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PERSÉCUTION CONTRE LE CLERGÉ CATHOLIQUE
** COLLÉGIALES - SÉMINAIRES- COLLÉGES **

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COLLÉGIALES.

Il n'y avait dans le diocèse de Quimper, à l'époque de la Révolution, que deux collégiales [Note : On appelle collégiale un chapitre érigé dans une église qui n'est pas cathédrale. Les chanoines des collégiales n'ont aucune juridiction épiscopale, le siège vacant ; ils ne sont pas de droit, comme les chanoines des cathédrales, les conseillers de l'Evêque ; ils sont seulement établis pour célébrer le culte public dans une église choisie à cette fin. Les collégiales se divisent en insignes et non-insignes, suivant qu'elles sont décorées de ce nom et de cette qualité par le Pape, l'estimation commune, ou qu'elles les empruntent au lieu renommé où elles sont situées. Les églises collégiales sont inférieures aux églises cathédrales ; mais elles sont supérieures aux simples églises paroissiales] : l'une à Carhaix, l'autre à Rostrenen. Le doyen de la collégiale. de Carhaix était de la Normandie : il était absent, depuis un assez long temps, à l'époque où éclata la persécution contre le clergé catholique. Des quatre chanoines qui composaient cette collégiale, trois prêtèrent le serment et devinrent de zélés partisans des idées révolutionnaires : nous ignorons s'ils ont persévéré dans le schisme.

La collégiale de Rostrenen, composée aussi de quatre chanoines, avait pour doyen M. Collet ; il demeura fidèle à la sainte Église avec ses confrères, les chanoines Étienne Le Gante, Brellivet et Boutier.

 

SÉMINAIRES.

Le diocèse de Quimper possédait deux séminaires, l'un dans la ville épiscopale, composé de six directeurs ; l'autre à Plouguernével, composé de cinq directeurs, tous choisis et nommés par l'Évêque, et pris dans le clergé diocésain. Les supérieurs et tous les directeurs de ces deux maisons se sont montrés dignes, par leur attachement à leur devoir, de la confiance que Monseigneur de Saint-Luc et tout son clergé avaient en eux.

Non content de donner à ses confrères l'exemple de la fermeté, en refusant le serment, M. Liscoat, supérieur du séminaire de Quimper, consacra son talent à combattre par de solides écrits les doctrines nouvelles ; il réfuta, en particulier, avec une remarquable force de logique l'apologie de la Constitution civile, publiée par Le Coz, principal du collège. A son arrivée à Quimper, Expilly essaya tous les moyens de s'attacher M. Liscoat, sachant toute l'influence que cet excellent prêtre avait dans le diocèse. Mais ce fut en vain : l'Évêque intrus ne put jamais se faire reconnaitre ni accepter de lui ni de ses collaborateurs.

Voyant qu'il n'avait rien à attendre de ces messieurs, surtout aprés une conversation où ils lui parlèrent avec toute l'intrépidité que réclamaient la vérité et les circonstances, Expilly les remplaça par quatre prêtres assermentés [Note : Ces prêtres étaient : les sieurs Le Coz, recteur de Châteaulin, Ollitrault, Sérandour et Le Gac. Ce dernier ne doit pas être confondu avec M. Le Gac, professeur au collège, qui refusa énergiquement et constamment le serment, comme nous le dirons plus bas], en ayant soin d'en aviser le Directoire du Département.

A la réception de cet avis, voulant tenter un dernier effort, le procureur-général syndic écrivit, le 9 Mars 1791, à M. Liscoat, supérieur du séminaire, la lettre suivante :

« MONSIEUR LE SUPÉRIEUR,
Si vous et MM. les autres directeurs du séminaire êtes toujours dans l'intention de vous refuser au serment prescrit par la loi du 26 décembre dernier, pour continuer vos fonctions, veuillez bien me faire l'honneur de me répondre et de me faire savoir le jour qui vous serait commode pour remettre aux commissaines, qui seront délégués, les effets, titres et papiers dépendant de la maison »
.

M. Liscoat, supérieur, se trouvant absent lors de la réception de cette lettre, M. Le Goguiec, procureur de la maison, répondit :

« MONSIEUR LE PROCUREUR GÉNÉRAL,
Malgré l'absence de M. le supérieur et de la plupart de mes confrères, je crois pouvoir vous assurer que nous sommes tous dans l'intention de refuser le serment exigé par le décret du 26 Décembre. Comme je suis seul chargé des effets, titres et papiers dépendant de la maison, je suis prêt à en rendre compte... »
.

Dans le procès-verbal de sa démarche auprès des directeurs du séminaire et de leur réponse, le procureur général crut devoir ajouter :

« Cette démarche de ma part vis-à-vis de Messieurs du séminaire était une précaution surabondante, car j'avais déjà été prévenu par le maire de Quimper que, quoique la loi eût été publiée et affichée, dés le 15 Janvier, aucun de Messieurs da séminaire ne s'était présenté pour faire le serment ».

Le Directoire nomma immédiatement des commissaires pour faire l'inventaire du mobilier du séminaire, puis il donna ordre aux anciens directeurs de sortir sur-le-champ de l'établissement, avec menace, s'ils refusaient d'obéir, de les en arracher à main armée. Cette notification leur fut faite, le 8 Avril 1791 ; comme il n'y avait pas de résistance possible contre la force, ils sortirent, le lendemain, sans bruit et sans éclat.

Malgré son expulsion de l'établissement dont il était le seul recteur légitime, M. Liscoat n'en demeura pas moins à Quimper, où il fit le plus grand bien. Il continuait, comme par le passé, à diriger et à conseiller les prêtres qui le consultaient ; il fortifiait et encourageait ceux qui marchaient dans la bonne voie ; il y ramenait ceux qui avaient eu le malheur de la quitter, un instant... Dénoncé au District, et au moment d'être arrêté, il s'éloigna de la ville, vers le mois de Juillet ou d'Août 1791. Depuis, errant de paroisse en paroisse, il parcourut ainsi plusieurs cantons du diocèse, au risque d'être saisi à chaque instant. Enfin, voyant qu'il n'y avait plus de sureté pour lui dans son pays, il se retira en Espagne, vers le mois d'octobre 1792. Plus tard, voulant avoir avec d'autres proscrits les moyens de rentrer en Bretagne, il passa à Jersey : mais, comme on le sait, ces moyens manquèrent par un ensemble de circonstances malheureuses qu'il serait trop long de rappeler dans ce récit.

A son retour de l'exil, après le concordat, M. Liscoat redevint supérieur du séminaire, où il mourut, le 4 Décembre 1803. Ses restes ont été déposés, en 1832, par les soins pieux de Monseigneur Graveran, Évêque de Quimper, dans la chapelle du cimetière de Saint-Louis, en cette ville, avec ceux de plusieurs autres prêtres, enterrés dans le même cimetière.

M. Liscoat a laissé un ouvrage inédit sur cette Révotion française, dont il fut une des innocentes victimes. « Ce n'est point, nous écrit la personne qui a découvert ce manuscrit, un récit local, mais des considérations sur la Révolution française. C'est en quelque sorte, et avec plus de talent, la contre-partie de l'ouvrage de Monnier sur la part attribuée aux philosophes dans le mouvement révolutionnaire ».

Le vice-supérieur du séminaire était M. Cossoul, l'un des vicaires capitulaires, dont nous avons loué plus haut la fermeté et le zèle à défendre les bonnes doctrines.

Les autres directeurs de la maison, dont les noms suivent, fermes imitateurs de leurs supérieurs, furent comme eux en butte à la persécution. M. Le Coguiec, procureur de la maison, se retira à Jersey ; M. de Legerville, après avoir été détenu, plus de huit mois, au Château de Brest, fut déporté en Espagne ; MM. Yvenat et Le Garrec seraient demeurés en France, fuyant et se cachant là où ils pouvaient, toujours sous la crainte d'être saisis...

Ainsi que leurs collègues de Quimper, les cinq directeurs du séminaire de Plouguernével furent persécutés à outrance. Le supérieur, M. Le Coq, est mort en Espagne où il avait émigré avec trois de ses confrères MM. Pennec, Louédec et Touller ; le quatrième, M. Rigoleur s'était enfui à Jersey.

On ne saurait trop louer et admirer la fermeté de ces dignes directeurs de la jeunesse cléricale, leur zèle à défendre les intérêts de la sainte Église, au milieu de la tourmente révolutionnaire qui menaçait de renverser la foi des populations. Comme autant d'apôtres, ils parcouraient les diverses paroisses du canton de Plouguernével, fortifiant, par leur parole et par leur exemple, le peuple dans son attachement traditionnel à la religion. Mais la force qu'ils communiquaient aux simples fidèles, ils avaient soin de l'entretenir dans l'âme des prêtres qui, ayant les yeux fixés sur eux, demeurèrent inébranlables, malgré tous les assauts qu'ils eurent à subir. La fermeté du clergé de cette vaste partie du diocèse de Quimper, appelée la haute Cornouaille, fut si grande et si unanime qu'à l'exception d'un ou deux de ses membres, il rejeta avec horreur toute espèce de serment.

Les directeurs du séminaire de Plouguernével furent chassés de leur maison de la façon la plus barbare, après diverses vexations et avanies dont nous avons le regret de ne pas connaître le détail. Placés et maintenus dans ce poste par l'autorité de leurs supérieurs ecclésiastiques, ces vaillants soldats, sommés de l'abandonner, ne cédèrent qu'à la force et à la violence.

« Nous ne nous hasarderons point, dit M. l'abbé Boissière, à dire de mémoire la manière indigne et cruelle dont on les arracha du séminaire, ni à faire le récit détaillé des mauvais traitements qu'ou leur fit éprouver dans cette occasion ».

 

COLLÉGE.

Les directeurs et professeurs du collège de Quimper ne marchèrent pas hélas ! sur les traces de leurs confrères des deux séminaires. Autant l'attitude des seconds fut noble et belle ; autant celle des premiers fut triste et lamentable ! Il faut dire aussi qu'ils avaient à leur tête le fameux Claude Le Coz, dont nous avons déjà fait le portrait. Son exemple perfide et ses insinuations sophistiques contribuèrent beaucoup à pervertir le sous-principal Guillaume, les professeurs Saouzanet, Ollitrault, Le Bourg, Poyet, Sérandour et Bourbé, tous honorés du sacerdoce, et gens de conduite irréprochable avant la Révolution. Attachés jusqu'alors à tous leurs devoirs, on les vit hésiter, au commencement des troubles, sur le parti qu'ils prendraient, en face du serment exigé. Mais le moment étant venu d'opter entre cet acte sacrilège et la perte de leur position, ils oublièrent ce qu'ils devaient à l'Église dont ils étaient les ministres. Le dimanche, 29 Janvier 1791, ils se rendirent à l'église cathédrale, où ils prononcèrent publiquement le serment, avec les autres ecclésiastiques qui s'étaient déterminés comme eux à arborer l'étendard du schisme.

Un seul professeur, celui de cinquième, M. Le Gac, sut résister à toutes les attaques, à tous les raisonnements, à toutes les caresses et à toutes les menaces du principal et de ses collègues : il refusa constamment de jurer, c'est-à-dire, de prêter le serment et d'assister au conseil des impies. La conséquence de ces refus persévérants fut la privation de sa chaire. Mais que lui importait la perte de sa situation, puisqu'il avait gardé et sauvé sa foi !

Poursuivi désormais par la haine des patriotes et persécuté de mille manières, ce prêtre courageux erra pendant plusieurs mois ça et là, pour éviter de tomber entre les mains de ses ennemis, jusqu'à ce qu'il se réfugiât en Espagne, vers le mois d'Octobre 1792. Au bout d'un court séjour en ce pays, il retourna dans sa paroisse natale, à Plonévez-Porzay, afin d'y donner les secours de la religion à ses compatriotes. Mais, malgré le déguisement sous lequel il se cachait, il ne tarda pas à être reconnu et arrêté : il fut déporté en Allemagne avec quelques autres prêtres, après avoir été détenu au Château du Taureau [Note : M. Le Gac, mort chanoine de la cathédrale de Quimper, fut enterré dans le cimetière de Plonévez-Porzay, à côté de la mère de Mgr Le Coz, son compatriote. Sur la tombe de cette humble femme on lit ces mots emphatiques et maladroits : « Ci-git la mère de Mgr Le Coz, mort archevêque de Besançon en odeur de sainteté ». Sur la modeste pierre qui recouvre les restes de l'ancien confesseur de la foi, est gravé ce texte de la Sainte-Ecriture, rappelant sa fidélité à l’Eglise « Vidi prævaricantes, et tabescebam. J'ai vu les prévaricateurs, et j'en séchais de chagrin »].

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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