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HISTOIRE DE L'ARRONDISSEMENT DE FOUGERES

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Histoire des communes de l'arrondissement de Fougères.

L'histoire garde le plus profond silence sur l'origine des paroisses qui se trouvent aujourd'hui comprises dans l'arrondissement de Fougères ; mais nous ne pouvons pas douter qu'elles ne doivent leur naissance à une cause identique à celle que nous avons assignée à la formation des villes du moyen-âge.

Lorsqu'au Xème siècle, la société, ébranlée par la chute de l'empire de Charlemagne, commença à se rasseoir sur de nouvelles bases, les populations, que la crainte et le besoin de se soustraire aux brigandages des gens de guerre avaient tenues renfermées dans les villes et les châteaux, rassurées par le calme et la tranquillité qu'elles voyaient renaître, se répandirent çà et là dans les campagnes, et s'y groupèrent, sous les ordres d'un chef, de manière à pouvoir se livrer avec sécurité aux travaux de l'agriculture, et être en état de résister aux agressions dont la colonie pourrait être l'objet.

Chaque agglomération un peu considérable reçut un prêtre, qui devint le chef spirituel de la colonie, et le territoire, dépendant d'un même chef civil ou militaire, forma l'étendue de sa juridiction, ou la paroisse dans laquelle il devait exercer son saint ministère.

La paroisse tout entière prit le nom de l'église. Or, comme celle-ci était assez ordinairement construite auprès de l'habitation du chef militaire, lorsqu'elle ne l'était pas dans son enceinte, on la confondit avec cette demeure elle-même, et on lui donna le nom du seigneur qui l'avait fondée et la soutenait avec sa puissance et ses richesses. C'est à ce principe de formation que nous devons rattacher l'origine de plusieurs paroisses de notre arrondissement, dans les éléments des noms desquelles nous retrouvons un nom d'homme pour radical avec une terminaison qui n'est peut-être qu'une paragoge, mais qui cependant nous semble être l'expression d'un fait. Tels sont les noms de Chauvigné, Fleurigné, Louvigné, Parigné, etc., dans lesquels nous croyons reconnaître le mot ignis employé dans le sens de focus ou domus, et ajouté au nom d'homme radical pour désigner la demeure de Chauvin, de Fleury, de Loup, de Paris, etc.

Nous devons encore rattacher au même principe de formation l'origine des paroisses qui nous offrent des noms dont l'étymologie est insaisissable pour nous, et qui se rapportent soit à la topographie, comme Montours, Montault, etc., soit à des circonstances que l'histoire nous laisse ignorer, et qui sont sans aucun sens pour nous, tels que Billé, Combourtillé, etc. — Tout porte à croire que, dans la formation de ces paroisses, l'élément féodal ou civil a précédé l'élément religieux, qui seul cependant leur a donné l'organisation et la forme qu'elles ont conservées jusqu'à nos jours.

Dans le même temps, des hommes dégoûtés du monde s'en allaient loin des villes chercher la solitude et le silence, pour s'y livrer en paix à l'étude et à la contemplation des vérités éternelles. Leur réputation de science et de sainteté ne tardait pas à les faire découvrir, et bientôt elle attirait sur leurs pas de nombreux disciples, qui venaient s'instruire de leurs paroles et s'édifier de leurs exemples. Un village s'élevait alors autour de la cellule du pieux cénobite, et son oratoire, transformé en une église, dont il était le prêtre, recevait le nom du saint à l'imitation duquel il avait principalement consacré sa vie.

Mais comme la sainteté n'était qu'une défense impuissante contre les emportements et les exactions des gens de guerre à cette époque, la paroisse, une fois constituée, se choisissait un protecteur parmi les hommes les plus braves et les plus puissants du voisinage. Elle lui accordait quelques-uns des privilèges dont jouissaient les fondateurs dans les églises qu'ils avaient fondées, lui donnait la propriété et la jouissance de quelques domaines, et parvenait ainsi à se procurer l'appui dont elle avait besoin.

Or, les privilèges du fondateur, dans l'église qui lui devait l'existence, étaient considérables et nombreux. C'était à lui qu'était attribué le plus ordinairement le droit de choisir le prêtre qui devait la desservir. Il se réservait quelquefois une part de ses revenus, et il allait même jusqu'à stipuler le partage des offrandes et des biens qui pourraient lui échoir. Outre cela, il avait le droit de se faire inhumer avec sa famille dans l'endroit le plus honorable, de faire graver son nom et ses armoiries sur une litre ou ceinture, peinte sur les murailles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, etc.

Mais cette organisation des paroisses reçut bientôt une grave modification ; et à la fin du Xème siècle, nous voyons un grand nombre de nos paroisses données aux monastères par les fondateurs eux-mêmes ou les protecteurs des églises, toujours avec le consentement des évêques, qui semblent prendre à tâche de se décharger d'un fardeau qu'ils sont impuissants à soutenir.

Deux causes agirent principalement dans cette circonstance, et amenèrent les modifications que nous allons constater. La première fut le relâchement des moeurs du clergé séculier, qui, se montrant indigne de la haute et sainte mission qu'il avait à remplir, força les évêques de tirer des asiles où la pureté évangélique s'était conservée, les hommes qui devaient arrêter la société sur le bord de l'abîme où elle semblait près de s'engloutir.

La seconde, et celle-ci fut sans doute la plus puissante, fut la croyance, généralement répandue à cette époque, que le monde allait finir. La plupart des seigneurs, dont la vie tout entière avait été une longue suite d'exactions et de scandales, se persuadèrent qu'ils ne pouvaient trouver un moyen plus sûr d'obtenir leur grâce du souverain juge, qu'en donnant à Dieu, représenté par les abbayes ou les monastères, les biens dont ils avaient fait souvent un déplorable usage, et dont ils se dépouillaient avec d'autant moins de difficulté, qu'ils étaient bien convaincus qu'ils allaient leur devenir inutiles. Ils se montrèrent, en conséquence, d'une générosité excessive envers les monastères, et leur abandonnèrent le patronage et les revenus des églises dont leurs pères avaient été les fondateurs.

Le plus grand nombre des paroisses de notre arrondissement devint ainsi, du Xème au XIIème siècle, le patrimoine de quelques abbayes, qui se substituèrent en partie aux droits des fondateurs. Les églises, desservies par des religieux, auxquels l'abbé en confiait l'administration tant spirituelle que temporelle, reçurent le nom de prieurés, et l'ecclésiastique chargé de la desservir reçut celui de prieur.

Les guerres des XIVème, XVème et XVIème siècles apportèrent de nouvelles modifications dans le gouvernement des paroisses. Les monastères, ayant vu à plus d'une reprise leurs religieux expulsés, leurs cloîtres brûlés, leurs archives détruites, ne furent plus en mesure de pourvoir aux prieurés de leur dépendance, et l'ordinaire s'empressa de ressaisir ses droits, en nommant lui-même à la place devenue vacante. En d'autres circonstances, n'étant plus en état, par suite de la destruction de leurs archives, de justifier de leurs droits, l'ordinaire les leur contesta, et comme il était de droit naturel le supérieur de la communauté religieuse, à défaut de titres contraires, il ne lui fut pas difficile de faire prévaloir ses prétentions.

Cependant, l'ordinaire disposa encore quelquefois des églises ainsi rentrées dans son pouvoir, et nous voyons qu'à l'époque de la révolution, plusieurs paroisses de notre arrondissement étaient en la possession soit d'un archidiacre, soit d'un chanoine, ou de tout autre dignitaire de l'église cathédrale, dont elles formaient une partie du bénéfice. Il nous est impossible de constater l'époque à laquelle eurent lieu ces divers changements pour chacune de nos paroisses. Nous indiquerons seulement, quand l'occasion s'en présentera, quels étaient les bénéficiaires au moyen-âge et à l'époque de la révolution.

 

§ 1. - CANTON SUD DE FOUGÈRES.

BILLÉ (Ecclesia de Billeio, en 1157 (D. Morice, t. III, col. 630) ; sous l'invocation de saint Médard ; ancien doyenné à la nomination de l'ordinaire.

Le doyen de Billé, dont la juridiction s'étendait sur tout le Vendelais, recevait directement les mandements et les autres actes émanés de l'autorité épiscopale, et les transmettait aux curés de sa juridiction. Quelques années avant la révolution, les curés de Fougères étaient encore tenus d'aller chercher les saintes-huiles à Billé, où ils les recevaient de ses mains.

La maison seigneuriale de cette paroisse était la Ronce.  Elle donnait à son possesseur le droit de prééminence dans l'église. Au commencement du XVème siècle, elle appartenait à Jeanne Croc, dame de la Ronce, qui la fit passer dans la famille de Malnoë, par son mariage avec Michel de Malnoë, chevalier (Dupaz, Histoire généalogique, p. 490).

Les autres maisons nobles étaient Mésaubouin et Maintiboeuf. — Anciennes chapelles à Mésaubouin et à Maintiboeuf.

L'étang de Billé, l'un des plus considérables de l'arrondissement, est aujourd'hui en voie de dessiccation.

On conservait, avant la révolution, dans les archives de la fabrique, un acte constatant que Monsieur, frère du roi Louis XIII, avait couché au presbytère de cette paroisse, lors de son voyage en Bretagne.

Cette pièce curieuse, à laquelle les paroissiens attachaient la plus grande importance, puisque chaque trésorier, en entrant en fonctions, était tenu d'en donner décharge à son prédécesseur, n'a pas été retrouvée.

M. Hunault, recteur-doyen de Billé, fut un des députés de la communauté de Rennes aux Etats généraux de 1789 et à l'Assemblée constituante.

Cette commune est traversée par la voie romaine dite chemin Chasles.

COMBOURTILLÉ (Ecclesia de Combortilleio) ; sous l'invocation de saint Cyr. La cure était à l'alternative [Note : On appelait alternative l'indult ou la grâce que le pape accordait aux évêques en faveur de la résidence. Lorsqu'ils avaient obtenu l'indult de l'alternative, ils étaient fondés à conférer les bénéfices vacants alternativement avec le pape, de mois en mois, le pape commençant par janvier ; tandis que sans cette grâce ils n'avaient, par le comput des mois, que le droit de conférer les bénéfices qui venaient à vaquer dans les quatre derniers mois de chaque quartier, c'est-à-dire en mars, juin, septembre et décembre].

Les actes de Bretagne font mention des seigneurs de Combourtillé, dès le XIème siècle (D. Morice, t. III, col. 585, 623, 644, 646, 676, etc.).

DOMPIERRE-DU-CHEMIN (Ecclesia de Domno Petro) ; sous l'invocation de saint Pierre. La cure était en la présentation de l'archidiacre de Rennes.

Maisons nobles : Les Haris, la Maison-Neuve et la Jalesne.

Chapelle sous l'invocation de saint Blaize.

On voit sur le territoire de cette commune un groupe de rochers assez remarquables, et connus dans tout le pays sous le nom de Saut-Rolland. Ils consistent en deux énormes masses de quartzite, séparées par une profonde et large vallée, au milieu de laquelle coule la Cantache, à l'état de faible ruisseau.

S'il faut en croire la tradition du pays, le héros de la chevalerie fabuleuse, le fameux Rolland, aurait un jour franchi, avec son cheval, l'intervalle de cent mètres qui sépare les deux rochers, et cela même à plusieurs reprises. Une première fois, ce fut pour le bon Dieu, et un bond de son coursier le lança sur le rocher opposé. Une seconde fois, ce fut pour la bonne Vierge, et un effort du généreux palefroi le rendit au point d'où il était parti. Enfin, il essaya de sauter une troisième fois pour sa dame ; mais elle lui porta malheur : l'infortuné Rolland et son coursier tombèrent au fond du précipice et périrent dans leur chute.

On voit encore aujourd'hui gravées sur la pierre les traces d'un fer à cheval, qui viennent à l'appui de cette histoire. Comme elles ne représentent que la moitié de sa forme, l'on observe judicieusement que c'est là que le pied du cheval de Rolland glissa, lorsqu'il sauta pour sa fatale maîtresse.

Non loin du Saut-Rolland, et dans la même chaîne de rochers, l'on rencontre la Pierre dégoutante, ainsi nommée parce qu'elle distille continuellement des gouttes d'une eau transparente qui tombent dans un bassin creusé profondément dans le flanc du rocher.

Cette pierre, jetée sur la limite d'une roche qu'elle dépasse de près de la moitié de son volume, a été longtemps et est encore, de la part de quelques habitants du pays, l'objet d'une croyance superstitieuse, que résume un dicton populaire auquel elle a donné lieu : Quand la pierre dégoutante tombera, le jugement viendra.

Heureusement, ces superstitions surannées, qui tenaient nos campagnes asservies sous le joug de la crainte, disparaissent peu à peu, à mesure que les intelligences s'éclairent ; et si nous étions tentés de les regretter sous le rapport de la poésie qu'elles répandaient sur nos moeurs, nous devrions nous consoler de leur perte, par la considération des avantages qu'en retire la dignité de l'homme, dont elles rabaissaient la destinée au point de la faire dépendre d'un caprice ou d'une bizarrerie de la nature [Note : MM. Ducrest-de-Villeneuve et l'abbé Bucheron ont publié chacun leur légende sur le Saut-Rolland. — Annuaire de l'arrondissement de Fougères, pour l'année 1838, p. 59. — Magasin universel, année 1830-1837, p. 195].

JAVENÉ ; sous l'invocation de saint Martin. La cure était présentée par un des chanoines de l'église de Rennes.

Cette commune est traversée dans sa partie centrale, de l'est à l'ouest, par la voie romaine dite chemin Chasles.

LÉCOUSSE (Ecclesia de Excussû) (Grande Charte pour Rillé. D. Morice, t. III, col. 652) ; sous l'invocation de saint Martin. La cure était à la présentation de l'abbé de Saint-Florent de Saumur. 

Maisons nobles : Le Manoir de la Forêt, la Martinais et Mont-Aubert.

Chapelles à la Garenne, au Manoir et à Saint-Julien.

PARCÉ, sous l'invocation de saint Pierre. La cure était à l'ordinaire.

Maisons nobles : Vaux-Houdin, le Plessix et la Pierre.

ROMAGNÉ (Ecclesia de Romaniaco ou de Romancio) (D. Morice, t. III, col. 394, 967) ; sous l'invocation de saint Martin.

XIème siècle. — Méen II, seigneur de Fougères, avait concédé aux religieux de Marmoutiers la moitié de l'église de Romagné, en présence et du consentement des comtes Eudes et Conan, et d'un grand nombre de gentilshommes bretons. Peu d'années après, quelques chevaliers, parmi lesquels l'histoire cite Pinel, fils de Kermeniol, revendiquèrent l'autre moitié de l'église, et prétendirent que le droit de choisir le curé appartenait à eux, et non aux bénédictins. Méen assembla une partie des seigneurs de sa terre, et, en leur présence, il prouva que le droit de présenter le curé avait toujours été exercé par lui et ses prédécesseurs.

Les opposants renoncèrent alors à leurs prétentions, et le choix du curé demeura aux bénédictins. Du reste, quel qu'ait été le mode de nomination dans les siècles qui suivirent, il paraît que celui-ci tomba en désuétude ; car, à l'époque de la révolution, la cure était à l'ordinaire.

Nous trouvons dans le catalogue des curés de Romagné deux hommes qui ont fait profession de cultiver les belles-lettres : M. L. G. de la Devison, auteur de deux ouvrages intitulés, le premier : Vie et Miracles de saint Brieuc et de saint Guillaume ; le second : Histoire de la Chapelle de Sainte-Anne de la Bosserie, en la paroisse de Romagné, près la ville de Fougères, au diocèse de Rennes, en la Haute-Bretagne, et ce qui s'y est passé de plus remarquable depuis l'an 1636 ; vol. in-12 ; Avranches, 1655 [Note : M. l'abbé Badiche a donné une nouvelle histoire de la chapelle de Sainte-Anne de la Bosserie, qu'il a fait suivre des statuts de la confrérie de Sainte-Anne et de Saint-Roch,  et de diverses prières à l'usage des Pèlerins. — 1813] ; et M. Habert, auteur d'une Introduction à l'Ecriture sainte.

Avant la révolution, il existait trois chapelles assez importantes sur le territoire de cette commune : à la Dauphinais, au Bourg et à Sainte-Anne-de-la-Bosserie. Cette dernière seule subsiste aujourd'hui. L'an 1257, un chevalier breton, nommé Guillaume Soubric, fonda, au lieu de la Dauphinais, un prieuré qu'il donna à Notre-Dame-la-Royale-de-Poitiers.

Mais, comme Marmoutiers avait le patronage de l'église de Romagné, et que l'établissement d'un ordre étranger sur le territoire de la paroisse pouvait être préjudiciable aux intérêts de cette abbaye, il lui fit don d'une rente perpétuelle de 40 sous, monnaie courante, que le prieur de la Dauphinais fut chargé de payer chaque année au prieur de Saint-Sauveur-des-Landes, membre de Marmoutiers.

Moyennant cette concession, il obtint l'autorisation d'élever une église avec cloche, et d'avoir un cimetière autour.

Les religieux de Marmoutiers réservèrent néanmoins, au prieur de Saint-Sauveur-des-Landes et au recteur de Romagné, les dîmes et les prémices de tous les biens situés dans la paroisse. Il en fut de même des défrichements faits par les religieux de la Dauphinais ou par leurs soins, et il fut même stipulé que ceux-ci ne pourraient, en aucun cas, demander au pape l'autorisation de se les approprier ; pas plus qu'ils ne pourraient acheter ou recevoir, soit en don ou en legs, aucun des biens situés sous les fiefs du prieur de Saint-Sauveur-des-Landes (D. Morice, t. III, col. 966).

L'ancienne église de ce monastère avait été remplacée, vers 1760, par une chapelle dont les ruines subsistent encore aujourd'hui et portent le nom de l'Abbaye.

Quant aux moines, ils avaient depuis longtemps abandonné le prieuré, et le bénéfice, qui pouvait rapporter environ 1.500 livres, avait été réuni à la terre de Larchapt, ce qui donnait au propriétaire de cette terre le droit d'y nommer.

La chapelle du Bourg, située à l'endroit même où se trouve en 1846 la maison des Soeurs, qui a été bâtie avec les décombres provenant de sa démolition, était sous l'invocation de sainte Anne.

S'il faut en croire une tradition du pays, cette chapelle, qui portait tous les caractères de l'architecture du XVème siècle, aurait été élevée par les soins d'Anne de Bretagne. Cette princesse, dans un de ses voyages, ayant couru un grand danger auquel elle dut échapper comme par miracle, aurait fait construire un oratoire, en l'honneur de sa glorieuse patronne, dans le lieu même où elle avait ressenti les effets de sa puissante protection.

Cette chapelle a été démolie au début du XIXème siècle (vers 1826).

La chapelle de Sainte-Anne de la Bosserie a été fondée en 1602 par Pierre Le Maignan, sieur de la Jallonnière, et de la Bosserie, et Marie Echard, son épouse.

Elle est en grande vénération dans tous les environs de Fougères, et le rendez-vous, chaque année, d'une foule nombreuse de pèlerins.

M. de La Devison, curé de Romagné, et M. l'abbé Badiche, ayant donné l'histoire de cette chapelle et des miracles qui s'y sont opérés, nous renvoyons pour plus de détails à leurs ouvrages.

La terre de Larchapt donnait à son possesseur la prééminence dans la paroisse et l'église de Romagné. Elle appartenait, à la fin du XIVème siècle, à la famille Le Parc.

SAINT-SAUVEUR-DES-LANDES (Ecclesia sancti Salvatoris de Landis) (D. Morice, t. III, col. 394, 405, 771, 784, 1070).

L'histoire nous apprend que l'église de Saint-Sauveur-des-Landes n'était, dans le principe, qu'un petit oratoire desservi par un prêtre nommé Hermeniot, qui payait une rente de 2 sous à l'évêque de Rennes, pour droit de repas. Méen II, seigneur de Fougères, l'augmenta d'une manière convenable, et la donna, vers 1040, aux religieux de Marmoutiers, qui s'y établirent et y fondèrent un prieuré.

Hermeniot joignit aussi ses libéralités à celles du seigneur de Fougères, et abandonna aux religieux la moitié de la terre dont il avait jouissance. Sur ces entrefaites, Méen, évêque de Rennes, voyant l'état prospère de la nouvelle église, état dont elle était surtout redevable aux soins des religieux, prétendit y exercer le droit de repas comme sur les autres églises du diocèse ; mais les moines refusèrent de se soumettre à cette exigence et invoquèrent l'usage de l'ancien possesseur, qui n'avait jamais payé qu'une rente de 2 sous, qu'ils offraient eux-mêmes. L'évêque s'irrita de cette résistance, fit fermer l'église, dans laquelle le service divin fut suspendu durant trois années. Enfin, le P. Albert, abbé de Marmoutiers, porta l'affaire devant le cardinal Romain, au concile de Tours, auquel assistait l'évêque de Rennes, et, sur les observations du cardinal, jointes à celles des autres prélats, Méen consentit à décharger l'église de Saint-Sauveur du droit de repas, moyennant une rente annuelle de 3 sous qu'elle paierait à l'église cathédrale de Rennes.

Après la mort de Méen, les religieux devinrent seuls possesseurs de tous les revenus de l'église, par l'acquisition qu'ils firent de la portion de terre qu'Hermeniot s'était réservée, et qu'ils achetèrent de Rainier et d'Herbert, ses fils, pour une somme de 47 sous.

Mais l'évêque de Rennes n'était pas seul à prétendre des droits sur le prieuré de Saint-Sauveur. En 1199, le P. Thomas, qui en était alors titulaire, après de longs débats, fut obligé de transiger avec Hamelin Pinel, et de lui accorder à perpétuité deux procurations, par chaque année, pour sept hommes et cinq chevaux, et l'exemption des droits de coutume pour tous les hommes qui dépendaient de son fief de Chaudeboeuf, et qui habitaient dans le bourg de Saint-Sauveur-des-Landes [Note : En 1214, Hamelin Pinel fit remise aux religieux de l'une de ces deux procurations. — D. Morice, t. III, col. 825].

Le seigneur de Fougères avait également droit de repas au prieuré de Saint-Sauveur-des-Landes. Nous voyons dans les Preuves de l'Histoire de Bretagne qu'Hugues de Lusignan ayant eu besoin d'argent, emprunta, en 1284, 150 livres du prieur, et s'engagea, pour lui et ses successeurs, à ne pas exiger ce droit jusqu'au parfait remboursement de la somme qu'il avait empruntée.

L'église de Saint-Sauveur fut le lieu de la sépulture ordinaire des premiers seigneurs de Fougères, jusqu'à Henri Ier, qui fut inhumé dans l'église de Savigny. Il reste encore quelques vestiges de cette ancienne église, surtout dans la nef méridionale, dont les arcades et les piliers qui les soutiennent appartiennent à cette époque.

Les seigneurs de Fougères paraissent avoir toujours distingué Saint-Sauveur entre toutes les autres communes de la baronnie. Ainsi, dans une pancarte de 1559, faite et réformée sur les anciennes pancartes et chartes des devoirs dus de toute antiquité à la provosté de Fougères, les bourgeois de Saint-Sauveur-des-Landes sont assimilés aux bourgeois de Fougères.

En 1630, un moine desservait encore la cure. Elle a été depuis remise à l'ordinaire.

Le château de Chaudeboeuf, dans cette paroisse, est une des habitations les plus importantes des environs de Fougères. La terre qui en dépend fut érigée en châtellenie, au mois de janvier 1596, par Henri IV. Elle appartenait autrefois à la famille Du Parc Porée, et a passé ensuite dans celle de La Haye Saint-Hilaire.

 

§ 2. - CANTON NORD DE FOUGÈRES.

BEAUCÉ (Ecclesia de Beluio). La cure était à l'ordinaire.  Maisons nobles au XVème siècle : La Motte, la Belottière, la Quenoisière, la Salle, Launay, la Haye et la Chaudronnerays.

La Motte était le manoir seigneurial de la paroisse. Les seigneurs de Beaucé figurent dans l'histoire dès le XIIème siècle ; plusieurs d'entre eux occupèrent des postes importants à la cour des ducs de Bretagne : tels furent Hugues de Beaucé, qui, en 1226, fut choisi par saint Louis pour être l'arbitre de toutes les contestations qui pourraient survenir entre lui et Jeanne de Craon ; Jean de Beaucé, qui, en 1364, fut l'un des signataires du traité de Guérande ; Robert, qui, en 1462, était chambellan de la duchesse Française, etc.

FLEURIGNÉ, sous l'invocation de saint Martin, était autrefois un prieuré dont la présentation appartenait à l'abbé de Rillé ; il était jadis desservi par un chanoine de saint Augustin, qui y faisait les fonctions de curé.

Le château du Bois-Février est à quelques cents mètres du bourg. Il appartenait, dès le XIIème siècle, à la famille de Langan, dont l'héritière l'a porté à M. Le Bouteille propriétaire actuel. — Les terres du Bois-Février et de Monbraud furent érigées en baronnie par lettres-patentes du roi, du 16 octobre 1658, en faveur de Gabriel de Langan, seigneur du Bois-Février.

Anciennes chapelles à Monbraud et à Patrion. Cette dernière, sous l'invocation de saint Abraham, était un lieu de pèlerinage célèbre dans les environs de Fougères, et donnait lieu à une brillante assemblée qui se tenait le lundi de la Pentecôte, sur le terre-plein qui environne la chapelle ; mais, depuis quelques années, les promeneurs, effrayés de la longueur de la route et de la difficulté des chemins, ont pris l'habitude de s'arrêter au moulin de Groslay, et l'assemblée se tient maintenant dans le vallon qui borde l'étang.

LA CHAPELLE-JANSON (Capella Jançon) (D. Morice, t. III, col. 371) ; sous l'invocation de saint Lézin, évêque d'Angers.

Adèle, soeur d'Alain, duc de Bretagne, en fondant à Rennes le monastère de Saint-Georges (1031), dans lequel elle prit elle-même le voile, lui donna la Chapelle-Janson avec toutes ses dépendances : c'est en vertu de cette donation que, jusqu'à l'époque de la révolution, les abbesses de Saint-Georges ont joui de grands privilèges dans cette paroisse, tels que le droit de présentation à la cure, et l'exercice d'une haute juridiction qui s'étendait même dans la paroisse de Fleurigné.

Les templiers possédaient sur le territoire de cette paroisse une maison qui a donné naissance au village dont le nom des Temples ou de la Templerie rappelle l'origine. La chapelle qui en dépendait existait encore à l'époque de la révolution, mais dans un état de vétusté tel, qu'il y avait danger à s'en approcher : elle était au nord de la route actuelle de Fougères à Paris, et même l'élargissement de cette route fut une occasion dont on profita pour la démolir en 1793. Sa longueur était de quarante-huit pieds, sur une largeur de dix-huit.

Jeanne Royer, plus connue sous le nom de soeur Nativité, religieuse urbaniste de Fougères, dont les Mémoires et les Révélations, publiés par M. l'abbé Genest, ont eu tant de retentissement dans notre pays, était née dans la paroisse de la Chapelle-Janson. Son père s'appelait René Royer, et sa mère Marie Sénéchal. — Elle est inhumée dans le cimetière de Laignelet, où son tombeau fut, au commencement du XIXème siècle, l'objet d'un grand nombre de pèlerinages.

La voie romaine appelée chemin Chasles forme la limite sud de cette commune.

Maisons nobles : Montframmery, les Noës, Gambert et la Crévure.

LAIGNELET ; sous l'invocation de saint Martin.

La cure était présentée par l'abbé d'Evron, au diocèse du Mans.

En 1846, la forêt de Fougères occupe 588 hectares du territoire de cette commune.

La paroisse s'étendait autrefois jusque dans la ville de Fougères, et comprenait toute la partie septentrionale du faubourg Roger. Une ordonnance du roi, de 1834, rendue sur la demande du conseil municipal de la ville de Fougères, modifia sa circonscription, et rendit à la ville une portion assez considérable de territoire que lui assignaient sa position et la convenance, ainsi que les habitudes des personnes qui y avaient leur demeure [Note : La même ordonnance du roi attribua à la ville de Fougères les faubourgs de l'Echange et de Savigny, ainsi que plusieurs villages qui faisaient partie de la commune de Lécousse].

Maisons nobles : La Fontaine de la Chèze, érigée en châtellenie le 27 octobre 1573, sous le nom de la Fontaine ; Malhaire, le Bray, les Bretonnières, la Tuchenerie et les Beaujardières.

Chapelles à la Fontaine de la Chèze, à la Cour-Gelée et à la Fourairie.

LANDÉAN (Ecclesia de Landeanio) (D. Morice, t. III, col. 653) ; sous l'invocation de saint Pierre.

La cure était présentée par l'abbé de Rillé et desservie par un moine de cette abbaye.

Maisons nobles : Le Hallay, le Pontpéan et les Renardières.

En 1846, la forêt de Fougères occupe 1.072 hectares du territoire de cette commune. On y rencontre plusieurs monuments dont les uns appartiennent à l'époque celtique, et un autre au moyen-âge.

Les premiers sont deux dolmens connus, dans le pays, l'un sous le nom du Monument, l'autre sous celui de Pierre du Trésor.

Le Monument est situé dans la partie occidentale de la forêt, à 12 mètres seulement à l'est de l'allée dite de Clairdouet, laquelle communique des Celliers de Landéan au carrefour de la Croix du Poulailler, et à environ 300 mètres au nord de ce carrefour. Il consiste en une pierre qui avait au moins 4 mètres 87 centimètres de longueur, sur 2 mètres 60 centimètres dans sa plus grande largeur, et environ 1 mètre 13 centimètres d'épaisseur.

Elle était soutenue, à environ 73 centimètres au dessus du sol actuel, qui parait s'être affaissé, par dix autres pierres de moindres dimensions, qui, posées sur deux rangs, formaient une espèce de rue dont l'intérieur est aujourd'hui un peu plus bas que le sol environnant.  Cette rue dirigée à peu près du nord-est au sud-ouest, avait 1 mètre de largeur.

Plusieurs pierres, que l'on remarque au sud-ouest de cette rue, et qui conservent encore sa direction, semblent annoncer qu'elle se prolongeait autrefois un peu plus loin de ce côté.

Quelques-uns des supports ayant été dérangés par le temps ou par les efforts des hommes, et la pierre de recouvrement ayant par suite porté à faux d'un côté, elle s'est séparée en deux parties, qui se sont un peu écartées l'une de l'autre, mais de manière cependant à ce qu'on ne puisse douter qu'elles ne fissent originairement une seule et même pierre.

Toutes ces pierres sont de l'espèce de granit qui se rencontre communément, et quelquefois en grande masse, dans cette partie de la forêt de Fougères et dans les contrées voisines.

La Pierre du Trésor se voit dans la partie orientale de la forêt, entre la grande route de Caen et l'allée dite des Hauts-Vents, à environ 120 mètres de l'une et de l'autre, et à 1.500 mètres au sud des Celliers de Landéan. Cette pierre a 3 mètres 79 centimètres de longueur, sur 2 mètres 27 centimètres de largeur et 8 centimètres d'épaisseur. Elle était supportée par plusieurs autres pierres moins grosses ; mais quelques-unes de celles-ci ayant été déchaussées et renversées, la supérieure a glissé d'un côté jusqu'à terre, de sorte qu'elle ne porte plus que par son extrémité sud sur les supports, qui, rangés sur deux lignes, formaient une rue de 1 mètre 62 centimètres de largeur, dont la direction était du nord au sud.

La Pierre du Trésor, ainsi que ses supports, est d'une pierre siliceuse, commune dans la partie nord-est de la forêt. Son nom lui a porté malheur : on a cru qu'elle recouvrait un trésor, et l'espoir de le découvrir a porté à faire des fouilles qui ont dégradé le monument, sans enrichir les auteurs de ces dégradations.

Un monument du moyen-âge assez remarquable, et désigné dans le pays sous le nom de Celliers de Landéan, se trouve également dans la forêt de Fougères, à environ 850 mètres au sud-ouest de l'église de la paroisse, et à 45 mètres à l'ouest de la grande route de Fougères à Caen.

Il s'annonce à l'extérieur par les vestiges de deux rampes à moitié comblées, qui formaient entre elles un angle droit, et se réunissaient à un pallier commun, voûté comme elles, d'où l'on descendait dans un souterrain, lequel consistait en un berceau en plein-cintre dont les dimensions étaient celles-ci : longueur, 8 mètres 15 centimètres ; largeur, 6 mètres 31 centimètres ; hauteur, 4 mètres 22 centimètres, mesurés de la voûte au dessus du plancher.

Ce plancher, de 54 millimètres d'épaisseur, et qui avait été sans doute construit dans le but de garantir de l'humidité les objets qui pourraient y être déposés, régnait de niveau au dessus du fond et un peu en pente du souterrain. Il était porté par des sommiers d'inégale épaisseur, posés transversalement de distance en distance sur le sol. Les madriers qui formaient ce plancher étaient de bois de chêne ou de châtaignier ; les poutres étaient en bois de hêtre ; quelques sommiers seulement en bois de chêne.

Une autre précaution que l'on avait prise contre l'humidité consistait en un puisard pratiqué à l'angle sud-ouest du souterrain, et creusé dans le roc sur lequel les fondations sont établies, Ce puisard était de 1 métre 30 centimètres plus bas que le fond du souterrain, à l'endroit où il est le plus bas lui-même. Les eaux y affluaient de toutes parts ; mais il fallait les extraire à bras d'hommes, soit au moyen d'une pompe, soit par quelque autre procédé. La voûte est construite avec des pierres de moellon et des briques ; elle est soutenue par des contreforts qui, se continuant en saillie tout autour, forment des espèces d'arcades qui lui semblent adhérentes, sans être pourtant liées avec elle.

Ces arcades ou contreforts sont en pierres de taille.

Dans les intervalles qu'ils laissent entre eux, la voûte a été revêtue d'un enduit qui s'est parfaitement conservé ; et, chose assez remarquable, les racines des arbres, si puissamment attirées par l'eau, ne se font jour nulle part au travers de la maçonnerie, quoique de vieilles souches, que l'on voit immédiatement au dessus de la voûte, attestent que les arbres n'ont jamais cessé d'y croître.

Un soupirail, pratiqué verticalement dans la partie supérieure de la voûte, était destiné à procurer de l'air plutôt que de la lumière aux personnes qui étaient renfermées dans l'intérieur du souterrain.

Les Celliers de Landéan subsistent encore en 1846, à peu près tels que nous venons de les décrire, sauf les rampes qui y conduisaient, le pallier et les voûtes, qui sont détruits depuis longtemps, mais qui laissent facilement apercevoir la position qu'ils affectaient. De vieilles traditions, que d'Argentré lui-même avait accueillies dans son histoire de Bretagne, faisaient communiquer les Celliers de Landéan avec le château de Fougères. L'eau dont ils étaient remplis jusqu'à la voûte, et qui ne permettait pas de vérifier l'exactitude de ces traditions, était invoquée comme un témoignage à l'appui, et l'on allait même jusqu'à dire qu'un canard lancé dans les Celliers avait reparu quelques heures après sur l'étang de la Couarde.

M. Rallier, désirant s'assurer par lui-même de ce qu'il y avait de vrai ou de faux dans ces assertions populaires, obtint en 1808, de l'administration forestière, l'autorisation de faire tous les travaux nécessaires pour déblayer le souterrain, et épuiser les eaux dont il était rempli. Les recherches scrupuleuses auxquelles il se livra, en présence d'un grand nombre de personnes qui purent descendre avec lui dans le souterrain, ne laissent plus aucune incertitude à cet égard, et il est bien constant qu'aucune communication n'a jamais existé des Celliers, soit avec le château, de Fougères, soit avec quelque autre point moins éloigné [Note : M. Rallier a publié dans le temps un mémoire sur les Celliers, auquel nous avons emprunté une partie de ces détails. On le trouve dans le n° XIII des Mémoires de l'Académie celtique, avec un plan fort exact des Celliers).

Quant à la construction de ce souterrain, on ne peut pas douter qu'il n'existât en 1173, lorsque Henri II, roi d'Angleterre, fit attaquer Raoul II par une troupe de Brabançons. L'histoire nous apprend en effet que ce seigneur, dont le château avait été déjà détruit en 1166, avait, dans la crainte d'une nouvelle guerre, fait creuser un souterrain dans la forêt pour suppléer à son château, et y renfermer ses effets les plus précieux ; mais que cette prévoyance lui avait été complètement inutile, les trésors qu'il voulait faire renfermer ayant été surpris, dans le trajet du château à la forêt, par les Anglais, qui les pillèrent. C'est donc dans l'intervalle de 1166 à 1173 que nous devons placer la construction de ce singulier monument.

Enfin, on rencontre encore dans la forêt de Fougères les restes d'un couvent de cordeliers, détruit à l'époque de la révolution. Il avait été fondé en 1443 par le moine Vauromillon, à qui François Ier, duc de Bretagne, avait accordé un terrain désigné sous le nom de Pas au Meunier. — Plus tard, en 1613, le roi Louis XIII avait donné aux religieux sept arpents de bois et de marais.

La commune de Landéan se recommande à nous par d'autres souvenirs historiques. Tout près du bourg, là où est aujourd'hui le village du Châtel, les seigneurs de Fougères avaient une maison de plaisance nommée la Foresterie, où ils aimaient à faire leur résidence. C'est là qu'Henri Ier, en 1148, réunit une partie de ses vassaux pour les rendre témoins de la remise qu'il allait faire à son fils Raoul de l'abbaye de Rillé, dont il était le fondateur.

Deux châteaux à motte, connus, l'un sous le nom de Butte Maheu, l'autre sous celui de la Butte aux Renards, se trouvent sur les bords de la rivière du Nançon, à 1.170 mètres environ l'un de l'autre. — Le premier a 6 mètres 50 centimètres d'élévation et 31 mètres de diamètre à sa base ; — le second est dans des dimensions moins grandes.

LA SELLE-EN-LUITRÉ ; sous l'invocation de saint Jean, ancienne trêve de Luitré, aujourd'hui succursale [Note : Le mot Selle, que l'on devrait écrire Celle, vient du latin cellula, que l'on trouve assez fréquemment employé dans les noms de paroisses, avec la signification de cellule, petite église, ermitage, etc.].

Cette commune est traversée par une voie romaine, connue dans le pays sous le nom de chemin Chasles, évidemment corrompu du mot Charles.

Quelques antiquaires ont voulu rattacher cette dénomination au souvenir du voyage de Charles VIII en Bretagne, en 1491 ; mais nous sommes portés à croire qu'elle a une origine plus ancienne, et qu'on doit l'attribuer ou à Charlemagne, ou à Charles-le-Chauve, qui, sans doute, firent réparer cette voie pour le service de leurs armées, lors de leurs nombreuses expéditions contre les Bretons.

Quoi qu'il en soit, nous ne doutons pas que cette voie n'ait servi à faire communiquer les deux cités des Rhedones et des Diablintes (Rennes et Jublains). Quoique nous ne l'ayons pas reconnue dans tout son parcours sur notre arrondissement, les lignes assez étendues qu'il nous a été permis de suivre ne nous laissent aucun doute à cet égard.

Du reste, cette voie ne paraît pas avoir appartenu à la classe des voies militaires proprement dites, mais bien à celles auxquelles on donnait le nom de voies vicinales.

On ne rencontre que deux couches dans sa confection : le statumen et le ruderatio ou le glarea. Le nucleus manque toujours. Quant à sa largeur, elle a été singulièrement augmentée par l'annotateur du Dictionnaire de Bretagne, qui lui donne 15 mètres, tandis qu'elle n'en a que de 6 à 7.

LE LOROUX (Ecclesia de Loratorio) (D. Morice, t. III, col. 605) ; sous l'invocation de saint Martin.

En 1150, Henri, seigneur de Fougères, donna l'église du Loroux à Savigny, dont l'abbé, depuis cette époque, a toujours eu le droit de présentation à la cure.

Maisons nobles : La Motte-Auger, avec chapelle, Bourgboulié, la Huardière, la Sionnière, la Haute-Bourgère et la Hubaudière.

LUITRÉ ; sous l'invocation de saint Martin. — La cure était en la présentation d'un chanoine de l'église cathédrale de Rennes.

La voie romaine, appelée chemin Chasles, fait la limite nord de cette commune.

Maisons nobles : Le Bois le Houx, avec chapelle, la Sanguinière, la Mussellière et la Maison-Neuve.

PARIGNÉ ; sous l'invocation de la Sainte-Vierge.

Maisons nobles : Le Solier, les Acres, la Chesnaye, le Bois-Guy et la Tendrais : ces deux dernières avaient chacune leurs chapelles, aujourd'hui restaurées, ainsi qu'une autre, dans la même paroisse, sous l'invocation de saint Roch, qui se trouve près du village de la Perchaie.

Jean de la Motte était, en 1340, seigneur de Parigné. Guillaume, son fils, prit le nom do La Boëssière.

Perrine de La Boëssière, arrière-petite-fille de celui-ci, porta la seigneurie de Parigné à Michel de Parthenay, qu'elle épousa en 1551.

Jean de Parthenay ayant été tué à la bataille de Saint-Aubin, sa veuve, Marie Guibé, nièce du trésorier Landais, eut la terre de Parigné pour douaire, et la porta à Briand de Chateaubriand, seigneur d'Orange, qu'elle épousa, et qui prit le titre de seigneur de Parigné [Note : Marie Guibé fut inhumée dans le chanceau de l'église de Parigné].

A l'époque de la révolution, la seigneurie de cette paroisse appartenait à la famille de Saint-Brice.

C'est dans cette commune que se trouve l'étang de Landemarel, remarquable par les croûtes de tourbe qui recouvrent en grande partie sa surface, et qui, se détachant parfois de la masse, forment des îles flottantes.

 

§ 3. — CANTON D'ANTRAIN.

ANTRAIN (Ecclesia de Intramno) (D. Morice, t. III, col. 389 — Le nom d'Antrain vient évidemment de la position de cette ville entre deux rivières, inter amnes).

Vers le milieu du XIème siècle, un nommé Turulle, fils de Réginald-le-Gros, donna l'église d'Antrain aux moines de Saint-Florent ; mais en 1197, Herbert, évêque de Rennes, en obtint de l'abbé le patronage et les oblations. A l'époque de la Révolution, la cure était à la présentation d'un chanoine de la cathédrale de Rennes.

Il est assez probable que la fondation d'Antrain remonte à une époque fort reculée : son église, dont quelques parties conservent les caractères de l'architecture byzantine, en est une preuve bien convaincante ; mais l'accroissement de cette ville ne date que des premières années du XVème siècle. Elle en fut redevable, comme la ville de Fougères, aux migrations des familles normandes qui, pour se soustraire au fléau de la guerre dont leur pays était le théâtre, vinrent s'établir sur les confins de la Bretagne, et particulièrement à Antrain et à Fougères.

La ville d'Antrain occupe peu de place dans l'histoire, quoique sous les ducs de Bretagne elle possédât une forteresse considérable, qui fut assiégée plusieurs fois, sans être prise. Ce fut sous ses murailles que vint se rallier, en 1426, l'armée du connétable de Richemont, lorsque, saisie d'une terreur panique, elle abandonna pendant la nuit le siège de Saint-James de Beuvron, et se retira dans le plus grand désordre.

En 1449, Jean de Porcon était gouverneur d'Antrain. Avec sa compagnie de quarante hommes d'armes, qui composait toute la garnison, il sut protéger le pays et le défendre des ravages des Anglais, qui occupaient Saint-James et le Mont-Saint-Michel.

En 1793, les Girondins proscrits passèrent à Antrain, sous la protection du bataillon du Finistère. 

La même année, l'armée vendéenne s'empara de cette ville, lors de sa marche sur Granville, puis elle l'abandonna pour se diriger sur Dol. Kléber la fit alors fortifier, dans le dessein de couper la retraite à l'ennemi ; mais les Vendéens, à leur retour, battirent les républicains, et les forcèrent de se retirer à Rennes. L'armée royale, en quittant Antrain, y laissa le germe de l'épidémie qui la décimait.

Henri II établit, en 1558, une juridiction royale à Antrain et une autre à Bâzouges ; mais Charles IX, par édits donnés à Troyes en Champagne, le 29 mars 1564, et à Chateaubriand, au mois d'octobre 1565, supprima ces deux juridictions, et les réunit au siège royal de Fougères.

Les habitants d'Antrain et de Bâzouges, qui souffraient beaucoup de la suppression de leur juridiction, adressèrent une requête au roi, et lui exposèrent les inconvénients qui résultaient pour eux de l'obligation où ils étaient d'aller plaider au siège royal de Fougères. Le roi, après avoir fait examiner leur requête par son Conseil privé, reconnaissant la justesse et la validité des raisons apportées par les habitants d'Antrain et de Bâzouges, donna à Saint-Germain-en-Laye, au mois de février 1574, un édit par lequel il rétablissait ces deux juridictions, pour être tenues une fois la semaine, à jour de marché, par un juge qui avait le titre et la qualité de lieutenant du sénéchal de Fougères, un procureur et un greffier. Ce lieutenant connaissait de toutes les causes et matières civiles et criminelles, et l'appel de ses sentences était porté directement au Présidial et au Parlement. Cependant, les causes relatives au domaine du roi, les tutelles et curatelles, ainsi que le bail et le gouvernement des nobles, les confections d'inventaires des biens des mineurs également nobles, étaient réservés au seul sénéchal de Fougères.

La juridiction d'Antrain ne comprenait que cinq paroisses : Antrain, Chauvigné, Saint-Marc-le-Blanc, Romazy, Le Tiercent.

Les juridictions seigneuriales qui en dépendaient étaient :

Bonne-Fontaine, haute-justice, M. de la Motte de Lesnaye ;

La Chattière, haute-justice, M. le marquis de Saint-Brice ;

Les Portes, haute-justice, M. le marquis de la Rouërie ;

Le Tiercent, haute-justice, M. le marquis du Tiercent ;

La Belinaye, haute-justice, M. le comte de la Belinaye ;

Le Pontavice, haute-justice, M. le marquis du Hallay ;

La Vairie, moyenne-justice.

Antrain était également une subdélégation de l'intendance, dont l'étendue était beaucoup plus considérable que celle de sa juridiction.

Elle comprenait les dix-neuf paroisses suivantes : Antrain, Chauvigné, Saint-Marc-le-Blanc, Romazy, Tremblay, Saint-Ouen-de-la-Rouërie, Trans, Bâzouges, Marcillé, Rimou, Saint-Remy, Sens, Sougéal, Vieuxviel, Vieuxvy, Noyal, Feins, La Fontenelle, Cuguen.

Cependant l'étendue de cette subdélégation n'avait pas toujours été la même : dans le principe, Bâzouges avait aussi sa subdélégation, qui comprenait les douze dernières paroisses énoncées dans le tableau ci-dessus ; en sorte que Antrain n'en avait que sept. Nous ignorons à quelle époque eut lieu cette modification dans l'administration ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1736 les deux subdélégations étaient encore séparées.

Malgré son importance, la ville d'Antrain n'eut jamais les avantages d'une communauté ; cependant elle députa aux Etats extraordinaires tenus à Rennes en 1571 [Note : Son député se nommait Jean Gérard].

Son droit fut même reconnu aux États de 1614, et elle se trouva comprise, ainsi que la ville de Bâzouges, dans la liste des villes qui auraient droit de se faire représenter aux Etats de Bretagne ; mais l'usage prévalut bientôt de n'admettre à cette représentation que les villes qui avaient droit de communauté, et Antrain et Bâzouges furent déchus de leur privilège.

Quoique les châtellenies d'Antrain et de Bâzouges puissent être considérées comme une annexe de la terre de Fougères, elles en furent néanmoins séparées plusieurs fois. Ainsi nous voyons qu'en 1498 la reine Anne donna Saint-Aubin-du-Cormier, Bâzouges, Marcillé et Rimou au chancelier de Montauban, pour les grands services qu'il lui avait rendus, surtout en empêchant son mariage avec le sire d'Albret. Ce don n'eut pas, il est vrai, son effet ; mais il n'en exista pas moins (D. Morice, t. V, col. 791 et 792).

Plus tard, Henri IV aliéna, au mois de mars 1600, les deux châtellenies d'Antrain et de Bâzouges en faveur du maréchal de Brissac ; mais, à la mort de celui-ci, elles firent encore retour au domaine et furent réunies à la terre de Fougères.

Maisons nobles : Bonne-Fontaine, la Chattière, les Portes, Langle, le Vivier et la Barbays.

La terre de Bonne-Fontaine appartenait anciennement à la maison de Porcon, ainsi que les manoirs du Vivier, de Langle et de Tolleville ; elle passa ensuite, vers le milieu du XVIème siècle, aux seigneurs de Bain, par le mariage de Françoise de Porcon, dame de Bonne-Fontaine et du Vivier, avec Pierre de la Marzelière, à qui elle l'apporta en dot.

La marquise de Coëtquen en étant ensuite devenue héritière, faute d'hoirs mâles, la porta au duc de Duras, son époux, qui devint par là seigneur de Bonne-Fontaine. Celui-ci la vendit, moyennant 350.000 livres, à M. de la Motte-Lesnage, qui l'a lui-même revendue à M. Aubert de Trégomain, ancien député d'Ille-et-Vilaine.

Henri II, pour reconnaître les services que Pierre de la Marzelière avait rendus à la monarchie, l'autorisa, par lettres-patentes du mois de juillet 1547, à construire, à sa terre de Bonne-Fortune, le château et la forteresse qui existent encore aujourd'hui.

Non content de cette faveur, il lui permit d'y établir un marché tous les mardis, et quatre foires franches chaque année.

Enfin, Henri III érigea la terre de Bonne-Fontaine en baronnie, en faveur de Renaud de la Marzelière, son fils.

Les lettres-patentes furent entérinées au Parlement de Bretagne, le 13 octobre 1578. — En 1590, MM. de Saint-Quentin et de Villebasse tinrent garnison, avec leurs troupes, au château de Bonne-Fontaine.

BAZOUGES-LA-PÉROUSE [Note : Il paraît que ce nom de Pérouse est une corruption du mot pierreuse, et qu'il vient de la situation de cette petite ville, qui est bâtie sur un rocher] (Ecclesia de Bazogiis ou Basilica) (D. Morice, t. III, col. 651). La cure était en la présentation de l'abbé de Rillé, et desservie par un chanoine de cette abbaye.

Par suite de la donation faite en 1163, par Raoul II, seigneur de Fougères, les religieux de Rillé avaient droit à la moitié de la coutume des denrées et marchandises sujettes au devoir, qui étaient vendues ou échangées dans toute l'étendue de cette paroisse. A cet effet, leur fermier, receveur ou commis, était autorisé à accompagner le coutumier, fermier ou prévôt de Bâzouges, avec une gaule qui était terminée par une boîte ou une bourse, dans laquelle on déposait le devoir de coutume, pour le partager ensuite moitié par moitié.

Il parait que Bâzouges, au XVIème siècle, avait une importance beaucoup plus considérable que celle qu'elle conserve de nos jours ; c'est du moins ce que nous autorisent à croire de vieux documents, dont quelques passages ont été publiés par les nouveaux éditeurs du Dictionnaire d'Ogée, et dont nous reproduisons ici la substance. Ils ont pour titre : Liste des trésoriers de Bâzouges, depuis l'an 1561, avec quelques remarques curieuses au sujet de l'église et de la paroisse, et ont été copiés jadis par le procureur du roi de Bâzouges, sur les vieux registres de la paroisse, dont on a à regretter la perte.

En 1588, les habitants de Bâzouges députèrent deux de leurs concitoyens, les nommés De Launay et La Vallée, vers le duc de Mercoeur, qui était alors gouverneur de Bretagne, pour obtenir de lui l'autorisation de fortifier leur ville. Les trésoriers, versèrent une somme de 300 livres, pour être employée aux fortifications.

Le 12 mai 1590, de Montbarrot partit de Rennes, dont il était gouverneur, avec deux cent cinquante hommes de troupe, la plupart Anglais, et se présenta le lendemain devant Bâzouges, où il espérait surprendre et enlever La Villeblanche, qui y commandait pour le duc de Mercoeur ; mais ce capitaine, informé du projet qui se tramait contre lui, le fit échouer en se retirant. Montbarrot, fâché de n'avoir pu réussir, permit à ses soldats de piller la paroisse. Ceux-ci profitèrent largement de la permission qui leur était donnée, et se livrèrent à toutes sortes d'excès envers les personnes et les propriétés : l'église elle-même ne fut pas respectée ; ils en enfoncèrent les portes, brisèrent les coffres de la trésorerie, et enlevèrent les ornements [Note : Les soldats vendirent les échelles de l'église au seigneur du Pontavice, qui, plus tard, consentit à les rendre pour 15 livres]. Une grande partie des habitants, pour se soustraire à leur fureur, se retira au château de la Balue, où l'on transféra également le siège royal.

L'année suivante, le général anglais qui commandait à Bâzouges rançonna de nouveau les habitants, et se fit compter 180 livres pour faire respecter les vitres de l'église, que ses soldats voulaient briser.

En 1592, la ville fut menacée par les troupes de Pontorson ; mais, sur les représentations des députés que les habitants envoyèrent au devant de celui qui les commandait, elles se retirèrent sans commettre aucun acte d'hostilité.

Il paraît que, dans le courant de l'année 1593, le duc de Mercoeur parvint à rentrer dans Bâzouges ; car, d'après le mémoire que nous avons cité, nous voyons que Saint-Luc fit, en 1594, une démonstration contre cette ville ; mais elle ne fut pas sérieuse. Il revint l'année suivante, 1595, et parut vouloir agir vigoureusement. Les habitants consternés abandonnèrent encore leur ville, et se retirèrent une seconde fois au château de la Balue ; mais les Anglais ne tardèrent pas à reparaître, et ayant chassé les ligueurs, ils commirent toutes sortes de dégâts dans la ville. L'indignation releva le courage des habitants, et, ayant appelé les habitants de Marcillé à leur secours, ils parvinrent à délivrer leur ville du fléau qui la ravageait.

Bâzouges fut ensuite menacée par les troupes de Tréméreuc, qui était à Sens ; par celles de la Pommeraye, qui était à Saint-Ouen-de-la-Rouërie, et par un autre corps qui stationnait à Tremblay ; mais on réussit à détourner Tréméreuc, au moyen d'un présent de deux brochets et de 69 livres en argent, qui lui furent portés par MM. de la Bigottière et Arthur de Romillé ; on parvint également à apaiser de la Pommeraye avec un présent de dix pots de vin et de cinq aunes de Damas, que la ville lui envoya : quant aux troupes de Tremblay, les habitants de Bâzouges marchèrent contre elles, et les forcèrent de déloger.

Toutes ces mesures ne furent pas encore suffisantes pour garantir la paroisse de Bâzouges des incursions dont elle était menacée. Montgommery, qui occupait Pontorson, semblait toujours prêt à faire une promenade militaire sur son territoire, et les habitants ne purent obtenir une sécurité parfaite qu'en transigeant avec lui, et en lui accordant une contribution de 30 livres par mois.

En 1597, l'armée des Suisses vint loger à Bâzouges, et il fallut lui donner six vingts écus pour la faire sortir. Les habitants avaient été tellement maltraités, qu'ils ne purent fournir eux-mêmes cette somme. Ils l'empruntèrent de M. de Montgommery, par l'entremise du maréchal de Brissac.

Cette même année, l'excès de leurs maux les engagea à demander une sauvegarde à M. le maréchal. Elle leur fut accordée ; mais ils durent la faire entériner, et il leur en coûta 303 livres.

Des barricades furent élevées depuis Bâzouges jusqu'à Marcillé, et on conduisit, par ces barricades, un corps-de-garde au devant de l'armée.

Lorsque le maréchal de Brissac vint à Rimou avec son armée, il parut vouloir se diriger sur Bâzouges ; mais M. de Coëtquen lui envoya M. de Foligné, qui le détourna de son projet.

Avec la Ligue, finit l'histoire militaire de Bâzouges. Il est du reste à remarquer que, pendant les dix ans de troubles qui agitèrent la Bretagne à cette époque, la plupart des habitants de Bâzouges purent soustraire leurs personnes et leurs effets les plus précieux au pillage des soldats des deux partis, en se tenant renfermés dans le château de la Balue ; ce qui suppose que ce château ne fut pas attaqué.

Il s'exerçait avant la révolution y trois juridictions à Bâzouges ; celle du roi, celle de la maîtrise des eaux et forêts et celle de la Balue.

Le ressort du siège royal, dont l'historique a été donné avec celui d'Antrain, était formé par les paroisses suivantes : Bâzouges, Marcillé-Raoul, Rimou, Saint-Remy-du-Plain, Sens, Sougéal, Vieuxviel, Vieuxvy, Noyal-sous-Bâzouges, Feins, La Fontenelle, Cuguen, Saint-Léger, Saints, Tréméheuc, Pleine-Fougères, La Boussac.

Les juridictions seigneuriales qui en dépendaient étaient fort nombreuses. Voici les principales :

HAUTES JUSTICES.

NOMS DES JURIDICTIONS ET LES PROPRIÉTAIRES en 1780.

La Balue (M. Ruellan du Tiercent), La Massue (Hubert de la Massue), Sens (M. le marquis de Saint-Brice), Le Bouessay (M. de Montbourcher), La Haye-d'Iré, le Plessis-Guet et Tréhit (M. de Montbourcher), Langevinière (M. Hue de Montaigu), Le Boisbaudry (Mlle de la Villethéart), Montmoron (M. du Hallay), Brehand (M. Menard de Touchepret), Orange (M. de la Belinaye), Pleine-Fougères (M. du Plessis), Beauvais-Moulienne (Mlle de Beauvais), Le Cartier (M. de la Prévalais).

MOYENNES JUSTICES.

NOMS DES JURIDICTIONS ET LES PROPRIÉTAIRES en 1780.

La Claye et la Motte (M. Dubreil de Chalonge), La Villarmois (M. Arthur de la Villarmois), Sougéal (le prieur de Saint-Malo de Dinan), Sennedavy (M. Hue de Montaigu), La Plandière (M. de la Reigneraie Thomas), Montlouet (M. Brunes de Montlouet), Le Plessis-Chosnel (M. Ruellan du Tiercent).

(Voir, pour ce qui regarde le ressort, la subdélégation et le droit de députer aux Etats, l'article Antrain).

On ne connaissait qu'une seule maison noble dans cette paroisse : c'était celle de la Balue.

La forêt de Ville-Cartier se trouve dans la commune de Bâzouges ; en 1846, elle a 989 hectares 68 ares de superficie.

CHAUVIGNÉ ; sous l'invocation de la Sainte Vierge. La cure était à l'ordinaire.

Maisons nobles en 1399 : Bruiblen et Mézandré.

LA FONTENELLE ; sous l'invocation de saint Samson, évêque de Dol. La cure était à l'ordinaire.

MARCILLÉ-RAOUL ; sous l'invocation de saint Pierre.

La cure était à la présentation de l'abbé de Saint-Melaine.

Marcillé-Raoul paraît avoir été un point militaire d'une certaine importance au moyen-âge : outre une motte féodale fort remarquable, et connue dans le pays sous le nom du Châtel, on rencontre sur les confins de Marcillé, Feins et Saint-Remy, les vestiges d'anciennes fortifications qui viennent à l'appui de ce que nous avançons.

Voici, du reste, ce que l'histoire nous apprend sur les événements dont cette commune a été le théâtre, et les faits qui la concernent.

En 1136, Conan-le-Gros, duc de Bretagne, livra bataille, auprès de Marcillé, à Olivier de Pont-Château et autres seigneurs, ses sujets rebelles. Le duc fut vaincu.  Les restes de fortifications dont nous avons parlé seraient, suivant Ogée, les retranchements qu'auraient occupés les deux armées (Chronicom Britannicum, anno 1136. — D. Morice, t. III, p, 103).

En 1204, Geoffroy de Fougères donna Marcillé à son oncle Guillaume ; mais quatre ans plus tard, par suite d'un nouvel arrangement, il le fit rentrer dans sa possession, ayant concédé à son oncle une valeur équivalente sur les fiefs de Louvigné (D. Morice, t. III, col. 798 et 810).

Enfin, en 1239, le duc Jean Ier permit à Raoul de fortifier Marcillé comme bon lui semblerait ; permission dont profita sans doute le seigneur de Fougères, qui semble avoir eu une prédilection particulière pour ce pays, auquel, par cette raison, on a donné son nom (D. Morice, t. III, col. 911).

NOYAL-SOUS-BAZOUGES (Ecclesia de Nulliaco). La cure était présentée par le prieur de Saint-Denis de Rennes.  Maisons nobles : Beauvais, Moulienne et le Cartier.

SAINT-OUEN-DE-LA-ROUERIE (Ecclesia in honorem beati Andoëni de revocariâ) (D. Morice, t. III, col. 428).

Vers l'an 1065, Rivallon de Combourg donna à Marmoutiers l'église de Saint-Ouen-de-la-Rouërie, avec toutes ses dépendances, pour fonder le prieuré de Combourg, membre de cette abbaye. Cependant, à l'époque de la révolution, la cure était retombée entre les mains de l'ordinaire, et le prieur de Combourg ne possédait plus que la chapelle Saint-Nicolas dans cette église.

Roger de la Rouërie épousa Raenteline, fille de Rivallon de Combourg et d'Aremberge, son épouse. De ce mariage naquit Berthe de la Rouërie, qui porta cette seigneurie à Robert Tuffin, qu'elle épousa en 1146. Depuis cette époque, lui et ses successeurs ont eu leur sépulture dans le chanceau de cette paroisse, avec leurs armes en lisière autour de l'église, excepté dans la chapelle Saint-Nicolas.

La paroisse de Saint-Ouen devait à la cour de Fougères une rente de 60 sous par an, laquelle rente se payait au receveur de ladite cour en la châtellenie d'Antrain.

On donnait le nom de garde à cette rente, ainsi qu'à une autre rente de 40 sous par an que devait la même paroisse au seigneur de Sacey, pour le devoir de la sûre-garde et sauf-conduit que de tout temps devait le seigneur de Sacey, tant des personnes de ceux et celles de ladite paroisse de Saint-Ouen, que de la conservation de leurs ornements, allant et venant une fois l'année en procession au Mont-Saint-Michel.

(Rentier de 1605.) Il est à présumer que c'était aussi pour la garde, pour la conservation de la paroisse, c'est-à-dire pour la garantir des incursions des Normands, qu'elle devait une rente à la baronnie de Fougères.

Maisons nobles : La Rouërie et la Bretonnière.

SAINT-REMY-DU-PLEIN. La cure, qui était dans un temps plus reculé à la présentation de l'abbé de Rillé, était, à l'époque de la révolution, tombée en commande.

Maisons nobles : La Haie-d'Iré, le Plessis et Treait.

RIMOUX. Cette paroisse faisait partie du diocèse de Dol. La cure était à l'ordinaire.

Maisons nobles : Le Boisbaudry et Montmoron.

La terre de Montmoron fut érigée en comté au mois de février 1657.

TREMBLAY (Ecclesia sancti Martini Trembliacensis) (D. Morice, t. III, col. 389) ; sous l'invocation de saint Martin. Vers le milieu du XIème siècle, un nommé Moyse donna à Saint-Florent-de-Saumur la moitié des revenus de l'église de Tremblay.

Ayant ensuite encouru plusieurs excommunications pour détention du cimetière, il consentit à le rendre aux religieux, ce qu'il accomplit en plaçant un couteau sur l'autel. Après cela, ayant représenté à ceux-ci qu'il était pauvre et manquant du nécessaire, il obtint une gratification de 30 sous, moyennant laquelle il s'engagea à les protéger et à les soutenir contre tous ceux qui voudraient revendiquer la propriété qu'il venait de leur abandonner.  Depuis cette époque jusqu'en 1630, les moines de Saint-Florent ont desservi la cure à titre de prieuré, et depuis qu'ils l'ont abandonnée, l'abbé de cette maison n'a pas cessé d'exercer son droit de présentation (Ogée a commis une erreur eu appliquant à cette paroisse la donation d'Hervé de Cesson).

Maison noble : Le Pontavice.

 

§ 4. - CANTON DE SAINT-BRICE.

SAINT-BRICE. La cure était présentée par l'abbé de Saint-Florent de Saumur, également possesseur, dans la même paroisse, du prieuré de Saint-Brice, lequel était encore occupé par des moines, en 1636.

Les seigneurs de Saint-Brice, qu'on voit figurer dès le XIIème siècle, avaient la prétention d'être issus de la maison de Fougères, et de tenir leur terre et seigneurie à titre de partage ; mais nous n'avons trouvé aucun document qui pût servir à l'appui d'une pareille prétention.

La seigneurie de Saint-Brice, après avoir été possédée jusqu'à la fin du XIIIème siècle par la maison de Saint-Brice, passa, par le mariage de l'héritière de cette maison, à Philippe de Landevy, seigneur des Scepeaux, de Mausson, etc.

En 1513, François des Scepeaux la vendit à Philippe de Montauban, seigneur de Bâzouges-la-Pérouze, de Sens et de Saint-Aubin-du-Cormier. — Catherine de Montauban la porta, quelques années après, à M. de Volvire de Ruffec, seigneur du Bois de la Roche.

En 1650, elle fut érigée en marquisat, en faveur d'Amice de Volvire, baron de Ruffec, seigneur de Saint-Brice.

En 1674, Henriette de Volvire ayant épousé Jean Guérin, seigneur de la Grasserie et de Parigné, elle porta la seigneurie de Saint-Brice dans cette famille.

Enfin l'héritière de cette maison, n'ayant pas eu d'enfants de son mariage avec le comte de Sesmaisons, l'a vendue, après la mort de son mari.

Maison noble : La Villette, avec chapelle.

BAILLÉ ; sous l'invocation de saint Thomas. La cure était à l'ordinaire.

Maisons nobles, en 1400 : La Rocherie, Monteval et les Flégés.

COGLES ; sous l'invocation de saint Jean. La cure était en la présentation de l'abbé de Saint-Melaine de Rennes.

Cogles était autrefois le chef-lieu d'une grande division territoriale, à laquelle il avait donné son nom, et que nous retrouvons dès le commencement de notre histoire ; elle comprenait les paroisses de Cogles, de La Selle, de Saint-Brice, de Saint-Etienne, de Saint-Germain, du Châtellier et de Montours.

Tout nous porte à croire que cette division est antérieure aux institutions féodales, et qu'elle formait un pagus de la cité des Rhedons, sous l'administration romaine.

Du reste, le Coglais était possédé à titre de fief, dès le XIème siècle.

En 1204, Geoffroy de Fougères le donna en apanage à son oncle Guillaume, qui avait administré la baronnie pendant sa minorité (D. Morice, t. III, col. 798).

LA SELLE-EN-COGLES ; sous l'invocation de saint Pierre.

La dîme se levait, en cette paroisse, à la onzième gerbe. Elle était partagée à peu près par moitié entre le recteur et les religieux de Saint-Florent.

LE CHATELLIER (Ecclesia de Chasteler ou de Castellario) ; sous l'invocation de la Sainte-Vierge. — La cure était à l'alternative.

Au commencement du XIIème siècle, Hervelin de Trémigon et Guérin Chaorcin, son frère, donnèrent les dîmes de cette paroisse au prieuré de Combourg. Après la mort d'Hervelin, Hervé, son fils, rentra de vive force dans la portion de son père ; et son oncle, suivant son exemple, voulut annuler la donation qu'il avait lui-même consentie. Mais, vers 1166, ces deux seigneurs, conduits par le repentir, se rendirent à Combourg, et, en présence du sénéchal du roi d'Angleterre, ils restituèrent aux religieux tout ce qu'ils leur avaient enlevé et jurèrent de ne plus les inquiéter dans leur jouissance.

Cette restitution fut accompagnée d'une particularité assez extraordinaire : Guérin, en expiation de sa faute, se laissa fouetter par le prieur devant l'autel de Saint-Martin, et reçut ensuite de lui 12 deniers, en signe de réconciliation (D. Morice, t. III, col. 612 et 613).

L'église du Châtellier fut brûlée, à la fin du XVIème siècle, par les huguenots, qui s'avancèrent jusqu'en Normandie. Un prêche fut alors aussi établi par eux au château de la Vieuxville, dont le seigneur partageait leurs erreurs. C'est le seul qui ait existé dans l'arrondissement de Fougères.

Le village de la Bataillère, où Raoul II battit les Brabançons du roi d'Angleterre, on 1172, se trouve dans cette paroisse, à 8 kilomètres de Fougères, sur la route de Saint-James.

Maisons nobles : La Vieuxville [Note : Cette terre donnait a son possesseur la prééminence dans l'église du Châtellier], la Sionnais, la Bensays, le Bas-Châtellier, la Theftelais et Fretay.

LE TIERCENT ; sous l'invocation de saint Martin.

La seigneurie du Tiercent fut érigée en baronnie, l'an 1615, en faveur de Gilles Ruellan, chevalier, seigneur du Tiercent et conseiller au Parlement de Bretagne.

MONTOURS ; sous l'invocation de saint Martin. La cure était présentée par l'abbé de Rillé et desservie par un chanoine de cette abbaye. Elle pouvait rapporter environ 1.200 livres.

On voit, sur le territoire de cette commune, les ruines du château de Valaines, ancienne forteresse, bâtie sans doute par les seigneurs de Fougères, pour défendre leurs terres des incursions des Normands. Elle existait dès le XIIème siècle, et fut peut-être la résidence des seigneurs du Coglais.

Maison noble : Bonteville.

SAINT-ETIENNE-EN-COGLAIS. Il est fait mention de cette paroisse dans un acte antérieur à 1093.

A la suite d'une contestation survenue entre les moines de Saint-Serge (diocèse d'Angers) et ceux de Saint-Jouin (diocèse de Poitiers), relativement à la possession de l'église de Brielles, les seigneurs de cette paroisse, qui l'étaient en même temps de celle de Saint-Etienne, s'engagèrent, dans le cas où ils demanderaient des moines pour le service de cette dernière église, à ne pas les prendre ailleurs qu'à Saint-Serge (D. Morice, t. III, col. 477). Ils tinrent leur promesse ; et, à l'époque de la révolution, la cure était encore présentée par l'abbé et desservie par un moine de Saint-Serge.

La seigneurie de Saint-Etienne, après avoir été possédée, avec Racinoux, Villavran et la Gretaye, par la famille Le Bret, passa dans celle des Le Bouteiller ; puis, vers le milieu du XVème siècle, dans celle de Parthenay, par le mariage de Bonne Le Bouteiller avec Jehan de Parthenay.

Elle passa ensuite successivement dans la famille de Lorgeril, dans celle des comtes de Maure, puis dans celle des Rochechouart, seigneurs de Mortemart, et enfin elle se confondit avec Saint-Brice dans la maison de Volvire.

Elle était, au XVème siècle, une sergenterie féodée de la terre de Fougères. Jehan de Parthenay, qui en était le seigneur, comparut, en cette qualité, au Parlement tenu à Vannes, par le duc François II, au mois de juin 1462.

Maisons nobles : Le Bois-Henry et Vau-Guérin.

Une chapelle, dédiée à saint Eustache, se trouve, sur le territoire de cette paroisse, sur le bord de la route de Fougères à Antrain. On y va en pèlerinage le Vendredi-Saint.

C'est un dicton, généralement accrédité dans le pays, que saint Eustache de tous maux détache.

SAINT-GERMAIN-EN-COGLAIS. La cure était présentée par un chanoine de l'église cathédrale.

La terre et seigneurie de Marigny fut érigée en châtellenie, sous le nom de La Chesnaye-Marigny, au mois d'octobre 1572, en faveur de M. Michel Harpin, président au Parlement de Bretagne.

Elle passa ensuite successivement aux de Malnoë, aux Geffelot, et enfin à la famille de Pommereul, qui la possède en 1846.

SAINT-HILAIRE-DES-LANDES. La cure était à l'alternative.

Maisons nobles : La Haye-Saint-Hilaire, avec prééminence dans la paroisse, Le Feu-Saint-Hilaire, Linières, Leurmond et Le Fail.

SAINT-MARC-LE-BLANC. La cure était à l'alternative.

Maisons nobles : La Ville-Guérin, le Bois-Geffray, le Haut-Brin et la Vairie.

 

§ 5. - CANTON DE LOUVIGNÉ-DU-DÉSERT.

LOUVIGNÉ-DU-DÉSERT (Ecclesia de Lupigniaco, de Luviniaco ou de Lupigneio) ; sous l'invocation de saint Martin.

On donna, au moyen-âge, le nom de Désert [Note : On le nommait aussi Loupviguer, du nom de la principale paroisse] à un archidiaconé du diocèse de Rennes qui comprenait les neuf paroisses suivantes : Louvigné, la Bâzouges, le Loroux, Landéan, Parigné, Villamée, Poilley, Mellé et Montault.

Ce nom de Désert fut sans doute appliqué à la contrée, en mémoire des saints ermites qui étaient venus s'y établir aux Xème et XIème siècles, et y donnèrent naissance aux paroisses qui subsistent encore aujourd'hui [Note : Sur les confins du Maine et de la Bretagne, dit Geoffroy-le-Gros, auteur ecclésiastique du XIIème siècle, il y avait de vastes solitudes qui, comme une autre Egypte, étaient florissantes par le grand nombre de saints ermites, etc.  Le désert s'étendait aussi sur les terres du Maine].

L'histoire nous apprend qu'au commencement du XIème siècle, Méen Ier, seigneur de Fougères, donna à Marmoutiers, dans le bourg de Louvigné, une maison qui servit à l'établissement d'un prieuré de cet ordre.

En 1060, Méen II, non content de confirmer la donation de son aïeul, annula toutes les réserves que celui-ci avait faites à l'avantage des seigneurs de Fougères, donna en franche-aumône, aux religieux, tout le bourg de Louvigné, et affranchit leurs hommes des droits de coutume et de tonlieu dans toutes les foires et marchés des neuf paroisses du Désert.

Enfin en 1166, Etienne, évêque de Rennes, réunit l'église paroissiale au prieuré et abandonna à l'abbé de Marmoutiers le droit de présenter à la cure, avec deux parts dans les oblations, les dîmes et la plus grande partie des autres revenus (D. Morice, t. III, col. 394, 410, 658).

Tant d'avantages ne purent fixer les Bénédictins, et, moins d'un siècle après, ils avaient déjà abandonné l'église de Louvigné, sans renoncer toutefois au bénéfice, qu'ils réunirent au prieuré de la Trinité, membre de leur maison à Fougères.

Le souvenir de l'existence d'une communauté religieuse dans le bourg de Louvigné s'est conservé jusqu'à nos jours ; mais il a été altéré par la tradition, qui a substitué le nom des Templiers à celui des Bénédictins (Voir De La Porte, Recherches sur la Bretagne).

Il est vrai que cette substitution venait assez à propos en aide à ceux qui prétendent tout expliquer, et qui se trouvaient fort embarrassé pour donner la raison de l'existence des anneaux de fer qui sont disposés çà et là tout autour de l'église paroissiale. La difficulté, en effet, n'était-elle pas résolue, si l'on pouvait les faire servir à attacher les chevaux des chevaliers pendant qu'ils étaient à l'office ? Mais l'histoire ne saurait s'accommoder de pareilles suppositions, lorsque surtout, comme dans le cas dont il s'agit, elles sont en contradiction manifeste avec tous les documents.

À l'époque de la révolution la cure de Louvigné était à l'alternative.

Le curé était décimateur pour un tiers, et le prieur de la Trinité pour les deux autres tiers, toujours en vertu de la concession de 1166. Louvigné possédait, avant la révolution, la seule colonie qui fût sortie de la maison d'instruction dite des Gigonnes de Fougères. Elle y avait été établie en 1731, par Mlle Collibeaux de Limières, qui y est morte en odeur de sainteté.

Louvigné avait ses seigneurs particuliers dès le XIIème siècle. La terre seigneuriale parait avoir été, dans le principe, Villavran ou Bois-Garnier ; mais Monthorin étant devenu la résidence du seigneur, propriétaire des deux autres terres, emporta la prééminence.

Le seigneur de Monthorin n'était pas cependant incontestablement seigneur du bourg de Louvigné, quoiqu'il y eût une haute-justice ; le domaine avait des prétentions sur la mouvance de ce bourg, qui était un démembrement du prieuré de la Trinité, dont il n'avait été distrait qu'en 1563. C'est en raison de cette mouvance que le seigneur de Monthorin devait au prieur une rente annuelle et foncière de 500 livres, qui, d'abord assise sur la terre de Monthorin, le fut plus tard, avec l'assentiment du prieur, sur celle de la Basse-Rouillais.

La commune de Louvigné possède plusieurs monuments assez remarquables. Les principaux sont : la Pierre branlante, au rocher de Mont-Louvier ; la Chaise au Diable, au rocher de Pierre-Lé, et le château à motte de Villavran, le plus considérable des monuments de ce genre, et le mieux conservé que nous connaissions dans tout notre arrondissement.

Son histoire fournit aussi des découvertes intéressantes pour l'archéologie. Au commencement de ce siècle, on rencontra, auprès du village de Lozier, des cercueils d'une pierre blanche et poreuse, assez semblables à ceux de Vandel. Quelques-uns renfermaient, nous a-t-on assuré, des objets en or d'une valeur assez considérable.

Dans plusieurs l'on a trouvé des globes de cristal d'un pouce et demi de diamètre, dans le genre, à ce qu'il paraît, de celui qui était déposé dans le sépulcre de Childéric, à Tournay. Des personnes dignes de foi nous ont certifié les avoir vus pendant longtemps entre les mains d'enfants auxquels ils servaient de jouet ; mais tous les efforts que nous avons faits pour nous en procurer ont été inutiles.

Dans d'autres endroits, l'on a découvert des urnes cinéraires en terre grise, des haches celtiques en jade et en silex, quelquefois réunies en très-grand nombre, des coins gaulois et beaucoup de pièces d'or et d'argent du XVème siècle, à l'effigie des rois d'Angleterre.

CHAPELLES.

Aucune paroisse de l'arrondissement de Fougères n'offre un aussi grand nombre de chapelles que la paroisse de Louvigné. La chapelle Saint-Jean, attenant au presbytère, serait, s'il fallait en croire la tradition, l'ancienne église paroissiale du temps où la cure et le prieuré étaient séparés. Sans contester une opinion qui reçoit un nouveau degré de probabilité du voisinage d'un ancien cimetière, nous ferons seulement observer que la tradition peut être conforme à la vérité, en plaçant l'ancienne église paroissiale dans l'endroit où s'élève aujourd'hui la chapelle Saint-Jean ; mais qu'elle est évidemment erronée, en attribuant à cette chapelle une prérogative qui ne lui a jamais appartenu.

La chapelle Saint-Jean, qui subsiste encore de nos jours, a été bâtie en 1680, par Thomas du Châtellier, seigneur de Villavran, sur les ruines d'une autre chapelle qui avait été également bâtie par ses prédécesseurs. Les seigneurs de Villavran, en qualité de fondateurs, y avaient droit d'enfeu, de pierres tombales, de ceintures à l'entour, au dedans et au dehors, avec écussons de leurs armes, marquées en pierres de taille et sur les vitraux.

Une autre chapelle, dans le bourg, est celle des religieuses du tiers-ordre de Notre-Dame de la Trappe, établies à Louvigné depuis environ vingt ans. Elle a été construite à peu près dans le même emplacement où se trouvait autrefois une ancienne chapelle, démolie à la fin du dernier siècle, qui avait donné son nom à toute cette partie du bourg. 

Les chapelles de Villavran, de Bois-Garnier, de la Haussière et des Alleux sont ruinées ou abandonnées depuis longtemps. Celle de la Grasserie, sous l'invocation de sainte Anne, est nouvellement restaurée (avant 1846).

Mme la comtesse de la Riboisière a fait construire, au début du XIXème siècle, à son château de Monthorin, une riche chapelle dans laquelle sont déposés le coeur du général, comte de la Riboisière, premier inspecteur-général de l'artillerie, son mari, mort à Koenisberg, le 21 décembre 1812, et celui de M. Ferdinand de la Riboisière, son fils, tué à la bataille de la Moskowa.

Entre autres curiosités archéologiques conservées au château de Monthorin, on remarque les pierres qui recouvraient les tombeaux de Raoul II, seigneur de Fougères, et de Françoise de Foix, épouse de Jean de Laval, seigneur de Chateaubriand. La première de ces pierres a été acquise par M. le comte de la Riboisière, à l'époque de la démolition de l'abbaye do Savigny, dans laquelle avait été inhumé Raoul. La seconde lui a été offerte par un habitant de Chateaubriand.

Deux autres oratoires se voient encore en 1846 sur le bord de la route de Fougères à Caen, l'un au village du Plantis, l'autre au Tertre-Alix. Le premier a été élevé au XVIIIème siècle, par M. Riban, missionnaire ; le second doit remonter à une très-haute antiquité, si l'on peut en juger par le vieux chêne qui l'abrite et au tronc duquel il est adossé.

S'il faut en croire la tradition, un seigneur du pays, nommé Alix, qui se livrait avec passion au plaisir de la chasse, aurait eu un jour le malheur de tuer un de ses amis. Dans son désespoir, il se serait adressé à un saint ermite qui habitait la forêt de Fougères, et qui lui aurait donné le conseil de se retirer du monde et de passer le reste de ses jours dans la retraite.

Conformément à ce conseil, Alix aurait fait bâtir le petit oratoire dont il est question, au pied du dernier chêne de la forêt, et aurait passé là le reste de sa vie dans les exercices de la pénitence et de la prière.

L'écorce de ce chêne est réputée, dans les campagnes, avoir la propriété de guérir les fièvres, et c'est à cette croyance que cet arbre séculaire est redevable des nombreuses mutilations dont il est l'objet.

Maisons nobles : Villavran, Bois-Garnier, Monthorin, la Grasserie, les Alleux et la Haussière.

Le Petit-Maine. — A la fin du XIIème siècle, la Bretagne et le Maine étaient séparés, comme le sont aujourd'hui les départements d'Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, sur les confins de Louvigné et de la Bâzouges, par la rivière de Léron ; mais Juhel de Mayenne ayant réclamé de Geoffroy de Fougères la propriété de sa baronnie [Note : Nous ignorons sur quels titres le seigneur de Mayenne appuyait ses prétentions ; mais tout nous porte à croire qu'il invoquait une donation faite à ses ancêtres par les anciens rois bretons, à la fin du IXème siècle. Un vieux manuscrit, composé par un religieux de Saint-Mars-sur-la-Futaie, nous apprend eu effet que les seigneurs de Mayenne étaient d'origine bretonne et qu'ils avaient été autrefois seigneurs de Saint-Méen, de Gaël et de Fougères (c'est-à-dire du pays où fut bâtie plus tard la ville de Fougères et qui forma la terre de ce nom). Il est donc bien probable que le seigneur de Mayenne aura été institué gouverneur des Marches armoricaines de ce côté de la France, soit par Nominoë, soit par Erispoë, son fils, lorsque la Mayenne servait de limites aux états de ces princes, et que ce fut cette priorité de possession qui suggéra à Juhel la pensée de réclamer, comme un héritage de ses ancêtres, un fief qui avait cessé de leur appartenir depuis longtemps, et auquel ils semblaient avoir renoncé en passant sous la suzeraineté immédiate du roi de France], celui-ci (1209) consentit à transiger avec lui, et Juhel se désista de ses prétentions, moyennant 50 livres de rente en monnaie de Tours, que le seigneur de Fougères lui assigna sur le moulin de la Bignette et le fief du Loroux, et la cession de tous les droits qu'il avait sur la forêt de Glaine, dans les paroisses de Louvigné et de la Bâzouges [Note : La forêt de Glaine a été défrichée en 1759. Elle appartenait à M. d'Alba de Mauçon]. C'est de là qu'est venue à cette contrée le nom de Petit-Maine, sous lequel on la désigne encore aujourd'hui (D. Morice, t. III, col. 813).

Les habitants devenus vassaux du seigneur de Mayenne, et soumis à la juridiction civile de ses officiers, n'en demeurèrent pas moins attachés aux paroisses dont ils faisaient partie avant leur séparation, et ne cessèrent point de regarder l'évêque de Rennes comme leur légitime pasteur. Et c'est sans doute à cette circonstance, à cette position toute exceptionnelle au moyen-âge, d'une dépendance autre pour le spirituel que pour le temporel, qu'ils ont été redevables des privilèges dont ils ont joui jusqu'à la révolution, d'être exempts de payer les tailles, les gabelles et autres droits du roi ; et tout porte à croire que la prétendue cotisation offerte par eux pour la rançon du roi Jean, et dont ce privilège aurait été la récompense, n'est qu'une fable inventée à dessein, pour couvrir et colorer un affranchissement qui aura été favorisé par les désordres survenus dans l'administration, à la suite des guerres des XIVème et XVème siècles.

Quoi qu'il en soit, nous voyons qu'en 1642, le procureur du roi de l'élection de Mayenne réclama des habitants du Petit-Maine les titres en vertu desquels ils s'exemptaient de payer les droits du roi, comme paroissiens de Saint-Ellier. Mais les principaux habitants de Louvigné, s'étant présentés devant les notaires royaux de la baronnie de Fougères, démontrèrent que le Petit-Maine avait toujours appartenu à leur paroisse ; que ses habitants n'avaient jamais cessé de reconnaître la juridiction de l'évêque de Rennes ; qu'ils avaient toujours été dans l'usage de fréquenter l'église de Louvigné, d'y recevoir les sacrements, etc., et le résultat de l'enquête ordonnée par le roi fut la confirmation des libertés et privilèges du Petit-Maine.

Le principal village de cette contrée est le Pont Dom Guérin, dans une situation fort pittoresque, sur les bords de la rivière de la Bignette, en face des ruines du vieux château de Mauçon. Il y avait, dans ce village, un bureau pour le sel et les boissons, et une brigade de gableurs.

On y voit plusieurs maisons de campagne et deux chapelles, dont l'une, sous l'invocation de saint Joseph, ne sert plus au culte ; l'autre est sous l'invocation de saint Clair.

Ce village se trouve, ainsi que le moulin de la Bignette, sur le territoire de la Bâzouges.

Geoffroy, en cédant ce moulin et l'étang qui est au dessus à Juhel de Mayenne, y attacha des droits considérables, que nous trouvons énumérés dans l'acte qui nous a été conservé par D. Morice, Histoire de Bretagne, t. III, col. 813 et 814.

Il y avait d'abord obligation pour un très-grand nombre de fiefs des paroisses de Landéan, de la Bâzouges et de Louvigné d'apporter leur grain à ce moulin, dont le produit était pour le seigneur de Mayenne. La corruption des noms, et la désignation des fiefs par le nom de leur possesseur, ne nous permettent pas d'en donner la liste complète : celle que nous présentons ici est plus que suffisante pour faire connaître quel devait être le produit d'une usine qui devait seule fournir à la subsistance d'une étendue de pays aussi considérable. 

Ces fiefs étaient la Cointrie, la Richefolais, la Geslandais, la Langottière, le Bourg de l'Epine, Hagan, l'Angevinerie, la Pointelais, la Fresnais, Pierre-Lé, la Vallée, Lozier, Roche-Gaudin, la Melleraie, la Foretterie, la Hamelinière, la Chareluère, la Raslais, la Jariais, le prieuré de Louvigné [Note : Il est dit expressément que les hommes du Prieuré ne pourront pas moudre à leur moulin ; mais, en 1264, Alain d'Avaugour, seigneur de Mayenne, fit remise au prieur de la Trinité de tous les droits qu'il pouvait prétendre sur son prieuré, à raison du moulin de la Bignette. (D. Morice, t. III, col 990)], la Sachetière, la Jalandais, la Colimonnière, le Latay, le fief des chanoines de Landéan, la Bodinière, la Crochunais, les Mats, Launay, la Cervelière, etc. etc.

De grandes précautions avaient été prises pour prévenir la fraude. Le meunier, qui était à la nomination du seigneur de Mayenne, avait le droit, s'il rencontrait quelqu'un des vassaux de son moulin emportant des farines qu'il soupçonnait provenir d'une autre usine, de les saisir, et de traduire le contrevenant, le jour même ou le lendemain, devant le sergent du seigneur de Fougères, établi à la Bâzouges.

Si le prévenu prouvait que les farines saisies provenaient réellement du moulin de la Bignette, elles lui étaient restituées sans aucuns frais ; dans le cas contraire, elles étaient confisquées, et le contrevenant condamné à une amende au profit du seigneur de Fougères.

Le meunier avait les mêmes droits pour le pain, le jour même qu'il avait été cuit.

Dans le cas où la farine n'était pas saisie dans le transport du moulin au domicile du contrevenant, ou bien le pain le jour même qu'il avait été cuit, le sergent devait, sur la plainte du meunier, assigner les deux parties à sa barre, afin que le meunier pût prouver son accusation, avec l'assistance d'un témoin.

L'accusateur et l'accusé prêtaient également serment, et si celui-ci ne parvenait pas à se justifier, il était condamné à rendre la quantité et la qualité de farine qu'il avait soustraite, et à payer une amende au seigneur de Fougères.

Le sergent devait tenir, à cet effet, une audience tous les deux mois. Le meunier prêtait le serment, qu'il renouvelait tous les ans, de ne jamais poursuivre aucune affaire contre sa conscience.

Si le sergent refusait de poursuivre sur la dénonciation du meunier, et que celui-ci fournit la preuve de la contravention, la farine ou le pain lui étaient adjugés.

Du reste, dans aucun cas, le meunier ne pouvait saisir ni pain, ni farine, dans les maisons, sans l'assistance du sergent.

LA BAZOUGES-DU-DÉSERT (Basilisca) ; sous l'invocation de saint Martin.

Méen Ier, seigneur de Fougères, donna à Marmoutiers, dans le bourg de la Bâzouges, une maison qui servit à l'établissement d'un prieuré, auquel fut réunie la cure ; mais l'abbé de Marmoutiers, ayant négligé d'y pourvoir dans le temps voulu, l'ordinaire s'en empara et la donna à l'archidiacre de Rennes.

Le curé était décimateur pour les cinq sixièmes ; l'autre sixième appartenait aux religieux de Rillé.

La cure de la Bâzouges était une des plus lucratives du diocèse de Rennes. Aussi voyons-nous qu'elle n'était pas dédaignée, même par les hommes de la naissance la plus illustre. Parmi ceux qui l'occupèrent, nous citerons M. d'Argentré, en 1681 ; M. du Bouëxic de Guichen, en 1710 ; M. Pioger de Chantradeuc, qui fit bâtir le presbytère, en 1750 ; M. de Forzanz du Houx, en 1764 ; M. de Châteaubriand, qui passa de la Bâzouges à Saint-Etienne de Rennes, en 1767, etc.

Suivant la tradition du pays, saint Guillaume Firmat a séjourné quelque temps à la Bâzouges. L'église possède des reliques de saint Judicaël, duc de Bretagne.

En 1741, la paroisse do la Bâzouges fut décimée par une épidémie dissentérique, qui sévit d'une manière effrayante : du 18 septembre au 1er novembre, il y eut 194 décès. Le nombre des décès s'éleva, dans l'année, à 343. Le 30 octobre, il y en eut 17. 

Ce fut sur le territoire de la Bâzouges, dans une maison nommée Malagra, non loin du Pont Dom Guérin, que fut arrêté, au mois d'octobre 1795, le prince de Talmont, qui avait abandonné l'armée vendéenne après la déroute de Granville.

On rencontre, sur le territoire de la Bâzouges, plusieurs châteaux à motte : celui qui est connu sous le nom de la Butte-des-Châteaux, sur la Bignette, et ceux des Fossés, de la Fresnais et du Bas-Plessis, sont les plus remarquables.

La chapelle de la Raslais était le titre clérical d'un prêtre. Le dernier titulaire a été M. Delaunay, qui devint ensuite curé de Romagné.

La seigneurie de cette paroisse appartenait à la famille de la Chesnelaye-Romillé. Le marquis du Hallay l'acheta, en 1771, du comte de l'Hôpital, héritier du marquis de la Chesnelaye.

Maisons nobles : Le Domaine et le Plessix.

MELLÉ ; sous l'invocation de saint Martin.

A la fin du XVIème siècle, une association de protestants s'établit au village de la Godelinais. La maison ou ils tenaient leur prêche a été démolie en 1833.

Maison noble : Les Domaines.

MONTAUT ; sous l'invocation de saint Pierre.

Cette paroisse reçut d'abord le nom de Saint-Pierre-des-Bois ; plus tard, on lui donna celui de Saint-Pierre-de-Monthault, d'un rocher assez élevé qui se trouve à un kilomètre du bourg, et enfin, l'usage a prévalu de la désigner sous ce dernier nom de Montaut, qu'on devrait écrire Mont-Hault, conformément à l'orthographe usuelle.

La cure était présentée par l'abbé de Saint-Melaine, de Rennes, et jusqu'en 1698, le titulaire prenait le titre de doyen du Désert. Il avait, en cette qualité, une certaine juridiction sur les paroisses de cet archidiaconé.

La chapelle que l'on voit sur le sommet du rocher de Montaut, d'où l'on jouit d'une admirable perspective, a été bâtie aux frais des paroissiens, sur les ruines d'une ancienne chapelle qui avait été détruite à l'époque de la révolution. Elle est en grande dévotion dans le pays et l'objet de nombreux pèlerinages.

Sur le bord de l'étang des Châteaux, on remarque deux mottes énormes, restes de deux anciennes forteresses féodales. La plus grande, élevée de dix mètres au dessus du sol, présente une superficie d'environ un hectare ; elle est entourée de fossés profonds, et des arbres ont cru sur ses glacis escarpés.

La seconde, qui n'est séparée de la première que par un large fossé, est un peu moins élevée et présente une surface bien moins grande. On la désigne dans le pays sous le nom de la Redoute.

Maisons nobles : La Chalopais, le Bois-Viel et la Bruyère.

POILLEY-LE-LIONNAIS (Ecclesia de Poilley) (D. Morice, t. III, col. 367, 398).

L'Histoire nous apprend qu'à la fin du Xème siècle, un seigneur du nom de Gradloc emprunta 4 livres deniers des religieux du Mont-Saint-Michel, et que, pour sûreté de sa créance, il leur donna en gage l'église de Poilley.

Quelques années après, s'étant rendu lui-même au Mont Saint-Michel, il convertit ce contrat en donation, et abandonna aux religieux la possession pleine et entière de cette église, à la condition que chaque fois que lui ou ses fils iraient à la guerre, il leur serait fourni, aux frais de l'abbaye, deux chevaux bien équipés, qu'ils seraient tenus de rendre en bon état à la fin de la campagne, et qu'en cas de nécessité, il leur serait ouvert un asile dans tous les lieux de la dépendance de l'abbaye.

De leur côté, les religieux firent remise à Gradloc de sa dette, et pour lui témoigner leur reconnaissance, ils offriront à sa femme un fort bon vêtement de drap.

Ils possédèrent l'église de Poilley jusqu'à ce que, n'ayant pu remplir la condition relative à la fourniture des chevaux, les fils de Gradloc, Anger et Hervé, en réclamèrent la restitution ; mais bientôt après, dans l'intérêt du salut de l'âme de leur père, ils la remirent entre les mains des religieux, auxquels ils n'imposèrent, cette fois, d'autre charge qu'un présent de 8 livres deniers et l'obligation de les recevoir au Mont, si la guerre les forçait d'y chercher un asile.

Enfin, l'an 1050, Méen, évêque de Rennes, céda lui-même aux religieux ses droits sur les églises et les paroisses de Poilley et de Villamée, moyennant 20 sous du Mans et le don d'un cheval bai, marchant bien, bene ambulantis ; en sorte que, depuis cette époque, les moines ont toujours été les recteurs de cette paroisse, ou les présentateurs, depuis que les cures ont été gérées par des prêtres séculiers.

Les seigneurs de Poilley paraissent avoir joui d'une grande importance à la cour des seigneurs de Fougères.  Méen de Poilley est en tête des quatre barons qui figurent, en 1096, dans la remise de la collégiale de Fougères à Marmoutiers.

Cette seigneurie passa dans la famille des Leones ou Liones, très-ancienne et très-puissante dans la baronnie de Fougères, qui ajouta son nom à celui de Poilley : d'où vient que cette paroisse s'appelle encore en 1846 Poilley-le-Lionnais.

La terre et seigneurie de Poilley fut érigée en comté, l'an 1636, en faveur de Julien de Poilley.

SAINT-GEORGES-DE-REINTEMBAULT. La cure était à l'alternative.

Ardennes était la terre seigneuriale de la paroisse. Elle fut d'abord possédée par des seigneurs particuliers, dont il est fait mention dès le XIIème siècle (D. Morice, col. 606, 652, 653) : donnée ensuite par les barons de Fougères à l'officier qui faisait la recette de leurs rentes et revenus dans le bailliage de Saint-Georges, et qui mettait leurs mandements et ordonnances à exécution, elle devint ainsi une sergenterie féodée, et était connue sous ce nom, au XVIème siècle.

Enfin, en 1684, elle fut érigée en marquisat, sous le nom de Romilley, en faveur de François, chevalier, seigneur de Romilley et de la Chesnelaye [Note : Il y avait autrefois une forêt assez vaste dépendant d'Ardennes.  Elle donna lieu, en 1210, à une enquête sur les droits respectifs des seigneurs de Fougères et d'Ardennes. (D. Morice, t. 1, p. 818 et 819)].

VILLAMÉE (Ecclesia de Villamois) (D. Morice, t. III, col. 350 et 398).

L'an 990, Conan II, duc de Bretagne, donna au Mont-Saint-Michel le fief d'Amois (Villam-Amois, Villamée) en franche-aumône, pour le tenir de lui et de son comté de Rennes. Il y ajouta le fief du Haut-Pays, qui comprenait les Bayettes et Passillé, en Parigné, lequel y resta annexé jusqu'en 1574, qu'il fut acheté par M. Harpin, conseiller au Parlement de Bretagne, qui le réunit à sa seigneurie de la Chesnaye-Marigny. En 1050, Méen, évêque de Rennes, céda lui-même, aux religieux du Mont-Saint-Michel, ses droits sur l'église de Villamée (Voir Poilley). En sorte que, depuis cette époque, les moines ont toujours été les recteurs ou les présentateurs à la cure de cette paroisse.

Le prieuré de Villamée devait une rente de 40 livres à l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

 

§ 6. — CANTON DE SAINT-AUBIN-DU-CORMIER.

SAINT-AUBIN-DU-CORMIER. L'acte de donation du monastère de Gahard aux religieux de Marmoutiers nous apprend que cette paroisse existait déjà au commencement du XIème siècle (D. Morice, t. III, col. 360) ; mais la fondation de la ville et du château ne remonte qu'à 1223. C'est à Pierre de Dreux, duc de Bretagne, que nous en sommes redevables.

Ce prince, qui, pendant toute la durée de son gouvernement, parut préoccupé de la pensée d'affranchir son autorité du despotisme de ses barons et ses Etats du vasselage de la France, ne négligea aucun des moyens qui pouvaient assurer l'exécution de cette vaste entreprise.

La ligne de ses frontières présentait, entre Fougères et Vitré, une large ouverture, que ses prédécesseurs avaient laissée sans aucune défense, et par laquelle une armée française pouvait, en moins d'un jour, pénétrer au coeur de ses Etats et menacer sa capitale, sans être arrêtée par aucun obstacle. Le chemin connu sous le nom de Chemin Chasles avait déjà, dans les siècles précédents, versé plus d'une fois les soldats des rois mérovingiens dans les plaines de la Bretagne, et il pouvait encore servir aux projets ambitieux du premier souverain qui tenterait d'envahir cette province. Ce fut donc pour opposer un boulevard à l'invasion que, dans sa prévision, il n'ignorait pas devoir être provoquée par ses projets d'indépendance, que le duc Pierre songea à bâtir une forteresse sur le rocher qui domine au sud tout le bassin de la rivière du Couesnon, et auquel on donnait, dès ce temps-là, le nom de Bécherel. Ce rocher offre un aspect très-remarquable dans la partie la plus voisine du château.

Cette entreprise une fois commencée, il la poursuivit avec toute l'ardeur qu'on pouvait attendre d'un caractère tel que le sien ; et les historiens, en nous rendant compte de plusieurs solennités qui eurent lieu à cette époque, ont toujours soin de nous faire remarquer l'absence du duc, motivée par la grande occupation que lui donnait la surveillance des travaux de sa nouvelle ville.

Dès qu'elle fut en état de recevoir des habitants, son premier soin fut d'en rassembler le plus grand nombre possible ; et pour engager ceux des contrées voisines à venir s'y établir, il fit briller à leurs yeux la perspective des avantages considérables qu'il leur accordait. C'est ainsi que, par une charte donnée à Nantes, au mois de mai 1225, il les exempta de la plus grande partie des charges qui pesaient sur le reste de ses sujets, telles que les tailles, la chevauchée, la coutume et le péage. Il leur permit de trafiquer dans toute la Bretagne, moyennant une redevance de 5 sous, payable à la fête de Noël de chaque année, et à la charge de l'accompagner en son ost, à chaque fois que la défense du pays l'exigerait. Il leur accorda en outre le droit d'envoyer paître leurs bestiaux dans la forêt de Rennes, pour lors voisine de la ville, et d'y prendre le bois mort pour leur chauffage. Enfin, voulant donner à ces privilèges toutes les garanti que comportait la constitution de ses Etats, il réunit à Nantes, dans une assemblée générale, les principaux seigneurs de la province, et leur fit ratifier toutes les concessions qu'il avait faites aux habitants de Saint-Aubin.

Les membres de l'assemblée allèrent au-delà de ses désirs, et, pour lui complaire, ils accordèrent aux habitants, sur leurs propres terres, les mêmes privilèges que le duc leur avait accordés sur les siennes (D. Morice, t. III, col. 851). Ils ne tardèrent pas cependant à regretter une libéralité qui portait une sorte d'atteinte à leurs droits de propriété, et ils ressaisirent peu à peu les concessions qu'ils avaient faites par un simple motif de complaisance. Les ducs de Bretagne eux-mêmes ne craignirent pas d'enfreindre plus d'une fois la charte de leur auteur ; mais les privilèges qu'elle consacrait furent de nouveau confirmés par le duc Jean IV, en 1382, et le duc Jean V, en 1408, 1422, 1425 et 1430 [Note : Il y a eu bien d'autres confirmations des privilèges des habitants de Saint-Aubin. Nous mentionnons seulement les principales, par : François Ier, en 1442 et 1448 ; Pierre II, en 1450 ; Arthur III, en 1457 ; François II, en 1458 ; Charles VIII, en 1495 ; Anne, en 1507 ; Louis XII, en 1507 ; Henri II, en 1545 et 1547 ; François II, en 1560 ; Henri III, en 1575 ; Et enfin Louis XIV, en 1691].

Au château et à la ville de Saint-Aubin se rattachent de grands événements qui occupent une place importante dans l'histoire de Bretagne.

En 1231, saint Louis étant entré en Bretagne à la tête d'une armée, s'avança jusque sous les murs de Saint-Aubin-du-Cormier, et là il conclut avec le duc une trêve qui devait durer jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste 1234.

Pour garantie de ses engagements, le duc livra au roi le château de Saint-Aubin, dont la garde fut confiée à Philippe, comte de Boulogne, oncle du monarque. Il ne dut consentir qu'avec peine à cette clause, qui le privait d'une de ses résidences de prédilection ; car, comme il aimait beaucoup la chasse, et que le voisinage de la forêt, abondamment pourvue de gibier, lui permettait de se livrer à cet exercice d'une manière aussi facile qu'agréable, il avait une affection toute particulière pour cette résidence, et il y passait tout le temps qu'il pouvait dérober aux soins de son gouvernement. Aussi éprouva-t-il une véritable satisfaction lorsque la mort du comte de Boulogne, arrivée deux ans après, le remit en possession de son château ; mais cette jouissance ne devait pas être de longue durée : forcé, l'année suivante (1234), de traiter une seconde fois avec le roi, il lui fallut encore consentir au sacrifice de Saint-Aubin pendant trois années.

Lorsqu'il fut rentré dans sa possession (1237), il y établit un marché pour y être tenu le mardi de chaque semaine ; mais cette disposition déplut à André de Vitré, qui avait aussi un marché à Chevré le jour du mardi ; il fit des représentations au duc, et se plaignit du préjudice qu'il en éprouvait. Celui-ci, pour concilier leurs intérêts, consentit à fixer son marché au jeudi.

Malgré toute l'activité que mit le duc à presser les travaux, il ne put voir son château terminé. A l'époque de sa mort, le donjon seul était achevé. Ce monument remarquable, dont nous admirons encore en 1846 les ruines, fut entièrement son ouvrage. Les autres parties du château furent celui de ses successeurs, particulièrement de Jean V et de François II, qui y firent faire de grands travaux en 1449 et en 1486.

En 1341, Charles de Blois, après avoir fait reconnaître son autorité à Rennes, vint mettre le siège devant Saint-Aubin-du-Cormier, qui tenait pour le comte de Montfort. Les habitants, instruits de son approche, sortirent en foule au devant de lui et essayèrent en vain de l'arrêter. Il les défit complètement et les poursuivit avec tant de vigueur, qu'il entra à leur suite dans la ville ; mais là se bornèrent ses succès. Papillon de Saint-Gilles, qui était gouverneur du château, refusa d'écouter les propositions qui lui furent faites, et Charles, désespérant de vaincre sa résistance, prit le parti de se retirer ; mais auparavant, il mit le feu dans la ville et la réduisit en cendres.

Plus d'un siècle s'écoule ensuite, sans que l'histoire nous rappelle même l'existence de Saint-Aubin-du-Cormier ; mais nous arrivons bientôt à l'époque où un fatal souvenir a rendu à jamais célèbre le nom de cette ville.

Guillaume de Rosnyvinen en ayant été nommé gouverneur vers 1465, ce capitaine, qui joignait à la plus haute valeur une expérience consommée dans l'art de la guerre, songea à mettre la dernière main à l'oeuvre qu'avait ébauchée le duc Pierre. Dans la prévision des événements qui éclatèrent peu de temps après, il ne prit point de repos qu'il ne l'eût mise en état de soutenir un siège.

Non content de réparer les anciennes fortifications, il compléta le système de défense, en ouvrant tout autour de profonds retranchements, protégés à l'intérieur par une galerie en bois, et à l'extérieur, par une muraille de douze pieds d'épaisseur ; il fit exécuter des travaux considérables, pour mettre les hommes à l'abri des projectiles, et creusa l'étang qui, en raison de son peu de profondeur, pouvait livrer un passage facile aux ennemis.

Enfin, après avoir satisfait à tout ce qu'exigeait la défense extérieure, il pourvut abondamment aux besoins de la garnison, en approvisionnant la place de vivres et de munitions.

Il semblait donc bien préparé à recevoir l'armée française, lorsqu'en 1487 elle entra en Bretagne ; mais l'incurie des ministres du duc paralysa toutes les mesures qu'il avait prises.

D'abord, on avait retiré de la place la plus grande partie des troupes, lors du siège de Nantes, et depuis, la garnison avait encore été affaiblie, par la retraite du seigneur de Beaufort, que l'on avait appelé à Rennes avec les hommes qu'il commandait, pour faire partie de l'armée du chancelier de la Villéon et de Philippe de Montauban. Le duc d'Orléans y avait, il est vrai, envoyé quelques gens de guerre, après la prise de Redon ; mais, ayant été instruits de l'arrivée des Français, ils sortirent, sous prétexte d'aller chercher du secours à Rennes, et ne revinrent pas. Rosnyvinen, qui, du haut des murailles, observait avec inquiétude tous les mouvements de l'armée ennemie, et sentait tout le danger de sa position, dépêcha courriers sur courriers aux ministres du duc, qui, craignant de se voir attaqués dans la capitale même, se gardèrent bien de lui accorder les secours qu'il demandait.

Le découragement et la terreur s'emparèrent bientôt des habitants, lorsqu'ils virent l'armée française faire ses approches. Un grand nombre d'entre eux se précipitèrent vers les portes, comme s'ils eussent été sérieusement résolus à les défendre ; mais la plupart prirent honteusement la fuite et allèrent se cacher dans la forêt ; quelques-uns seulement entrèrent dans le château, et prêtèrent une honorable assistance à la garnison. Celle-ci se trouvait encore réduite, par la lâcheté des francs archers qui étaient restés avec le gouverneur. Plusieurs d'entre eux avaient trouvé moyen de sortir, en se laissant glisser dans les fossés avec des cordes ; en sorte qu'il ne restait pas beaucoup plus d'une quarantaine d'hommes dans le château.

Les assiégeants l'attaquèrent de trois côtés : du côté de la ville, dont ils se rendirent maîtres sans coup férir ; du côté de la Célinaie ou de Fougères, et du côté de Bécherel. Ils perdirent soixante ou quatre-vingts hommes, qui furent tués par l'artillerie de la place, au moment où ils faisaient leurs approches ; mais leurs dispositions furent si bien prises, leurs pièces tirèrent avec tant de justesse et foudroyèrent les murs avec tant de violence, qu'une brèche, qui pouvait laisser passer quatre à cinq hommes de front, fut bientôt ouverte. Rosnyvinen voulait s'ensevelir sous les ruines de la citadelle ; mais la garnison, qui refusait de lui obéir, le força de capituler. Les Français, pleins d'estime et d'admiration pour sa belle conduite, se montrèrent favorables à écouter ses propositions, et lui accordèrent de se retirer à Rennes, avec le peu d'hommes qui étaient restés auprès de lui, vies et bagues sauves (D. Morice, t. II, p. 171 et 172 ; t. V, col. 558 et suivantes).

L'année suivante (1488), l'armée française, qui venait de prendre Fougères, s'avançait vers Rennes, sous les ordres du duc de La Trémouille. Arrivée au village d'Orange, près de Vieuxvy, à deux lieues de Saint-Aubin-du-Cormier, elle rencontra l'armée bretonne qui marchait au devant d'elle. Un combat à outrance, une lutte acharnée s'engagea entre les soldats des deux peuples, dont l'un se battait pour son indépendance ; mais enfin le moment fixé par la providence pour la réunion sous un même sceptre de toutes les provinces qui devaient former la grande monarchie française, était arrivé ; la Bretagne seule avait survécu à ses soeurs, et son heure avait sonné. Malgré les prodiges de valeur de ses soldats, la victoire resta à la France.

Les prisonniers faits dans cette fatale journée, et parmi lesquels se trouvaient le duc d'Orléans et le prince d'Orange, furent conduits à Saint-Aubin-du-Cormier. On y montre encore en 1846 la cave qui, suivant la tradition, servit de prison au prince, qui, devenu roi de France, ne songea point à venger les injures du duc d'Orléans. Des soldats mutinés vinrent l'assiéger dans sa prison et demandèrent, avec menaces, qu'on le leur livrât ; ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'on parvint à les apaiser.

Le général victorieux ne tarda pas lui-même d'arriver à Saint-Aubin, et ce fut de là, sans doute, qu'il adressa au roi, son maître, les bulletins de sa victoire ; circonstance qui a fait donner à la bataille le nom de Saint-Aubin-du-Cormier, quoiqu'elle ait eu lieu, comme nous l'avons dit, à deux lieues de cette ville [Note : Le village d'Orange est situé à quelques cents mètres du bourg de Vieuxvy, sur la rive gauche du Couesnon. On voit encore des restes de fossés et de retranchements qui furent l'ouvrage des Bretons, dans la plaine où se donna la bataille]. Il traita le duc d'Orléans et le prince d'Orange avec beaucoup d'égards, et les fit souper avec lui. Plusieurs autres prisonniers français se tenaient debout autour de la table. Vers la fin du repas entrèrent deux cordeliers que La Trémouille avait mandés. Leur présence inquiéta vivement les princes, qui crurent toucher à leur dernière heure et ne doutèrent pas que ces religieux ne fussent venus pour les confesser. Mais La Trémouille, qui s'aperçut de leur trouble, s'empressa de les rassurer, en leur disant qu'il n'appartenait qu'au roi de disposer de leur sort. Quant aux autres soldats : « Pour vous, leur dit-il, qui avez quitté le service du roi et suivi le parti de ses ennemis, confessez-vous et disposez-vous à la mort ». Les deux princes intercédèrent inutilement en leur faveur. La Trémouille les fit tous exécuter.

Le traité de Coiron ou du Verger confirma à Charles VIII la possession provisoire de Saint-Aubin-du-Cormier, avec le droit d'y tenir garnison et de jouir des revenus de la ville. Cette possession devait même devenir définitive, si les filles du duc venaient à se marier sans son consentement. D'un autre côté, le roi consentait à perdre tous ses droits sur cette place, s'il négligeait de rendre immédiatement les conquêtes que ses troupes pourraient faire en Bretagne.

La destinée du château de Saint-Aubin était accomplie : élevé pour servir de rempart à la Bretagne, et de boulevard à son indépendance, il devait tomber le jour où succomberait cette indépendance. Charles VIII, vainqueur, usa largement des droits de la victoire. Il fit raser le château de Saint-Aubin-du-Cormier, et, pour perpétuer le souvenir de son triomphe, il fit couper en deux, du sommet à la base, le magnifique donjon que Pierre-de-Dreux avait placé là, comme une sentinelle avancée, qui devait veiller à la garde de ses États, et laissa debout la partie des murailles qui faisait face à la France. Le temps a respecté cette ruine, étrange monument de la conquête. Deux siècles se sont bientôt écoulés, et ce témoin muet de la grandeur et de la ruine d'un peuple, dont la nationalité s'éteignit à ses pieds, domine encore de toute sa hauteur la belle vallée qu'il protégea longtemps, et raconte à notre imagination étonnée les grands événements auxquels se rattachent sa construction et sa ruine.

Avec le château finit l'importance de la ville de Saint-Aubin, qui, depuis cette époque, a toujours été en décroissant. On retrouve encore néanmoins deux ou trois fois le nom de cette ville dans l'histoire de la Ligue en Bretagne ; mais les événements qui provoquent cette mention ne sont que fort secondaires. Ainsi, l'histoire nous apprend que le duc de Mercoeur était à Saint-Aubin lorsqu'il apprit que la ville de Rennes était rentrée sous l'obéissance du roi. Plus tard, le duc de Montpensier y rassembla une petite troupe, qu'il mena du côté de Bécherel. Ce fut encore à Saint-Aubin que le prince de Dombes se retira, après la prise de Châtillon, avec ce qu'il avait de Français et de Lansquenets. Il paraît même qu'il s'y fortifia et qu'il tint quelque temps la campagne, pendant que le général Norris et ses Anglais étaient à se rafraîchir dans le Maine.

La ville de Saint-Aubin et ses dépendances furent plusieurs fois détachées du domaine du duché, et données en apanage à des princes ou à des seigneurs, qui en perçurent les revenus pendant leur vie. 

En 1312, cette ville fut donnée pour résidence à Yolande de Dreux, veuve du duc Arthur II, avec un douaire sur les terres qui en dépendaient.

En 1457, elle fit encore partie du douaire de la duchesse Françoise d'Amboise, veuve du duc Pierre II.

En 1498, la duchesse Anne confirma la donation qu'elle en avait faite au chancelier de Montauban.

Enfin, le 22 décembre 1516, elle fut donnée, par le roi François Ier, à Jehan d'Acigné et à Gillette de Coëtmen, son épouse.

Saint-Aubin possédait, avant la révolution, un siège royal et une subdélégation de l'intendance.

Le siège royal de Saint-Aubin, supprimé en 1564 par Charles IX, et réuni au siège royal de Rennes, avait été rétabli dans la suite par ses successeurs.

Son ressort comprenait les dix-neuf paroisses suivantes :

Saint-Aubin-du-Cormier,

La Bouexière et Chevré,

Saint-Christophe-de-Valains,

Baillé,

Chienné,

La Chapelle-Saint-Aubert,

Dourdain,

Ercé-en-Gosné,

Gahard,

Gosné,

Izé,

Saint-Jean-sur-Couesnon,

Saint-Marc-sur-Couesnon,

Liffré,

Livré,

Mecé,

Mézières,

Saint-Ouen-des-Alleux.

Les principales juridictions seigneuriales qui en dépendaient étaient les suivantes :

HAUTES-JUSTICES.

La Doblais à M. de la Belinaye.

Le Bordage à M. le duc de Coigny.

Le Bois-Cornillé à M. de Goyon des Hurlières.

Le Bertry à M. de la Teillaye.

Livré aux échevins de Rennes.

La Belinaye à M. de la Belinaye.

La Bouexière à M. de la Teillaye.

Gahard à M. le Prieur de Gahard.

MOYENNES-JUSTICES.

L'Aubouclère à M. le Mintier.

Saint-Etienne-de-la-Belinaye à M. de la Belinaye.

La Hervoye à Mme des Glétains.

La Giraudais à Mme des Glétains.

Saint-Georges-de-Chienné à M. de la Choltais-Bois-le-Bon.

Izé au prieur d'Izé.

La Teillaye à M. de la Teillaye.

La Normandais à M. de la Teillaye.

Le Plessis-Pillet à M. de Chateaubourg.

Villepice à Mlle de la Chambre.

JUSTICE SIMPLE.

Saint-Marc à M. Dufeu Placé.

La subdélégation de Saint-Aubin comprenait, outre les paroisses du ressort, celles de Saint-Sulpice-l'Abbaye, Chasné et le Tiercent.

La cure de Saint-Aubin était présentée par le roi.

C'est dans la commune de Saint-Aubin que se trouve la forêt de Haute-Sève, dont la contenance est de sept cents hectares, et dans la partie ouest de cette forêt que sont les carrières de pierre calcaire qui alimentent les fours à chaux des environs.

Elle renferme cinq menhirs assez remarquables : leur hauteur est d'environ 3 mètres 25 centimètres au dessus du sol. Ils sont de la même roche siliceuse dont est formée la crête du rocher assez élevé qui s'étend le long de la forêt, dans la direction de l'est à l'ouest.

CHIENNÉ ; sous l'invocation de saint Georges. L'ancien nom de cette paroisse paraît avoir été Saint-Georges-de-Chaîné ; mais l'usage a prévalu de la désigner sous celui de Chienné. La cure était à l'ordinaire.

L'église de cette paroisse a été bâtie par les Bénédictins, qui, en la cédant au culte régulier, se réservèrent un trait de dîmes, qui a été payé, jusqu'en 1790, aux abbayes de Vitré et de Saint-Sulpice-des-Bois. Il y avait en outre une redevance de quatre mines de froment à un moulin situé près du bourg, et qui aujourd'hui n'existe plus (Ogée, Dictionnaire de Bretagne).

Sous l'Empire, Chienné a été pendant quelque temps réuni à Vandel.

Maisons nobles : Le Molan, les Noës, les Bouillons et la Leziardière.

Le 24 février 1593, de Montbarrot, capitaine de Rennes, craignant que le duc de Mercoeur ne s'emparât du château du Molan, y envoya une garnison pour le conserver au roi Henri IV.

GOSNÉ ; sous l'invocation de la Sainte-Vierge (2 juillet). La cure était à l'ordinaire.

Maisons nobles : L'Aubouclère, le Dezerceul et les Forgettes.

C'est dans cette commune qu'est l'étang d'Ouée, le plus grand de l'arrondissement ; il contient 70 hectares.

LA CHAPELLE-SAINT-AUBERT. La cure était à l'ordinaire.

MÉZIÈRES (Ecclesia de Maceriis) (D. Morice, t. III, col. 360 et 425) ; sous l'invocation de saint Martin. La cure était à la présentation de l'abbé de Saint-Florent. Le curé avait deux sixièmes des dîmes, et la fabrique un autre sixième.

Mézières était une châtellenie dépendante de la baronnie de Vitré.

Maisons nobles : La Scardais, la Ville-Olivier, la Giraudais, la Hervoye, la Touche-Huet et Sévigné.

SAINT-CHRISTOPHE-DE-VALAINS. La cure était présentée par l'abbé de Rillé.

SAINT-JEAN-SUR-COUESNON. La cure était un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, qui possédait également, dans ce prieuré, la chapelle de Saint-Aubin, laquelle était encore desservie par des moines en 1636. — Ce prieuré avait été sécularisé ; mais les moines s'en étaient réservé la présentation.

La maison seigneuriale de cette paroisse était la Dobiais.

Cette terre fut érigée en marquisat, l'an 1645, en faveur de René Gédouin, sieur de la Dobiais, président au Parlement de Bretagne. Elle passa ensuite à la maison des Nétumières, et puis en dernier lieu à celle de la Belinaye.

La chapellenie des Guibés, dans la cathédrale de Rennes, dépendait de cette terre, et le marquis de la Dobiais en avait la présentation. Elle avait été fondée, en 1498, par Michel Guibé, évêque de Rennes et seigneur d'une partie de la paroisse de Saint-Jean.

SAINT-MARC-SUR-COUESNON. La cure était à l'alternative.

La terre seigneuriale était la terre de Saint-Marc. Elle était passée, en 1330, de la maison de Saint-Marc dans celle des le Provots, par le mariage de l'héritière de cette ancienne maison, et elle passa ensuite, en 1640, encore par un mariage, aux du Feu Placé Saint-Marc, dont l'héritière l'a portée à M. de la Villette.

SAINT-OUEN-DES-ALLEUX. La cure était présentée par l'abbé de Rillé.

Maison noble : Le château de la Belinaye.

VANDEL (Ecclesia quœ vocatur Vendels) (D. Morice, t. III, col. 416). Vers le milieu du XIème siècle, un chevalier breton, du nom de Hamon, donna à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur le quart des revenus de l'église de Vandel, avec toutes les dîmes de Mésaubouin (D. Morice, t. III, col. 416). Nous ne savons à quelle époque les religieux renoncèrent à cet avantage ; lors de la révolution, la cure était à l'alternative.

Vandel paraît avoir eu dans l'antiquité une importance qu'il est loin d'avoir aujourd'hui : il était, en effet, le chef-lieu d'un pagus de la cité des Rhedones, et sans doute la résidence d'un vicaire du comte de Rennes.

Ce pagus, auquel il avait donné son nom (pagus vendellensis, aujourd'hui le Vandelais) [Note : L'orthographe administrative est aujourd'hui Vandel, mais, dans les anciens titres, on ne trouve que Vendel. (D. Morice, t. III, col. 391)], comprenait les paroisses suivantes : Vandel, Saint-Sauveur-des-Landes, Romagné, Javené, Chienné, Billé, Combourtillé, Parcé, Luitré, Beaucé, Fleurigné, La Chapelle-Janson, Dom-Pierre-du-Chemin, Princé, Châtillon, Montautour, Montreuil-des-Landes, Saint-Christophe, Izé et Mecé.

A ces paroisses nous devons ajouter la Chapelle Saint-Aubert, la Selle-en-Luitré, Lécousse, qui n'étaient probablement pas encore érigées, ou seulement avec le titre de trêves, et la ville de Fougères elle-même ; car, un traité passé en 1244, entre Raoul III, seigneur de Fougères, et André de Vitré, par lequel ces deux seigneurs s'interdisent réciproquement d'élever dans le Vandelais aucune autre forteresse que celles de Fougères et de Châtillon, ne permet pas de mettre en doute que le territoire sur lequel est assise notre ville ne fût compris dans cette division.

Dans le principe, le Vandelais tout entier faisait partie de la seigneurie de Fougères ; mais Auffroy Ier en détacha toutes les paroisses qui étaient au-delà du Couësnon et les donna à Ynoguen, sa fille, qui les porta en dot à son mari, Tristan de Vitré [Note : Au commencement du XVIIème siècle, elles faisaient encore partie de la baronnie de Vitré, et dépendaient toutes du siège royal de cette ville].

Par une faveur toute spéciale de Conan II, duc de Bretagne, les religieux de Marmoutiers avaient, dans tout le Vandelais, le privilège de percevoir eux-mêmes les droits dus au duc de tous les hommes qui dépendaient de leur abbaye, et qui cultivaient des terres à elle appartenant.

Ce privilège leur avait été concédé, moyennant 20 sous qu'ils avaient comptés au duc, et pareille somme à la comtesse Berthe, sa mère (D. Morice, t. III, col. 403).

On découvre assez fréquemment, dans les environs de Vandel, des cercueils dont la description pourra offrir quelque intérêt à nos lecteurs.

Ils sont composés de deux pièces bien distinctes, savoir : 1° un coffre d'une longueur proportionnée à celle du corps qu'il devait renfermer, et moins large aux pieds qu'à la tête ; 2° un couvercle plat, dont les dimensions sont les mêmes que celles du coffre. Ce couvercle, ainsi que les parois latéraux, a rarement plus de neuf centimètres d'épaisseur.

Quelquefois le coffre est en pierre de granit, et alors il est de plusieurs pièces ; d'autres fois il est en briques.

Dans l'un comme dans l'autre cas, le couvercle est en pierre d'ardoise assez épaisse et grossièrement taillée ; mais le plus ordinairement le cercueil tout entier est formé d'une pierre blanche et poreuse, qui, au premier abord, semble n'être qu'un mélange de chaux et de sable, mais qui, à en juger par le grand nombre de coquilles marines qu'elle renferme, est évidemment un calcaire coquillier.

Ces cercueils affectent, sous la terre, une position constante : les pieds à l'est et la tête à l'ouest.

Ceux que l'on a découverts jusqu'ici, et dont le plus grand nombre se trouvait dans les pièces de terre voisines d'un petit sentier auquel la tradition a conservé le nom de Rue des Tombeaux, ne renfermaient que des ossements presque entièrement réduits. Du reste, aucune gravure, aucune inscription qui pût mettre sur la voie de découvrir à quelle époque ils ont été déposés dans la terre. On prétend cependant que, dans l'un de ces cercueils, l'on a trouvé cinq ou six médailles oblongues de la grandeur d'une ancienne pièce de 3 livres, que l'on brisa en voulant les éclaircir ; mais rien n'est moins certain que cette prétendue découverte, sur laquelle nous n'avons pu obtenir aucun renseignement.

Nous ignorons entièrement à quelle époque remontent ces cercueils. La comparaison que nous avons faite de quelques-uns de leurs fragments avec des fragments d'autres cercueils découverts dans les ruines de Jublains, et que nous avons reconnus être parfaitement identiques, nous porterait à croire qu'ils sont antérieurs à la fin du IXème siècle, l'ancienne cité des Diablintes ayant été détruite à cette époque.

Les maisons nobles de Vandel étaient : Le Moulin-Blot, le Chantier, la Barberie, le Manoir, la Villaye, Saint-Nicolas et le Pont-Notre-Dame (L. Maupillé et A. Bertin, 1846).

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