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FOLGOAT (ou FOLGOËT) : DESCRIPTION DE L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE.

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Description de l'Église.

L'église du Folgoat est une des plus belles églises gothiques de Bretagne et de France. Elle mérite plus que le coup d'œil rapide et distrait que lui jettent les touristes armés de leur guide. L'homme de goût doit s'arrêter longuement pour en remarquer et en admirer, après l'ensemble harmonieux, les mille détails de sculpture que le vandalisme de 1793 a épargnés ou que l'Administration des Beaux-Arts a restaurés.

Si vous le voulez bien, ami lecteur, nous allons la visiter ensemble. Je l'ai souvent contemplée et longuement étudiée ; j'ai lu les descriptions savantes de MM. de Kerdanet, de Coëtlogon, de Courcy, de M. le chanoine Abgrall ; j'en ai recueilli de larges extraits remarquables par la précision et la richesse du vocabulaire ; ils nous aideront à remarquer ce qui pourrait échapper à nos regards ; surtout ils nous aideront à comprendre, à goûter, à admirer comme il convient ce magnifique chef-d'œuvre.

L'Extérieur de l'Église.

I. — LA FAÇADE OUEST.

Plaçons-nous d'abord à quelque distance, vis-à-vis de la façade principale, la façade ouest. Elle est ornée de deux tours d'architecture semblable et de même époque jusqu'aux premières galeries ; au-dessus, elles sont d'inégale hauteur et d'époques différentes.

Celle de droite, la plus petite, est du XVIème siècle. Elle est basse et inachevée ; douze colonnes ioniques l’ornent sur les quatre faces. La duchesse Anne l'avait fait surmonter d'un dôme renaissance lors de son deuxième voyage, en 1505 ; le dôme n'existe plus.

Cette tour ne cadre pas avec l'ensemble : conçue dans le style renaissance, flanquée de ses colonnes ioniques, elle porte le cachet de son époque, et fait contraste avec le gothique flamboyant de la tour principale. L'intention des premiers architectes était évidemment de la surmonter d'une flèche semblable à l'autre, et de donner ainsi à l'église du Folgoat l'aspect d'une cathédrale : ils n'ont pas pu réaliser leur dessein : l'argent sans doute ou le temps leur fit défaut. Les projets transformés ont été plus modestes : on s'est contenté de faire un campanile ; et, comme il fut construit à l'époque de la renaissance italienne, il l'a été dans le style de cette époque.

Dans cette tour se trouvait la belle sonnerie du Folgoat qui fut brisée en 1793. Elle comprenait six cloches : la plus grande pesait 9000 livres : elle a fourni à la fonte assez de matière pour fabriquer la grande cloche de Saint-Louis et celle du port à Brest. Aujourd'hui, grâce au zèle de Monsieur le recteur Calvez (1859), le Folgoat possède encore un beau carillon et un puissant bourdon.

L'autre tour, qui s'élève à 53 mètres, est du XVème siècle et de style gothique. Elle est très belle. Admirez-en la double galerie supérieure gothique, la galerie inférieure aux fenêtres en plein cintre, les fines découpures, les mille détails d'ornementation flamboyante, les deux grandes baies gracieusement moulurées, la flèche ajourée et hérissée de crossettes, les quatre clochetons qui se pressent autour de sa base, et que relie entre eux une gracieuse galerie à jour.

Les deux tours sont séparées par une haute plate-forme.

Approchons-nous du monument pour en mieux voir les détails. Une porte à deux baies, séparées par un élégant trumeau dans lequel est découpé un bénitier, donne accès à l'église. Avant la Révolution, elle était abritée par un porche ouvragé qui formait comme un vaste dais de pierre. Il était porté sur deux fines colonnettes qui supportaient les trois arcatures dentelées et feuillagées. Les débris de ces arcatures ont été recueillis dans l'enclos du presbytère ; on en voit encore les amorces sur les joues des deux contreforts latéraux et des deux côtés de la porte.

Au-dessus de la porte, admirez le très beau bas-relief en kersanton qui représente l'adoration des mages figurés en costumes du XVème siècle. Je ne puis mieux faire ici que de vous citer la parfaite description qu'en donne Monsieur le chanoine Abgrall dans son beau Livre d'or des Eglises de Bretagne. « La Sainte Vierge est couchée dans un lit élégamment drapé et tient sur sa poitrine l'Enfant Jésus qui tourne les yeux vers les princes de l'Orient venus pur l'adorer. Saint Joseph est assis à terre, tenant un bâton de la main droite, et saisissant de la gauche l'un des glands de l'oreiller de la Sainte Vierge. Derrière lui, l'âne et le boeuf avancent la tête. Déjà l'un des rois est prosterné devant l'Enfant divin. Le second, debout, portant en bandoulière une ceinture garnie de clochettes, tient d'une main une cassolette remplie d'encens, et, de l'autre, montre l'étoile qui les a guidés dans leur course lointaine. Plus loin, le troisième mage est à l'état fruste, par suite de dégradations provenant de la chute du porche ; et, à l'extrémité, plane un ange portant une banderolle sur laquelle on lit cette inscription : "Puer nat’est l'enfant est né", au-dessus d'un troupeau de moutons qui paissent sur la montagne ».

Sous le bas-relief est un cep de vigne en partie brisé, dont deux dragons ou salamandres mordent les deux bouts.

Dans l'ogive de la porte se déroule une guirlande de choux frisés, brisée en partie ; ce qui reste atteste, comme partout ailleurs, l'habileté du sculpteur.

A gauche de la porte, vous voyez une statue de Saint-Michel terrassant le démon. Cette statue n'était pas là primitivement. A cette place, on voyait une statue de Jean V, le fondateur de la collégiale en 1423. Il était représenté dédiant et consacrant son vœu à la Sainte Vierge, Il était à genoux, en prieres, devant une statue de la Sainte Vierge. Il avait la couronne ducale sur la tête et tenait l'épée nue à la main. Les deux petites statues placées sur le même piédestal, ont été brisées, pendant la Révolution, comme la plupart des autres statues qui ornaient l'église.

Le support très gracieusement ouvragé, subsiste encore. Il est formé d'une touffe de feuilles de chardons, d'où sortent deux hermines ; autour d'un collier est gravé la devise de la Bretagne : A ma vie. [Note : La devise : « A ma vie » est partout inscrite au Folgoat. C’est la devise des Bretons : « A ma vie, plutôt mourir » qui est l’équivalent du latin : potius mori quam fædari. Cette devise, dit M. de Kerdanet, convient parfaitement à l'hermine, puisqu'on assure que ce petit animal, qu'on trouve communément aux environs de Morlaix, chérit tellement la propreté, que, se voyant poursuivi, s'il rencontre un marais, il aime mieux se laisser prendre ou se faire tuer, que de traverser un marais au risque, de salir la jolie robe qui le couvre].

Derrière la tête de Saint-Michel on peut lire encore une partie de l'inscription que Jean V y avait fait inscrire, pour perpétuer le souvenir de l'érection de la chapelle du Folgoat en collégiale : Joannes illustrissimus dux Britonum fundavit præsens collegium anno Domini MCCCCXXIII : Jean le très illustre duc des Bretons fonda la présente collégiale en 1423.

Ecartons-nous un peu, et regardons au-dessus du bas-relief de l'adoration des mages. « Au bas de la fenêtre, dont les meneaux forment des cœurs, se trouve une petite plateforme qui reliait les deux galeries extérieures du nord et du sud au moyen des deux portes placées derrière les contreforts. Puis viennent trois écussons, aujourd'hui martelés, portant en supériorité les armoiries de la maison de Bretagne. Les autres écussons, figurés plus bas sur les deux tours, présentaient celles, à ce que rapporte le Père Cyrille, de Philippe de Coëtquis, de Jean Prigent, de Guillaume de Ferron et de Jean de Carman, évêques de Léon dans l'intervalle de 1420 à 1514. Elles ont presque complètement disparu sous le marteau. La sculpture est exécutée sur la pierre de kersanton rapportée, qui se détache en noir sur le granit des murailles.

Plus haut, une plate-forme conduit aux deux tours ; la galerie brisée a été restaurée récemment.

Au-dessus des abat-sons de la grande tour se trouve un étage fermé par une galerie composée, sur les quatre faces, de neuf ogives trilobées, partagées par un meneau horizontal. En cet endroit, des gargouilles représentant des animaux fantastiques, qui déversent les eaux pluviales ; une guirlande de feuilles de vigne se déroule au-dessous en un léger feston. (de Coëtlogon) ».

Avant de passer à la façade du midi, sur votre droite, remarquez dans une niche d'un contrefort la statue de Saint Yves. Elle se trouvait primitivement dans une chapelle de la paroisse où elle formait le groupe traditionnel avec le riche et le pauvre : le bon pauvre dont il accueille la requête et le mauvais riche qu'il repousse.

Saint Yves est un saint très vénéré en Bretagne : on trouve sa statue dans la plupart des églises. Il naquit à Tréguier en 1455. Après avoir étudié les lettres, la théologie et le droit pendant quatorze ans, il se fit avocat. Il aimait à défendre la cause des petits et des pauvres devant les tribunaux, et il avait un tel souci de l'honnêteté, qu'on disait de lui : Sanctus Yvo, advocatus et non latro, res miranda populo : Saint Yves était avocat et point voleur, chose inouïe pour le peuple. Il évangélisa les campagnes du Trécor, prêchant toujours la justice et le droit et accomplissant de nombreux miracles.

Il est représenté ici vêtu d'un surplis à larges manches. Il est coiffé d'un bonnet carré recouvert par le capuce d'un camail qu'il porte sur les épaules.

Remarquez l'élégance et la finesse du cul-de-lampe et du dais de cette niche.

Un peu plus à votre droite, sur les contreforts d'angle de la petite tour, on a placé les statues du riche et du pauvre.

Le riche est représenté en beau costume du XVIème siècle. Il a l'air hautain et arrogant. Il tient une bourse dans la main.

Le pauvre est d'un réalisme et d'une perfection d'exécution remarquables. Tête nue, il tient les regards levés au ciel ; il porte un bâton de la main gauche et son chapeau des deux mains ; ses chausses trop larges sont mal assujetties ; son vêtement est troué en plusieurs endroits, particulièrement au coude et à la partie inférieure.

Entre ces deux statues, en retrait, vous voyez celle de Saint Eloi, le patron des forgerons. Il tient sa crosse de la main gauche et bénit de la droite. Sur le socle sont sculptés un fer à cheval et une tenaille.

II. — LA FAÇADE DU MIDI
La façade du midi est percée de deux portes en accolades, séparées par un trumeau qui porte, dans une niche, la statue d'Allain, évêque de Léon, le consécrateur de l'église en 1419.

Le prélat est représenté la mitre sur la tête, le livret de fondateur dans la main droite, la crosse dans la gauche ; sur l'épaule, un baudrier auquel pendent des coquilles : ce qui indique qu'il avait fait le pélérinage de Saint Jacques de Compostelle.

Les accolades des deux portes se terminent par des fleurons qui servent de consoles à deux petites statues : ces statues entourent une gracieuse petite représentation de la Vierge portant l'enfant, placée au-dessus de l'évêque.

Les moulures des portes sont ornées de feuilles de vigne et de grappes de raisin. La grande ogive est garnie en dedans de contre-arcatures trilobées dont les pointes se terminent par une feuille de vigne repliée à travers cette élégante dentelure on voit grimper capricieusement les restes d'une guirlande de vigne dont la tige sort de la gueule d'un dragon. Les arcatures viennent reposer, de chaque côté, sur cinq colonnettes.

Au-dessus de l'arcade s'élève un fronton ou galbe triangulaire garni d'élégants crochets : il a été récemment restauré ainsi que la galerie qui couronne le toit, et les gracieux clochetons qui s'élèvent au-dessus des contreforts.

Ecartons-nous un peu nous verrons sur le toit une petite flèche à six pans : elle continue un pilier dans lequel est taillé l'escalier qui conduit du jubé à la galerie supérieure ; à côté est une tour à pignon divisée par des ogives, où il y a place pour des cloches.

Toute cette partie de l'édifice est celle que les sculpteurs se sont plu à orner des ressources admirables de leur art : le porche richement ornementé de l'évêque Alain, les fenêtres à meneaux flamboyants, les niches sculptées dans les contreforts et de chaque côté des fenêtres, la galerie à ogives trilobées, les gargouilles constituent un merveilleux ensemble de trésors artistiques.

Sur les piédestaux de la façade méridionale, on a placé des statues qui ne leur étaient pas destinées. Elles ont été recueillies pieusement par un recteur du Folgoat qui les a trouvées soit dans des chapelles en ruines, soit enfouies en terre ou abandonnées dans quelque coin, et les a placées sur ces supports pour les sauver de la destruction.

De chaque côté de la fenêtre, à votre gauche, deux statues de Jésus flagellé : le Christ a les mains liées, la tête couronnée d'épines, le visage douloureux ; une des statues est encore recouverte de peintures : c'était un usage courant pendant le Moyen-Age, de relever de couleurs vives les sculptures en pierre.

Plus à gauche, dans la niche d'un contrefort, Saint François d'Assise, reconnaissable au costume des religieux de son ordre : la robe de bure, le cordon à nœuds, et surtout à la plaie du côté que le sculpteur a naïvement figurée pour rappeler les stigmates. Vous savez que Saint François, étant en extase, eut le privilège insigne de recevoir sur ses mains, sur ses pieds et à son côté, les stigmates des plaies de Notre-Seigneur crucifié.

Marchons vers la droite : à gauche du porche de l'évêque Alain, une statue d'évêque à l'air solennel, bien drapé dans ses vêtements sacerdotaux ; à droite, la Vierge de pitié, tenant sur ses genoux le cadavre de Jésus ; un peu plus loin, un autre évêque.

Des deux côtés de la fenêtre la plus proche du porche des Apôtres, vous voyez à droite Sainte Marguerite terrassant le dragon ; à gauche, la Sainte Vierge foulant aux pieds le serpent à buste de femme ; elle tient en main la pomme du paradis terrestre et indique la réalisation de son empire sur le serpent infernal, ainsi qu'il est écrit dans les Saintes Écritures : Ipsa conteret capta tuum (Genèse III, 5) : elle t'écrasera la tête. Généralement le torse et le buste de femme qui figurent le serpent dans les représentations de ce genre sont difformes. Parfois aussi, comme ici, la figure est belle et suppliante ; et peut-être le sculpteur a-t-il voulu représenter Eve dont la Sainte Vierge est venue réparer la faute.

Cette statue est particulièrement intéressante : les traits en sont fins, et l'exécution de l'ensemble est très soignée. La Vierge est vêtue d'un ample manteau qui la drape élégamment et est retenu par une agrafe ; elle est coiffée à la Médicis, la mode du XVIèmne siècle ; suivant la même mode, le grâcieux Enfant Jésus qu'elle porte dans ses bras a un col empesé et des cheveux bouclés.

Avant d'étudier le Porche des Apôtres, arrêtons-nous un instant auprès de la croix qui se trouve en face du porche de l'évêque Alain. Le piédestal hexagonal est celui de la grande croix qui fut jadis élevée aux frais du cardinal de Coëtivy. Cette croix, très belle, au dire des anciens historiens de N.-D. du Folgoat, a disparu et a été remplacée par celle que nous voyons aujourd'hui. Autour du pied de cette, croix, on a placé plusieurs statues : l'une d'elle représente une Vierge de pitié : la Sainte Vierge tenant sur ses geneux le cadavre de Jésus ; deux autres représentant chacune deux saintes femmes accolées dos à dos : elles faisaient partie d'un ancien calvaire.

La quatrième enfin doit retenir plus longtemps notre attention. Elle représente le cardinal de Coëtivy dans l'attitude de la prière, à genoux sur un coussin orné de glands aux quatre extrémités, les mains jointes, la tête découverte et le chapeau de cardinal renversé sur les épaules. Il est couvert d'un manteau qui lui cache les pieds. Ses manches sont serrées au poignet. Derrière lui est debout un évêque crossé et mitré M. de Courcy pense que c'est Saint Alain, son patron, évêque de Cornouailles, qui le présente à Notre-Dame. L'expression de la physionomie du cardinal, les ondulations de ses vêtements, les plis du chapeau, attestent l'habileté du sculpteur. Quelques critiques d'art l'attribuent à Michel Colomb, qui est devenu célèbre par l'exécution du tombeau de François II à Nantes.

Nous arrivons au porche des Apôtres, l'œuvre la plus splendide du Folgoat, dit Monsieur de Coëtlogon. « La sculpture a voulu y déployer ses merveilleux caprices. Chaque feuille se détache en plein relief et ne tient que par ses extrémités ; la main peut la saisir dans toutes ses parties, et, dans le creux que laisse la guirlande, la tige serpente gracieusemeut. Là se voient des anges, des dragons, des têtes grimaçantes, des insectes, un limaçon dont on suit la trace sur la feuille » (de Coëtlogon).

Le porche possède trois moulures à l'extérieur : une vigne serpente dans la première qui est soutenue par deux colonnes dont les chapiteaux sont formés de feuilles entrelacées ; dans la seconde, fort endommagée, circule une guirlande de feuilles de la même plante ; la dernière n'offre aucun ornement. Dans les retombées de la première moulure, on remarque à gauche un vieillard qui caresse sa longue barbe ; à droite, un autre personnage tenant une légende en caractères gothiques. Monsieur de Kerdanet lit : Butoier Veur, et croit que ce sont les noms des architectes qui présidèrent à la construction de ce magnifique portique. Monsieur de Coëtlogon n'est pas de cet avis ; il fait remarquer que de petits traits placés sur certaines lettres semblent indiquer des abréviations et leur donner une autre signification. Monsieur de Courcy lit : Bn soiez veuz, abréviation pour Bien soiez venuz, c'est-à-dire soyez les bienvenus, salut très accueillant aux pèlerins. Sur la façade formée par le porche des Apôtres et la Chambre du Trésor, on voyait autrefois onze écussons. Au-dessus du porche, cinq placés 1, 2 et 2 portaient en supériorité les armes de Bretagne, et les six autres sur deux lignes 3 et 3, les armoiries de quelques fondateurs. Plusieurs d'entre eux sont décorés d'un encadrement de feuilles de vigne et de trois petits anges dont deux présentent des écussons et le troisième, celui du haut, tient une banderolle.

Pénétrons dans l'intérieur du porche, et contemplons les douze belles statues des apôtres, reconnaissables chacun par son attribut traditionnel ou sa caractéristique. Figés dans une pose hiératique, magnifiquement drapés dans leurs vêtements aux larges plis, ils déroulent une banderolle sur laquelle était peint un article du Credo. Les soubassements et les dais de couronnement très ornés et de dessins divers sont des chefs-d'œuvre de sculpture, (Abgrall) du travail le plus fin, le plus léger, le plus exquis (de Kerdanet).

Adossé au trumeau qui sépare les deux portes, Saint Pierre préside le collège apostolique. Il tient une clef dans la main droite, et, dans la gauche, le livre des Saintes Ecritures. La dimension du socle fait supposer qu'une autre statue, celle du Christ sans doute, devait occuper cette place.

Au-dessus de sa tête, remarquez le dais sculpté avec finesse, et de chaque côté de ce dais, des hermines passantes déroulant une banderole sur laquelle est inscrite la devise : A ma vie.

A la voûte, des arcades croisées aux nervures délicates se réunissent par des clefs : l'une porte un écusson aux armes réunies de France et de Bretagne ; l'autre porte un médaillon représentant l'Ordre de la Cordelière, dit Monsieur de Kerdanet. D'après lui, la Duchesse Anne, à qui nous devons cet admirable portique, avait institué cet ordre en l'honneur des cordes dont Notre-Seigneur avait été lié dans sa passion. Elle le donna aux principales dames de la cour, « les admonestant, dit un historien, de vivre chastement, et d'avoir toujours en mémoire les cordes et les liens de Jésus-Christ ».

D'après Monsieur de Coëtlogon, ce deuxième écusson, le plus rapproché du fond du portique, paraît, quoique fort endommagé, avoir porté les armoiries mi-partie de Bretagne et de Navarre, celles de Jean IV et de Jeanne sa femme, fille de Charles Ier, roi de Navarre. Jean V, à qui il attribue la construction du portique, aurait probablement fait poser ces armoiries, pour rappeler qu'il accomplissait les recommandations paternelles au sujet de cette chapelle.

Cette opinion va à l'encontre de la tradition, qui attribue la construction de ce porche à la reine Anne.

Monsieur de Courcy, et, à sa suite, Monsieur de Coëtlogon, veulent voir dans cet écusson la preuve que Jean V, époux de Jeanne de France, fille de Charles V en serait l'auteur. En effet, disent-ils, dans l'écu, mi-partie les armes de France sont placées à sénestre, côté toujours réservé aux femmes, et ces armes se composent de fleurs de lis sans nombre, tandis que, au temps de la reine Anne, les fleurs de lys étaient depuis longtemps réduites à trois dans l'écu de France.

Nous ne pensons pas que cet argument suffise pour écarter la tradition. A supposer même qu'il soit évident que l'écusson porte les armes de Jean IV ou de Jean V, ne pourrait-on pas supposer que la reine Anne les eût fait mettre là, pour commémorer le souvenir du premier fondateur ?

Ce qui nous porte à accepter leur opinion, malgré la tradition, c'est que, à l'époque de la Renaissance, qui est l'époque de la reine Anne, on manifestait une vive répugnance pour l'architecture ogivale : toute pierre qui ne se rattachait pas à l'architecture païenne était méprisée ; ce porche est d'un style gothique trop pur pour avoir été construit à cette date.

Mais ne nous attardons pas davantage ; notre but n'est pas d'établir ici une discussion scientifique ; il est plus modeste ; nous voulons seulement aider le pèlerin et le visiteur à mieux remarquer les beautés de cet église.

Ne pénétrons pas dans l'église ; nous le ferons tout-à-l'heure. Avant de quitter le porche des Apôtres approchons-nous des portes intérieures. « Sur la moulure à droite sont comme jetées avec une grâce infinie de larges feuilles de vigne, sous lesquelles on peut facilement introduire la main ; on les dirait collées à la moulure par leurs légères extrémités, tandis qu'elles font corps avec elle.

Toutes ces sculptures si profondément refouillées, sont taillées dans le granit dur de kersanton ; et nous remarquerons, à ce sujet, que le Folgoat est le plus ancien monument du pays où nous trouvions l'emploi de cette belle pierre. Au XIIIème siècle, les parties sculptées de nos édifices, et souvent les murs eux-mêmes, sont en tuffeau ou en pierre de Caen ; au XIVème siècle, en granit d'une nuance jaunâtre ; et avec le XVème siècle commence l'usage du kersanton [Note : La pierre de kersanton est une roche à grain fin, de couleur gris violet foncé] appliqué à l'ornementation seulement, le granit à grain grossier ayant continué à être mis en œuvre pour les parties moins délicates de nos constructions, concurremment avec le moëllon ».

Dans la rainure gauche du portique circule une vigne entière avec ses branches, ses feuilles et ses fruits. « Avec la familiarité hardie des artistes de l'époque, le sculpteur s'est amusé à faire sortir le cep de la vigne du corps d'un gros petit chanoine qu'on y aperçoit dans une posture douloureuse bien que naturelle » (de Kerdanet).

Les deux portes sont séparées par une colonne ciselée, dans l'épaisseur de laquelle on a creusé un bénitier en forme de corbeille à fruits. Ces portes ont aussi leur genre de beauté ; ce sont des moulures à petites vignes avec leurs feuilles, leurs bouquets et leurs grappes, sur lesquelles on voit circuler des limaçons et autres insectes assez friands de raisins.

« Le porche des apôtres est de toute beauté. La légende l'attribue au bon Dieu lui-même qui se serait un jour présenté sous la figure d'un simple ouvrier, et qui aurait disparu une fois son prodigieux ouvrage terminé. » (Chanoine Abgrall).

En dehors du porche, à droite, au-dessus d'un contrefort servant de piédestal, on voit la statue de Jean V, le fondateur de la collégiale. Jean V est couvert de son armure ; il porte la couronne ducale sur la tête, un sceptre dans la main droite, son livre de fondateur dans la gauche. Il est revêtu d'un manteau fleurdelisé, soit comme gendre de Charles VI, soit en sa qualité de pair de France.

A droite du porche, à portée de la main, se trouve la statue de Saint Christophe. Pour faire pénitence, Saint Christophe s'était établi sur le bord d'une rivière, à un endroit guéable, et s'offrait à porter sur ses épaules tous les voyageurs pour les faire passer d'une rive à l'autre. Un soir d'orage la rivière roulait des eaux tumultueuses quand un enfant se présenta et demanda à passer. Saint Christophe insista en vain pour le retenir dans sa cabane jusqu'au lendemain. L'enfant ne pouvait pas attendre. Le saint, conformément à son vœu, le prit donc sur ses épaules robustes. Comme il se sentait fléchir sous un poids insolite au milieu de la rivière, Christophe s'écria mais qui donc es-tu, enfant, toi qui pèses si lourd ? L'enfant répondit : Tu portes celui qui porte le monde et disparut. C'était le Seigneur qui avait voulu éprouver la charité de Christophe. Ce nom qui signifie Porte-Christ, lui fut donné alors.

Le saint est représenté ici la robe retroussée, les jambes nues dans la position de marche, un bâton à la main, l'enfant-Dieu sur ses épaules. Il marche dans la rivière, naïvement figurée par de gros traits sinueux, sculptés à même le socle : le sculpteur, préoccupé du détail, s'est même attardé à y placer quelques poissons.

Plus à notre droite, une vierge porte l'enfant Jésus. Au socle, une inscription semble signifier : Olivier du Chastel, le nom du donateur, sans doute.

A l'extrémité de la chapelle de croix, une belle rosace imite celle du maître-autel que nous verrons tout-à-l'heure. Elle a été rétablie depuis trente ans. Elle existait autrefois ; puis les nervures et les moulures s'étaient rompues à l'époque de la décadence du Folgoat et on l'avait remplacé par un grossier maçonnage. L'Administration des Beaux-Arts l'a fait reconstruire, d'après un dessin de M. le Chanoine Abgrall.

Ici comme par toute l'église, subsistent les encadrements en accolade des anciens blasons martelés pendant la révolution.

Remarquez à votre gauche la corniche de feuilles de vigne au-dessus de laquelle dix hermines passantes s'échappent des anneaux d'une banderole. Les armes de Carman étaient placées en creux dans deux écussons en ogive à droite et à gauche. On retrouve encore, au bas de l'ogive, un ange soùtenant un agneau

IV. — LA FAÇADE EST.

Nous arrivons à l'abside droite qui se développe à l'Est. Cette partie de l'église est celle qui a le moins souffert du temps et des démolisseurs. Remarquez les contreforts saillants, ornés de lancettes ciselées ; la galerie de quatrefeuilles séparées par un meneau ; les bouquets de feuilles de mauve et de choux frisés placés sous cette galerie ; les gargouilles, qui s'élancent à côté des contreforts, et qui représentent un lion, un loup et des figures grotesques de moines recouvertes de l'aumusse ; les moines accroupis et à longue barbe qui soutiennent les arcatures figurées au-dessous de la corniche : ils représentent sans doute, les traits caricaturés de personnes de l'époque que la verve satirique des sculpteurs s'est exercée à reproduire ; les deux fenêtres en ogive, grandes, espacées, appelées l'une la fenêtre de Coëtivy, l'autre celle des du Chastel ; la magnifique rosace à plein cintre, toute découpée en cerceaux, en trèfles, en étoiles, qui passe pour le travail le plus délicat en ce genre que possède la Bretagne (on n'en trouve de semblables qu'à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon et à Notre-Dame des Carmes à Pont-l'Abbé) ; enfin une autre fenêtre en ogive.

Sous la rosace, un vaste bassin en pierre reçoit l'eau de la fontaine miraculeuse qui jaillit sous le maître-autel et dans laquelle Salaün se baignait. Il est surmonté d'une arcade élégante, ornée de guirlandes de feuilles, de chardons et de crochets et supportée par huit colonettes. Cette arcade encadre une ravissante statue représentant la Sainte Vierge assise et tenant l'enfant Jésus (qui a été brisé). La Sainte Vierge est élégamment drapée ; l'expression de son visage est douce et tranquille. Elle fait contraste avec celle du Père éternel que l'on voit sur le support de pierre, les traits fortement tracés, l'œil sévère, le front ridé, la barbe, les cheveux et les vêtements épars. M. de Kerdanet pense que le sculpteur a voulu représenter le Seigneur accordant à son peuple qui murmure la source qu'il réclame.

Monsieur de Coëtlogon n'admet pas cette interprétation : il ne lui semble pas rationnel que l'artiste ait voulu donner le Tout-Puissant pour marchepied à la Sainte Vierge. Pour lui, cette figurine quelque peu grimaçante, à la barbe et aux cheveux longs et natés, n'est qu'une de ces mille fantaisies dont les sculpteurs formaient leurs cariatides.

A côté de la fontaine, à gauche s'ouvre une porte dérobée qui, par dessous un petit autel, donne entrée dans l'église. Son ogive est garnie de crochets ; une feuille de vigne et une levrette la soutiennent. On arrive au seuil par quatre marches taillées dans une seule pierre.

V. — LA FAÇADE NORD.

Nous arrivons au côté nord de l'église, beaucoup plus simple, moins orné, parce qu'il est moins en vue. Jetez un coup d'œil en passant aux vigoureux contreforts, aux sept arcs-boutants surmontés de leurs flèches légères, aux sept fenêtres en ogives et à la fenêtre ovale qui percent le mur. Arrêtez-vous un instant devant la petite porte : elle est ornée d'une arcature ogivale que soutiennent deux anges. Elle était autrefois surmontée de l'écusson de la Maison de Penmarch et flanquée de deux statues. L'écusson et les statues ont été brisées pendant la révolution ; les niches seules subsistent.

Sur la corniche qui n'a rien de remarquable régnait une galerie qui a été détruite en 1708, lors de l'incendie qui ravagea la nef et les ailes latérales.

(A. Guillermit).

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