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FOLGOAT : LA DÉCADENCE.

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Ainsi donc, au XVIIème siècle, le sanctuaire de la Sainte Vierge au Folgoat était le plus célèbre et le plus vénéré de tous ses sanctuaires de Bretagne. Dans toutes les occasions solennelles, dans les grandes calamités publiques, au milieu de toutes les difficultés les plus graves et les besoins les plus pressants, peuple et seigneurs s'adressaient à Notre-Dame du Folgoat pour obtenir de Dieu les grâces et les faveurs qu'ils désiraient, avec une confiance d'être exaucés, fondée sur les innombrables miracles et les interventions heureuses que les Bretons connaissaient et se racontaient les uns aux autres et de père en fils. On venait au Folgoat individuellement, en groupes, par paroisses ; le 15 Août tous les villages du Léon s'y faisaient représenter. Douze chanoines et un nombreux personnel participaient aux offices et aux messes que l'on y chantait chaque jour ; 5000 livres de revenus et les offrandes suffisaient largement aux dépenses de l'église. Le Folgoat était en pleine splendeur.

Et c'est alors, en 1681, qu'une décision néfaste de Louis XIV vint changer sa destinée. Le grand roi voulait établir un séminaire, d'aumôniers de marine à proximité du port de Brest et il pensa que le Folgoat serait un lieu favorable à cet établissement. Par lettres-patentes données à Fontainebleau au mois de Septembre 1682, il supprima donc le doyenné, gouvernement et collège du Folgoat, pour le convertir en communauté et séminaire d'aumôniers, dont il confia la direction à des prêtres séculiers. Sans tenir compte des droits de chanoines, il leur remit l'église et tous les revenus à la charge cependant de desservir les fondations. Pour Louis XIV, sa volonté seule était la loi : ni les droits des chanoines, ni la promesse signée par François Ier de respecter les privilèges de la Bretagne dans l'acte d'union ne pouvaient peser devant son bon plaisir. En conséquence, l'évêque Pierre Le Neboux de la Brousse confirma les lettres le 9 Août suivant, et deux jours après, notification du tout fut faite au doyen et aux chanoines, avec sommation d'obéir aux ordres et volontés du roi.

La destination du Folgoat était changée. Pendant quelques années, Alain Madec, ancien recteur de Lannilis, dirigea le séminaire royal ; y fit bâtir une maison vaste et commode qui existe encore et qui sert aujourd'hui d'école ; rien ne permet de supposer qu'il ne desservit pas les messes de fondation ; mais la décadence du Folgoat commençait déjà : le service du sanctuaire et des pélerinages n'était plus le premier et unique soin du supérieur et de ses adjoints.

Quelques années après, de nouveaux changements précipitèrent cette décadence : les Jésuites prirent la direction du séminaire ; ils installèrent leurs aumôniers à Brest, où on leur bâtit à cette époque une magnifique maison qui sert aujourd'hui d'école aux élèves Mécaniciens de la Marine, en même temps que la chapelle de la Marine aujourd'hui détruite et l'église Saint-Louis.

Désormais ils négligèrent le Folgoat qui ne fut plus pour eux qu'un bénéfice, une source de revenus. Ils ne s'occupèrent ni des obligations de la collégiale, ni des pélerinages, et confièrent à quatre religieux Récollets, dont le couvent était dans l'enclos du collège actuel de Lesneven, le soin de desservir les messes annuelles de fondation. Ils apportèrent à Brest la plus grande partie de l'argenterie et des vases sacrés, ainsi que l'atteste Goulven Le Melloc, recteur de Guicquelleau, dans un mémoire à Monseigneur de la Marche en 1774. Le reste fut enlevé pendant la Révolution et transporté à la Monnaie à Nantes. Aussi le Folgoët ne possède-t-il aujourd'hui aucun trésor. [Note : Pour apprécier sans injustice cette négligence des Jésuites, il faut se rappeler que, à cette époque, le roi dispensait à son gré les abbayes, les collégiales, considérant que tout était légitime, dès lors que c'était son bon plaisir. Louis XIV avait donné le Folgoat aux Jésuites comme source de revenus pour entretenir le séminaire d'aumôniers de Marine : la direction de ce séminaire était leur tâche, l'objet de leurs préoccupations : ils négligèrent la collégiale et les pélerinages ; c'était un abus, mais cet abus ne leur est pas exclusivement imputable : ils ont droit au bénéfice de larges circonstances atténuantes].

En 1708, l'imprudence d'un armurier, qui réparait les soufflets de l'orgue, provoqua un immense incendie : murailles, toitures, portes, vitraux, statues furent consumés par les flammes.

Les Jésuites ne firent aucune réparation et laissèrent l'église toute découverte, ordonnant aux Récollets de dire la messe dans une petite chapelle voûtée qui n'avait pas été brûlée.

Une telle incurie, un tel abandon de leur sanctuaire si vénéré provoquèrent les plaintes et l'indignation des fidèles ; aussi le 1er Octobre 1716, le procureur du roi à la cour de Léon à Lesneven, se faisant l'écho de leur protestation, rédigea-t-il un rapport aux échevins de la ville. Ce rapport est un véritable réquisitoire contre les Jésuites du séminaire de Brest.

Il rappelle « que cette belle église était une ancienne fondation ducale faite au commencement du siècle de 1400 par Monseigneur Jean, duc de Bretagne, et, quelque temps après, augmentée par feue Madame la duchesse Anne, de glorieuse mémoire ; que, dans la même église, il y avait un doyen à la nomination du roi, avec dix chanoines, deux suppôts et un sacriste, outre les enfants de chœur, suivant la tradition commune ; qu'il y avait 1400 messes de fondation par an, sans compter les grandes messes de fondation, avec les matines, de manière que les services s'y faisaient à l'instar des églises cathédrales, à l'édification de tout le peuple ; ce qui avait été ainsi continué, sauf depuis les trente-trois ans que sa Majesté avait donné cette église avec son revenu aux Pères Jésuites de Brest, lesquels avaient depuis joui et disposé d'environ 5000 livres de revenu certain, outre les offrandes considérables qui y tombaient ; que les Jésuites s'étaient contentés de mettre trois à quatre pères Récollets, pour y dire quelques messes, dans une petite chapelle voûtée qui n'avait pas été brûlée et qu'ils avaient laissé cette belle église dans ce triste état, toute découverte, sans avoir jusqu'alors dépensé un sol pour la réparer ; que, comme un nombre infini de personnes avaient porté leurs plaintes à Monsieur le procureur du roi de la négligence que lesdits Jésuites avaient eue pour avoir laissé cette église dans ce triste état…. ce qui engageait ledit sieur magistrat à faire la présente remontrance, afin que lesdits habitants eussent à délibérer sur icelle ».

Les échevins furent facilement convaincus par cette accumulation d'arguments et de considérations ; sur-le-champ, ils rédigèrent à l'adresse du Régent une supplique, dans laquelle, reprenant les arguments et les griefs du rapport, accentuant encore et précisant les torts et les négligences des Jésuites, ils demandèrent formellement le rétablissement du doyen et des chanoines.

Toutes leurs réclamations n'aboutirent qu'à une réparation tout à fait sommaire de l'église ; on négligea de relever les voûtes, de rétablir les galeries on se contenta de mettre une insignifiante couverture plate à la place de l'élégante toiture brisée qui avait disparu dans l'incendie : grâce à l'Administration des Beaux-Arts, cette couverture a disparu aujourd'hui.

Pour le service des fondations, rien ne fut changé. Les Pères Récollets continuèrent à célébrer quelques messes ; quant aux Jésuites, ils n'intervinrent activement au Folgoat que pour faire valoir leurs droits à des revenus comme successeurs du doyen de la collégiale : c'est ainsi qu'en 1730 ils assignèrent des marchands de lin en la juridiction de Lesneven, pour les obliger à payer les droits d'étalage qui leur revenaient, en vertu de la constitution de Henri II.

(A. Guillermit).

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