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FOLGOAT : CONSTRUCTION DE L'EGLISE.

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A quelle date l'église fut-elle construite ? On ne le sait pas exactement. Deux dates sont établies : 1350-1360, mort de Salaün ; 1419, consécration de l'église par l'évêque de Léon Alain. C'est dans cette intervalle de soixante années qu'on y travailla.

La renommée du miracle du Folgoat, raconte le Père Cyrille après Jean de Langouesnou, se répandit rapidement ; ecclésiastiques, seigneurs et bourgeois se rendirent au tombeau de Salaün et décidèrent d'élever en cet endroit une belle chapelle à la Sainte Vierge. Le prince Jean IV, comte de Montfort, dit le Vaillant, qui bataillait à ce moment contre Charles de Blois, loua et approuva le projet. Il voulut lui-même faire acte de foi et de dévotion à la Vierge du Folgoat : quand la bataille d'Auray de 1364 l'eût rendu maître définitivement du duché de Bretagne, « il s'en alla faire reconnaître par toutes les villes de son duché, » et, se trouvant à Lesneven au mois de Janvier 1365, il vint poser la première pierre du bâtiment. Les travaux continuèrent jusqu'en 1370 ; interrompus par les guerres, ils furent repris, en 1404, par Jean V. Achevée en 1419, l'église fut consacrée par l'évêque de Léon Alain de la Rue [Note : Monsieur le Chanoine Peyron, le regretté archiviste de l'évêché de Quimper, pense que l'évêque consécrateur ne fut pas Alain de la Rue, qui mourut, croit-il, en 1413, mais un autre évêque du nom d Allain].

Voici comment Monsieur de Coëtlogon marque les étapes de la construction en s'appuyant sur les traditions, les textes et l'étude du monument lui-même :

« Au bruit du miracle arrivé sur la tombe de Salaün, les habitants de toutes les conditions des lieux circonvoisins convinrent spontanément et sans la participation du duc (nous pensons au contraire avec l'approbation et sans doute la participation du duc données peu après) d'élever une église en l'honneur de Notre-Dame sur la place même où l'invocation de son Saint Nom paraissait si efficace. La construction se fit à trois reprises ou périodes. Les travaux commencèrent peu de temps après la mort de Salaün, vers l'an 1358, et continuèrent avec une pieuse persévérance pendant neuf à dix ans.

Cette première période vit élever la grande tour et son clocher, une partie de la seconde tour et le mur du Nord, comprenant trois fenêtres et la porte dite de Penmarch, jusqu'à l'endroit où devait commencer le transept.

Ce projet fut abandonné, et l'on ferma plus tard l'ouverture réservée pour ce transept.

La construction s'arrêta là ; les travaux furent suspendus pendant l'espace d'environ trente-six ans par les guerres qui survinrent à cette époque. Ce récit nous amènerait naturellement à la date de 1404, sous le règne de Jean V, date indiquée par Benoît et Robin comme étant celle de la fondation de l'église par ce prince.

Ici commence la seconde période. A la voix de nombreux et puissants fondateurs, les ouvriers accourent de toutes parts ; chacun veut attacher son nom à cette œuvre pieuse si longtemps différée. On continue le mur du Nord, on élève la façade du Levant et le côté du Midi. Le duc Jean V ordonne la construction du porche des Apôtres (ceci va contre la tradition qui l'attribue à la reine Anne) et l'évêque Alain (M. de Coëtlogon ajoute : de la Rue après le Père Cyrille), fondateur du porche méridional, fait la dédicace de l'église en 1419.

On peut classer dans la troisième période tous les travaux d'art exécutés successivement soit dans l'intérieur de l'église : les autels, le jubé, soit à l'extérieur : le porche occidental, aujourd'hui détruit, et l'achèvement de la seconde tour, qui, arrêtée dans ses proportions et dans le noble élan imprimé par les premiers fondateurs désireux, sans nul doute, de voir plonger dans les airs les deux flèches d'une cathédrale, se présente à nos yeux défigurée et nullement en rapport avec le reste de l'édifice ogival. Le campanile qui la termine est attribué par les uns à la duchesse Anne, et par d'autres à François Ier, roi de France ».

D'après Monsieur de Coëtlogon, les travaux de la première période auraient été faits et achevés de 1358 à 1770, sous Jean IV, dit le Vaillant [Note : Jean IV de Bretagne (aussi connu sous le nom de Jean III de Montfort, Jean le Conquéreur ou encore celui de Jean le Vaillant) est né le 12 avril 1339 et mort le 1er novembre 1399 à Nantes. Il est le premier enfant de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre]. En effet, dit-il, les écussons sculptés aux clefs de la voûte sombre (arcades du côté de l'épître), parfaitement intacts, répètent les armoiries de Navarre et des comtes d'Evreux : écartelées au premier et quatrième de Navarre, au deuxième et troisième semé de France, chargé d'un bâton péri en bande componné d'argent. Il suppose (simple supposition, dit-il) que ces armes sont celles soit de Jeanne, fille de Louis de France, comte d'Evreux, frère du roi Philippe-le-Bel, troisième femme de Charles-le-Bel, roi de France et de Navarre, décédée l'an 1370 ; soit de Blanche, fille de Philippe d'Evreux, roi de Navarre, deuxième femme de Philippe de Valois, sans qu'il puisse s'expliquer la présence de ces armoiries, le Père Cyrille ne parlant nullement des personnages qu'elles semblent désigner.

Trente-quatre ans plus tard, on aurait exécuté les travaux de la seconde période, à la fin des guerres qui désolèrent la Bretagne à cette époque.

Les travaux de la troisième période auraient été exécutés dans le courant du XVème et du XVIème siècle.

Les critiques ne s'accordent pas avec la tradition qui attribue à la reine Anne la construction du porche des Apôtres.

Monsieur de Courcy prétend que ce porche fut élevé sous le duc Jean V, époux de Jeanne de France, fille de Charles VI. Pour le prouver, il observe que dans l'écu mi-parti les armes de France sont placées à sénestre, côté toujours réservé aux femmes, que d'ailleurs ces armes se composent de fleurs-de-lis sans nombre, et qu'au temps d'Anne de Bretagne, les fleurs-de-lis étaient depuis longtemps réduites à trois dans l'écu de France.

Cet argument ne suffit pas pour rejeter la tradition ; en effet, ne peut-on pas supposer que, en souvenir de Jean V, le premier fondateur de la collégiale et bienfaiteur insigne du Folgoat, Anne aurait fait placer, dans ce porche qu'elle aurait construit, les armes de Jean V ?

M. de Coëtlogon avance précisément une affirmation qui corrobore notre hypothèse. Il croit reconnaître dans l'écusson le plus rapproché du fond du portique, qui est très endommagé, les armoiries mi-parti de Bretagne et de Navarre, celles de Jean IV et de Jeanne sa femme, fille de Charles Ier, roi de Navarre. Et il en conclut : Jean V aura probablement fait poser ces armoiries pour rappeler qu'il accomplissait les recommandations paternelles au sujet de cette chapelle. Puisque Jean V pouvait faire cela pour Jean IV, pourquoi Anne ne l'aurait-elle pas fait pour Jean V ?

De plus, l'interprétation de cet écusson par Monsieur de Coëtlogon est contestée : elle est contestable, car il est tellement endommagé qu'il est presque impossible de le déchiffrer. Monsieur de Kerdanet croit y voir les insignes de l'ordre de la Cordelière, fondé par Anne de Bretagne.

Monsieur de Coëtlogon tire encore argument de la présence de la statue de Jean V au-dessus du porche. Nous répondons de la même façon qu'au premier argument. Anne aurait fait placer cette statue en souvenir du rôle capital de Jean V dans la fondation et le développement du Folgoat.

Son dernier argument est le plus sérieux : si la reine-duchesse avait ordonné cette construction si merveilleuse par le fini de son travail, aurait-elle fait terminer la seconde tour d'une manière si fâcheuse, comparativement au reste de l'édifice ?

C'est bien l'étude du monument lui-même qui nous fournit la meilleure preuve que ce porche des apôtres est antérieur à la reine Anne. Au début du XVIème siècle, l'influence de la Renaissance italienne s'était fait sentir profondément dans toute la France, et tout ce qui était gothique était détesté comme barbare. Le porche est d'un gothique trop pur pour qu'on puisse l'attribuer à des architectes du XVIème.

(A. Guillermit).

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