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FOUGÈRES AU DUC DE BRETAGNE

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FOUGÈRES AU DUC DE BRETAGNE (1429-1488).

 

PRISE DE FOUGÈRES PAR SURIENNE (1449) ; OCCASION D'UNE REPRISE DE LA GUERRE DE CENT-ANS.

Fougères étant une des principales places fortes de la frontière bretonne, les ducs eurent soin de l'entretenir en bon état de résistance. En 1430, nous voyons le duc y envoyer, de Rennes, des canons (DE LA BORDERIE, IV, 289).

C'est sous le règne du duc François Ier (1442-1450), fils de Jean V, que se déroula la douloureuse tragédie de Gilles de Bretagne (Voir Soc. Histoire et d'Arch. de Bretagne, I, 53), frère du duc François.

Mécontent de son partage, excité par l'Angleterre, qui ne perdait aucune occasion de diviser les Bretons, Gilles se révolta et menaça son frère d'une invasion anglaise (1446). Le duc le fit arrêter (26 juin 1446), au Guildo, et l'enferma à Moncontour (1448). Sous prétexte de le secourir, les Anglais attaquèrent soudainement, en pleine paix, notre ville de Fougères (1449). Après avoir longtemps surveillé la place, dont la garnison avait été renforcée, et y avoir envoyé des espions [Note : Le seigneur Pierre, déguisé en marchand taillandier (BOURDAULT, Soc. d'Hist. et d'Arch., I, 102), qui faisait introduire dans la place des anglais de la garnison de St-James de Beuvron (Id., I, 107)], François de Surienne, capitaine arragonais à la solde de l'Angleterre, à la tête de 600 Anglais, arriva nuitamment de Brecé, près Gorron, où il avait couché ; il escalada [Note : Cette manœuvre se fit sous la direction d'un spécialiste appelé « Thomassin l'Eschielleur » (DE LA BORDERIE, IV, 352)] les remparts aux environs de la tour Saint-Nicolas (ou des Noyers), appelée depuis tour de la surprise, et prit au lit la garnison fougeraise.

Surienne fit à Fougères un butin énorme, incroyable presque. Les pertes des Fougerais auraient atteint, d'après des documents formels, plus de deux millions d'écus d'or, sans compter les dégâts estimés 7.000 pièces d'or [Note : En admettant qu'à cette date l'écu d'or ait valu 25 sous, et en adoptant le multiplicateur de 25,60 indiqué par d'Avenel, on trouverait pour les 2 millions d'écus une valeur de 64 millions de francs d'avant guerre 14-18. Si on adoptait le multiplicateur de 40 comme fait M. Le Bouteiller d'après Leber, on arriverait à plus de 100.000.000 de francs, à quoi il conviendrait d'ajouter la valeur de 7.000 pièces d'or insuffisamment désignées. Si c'étaient des écus, il faudrait estimer les dégâts à 224 ou 350.000 francs, en admettant toujours que l'écu ait alors valu 25 sous]. Il fallait que notre petite ville fût étonnamment riche et prospère pour qu'on pût y faire un pareil butin. Mais cet événement fut un affreux désastre.

Le duc de Bretagne députa vers Surienne le connétable de Bretagne, Michel de Parthenay, seigneur des Acres, en Parigné.

De son côté, le roi de France, justement ému de cette agression, envoya des ambassadeurs en Angleterre.

Satisfaction n'ayant pas été accordée, il fallut en venir aux mains ; ce fut l'occasion de la reprise de la guerre de Cent-Ans, qui se termina rapidement par la victoire de la France.

 

LE DUC DE BRETAGNE REPREND FOUGÈRES (1449).

Le duc de Bretagne, François Ier, vint assiéger Surienne dans Fougères. Le Connétable de France, qui était alors l'oncle du duc, Arthur comte de Richemont, bientôt duc lui aussi, rejoignit, sous les murs de Fougères, l'armée bretonne, forte d'environ 8.000 hommes.

Le siège dura deux mois. Pour préserver les remparts du choc des boulets, les assiégés garnissaient les murailles de balles de laine (il y avait à Fougères des manufactures de draps) et de sacs remplis de fumier et de terre, matériaux que les assiégeants s'efforçaient d'attirer avec de grands crochets.

Surienne dut se rendre ; il obtint de sortir avec les honneurs de la guerre, avec les 500 hommes qui lui restaient. Le duc prit possession de Fougères, le 4 novembre 1449.

C'est sous les murs de cette ville, pendant ce long siège, que François Ier tint des paroles de récrimination imprudentes contre son frère Gilles, alors détenu au château de la Hardouinais ; mais il n'est pas exact que ces paroles furent interprétées alors comme un ordre d'assassinat [Note : BOURDAULT, Soc. Hist. et Arch. de Bretagne, I, 118], ni même qu'elles furent l'occasion du meurtre, probablement dû à d'autre motifs. Si François Ier se montra dur pour son frère, qui fut vraiment coupable, c'est à tort, semble-t-il, qu'on l'a accusé de fratricide. Gilles fut cependant assassiné dans sa prison, le 25 avril 1450.

 

Les environs du château de Fougères (Bretagne).

LEGENDE :
1. Tour de la Haie-St-Hilaire. - 2. Tour de Plesguen. - 3. Porte de la Couarde. - 4. Pont Motteroul. - 5. Maison à Jehan Champion. - 6. Tour du Hallay. - 7. Tour de Guémadeuc. - 8. Tour de Coigny. - 9. Tour de Guibé. - 10. Donjon. - 11. Tour des Gobelins. - 12. Tour Mélusine. - 13. Poterne. - 14. Tour Coupée. - 15. Chaussée de la Couarde. - 16. Talus de la Chaussée. - 17. Hocher de la Couarde. - 18. Basse-Couarde. - 19. Future tour Surienne. - 20. Future tour Raoul. - 21. Tour du Cadran. - 22. Tour de Coëtlogon. - 23. Porte de Rillé. - 24. Maison des Gallates. - 25. Bastion du boulevard de Rillé. - 26. Tour Cardinale. - 27. Future tour de la Trémoille (porte Notre-Dame). - 28. Pavé de la porte Chesné. - 29. Chaussée de Roulard. - 30. Portes de Roulard. - 31. Pres-bytère. - 32. Moulin de Roulard. - 33. Future rue Fos Keralix. - 34. Décharges des douves. - 35. Ile Barbacane. - 36. Moulin de la tranchée ou 4 moulins. - 37. Four banal. - 38. Pont Graff ard. - 39. Barrage aujourd'hui appelé portes de Roulard. - 40. Ruelle du Parc. - 41. Ruisseau de Bémouche. - 42. Ruisseau actuel de la Couarde. - 43. Chaussée actuelle de la Couarde. - 44. Pavé de Rillé. - 45. Rivière de Rillé. - 46. Le grand logis et ses annexes. - 47. Colonne de la chapelle.

 

LES ROIS DE FRANCE CONVOITENT LA BRETAGNE. - LE DUC FORTIFIE FOUGÈRES.

Le duc François Ier ne tarda pes à rejoindre son frère Gilles dans la tombe. Il mourut le 17 juillet 1450.

Pierre II (1450-1457) et Arthur III (le connétable de Richemont) (1457-1458) ne firent guère que passer sur le trône ducal.

François II, au contraire, l'occupa trente ans (1458-1488).

Nous sommes arrivés à une époque où les rois de France redoublèrent d'efforts pour réussir dans leur projet, depuis si longtemps caressé, de réunir la Bretagne à la France.

Le roi s'appelait alors Louis XI : c'est tout dire !

François II eut fort à faire pour résister aux intrigues de ce redoutable voisin et suzerain. La fille de Louis XI, Anne de Beaujeu, poursuivit, après la mort de son père, les mêmes projets avec plus d'acharnement encore. Les intrigues redoublèrent.

On conçoit qu'il était urgent, pour le duc, de tenir Fougères, ville frontière de Bretagne, en sérieux état de défense.

C'est de cette époque que datent la superbe porte Notre-Dame, construite en avant de l'ancienne porte Chesné, dont les débris se voient encore à une trentaine de mètres plus haut, et les 2 grosses tours du château (1481-1485), si remarquables par leur force imposante, la pureté de leurs lignes et l'élégance de leur ornementation.

Les autres portes de la ville (porte de Rillé, porte Roger, porte Saint-Léonard), furent renforcées de boulevards, redans ou cavaliers ; des canonnières furent pratiquées un peu partout dans les vieux murs, au château et le long des remparts de la ville auxquels des tours de flanquement furent ajoutées ou augmentées. Les abords même des faubourgs furent défendus.

 

LA TRÉMOILLE S'EMPARE DE FOUGÈRES (1488).

Ces préparatifs étaient à peine terminés que les hostilités commençaient entre la France et la Bretagne (1487).

Charles VIII s'empara de plusieurs places, dont celle de Vitré. Il résida un mois au château de cette dernière ville.

Le 10 octobre 1487, Saint-Aubin tombait aux mains des Français ; le 15 octobre, Dol succombait à son tour.

L'année suivante, une armée française, forte de 15.000 hommes, sous le commandement de la Trémoille, le plus grand capitaine de l'époque, venant de Châtillon-en-Vendelais, où elle avait fait un assez long séjour, vint mettre le siège devant Fougères (12 juillet 1488) ; la ville était défendue par une garnison de 3.000 hommes, sous les ordres de Jean de Romillé.

Malgré sa force, la ville ne put tenir que huit jours ; elle dut se rendre le 19 juillet 1488. Le chroniqueur Joligny assure que la Trémoille, pour pouvoir approcher des remparts, fit détourner le cours du Nançon.

Cela veut dire, sans doute, que la chaussée de la Couarde fut rompue (LE BOUTEILLER, III, 263), ce qui, du même coup, mettait l'étang à sec et vidait les fossés du sud-ouest. Il est probable que c'est auprès de la porte de Rillé que la rupture fut effectuée, car un compte nous montre, après le siège, six hommes occupés, durant huit jours, à « curer la porte de Rillé » (LE BOUTEILLER, III, 265), ce qui indique qu'un certain désordre s'était produit en cet endroit.

 

BATAILLE DE SAINT-AUBIN-DU-CORMIER (28 juillet 1488).

L'armée bretonne s'était péniblement rassemblée à Rennes ; elle était forte de 11.500 hommes. Le duc d'Orléans (futur roi Louis XII), le prince d'Orange, le sire d'Albret, Dunois, révoltés contre le roi, en faisaient partie.

Elle se mit en route, par les environs de Vieux-Vy (LE BOUTEILLER, III, 266), pour venir secourir Fougères. En marche, elle apprit la reddition de la ville. Les Bretons résolurent alors d'essayer de reprendre Saint-Aubin aux Français.

De son côté, La Trémoille, après être resté quelques jours à Fougères, apprenant la marche des Bretons sur Saint-Aubin, décida de s'y porter également, à la tête de son armée.

C'est alors qu'eut lieu, dans la lande qui a conservé le nom de « la Rencontre », aux environs de la lande d'Ouée, la célèbre bataille de Saint-Aubin-du-Cormier.

Elle se termina à l'avantage des Français.

 

FOUGÈRES DEVIENT VILLE FRANÇAISE (1488).

Le duc de Bretagne, après la bataille de Saint-Aubin, demanda la paix. Elle fut signée au château du Verger, le 21 août 1488.

En vertu de ce traité, Fougères, Saint-Aubin, Dinan et Saint-Malo restèrent en possession du roi de France.

Ainsi, Fougères devint ville française avant même la réunion de la Bretagne à la France.

 

ANNE DE BRETAGNE.

Le duc François II ne survécut pas longtemps à cet échec. Il mourut le 9 septembre 1488, laissant le duché à sa fille, Anne de Bretagne, qui n'avait que douze ans. Elle avait « le cœur infiniment hault, hardy et indomptable », dit d'Argentré. « Très fine », d'ailleurs, elle était aussi « très vertueuse », assure Brantôme.

La bonne duchesse est restée populaire en Bretagne.

On sait qu'après beaucoup d'intrigues et d'incidents compliqués, après beaucoup de difficultés de toutes sortes, elle épousa, en 1491, le roi de France, Charles VIII ; puis, en 1498, le roi Louis XII, dont elle eut Claude, qui devint la femme du roi François Ier ; et qu'enfin la Bretagne fut ainsi définitivement (1532) réunie à la France, les privilèges de la province étant expressément réservés.

Les Bretons, devenus Français par suite d'alliances si honorables, furent heureux et fiers d'appartenir enfin, définitivemnt et sans conteste, à la grande nation française. Ils n'oublièrent cependant pas leur petite patrie et ne cessèrent de défendre ses privilèges, tout en restant les meilleurs des Français.

OEuvre magistrale des rois de France, qui la préparaient depuis longtemps, cette solution était devenue nécessaire et ne pouvait manquer d'aboutir tôt ou tard, étant données les mœurs francisées de nos ancêtres et la ténacité patriotique des Rois Capétiens.

Ajoutons qu'après l'annexion, ces rois, qu'on représente, à tort, comme si autocrates et si tyranniques, exercèrent leurs droits souverains avec beaucoup de discrétion, laissant les Bretons s'administrer eux-mêmes avec une liberté dont, à notre époque de centralisation, nous avons peine à nous faire idée.

(Emile Pautrel).

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