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FOLGOAT (ou FOLGOËT) : DESCRIPTION DE L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE.

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Entrons maintenant dans l'église. Arrêtons-nous sur le seuil et contemplons le magnifique ensemble artistique et lumineux que constituent la rosace et le jubé. Surtout si le soleil du matin ou du soir projette ses rayons sur la verrière aux multiples couleurs, le coup d’œil est féerique. A tout moment, cette lumière multicolore, contrastant avec l'obscurité de l'église, fait mieux ressortir la dentelle de pierre que sont le jubé et la rosace.

L'église a la forme d'une équerre. Elle a trois nefs séparées par de robustes piliers dont les chapiteaux sont ornés de choux frisés et de vigne en pierres de Kersanton.

Les larges piliers qui soutiennent les masses des deux tours forment des deux côtés de l'église deux petites chapelles : celle du Nord (à notre gauche en entrant) n'a rien de remarquable, si ce n'est la différence de style de ses ogives ; là est l'escalier qui conduit au clocher et aux galeries. On reconnaît sur le granit des piliers les traces du feu qui fut très violent dans cette partie de l'église.

La chapelle du Sud (à notre droite en entrant) est l'ancienne chapelle de Kersao qui sert de fonts baptismaux.

« Dans cet espace réservé, entre deux colonnes fleuries qui supportent une grande arcade, est posé contre un mur un charmant petit autel, exécuté en pierres de Kersanton et partagé par quatre ogives. Cet autel a conservé un retable fort élégant. Au-dessus de l'arcade, on suit avec difficulté les lignes d'une assez mauvaise peinture à fresque, représentant dans le haut l'histoire de Salaün. On le voit d'un côté se balançant sur la branche d'un arbre, et de sa bouche sort une légende avec ces mots : Ave Maria, Salaün a debrez bara : Ave Maria, Salaün mangeait du pain. De l'autre côté, il est assis sur un billot et prend du pain dans un coffre ouvert : la légende est répétée. Salaün est vêtu d'une espèce de robe semblable à celle que nous voyons porter à quelques malheureux privés de raison, et que nos cultivateurs appellent innocents. Au milieu, un prêtre prononce ces paroles empruntées à la légende de dom Jean de Langoueznou : Nihil addiscere potuit proeter hæc duo verba : Ave Maria, quæ pius duplicabat triplicabatque : il ne savait que ces deux mots : Ave Maria, qu'il répétait sans cesse. Le prêtre présente à un pèlerin un livre racontant l'histoire miraculeuse du bienheureux Salaün. Dans le lointain, on aperçoit le château et la ville de Lesneven. Au bas de cette composition, Pierre II, duc de Bretagne, à genoux sur un coussin, la couronne ducale posée devant lui, armé de toutes pièces et couvert d'un manteau d'hermine, est en oraison en face de la duchesse Françoise d'Amboise, sa femme, représentée sous l'habit de religieuse Carmélite qu'elle revêtit en 1467 » (de Coëtlogon).

Cette peinture, bien endommagée par l'humidité, est de la fin du XVIIème ; elle est signée M. Floh P. Elle a été restaurée en 1660.

Approchons-nous du jubé : il divise en deux parties la nef centrale : la partie supérieure était réservée aux chanoines de la collégiale ; le peuple se tenait dans la partie inférieure et dans les bas-côtés.

Ce jubé est une merveille de légèreté et d'élégance : c'est une tribune appuyée sur le mur du chœur par derrière ; par devant, elle repose sur trois arcades que soutiennent quatre colonnes minces et légères ; sur les fûts des colonnes sont finement découpés de petites chapelles, des niches, des bénitiers. Les chapiteaux en sont ornés d'insectes, d'animaux, de fleurs, de guirlandes, de vignes, et proclament la richesse d'imagination du sculpteur et l'habileté de son art. Les sommets des colonnes s'évasent et s'épanouissent dans tous les sens. Pour couronner le monument, une belle galerie à étoiles, en dentelle à jour, merveille de légèreté et de finesse. On dirait que la pierre a été découpée comme du carton ou pétrie comme de la cire molle.

Chacune des arcades est surmontée d'une longue ogive qui s'élance au haut de la galerie et qui se termine là par un bouquet : ces bouquets servaient autrefois de base à trois statues du Christ en croix, de la Sainte Vierge et de son disciple Saint Jean.

Ce jubé dépasse beaucoup en grâce et en fini d'exécution les célèbres jubés de Saint-Etienne-du-Mont à Paris, de la Madeleine de Troyes et de Sainte-Cécile d'Albi.

Sous le jubé se trouvent deux autels minuscules de chaque côté de la porte du chœur. Le plus petit, à droite, est une dédicace faite par les maçons en achevant leurs travaux. Ils y avaient gravé dans trois compartiments entourés de bordures et de guirlandes du travail le plus délicat les instruments de leur profession : une règle, un marteau, une équerre, un fil à plomb, un compas, une truelle, un ciseau, un niveau, et ils avaient sollicité les prières des pèlerins en y inscrivant ces paroles : « Vous qui icy venez, priez, Dieu pour les trépassez ».

Au-dessus de ces autels, deux fenêtres flamboyantes à jour d'une extraordinaire légèreté.

A droite du jubé, statue rapportée du Christ flagellé.

Avant de franchir la porte du chœur, jetons un coup d'oeil en passant sur la chaire en bois sculpté, moderne, sur laquelle sont représentés divers épisodes de la vie de Salaün.

Dans le chœur, à gauche, un ex-voto rappelle la reconnaissance des pèlerins bretons de Lourdes. Une rame de wagons se détacha de la locomotive sur une forte pente en Vendée et roula sans direction à une vitesse vertigineuse. La Sainte Vierge protégea ses pèlerins : il n'y eût pas d'accident, et tous vinrent en procession remercier Notre-Dame au Folgoat.

Les autels.

Nous allons maintenant passer en revue les cinq autels qui sont placés le long de l'abside droite de l'église. Commençons par notre gauche. Le premier autel est celui du Rosaire. Taillé dans la pierre fine de Kersanton, il offre en façade huit arcatures subdivisées chacune en deux autres secondaires et séparées entre elles par de petits piliers carrés qui se terminent en clochetons. Une guirlande feuillagée, refouillée dans la pierre qui forme table les surmonte. Cet autel a trois mètres de long sur un de large.

Le maître-autel est composé exactement sur le même modèle, mais il est plus fini. Il mesure quatre mètres de long et est orné de guirlandes de vigne avec quatorze petites arcades. Au milieu du feuillage, une hermine passante avec la devise : A ma vie. Des oiseaux égrènent le raisin, et chaque feuille se détache artistiquement de la tige à moitié cachée dans l'ombre.

Près du maître-autel, du côté de l'épître, à notre droite, une superbe niche destinée à recevoir les burettes qui servent pour la messe. Le trésor du Folgoat en possédait de très riches : elles ont été enlevées pendant la Révolution et transportées à la Monnaie à Nantes en 1791, avec toutes les autres richesses du Folgoat.

Le troisième autel est en bois ; il revêt un autel en pierre que l'on trouvait trop simple et que l'on a ainsi pauvrement recouvert. Mais cet autel en bois ne cadre pas du tout avec le reste de l'église et n'est pas digne du Folgoat. Nous espérons que la générosité des pèlerins et des visiteurs permettra un jour d'offrir à Notre-Dame du Folgoat un autel moins indigne d'elle et de sa magnifique église.

Au-dessus de cet autel trône la Vierge couronnée portant l'Enfant Jésus, en granit de Kersanton. Chaque année, le 8 Septembre, on la porte en procession, et, pendant toute la journée les fidèles viennent baiser les pieds de la reine du Ciel.

Cette représentation de la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus est l'objet d'une particulière vénération chez les Bretons ; on la retrouve quatre fois au Folgoat. Les Bretons sont encore de ceux qui se font un titre de gloire de leurs familles nombreuses. Il est donc tout naturel qu'ils sollicitent la protection de la Mère toute puissante de Dieu, qui, comme les mères bretonnes, a connu les angoisses et les responsabilités de la maternité.

De tous temps Marie, mère de Dieu, a été spécialement l'objet de la dévotion du Folgoat : la reine Anne vint lui demander autrefois de lui accorder des enfants de Louis XII ; et c'est après s'être vouée à Notre-Dame du Folgoat qu'Anne d'Autriche mit au monde celui que, vu les circonstances, on appela Dieudonné, et qui fut plus tard Louis XIV.

Le quatrième autel est l'autel des anges. Il est entouré d'une vigne élégante. Les bas-reliefs ont dix-huit niches dont deux sont unies, et qui sont séparées l'une de l'autre par des piliers triangulaires terminés en clochetons et ornés à leurs chapiteaux d'animaux rampants. Seize niches portent de petites statues d'anges, aux traits assez agréables, mais aux cheveux ébouriffés selon la mode de l'époque. Huit anges portent des écussons et huit autres des légendes sur lesquelles il semble que rien n'ait jamais été écrit.

Cet autel a trois mètres cinquante de long sur un mètre 18 centimètres de large.

Le dernier autel est celui du cardinal de Coëtivy. Il est plus simple que les autres, moins ornementé, mais combien élégant et fini ! La table repose sur trois colonnes en avant et deux sur les côtés : elles sont surmontées de gracieuses arcatures trilobées à feston, portant des feuilles à leur pointe. Cet autel a 2 m. 40 de long et 0 m. 90 de large.

Les vitraux.

Tous les anciens vitraux de l'église du Folgoat, qui étaient très riches, ont été détruits par l'incendie de 1708 ou par la haine révolutionnaire. Les vitraux modernes sont dus à l'artiste verrier Hirsh qui les fit tous entre 1860 et 1868, à la demande de Monsieur le recteur La Haye, sauf le vitrail qui se trouve à la fenêtre de la chapelle de croix et qui représente le couronnement : il est de 1889. Les autres vitraux représentent :

Au dessus de l'autel du Rosaire, la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus et remettant le scapulaire à Saint Simon Stock ; en pendant, Sainte Thérèse, à genoux, les mains jointes. En bas du vitrail les armes de Pie IX et de Monseigneur Sergent. Au-dessus du maître-autel, la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus et remettant le rosaire à Saint Dominique ; en pendant, Sainte Catherine de Sienne tenant la palme du martyre ; près de Saint Dominique, Saint Vincent Ferrier qui a évangélisé la Bretagne et passé par Lesneven et très probablement par le Folgoat dont l'église se construisait alors (La Haye) ; Salaün se balançant sur son arbre. Tout autour du grand vitrail, des médaillons représentent les quinze mystères du Rosaire ; dans les découpures de la rosace, les litanies de la Sainte Vierge ; au-dessus les armes de Mgr Sergent. Au-dessus de l'autel des Anges, Pie IX, entouré de cardinaux et d'évêques et proclamant le dogme de l'Immaculée Conception.

Au-dessus de l'autel du cardinal de Coëtivy, la Sainte Vierge apparaissant à Salaün qui se balance sur son arbre ; tout autour, dans des médaillons, des scènes de la vie de Salaün.

Salaün à l'école. — Salaün mendiant son pain, pendant que des enfants tirent sur les basques de son vêtement ; — Salaün plongeant son pain dans l'eau ; — Salaün se balançant sur son arbre ; — Salaün se baignant dans la fontaine ; — les voisins de Salaün le trouvent mort au pied de son arbre ; — L'abbé de Landévennec, dom Jean de Langoueznou, vient voir la tombe fleurdelisée ; — L'évêque de Léon pose la première pierre de la chapelle ; — Arme de Bretagne et ses dames de compagnie à genoux devant l'autel de la Sainte Vierge.

Le tympan de la fenêtre est illustré par 26 écussons ou armoiries des familles de Bretagne dont les ancêtres comptent parmi les bienfaiteurs de l'église. [Note : Pour la lecture des écussons, voir l'appendice].

Dans le vitrail du couronnement, Monsieur Hirsh à reproduit le portrait de personnages qui assistèrent au couronnement de N.-D. du Folgoat en 1888 ; le cardinal Place, archevêque de Rennes, pose solennellement la couronne sur la tête de la Sainte Vierge ; en face de lui, Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper, se tient les mains jointes ; autour d'eux sont réunis, avec de nombreux chanoines, prêtres et fidèles : Monseigneur Laouénan, archevêque de Pondichéry ; Monseigneur Freppel, évêque d'Angers et député du Finistère; Monseigneur Bougaud, évêque de Laval ; Monseigneur Bécel, évêque de Vannes ; Monseigneur Trégaro, évêque de Séez.

Les vitraux des fenêtres de l'église représentent les 14 stations du chemin de croix. Dans la petite fenêtre ovale qui surmonte la première fenêtre du côté nord de l'église, la mort de Saint Joseph, assisté de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge.

Enfin le vitrail de la façade occidentale représente : le cardinal de Coëtivy, la reine Anne, le duc Jean V, l'évêque Alain de la Rue.

Pour achever notre visite, il nous reste à voir auprès de la sacristie, la statue de Sainte Catherine, la couronne ducale sur la tête, tenant une épée de la main droite et la roue du supplice dans la main gauche ; sur le socle, on lit le nom : Droniou, du sculpteur probablement, ou peut-être du donateur, Droniou, trésorier général de Bretagne, d'après de Kerdanet ; puis la très gracieuse statue de Sainte Marguerite surmontant le dragon qui l'a dévorée. « Cette statue, dit M. de Kerdanet dans sa nouvelle édition du Folgoat, est un admirable morceau de sculpture, où une vierge faible et timide, mais armée de la foi, armée de la prière, retient sous ses pieds un énorme dragon qui, saisi par une puissance qu'il ne comprend pas, veut à tout prix s'en affranchir et s'épuise en efforts superflus. Il se retire d'abord sur lui-même, se resserre, se contracte, et puis il s'enfle et s'irrite, et semble refouler son venin ou son sang vers sa tête, qui se gonfle alors à vue d'œil, et forme la figure la plus horrible qu'on puisse imaginer. Voyez chacun de ses traits, cette queue nouée et tortillée, comme celle d'un lion en fureur ; cette crinière hérissée, ces ailes ouvertes, ces oreilles aplaties, cette tête immense, ces jambes accroupies, ces griffes rampantes, ces yeux saillants, étincelants, ce front semé de rides, retombant pesamment sur le museau, et sillonnant, en cet endroit, une entaille profonde et hideuse ; et tout le monstre s'affaissant sous le poids, et pouvant à peine ouvrir la gueule pour respirer. Il l'ouvre cependant et laisse apercevoir seize défenses irritées, furieuses, menaçantes comme celles du tigre ou de l'hyène... Quel tableau ! Que de paix, de douceur et d'humilité d'une part, et, de l'autre, que de rage, d'orgueil et d'humiliation ».

A l'air un peu mondain et à la pose de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite, Monsieur de Coëtlogon pense que ces statues pourraient bien être celles de nobles dames de l'époque.

Plus loin, à l'angle du bas-côté, une statue mal « débadigeonnée » à laquelle Monsieur Abgrall trouve un faux air de Saint Jean l'Evangéliste, peut-être celui qui se trouvait autrefois sur le jubé.

Enfin, au-dessus de la sacristie, un tableau moderne représente les grandes dames de Bretagne, en costume de l'époque, venant s'agenouiller sur la tombe fleurdelisée.

 

Le doyenné.
Le premier doyen, dom Jean de Kergoal fit élever les bâtiments du doyenné et l'hôtel des pèlerins, appelé l'hôtel de la reine Anne depuis son passage en 1505. Cet hôtel sert aujourd'hui de presbytère. Au temps de la collégiale, il était exempt de toutes impositions, parce que les doyens devaient y tenir une hôtellerie pour y recevoir, nourrir et loger les pèlerins. « Elle se compose d'un corps-de-logis dont les fenêtres du premier étage sont en accolade et à croisées de pierre. Celles du comble, surmontées d'un fronton aigu garni de crochets ou bouquets de feuillage, ont des monstres sculptés sur les impostes. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont simplement garnies de meneaux. L'archivolte de la porte principale est garnie de crochets ; la fenêtre de droite est surmontée des armes de Kergoal : d'azur à une main gantée d'argent mouvant du côté senestre, et supportant un épervier aussi d'argent. Ce bâtiment est flanqué, à gauche, d'une tour hexagonale unie à une tourelle ronde en cul-de-lampe ; à droite d'une tourelle carrée de construction récente, contrastant assez fortement avec l'élégance du reste. Dans la tourelle de gauche se trouve un très bel escalier en spirale, en belles pierres de taille, qui conduit à une chambre ronde. Suivant le Père Cyrille, tous les ducs de Bretagne depuis Jean IV ont honoré ces lieux de leur présence ; mais les voyages de Jean V et d'Anne au Folgoat sont les mieux constatés. (De Courcy : description de l'église collégiale du Folgoat 1863).

(A. Guillermit).

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