouest du Couesnon : Roz-sur-Couesnon, Pleine-Fougères, Saints, Saint-Georges-de-Grehaigne, furent définitivement distraites du fougerais, alors que d'autres paroisses de la région, qui, semblent avoir fait partie de la même dot, firent retour à la baronnie (LE BOUTEILLER, II, 27-136).

Quant à l'Antrenois, il ne semble être entré dans la baronnie que vers 1140, probablement comme dot de la femme de Raoul II de Fougères, Jeanne de Dol (LE BOUTEILLER, II, 25).

Gahard et le bois de Sevailles, concédés à Henri de Fougères, vers 1136, ne semblent pas avoir fait partie intégrante de la baronnie.

Telle qu'elle se trouva ainsi constituée, la baronnie de Fougères était bornée au nord par la paroisse de Saint-Ouen-la-Rouërie et le comté de Mortain ; à l'est, par la seigneurie de Mayenne ; au sud, par la baronnie de Vitré et la paroisse de Gahard (la future châtellenie de Saint-Aubin ne la touchant pas) ; à l'ouest, par la châtellenie d'Aubigné et la seigneurie de Combourg.

En plus du territoire ainsi délimité, la seigneurie de Fougères s'étendait depuis un temps immémorial sur une partie de la ville de Rennes et sur les paroisses de Chantepie, Amanlis, Janzé, Cesson et la Couyère. L'origine de cette étrange situation féodale est mal connue.

On peut supposer que certaines des paroisses ci-dessus se soient trouvées jointes à la baronnie de Fougères par suite d'alliances, d'héritages ou d'acquets.

Quant au quartier de Rennes, qui comprenait l'église Saint-Germain, il faut remarquer que les seigneurs de Vitré possédaient aussi dans la ville de Rennes un fief qu'on appelait la « Vicairerie », et que les premiers seigneurs de Vitré s'intitulaient « vicomtes ou vicaires de Rennes » (DE LA BORDERIE, III, p. 110). Ce titre, pur archaïsme, rappelait simplement le temps où les ancêtres de ces seigneurs étaient vicomtes ou vicaires du comte de Rennes dans les pagi qui, plus tard, constituèrent la baronnie de Vitré ; et le fief de la Vicairerie, à Rennes, était très vraisemblablement le domaine qu'il était d'usage, sous la monarchie franque, d'accorder, comme gages, aux fonctionnaires ; domaine qui s'était trouvé légué par les anciens vicomtes à leurs descendants devenus seigneurs de Vitré.

Or, nous avons vu que les ancêtres des seigneurs de Fougères paraissent avoir été, eux aussi, vicomtes ou vicaires du comte de Rennes dans les pagi du Vendelais et du Coglais. Si les premiers seigneurs de Fougères ne s'intitulent pas, comme ceux de Vitré, vicaires de Rennes, ils prennent le titre, peut-être équivalent, de « chevaliers de la proyince de Rennes ». Aussi, je verrais volontiers, dans le fief relevant de Fougères à Rennes, le domaine concédé jadis, à titre de gages, aux gouverneurs des anciens pagi du Vendelais et du Coglais, domaine devenu héréditaire et ainsi transmis aux seigneurs de Fougères, qui l'auraient incorporé à leur baronnie — ceci, naturellement, à titre d'hypothèse et sous toutes réserves.

***

Un document latin rimé, paraissant remonter au début du XVème siècle, mentionne en Bretagne neuf seigneuries importantes et de grande dignité, parmi lesquelles se trouvait celle de Fougères. Il semble que ce nombre de neuf, tout arbitraire, résulte d'un parallélisme populaire avec les neuf grandes divisions ecclésiastiques, ou évêchés de Bretagne.

Plus tard, les ducs adoptèrent la légende, et trois des seigneuries ainsi désignées, notamment la baronnie de Fougères, se trouvant réunies au domaine ducal, Pierre III, en 1451, en indiqua trois autres pour compléter le chiffre de neuf anciennes baronnies (DE LA BORDERIE, IV, 386).

C’était surtout une question de préséance. Fougères ne compta que durant un court laps de temps parmi les neuf anciennes baronnies de Bretagne, par suite de son rattachement au duché. Il est donc inutile de s'arrêter sur cette question.

 

LES VAIRIES DE LA BARONNIE DE FOUGÈRES.

Les campagnes, une fois l'ordre rétabli, achevèrent leur développement. C'est, dit l'abbé Angot (Dict. de la Mayenne, préface, p. 30), du XIème au XIIIème siècle que datent les noms de lieux en ière ou érie, contenant un nom d'homme [Note : Ces noms de lieux se seraient formés d'après cette règle : les noms propres indiquant une fonction, une dignité, auraient généralement donné naissance à des noms en érie ; et les autres à des noms en ière. — La règle n'est pas absolue, car on voit aussi bien Bouteillère que Bouteillerie ; on voit aussi la Sénéchaussière]. Les noms en ais seraient plus récents. Les uns et les autres sont nombreux ; cela indiquerait la création d'un grand nombre de villages.

Pour l'administration, la baronnie était divisée en circonscriptions appelées vairies, confiées à des voyers ou vicaires, personnages chargés du maintien de l'ordre et d'une partie de l'administration. Comme rétribution, les voyers recevaient la jouissance d'une terre appelée gage féodé (C'était un usage ancien. Les rois mérovingiens rémunéraient déjà ainsi leurs fonctionnaires. (Voir LAVISSE, tome second, I, 420, et II, 210)).

Les redevances dues au seigneur de Fougères étaient recueillies par un sergent.

Les fonctions de voyers devinrent vite héréditaires ; celles de sergent le devinrent aussi, et un fief fut également attaché à cette charge. Le sergent fut alors appelé sergent féodé.

Vers le XVIème siècle, les voyers cumulèrent souvent leurs fonctions avec celles des sergents féodés. Aussi, les vairies furent souvent désignées sous les noms de sergentises ou sergenteries (DE LA BORDERIE, III, 107 à 118) et aussi sous la simple dénomination de gages.

Elles devinrent vite de simples circonscriptions fiscales, de grands fiefs, et les voyers perdirent leur autorité administrative.

Voici quelles étaient, à l'origine, les vairies de la baronnie de Fougères :

Vairie de Loërre, plus tard appelée vairie de Fleurigné ou gage du Bois-Février. Le souvenir du nom primitif se retrouve au village de l'Hourre qui devait en être le gage féodé avant la construction du Bois-Février (LE BOUTEILLER, II, 71).

Vairie de Louvigné, avec Villavran comme gage féodé ; cette vairie comprenait neuf paroisses (Dom MORICE, Preuves, I, 410. — LE BOUTEILLER, II, 17), au sujet desquelles on a beaucoup discuté.

Vairie du Vendelais, avec la terre du Tiercent comme gage féodé. (Cette terre cependant ne se trouvait pas dans le Vendelais, mais elle touchait la Minette.

Vairie du Coglais, avec la Villegontier comme gage féodé.

En plus de ces quatre vairies, il y avait des circonscriptions analogues connues sous le nom de Châtellenies.

Châtellenie de Bazouges (Pour les châtellenies de Bazouges et d'Antrain, on lira avec profit le mémoire « pour la commune de Vieuvy » publié par M. Magl Dorange en 1864, p. 49), comprenant les paroisses situées à l'ouest du Couesnon, avec, comme gage féodé, ce qui restait de l'antique seigneurie de Rimou (Voir aveux d'Orange de 1401 à 1542, dans le mémoire M. Dorange), et peut-être déjà la seigneurie de Marcillé-Raoul, qui sont souvent qualifiées elles-mêmes de châtellenie.

Châtellenie d'Antrain, avec la Chattière comme gage féodé.

Les sergentises, considérées sans doute comme bénéfice patrimonial, furent démembrées d'assez bonne heure.

Celle de Fleurigné, entre le Bois-Février et la Chaudronnerais. De plus, la paroisse du Loroux eut un sergent spécial, le seigneur de la Motte-Anger.

Celle de Louvigné, entre les Domaines (Mellé), Ardennes (Saint-Georges) et Monthorin (Louvigné). Ce dernier gage fut, plus tard, remplacé par le Plessis-Chasné (Bazouge-du-Désert).

La vairie du Vendelais fut partagée entre les possesseurs des Vairies (Saint-Sauveur) et ceux de la Chasse-Beauvais (Romagné).

Celle du Coglais, partagée de bonne heure entre Saint-Etienne et la Villegontier, se reconstitua, au XVIIème siècle, en un seul gage, la Villegontier (LE BOUTEILLER, II, 90).

Dans la châtellenie de Bazouges, il y avait, au XVIIIème siècle, un gage féodé à la Rivière (en la Fontenelle) ; un autre à Marcillé-Raoul ; un à Rimou (pour Rimou et Vieux-Vy) ; un autre au Bois-Robert (La Fontenelle), et peut-être d'autres encore.

Dans la châtellenie d'Antrain, on voit (Notes manuscrites de M. Maupillé citées par M. Le Bouteiller), en 1722, deux gages : celui de la Chattière et celui du Val-de-Couesnon, tous les deux en Tremblay.

Les vairies n'étaient pas toujours composées de paroisse entières ; cela devait résulter de partages d'intérêts ou de convenances diverses. Au moyen-âge on se préoccupait peu de l'uniformité.

 

DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE. — BOURGS ET FAUBOURGS.

On ne sait pas, au juste, quelle était l'importance du château-primitif. Il dut être vite agrandi.

La ville, également, s'accrut rapidement ; d'antiques voies furent légèrement détournées pour traverser la ville [Note : Notamment celle de Jublains à Aleth qui fut détournée d'Iné à la Pilais par les vallées de Guibaud, le Gast et la Croix des Rochelettes (Le Bouteiller, I, 69) ; — et la voie d'Avranches à Angers qu'on fit passer par le faubourg de l'Echange, Rillé, le Marchix et le faubourg de Savigny] ; des bourgs se créèrent le long des vieux chemins publics.

Le bourg vieil (bas de la rue Pinterie) se bâtit de bonne heure, près de l'entrée du château.

Le bourg neuf, en haut de la colline, ne tarda guère.

Le long de la route d'Avranches s'étendit le bourg de Rillé [Note : J'ai l'impression que Rillé et son prolongement direct par le voisinage de Montaubert, de la Dorissais et par le Manoir pourraient indiquer un antique cheminement, non seulement vers Avranches par la Violette, mais aussi vers Mellé, Monthault, les Biards, peut-être ; d'autre part, ce chemin rejoignait, par Blérons, l'ancienne voie de Bayeux. Son tracé rectiligne se voit encore jusqu'au mont Baron où un accident de terrain exigeait un insignifiant crochet, après quoi le chemin vicinal continue la même direction vers le nord].

Celui du Gast, le long de la route de Vieux-Vy, dont on se servait pour aller à Rennes.

Le bourg Chevrel se bâtit sur la même route, mais plus près de Saint-Sulpice.

Le bourg de la Roche, aux environs du couvent actuel de la Providence, non loin de la place du Marchix, où se tenait un marché. Ce marché, tout au moins celui des bêtes à cornes (bêtes au mail), pour cela appelé marché de l'Aumaillerie, ne tarda pas à être transféré à l'est du Bourgneuf et donna son nom à la rue de l'Aumaillerie (LE BOUTEILLER, II, 352) (rue derrière ou rue Chateaubriand actuelle).

Un autre marché, celui aux poissons, se tenait dans la rue de la Fourchette actuelle.

Les bourgs étaient fermés par des portes ; il n'y avait pas encore de remparts, croit-on ; M. Le Bouteiller les date du XIIIème siècle.

Au delà des portes se bâtirent les faubourgs qui, eux-mêmes, furent clos par des barrières.

Le faubourg de l'Echange, sur la route d'Avranches ; il est signalé dès 1163. Le faubourg Saint-Léonard, d'abord appelé, jusqu'à la fin du XIVème siècle, faubourg Saint-Nicolas (LE BOUTEILLER, notes manuscrites), sur la route de Nantes. Le faubourg Roger, le long des voies de Bayeux et de Chartres. Le faubourg de Savigny (LE BOUTEILLER, II, 215) s'étendit sur le chemin Gravelais (route d'Angers par Javené et la Gravelle).

 

LES EGLISES DE FOUGÈRES.

Les principales églises de Fougères existaient dès le XIème siècle.

Saint-Sulpice, comme nous l'avons dit, remonte peut-être à la fin du Xème siècle, et pour le moins à 1050 ou 1069 (LE BOUTEILLER, II., 146), époque à laquelle cette église était déjà le siège d'une paroisse. C'était alors un édifice bien humble qui, en 1155, faillit être supplanté en vertu d'une décision de l'évêque Alain, par une autre église, belle et vaste, celle du prieuré de la Trinité [Note : On possède le plan de cette église qui devait être remarquable. (Voir BOURDE DE LA ROGERIE, Soc. Arch., t. XLIX, p. 293, et ici n° 242.)].

Ce prieuré avait été fondé entre 1064 et 1076, près de la place du Marchix, en faveur des Bénédictins de Marmoutiers, par Adélaide, mère de Raoul Ier de Fougères, à la suite d'un vœu pour la guérison de ce dernier encore enfant.

 

LES ÉCOLES. — MÉEN III DE FOUGÈRES.

Antérieurement à 1092 (LE BOUTEILLER, II, 168), Raoul Ier avait bâti, à l'extrémité du bourg neuf, la chapelle Saint-Nicolas [Note :  Les derniers restes de cet édifice, détruit en 1166 et relevé au XIIIème s., ont disparu en 1865] qui, au siècle suivant, devait être affectée à un hôpital (voir ci-dessous).

Aussitôt, pour protester contre la création de cette nouvelle église, sur le territoire de la vieille paroisse de Lécousse, les moines de Pontlevoy, possesseurs de cette paroisse, s'empressèrent d'élever (avant 1100) (LE BOUTEILLER, II, 170) une autre église près de Saint-Nicolas, l'église de Saint-Léonard qui bientôt deviendra paroisse [Note : Au temps de l'évêque Hamelin (1127-1141). LE BOUTEILLER, II, 211].

Quant à l'abbaye de Rillé, elle ne prendra naissance qu'en 1143. Nous avons déjà parlé de la chapelle Sainte-Marie du château.

Le premier hôpital ou Maison-Dieu, ou aumônerie Saint-Nicolas, est certainement antérieur à 1166. Il fut probablement élevé par Raoul II autour de l'église Saint-Nicolas (LE BOUTEILLER, II, 266-268). Cet hôpital, qui est un des plus anciens de France, a subsisté en ce lieu jusqu'en 1853, époque où il a été transféré à l'extrémité du faubourg Roger.

 

LES ECOLES A FOUGÈRES. — LA VIE MUNICIPALE AU XIème SIÈCLE.

Dès le XIème siècle, il y avait, à Fougères, des écoles dont on connaît quelques-uns des professeurs, disciples de savants célèbres de Chartres.

A cette époque encore, par conséquent avant Louis-le-Gros (1108-1137), on y trouve des traces, non pas d'une municipalité proprement dite, mais d'une organisation municipale, ou plus exactement, paroissiale, indépendante du seigneur, reconnue par lui, et traitant librement avec lui.

On peut faire la même remarque à Vieux-Vy ; dès 1130 on y constate l'indépendance civile de la communauté (DE LA BORDERIE, III, 133).

On voit de même les seigneurs de Fougères, dans les circonstances importantes, réunir des placites, comprenant la majeure partie des clercs, des barons, des bourgeois et des paysans, pour délibérer sur leurs intérêts communs [Note : DE LA BORDERIE, III, 119, et LE BOUTEILLER, II, 116, 148, 154, 158, 162, 281, etc...].

 

MÉEN III DE FOUGÈRES (1120-1122).

Méen III ne survécut que peu d'années à son père Raoul Ier. Il mourut en Angleterre, le 4 janvier 1122, et fut enterré dans l'église Saint-Pierre de Winchester.

 

HENRI DE FOUGÈRES (1122-1150). — LES CHAPELLES D'INÉ. L'ABBAYE DE RILLÉ.

Henri succéda à son frère, Méen III.

A l'occasion de la dédicace de l'abbaye de Savigny (10 mai 1124), Henri de Fougères fit don, à cette abbaye, de la chapelle Saint-Jean d'Iné, fondée par le seigneur de Fougères (LE BOUTEILLER, II, 207). Cette chapelle, encore bâtie sur le territoire de Lécousse, provoqua de nouveau la susceptibilité des moines de Pontlevoy ; ils fondèrent près de la chapelle Saint-Jean, le prieuré de Saint-Pierre d'Iné [Note : LE BOUTEILLER, II, 207. — La chapelle de ce prieuré existe encore ; ce n'est pas toutefois la chapelle primitive] qui, pendant quelque temps, devint paroisse en attendant sa réunion à Saint-Léonard (XIVème siècle).

Ces contestations réitérées prirent fin en 1143 (LE BOUTEILLER, 209-210) ; la chapelle Saint-Nicolas fut cédée à Pontlevoy, et, en échange, cette abbaye accorda le bourg de Rillé, dépendant de Lécousse, aux chanoines de Sainte-Marie du château, qui venaient de construire l'abbaye de Rillé, et autorisa même l'institution d'une paroisse en ce bourg.

La nouvelle abbaye, où se retirèrent les chanoines, formés en congrégation sous la règle de saint Augustin, richement dotée par les barons de Fougères et les principaux seigneurs du pays [Note : Voir Charte de Rillé (1143). LE BOUTEILLER, II, 292] devint donc le siège d'une paroisse qui persista jusqu'à la Révolution ; quant à la chapelle Sainte-Marie du château, elle constitua un simple prieuré de l'abbaye de Rillé.

Henri de Fougères possédait une maison de plaisance, appelée la Forêterie, près de Landéan. De ce manoir il reste le nom, appliqué à une petite ferme située dans le bourg. Le Châtel, non loin de là, rappelle encore ce souvenir, et on a prétendu (MAUPILLÉ, Soc. Arch., VIII, p. 305) qu'il en était de même des celliers de Landéan.

C'est dans cette habitation de la Forêterie que Henri de Fougères mourut le 4 octobre 1150, revêtu de l'habit des moines de Savigny, après avoir réuni un placite, et après avoir donné à Savigny un moulin près de la ville et les terres l'avoisinent, près de la Vigne seigneuriale. De là le nom du faubourg de Savigny.

Henri de Fougères avait été nommé, par le duc Conan III, grand forestier de Bretagne.

 

RAOUL II DE FOUGÈRES (1150-1194).

Raoul II, fils aîné d'Henri de Fougères et d'Olive de Penthièvre, est le plus célèbre des seigneurs de la maison de Fougères.

 

RÔLE DE RAOUL II.

Il joua un rôle considérable dans les graves événements qui, à cette époque mouvementée, surgirent en Bretagne, et son attitude, même au milieu des plus dures épreuves et des circonstances les plus difficiles, fut toujours celle d'un chevalier loyal, courageux et clairvoyant. Il était l'époux de Jeanne de Dol.

Une notable partie du château de Fougères est son œuvre. Nous verrons à la suite de quelles circonstances il dut procéder à cette construction ou plutôt à cette reconstruction.

 

GRAVES ÉVÉNEMENTS EN BRETAGNE. — RÔLE DE RAOUL II.

Le duc Conan III en mourant (1148) désavoua pour son fils un certain Hoël, jusque-là réputé, à tort, comme tel.

Le trône ducal revenait alors à la fille de Conan III, Berthe, veuve d'Alain de Penthièvre (oncle de Raoul II), de qui elle avait eu, avant 1140, un fils appelé Conan, encore mineur. Berthe était remariée à Eudon de Porhoët. Elle ne fut pas unanimement reconnue duchesse de Bretagne ; les Nantais se déclarèrent partisans de Hoël le désavoué.

Raoul II de Fougères soutint la duchesse Berthe, sa tante, pour qui était le bon droit.
Un peu plus tard, une nouvelle difficulté surgit. Mécontents de Eudon de Porhoët, qui gouvernait le duché au nom de sa femme, la duchesse Berthe, un certain nombre de jeunes seigneurs bretons se rangèrent autour du fils de la duchesse, Conan, qui ne se résignait pas à attendre sa majorité pour régner.

Les barons de Bretagne les plus autorisés, les sires de Penthièvre, de Dinan, de Léon, de Vitré, de Dol, de Fougères, soutinrent Eudon, et Conan dut se refugier en Angleterre (1154).

Hoël lui-même se soumit à Eudon.

Or, en Angleterre venait d'accéder au trône le roi Henri II Plantagenet, qui était cousin germain de la duchesse Berthe et, par conséquent, oncle à la mode de Bretagne du jeune Conan. Arguant de cette parenté, Henri II intervint et se posa en protecteur de Conan qui, l'année suivante (1155), entra en Bretagne avec un corps de troupes anglaises.

Le procédé était blâmable ; mais un fait s'était produit, qui changeait la face des choses : Conan était devenu majeur. La duchesse Berthe ne semble pas s'être opposée à l'avènement de son fils ; mais Eudon, soit qu'il jugeât Conan trop peu sérieux, soit que, poussé par l'ambition, il désirât conserver l'autorité, refusait à l'héritier du duché l'administration et le gouvernement de la Bretagne.

En cette occurrence, Raoul II prit parti pour son cousin Conan, estimant sa cause légitime. Eudon fut fait prisonnier par le baron de Fougères et Conan fut reconnu comme souverain de la Bretagne, en 1156, après quoi Raoul rendit la liberté à Eudon.

 

HENRI II, ROI D'ANGLETERRE, DÉTRUIT LE CHÂTEAU DE FOUGÈRES (1166).

Deux ans plus tard (1158), le duc Conan soulevait l'indignation générale des Bretons en cédant, par peur, le comté de Nantes au roi d'Angleterre, Henri II, qui le réclamait, les armes à la main, en tant qu'héritier de son frère Geoffroy d'Anjou, à qui les Nantais, révoltés contre le duc, s'étaient donnés en 1156.

Les seigneurs bretons ne voulurent pas tolérer un pareil démembrement du duché : une ligue puissante se forma contre Conan.

Raoul II de Fougères en fut l'âme.

En 1164, l'insurrection éclata.

Effrayé, le duc appela les Anglais à son aide. Durant deux ans, les Bretons patriotes luttèrent contre Conan et contre les Anglais, commandés par le connétable Richard du Hommet.

En 1166, le roi Henri d'Angleterre, en personne, envahit le comté de Rennes à la tête d'une grosse armée. La guerre se concentra autour de Fougères, ville très forte et bien pourvue.

L'intrépide Raoul, qui s'y était, renfermé, tint vaillamment tête au roi d'Angleterre. Des secours lui étaient promis par le roi de France ; malheureusement, ils ne vinrent pas.

Dès lors, Raoul devait succomber.

Les Anglais, vainqueurs, saccagèrent la ville et notamment l'hôpital ; entrèrent dans le château et le détruisirent de fond en combles (1166) [Note : C'est alors que dut disparaître la statue aujourd'hui appelée N.-D. des Marais].

La chute de Fougères entraîna celle de la ligue bretonne : Conan triomphait !

 

LA BRETAGNE SOUS LE JOUG ANGLAIS.

Mais voici, pour Conan, le revers de la médaille et le châtiment. En récompense du service rendu, le roi d'Angleterre exigea que le duc fiançât sa fille Constance, alors âgée de cinq ans, à son propre fils Geoffroy d'Angleterre, âgé lui-même de huit ans. Et le roi réclama pour lui, jusqu'à la majorité du fiancé, le gouvernement de la Bretagne.

Le duc Conan eut la lâcheté d'abdiquer (1166). L'histoire l'a flétri du nom de Conan le Petit.

Durant une quinzaine d'années, on vit ainsi la Bretagne sous le joug du roi d'Angleterre. Profondément humiliée, elle résista de toutes ses forces.

 

RÉSISTANCE DE RAOUL II DE FOUGÈRES. — COMBAT DE LA BATAILLÈRE (1173).

Comme c'était à prévoir, Raoul II refusa de rendre hommage au roi anglais. Il se mit à la tête d'une nouvelle ligue (1173), de concert avec Geoffroy, le fiancé de Constance de Bretagne, lequel, à la veille de sa majorité, était brouillé avec son père.

Raoul avait déjà commencé de rebâtir son château. (Il reste encore des fragments importants de son œuvre).

Des Brabançons, à la solde de l'Angleterre, se dirigèrent sur notre ville pour la ruiner à nouveau, mais Raoul II les défit (1173), sur la route de Fougères à Saint-James. (Un village du nom de la Bataillère rappelle ce souvenir). Il brûla ensuite Saint-James et le Teilleul.

 

RAOUL II PRISONNIER A DOL. — LA PAIX DE 1175.

A nouveau, le roi d'Angleterre se dirigea, en personne, vers Fougères. Par une manœuvre habile, Raoul II sut le mettre en fâcheuse posture. Henri dut s'enfuir.

Malheureusement, dans sa fuite, le roi anglais rencontra les gens de la ville qui, dans la crainte d'un nouveau siège, emportaient déjà, vers les « cachettes de la forêt » [Note : L'expression est tirée de la chronique de Robert du Mont, abbé du Mont St-Michel. M. Maupillé, après avoir cru que ces termes désignaient la salle souterraine connue sous le nom de Cellier de Landéan, a changé d'opinion et a prétendu que cette salle n'est autre que la cave de l'ancien manoir de la Forêterie (Deux cantons de Fougères, p. 91). — M. Le Bouteiller, au contraire, soutient la première opinion (II, 282 et suiv.)], tous leurs trésors, ainsi que les paysans conduisant leurs bestiaux pour les parquer à l'abri de l'ennemi [Note : Peut-être dans la vaste enceinte où j'ai cru reconnaître un oppidum]. Sur tous ces braves gens, le roi d'Angleterre fit un butin considérable qui le consola de son échec.

Ce désastre n'empêcha pas Raoul de prendre Dol et Combourg. Mais la fortune le trahit sous les murs de cette dernière ville. Battu, le 11 août 1173, le baron de Fougères se refugia à Dol, où le roi d'Angleterre vint l'assiéger.

Raoul dut capituler, le 26 août 1173.

Pour conserver sa liberté, il donna ses fils en otage, puis il se retira avec quelques compagnons d'armes dans les forêts qui couvraient la frontière bretonne, harcelant sans cesse les troupes anglaises.

La paix, qui se conclut en 1175, permit à Raoul de rentrer à Fougères ; ses fils lui furent rendus, et il put s'occuper de réparer les ruines amoncelées par la guerre.

 

HAUTE SITUATION DE RAOUL II.

En 1181, Geoffroy d'Angleterre, depuis si longtemps fiancé à Constance de Bretagne, put enfin l'épouser, et il prit en mains le gouvernement du duché (1181-1186).

Il sut séparer les intérêts de la Bretagne de ceux de l'Angleterre. Il chercha à s'attacher Raoul de Fougères et l'éleva à la plus haute dignité, en le nommant grand chancelier de Bretagne. Raoul avait déjà été maintenu, par Conan IV, dans la charge de grand forestier, confiée à son père par Conan III. C'était le personnage le plus considéré du duché.

Le duc Geoffroy mourut en 1186. Il eut un fils posthume, le malheureux Arthur de Bretagne.

Lorsque Raoul de Fougères vit le pays tranquille, il partit pour la Terre-Sainte. Il était de retour en 1193.

Dans les derniers jours de sa glorieuse vie, Raoul se retira dans la maison que ses ancêtres avaient déjà bâtie près de l'abbaye de Savigny. C'est là qu'il mourut, le 15 juin 1194.

Il fut inhumé dans le cloître [Note : Sa pierre tombale, achetée par le Général de la Riboisière, après être restée longtemps dans le parc de Monthorin, a été offerte par son petit-fils à la Ville de Fougères qui l'a déposée au château].

Telle fut, brièvement résumée, l'histoire du héros fougerais, auquel notre ville se doit d'élever un monument de bronze ou de granit.

 

GEOFFROY DE FOUGÈRES (1194-1212). — ASSASSINAT D'ATHUR DE BRETAGNE (1203).

A la mort de Raoul II, la terre de Fougères revint à son petit-fils Geoffroy encore mineur, confié à la tutelle de son grand-oncle, Guillaume l'Angevin.

Geoffroy épousa Mathilde de Porhoët. Cette union amena un héritage considérable à son fils, Raoul III, qui devint ainsi possesseur de Josselin.

C'est pendant que Geoffroy était baron de Fougères qu'eut lieu la triste fin d'Arthur de Bretagne. La mort de Richard Cœur de Lion avait fait de son neveu, Arthur de Bretagne, l'héritier légitime du trône d'Angleterre. On sait que Jean sans Terre, frère de Richard Cœur de Lion, et par conséquent oncle lui-même d'Arthur, pour s'assurer le trône anglais, tua son neveu de ses propres mains, à Rouen, en 1203.

On sait également qu'à la suite de ce crime abominable le roi de France, Philippe-Auguste, cita Jean sans Terre devant la Cour des Pairs, qui déclara l'assassin déchu de tous ses droits en France, ce qui permit la réunion à la couronne de la Normandie, de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou.

Le seigneur de Fougères et son tuteur aidèrent à reprendre aux Anglais Loches et Chinon (1205).

Pour trancher un différend avec Juhel de Mayenne, qui prétendait avoir droit à l'hommage du seigneur de Fougères, Geoffroy lui céda, en 1209, Pontmain et le terrain compris entre la Glaine et l'Airon.

On croit que c'est Juhel de Mayenne qui édifia à Pontmain le château fort dont il reste des ruines près de l'étang. Geoffroy de Fougères et son grand-oncle, Guillaume, moururent la même année (1212), et furent enterrés dans le cloître de Savigny.

 

PIERRE MAUCLERC, DUC DE BRETAGNE, BATIT LE CHATEAU DE SAINT-AUBIN-DU-CORMIER (1223).

La mort du duc Arthur (1203) fit héritière du duché Alix, fille de la duchesse Constance et de son second mari, Guy de Thouars.

A l'instigation du roi Philippe Auguste, qui dévoilait ainsi de profonds desseins, et prenait, en politique avisé, des gages pour l'avenir, Alix épousa un prince de la Maison de France [Note : Pierre de Dreux descendait du roi Louis VI le Gros], Pierre de Dreux, que l'on connaît surtout sous le nom de Mauclerc.

C'est Pierre Mauclerc qui, en 1223, bâtit le château et créa la ville de Saint-Aubin-du-Cormier. Pour attirer des habitants dans cette nouvelle cité, le duc leur accorda de nombreux privilèges, notamment l'exemption de certains impôts et des droits d'usage dans la forêt de Rennes. Après la réunion de la Bretagne à la France, ces privilèges furent confirmés par les rois.

Trompant l'un des espoirs du roi de France, Pierre Mauclerc, malgré sa qualité de prince du sang, malgré la sagesse de la reine régente, ne sut résister à l'idée de rébellion qui hantait tous les grands feudataires ; il prit part à la révolte des seigneurs contre Blanche de Castille pendant la minorité de saint Louis.

Une cour de justice le déclara, à bon droit, déchu de la tutelle de son fils, Jean Le Roux, encore mineur (1230), et de l'administration du duché.

 

RAOUL III DE FOUGÈRES (1212-1256).

A la mort de son père, Geoffroy (1212), Raoul III n'avait que cinq ans. Il fut d'abord placé sous la tutelle de son cousin Juhel de Mayenne ; et à la mort de celui-ci (1220), il passa sous celle du duc Pierre Mauclerc, qui ne l'envoya en possession de la baronnie de Fougères qu'en 1229.

En 1233, Raoul épousa Isabelle de Craon.

En conséquence de la déchéance du duc Pierre Mauclerc, Raoul III de Fougères s'était rendu, en 1230, avec d'autres seigneurs, à Athée, près de Craon, où se trouvait le roi saint Louis. Il lui rendit hommage pour toutes ses possessions de Bretagne et de Normandie, « sauf le droit de l'héritier de Bretagne, quand il atteindra ses 21 ans ».

Et il accepta que le roi de France mît une garnison à Fougères.

Raoul resta dans les meilleurs termes avec le grand et saint monarque ; il eut avec lui de fréquents rapports.

En juin 1231, Pierre Mauclerc s'empara brusquement du château de Fougères ; mais les troupes du roi le reprirent presqu'aussitôt.

Le passage de saint Louis à cette époque est signalé à Laval, et l'on dit, à cette occasion, qu'il quitta cette ville pour se rendre à Fougères. D'autre part, on sait que l'armée royale avait pour objectif la place forte de Saint-Aubin-du-Cormier, résidence favorite de Mauclerc. Il est donc tout à fait vraisemblable que saint Louis soit venu lui-même reprendre la place de Fougères, en allant mettre le siège devant Saint-Aubin.

Une trève fut signé entre le roi et Mauclerc, « dans le camp, devant Saint-Aubin ».

En 1235, le jour de la Toussaint, Raoul III eut le grand honneur d'être armé chevalier par le roi saint Louis. En 1248, il l'accompagna en Terre-Sainte.

Une circonstance curieuse du règne de Raoul III, c'est le traité qu'il conclut avec le duc Jean Le Roux, en 1239 ; une des clauses est ainsi conçue : « En ce qui concerne les Juifs, le comte ou duc de Bretagne accorde au sire de Fougères que leurs usures cesseront dès le commencement des guerres. Quant aux réclamations élevées par eux, le duc veut que le sire de Fougères les juge et qu'il ait, sur cette matière, la même juridiction, exactement, dont jouit le sire de Vitré ».

On sait que les Juifs furent chassés de Bretagne par le duc, l'année suivante. Avouons que nos ducs n'étaient pas mal inspirés en la circonstance.

On possède de Raoul III une lettre qu'il écrivit au pape en 1244, pour lui demander la canonisation de saint Vital, premier abbé de Savigny, de Geoffroy son successeur, de Pierre et de Ramon, moines de la même abbaye, et de Guillaume Niobé, ermite.

Saint Hamon était originaire du village de Landécot, en Saint-Etienne-en-Cogles.

Raoul III mourut en 1256 et fut enterré à Savigny.

C'était le dernier représentant de cette grande et belle famillle de Fougères, véritable famille de preux qui, pendant près de trois siècles, avait présidé aux destinées de notre pays. Il se montra, en tous points, digne de ses ancêtres, aussi bons que vaillants, aussi pieux qu'habiles. Sa haute situation s'était encore accrue à la suite de l'héritage du Porhoët.

Aussi sa fille, Jeanne de Fougères, put-elle contracter une alliance des plus brillantes.

 

JEANNE DE FOUGÈRES.

Raoul III n'avait qu'une fille, Jeanne de Fougères.

Le 23 janvier 1253, elle avait épousé, dans l'église abbatiale de Savigny, l'un des plus grands seigneurs de France, Hugues XII de Lusignan, comte de la Marche et de l'Angoumois, neveu du duc de Bretagne Jean Le Roux.

Elle apporta, à la mort de son père (1256), la terre de Fougères à son mari ; on a attribué (LE BOUTEILLER, III, 13), à elle ou à ses enfants, des travaux d'embellissement et de rajeunissement au château de Fougères.

Il faut placer sa mort vers 1300.

Par son testament, qui est connu (DUPAS, Hist. des seig. de Foug. — Voir LE BOUTEILLER, III, 23), et dont les dispositions nous montrent cette grande dame sous un aspect sympathique, elle demandait à être enterrée à Savigny, près de ses ancêtres.

(Emile Pautrel).

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