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LES VICAIRES CAPITULAIRES DU FINISTERE
suite à la nomination d'Expilly

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Nous l'avons dit : les vicaires généraux regardèrent la nomination d'Expilly comme nulle et non avenue ; ils avaient publiquement dénoncé son entrée dans le diocèse comme une vraie intrusion. Ils continuèrent donc, malgré la nation, à administrer le pays dont ils avaient, seuls, reçu canoniquement l'administration.

Mais, comme la position devenait de plus en plus difficile, ils écrivirent au Souverain Pontife, le suppliant d'accorder à l'un d'entre eux, à M. de Larchantel (l'oncle), des pouvoirs extraordinaires aussi étendus que possible, communicables en tout ou en partie, tant aux autres vicaires généraux qu'à ceux des recteurs ou simples prêtres qui lui paraîtraient les plus aptes à en faire bon usage.

Le 23 juillet 1791, Sa Sainteté lui adressa dans les termes de la demande un bref de vicaire apostolique pour le diocèse de Quimper. A la nouvelle de la réception de ce bref par M. de Larchantel, l'émotion fut grande parmi les patriotes. Il fut immédiatement dénoncé devant le tribunal qui lui intenta un procès criminel. Dans les interrogatoires qu'il eut à subir, pendant l'instruction de l'affaire, l'abbé de Larchantel avoua sans ambages le fait qu'on lui reprochait. Le jour fixé pour le jugement étant venu, le président du tribunal qui connaissait, aimait et vénérait l'inculpé, avança tout exprès l'heure de l'audience, afin d'éviter la foule des curieux et des gens de désordre. Nous ne savons pas, au juste, quel fut le jugement : nous n'avons pu en découvrir le texte ; tout ce que nous pouvons en dire, c'est qu'il fut, eu égard aux circonstances, bienveillant et modéré. On n'osa pas tout de suite sévir contre un prêtre presque octogénaire, jouissant de l'estime et de l'affection, de tous, tant à cause de ses lumières et de ses vertus sacerdotales que de sa douceur et de sa modestie.

Mais l'évêque intrus ne pouvait souffrir longtemps vis-à-vis de lui l'homme qui avait osé lui écrire qu'il le prenait pour un loup dans la bergerie, le prêtre revêtu par le Pasteur suprême de l'autorité épiscopale, que la nation était impuissante à donner aux élus de son choix. Aussi Expilly dut-il travailler à susciter des tracasseries au vicaire apostolique, à exiger le renvoi de celui qui élevait en face du sien un autel que rejetait la nouvelle Constitution du clergé. Il menaça sans doute les juges trop bienveillants de les dénoncer eux-mêmes à la nation, s'ils ne se hâtaient d'écarter de la ville épiscopale l'adversaire et l'ennemi de son administration schismatique.

Sa situation devenant, chaque jour, plus périlleuse, M. de Larchantel se vit obligé de s'éloigner, le plus possible, de Quimper et de se réfugier en lieu sûr, pour éviter de nouvelles poursuites. Errant dans le diocèse, se trouvant tantôt sur un point, tantôt sur un autre, il exerçait tout de même pour le plus grand bien des fidèles qui lui étaient confiés, les pouvoirs étendus qu'il tenait du Vicaire de Jésus-Christ. Afin que l'on pût s'adresser facilement à lui en cas de besoin, il informait des personnes dévouées et discrètes des divers endroits où il portait ses pas fugitifs. Il continua à gouverner ainsi le diocèse, pendant un certain temps ; mais sur l'avis qu'il reçut de plusieurs amis qu'on parlait de s'emparer de sa personne et de l'emprisonner, il suivit le conseil donné par Notre-Seigneur à ses apôtres : Si l'on vous poursuit dans une ville, fuyez dans une autre : il se retira à Saint-Malo. De là il correspondait encore avec Quimper ; il expédiait des dispenses pour les mariages et accordait d'autres grâces et permissions.

Il se réunit dans cette ville à M. l'abbé Floyd, aussi vicaire général et recteur de Plusquellec. Cet ecclésiastique avait été forcé, par le district de son canton, de quitter sa paroisse. Il s'y était maintenu jusqu'alors, malgré toutes les avanies et les persécutions, à travers toute sorte de périls... Après avoir soutenu par ses conseils, ses exemples et son zèle, tout le clergé des paroisses qui l'entouraient, après avoir rempli vis-à-vis de son troupeau tous les devoirs d'un bon pasteur, traqué comme une bête fauve, il crut devoir se mettre à l'abri dans un pays plus calme, en attendant l'heure de pouvoir rejoindre son poste. Hélas ! cette heure ne devait pas sonner de longtemps !

La municipalité de Saint-Malo accueillit bien MM. de Larchantel et Floyd : elle leur fit même dire que, le jour où ils ne pourraient plus rester sur le territoire français, ils en seraient avertis, eux et tous les ecclésiastiques réfugiés dans la ville ; de plus, elle leur promit de faciliter leur évasion et leur passage en Angleterre. On leur tint fidèlement parole ; et quand il leur fallut, sortir des murs hospitaliers de cette bonne cité, on les fit embarquer sur des navires qui les conduisirent les uns à Jersey, les autres à Londres. M. de Larchantel se réfugia à Londres et M. Floyd à Jersey.

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A la tête des vicaires capitulaires doit figurer le plus ancien des chanoines et le premier dignitaire du chapitre, M. Descognets. Attaqué d'une maladie de langueur, au moment où le siège devint vacant, ce prêtre vénéré mourut pendant le carême de 1791, plein de jours et de mérites, après avoir combattu le bon combat et gardé inviolablement la foi. Ses infirmités ne l'empêchèrent pas de donner, dans toutes les occasions, les preuves les plus manifestes de l'horreur que lui causait tout ce qui se faisait contre la sainte Eglise. Il travailla lui-même à la censure de l'écrit du perfide Le Coz ; il encourageait les prêtres fidèles à la patience et à l'amour du devoir, par ses conseils et par ses libéralités qu'il prodiguait à ceux qui étaient dépouillés de leurs bénéfices et dépourvus de tout autre moyen d'existence. Eu un mot, il suffisait d'être bon catholique et bon serviteur du Roi, pour trouver en lui aide, secours et protection.

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M. Thiberge, vicaire général, se retira dans une maison de campagne, aux environs de Quimper, d'où il exerçait les fonctions de sa charge. Il y conseillait et encourageait les prêtres qui recouraient à lui ; il instruisait les fidèles qui venaient lui demander la lumière dont ils avaient besoin, pour affermir leur foi ébranlée par les violents assauts de l'impiété révolutionnaire et les scandales qui se produisaient chaque jour sous leurs yeux. Réunissant dans une chapelle de la paroisse sur laquelle il se trouvait, les catholiques des environs, il leur disait la sainte messe et les catéchisait... Une telle conduite ne pouvait demeurer secrète, ni manquer d'irriter le département et le district : aussi, vers la fin de l'année 1791, donnèrent-ils ordre d'arrêter le vicaire général. Mais celui-ci, ayant aperçu de loin les cavaliers de la maréchaussée, prit la fuite et put se mettre à l'abri de leurs poursuites. Retiré aux confins du département, à une demi-lieue de son diocèse, il trouvait encore le moyen d'être utile aux prêtres et aux fidèles de Quimper avec lesquels il communiquait le plus qu'il pouvait, allant d'un endroit à un autre, de manière à ne point attirer l'attention des patriotes. Après avoir été errant ainsi, pendant plus de quatre ans, il profita, en 1795, d'un moment où les prêtres pouvaient reparaître, et il se rendit à Quimper où il ne tarda pas à être saisi et renfermé, avec beaucoup d'autres, dans la maison d'arrestation. Voici, sans doute, à quelle occasion.

M. Thiberge fut mêlé à une question très-délicate : celle de la soumission du clergé au décret du 7 Vendémiaire an IV (29 Septembre 1795). Il était notamment prescrit par ce décret à tous les ministres du culte de faire, avant qu'ils pussent exercer leurs fonctions, la déclaration suivante qui devait être affichée, d'une manière très-apparente, dans chaque église, chapelle, ou temple : « Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République ».

Cet acte tyrannique fut un des derniers de la Convention, de cette assemblée qui, suivant l'expression énergique d'une écrivain, « naquit, vécut et finit dans le sang ».

Il fut, après quelques mois de répit, une occasion de nouvelles persécutions contre les prêtres fidèles, auxquels leur conscience ne permettait pas de souscrire à une déclaration, qui formulait une proposition d'une orthodoxie fort contestable et admettait un principe gros d'inconvénients et de périls de toute sorte pour la société : la Souveraineté du Peuple [Note : Au nombre des propositions déférées au Saint-Siége figure la suivante : « La volonté du peuple ou le suffrage populaire est par elle-même d'une autorité telle qu'elle n'a besoin d'aucune raison pour valider ses actes ». Cette proposition est ainsi notée dans le recueil des actes du Siège apostolique : « En tant qu´elle constitue la volonté du peuple ou le suffrage populaire loi suprême, indépendante du droit naturel et divin, elle est hérétique »].

Gardien, en sa qualité de vicaire général, de la foi des prêtres et des fidèles du diocèse, justement alarmé de la division que l'appréciation du sens de cette déclaration pouvait amener parmi eux, M. l'abbé Thiberge consulta, paraît-il, les évêques émigrés en Angleterre, car il fit circuler dans le Finistère et toute la Bretagne une décision en forme de mémoire émanant de ces prélats. D'après cette décision, il était défendu aux prêtres de faire ce nouveau serment qui contenait tout le venin des premiers, — il fallait éviter les prêtres qui le prononceraient presque comme les jureurs, — il fallait garder fidélité au Roi légitime, etc..

Les évêques signataires du mémoire disaient que leur sentiment était conforme à celui du Souverain Pontife qu'ils avaient consulté...

Da reste, si quelques ecclésiastiques, jouissant de l'estime générale par leurs lumières et leurs talents, étaient d'un avis contraire, il faut avouer que la grande majorité du clergé de la France, à la tête desquels on comptait les évêques qui habitaient en ce moment le pays, s'était prononcée contre la soumission.

M. l'abbé Tresvaux trouve que M. Thiberge montra plus de zèle que de prudence, en publiant ce mémoire qui lui paraît (il n'en donne aucune preuve) n'être pas une décision authentique des évêques réfugiés en Angleterre, mais seulement l'opinion de la plupart de ces prélats, et surtout de ceux de Tréguier et de Léon. Il ajoute que la publication de cette pièce eut pour effet de jeter le trouble et la division parmi quelques fidèles, en les séparant des prêtres catholiques qui avaient fait la première soumission (nous ne savons pas de quelle soumission il s'agit, si ce n'est pas celle dont nous parlons !), et exercé leurs fonctions dans les églises, pendant les courts instants de liberté dont la religion venait de jouir [Note : Histoire de la persécution en Bretagne. (T. II, p. 205 et 206)].

Après cela, le vénéré chanoine de Paris écrit ce qui suit « Quand les prêtres fidèles, restés en Bretagne, n'auraient pas su que l'avis de quelques évêques de la province était contre la soumission, fait dont ils pouvaient aisément avoir connaissance par la correspondance que les évêques de Nantes, de Vannes, de Tréguier et de Léon entretenaient avec leurs diocèses, ils avaient bien d'autres motifs pour refuser de se conformer aux dispositions du décret du 7 Vendémiare. En effet, on les obligeait à se prononcer sur une question très-grave : celle de la souveraineté du peuple, et contre les droits des princes légitimes. On exigeait d'eux non-seulement une soumission passive, mais encore l'obéissance aux lois d'un gouvernement qui, à l'époque, n'était reconnu par presque aucune puissance de l'Europe, à des lois dont plusieurs étaient mani-festement opposées à celles de la morale chrétienne. C'était trop en demander à des hommes qui avaient fait tant de sacrifices à leur conscience, et qui avaient tant souffert pour conserver la pureté de leur foi ... ».

M. l'abbé Tresvaux admettait donc, et avec raison, que les prêtres ne pourraient, sans prévarication, se soumettre à cette exigence. En cela il est d'accord avec M. l'abbé Thiberge. Pourquoi le blâme-t-il alors d'avoir répandu l'avis de la décision dans le même sens des évêques émigrés en Angleterre ? Se trouvant sur le théâtre même de la persécution, le vicaire général de Quimper voyait sans doute des hésitations autour de lui ; ii savait que plusieurs de ses confrères, pas assez éclairés sur la valeur du nouveau serment qu'on leur demandait, réclamaient d'une autorité supérieure à la sienne une réponse à leurs doutes... Il consulta ces évêques, et il publia leur décision. Ne doit-on pas l'en louer, car c'était le meilleur et peut-être le seul moyen d'éclairer les esprits flottants, de fortifier les volontés chancelantes ? La preuve en est, au dire même du chanoine de Paris, que pas un seul prêtre non assermenté ne souscrivit en Bretagne à la perfide déclaration. En eut-il été de même, sans la diffusion de la réponse des évêques émigrés ? Nous en doutons.

« Dans des réunions des prêtres fidèles, qui eurent lieu pour examiner cette nouvelle formule de soumission, il paraît que les avis furent unanimes pour la rejeter, et nous ne nous rappelons pas avoir entendu nommer un seul ecclésiastique non assermenté qui l'ait souscrite en Bretagne. Aussi avaient-ils abandonné toutes les églises rouvertes au printemps précédent. C'est ainsi que finit l'année 1795 » (Tresvaux, T. Il, p. 207).

M. l'abblé Thiberge fut déporté, croyons-nous, en Allemagne. Rentré dans son diocèse, après le concordat, il y reprit sa stalle de chanoine ; il mourut au commencement de la Restauration.

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M. du Laurents de la Barre, vicaire général demeura, quelque temps, caché au manoir de Quénéquéguen, situé sur la paroisse de Saint-Yvi, et qui appartenait à son neveu, Jean-Jacques du Laurents. Les prêtres du diocèse, qui connaissaient le lieu de sa retraite, y venaient, déguisés en paysans, le consulter et fortifier, au contact de la sienne, leur volonté de mourir plutôt que de manquer à leur devoir. Grâce à la sollicitude de sa famille, et, une fois, à la bienveillance du médecin, qui le déclara incapable de supporter un déplacement, il échappa à plusieurs visites domiciliaires. Le saint vieillard se soumettait avec peine à ces précautions et à ces moyens employés par ses parents et ses amis, pour le mettre à l'abri des atteintes des agents de la Révolution ; ils étaient opposés à la simplicité et à la droiture de son caractère. Il désolait sa nièce qui, après avoir pu laisser ignorer sa présence dans la maison, l'entendait, lorsque les gendarmes y étaient encore, tousser et marcher dans sa chambre. Il ne voulait pas qu'on leur mentit, en disant qu'il ne s'y trouvait pas.

Mais il n'échappa pas longtemps aux poursuites dont il était l'objet. Arrêté, dès l'année 1792, à l'âge de 78 ans, il fut renfermé avec son neveu, Jean-Jacques, à la maison d'arrêt de Quimper.

Condamné plus tard à, être déporté à Cayenne, il fut conduit à Rochefort, vers la fin de Janvier 1795. En passant à Saint-Fulgent, dans la Vendée, le commissaire du directoire, qui était un prêtre apostat et marié, eut la cruauté de lui faire lier les mains avec des cordes tellement serrées qu'elles furent rougies par le sang de la victime.

Sa santé affaiblie par l'âge (il avait alors 82 ans) et de longues infirmités ne put résister longtemps aux privations et aux indignes traitements auxquels il fut en butte, à la prison de cette ville. Il y mourut le 16 Décembre 1798, entre les bras de son fidèle domestique, Saint-Julien, que la persécution n'avait pu séparer de son bon maître. Quant à son neveu, dirigé sur Cayenne, à bord de la Décade, il mourut sur cette plage meurtrière, non pas victime du climat, mais empoisonné, croit-on, par des nègres. Il eut le bonheur, avant de quitter la vie, de recevoir les derniers sacrements des mains de Monseigneur de Beauregard, évêque d'Orléans, en prononeant ces paroles, expression touchante du calme et de la résignation de son âme profondément chrétienne « Je meurs en paix ; je me plais à voir le ciel ».

M. l'abbé du Lauvents était d'une haute taille et d'une belle figure. C'est le portrait qu'en a fait, dans ses mémoires, Mgr de Beauregard, son compagnon de captivité. Après avoir été principal du collége de Cornouaille, professeur de théologie à celui de Navarre [Note : La France littéraire de Querard, T. II, p. 664], il devint grand maître de ce dernier établissement et recteur de l'université. Ses vertus l'appelèrent au poste délicat de premier aumônier et de confesseur de la pieuse reine, Marie, Leczinska, femme de Louis XV. Il revint en Bretagne, aprés la mort de cette vertueuse reine, et fut nommé chanoine de la cathédrale de Quimper et vicaire général. Plein de science et doué d'une trés-heureuse mémoire, il étonnait, à l'âge où il était, par la lucidité de son intelligence et par la solidité, la variété et l'étendue de ses connaissances. S'étant livré tout spécialement à l'étude de la Sainte Écriture, il charmait et édifiait ses frères, les confesseurs de la foi, par les commentaires qu'il leur en faisait, avec autant d'érudition que de piété.

Aimant à se reposer de ses travaux plus sérieux, en cultivant la poésie, M. l'abbé du Laurents a laissé un poëme intitulé Les Monuments publics, volume in-4°, imprimé à Paris, en 1754. Il a laissé inachevés plusieurs autres écrits religieux, entre autres, une imitation de Jésus-Christ en vers qu'un de ses petits-neveux, M. Ernest du Laurents s'est fait un pieux devoir et une douce joie d'achever et de publier eu 1864.

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M. Le Normand du Pharadon, théologal da Chapitre de Quimper [Note : D'après les lois canoniques, il doit y avoir dans chaque chapitre un théologal et un pénitencier. Le pénitencier a l'office d'entendre les confessions dans l'église cathédrale, aux jours et aux heures où les fidèles ont coutume de venir au tribunal de la pénitence. Le théologal est chargé d'y expliquer la Sainte Ecriture ou d'autres points de la théologie ou de la morale chrétienne. « Curent præterea ut in unoquoque Capitulo, duo adsint canonici quorum alter pœnitentiarii, alter theologi officio fungatur » — Pius VII. in bulla : Commissa divinitus, anno 1817, § 25)] et vicaire général, fut renfermé dans la maison d'arrestation de cette ville, avec son collègue, M. Guesdon, dans le courant de l'année 1792. Jusqu'à ce moment, ils avaient rempli tous les deux avec le plus grand zèle et la plus grande énergie tous les devoirs qui leur incombaient comme administrateurs du diocèse. D'après les notes de M. l'abbé Boissière, ils seraient morts, l'un et l'autre, en cette même année, à la prison de Quimper. D'après une lettre écrite de Tarragone, en Espagne, le 14, Janvier 1798, par un autre prêtre de ce diocèse, M. Guesdon serait mort, à l'âge de 79 ans, dans la maison d'arrestation de Landerneau, en 1794, et M. Le Normand dans celle de Quimper, en 1796.

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Quant à M. de Langan, chanoine et vicaire général, nous savons que, comme tous ses collègues, il ne faillit pas à ses devoirs ; mais nous ne savons ce qu'il devint après la dissolution du Chapitre et la dispersion de ses divers membres.
« Nous ne pouvons, dit M. Boissière, donner des renseignements au sujet de M. de Langan, vu qu'il était absent, lors de la mort de Monseigneur l'Évêque, et que nous n'avons su depuis aucune nouvelle de lui. Celui-là était encore bien connu pour son catholicisme et son attachement au Roi ».

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M. René-Vincent de Larchantel, neveu du vicaire apostolique et vicaire général lui-même, était particulièrement odieux au département et au district de Quimper. Aussi fut-il obligé, dès 1791, de fuir pour échapper aux poursuites ordonnées contre lui. Il alla se cacher aux environs de Tréguier, d'oû il passa à Jersey pour éviter d'être arrêté. Plus tard, il fit partie de la malheureuse expédition de Quiberon avec Mgr de Hercé, évêque de Dol. Pris et renfermé dans la prison d'Auray avec ce vertueux prélat, il fut fusillé avec lui à son exemple, il reçut le coup de la mort avec le calme et la résignation qui conviennent à des prêtres qui sont toujours restés fidèles à leur devoir et savent qu'ils vont jouir dans le ciel d'une vie meilleure. Il fut enterré, avec plusieurs émigrés tant laïques qu'ecclésiastiques, dans un terrain, situé près de la Chartreuse d'Auray, et qu'on appelle depuis le Champ des Martyrs.

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M. de Silguy était le plus jeune, mais il ne fut pas le moins courageux de tous les vicaires capitulaires. Plein d'ardeur et de dévouement à la cause du bien, il était le premier, dans toutes les assemblées capitulaires et dans toutes les circonstances, à proposer les moyens de s'opposer aux progrès du schisme et de donner en même temps au Roi des marques de fidélité. Nous aurons occasion de parler, en cet écrit, de la conduite héroïque des dames de l'abbaye de Kerlot ; sans vouloir diminuer le mérite de ces dames, qui trouvèrent en lui un conseil et un soutien, nous devons dire ici d'avance qu'elles furent principalement dirigées par M. l'abbé de Silguy. Au reste, il ne borna pas l'exercice de son zèle à cette seule communauté ; il ne cessa, jusqu'au mois de Juillet 1792, de faire autour de lui tout le bien qui dépendait de lui, exhortant, fortifiant, éclairant tous ceux qui avaient besoin de lumière et de force, prêtres, religieuses et simples fidèles... Signalé comme un des plus fermes tenants des bons principes, il dut, pour ne pas être arrêté, quitter le département. Arrivé à Guingamp, ville des Côtes-du-Nord, il fut saisi par la garde nationale dans l'auberge où il était descendu et mis en prison. Informé de l'arrestation de son fils, le père de M. de Silguy, qui habitait à Quimper, obtint du département du Finistère que, sous sa responsabilité, il revînt dans la maison paternelle. Il y demeura jusqu'au 10 Août, époque où il partit pour Brest, avec un passeport de l'autorité départementale, à l'effet d'être déporté, le 12 de ce mois en Espagne, avec la plus grande partie des prêtres séculiers et réguliers détenus au château de cette ville. Il ne passa donc guère qu'un jour en cette prison, puisqu'il fut embarqué pour l'exil, le lendemain de son arrivée.

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M. Cossoul, vicaire général et en même temps l'un des directeurs du séminaire de Quimper, a souvent tenu la plume dans les écrits publiés par MM. les vicaires capitulaires pour prémunir les prêtres et les fidèles contre les doctrines constitutionnelles et spécialement contre celles de Le Coz et de ses consorts. Sa conduite fut toujours ferme et courageuse tant en public qu'en particulier. Dénoncé comme perturbateur du repos public, il fut, par ordre du département, du nombre des prêtres fidèles qui furent renfermés dans le couvent des carmes de Brest, au mois de Juin et aux mois suivants de 1791. En conséquence de l'amnistie générale, il en sortit, au mois de Septembre. Compris, au mois de Novembre, dans la liste de ceux qui devaient être conduits au château de Brest, il put s'échapper, cette fois, se rendit à Paris, de là en Angleterre, puis enfin en Allemagne.

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M. de Mauduit, vicaire général, du temps de Mgr de Saint-Luc, comme il le fut, pendant la vacance du siége, fut chassé de la paroisse de Plovan dont il était recteur, le 19 Avril 1791, jour des Rameaux. Il se retira chez sa mère qui demeurait à 13 ou 14 lieues de Quimper. On lui intenta un procès pour avoir, dans la semaine qui précédait les Rameaux, célébré deux mariages avec une seule publication de bans : il avait lui-même accordé la dispense des deux autres publications et signé sur le registre sa qualité de vicaire général. C'était un méfait aux yeux du département, car c'était inconstitutionnel, puisque l'abbé de Mauduit protestait par cette signature contre l'intrusion d'Expilly et de ses vicaires. De plus, le jour où il refusa le serment, il avait motivé énergiquement son refus. Le district de Pont-Croix fit recueillir tout ce qu'il avait pu dire, et de tous ces griefs résulta un mandat de l'arrêter. Avisé à temps de ce mandat, M. de Mauduit s'esquiva et passa dans un autre département. Après l'amnistie générale, il revint dans son diocèse. Mais ce qu'il y eut de particulier, à son endroit, c'est que, malgré cette amnistie, on fit revivre son procès. Il répondit à l'appel du tribunal le citant à comparaître à sa barre, en quittant de nouveau le département pour se soustraire aux poursuites ordonnées contre lui. Il fut, croit-on, condamné par contumace à la réclusion au château de Brest. Réfugié chez des personnes dévouées, il craignit de les compromettre, en demeurant sous leur toit, et il se détermina à passer en Espagne où il resta jusqu'au Concordat.

A sa rentrée à Quimper, M. de Mauduit fut nommé par Mgr Dombidau de Crouzeilhes d'abord curé de Plogastel-Saint-Germain, puis curé de Crozon„ l'une des plus importantes paroisses et la plus étendue du diocèse. Malgré sa capacité reconnue, M. de Mauduit était très-humble et très-modeste : la lettre qu'il écrivit à son évêque, le 6 Novembre 1805, le prouve de la manière la plus touchante.

« Vous prenez certainement, Monseigneur, un intérêt beaucoup plus vif que je ne puis le mériter à ce qui me concerne. Depuis la Révolution, j'ai toujours désiré n'occuper aucune place ; la Révolution m'a dégoûté de toutes. Aussi, me suis-je opposé à toutes les démarches commencées et qu'on prétendait continuer pour me placer. J'ai été à contre-cœur à Plogastel ; aujourd'hui à Crozon, je n'ai d'autre satisfaction de m'y voir que parce que je me crois dans l'ordre de la Providence, étant dans l'obéissance. L'obéissance à mon évêque me conduira partout, fut-ce à l'île de Seins. Mais mon goût sera toujours pour la retraite. Je ne demande rien ; je désire n'être rien, et je m'estimerais heureux de n'être attaché à rien. Je n'ai pas la prétention de me croire un personnage intéressant. L'expérience me prouve tous les jours mon peu de suffisance ; ce que je puis offrir de mieux c'est la bonne volonté, mais elle ne suffit pas. A Dieu ne plaise, Monseigneur, que je sois jamais capable de contrarier vos vues, même en la plus petite chose : c'est bien loin de mon cœur et de ma pensée ; loin de le soupçonner dans la circonstance, je me flattais d'être entré dans ces mêmes vues, en vous suggérant l'idée et vous procurant le moyen de me faire remplacer. Je ne désespère pas, quand vous aurez plus de connaissance du sujet, que vous ne soyez plus disposé à le décharger : en attendant, Monseigneur, je ferai de mon mieux, mais ce mieux est bien peu de chose ».

Le modeste curé de Crozon n'obtint pas de son évêque tout ce qu'il demandait : n'être rien. A mesure qu'il le connaissait, Mgr Dombidau appréciait davantage ses solides qualités. Aussi, ne tarda-t-il pas à l'appeler près de lui, en le nommant vicaire général : c'est dans ces fonctions que mourut le pieux confesseur de la foi, entouré de l'estime et de la vénération de tout le diocèse qu'il avait si bien servi.

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M. Doixant, recteur de Crozon au moment où éclata la Révolution, était en même temps vicaire général de Monseigneur de Saint-Luc ; il fut aussi nommé vicaire capitulaire, après la mort de ce vaillant évêque. Prêtre fidèle à tous ses devoirs, modèle du clergé par la régularité de sa vie, ce vénérable vieillard, d'un âge très-avancé, repoussa le serment avec horreur. Il était presque mourant, lorsqu'il fut remplacé par un intrus. Sans égard pour l'état où il se trouvait, on lui signifia de quitter le presbytère. Comme il ne pouvait pas marcher, il fallut le transporter dans une maison voisine. Ses vicaires ne voulurent pas laisser à d'autres l'honneur de rendre ce service à un confesseur de Jésus-Christ : ils le placèrent doucement sur leurs bras et le portèrent avec respect dans cette maison, au milieu des larmes et des sanglots de la population aussi indignée qu'émue de ce spectacle. Cette scène aussi cruelle qu'attendrissante se passa au bourg de Crozon, en l'année 1791.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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