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L'ADMINISTRATION DU DIOCÈSE DE QUIMPER
** suite au décès de l'évêque Audrein **
 

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Après la mort de Yves-Marie Audrein (né à Gouarec, le 14 octobre 1741, mort assassiné à Kerfeunteun, aujourd'hui en Quimper, le 19 novembre 1800), le diocèse de Quimper n'eut point, grâce à Dieu, de successeur de son intrusion ; il n'eut même pas, comme à celle d'Expilly, de presbytère... La haine amassée par les philosophes du XVIIIème siècle contre l'Église catholique avait pénétré, il est vrai, bien avant dans les esprits et les cœurs en France ; après avoir couvé longtemps, elle avait éclaté, comme la lave d'un volcan, et allumé dans notre pays l'effroyable incendie dont nous venons de signaler quelques-uns des ravages. Cette haine, dont les traces subsistent encore et subsisteront toujours parmi nous, allait s'émoussant peu à peu comme le fil d'une arme tranchante qu'un usage violent a fatigué... La France, lasse de ses excès, soupirait après le calme et la liberté des anciens jours ; le peuple chrétien, laissé, depuis près de dix ans, sans Dieu, sans prêtres et sans autels, réclamait le libre exercice de sa religion et ses ministres fidèles. Attentif à ces aspirations et à ces vœux, le gouvernement consulaire leur donnait, chaque jour, de plus en plus, la satisfaction qu'ils méritaient. Les négociations entamées à cet effet par le premier consul, Bonaparte, avec le délégat de Pie VII, Monseigneur Spina, archevêque de Corinthe, annonçaient la fin prochaine de nos maux.

Déjà nos prêtres commençaient à arriver de l'exil : les uns de l'Angleterre et de la Guyane ; les autres de l'Allemagne et de l'Espagne... Le retour de ces confesseurs de la foi dans leur patrie ranima partout le courage des catholiques, notamment en Bretagne. Elle eut en outre pour effet de détacher des intrus ceux qui avaient eu le malheur de suivre leur drapeau : la vue de ces prêtres proscrits leur rappela tous leurs devoirs envers l'Église ; elle fit tomber de leurs yeux, aveuglés par l'erreur, l'épais bandeau qui les couvrait. Les comparant avec les lâches apostats qu'ils avaient vus, comme des branches séparées de leur tronc, se laisser entraîner au torrent de toutes les iniquités de la Révolution, ils s'écrièrent douloureusement : em>« Nous nous sommes donc trompés ! Nous nous sommes écartés de la voie de la vérité !... Nous nous sommes lassés dans le chemin de la perdition !... » (Sagesse, ch. V, v. 6).

A dire vrai, déchus de la sainteté de leur vocation, la plupart des prêtres constitutionnels étaient un objet de scandale par l'irrégularité de leur vie. Ne pouvait-on pas, au spectacle du triste état dans lequel ils étaient tombés, se demander comme Jérémie : « Comment l'or pur a-t-il pu s'obscurcir à ce point ? Comment a pu changer le brillant éclat de cette incomparable couleur ? Comment ces ministres du Très-Haut, beaux jadis comme des vases de ce métal sans alliage, sont-ils devenus semblables à des vases d'argile pétris par la main du potier ? ... » (Threni, chap. IV, v. 1, 2 et suiv.).

Beaucoup de ces prêtres n'avaient plus du sacerdoce que le caractère. Plusieurs même allèrent jusqu'à vouloir l'effacer ou l'abdiquer, en remettant leurs lettres de prêtrise à l'autorité civile. Mais n'abdique pas le caractère sacerdotal qui le veut : il est ineffaçable pour la gloire de ceux qui le portent dignement, comme pour l'éternelle honte de ceux qui le souillent !

Les populations se tournaient donc vers les prêtres restés fidèles, grandis à leurs yeux par la persécution : ils contemplaient avec admiration l'auréole du martyre qui décorait leurs fronts qui ne surent s'abaisser ni devant les cachots ni devant le bannissement de leur patrie.

Aussi qui dira leur joie, à la vue de ces vaillants soldats apparaissant de nouveau parmi eux, d'abord en petit nombre, après plusieurs années d'absence ?

Comme le serpent, qui se sent blessé à mort, se tourne et se retourne sur lui-même, s'avance sur son ennemi, se dresse et retombe impuissant, pour mourir : ainsi fit l'église schismatique. Ne se dissimulant plus que désormais ses jours étaient comptés, elle essaya de prolonger son éphémère existence, en se redressant convulsivement contre le mouvement qui l'entraînait à sa ruine. Les chefs de cette église se rassemblèrent dans un concile anticanonique dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, peu de jours avant la signature du Concordat.

Tentative sans autre résultat que celui de son impuissance, ce conciliabule schismatique se termina, sans s'entendre sur rien : on pourrait, s'il était permis de comparer les petites choses aux grandes (si parva licet componere magnis), le comparer aux efforts de ceux qui voulurent édifier la tour de Babel... Ne pouvant plus se comprendre ni s'entendre, ils se divisèrent et se séparèrent à tout jamais.

Enfin les négociations entamées entre Pie VII et Bonaparte aboutissent ; le concordat signé le 15 Juillet 1801 par le premier Consul est ratifié, un mois après par le Pape et annoncé au monde catholique par la bulle Ecclesia Christi.

Retardées par suite des dispositions peu favorables du Corps législatif, les clauses de cette convention sont rendues publiques, en France, le 5 Avril 1802, et quelques jours après, le dimanche de Pâques, un Te Deum solennel est chanté à Notre-Dame de Paris, pour célébrer le rétablissement de l'exercice du culte catholique.

Regardé comme le seul remède aux maux présents, le concordat fut salué par tous les catholiques avec une joie indescriptible. Mais qui dira les sentiments dont fut rempli le cœur de nos prêtres proscrits, quand, à travers les distances qui les séparaient de la mère patrie, parvint jusqu'à eux la notification authentique de cet acte qui déconcertait tous les calculs de la politique humaine ?

L'aimable messagère qui vint annoncer à Noé la fin du déluge fut reçue avec un bonheur ineffable. Ainsi fut accueillie par ces généreux confesseurs de la foi la grande nouvelle du concordat ; elle leur disait la fin du schisme qui désolait depuis dix ans la France, et celle de leur exil ; elle ouvrait pour un grand nombre les portes de leurs cachots, pour tous le chemin du pays natal qu'ils n'avaient quitté que, le cœur brisé, contraints par la plus cruelle des nécessités.

« Croyez-vous, s'écrie, dans son magnifique langage, un évêque cher au diocèse de Quimper, croyez-vous qu'il ne leur en coûta pas d'abandonner leur patrie ? Qu'il fut sans amertume cet adieu furtif au berceau de leur enfance, aux joies de la famille, aux douceurs de l'amitié ? Ils ont dit cependant : plutôt l'exil que l'infamie, et sont partis, le cœur brisé, mais l'âme inébranlable. Oh ! qui racontera leurs misères et leurs douleurs ? On les a vu haletants sur les chemins de la terre étrangère, bégayant un langage nouveau pour mendier le pain de l'indigence et bénir leurs bienfaneurs. Combien de fois leurs regards humides suivalent à l'horizon le nuage qui passait sur la France, tandis que leurs lèvres redisaient avec tristesse les chants d'Israël captif au bord des fleuves de Babylone ! Que la patrie leur semblait belle ; qu'elle leur semblait aimable cette patrie si cruelle, quand, de la terre de l'exil, ils la regardaient à travers leurs larmes ! ».

Voilà dans un éloquent raccourci quelles furent les douleurs de nos prêtres condamnés à manger le dur pain de l'exil.

Empruntons à la riche palette de l'illustre prélat les brillantes couleurs avec lesquelles il nous dépeint leur joie quand, venant à luire à leurs yeux, rougis par les larmes, le jour de la liberté de l'Église en France leur annonce leur prochain retour dans leur patrie après laquelle ils soupirent depuis de longues années :

« Mais tout-à-coup une voix a retenti, voix qui trouve mille échos ; la France ouvre ses barrières, la religion ses temples désolés : la main puissante qui porte le glaive des combats va réunir les pierres dispersées du sanctuaire ; le génie qui gagne les batailles marquera son passage par la défaite de l'anarchie et de l'impiété. Enfants de la mère commune, longtemps rejetés de son sein, sa colère est tombée ; revenez dans ses bras !

Ils ont entendu cet appel, les pauvres exilés ; ils s'empressent, ils accourent, le front calme, le cœur humble, l'âme pénétrée de reconnaissance pour le Seigneur et l'instrument de ses miséricordes. Avec quelle joie vous les vites revenir, troupeaux sans pasteurs, basiliques sans fidèles, autels sans sacrifices ! Le vieillard verse des larmes, en songeant qu'il pourra mourir en paix dans les bras de la religion ; l'âge mûr entrevoit un avenir moins sombre ; l'enfance regarde avec étonnement ce mouvement inaccoutumé, ces pompes inconnues, tandis que les voûtes sacrées répètent l'hymne d'actions de grâces, et que, du haut des airs, l'airain pieux jette aux campagnes réjouies ses vibrations sonores. L'indifférence même s'émeut de ces démonstrations : Hi qui amicti sunt stolis albis, qui sunt et unde venerunt ? (Apocal. VII, 13) Ces triomphateurs modestes, qui sont-ils, et de quelles contrées sont-ils accourus ? Hi sunt qui venerunt de tribulatione magna. Ceux-ci sont les héros de la grande tribulation : ils ont traversé sans peur les jours des grandes luttes ; ils ont tout sacrifié, tout souffert, tout pardonné ; à cette heure, les populations fidèles célèbrent leur retour, comme la Gaule des anciens jours recevait en triomphe Hilaire revenant du combat » [Note : OEuvres de Monseigneur Graveran, évêque de Quimper. Oraison funèbre de Monseigneur de Poulpiquet. — Tom. II, p. 299 et 300].

Avant de quitter la terre hospitalière où ils avaient trouvé un asile, nos prêtres émigrés à Mondonêdo, en Espagne, adressèrent, en latin, à l'évêque et au chapitre de cette ville épiscopale, les adieux les plus touchants.

Après avoir rappelé les tristes évènements qui les ont chassés de leur patrie ; après avoir énuméré les divers bienfaits dont ils ont été comblés par l'évêque, le chapitre, le roi d'Espagne et d'autres personnes charitables, dès leur arrivée dans ce pays, les exilés expriment, dans les termes les plus émouvants, la reconnaissance dont leur cœur est pénétré.

Nourri de la sève des livres saints qui faisaient leur consolation [Note : Habentes solatio libros sacros. — I Mac. XII. 9] au milieu de leurs tristesses, leur écrit est un agréable tissu de textes empruntés à ces livres inspirés où le prêtre instruit peut puiser, pour rendre et appuyer sa pensée, les expressions les plus riches et les plus saisissantes.

Rien de plus attendrissant que les dernières lignes de cet écrit : les confesseurs de la foi demandent humblement pardon à leurs charitables bienfaiteurs des offenses dont ils se seraient rendus coupables à leur égard, soit par l'humaine fragilité, soit par négligence... C'est au nom de la miséricorde de notre Dieu qu'ils les supplient de leur pardonner avec cette bienveillance dont ils ont éprouvé les effets, pendant les dix années de leur séjour parmi eux.

Puis, ce devoir accompli, ils se jettent avec confiance entre les bras de la Providence qui a toujours veillé sur leurs besoins, comme une tendre mère ; portés par elle, ils espèrent arriver sûrement dans leur patrie, heureux d'avoir souffert pour Jésus-Christ et d'avoir pu contribuer, par leurs souffrances, à manifester la gloire de Dieu.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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