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PERSÉCUTION CONTRE LE CLERGÉ CATHOLIQUE
** PRISON DU CHÂTEAU DU TAUREAU **

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L'Assemblée législative, la Convention,  et plus tard le Directoire avaient condamné les prêtres réfractaires à la déportation. Un grand nombre d'entre eux fut déporté à la Guyane française. C'était le pays le plus malsain de toutes nos colonies, sous un climat brûlant où les Européens ne pouvaient séjourner sans péril. La déportation à la Guyane, c'était donc la condamnation à une mort presque certaine : au reste, supposé que le climat mortel de cette colonie eût épargné les malheureuses victimes que l'on y envoyait, le régime de vie qu'elles y subissaient eût suffi pour les faire mourir en peu de temps. Privés de linge, dévorés par la vermine, et par des insectes et des reptiles venimeux ; mal nourris, logés sous des huttes, exposés à toutes les ardeurs d'un soleil torride, au milieu de marais infects, dans les affreux déserts de Conamana, qui signifie séjour de l'horreur, en langue indienne, et de Sinnamary, les déportés ne tardaient pas à contracter des maladies cruelles qui finissaient toujours par une mort prompte et douloureuse.

Les yeux se remplissent de larmes, le cœur saigne, au souvenir des souffrances et des tortures qu'ils supportèrent sur cette terre homicide qui, suivant l'expression d'un député de l'époque, était une guillotine sèche. On en jugera par la peinture que nous a laissée de Conamana un des prêtres y déportés ; elle paraît avoir été adressée à Monseigneur de La Marche qui s'occupait, du lieu de son exil, de secourir ces infortunés :

« Ce désert est une savane d'un sable brûlant, noyée, les trois-quarts de l'année par une eau blanche et saumâtre, la seule que l'on y trouve à boire. Nulle trace d'habitants. Les indigènes ont toujours fui avec effroi ce local continuellement assailli d'une nuée d'insectes et de moucherons de plusieurs espèces, qui, jour et nuit, tourmentent les vivants par des piqûres envenimées, qui empêchent le sommeil. Ce fléau seul suffit pour faire périr les hommes. Les nègres et les indiens qu'on avait rassemblés pour travailler à la construction des carbets (grandes cases communes des sauvages au milieu de leurs habitations), s'enfuirent trois fois, ne pouvant résister à ces piqûres. Il fallut des soldats armés pour les forcer à continuer l'ouvrage. Il n'était pas encore achevé, quand on y établit les déportés. Sept ou huit carbets les mirent à couvert de la pluie et du soleil ; mais, comme ils étaient ouverts de tout côté, sans portes ni fenêtres, les insectes les remplissaient continuellement pour s'y nourrir de sang humain ».

Les prêtres du diocèse de Quimper que l'on réservait pour cet effrayant exil, ou plutôt pour cette guillotine dissimulée, mille fois plus cruelle, parce qu'elle opérait plus lentement que l'horrible instrument, qui inonda la France du sang de ses enfants les plus dévoués : ces prêtres furent détenus, en attendant le jour du départ, dans une forteresse, située à l'entrée de la baie de Morlaix, appelée le Château du Taureau.

Au nombre de ces ecclésiastiques étaient : MM. Tanguy, Quéméner, Gouil et Ansquer, curé ou vicaire de Querrien ; M. Jaffry ; M. le recteur du Quiliou ; le Père La Tour, ancien jésuite, directeur des Ursulines de Quimperlé ; M. Le Gac, professeur au collège de Quimper ; M. Le Jacq, vicaire de Gourin ; le P. Le Cor, capucin. et M. Moreau, lequel trouva le moyen de s'évader du Château. Au reste, soit que l'on ne put pas les faire arriver à temps pour s'embarquer avec les autres prêtres français déportés à la Guyane, soit pour une autre raison, ils furent transportés à Bremen, en Westphalie.

Nous n'avons pu nous procurer d'autres détails sur le séjour de nos prêtres au Château du Taureau : ils durent y être traités comme dans les autres prisons, car on s'appliquait, dans tous les districts du département, à maltraiter les prêtres qui refusaient le serment, d'abord (c'est dur à dire, mais c'est la vérité), par un motif de haine contre eux ; et puis, pour tâcher de les amener ainsi à trahir leurs devoirs et à se jeter dans le parti de la Révolution. « Tourmentez-les, vexez-les, disait-on, puisqu'ils ne veulent pas obéir aux lois ; on les forcera de cette manière à se ranger de notre côté ! ».

On les appelait des révoltés et des réfractaires (certains écrivains modernes les appellent encore de ce nom) : pourquoi ? « Parce que, dit un journal anglais de l'époque, ils ont été plus fidèles à Dieu qu'aux hommes ; parce qu'ils ont refusé de sacrifier leur conscience à des ordres tyranniques ; parce qu'ils étaient les ministres incorruptibles du seul culte que l'on voulait proscrire... » [Note : Le Courrier de Londres, du vendredi 2 Novembre 1798]

Parce que, ajouterons-nous, mis en demeure d'opter entre l'Église catholique et la Révolution qui attaquait ses droits essentiels, ils préféraient rester attachés à la première qu'ils ne pouvaient abandonner, sans commettre un péché grave, sans se séparer de son unité.

N'était-ce pas intervertir les rôles ?

Ne pouvait-on pas fluidifier plutôt de réfractaires ceux qui, par une prétention inouie et une usurpation de pouvoir effrénée, avaient osé, malgré les réclamations du Vicaire de Jésus-Christ, imposer à l'Église une Constitution anti-catholique, contraire non-seulement à sa discipline, mais aussi, en certains points, à la foi, comme le dit le Pape, Pie VI, dans sa lettre aux évêques et au clergé de France, en date du 13 Avril 1791 ? [Note : « Novam cleri constitutionem... ex principiis coalescere ab hoeresi profectis, adeoque in pluribus decretis hoereticam esse, et catholico dogmati adversantem »].

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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