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FOLGOAT : L'HÔPITAL MILITAIRE.

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En 1763, les Jésuites furent chassés de France, et perdirent par conséquent leurs maisons de Brest et du Folgoat. L'administration des revenus de la collégiale, dont on fit alors l'inventaire et qui s'élevaient à 5908 livres, fut confiée à un économat qui fit beaucoup de devis et peu de réparations.

A ce moment le Folgoat, peuple et collégiale, était dans une situation lamentable ; non seulement les pélerinages étaient abandonnés, et, avec eux, la ferveur des habitants, mais une grande cause de désordre avait remplacé la source de grâces et de bénédictions qu'était, au siècle précédent, ce vénéré sanctuaire : les anciens bâtiments de la collégiale avaient été transformés en hôpital de convalescents pour les soldats de Brest.

Les Archives de l'Evêché possèdent des documents impressionnants à ce sujet, écrits par Goulven Le Melloc, qui fut recteur de la paroisse de Guicquelleau de 1773 à 1785.

Goulven Le Melloc était un prêtre intelligent et zélé. Nommé recteur de Guicquelleau en 1773, il constata avec tristesse et bien vite l'état de déchéance où se trouvaient les habitants du Folgoat au point de vue moral et religieux, et il entreprit immédiatement d'y remédier. Il écrivit, à divers reprises, à son évêque Monseigneur de la Marche, des lettres pressantes, lui demandant de transférer la paroisse au Folgoat, afin qu'il pût sur place s'occuper plus facilement de l'église et de ses paroissiens, d'affecter une plus grande somme aux desservants de l'église, et de transformer l'hôpital militaire en hospice des pauvres. Pour apitoyer l'évêque et l'intéresser à sa requête, il fait appel à tous les arguments que l'état des âmes et des lieux et son cœur de pasteur lui inspirent. Il étale sous les yeux de l'évêque la misère de cette partie de son troupeau. Un mémoire de 1774 que le Bulletin de la Commission Diocésaine d'Architecture et d'Archéologie a publié en Juillet-Octobre 1909, est particulièrement émouvant et pressant.

Cette année-là, Louis XVI avait ordonné de faire une enquête par toute la France sur le paupérisme et les moyens propres à le restreindre et à lui venir en aide.

Goulven Le Melloc informe Monseigneur de la Marche qu'il y a dans sa paroisse plus de deux cents pauvres ; et, comme l'évêque demandait dans un questionnaire à tous ses prêtres de lui dire s'il y avait dans la paroisse quelque espèce d'établissement pour les pauvres, et quels en étaient les avantages et les défauts, il répond en exposant la situation de l'hôpital, et en lui demandant d'agir pour que les soldats passent désormais leur convalescence à Brest et soient remplacés par les pauvres de la paroisse.

« Les soldats, dit-il, sont des sujets déjà minés par les maux assez communs aux gens de troupe. Grâce à eux et par eux se sont établis au Folgoat des lieux de prostitution où ils sont jour et nuit. Ils se sont imposés même dans des maisons d'honnêtes gens, en les effrayant par des menaces de les incendier, s'ils essayaient de résister. Ceux qui partent font connaître aux nouveaux arrivants les lieux de rendez-vous, et le mal ainsi se perpétue. A Brest, ils seraient bien mieux surveillés sous les yeux de leurs officiers, et visités continuellement par les médecins et les chirurgiens. Le nombre ordinaire des soldats à l'hôpital du Folgoat n'est que de 40 à 60. S'ils partaient, les 200 pauvres de la paroisse pourraient être assistés ».

Pauvre Folgoat jadis si florissant quand douze chanoines présidaient les offices et les pélerinages si sanctifiants, et que le doyen avait toute autorité pour la police et le bon ordre du pays, aujourd'hui si délaissé et livré aux désordres de soldats débauchés ! Pour en ramener les habitants aux pratiques religieuses, Monsieur Melloc insinue qu'il serait nécessaire de leur donner une meilleure instruction, de faire plus de prônes et de catéchismes, et, pour cela, de transférer la paroisse de Guicquelleau au Folgoat. Il reproche aux Jésuites d'avoir enlevé la plus grande partie de l'argenterie et des vases sacrés. Il se plaint que l'économe chargé de la gestion des biens de la collégiale depuis leur départ ne donne que 1800 livres pour l'entretien du culte et des chapelains, réclame une augmentation, alléguant avec raison que les 8000 livres de revenus du prieuré (5000 livres de revenus et 3000 d'offrandes) n'avaient d'autre destination que le service de cette église.

Le Melloc mourut sans avoir vu la réalisation de son désir, en l'année 1785. Cette même année, l'hôpital militaire du Folgoat fut incendié dans la nuit du 23 au 24 Décembre.

Ses démarches pourtant n'avaient pas été inutiles : Monseigneur de la Marche, impressionné par les instances justifiées du bon recteur écrivait le 12 Avril 1786 à l'intendant de Rennes : « Je désire beaucoup la suppression de l'hôpital du Folgoat ; l'intérêt du roi le demande ainsi que celui du diocèse ; cette suppression favorisera le projet très utile que j'ai de transférer au Folgoat la paroisse de Guicquelleau ».

En ce qui concerne le premier objet de sa supplique, il obtint satisfaction : l'hôpital du Folgoat fut transféré au Couvent des Minimes à Morlaix le 30 Juin 1787 (Archives d'Ille-et-Vilaine). Quant au transfert projeté de la paroisse de Guicquelleau au Folgoat, il dut revenir à la charge.

En 1786, il présentait à l'assemblée du clergé un état de ses paroisses avec leurs revenus : il était question de supprimer la dîme et de la remplacer par la portion congrue de 700 livres pour les recteurs et de 350 livres pour les vicaires. La dîme était insignifiante dans beaucoup de diocèses. Monseigneur de la Marche s'oppose pour le sien à ce changement : ses prêtres y perdraient, dit-il, la dîme étant supérieure à ces chiffres dans presque toutes ses paroisses.

A ce propos, Monseigneur de la Marche écrit dans une colonne spéciale ses observations ; et voici ce qu'il note de sa main au sujet de la paroisse de Guicquelleau : « La paroisse de Guicquelleau dont les revenus ne sont que de 696 livres en dîme, aurait des revenus suffisants si on la transférait au Folgoat et si on lui unissait une partie de Ploudaniel » (Archives de l'Evêché de Quimper).

La Révolution survint avant qu'il eût pu faire approuver et appuyer son projet auprès du roi par l'assemblée du clergé. Le siège de la paroisse devait rester à Guicquelleau jusqu'en 1829.

(A. Guillermit).

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