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PERSÉCUTION CONTRE LES RELIGIEUSES
** URSULINES ET HOSPITALIÈRES DE CARHAIX **

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A Carhaix, les Ursulines et les dames hospitalières provoquèrent, par leur fermeté, l'admiration de leurs persécuteurs eux-mêmes. Dans les différentes visites que leur firent les administrateurs pour essayer de les intimider et de vaincre leur constance, ou pour les gagner par de spécieuses promesses, elles déconcertèrent les projets des impies par les réponses les plus sages et les plus courageuses.

Une jeune hospitalière se disposant à signer, comme ses autres sœurs, l'acte de refus de quitter la clôture et de profiter de la liberté accordée par les décrets, un officier municipal ou du district lui dit : « Madame, il n'y a pas d'encre dans la plume »« Si l'encre manque, répond-elle, j'ai du sang dans les veines ».

La manière, dont les religieuses hospitalières de Carhaix furent expulsées de leur maison, mérite d'être relatée.

Elles montrèrent la plus grande énergie, lorsqu'on les invita à quitter leur cher monastère de Grâce. C'est en vain que le procureur-syndic du district et l'autorité municipale s'y transportèrent, à diverses reprises, les ordres du Département à la main ; elles opposèrent à chaque sommation un refus obstiné : « Vous nous chasserez violemment, disaient-elles ; mais nous ne sortirons pas ; nous nous attacherons aux grilles de nos parloirs... ».

Outre l'attachement à leur maison qui les animait, ces Dames étaient encouragées dans leur résistance par les supplications des malades qu'elles soignaient, et des pauvres de la ville qu'elles nourrissaient. Depuis que les bonnes mères, — c'est ainsi qu'ils les appelaient, — étaient mises en demeure de les quitter, les pauvres étaient désespérés, et dans un état continuel de surexcitation. Rassemblés autour du monastère, auprès duquel ils veillaient nuit et jour, ils déclaraient hautement qu'ils ne voulaient pas qu'on touchât à leurs charitables nourricières. Chaque fois que le commissaire du district, revêtu de son écharpe tricolore, ou l'officier municipal se présentait, il lui fallait fendre la masse de ce peuple en guenilles, qui, le visage suppliant à la fois et menaçant, se divisait avec peine pour lai livrer passage.

La cruelle loi qui dissolvait les communautés religieuses devait cependant triompher de la résistance de quelques faibles femmes et des supplications obstinées de quelques douzaines de mendiants affamés. Les délais fixés pour l'exécution de cette loi s'étaient écoulés : envers et contre tout, il fallait que les Hospitalières sortissent de leur établissement ; on déploya pour arriver à ce but une force militaire inusitée.

Une compagnie entière de grenadiers coloniaux de Port-au-Prince, alors en garnison à Carhaix, se présente, un matin, devant la porte du monastère, accompagnée de trois charrettes de réquisition. Le procureur-syndic et les deux officiers qui dirigeaient la troupe entrent et, sonnant à la grille, ils demandent à voir la supérieure.

Introduits au parloir, ces messieurs, impatients d'accomplir enfin leur œuvre, attendaient d'assez mauvaise humeur, lorsque la supérieure apparut à la grille, la figure calme et tranquille.

« Je vous demande pardon, Messieurs, dit-elle, avec une modeste simplicité, de m'être fait attendre ; j'étais occupée à l'infirmerie à soigner une de mes sœurs ; j'ai voulu achever de la panser. Qu'y a-t-il pour votre service, je vous prie ? — Madame, répondit le procureur-syndic, vous connaissez l'arrêté du Département, et il vous a été notifié, en son temps. Vous n'y avez point déféré. — C'est vrai. — Vous connaissez aussi notre arrêté et l'ordre qu'il porte d'évacuer immédiatement votre maison. Quelles sont aujourd'hui vos intentions, car les délais sont épuisés ? parlez. — Mes intentions sont ce qu'elles ont toujours été : de mourir ici, si Dieu m'en accorde la grâce. Madame, il faut que vous sortiez aujourd'hui ; ne nous obligez pas à des mesures de violence... Eh ! Messieurs, vous en êtes les maîtres, car nous sommes de pauvres brebis; mais nous avons fait vœu de rester consacrées au Seigneur. Lui seul peut nous délier de nos engagements; sa volonté soit faite !... ».

Voyant que rien ne pourrait ébranler la résolution de cette femme courageuse qui avait juré de ne point ouvrir les portes de son cloître, les officiers municipaux eux-mêmes, aidés de quelques grenadiers, forcèrent ces portes et envahirent la communauté.

Prosternée la face contre terre, à la vue de cet odieux attentat, la supérieure, entourée de toutes ses sœurs, récite avec elles le Miserere mei, Deus, priant ainsi le Dieu des miséricordes d'avoir pitié de leurs persécuteurs et de leur pardonner ce qu'ils font.

On essaie, en vain, de faire monter les religieuses dans leurs cellules, pour qu'elles puissent mettre de côté les objets qui leur appartiennent personnellement... Elles restent au milieu des envahisseurs, comme pour protester de plus en plus, et jusqu'à la fin, contre la violation des saintes barrières qui les mettaient à l'abri du monde.

Pendant ce temps, les agents de l'autorité locale parcourent et bouleversent la maison ; ils s'emparent des lits, des vêtements, des livres de prières, en un mot de tous les meubles et autres objets qui leur tombent sous la main : le tout est amassé pêle-mêle et jeté à la hâte sur les chariots amenés par les grenadiers à l'entrée de la communauté.

La journée se passa à ce pillage. La nuit venue, tout ce qui avait appartenu et servi aux religieuses Hospitalières du couvent de Notre-Dame de Grâce de Carhaix fut transporté, déposé et inventorié à l'hôtel de la commune.

Désormais sans asile et dépouillées de tout, mais riches de la grâce de Dieu et de la force de Jésus-Christ qui augmentaient en elles, à mesure que leur dénûment était plus complet, elles ne tardèrent pas, elles aussi, à être jetées inhumainement, comme leur mobilier, sur les charrettes de réquisition, pour être conduites à Quimper et internées à la maison d'arrêt.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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