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HISTOIRE DE L'EGLISE COLLEGIALE DU FOLGOET

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L'église du Folgoët, près de la ville de Lesneven, possède une légende célèbre recueillie entre autres par l'hagiographe breton du XVIIème siècle : Albert Legrand. Un pauvre innocent nommé Salaün, c'est-à-dire en breton Salomon, vivait dans un bois près d'une fontaine. Il n'avait jamais pu apprendre que les deux mots Ave Maria qu'il chantait sans cesse. Il mourut et fut enterré. Or voici que bientôt après poussa sur la tombe un lys dont tous les pétales, portaient écrits en lettres d'or les mots Ave Maria. La fleur merveilleuse avait sa racine dans la bouche du pauvre innocent. C'est en souvenir de ce miracle, advenu l'an 1360, que l'église aurait été construite. Folgoët signifie le Bois du Fou.

Le texte le plus ancien actuellement conservé où soit racontée cette légende — les documents originaux sont perdus — est une notice d'un auteur angevin du XVIème siècle, Pascal Robin, sieur du Faux, insérée dans la grande collection de vies de saints du fameux curé de Saint-Eustache de Paris, René Benoist. Ce texte, dont nous avons retrouvé la vraie leçon, car Mioruc (Miorcec ?) de Kerdanet dans son édition d'Albert le Grand, en 1837, n'avait donné qu'une version corrigée, semble partager la vie du bienheureux fou entre Lesneven et Landévennec où il y a eu galement, à une certaine époque, une chapelle du Folgoët. Il y a toutes raisons de croire à une bévue commise par Pascal Robin, publiciste sans autorité, et de conserver au Folgoët de Lesneven la propriété de sa légende.

Les documents d'archives attestent d'autre part que dans la première moitié du XVème siècle un très fort mouvement de piété s'est porté vers cet endroit. Un inventaire de titres conservé aux Archives du Finistère mentionne pour la période en question une trentaine de donations. La plus ancienne, émanant d'un nommé Harnon Ouiniou, date du 7 mars 1410. En 1422, le duc de Bretagne Jean V érigea la chapelle en collégiale. L'année précédente Alain, vicomte de Rohan, avait fait donation d'un champ. Après Jean V ses successeurs et les trois de France continuèrent, à favoriser la prospérité du Folgoët.

La situation changea en 1692 lorsque le prieuré fut uni au séminaire des aumôniers des vaisseaux du roi Brest.

La chapelle, assez négligée sous cette nouvelle administration, fut incendiée en 1708 par la faute d’un armurier que l'on avait chargé de réparer les soufflets des orgues Les ravages de l'incendie ne furent réparés que sommairement. On ne refit pas les voûtes de la nef, complètement écroulées.

En 1793, la chapelle fut saccagée. Cambry, qui passa au Folgoët quelque temps après, dit que la cour, jonchée de statues brisées, ressemblait « à un champ de bataille ».

Un sieur Anquetil, qui était devenu acquéreur, tenta vainement de se faire acheter par les pouvoirs publics cette propriété encombrante. Comme il menaçait de procéder à la démolition pour vendre les pierres, un groupe d'habitants se cotisa et acheta l'église par acte du 25 août 1810. Le service paroissial fut transporté en 1826 de Guicquelleau à l'église du Folgoët. Celle-ci a été depuis l'objet d'importantes restaurations. Les voûtes hautes ont été refaites et le portail méridional reconstitué.

Plan de l'église du Folgoët (Bretagne).

Plan. — Le plan-de l'édifice est en équerre : la nef et le chœur avec leurs collatéraux s'inscrivent dans un quadrilatère tout à fait régulier sauf, au nord cet au sud, une légère saillie des travées supportant les tours, saillie plus prononcée du côté nord.

L'équerre est formée par un bras de deux travées dont le mur oriental prolonge le chevet plat dans la direction du sud.

Le porche des apôtres, logé après coup dans l'angle entre le mur du bas-côté sud et, le mur du transept, a son entrée du côté ouest et donne accès dans la première travée du croisillon. L'espace restant entre le porche des apôtres et, la seconde travée est, occupé par une sacristie, qui complète un second quadrilatère de constructions placé à angle droit avec le premier.

Il faut observer que le porche des Apôtres, placé dans l'angle du transept et du bas-côté sud, rend aveugles les deux dernières travées de ce collatéral. Les descriptions classiques du Folgoët, donnent à l'ensemble de ces deux travées le nom traditionnel de « voûte obscure ».

 

Intérieur. — La nef, éclairée seulement par la verrière de façade et les fenêtres dés bas-côtés, comprend cinq travées. La première se trouve séparée de la seconde par deux fortes piles, cantonnées de colonnettes, qui servent de soutien aux tours. La croisée d'ogives de cette travée est ancienne, tandis que les voûtes des autres travées ont été rétablies d'après les amorces d'arcs qui subsistaient.

Les piliers des travées suivantes sont entourés chacun de douze colonnettes séparées par des moulures qui se continuent sur les grandes arcades. Il y a pour chaque colonnette une base prismatique. Les chapiteaux, garnis de feuilles retroussées, sont surmontés de tailloirs très minces à pans coupés. Les bas-côtés ont conservé leurs voûtes anciennes avec ogives piriformes. Les remplages de leurs fenêtres sont flamboyants.

Un grand arc en tiers-point mouluré sépare le chœur de la nef. Le chœur est plus élevé que la nef, mais non voûté. Ses piles latérales sont plantées de façon irrégulière : l'ouverture des deux premières arcades du côté sud est beaucoup plus étroite que celle des deux arcades correspondantes de l'autre côté ; on a pu ménager ainsi l'espace nécessaire pour donner à la troisième arcade une largeur à peu près égale à celle du croisillon en face duquel elle se trouve.

Ce bras de transept présente une particularité : chacun des faisceaux de colonnettes supportant les nervures de la voûte est interrompu par une grande niche à dais sculpté. Sous le pignon s'ouvre une rose dite « rose de Carman » qui, détruite pendant la Révolution, a été reconstituée. A l'est, il y a de grandes fenêtres de style rayonnant recoupées par des meneaux.

 

Mobilier. — L’église du Folgoët passe pour avoir possédé autrefois de magnifiques vitraux, œuvre d'un peintre verrier de Lesneven, Alain Cap, né en 1578. En fait de vitraux anciens, il ne reste plus que quelques fragments de grisailles, utilisés dans les soufflets, et les mouchettes des fenêtres des bas-côtés.

Deux autels en granit de Kersanton sont placés contre le mur oriental du croisillon. Le premier est orné de douze arcatures tréflées où sont logés des anges coiffés d'énormes perruques et portant alternativement un phylactère ou un écu. L'autre autel est bordé de frises de feuillages complètement détachés de la masse.

Le jubé est certainement l'un des chefs-d'œuvre techniques des sculpteurs, qui ont taillé le kersanton. Le travail de la pierre semble y rivaliser avec celui du métal. C'est d'ailleurs une œuvre fort élégante.

Jubé de l'église du Folgoët (Bretagne).

La plate-forme, bordée d'une balustrade composée de quatre-feuilles, est soutenue de chaque côté par cinq arcs à redents tréflés retombant sur des piles cantonnées de fines colonnettes. Des gâbles en accolade rehaussés de crochets frisés et séparés par des pinacles complètent la décoration. A chaque extrémité, un étrésillon de granit se détache et vient s'appuyer sur la pile voisine. On remarquera sous la plate-forme trois fausses voûtes d'ogives finement travaillées.

Dans les niches du croisillon se trouvent encore trois statues. Au fond, à droite, une statue de sainte Catherine, dont le socle porte un nom de donateur  J. Droniou, entre deux écus ornés d'un aigle à deux têtes ; plus loin, une statue de sainte Marguerite et une statue de saint Jean polychromée d'une grande valeur artistique.

Sur le mur oriental de la chapelle des fonts baptismaux — première travée du bas-côté sud, sous la tour — on voit une peinture murale du XVIIème ou XVIIIème siècle représentant trois scènes de l'histoire du bienheureux fou Salaün Salaün se balance aux arbres ; Salaün écoute les enseignements d'un prêtre, mais une inscription en latin nous prévient qu'il ne peut rien apprendre, sauf les mots Ave Maria. Enfin, Salaün est assis dans la solitude auprès d'un coffre. Au bas, dans les angles, on voit deux personnages agenouillés sous lesquels on lit les noms de Pierre II et Françoise d'Amboise.

Une armoire à bannières, sous la « voûte obscure » porte des peintures de facture analogue consacrées aussi à l'histoire de Salaün. On y voit figurer encore Pierre II et Françoise d'Amboise et de plus un êvêque dont une inscription nous dit le nom : Monseigneur Rollant de Neufville, évêque de Léon en 1594.

 

Extérieur. — La façade est flanquée de deux tours. La tour du nord est une œuvre remarquable par son élégance et ses heureuses proportions. Sous l'étage supérieur, flanqué de contreforts à pinacles et ajouré sur chaque face par deux longues baies en tiers-point recoupées par des traverses et encadrées par des moulures en accolade, un passage éclairé par des petites arcades jumelles en plein cintre contourne la cage, comme dans le clocher du Kreisker. La flèche octogone, ornée de crochets sur les boudins de ses arêtes, est précédée, comme à Ploaré et à Pont-Croix, d'une galerie dont les arcades tréflées, au nombre de huit sur chaque côté, retomhent sur des meneaux reliés par une traverse. La plate-forme, dont la balustrade se compose de mouchettes superposées, sert de point d'appui à quatre lucarnes très élancées et à quatre clochetons d'angle octogones.

Eglise du Folgoët (Bretagne).

La tour du sud, qui était restée inachevée, fut amortie au XVIIème siècle par un étage percé de baies en plein cintre entre de lourdes colonnes ioniques.

Le tympan du grand portail est orné de sculptures intéressantes qui représentent l'Adoration des Mages et l'Annonciation aux Bergers. Ce portail était jadis précédé d'un porche aujourd'hui détruit dont on voit encore les amorces. Un escalier qui subsiste faisait communiquer la tour sud avec la plate-forme de ce porche. Sur un culot à gauche du portail on a mis une statue de saint Michel qui n'est pas là à sa place, car elle est trop grande pour son support et elle dissimule les restes d'une inscription latine relatant l'érection de l'église en collégiale par Jean V en 1422.

Portail et porche de l'église du Folgoët (Bretagne).

Du côté nord de l'église s'ouvre une petite porte décorée de têtes d'anges. Du côté sud, on voit un beau portail composé de deux baies jumelles en accolade que domine un arc en tiers-point à redents tréflés. Au-dessus, le gâble, dont il demeurait quelques témoins, a été reconstitué.

Au-dessus du comble s'élève un petit clocheton comme à la cathédrale de Saint-Pol.

Le porche des Apôtres s'ouvre entre deux contreforts avec niches et pinacles. L'arc d'entrée est décoré de feuillages qui encadrent deux petits personnages dont l'un porte une banderole avec cette inscription en lettres gothiques : Bu soies veuz. Bien soiés venuz, souhait de bienvenue. Certains bons érudits d'autrefois, faute de savoir lire et interpréter cette inscription bien simple, lui ont prêté un sens fantastique. Les statues des apôtres placées à l'intérieur sont assez médiocres, mais supérieures à celles des autres porches bretons.

Eglise du Folgoët (Bretagne).

La sacristie paraît de même époque que le porche. Il y a du côté ouest une fenêtre meneaux, sur le pignon, des arcatures en anse de panier et sur les rampants du pignon, une balustrade de style flamboyant.

Le croisillon est flanqué de contreforts d'angle à larmiers qui sont amortis par des pinacles. Au sommet du mur court une balustrade formée de petites arcades tréflées. Au centre du pignon, au-dessus de la grande rose, deux colonnes soutiennent un gâble plein. Le chevet plat est épaulé par des contreforts. On y rerparque d'assez curieuses gargouilles. La fenêtre principale s'ouvre au-dessus de la fontaine sainte dont l'arc en accolade abrite une statue de la Vierge.

Eglise du Folgoët (Bretagne).

En faisant le tour de l'église, il faut remarquer les statues enfouies à l'époque de la Révolution, retrouvées depuis et placées un peu au hasard dans les niches des contreforts ou des portails. Nous pouvons citer saint Yves, le Riche, le Pauvre, — les trois acteurs d'une scène célèbre souvent traitée par les sculpteurs de Bretagne, — saint Éloi, saint François, l'Ecce Homo, trois statues de saints évêques, une Vierge mère, une Pieta, un saint Jean, une Vierge foulant le serpent, une sainte Marguerite. Le contrefort à droite du porche des Apôtres renferme dans les niches inférieures un saint Christophe et une statue de la Vierge dont le socle porte cette inscription en lettres gothiques : Olivier sire du Chastel. Au-dessus on apercoit une statue du roi Salomon.

Les débris du calvaire se voient en face de la porte latérale sud. Sur un soubassement carré, surmonté d'une vieille base de croix, on a installé autour d'une croix neuve, quelques vieilles statues, dont celles d'un cardinal agenouillé qui passe pour être le cardinal de Coëtivy.

Dans la cour du prieuré, aujourd'hui presbytère, bâtiment du XVIème siècle, flanqué d'une tour hexagonale avec poivrière dans l'angle et d'une tour carrée, nous trouverons encore quelques débris de sculptures, entre autres les restes d'une croix. Un cartouche porte cette inscription :

C... E CROIX
FUST FAICTE EN
LA MV. XL. I. I. I.

Eglise du Folgoët (Bretagne).

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE : En 1837, Miorcec de Kerdanet, dans son édition de la Vie des Saints de Bretagne d'Albert Le Grand, a publié, sans donner de références bibliographiques, une prétendue Histoire miraculeuse …, de Nostre-Dame-de-Folgoët... PAR JEAN DE LANGOUEZNOU. Ce texte, qui jusqu'à présent a été accepté sans contrôle par les érudits bretons, n'est qu’un arrangement d'une notice de Pascal Robin, sieur du Faux, Angevin, notice insérée dans le grand recueil de René Benoist : Les vies et passions des Saints... Sur le recueil de Benoist on peut consulter Niceron : Histoire des hommes illustres... t. 41, p. 31 (sub verbo René Benoist). Il doit y avoir plus d'éditions que n'en indique Niceron, Nous avons consulté de l'ouvrage deux exemplaires : 1° Bibliothèque Nationale, Rés. H. 386, édition en un volume in-f°, 1607 ; — 2° Bibliothèque municipale du Mans, Histoire n° 4275, édition en 3 volumes in-f°, 1579-1580. — Le texte publié par Kerdanet dérive d'un texte analogue à celui de l'exemplaire du Mans, car des notes marginales qui n'existent pas dans l'exemplaire de Paris s'y trouvent utilisées.

Le pseudo Jean de Langoueznou, abbé qui ne figure pas dans les listes authentiques d'abbés de Landévennec, allégué comme autorité par Pascal Robin, devient, dans le texte de Kerdanet, l'auteur de la notice. Plusieurs mentions de Landévennec comme lieu de résidence du bienheureux fou Salaun — dans d'autres passages Robin mentionne Lesneven — se trouvent remplacées par des mentions de Lesneven.

Il est bien possible que l'introduction en cette affaire du nom de Landévennec (et par suite l'invention d'un prétendun abbé de Landévennec) provienne d'une simple bévue de Pascal Robin. En tout cas, d'est seulement d'après le texte de Pascal Robin, et non d'après des documents d'archives, comme le supposait Levot (Notice sur Landévennec et son abbaye ; Brest 1858, p. 29), que Dom Mars, auteur d'une Histoire de l'abbaye de Landévennec, a prétendu revendiquer pour Landévennec la légende de Salaün. Le rétablissement de la vérité bibliographique viendrait donc confirmer plutôt qu'infirmer l'attribution traditionnelle de la légende au Folgoët prés de Lesneven. Kerdanet, n'a peut-être pas eu tort de supposer chez Pascal Robin une bévue, a eu le tort de corriger sans prévenir. C'est d'ailleurs un auteur peu sûr. Quérard, dans ses Supercheries littéraires dévoilées donne place au Dévot Pèlerinage du Folgoët par Cyrille Pennec, texte publié par Miorcec de Kerdanet en même temps que l'Histoire miraculeuse, à la suite de sa notice sur le Folgoët. D'après Quérard, Cyrille le Pennec ne serait qu'un pseudonyme de Miorcec de Kerdanet.

(Par M. Lucien LÉCUREUX).

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