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PERSÉCUTION CONTRE LES RELIGIEUSES
** HOSPITALIÈRES DE QUIMPER (RUE SAINTE-CATHERINE) **

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Les religieuses hospitalières, de l'ordre de Saint-Augustin, chargées des malades et des infirmes de la ville de Quimper, furent, avec les dames de Kerlot, celles qui furent le plus vivement persécutées : mais leur courage et leur constance furent à la hauteur de leurs épreuves.

Nous l'avons déjà vu : à peine l'envoyé de Bélial, Expilly, eût-il souillé de ses regards adultères le siége épiscopal de Quimper, qu'il dressa ses embûches et tendit ses filets pour séduire les catholiques et surtout les religieuses. Nous avons dit comment il tenta d'entraîner dans le schisme les Bernardines de Kerlot, il employa les mêmes moyens vis-à-vis des Augustines de l’Hôtel-Dieu.

Afin de s'introduire, pour la première fois, dans cette bergerie fidèle, il fait remettre à la communauté un billet ainsi conçu « M. Expilly se propose l'honneur de saluer comme citoyen les Dames hospitalières, etc... ». Les religieuses lui répondent : « Les Dames hospitalières, etc., recevront la visite de M. Expilly comme citoyen ». Celui-ci se présente, en effet, sous les dehors les plus courtois et les plus bienveillants. On croit tout d'abord que la visite sera uniquement celle du citoyen : mais sous le manteau du citoyen était caché le pasteur mercenaire, l'apôtre du schisme et de la Révolution. En serpent rusé il se plie et se replie de mille manières, dissimulant son dard venimeux sous les fleurs dont il le couvre. Tantôt, d'un air souriant, il présente la coupe enchanteresse, affectant le langage de la piété, de l'amour de Dieu et du prochain ; tantôt, d'une main perfide, il décoche quelques traits infectés du poison de ses erreurs. Toutes ces ruses et ces méchantes habiletés n'aboutirent à rien : elles glissèrent comme l'eau sur un corps impénétrable, sans trouver accès dans l'esprit des pieuses femmes coutre lesquelles elles étaient dirigées.

Pour cacher sa défaite et sa honte, Expilly demande à voir les pauvres malades. Il s'attendait sans doute qu'afin de lui épargner la peine de sortir du parloir et de passer par la rue, on lui donnerait l'entrée des salles, en lui ouvrant les portes de la clôture. Mais les religieuses connaissaient trop bien leur règle pour accorder à un intrus ce privilège qui n'appartenait qu'au supérieur légitime de la communauté. Devant cette attitude, il se retira et ne fut plus tenté de revenir.

L'autorité municipale, quelques jours après cette visite, se présenta, à son tour, à l'Hôtel-Dieu ; elle fit réunir toutes les religieuses pour proposer à celles qui le voudraient de profiter des décrets de l'Assemblée, en rentrant dans le siècle. Cette proposition ne fut pas mieux accueillie que les perfides insinuations de l'intrus Expilly : un refus unanime, le refus le plus fier et le plus absolu fut la seule réponse à cette insultante proposition.

La Municipalité ne se tint pas pour battue... Elle revint à la charge, en changeant son plan d'attaque. Dans une seconde visite, au lieu d'assembler la communauté, elle fait comparaître les religieuses, l'une après l'autre, s'imaginant sans doute qu'en les isolant ainsi du corps, elle pourra amener la défection de quelques membres, en insistant sur les motifs de la sécularisation demandée. Vains efforts : ces vaillantes filles demeurèrent inébranlables, comme la première fois.

L'arbre, qui a essuyé, sans fléchir, les coups répétés de l'ouragan, en est ordinairement ébranlé, et il finit par céder à un nouvel assaut : fondés sur ce principe, les officiers municipaux pensèrent que la fermeté des hospitalières, qui avaient résisté à leurs premières tentatives, pourrait bien succomber à de nouvelles attaques. Mais ils se trompaient, oubliant qu'il est des arbres dont les racines se fortifient, à mesure qu'ils sont plus battus par la tempête. Ils se présentent donc, une troisième fois, à l'hôpital Sainte-Catherine, se proposant de mettre la religion des épouses de Jésus-Christ à la plus rude des épreuves.

Le service des malades est le quatrième des vœux que prononcent, en présence des saints autels, les religieuses hospitalières ; le corps municipal va les priver du moyen de remplir ce dernier vœu, si cher à leur cœur compatissant, formé sur le modèle du cœur aimant de Jésus. Il leur montre les clefs de la maison de retraite des femmes qu'on vient d'enlever aux dames charitables et dévouées qui l'occupaient si utilement ; il les menace de leur ôter le soin des pauvres, qu'on placerait dans cette maison, si elles s'obstinent dans leur résolution. Sachant qu'il n'est jamais permis de faire le mal, sous prétexte qu'il en résultera du bien, les filles de saint Augustin n'hésitent pas, un instant; elles laissent, la douleur dans l'âme, s'en aller leurs chers malades, plutôt que de manquer à leur devoir et de confirmer, en une façon quelconque, l'injuste expulsion des Dames de la Retraite : c'est ainsi qu'elles quittèrent Dieu pour Dieu, les membres souffrants de Jésus-Christ pour Jésus-Christ lui-même.

Honteux et dépités d'avoir vu tous leurs efforts se briser contre la constance d'un sexe naturellement faible et timide, les patriotes conseillers de la cité Quimpéroise se rendent, une quatrième fois, à l'Hôtel-Dieu, non plus pour essayer de triompher de cette constance qu'ils savent invincible, mais pour achever le transport des malades à la maison de retraite. C'est ici que se montre à nu leur cruauté déjà connue du lecteur. Plusieurs de ces malades sont impitoyablement arrachés du lit de douleur sur lequel ils gémissent et transportés au nouvel hôpital, tandis que d'autres, se reposant complètement sur la divine Providence, refusent de s'y laisser conduire, pour ne pas être exposés à perdre la foi.

Cependant les Augustines occupaient toujours leur maison, vide désormais de malades ; les mêmes hommes qui s'étaient présentés chez elles, à quatre reprises différentes, vinrent, une cinquième fois, leur notifier l'ordre de se constituer civilement, dans un mois, sous peine de se voir dissoudre. Enfin, comme ces dames n'obéissaient pas, et qu'ils savaient d'ailleurs qu'elles n'obéiraient jamais à un tel ordre, ils n'attendirent pas l'expiration du délai fixé, pour exécuter leur menace. Le 21 Janvier 1791, ils viennent frapper à la porte du couvent, escortés de cinquante satelites en armes, qui envahissent la première salle auparavant occupée par les malades.

Bientôt la ville entière est instruite de cette brutale invasion ; la foule, grossissant toujours, se masse, en murmurant, autour du monastère ; peu à peu les murmures se changent en cris d'indignation et provoquent une émeute presque générale. Du sein de cette foule agitée comme les flots de la mer, un jour de tempête, on vit tout-à-coup s'avancer une jeune Anglaise, de 18 à 20 ans, qui s'adressant, avec une dignité imposante, aux municipaux, leur dit : « Messieurs, quoique j'aie le bonheur d'être catholique, je suis née de parents protestants ; mais je sais que ma nation rougirait de persécuter ainsi des catholiques, et surtout des femmes ».

Les soldats ont beaucoup de peine à contenir les gens du peuple qui, malgré tout, aimaient les bonnes religieuses qui les soignaient avec tant de dévouement, dans leurs maladies.

Sur les cinq heures et demie du soir, un des valets ou agents de la municipalité porte la main sur Madame de Kervaségant, supérieure de la communauté, et l'arrache avec dureté de sa cellule.

Cette femme forte qui avait conservé, en face de tout cet orage et de cette violence, une âme tranquille, dit à cet impudent : « Sachez que ma personne est sacrée ».

La mère du troupeau, ainsi frappée, les brebis sont aussitôt dispersées. Se voyant forcée de franchir, ainsi que le reste de ses sœurs, l'enceinte sacrée qui la séparait du monde, depuis plus d'un demi-siècle, l'une d'elles, courbée sous le poids de la vieillesse, veut faire quelque résistance, expression naturelle de l'horreur et de l'amertume dont elle est pénétrée. Un sabre est immédiatement levé sur sa tête ; elle se jette à genoux, en s'écriant « Je veux mourir ici... ». On la porte sur la rue, et l'on s'aperçoit que ceux qui la soutiennent frissonnent, pleurent et tremblent de tous leurs membres.

Voilà donc ces saintes victimes, jetées hors de leur monastère, sans asile. Recueillies d'abord par plusieurs familles de la ville et par les Dames de Kerlot qui, trois jours après, sont elles-mêmes chassées de leur maison, elles reçurent ensuite l'hospitalité la plus affectueuse et la plus dévouée dans d'autres communautés.

On ne sera pas surpris de l'acharnement avec lequel furent poursuivies les religieuses hospitalières de Quimper, quand on saura que les corps administratifs convoitaient, pour s'y établir eux-mêmes commodément, les bâtiments spacieux et bien situés de l'Hôtel-Dieu. Le monastère évacué, ils se hâtèrent de se faire autoriser par l'Assemblée nationale à l'occuper. Jusqu'au mois de Juillet 1791, ils n'avaient rien changé à l'état des lieux, lorsque, par un mouvement subit de patriotisme (ou plutôt par suite d'ordres ou de conseils secrets) les partisans de la Révolution se portèrent à démolir les murs de clôture, du côté du champ-de-bataille.

Ce fut pour les révolutionnaires de Quimper un jour de triomphe et de réjouissance, comme le fut pour leurs frères de Paris celui de la démolition de la Bastille. Tous voulurent y participer : hommes et femmes, riches et pauvres, voire même les prêtres assermentés. Conduits et encouragés par leurs professeurs, qui y mettaient eux-mêmes la main, on vit les élèves du collège rivaliser de zèle pour détruire ces pieuses murailles qui abritèrent si longtemps la pureté, la charité, l'abnégation et toutes les vertus dont la vie religieuse est la source la plus féconde.

Les vicaires d'Expilly et les nouveaux directeurs du séminaire auraient cru manquer à leur devoir, s'ils ne s'étaient pas trouvés là, au premier rang, pour donner l'exemple aux démolisseurs, féliciter les plus actifs et animer les plus expéditifs. On remarqua surtout, parmi les ouvriers de ce chantier d'un nouveau genre, le supérieur du séminaire faisant l'office de manœuvre ; il partageait avec le premier venu l'honneur de porter la civière... Afin que l'on put dire que l'œuvre de destruction était commune à toute la ville, on forçait toutes les personnes qui passaient dans les environs, de quelque rang et condition qu'elles fussent, à porter au moins une pierre.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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