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PERSÉCUTION DES RECTEURS, VICAIRES, AUTRES PRÊTRES ET RELIGIEUX DU FINISTÈRE

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La mort de Monseigneur l'Évêque de Quimper influa beaucoup sur la défection d'un certain nombre d'ecclésiastiques, recteurs, vicaires et autres, qui avaient été retenus jusque là dans le devoir par les exemples, la conduite et les exhortations de ce vertueux prélat.

Cependant, grâce à la Divine Providence, quelque déplorable qu'elle soit, cette défection ne fut pas considérable. Sur cent-soixante-et-onze curés ou recteurs, trente-deux seulement prêtèrent le serment, et encore, dans ce nombre, il y en avait plusieurs qui déclaraient hautement ne pas reconnaître Expilly pour leur évêque et refusaient de communiquer avec lui. Parmi les vicaires et les simples prêtres, il y eut, à proportion, moins de jureurs que parmi les recteurs.

En face de ces défaillances de quelques uns des leurs, qui étaient un scandale pour tous, et une occasion de chûte pour beancoup de fidèles, les prêtres, demeurés fermes au milieu de la tempête, redoublèrent de zèle et de vigilance pour prémunir les populations contre la séduction de l'erreur, qui s'insinuait de proche en proche dans les âmes, et semblable à un cancer, suivant l'énergique expression de l'apôtre saint Paul, s'étendait de côté et d'autre, gagnant toujours du terrain [Note : Sermo eorum ut cancer serpit. (S. Paul. 2. Tim. 2-17)].

Affrontant, pour soutenir leurs frères dans la foi, tous les périls et toutes les épreuves ; ne craignant ni la prison, ni l'exil, ni même la mort, chacun de ces prêtres pouvait dire avec vérité comme le même apôtre à Timothée : « Je travaille pour l'Évangile jusqu'à être emprisonné et chargé de chaînes comme un malfaiteur; mais la parole de Dieu n'est point captive ; — c'est pourquoi, j'endure toute sorte de maux, à cause des élus... » [Note : In quo laboro usque ad vincula, quasi male operans ; sed verbum Dei non est alligatum ; — ideo omnia sustineo propter electos. (Ibid. 2-9 et 10)].

C'est, du reste, le glorieux témoignage que, devant la Convention, rendit au clergé de Quimper l'éloquent abbé Maury, lorsque, répondant au discours du fougueux Voidel, il prononça ces belles paroles que nous voulons, en notre qualité de Breton et de prêtre de ce diocèse, rappeler et garder comme un titre de gloire et un précieux encouragement :

« Nous imiterons avec enthousiasme le bel exemple de fermeté sacerdotale que vient de donner à tout le clergé de France le brave et bon clergé de Quimper. Qu'on ose nous vexer, en nous demandant des serments contraires à nos principes ; nous retrouverons cette énergie de courage, qui ne compte plus pour rien le sacrifice de la fortune et de la vie, quand il faut s'immoler au devoir ».

Ce témoignage rendu par l'abbé Maury, le 27 Novembre 1790, au clergé du diocèse de Quimper, il le mérita pendant tout le temps que dura la persécution, car sa fermeté persévéra autant que l'épreuve.

 

LES DOMINICAINS DE QUIMPERLÉ.

Le couvent des Dominicains de Quimperlé se composait en 1790 de cinq religieux, dont deux étaient absents, l'un à Vitré et l'autre, frère convers, à Rennes.

Le 10 Mai de cette année, le père Prieur de la communauté, Pierre-Julien Fissot, profès du couvent de Rennes, où il était entré à 16 ans, sommé de répondre s'il adhérait à la Constitution civile du clergé, demanda quelque temps pour réfléchir.

Le 23 Octobre, les municipaux s'étant de nouveau transportés à son couvent, il déclara, ainsi qu'un de ses frères, qu'il choisissait la vie particulière, et il quitta son ordre. Un mois après, il rétracta cette déclaration, en manifestant avec énergie qu'il voulait vivre en communauté avec les religieux de son ordre et qu'il se retirerait, avec eux, à Rennes, si la maison de Quimperlé était supprimée. Le père Jean Le Louer, âgé de 46 ans, profès de la maison, refusa constamment son adhésion à la Constitution civile du clergé.

 

LES BÉNÉDICTINS DE SAINTE-CROIX DE QUIMPERLÉ.

Cette communauté se composait de cinq religieux. Tous, à l'exception du Prieur, Dom Guillaume-Paul-Yves de Malherbe, âgé de 36 ans, déclarèrent vouloir sortir de leur couvent, pour vivre dans le monde, soit seuls, soit dans leur famille. Deux seulement d'entre eux prêtèrent le serment, comme nous l'avons déjà, dit plus haut.

Le père Prieur resta, tant qu'il put, dans son prieuré : il n'en sortit que par la force, gémissant de se voir abandonné par ses frères qui ne surent pas résister aux séductions du siècle. C'est ainsi que l'apôtre saint Paul versait des larmes sur l'infidélité de quelques-uns de ses disciples qui le quittaient, comme Démas, pour suivre le monde [Note : Demas enim me reliquit, diligens hoc sæculum. — (Ép. à Tim. chap. IV, V. 9)].

 

LES CAPUCINS DE QUIMPERLÉ.

Les Capucins, ne possédant pas de biens, ne firent point la déclaration exigée par la Nation. Le 10 Mai 1790, en sortant du couvent des Ursulines, où il était allé inventorier la propriété de ces dames, le maire, accompagné d'autres membres de la municipalité, se transporta cependant chez ces religieux, où le père gardien les introduisit au réfectoire. Les cinq religieux, formant la communauté, se présentèrent devant ces messieurs, à l'exception d'un d'entre eux qui avait l'esprit aliéné. Interpellation faite à chacun d'eux séparément, tous déclarèrent vouloir vivre et mourir dans leur ordre, un seul excepté qui prétexta l'état de détresse et d'infirmité de son vieux père âgé de 80 ans, pour prêter le serment, quitter son ordre et vivre dans le siècle.

Voici les noms des religieux fidèles :

Le père Touneau, en religion Bonaventure ; de Bécherel, âgé de 63 ans, gardien du couvent ; le père Jean-Baptiste Le Dréau ; le père Bernard, de Châteauneuf, âgé de 66 ans, ci-devant gardien du couvent de Machecoul, où il avait déjà déclaré précédemment refuser le serment ; le père Dorneuf, Joseph-Marie, de Bannalec ; le père Denis, Cassien, de Morlaix.

 

L'ABBAYE DE SAINT-MAURICE, EN CLOHARS-CARNOET.

Il n'y avait, en 1790, que trois religieux dans cette abbaye de Bernardins. M. Gorgeu, recteur de Clohars, leur donnait alors le témoignage suivant : « Les religieux de Saint-Maurice soulagent par des aumônes abondantes et multipliées les pauvres de ma paroisse et des paroisses environnantes, et ils les édifient par une conduite très-régulière ».

Malheureusement, ils ne furent pas tous fidèles à la sainte Église, quand il leur fallut se prononcer sur le serment. Le prieur de l'abbaye prêta ce serment, le 9 Janvier 1791, en l'église de Saint-Michel de Quimperlé, à l'issue de la grand'messe, en présence de la municipalité.

Nous devons les documents que nous venons de donner sur les religieux du district de Quimperlé à l'obligeance des Ursulines de cette ville qui, sur notre prière, ont bien voulu les exhumer de leurs archives.

Le diocèse de Quimper possédait, sur la fin du XVIIIème siècle, beaucoup d'autres communautés d'hommes, sur lesquelles nous n'avons pu recueillir que peu de renseignements : pour ne pas nous exposer à avancer des faits inexacts, nous nous bornerons à relater ceux que nous avons trouvés dans des mémoires authentiques.

 

CAPUCINS DE QUIMPER ET D'AUDIERNE.

Il y avait dans le diocèse de Quimper, en 1790, outre le couvent de Quimperlé dont nous avons déjà parlé, deux autres maisons de Capucins : à Quimper et à Audierne.

Sollicités de faire acte de schisme, ces religieux résistèrent énergiquement à l'exception d'un seul qui, après sa chute, fut pourvu d'une paroisse, à titre de recteur constitutionnel. Nous ne savons à laquelle de ces deux maisons il appartenait.

Le vicaire des Capucins d'Audierne eut aussi le malheur de prêter serment ; nommé recteur intrus d'une paroisse, il se repentit bientôt de sa conduite et se rétracta.

« Quant au gardien de Quimper, le père Tourmel et plusienrs de ses religieux, nous savons parfaitement, dit M. Boissière, qu'ils se sont conduits avec courage et fermeté, ayant signé la protestation du clergé de Quimper, et que le père Tourmel est passé en Espagne, puis en Portugal ».

 

CORDELIERS DE QUIMPER.
[Note : Religieux de la famille de Saint François et suivant sa règle].

« Il n'y avait plus dans la communauté des Cordeliers de Quimper que deux ou trois religieux. Le père Charpentier et le père Langlé avaient très-certainement refusé le serment dans le temps. Le premier est resté infirme à Quimper, le dernier est venu en Espagne. ».

 

RÉCOLLETS DE LANDERNEAU.
[Note : Religieux d'une réforme de l'ordre de Saint François].

« Nous ne savons aucun détail sur la communauté de Landerneau : deux religieux ont certainement fait le serment ».

Un d'entre eux, le père Cloarec, se rétracta tôt après.

 

CARMES DÉCHAUSSÉS ET AUGUSTINS DE CARHAIX.

Le couvent des Carmes de Carhaix ne se composait que de deux ou trois profès de l'ordre. « Le père prieur s'est conduit en vrai religieux. Cité devant le District pour quelques discours qu'on lui attribuait, il les répéta hardiment, et fit sa profession de foi, déclarant qu'on ne l'intimiderait pas par des menaces, etc.

Ce bon religieux fut du nombre de ceux qu'on renferma à Brest dans le couvent de son ordre, suivant l'arrêté du Département, en 1791.

Quant aux Augustins de la même ville, ils n'étaient pas plus nombreux que les Carmes : nous ne savons absolument rien de ceux-là ».

 

CARMES DE L'ANCIENNE OBSERVANCE DE PONT-L'ABBÉ.

Nous n'avons pu nous procurer aucun détail sur cette communauté, si ce n'est qu'un des religieux, au nombre de cinq, tomba dans le schisme.

Les bâtiments et les jardins de cet ancien couvent, vendus nationalement, subsistent toujours : la chapelle est aujourd'hui l'église paroissiale de Pont-l'Abbé.

 

ABBAYE DE BONREPOS (ORDRE DE CITEAUX).
[Note : Abbatia Beatæ Mariæ de Bona-Requie].

Située sur la paroisse de Lanniscat, dans la Haute-Cornouaille, l'abbaye de Bonrepos comptait quatre religieux en 1790 ; elle dépendait, à cette époque, de l'évêché de Quimper.

Nous n'avons sur cette abbaye aucun renseignement certain; nous savons seulement que les moines ne donnèrent pas dans le schisme.

D'après une lettre des administrateurs du Directoire du district de Rostrenen à ceux du département des Côtes-du-Nord, en date du 8 Avril 1791, le père Desloges, ci-devant religieux de Bonrepos, s'était fixé à Cambrai ; le père Guillemin, religieux du même monastère, s'était établi aux Forges, dans le district de Pontivy ; les pères Huet et Gardot, leurs confrères, restés adjudicataires du bail à ferme de leur ancienne abbaye, avaient déclaré être dans l'intention de l'habiter provisoirement.

Les divers bâtiments de ce monastère, qui furent aliénés, dès le commencement de la Révolution, ont été détruits.

 

ABBAYE DE COETMALOEN (ORDRE DE CITEAUX).
[Note : Abbatia Beatæ Mariæ de sylva Mellonis. Coëtmaloën : ce nom est composé de deux mots bretons : Coët, qui signifie bois, et Maloen, qui signifierait Mellon].

L'abbaye de Coëtmaloën, située aussi dans la Haute-Cornouaille, sur la paroisse de Saint-Gilles-Pligeaux, dépendait également du diocèse de Quimper, avant le concordat.

Il y avait, en 1790, le même nombre de religieux qu'à Bonrepos.

Nous avons moins encore de renseignements sur cette abbaye que sur celle de Bonrepos : mais il paraît que, comme ceux de cette dernière abbaye, les religieux de Coëtmaloën se laissèrent chasser de leur maison, sans faire aucune déclaration schismatique.

Aujourd'hui, à l'endroit où s'élevait jadis le monastère de Coëtmalouan ou Coëtmaloën, le regard attristé n'aperçoit plus que des ruines.

 

ABBAYE DE LANGONNET (ORDRE DE CITEAUX).

Nous n'avons sur l'abbaye de Langonnet que peu de documents.

Le dernier abbé commendataire, Charles-François Chevreuil, chanoine, vicaire général, official du diocèse de Paris, a dû payer de sa tête sa fidélité à l'Église. Il était originaire du diocèse de Quimper.

C'est en sa faveur que Monseigneur de Saint-Luc s'était démis de cette abbaye en 1786.

Le prieur de Langonnet, en 1790, était très-âgé, et infirme ; il était obligé de se faire porter à l'autel par ses religieux, dont le nombre ne dépassait pas six ou sept.

Il paraît qu'ils furent maltraités par les agents révolutionnaires, quand on les chassa de leur monastère : d'après nos recherches, nous sommes porté à croire qu'ils ne firent aucun serment schismatique et qu'ils émigrèrent en Angleterre, où quelques-uns d'entre eux seraient morts.

Deux des survivants ont dû rentrer en France vers 1816. Avant de se rendre à l'abbaye de La Meilleraie, ils voulurent visiter les ruines du berceau de leur vie religieuse, en passant par Langonnet. Ce qu'il y a de certain, c'est que les religieux de ce dernier monastère s'affilièrent directement, après la Révolution, à celui de La Meilleraie où l'on voit un arbre généalogique de Citeaux où Langonnet figure à ce titre.

Cette abbaye est vers 1880 entre les mains des Pères du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie qui y ont établi un collège et un pénitencier agricole pour les jeunes détenus. Elle dépend actuellement du diocèse de Vannes.

 

ABBAYE DE LANDÉVENNEC (ORDRE DE SAINT BENOIT).

L'abbaye de Landévennec dont on fait remonter la fondation à Grallon, roi de l'Armorique, eut pour premier abbé saint Guénolé. Elle fut soumise en 818 à la règle de saint Benoît.

Mise en commende, en 1533, elle fut réunie à l'évêché de Quimper, en 1781, sur la demande de Monseigneur de Saint-Luc.

Au moment de la Révolution, le personnel de l'abbaye se composait seulement de quatre religieux, fort aimés dans le pays, à cause de leur hospitalité traditionnelle : la porte de leur monastère était ouverte à tous les pauvres. Ils partageaient gracieusement, avec les habitants de la localité, les fruits de leurs jardins qui étaient considérables et d'excellent rapport.

Le prieur de l'abbaye résista à l'ordre qui lui fut intimé de prêter le serment. Malheureusement, deux de ses frères ne surent pas imiter la fermeté de leur supérieur.

Comme les arbres qui restent debout, tant que le vent souffle avec modération, mais sont renversés sous les efforts violents de la tempête, parce qu'ils n'ont pas de profondes racines : ainsi, ces religieux avaient tenu jusque-là à leurs devoirs ; mais la persécution étant venue à souffler avec force, ils ne purent lui résister, parce que leur vertu n'était pas vigoureusement enracinée en Jésus-Christ.

L'un d'entre eux, pour prix de sa faiblesse, reçut le poste d'aumônier constitutionnel de l'hôpital maritime de Brest. L'autre fut nommé recteur d'une paroisse.

Tous les deux avaient quitté, après avoir prêté le serment, leur habit monacal, pour revêtir le costume des prêtres séculiers.

A quelles salutaires réflexions doivent nous porter ces exemples ! Il ne faut pas se contenter d'une médiocre vertu : si elle peut suffire, quand le temps est calme, elle est insuffisante, quand l'ouragan est déchaîné...

Le prieur fut réduit, après son expulsion, à faire de petites écoles à Port-Launay ; il choisit sans doute cette résidence peu éloignée de son cher monastère, espérant, la tempête passée, pouvoir y rentrer plus facilement.

Son seul délassement, dans l'intervalle de ses leçons, était de se promener seul le long de la rivière de l'Aulne. Lorsqu'il était fatigué de sa promenade, on le voyait s'asseoir sur les bords de cette rivière, dont les eaux s'écoulaient rapidement vers les rives séduisantes où était gracieusement assise son abbaye. Alors, la tête tristement penchée sur la poitrine, le vieillard se prenait à pleurer à chaudes larmes, comme l'enfant d'Israël sur les bords de l'Euphrate, au souvenir d'un passé qu'il priait Dieu de ramener, au plus tôt.

Distrait souvent de ses douloureuses pensées par le bruit de quelque bateau qui cinglait vers Port-Launay, il se levait brusquement et s'acheminait vers le port, afin d'y rejoindre les marins dans lesquels il avait reconnu des gabariers de Landévennec. Avec quelle joie il revoyait ces braves gens ! Avec quel bonheur ces derniers saluaient leur bien-aimé père !

Avec quelle émotion le bon religieux leur demandait des nouvelles de son monastère abandonné et dévasté ! Avec quels regrets ceux-ci lui exprimaient l'affliction des pauvres qui avaient perdu en lui leur providence et leur soutien !

Nous ne savons de quel côté le prieur de l'abbaye de Landévennec dirigea ses pas, lorsque, les jours devenant plus mauvais encore, il dut aller chercher sans doute sur une terre étrangère l'asile que les bons prêtres et les bons religieux ne trouvaient plus dans leur malheureuse patrie.

Du monastère de Landévennec, il ne reste plus, à l'heure qu'il est, qu'une partie des anciens bâtiments : la chapelle, qui était fort belle, n'offre plus que des ruines, quelques pierres tristement dispersées ça et là, quelques chapiteaux brisés... hélas ! assez pour accuser le vandalisme de nos anciens démolisseurs d'églises et briseurs de croix, — assez pour faire regretter qu'on n'ait pas restauré ce vieux monument du style gothique.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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