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PERSÉCUTION CONTRE LE CLERGÉ CATHOLIQUE
** PRISON DES CAPUCINS D'AUDIERNE **

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A la partie occidentale de la petite ville d'Audierne, vis-à-vis de ce raz de Seins, si redouté des navigateurs, à cause de ses mille écueils et de ses courants rapides, qui entrainent et engloutissent journellement les vaisseaux, on voit encore une partie des anciens bâtiments et l'enclos du couvent des capucins. De là, l'œil embrasse un vaste horizon et jouit du plus beau spectacle ; à droite c'est la célèbre pointe du Raz, qui s'avance fièrement vers l'île de Seins, pleine encore de ses vieux souvenirs druidiques ; à gauche, ce sont les rochers de Penmarc'h, avec leurs terribles légendes et leurs lamentables réalités. C'est dans ce couvent que l'on conduisit les prêtres âgés et infirmes que l'on n'osa pas déporter en Espagne. Si, en les renfermant dans cette résidence, le Directoire avait voulu procurer à ces vétérans et à ces infirmes du sacerdoce un lieu de retraite favorable à leur santé et à la méditation, il ne pouvait mieux choisir, et on aurait dû lui en savoir quelque gré. Mais étant donnés ses sentiments habituels pour le clergé fidèle, on n'est pas injuste en disant qu'en plaçant dans le couvent des capucins d'Audierne les captifs du château de Brest, l'autorité départementale n'avait été mue par aucun sentiment d'humanité ou de bienveillante compassion. Hélas ! trop de cœurs, à cette triste époque, s'étaient fermés cruellement à la pitié la plus ordinaire, quand il s'agissait du prêtre persécuté !

Les quelques détails que nous donnons sur les prisonniers internés dans ce couvent, ont été fournis à M. l'abbé Boissière par l'un d'entre eux, M. Le Clerc, recteur de Ploaré, que nos lecteurs connaissent déjà.

Partis de Brest par mer, le samedi, onze Août 1792, les quinze prêtres condamnés à l'arrestation permanente n'arrivèrent à leur destination que le dimanche, à sept heures du soir. En attendant les réparations urgentes qu'il fallait faire à la maison des capucins, on les logea, pendant dix-sept jours chez différents particuliers, choisis tout exprès parmi les démocrates de la plus belle eau. Les détenus n'avaient la permission de sortir qu'accompagnés de leurs hôtes ou de quelques membres de la municipalité ; ils ne pouvaient dire la sainte messe que les dimanches et fêtes, encore était-ce seulement dans l'infirmerie des capucins.

Le vingt-neuf Août, les réparations nécessaires ayant été faites au couvent, on les y renferma, dans les conditions suivantes :

1° Il leur était permis de se promener dans le bois et dans le jardin de l'établissement ; mais la promenade dans le cloître leur était formellement interdite ;

2° Il leur était défendu de parler à qui que ce soit du dehors, fut-ce même à leurs pères et mères, si ce n'est en présence d'un municipal, ou du bedeau de l'église tréviale, lequel était chargé de visiter et de fouiller tous les paquets portant leur adresse ;

3° Ils ne devaient écrire à personne, pas même à leurs plus proches parents, à moins de soumettre leurs lettres à la lecture de trois officiers municipaux, qui, s'ils le jugeaient à propos, les laissaient passer, en y apposant, au dos, leur visa.

Peu de temps après leur arrivée, on joignit aux quinze prêtres renfermés aux Capucins d'Audierne deux recteurs et un vicaire du diocèse de Léon, avec M. Poho, recteur de St-Coulitz ; puis arrivèrent vingt-quatre autres prêtres du diocèse de Quimper, parmi lesquels se trouvaient MM. Guesdon et Le Normand, chanoines et vicaires généraux, le siège vacant, M. Lévénez, recteur de Rosnoën, et M. Frogerais, sulpicien.

Mais ils ne restèrent pas longtemps dans cette maison où l'on trouvait sans doute qu'ils étaient relativement bien ; la tempête révolutionnaire soufflait plus que jamais le feu de la haine et de la persécution contre le clergé fidèle... Il fallait donc le molester sans cesse et ne lui laisser aucun moment de repos, même dans les prisons où on le renfermait.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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