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EGLISES PAROISSIALES DE LA VILLE DE FOUGERES

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La ville de Fougères, qui, avant la révolution, comptait trois paroisses, Saint-Léonard, Saint-Sulpice et Saint-Pierre-de-Rillé, n'en compte plus que deux en 1846, celle de Rillé ayant été réunie à Saint-Sulpice.

[Note : Nous sommes redevables à M. l'abbé Troprée d'une grande partie des recherches que nous publions sur les églises et les chapelles de Fougères].

ÉGLISE SAINT-LEONARD

Dès la fin du XIème siècle, avant que la paroisse de Saint-Léonard fût érigée, la ville de Fougères possédait un édifice religieux sur la plate-forme que couronne aujourd'hui notre principale église.

Ville de Fougères (Bretagne) : église de Saint-Léonard.

Cet édifice, qui était dans des proportions bien moindres que l'église actuelle, n'occupait pas non plus exactement la même place : le mur de son enceinte méridionale était un peu plus avancé vers le sud, et son axe, légèrement incliné vers le nord-est, tendait à former, avec le plan de la nouvelle église, un angle aigu dont le sommet se trouverait dans la direction de l'est. Du reste, les travaux entrepris en 1777, pour l'abaissement et le nivellement du cimetière, ont mis à découvert toute la partie des fondations qui n'a pas été comprise dans la nouvelle enceinte, et il suffit de jeter un coup-d'oeil sur cette muraille, que l'on remarque à fleur du sol, à quelques pas du mur méridional de l'église, pour se faire une idée de la position et des dimensions de cet édifice, que nous croyons avoir été achevé l'an 1100 [Note : Notre opinion repose sur une date grossièrement exprimée en chiffres romains, et que nous avons trouvée gravée sur une pierre placée en oeuvre, dans la construction de l'église actuelle. Les matériaux provenant de la démolition du premier édifice ayant été employés à la construction des deux autres qui l'ont remplacé, nous ne pensons pas que l'on puisse attribuer un autre sens à cette date que la commémoration de l'achèvement de ce premier édifice].

Plus tard, on le remplaça par une autre église, élevée à la place qu'occupe aujourd'hui la nef principale. C'était, comme la première, une simple nef sans chapelles ni bas-côtés, et dont le prolongement vers l'ouest était bien moins considérable que ne l'est celui de l'église actuelle. Quelques pans des murs latéraux du choeur, qui appartiennent à cette seconde construction, nous permettent, à défaut de date précise, de déterminer la fin du XIIIème ou le commencement du XIVème siècle comme l'époque de sa fondation.

Enfin, en 1404, la ville ayant pris un accroissement considérable, et l'église étant devenue insuffisante pour contenir les nombreux habitants de la paroisse, on songea une troisième fois à en bâtir une nouvelle qui fût plus en rapport avec la population de la ville.

Les travaux, commencés en 1405, furent poussés avec tant d'activité, qu'en 1407 l'on put bénir la chapelle des Agonisants, qui fut consacrée sous l'invocation de saint Jacques, apôtre. La cérémonie eut lieu au mois de mai, et le consécrateur fut Monseigneur Anselme de Cantemerle, évêque de Rennes.

Cependant l'église ne fut totalement achevée qu'en 1444. Elle avait, dès cette époque, la disposition que nous lui voyons encore en 1846, sauf deux petits autels consacrés, l'un à Notre-Dame-de-Bon-Secours, l'autre aux saints Anges, qui étaient appuyés aux deux premiers piliers qui séparent la nef principale des nefs latérales, et un troisième autel, consacré à saint Michel, qui se trouvait un peu au dessous de la porte mortuaire actuelle.

Ces autels, et l'église même tout entière, étaient dus à la munificence de quelques habitants de la paroisse, et ses registres nous ont transmis, avec le témoignage de la reconnaissance des contemporains, les noms d'Adrien Paël, fondateur de la chapelle des Agonisants (1407) ; de Michel Lasne, fondateur de la chapelle de la Sainte-Vierge (1429) ; do Julien-Marc Girault ; Michel le Limonnier de la Marche ; Henri Champion de la Chesnardière ; Henri Corvaisier de la Cour-Gelée, et enfin de Rolland Lasne, sieur de Lasnerie, en Saint-Ouen-des-Alleux, qui est regardé comme le principal fondateur.

Ville de Fougères (Bretagne) : église de Saint-Léonard.

L'église, telle qu'elle était à cette époque, s'avançait jusqu'au parapet du mur qui borde la rue, et se réunissait à l'hôtel-de-ville par un autre mur, au milieu duquel on avait pratiqué une porte dont on voit encore les culées de la voûte attenant au pignon de l'hôtel-de-ville. Mais cette disposition ne permettant pas aux processions de faire le tour de l'église, on prit le parti de détruire ce mur et de reculer le choeur de manière à laisser un passage, ce qui fut exécuté en 1586.

La tour restait encore à bâtir. Plusieurs générations passèrent avec le désir de voir mettre la dernière main à l'oeuvre de nos pères ; mais nous ignorons quel concours de circonstances en suspendit la réalisation jusqu'au XVIIème siècle. Les travaux, interrompus pendant la peste, ne furent terminés qu'en 1637. — L'église de Saint-Léonard n'était, dans le principe, qu'une collégiale bâtie sur le territoire de la paroisse de Saint-Pierre ou de Saint-Jean d'Iné, dont elle dépendait. Mais ces deux petites églises, éloignées du centre de la population qui s'agglomérait dans l'enceinte de la ville naissante, ne devaient pas conserver longtemps une juridiction qui ne reposait que sur une priorité de fondation, et qui pouvait leur être ravie par un simple acte de l'autorité compétente.

Aussi, dès l'an 1144, vit-on le pape Lucius, à la sollicitation des seigneurs de Fougères, supprimer les deux petites paroisses de Saint-Jean et de Saint-Pierre d'Iné, et les réunir à celle de Saint-Léonard, qu'il venait d'ériger, en la substituant à tous les droits et à toutes les charges de ses deux devancières.

L'abbé de Pontlevoy, au diocèse de Blois, à qui Auffroy, seigneur de Fougères, avait donné, vers 1030, les dîmes de ces deux paroisses, avec le droit de présentation à la cure, devint par là le présentateur de la cure et le décimateur de la nouvelle paroisse.

En 1243, il abandonna une partie de ses droits, tous ceux qu'exerçait le prieur d'Iné, tels que la présentation à la cure et le revenu des oblations, à l'Aumônerie (hospice Saint-Nicolas), pour le soulagement des pauvres et la subsistance des clercs qui y étaient attachés.

Les seigneurs de Fougères ne tardèrent pas, en leur qualité de fondateurs et d'administrateurs de l'Aumônerie, à s'emparer de la concession de l'abbé de Pontlevoy ; et, soit qu'ils aient racheté ce droit ou qu'ils prétendissent l'exercer de leur propre autorité, nous voyons, vers 1260, Hugues de Lusignan s'arroger la présentation du curé ; et depuis, tous ses successeurs, ducs de Bretagne ou rois de France, jusqu'en 1790, n'ont pas manqué de suivre son exemple. C'est en raison de cette présentation par le roi que l'église de Saint-Léonard prenait le titre pompeux de la Royale.

Cependant l'abbé de Pontlevoy s'était réservé pour lui-même les dîmes de la paroisse, et la quotité qu'il abandonna au curé étant indéterminée, varia selon les temps.

En 1562, le curé de Saint-Léonard, informé que l'abbaye de Pontlevoy avait été brûlée par les huguenots, et supposant que les archives avaient été détruites dans l'incendie, voulut s'affranchir d'une dépendance qui lui était aussi pénible qu'onéreuse Il s'attribua en conséquence les dîmes de la paroisse, et refusa d'en tenir compte à l'abbé ; mais, dans la prévision d'une guerre, celui-ci avait fait transporter les archives de son abbaye au château d'Amboise, et il lui fut facile de justifier de ses droits. Néanmoins l'affaire fut portée au Parlement, et soutenue par quatre curés successifs jusqu'en 1575, qu'une sentence les débouta de leur demande.

Deux ans après, en 1577, un accord entre les religieux et le recteur régla le partage des dîmes moitié par moitié. Avant cette époque, le recteur ne recevait que le tiers. En 1611, les religieux concédèrent encore au recteur les dîmes de Lécousse, qu'Henri Ier avait données en 1140 à Pontlevoy. Enfin, en 1619, ils lui confirmèrent tous les droits qu'avaient exercés ses prédécesseurs, et moyennant une somme qu'ils s'engagèrent à lui payer chaque année, ils obtinrent de lui qu'il ne percevrait aucune redevance en nature. Cette somme fut d'abord fixée à 400 livres (1625) ; mais la déclaration du roi, du mois de mai 1768, ayant porté à 500 livres les portions congrues des recteurs, les religieux accordèrent cette somme à celui de Saint-Léonard, qui l'a touchée jusqu'à l'époque de la révolution.

Ville de Fougères (Bretagne) : église de Saint-Léonard.

L'église de Saint-Léonard, érigée en paroisse, conserva néanmoins sa collégiale ; et la qualité de recteur ne donnait pas nécessairement celle de chapelain, ou membre de cette collégiale : il s'est même présenté deux cas, l'un en 1626, l'autre en 1642, où les recteurs n'ont pu parvenir à cette dignité qu'après de longs débats, dans lesquels l'autorité ecclésiastique fut obligée d'intervenir.

Le nombre des chapelains était de sept. Leur présentation appartenait au collège et aux prévôts, leur nomination au roi : d'où ils prenaient le titre de chapelains royaux.

Une condition essentielle pour obtenir cette dignité était d'être natif de la paroisse, et l'on ne cite qu'une seule exception à cette règle.

Chaque chapelain avait pour titre et provision de sa dignité une des chapelles de la paroisse, au service de laquelle il était plus spécialement attaché.

Leurs revenus consistaient dans la perception des droits appartenant à ces différentes chapellenies, et dans des rentes en argent et en denrées [Note : A la fin du XVIIème siècle, ils pouvaient s'élever à 3.000 livres].

Pour leur éviter les nombreuses distractions dans lesquelles les aurait nécessairement entraînés la gestion de leurs affaires temporelles, l'administration en était confiée à trois prévôts laïques, qui étaient d'abord nommés par le seigneur de Fougères, puis, en dernier lieu, par le conseil général de la paroisse : ils devaient être choisis parmi les principaux bourgeois de la ville.

Ces chapelains formaient un clergé tout-à-fait différent de celui de la paroisse, à peu près comme les chanoines dans les églises cathédrales, qui sont en même temps églises paroissiales ; ainsi, ils avaient pour leur service un personnel particulier de gens à gages, tels que bedeaux, sacristains, chantres, choristes, etc., qui ne dépendaient en rien du recteur.

En 1642, M. de la Motte Houdancourt, évêque de Rennes, leur accorda la préséance sur le clergé de la paroisse, moins le recteur.

Les principales obligations des chapelains consistaient dans l'assistance à la grand'messe, aux vêpres et matines, qui se chantaient chaque jour dans l'église de Saint-Léonard. Ils portaient, pour marque distinctive, le chaperon ou domino à queue pendant l'hiver, et un petit bourrelet noir par dessus le surplis pendant l'été.

A la suite de longues et nombreuses discussions avec le clergé de la paroisse, M. de Breteuil, évêque de Rennes, supprima, en 1731, les chapelains royaux de Saint-Léonard ; mais son ordonnance ne fut point exécutée, et la révolution seule mit fin à leur existence. Ils habitaient une maison voisine de l'église, que l'on désigne encore aujourd'hui sous le nom de maison des chapelains.

L'église de Saint-Léonard renfermait autrefois un grand nombre de tombeaux, dont les pierres ont été détruites ou effacées en 1783, lorsqu'on refit le pavé. Les seuls qui subsistent en 1846 sont :

1° Devant la chapelle des Agonisants, ceux de Colin Paël, de Michel Pelet et de leurs épouses ;

2° Devant l'autel de la Sainte Vierge, celui de Roland Lasne, sans épitaphe, et avec l'effigie d'un chevalier ;

3° Dans la troisième travée de la nef septentrionale, cinq tombeaux de la famille Le Limonnier.

Cet enfeu lui avait été accordé par lettres-patentes du mois de mars 1571.

4° Enfin, dans l'estrade des fonts, on voit une pierre tombale qui recouvrait le corps d'Henri Corvaisier [Note : Deux familles, celles de la Villegontier et de Marigny, avaient chacune leur enfeu dans le choeur de Saint-Léonard, la première à gauche, la seconde à droite de l'autel. Ce droit d'enfeu avait été accordé à la maison de Marigny par lettres-patentes du roi Henri IV, en 1605, en récompense des services rendus à l'Etat par M. Harpin, seigneur de Marigny, conseiller du roi en tous ses conseils].

Ville de Fougères (Bretagne) : église de Saint-Léonard. Ville de Fougères (Bretagne) : église de Saint-Léonard.
   

La place qui environne l'église servit à la sépulture des habitants de la paroisse jusqu'en 1777. Elle était alors élevée d'environ 1 mètre au dessus de son niveau actuel, et bornée, du côté de la place, par le mur de ville. En 1776, le général de la paroisse ayant afféagé cette partie du rempart, on songea à le faire disparaître. On baissa la place de deux ou trois pieds ; on reprit les fondations de l'église en sous-œuvre, et l'on remplaça le mur de ville par le mur de banquette qui subsiste encore en 1846.

On détruisit également un ossuaire imposant qui s'élevait devant la grande porte de l'église, et dans lequel on recueillait tous les ossements que l'on découvrait en creusant les sépultures (L. Maupillé et A. Bertin, 1846).

 

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Quiconque a vu Fougères garde souvenir de cette petite ville si pittoresquement assise sur un mamelon qu'entoure un cirque de hautes collines. A ses pieds coule le Nançon arrosant les vieilles murailles de la forteresse de ses puissants barons, et dans cette même vallée apparaît l'intéressante église gothique de Saint-Sulpice ; puis une véritable rue du moyen âge, la Pinterie, gravit la montagne en circuitant d'une façon fort abrupte ; elle conduit aux belles promenades de la haute ville, reliant ainsi la paroisse de Saint-Sulpice à celle de Saint-Léonard dont on aperçoit la majestueuse église au sommet de la colline. Que de souvenirs se rattachent à ces deux temples ! Saint-Sulpice, c'est l'antique paroisse de Fougères, sanctifiée dès l'origine par les disciples de saint Benoît, et devenue célèbre par la statue miraculeuse de Notre-Dame du Marais. Saint-Léonard, moins ancienne comme église paroissiale, date aussi d'assez loin cependant, car elle offre encore une chapelle de la fin du XIIème siècle ; mais sa nef principale ne fut élevée que vers 1380 et ses collatéraux n'appartiennent qu'au XVème siècle.

Notre intention n'est point toutefois de présenter ici l'histoire des églises de Fougères ; l'historien de cette ville n'est-il pas dans ses murs, travaillant depuis de longues années, avec autant de courage que de talent, à recueillir ses annales éparses dont l'ensemble constitue grâce à lui un vrai monument historique.

Pour la vingtième fois peut-être nous traversions naguères la vieille cité fougeraise, et remontant le quartier de la gare qui a transformé tout ce côté de la ville, nous nous rappelions avec tristesse l'époque où il nous avait été donné de visiter le très curieux hôpital Saint-Nicolas, construction de beau style roman, aujourd'hui complètement disparue ; lorsque tout à coup, précisément dans la rue ouverte sur l'emplacement du vieil Hôtel-Dieu, nous aperçûmes le nouveau portail de l'église Saint-Léonard. D'instinct nous nous arrêtâmes en face de ce beau travail, et alors, — que les archéologues nous le pardonnent ! — nous oubliâmes les jolies arcatures du XIIème siècle du bon vieux Saint-Nicolas pour admirer tout à notre aise la façade moderne qui se présentait à nous.

Construit avec raison dans le style ogival flamboyant qui domine dans le reste de l'église, le portail de Saint-Léonard n'a pour nous qu'un défaut, c'est d'être placé à l'orient de l'édifice, là où liturgiquement devrait être le chevet. Mais, hélas ! qui donc de nos jours, même parmi nos meilleurs architectes, s'occupe de l'orientation d'une église ! Passons donc et, cette réserve faite, ne refusons point nos compliments à ceux qui ont entrepris et conduit si bien cette belle œuvre d'architecture. La grande porte, de forme ogivale, s'ouvre sous un fronton aigu richement ornementé ; son tympan est ajouré de délicats enroulements flamboyants ; ses voussures assez profondes retombent jusqu'à terre sans reposer sur des colonnettes. Au dessus règne une première galerie, puis apparaît enfermée dans un grande voûte ogivale, une admirable rose n'ayant pas moins de six mètres de diamètre ; c'est le morceau capital de la façade, le chef-d'œuvre de l'architecte et du sculpteur ; rien n'est plus élégant, plus finement dessiné, plus profondément fouillé !.

Cette merveilleuse fenêtre rappelle sans conteste les plus belles roses du moyen âge. Une seconde galerie court au dessus, et le galbe se termine par un joli fronton tout garni de choux, feuillages, etc., flanqué de deux gracieux clochetons. Quant aux contreforts ils sont convenablement ornés et se terminent par des pinacles qui contribuent à donner à l'ensemble un cachet architectural fort élancé. Tel est, — autant que notre mémoire nous le rappelle — la nouvelle façade de l'église Saint-Léonard.

On comprend qu'un tel portail donne au voyageur l'envie d'entrer dans l'église même ; aussi nous empressâmes-nous d'y pénétrer. Là encore nous apparut un magnifique monument ; nous voulons parler du maître-autel, somptueux assemblage de marbres précieux, de cuivres dorés finement ciselés et d'admirables émaux aux mille couleurs enchassés dans l'or comme des pierres précieuses dans un riche écrin.

De style ogival primitif, touchant plutôt au rayonnant qu'au flamboyant, cet autel fait vraiment honneur à la maison Poussielgue-Rusand, de Paris, dans les ateliers de laquelle il a été construit. La table soutenue par six colonnes présente entre chacune d'elles de charmants cartouches XIIIème siècle offrant au centre l'Agneau Divin et de chaque côté les attributs des quatre Evangélistes et des monogrammes mêlés à des croix fleuronnées. Le tabernacle d'une très grande richesse, composé des marbres les mieux choisis, est accosté de deux grands bas-reliefs formant la base du retable : d'un côté l'Adoration des mages, de l'autre la dernière Cène du Sauveur. Sept grandes arcades s'élèvent ensuite toutes en cuivre doré, reposant sur un vaste soubassement de marbre blanc rehaussé d'émaux d'un merveilleux éclat. L'arcade centrale sert de niche d'exposition ; elle est trilobée, surmontée d'un fronton à crochets et terminée par un beau clocheton ; celui-ci octogone à sa base, puis hexagone, est flanqué de petits pinacles et s'élève fort hardiment, portant jusqu'aux voûtes de l'église sa flèche délicatement ouvragée. Des autres arcades au nombre de trois de chaque côté du tabernacle, celle du centre est également surmontée d'un clocheton de même genre que le précédent ; les autres supportent des enroulements métalliques, véritables dentelles d'or au milieu desquelles se dressent quatre statues d'anges portant les instruments de la Passion. Sous ses riches arcades formant comme un svelte cloître gothique autour du tabernacle reposent deux grandes châsses pleines d'insignes reliques. Enfin une belle croix domine toutes ces arcades, tous ces clochetons et toutes ces statues, et deux grands candélabres de bronze doré achèvent la splendide ordonnance de cet autel, véritable édifice éblouissant d'or, construit avec autant de goût que de richesse.

La conclusion de ce que nous venons de dire est certes en l'honneur des paroissiens de Saint-Léonard de Fougères ; et pourtant nous n'avons pas révélé tout ce que leur libéralité jointe à la sage et intelligente administration de leur pasteur a produit de merveilles. Pendant que nous admirions, en effet, ce beau portail et ce riche autel, nous oubliions que l'église elle-même a été en grande partie refaite depuis vingt ans, qu'une immense verrière occupe maintenant son chevet, qu'une base de tour nouvelle s'élève déjà vis-à-vis l'ancienne, et qu'une sacristie vraiment monumentale vient d'être construite. Bien plus, nous savons qu'au moment même où nous écrivons ces lignes (1888), on installe de magnifiques orgues à Saint-Léonard, dans une vaste tribune construite au bas des nefs. Tous ces travaux, vraiment extraordinaires dans une petite ville comme Fougères, ne prouvent-ils pas qu'avec la foi, la bonne volonté et l'union des coeurs on peut de nos jours renouveler les merveilles des temps passés ?

(abbé Guillotin de Corson).

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