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LE MANOIR DE LA GRANDE-PALUD

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Le manoir de la Grande-Palue (ou Grande-Palud) est établi sur la rive droite du ruisseau de Pen Ar Coat, près de son embouchure dans l'Elorn. Ce haut et sévère logis de pierres grises, une demeure seigneuriale du XVème siècle, de construction gothique, présente sa façada en équerre, au Midi et à l'Est.

Manoir de la Forest-Landerneau (Bretagne).

Adossé aux vents dominants, il répond bien au plan-type de la plupart de nos vieux manoirs du pays de Léon.

Dans l'angle formé par les deux ailes, une forte tourelle carrée à pan coupé, avec porte gothique à la base, renferme un magnifique escalier aux marches monolithiques qui dessert les étages.

L'embrasure des fenêtres de cet escalier, munies de bancs de pierre, est remarquable par sa profondeur, mais un des éléments architecturaux le plus intéressant est l'enchevêtrement (comparable à une toile d'araignée) que forment les poutres des immenses combles parfaitement conservés.

Ici, comme à la Petite Palue (ou Palud), c'est le berceau d'une des plus anciennes familles nobles de la Région.

Les seigneurs de la Palue étaient un ramage de la famille de Léon dont ils portaient les armes « d'or au lion de sable brisées en chef d'un lambel de gueules ». Ils possédaient le manoir de la Grande Palue en Beuzit-Conogan, de Trésiguidy en Pleyben, du Plessis, des Salles en Plouizy (l'actuel château du marquis de Kerouartz) et du Prat, en Brélévenez.

Dans cette très ancienne famille on rencontre Louis de La Palue, abbé de Daoulas (1399-1409), un seigneur de la Palue qui prend la croix blanche des Français et abandonne le duc (1487). En 1537, un François de la Palue reçoit provision de la paroisse de Motreff. Des seigneurs de la Palue paraissent aux montres de l'Evêché de Léon (Saint-Pol), de 1481 à 1543, au titre de Beuzit-Conogan. Dans la Réformation de la Noblesse de l'Evêché de Saint-Pol (1420-1448) figure un Sire de la Palue.

Ils rendaient hommage au vicomte de Rohan pour leur manoir qui est situé « auprès de la forêt de Gouël-Forest » (1479).

Hervé de la Palue, fils d'Ollivier (qui suit), sénéchal de Léon vers 1450, avait fait reproduire son effigie dans la maîtresse-vitre de l'église de Saint-Divy. Son père Ollivier qui vivait encore en 1460 et qui mourut au début du XVIème siècle, combattit sous les ordres du maréchal de Rieux au temps d'Anne de Bretagne.

Il fut enterré dans l'église de Saint-Houardon sous une très belle tombe « élevée » avec gisant.

On sait qu'Ollivier avait épousé Jeanne, fille de Guyomarch (vivant en 1482), seigneur de la Petite Palue, autre manoir tout proche de Landerneau. Les deux Seigneuries (Grande et Petite Palue) se trouvèrent donc, on l'a vu, réunies pour un temps, dans les mêmes mains.

Comme on l'a noté, du mariage Ollivier-Jeanne naquit une fille, Françoise, qui épousa vers 1520 Troïlus de Montdragon, seigneur du Hallot et baron de Hauteville (en Normandie), vicomte de Loyaux (paroisse de Fresnay), qui fit élever, avant sa mort survenue en 1543, le splendide mausolée à gisant dans l'église de Beuzit-Conogan (maintenant au musée de Quimper).

Une fille des Montdragon, Jeanne, épousa en 1543 François de Montmorency, seigneur de Boutteville, elle était la trisaïeule du fameux maréchal de Luxembourg.

Les Montmorency vendirent la Grande Palue en 1560 aux de Parcevaux, seigneurs de Mézarnou en Plounéventer et de Kerascoët, en Coatméal. Au cours des guerres de la Ligue, Hervé de Parcevaux eut ses manoirs terriblement pillés en 1594 par du Liscouët, capitaine de Landerneau que nous connaissons déjà. Il perdit de ce fait une fortune considérable et fut jeté dans un cul-de-basse-fosse au château de Brest.

Son manoir et surtout ses bois de la Grande Palue furent également endommagés.

On lui avait proposé la liberté contre rançon de 9 500 écus ou l'abandon de « la plus belle maison qui ayt, entre autre sa maison et seigneurie de La Palue avec des forêts vives, franchises et appartenances ce à quoi ne voulant consentir auroit ladite forest endommagée par les gens dudit sieur de Sourdéac ». Il éprouva de ce fait un dommage de plus de 6000 écus. L'inventaire dressé le 1er mars 1603, à l'occasion du procès intenté par Hervé de Parcevaux contre l'épouse de du Liscouët, contient l'énumération de tous les objets pillés et enlevés des trois manoirs (Mézarnou, La Palue, Kérascoët).

Aux archives de Lesquiffiou on a découvert une lettre de sauvegarde donnée en 1596 par Sourdéac pour la maison et le bois de La Palue. Parcevaux voulait se prémunir contre toutes nouvelles déprédations toujours possibles en ces temps troublés.

Françoise de Parcevaux, petite-fille d'Hervé, avait épousé en 1627 René Barbier, marquis de Kerjean. Elle lui avait apporté en dot le manoir et les terres de la Grande Palue. Dans un compte de tutelle, également aux archives de Lesquiffiou on lit d'intéressants détails sur ce mariage et les visites que René Barbier faisait, accompagné d'une troupe de musiciens, à sa fiancée à la Grande Palue où elle habitait avec sa mère.

Pour mieux suivre les transactions qui vont suivre, il paraît utile de décrire l'étendue et la consistance du domaine.

Outre le manoir (qui devait comporter à l'origine un mur à l'Est, percé d'une porte cochère et d'une porte piétonne), il y avait dans son voisinage immédiat et au bord du ruisseau à son débouché dans l'Elorn, un vieux moulin seigneurial (à un « tournant »). Pour mieux réaliser la situation, il faut évidemment faire abstraction de la ligne du chemin de fer ouverte à la circulation en 1858, avec son viaduc et ses hauts remblais, et de la route nouvelle (RN 12) ouverte en 1842 et dont l'ancien tracé empruntait la côte de Saint-Thonan. Au-dessus de la route de la Forest, un étang (asséché depuis). Un deuxième moulin remplaça l'ancien sous la Restauration, on l'appelait le moulin d'en bas par rapport au moulin d'en haut situé en bordure de la RN 12, et construit beaucoup plus tard.

A noter également que la grande prairie au sud-ouest du manoir, tout en bordure de la rivière, a été conquise sur la mer par une digue élevée en 1835.

Tout autour du manoir et s'étendant fort loin, prés, champs, prairies, taillis et bois de haute futaie, sans compter jardins et vergers.

Reprenons la Grande Palue aux mains de René Barbier. Celui-ci la légua à son fils Joseph Sébastien, un fort triste personnage, qui, après de folles aventures, mourut banni en 1715.

Tous ses biens, dont la Palue, furent vendus et c'est Mathieu de Pinsonneau, chevalier seigneur de Pensy, qui en devient propriétaire en 1720.

Pétronille Françoise de Pinsonneau, dame de la Grandville, en hérita. Son fils, Joseph Louis Bidé, chevalier seigneur de la Grandville, brigadier des Armées du Roi, est en possession de la Grande Palue jusqu’au 1er avril 1798 (17 Germinal an VI) date de sa vente, pour 8 000 livres à Bonaventure Ollivier et dame Claude Thiberge, son épouse.

Au moment de cette vente, Bidé résidait à Arlesheim et l'acte est passé à Reinach, chef-lieu de canton, département du Mont-Terrible. Les héritiers de Bonaventure Ollivier (+ 1822) vendent la propriété 32 000 francs à Philippe Julien de Roujoux de Kerlaran, le 18 septembre 1824. Celui-ci ne la conserva pas longtemps puisqu'il s'en désaisit pour 30 000 francs, le 6 avril 1830, entre les mains de MM. Paul, Adolphe et Isidore Huyot. L'acte fait état, outre la propriété de la Grande Palue, d'un vieux moulin et d'un moulin du pont à Landerneau et le terrain Poirier adjacent, le moulin du tation des minoteries est créée entre André François Paul, Louis Etienne Isidore et Calixte Vincent (époux de Jeanne Françoise Huyot).

Le 28 janvier 1845, la Société est dissoute et l'actif est partagé en trois lots, le premier lot qui comprend la Grande Palue (maison et terres), le moulin du pont à Landerneau et le terrain Poirier adjacent, le moulin du Pont-Crach ou moulin du Diable en Plouguerneau, une maison à Landerneau (valeur totale 18 733 francs) échoit à Calixte Vincent. Les deux autres lots, comportant des meubles et d'importantes créances, étaient attribués aux autres associés.

Etienne Calixte Vincent, fils de Calixte, meurt le 25 décembre 1878, et sa veuve, née Marie Lucile Mesnard, légataire universelle, va rompre l'unité du domaine. Elle vend, le 18 novembre 1879, la minoterie de la Grande Palue (dite moulin d'en haut) munie de sa grande roue et la maison d'habitation, le moulin d'en bas, voisin du manoir, en bordure de la grève de Beuzit, étang, chaussée et canaux, à Louis Eugène Mercier, commis de magasin, et Aline Melchior Joséphine Baudry (60 000 francs), Marie Lucile Mesnard conservait le manoir et ses terres.

Les Mercier vendirent les moulins en 1887 à M. Queméneur.

A la mort de la veuve d'Etienne Calixte Vincent, la propriété qui s'étendait sur 34 hectares fut cédée en 1889 par ses héritiers à Mme Laure Michelle Conseil, veuve d'Auguste Jean Constant Le Jeune, et à M. Constant Emile Le Jeune, ancien notaire à Brest, époux de Mlle Julie Vacheront. La maison de la Grande Palue passa ensuite dans la famille Vacheront puis Guezennec.

Noter qu'à la place du moulin d'en bas s'élève vers 1973 l'usine de la S.O.B.A.L.G.

(publié avec l'aimable autorisation de la famille de Jehan Bazin, historien érudit de Landerneau).

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