Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE MANOIR DE DIARNELEZ au FAOUET.

  Retour page d'accueil       Retour page "Le Faouët"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La contrée où s'élève le manoir du Diarnelez n'appartient pas au pays vannetais ; c'est un morceau de Cornouaille rattaché au Morbihan par l'arbitraire de l'Assemblée nationale, en 1790. La rivière Ellé lui limitait autrefois, à l'ouest, l'évêché de Vannes est bien une limite naturelle : d'une rive à l'autre, la langue, le costume, les moeurs, les traditions se différencient encore très nettement.

Situé à 5 k. 1/2 au nord-ouest du Faouët, sur le plateau entre l'Ellé et son affluent l’Inam (ou Sterlaër), dominant un vallon arrosé par le ruisseau du moulin du Duc, le manoir ou château du Diarnelez (orthographié autrefois Diernelez, Guernelé ou Guernelais) se présente au fond d'une belle laie forestière longue d'environ un kilomètre, large de 30 mètres, formant un tapis vert encadré de futaies, qui lui fait une fastueuse avenue. Cette avenue est d'ailleurs plutôt une perspective, ce qu'on appelle en Bretagne une rabine ; car l'accès du manoir a lieu par d'autres chemins rejoignant les routes du Faouët à Gourin et à Guiscriff, actuellement simples chemins de terre peu praticables à des voitures suspendues.

Ville du Faouët (Morbihan - Bretagne).

Le manoir comprend un corps de logis principal faisant face au sud et à la grande allée et une aile en équerre à l'ouest.

La façade du corps de logis, à un seul étage, est d'ordonnance très simple. La porte d'entrée est surmontée d'un fronton courbe encadrant un écusson gratté et une date : 1702. Au dessus des cinq fenêtres de l'unique étage, une rangée de corbeaux forme corniche sous la gouttière. A l'extrémité droite (angle sud-est du bâtiment), une tourelle coiffée d'un toit en cloche d'ardoises imbriquées donne une note plus archaïque qui rappelle l'époque Louis XIII. Une tourelle semblable existe sur la façade postérieure à l'angle nord-est.

L'aile gauche offre un aspect très différent. Elle est formée par un cloître de quatre arcades en arc brisé portant un étage bas percé de deux fenêtres, celles-ci surmontées de lucarnes de pierre à frontons aigus fleuronnés. Une tour massive avec toit en poivrière termine vers le sud cette partie du manoir.

A l'intérieur, au rez-de-chaussée, on trouve un beau vestibule dallé dans lequel donne à droite une vaste salle, de l'autre une grande salle à manger suivie d'offices et de spacieuses cuisines.

Un escalier droit en pierre, de belles proportions, conduit aux appartements du premier étage, où l'on remarque plusieurs grandes cheminées.

Sur le côté de la cour d'honneur, à l'est, s'étend un parterre à la française séparé de la cour par une rangée de hauts balustres de granit ; au fond du parterre, le colombier. Un chenil, de construction moderne (ne figure pas sur le cadastre), rappelant l'architecture du cloître, est contigu. Dans la cour, tout auprès, s'élève une chapelle.

Tout cet ensemble, bien que d'un style simple, donne l'impression d'une installation seigneuriale largement conçue, visant même à un certain faste et se distinguant des petits manoirs en général très modestes, de la région.

L'aile gauche est certainement la partie la plus ancienne des constructions. Les arcades peuvent dater du XVIème siècle ; la tour est probablement plus ancienne, peut-être le reste d'un château fort. La façade du corps de logis est datée, comme on l'a vu, de 1702 ; mais le bâtiment lui-même avec des deux tourelles doit remonter à Louis XIII.

Ce domaine a appartenu depuis le XIVème siècle à la famille Le Rousseau ou Le Rouxeau. Le dictionnaire des terres nobles du Morbihan dressé par M. Galles (archives du Morbihan) y place, en 1330, un Alain le Rouxeau marié à Alix Adam ; depuis cette époque, les Le Rousseau se succédèrent de père en fils, jusqu'en 1717, date à laquelle disparut le dernier représentant du nom.

Ville du Faouët (Bretagne) : le manoir du Diarnelez.

Il ressort du travail de M. Galles et de l'énumération des titres relevés dans un inventaire de 1717 (signalé plus loin) que la famille Le Rousseau avait contracté des alliances avec les familles Adam, de Carlonnay, Bizien, de Kermen, Droniou, d'Engoulvent, Omnès, de Villeneuve, de Brezal, de Kerhoent, Huby, de Vestrullan, de Fresnay, de Vieux-Châtel, de Kergourlais, du Dresnay, de Canaiclan de Quenezinquieullic, de Keroulé, de Kermaloux, de Kerbiguet.

En 1628, un Jean Le Rousseau fut créé par Louis XIII chevalier de Saint-Michel.

La famille se faisait appeler Le Rousseau de Lanvaux (ou de Lanveaux). Ce titre fut confirmé par lettres patentes de 1698 ; en outre, en 1669, un arrêt de la chambre du Roi pour la réformation de la noblesse maintint les seigneurs du Diarnelez dans leurs prétentions.

En 1602, Jean Le Rousseau rendit aveu au roi pour la seigneurie du Diarnelez ; d'autre part, le seigneur du Diarnelez rendait aveu au seigneur du Faouët, pour la terre de Kerandraon, en Guiscriff.

Le seigneur du Diarnelez avait droit de haute, moyenne et basse justice ; l'auditoire de la juridiction se trouvait à Restangoasquen, près de la chapelle neuve [Note : On aperçoit la flèche élancée de la chapelle neuve, dédiée à N.-D. de Pitié, du chemin de fer du Faouët à Gourin, entre les stations du Saint et de Langonnet], sur la paroisse de Langonnet ; il servait aussi aux juridictions du Poulleriguin et du Leignou appartenant aux mêmes seigneurs.

En vertu de lettres royaux de 1516 et d'un acte de 1540, les seigneurs du Diarnelez avaient des droits honorifiques dans l'église du Faouët ; un arrêt du parlement intervint, en 1687, entre les barons du Faouët et la famille Le Rousseau pour le règlement de ces droits.

La famille Le Rousseau possédait aussi des prééminences et droits honorifiques dans l'église de Saint-Gilles de Pontbriand, prieuré voisin du château, dans l'église paroissiale de Langonnet et dans plusieurs autres chapelles (N.-D. de Pitié ou chapelle neuve, Saint-Germain en Langonnet).

Les Le Rousseau de Lanvaux portaient : d'argent à 3 fasces de gueules. Ces armes figurent à côté de celles des barons du Faouët sur les vitraux de la chapelle Saint-Fiacre, dernièrement restaurés.

En 1675, le seigneur du Diarnelez était Michel-Colomban Le Rousseau, marié en 1673 à Jeanne Huby, dame de Kerouan. Michel-Colomban mourut en 1688, laissant un fils, Guillaume-Colomban, et trois filles : Claude-Louise, Anne-Marie-Thérèse et Jeanne-Rose.

Guillaume-Colomban épouse, vers le commencement de 1716, Charlotte-Louise de Fresnay, nièce de l'abbé baron du Faouët et de Barrégan, chef de nom et d'armes de Fresnay, vicomte de Meslan, châtelain de Kerlen, seigneur du Plessis-Orgueil, Collobert, Lescran et autres lieux.

Le 17 septembre 1716, Guillaume-Colomban et sa femme passèrent un acte de donation mutuelle et égale de leurs biens meubles (Archives du Morbihan, B. 2355). Dans cet acte, Guillaume-Colomban se qualifie de haut et puissant seigneur, chevalier, seigneur du Diernelez, de Poulleriguin, Leignou, Kermadou, Bodès, Kerdudou, Quilliou, Kerandraon, Palliec, Rosmellec, Keroullio et autres lieux. Toutes ces terres se trouvent aux environs du Diarnelez, sur les paroisses du Faouët, du Saint, de Gourin et de Guiscriff.

Le 3 janvier 1717, Guillaume-Colomban passait de vie à trépas, et comme il ne laissait pas de postérité, sa succession donna lieu à des litiges entre sa veuve, — son exécuteur testamentaire, qui n'était autre que l'oncle de celle-ci, l'abbé du Faouët, — sa mère, Jeanne-Renée Huby, douairière du Diarnelez, remariée à François de la Tour, sieur du Chesnay, habitant au manoir de Poulleriguin ; trêve du Saint, — ses neveux, enfants de sa soeur aînée Claude-Louise, décédée, représentés par leur père Jean-Baptiste Blanchard de Banneville, écuyer, conseiller secrétaire du roi en la grande chancellerie de France, — enfin ses deux autres soeurs, devenues, l'une dame du Menez du Périer, l'autre comtesse de Tournelle.

Jeanne-Renée Huby s'opposant à l'homologation de la donation mutuelle intervenue entre les époux quelques mois avant le décès du mari, une enquête judiciaire fut ouverte, en juillet 1717, par la sénéchaussée royale de Gourin, pour rechercher dans quelles conditions la donation avait été consentie par le défunt et notamment si, à l'époque de la donation, ce dernier n'était pas déjà atteint de sa maladie mortelle et par suite susceptible d'avoir été influencé par son entourage. A la même époque, des inventaires furent dressés : 1° des « titres, grands et enseignements » concernant la succession immobilière du seigneur du Diarnelez ;  2° de ses biens meubles ; 3° des biens meubles appartenant en propre à sa veuve (Archives du Morbihan, B. 2326).

L'inventaire des titres a fourni les renseignements donnés ci-dessus sur la famille Le Rousseau.

Les inventaires des biens meubles nous donnent une idée de ce qu'était, à cette époque, le mobilier d'un manoir breton et l'enquête judiciaire nous fait connaitre la société que fréquentait le Diarnelez, ainsi que le genre de vie qu'on y menait.

La lecture des inventaires donne l'impression d'un mobilier simple : très peu de fauteuils, quelques « chauffas » (sofas) rembourrés, des pièces de tapisserie « d'ouvrage » ou de « bergame » (pas de tapisserie de haute lisse), un certain nombre d'armoires, quelques-unes dites « à l'ancienne mode » [Note : En avril 1921, il y avait encore au château de très belles armoires du 17ème siècle qui provenaient peut-être de la succession Le Rousseau].

L'argenterie, en partie godronnée et ciselée, était assez importante (une cinquantaine de kilogrammes). ll y avait en outre de la vaisselle d'étain (5 douzaines d'assiettes).

La bibliothèque était pauvre : en tout 55 volumes, dont plusieurs livres de piété et une histoire de Bretagne prisée 6 livres.

Il. y avait deux chapelles, l'une dans la maison, dont on détaille les ornements et vases sacrés ; l'autre, dite chapelle neuve, sans doute inachevée ou inutilisée, car elle ne contient que 3 échelles.

La toilette de la dame du Diarnelez tient une grande place dans l'inventaire ; sa garde robe était bien montée, comme il convient à une nouvelle mariée. On y trouve 12 « habits », depuis un habit de satin bleu et argent « à parterre » [Note : Parterrre : satin ou damas semé de fleurs naturelles, représentant l'émail d'un jardin], jupe et manteau [Note :  Le  « manteau » est la jupe du dessus], doublé de taffetas bleu, avec le jupon de damas blanc et or à parterre, la frange et galon d'or, les manches garnies de dentelles d'argent, le tout estimé 400 livres, jusqu'à l'habit de cheval bleu galonné d'argent, estimé 300 livres, allant avec une housse de drap bleu à galon, bord et frange d'argent (150 livres), plus des robes « abattues », une lingerie très complète et de nombreux accessoires de toilette.

Le seigneur du Diarnelez n'était pas aussi bien pourvu : un chapeau bordé d'or, une vieille perruque à cadenettes, un habit gris blanc bordé d'or à boutonnières d'or, un habit de drap d'Espagne, une épée à poignée d'argent, une paire de pistolets, une lingerie indigente, c'est tout ce que relève le greffier.

Les écuries abritaient cinq chevaux de carrosse, un bidet de 6 ans, deux juments avec leurs poulains, deux vieux chevaux. Dansla grange, un carrosse à deux bancs doublé de « costallé » à galon de soie citron, les coussins, d'écarlate et les rideaux couleur de feu, les harnais de six chevaux.

Le total des inventaires se monte pour Madame à 17769 livres, 12 sols ; pour Monsieur, à 3097 livres, 11 sols.

Il est à remarquer que les biens meubles propres de la veuve, inventoriés d'ailleurs sur ses déclarations, sont sensiblement plus importants que ceux du défunt, ces derniers paraissant toujours systématiquement dépréciés, comme si la veuve eût voulu diminuer l'importance de la donation qui lui avait été consentie et qui était contestée par les héritiers naturels.

Dans l'enquête ouverte à la suite de cette contestation, les magistrats de la sénéchaussée royale de Gourin firent comparaître les personnes qui avaient été en relation avec le feu seigneur du Diarnelez dans le courant de 1716. On eut soin, pour provoquer les témoignages, de faire fulminer par l'autorité ecclésiastique des lettres monitoriales, enjoignant, sous peine des censures de l'Église, à tous ceux qui avaient connaissance des faits et circonstances concernant la donation mutuelle, de venir « à due révélation et déclaration » sur ce, qu'ils pouvaient savoir. Ces monitoires, lus aux prônes des paroisses environnantes trois dimanches consécutifs, furent suivis de nouvelles publications dites réaggraves, menaçant les témoins récalcitrants des foudres de l'excommunication. Les monitoires et réaggraves étaient des formalités d'un usage courant, que la justice ne manquait pas d'employer dès qu'il y avait un doute à éclaircir. Ces sommations religieuses étaient efficaces vis-à-vis de populations très croyantes, et on voit, au cours de l'enquête, des déposants, n'ayant que des faits insignifiants à dénoncer, déclarer avoir mis leur nom au bas dti monitoire. (c'est ainsi qu'on se portait témoin) par scrupule de conscience et après en avoir référé à leur directeur.

Des personnes de toutes conditions furent entendues : châtelains, magistrats, hommes de loi, prêtres, bourgeois du Faouët et de Quimperlé, marchands, artisans, fermiers, ménagers, bûcheurs de bois, domestiques.

Il ressort de ces dépositions que le seigneur du Diarnelez était sujet à des attaques de goutte périodiques, dans l'intervalle desquelles il avait l'apparence d'un homme bien portant. Nouvellement marié au printemps de 1716 et très empressé auprès de sa jeune épouse, d'autre part très hospitalier et ayant souvent l'occasion de trinquer avec ses hôtes, il traita son mal sans ménagement ; octobre, sa santé s'altéra gravement et il mourut, comme il a été dit, aux premiers jours de 1717. La donation avait été faite à une époque où il paraissait sain de corps et d'esprit ; toutefois, d'après des confidences faites par lui à certains témoins, il semble avoir été sous la domination de son entourage, en particulier de l'abbé du Faouët, qui tenait une grande place dans la maison et y commandait en maître. On est porté à penser que le mariage de sa nièce avec le dernier des Le Rousseau, homme déjà sur le déclin, avait eu pour objet de redorer le blason de la maison du Faouët, dont les affaires étaient assez mal en point, comme on le verra plus loin.

Quelle fut l'issue judiciaire de ce litige de famille ? Les documents consultés ne le disent point, et au fond c'est médiocrement intéressant. Mais l'enquête nous donne l'occasion de jeter un coup d'oeil dans cet intérieur et de nous rendre compte de la vie qu'on y mène. Cette vie paraît fort large ; il y a toujours table ouverte et même, à l'occasion des pardons de Sainte-Barbe, de Saint-Gilles, de Saint-Urlau, de Saint-Michel, il y a grande table et petite table, copieusement servies et arrosées. D'après un témoin, on consommait douze barriques de vin en sept ou huit mois, et ce coulage inquiétait le maître du logis, bien qu'il n'y fût pas étranger. La compagnie est nombreuse et mélangée : — des parents et amis des châteaux voisins : la douairière du Faouët [Note : Sans doute Louise de Guer, 3ème femme de Sébastien de Fresnay, soeur d'Alain de Guer, marquis du Pontcallec, grand-père du conspirateur. Il est question des séjours qu'elle fait au château de Pontcallec], — l'abbé du Faouët, qui, paraît résider à titre permanent, — la mère de Guillaume-Colomban, Jeanne-Renée Huby, dame du Chenay, — Clément-Chrysogone de Guer, marquis du Pontcallec, dont la tête devait bientôt tomber à Nantes sur la place du Bouffay, — le marquis du Cludon, allié des de Fresnay [Note : Gabriel-Claude de Kergolay, marquis du Cludon, comte de Guengat, baron de Rimaison ; il avait épousé Marie-Claude de Fresnay, qu'on pouvait appeler l'enfant du miracle de sainte Barbe. Peu de temps avant sa naissance, sa mère avait échappé miraculeusement à la mort lors d'un accident de voiture sur le chemin de la chapelle ; un tableau ex-voto pendu au mur de l'édilice rappelle cet événement], — l'écuyer Thomas de Kervenozaël, demeurant à Saint-Quijeau en Lanvénégen, — messire Jean-Gilles Jegou, abbé de Paoule (Paule), chanoine de Tréguier, demeurant ordinairement au château de Trégarantec en Mellionec [Note : De la famille des Jégou du Laz], — demoiselle Jeanne Renée de Tinténiac, dame de Liminot, Quimerch, Combout, demeurant au château de Liminot en Bannalec [Note : Fille ou parente par alliance de Louise de Guer qui avait épousé en 1ères noces René de Tinténac], — demoiselle Jeanne Renée du Menez, dame de la Salle, demeurant à Quimper, rue Kéréon [Note : Cette jeune fille (18 ans) accompagnait la douairière du Faouët], — écuyer Jacques Gouves, étudiant en 4ème au collège des Pères Jésuites de Quimper, demeurant au manoir de Beus, trêve du Saint.

Des magistrats et hommes de loi de la région : Guy-Marie de Chemendy, sénéchal du Faouët, qui joua un rôle important dans la conspiration de Pontcallec et finalement la trahit, — un autre Chemendy, sieur de Montrouge, employé dans les fermes de Bretagne, — le sénéchal de Gournois, en Guiscriff ; — des bourgeois du Faouët ou de Quimperlé, des procureurs, un apothicaire, un chirurgien, un perruquier, des marchands, artisans., maîtres d'hôtel, certains accompagnés de leurs épouses.

Tous ces hôtes sont accueillis en amis par le maître du logis, qui les reçoit à sa table, les héberge et boit avec eux sa part de maintes bouteilles de vin. Dans ses périodes de bonne santé, il est représenté en perruque poudrée, vêtu d'un habit blanc bordé d'or, une rose blanche à la boutonnière, bien chaussé, très galant auprès des dames visiteuses qu'il aide à mettre pied à terre ou qu'il remet à cheval, badinant joyeusement avec la société, buvant et mangeant de bon appétit, chantant, dansant, se divertissant de toutes manières. D'autre part, il traite familièrement ses fermiers, fournisseurs, ouvriers, valets ; c'est même à ses plus humbles interlocuteurs qu'il fait souvent ses confidences intimes, quand il est déprimé par la maladie. Il pratique pieusement sa religion, servant lui-même la messe quand elle se dit à la chapelle du château.

Si l'on cherche à dégager une inipressien d'ensemble de la lecture des documents consultés, on retient celle de moeurs simples, sans morgue et sans faste, avec certaines habitudes d'élégance, de relations faciles et cordiales entre les diverses catégories sociales, d'une aisance cossue, caractérisée par le goût des réunions nombreuses où le boire et le manger tenaient une grande place ; peu de préocupations intellectuelles, — Il est à remarquer que rien ne fait allusion à la pratique de la chasse, qui était cependant un privilège des possesseurs de fiefs.

Le nom de Le Rousseau de Lanvaux s'était donc éteint, en 1717, avec Guillaume-Colomban. Sa mère Jeanne-Renée Huby mourut, en 1726, au manoir de Poulleriguin. Un partage (Archives du Morbihan, B. 2335) intervint entre ses deux filles vivantes : Marie-Thérèse, dame du Menez de Periec (qui se remaria, en 1734, à Félix de Kervenozaël), et Jeanne-Rose, comtesse de Tournelle ; et sa petite-fille Jeanne-Renée Blanchard de Banneville (fille de l'aînée Claude-Louise), à laquelle échut le domaine du Diarnelez. Celle-ci était mariée à René-Théophile de Maupeou, seigneur marquis de Sablonnière, Moniflageol et autres lieux, brigadier, puis lieutenant-général des armées du roi, et inspecteur général de ses troupes en Alsace [Note : Ce nom de Maupeou a induit en erreur certains auteurs (Pol de Courey, chanoine Le Mené), et leur fait attribuer la propriété du Diarnelez au chancelier Maupeou, qui s'y serait retiré après sa disgrâce. Cette assertion n'a aucun fondement, comme il résulte tant des recherches concernant le Diarnelez que de la biographie du chancelier. Mais il y avait néanmoins une parenté étroite entre les deux branches. Le Maupeou du Diarnelez était le frère de René-Charles, premier, président au parlement de Paris, plus tard garde des sceaux, vice-chancelier et même chancelier pendant 24 heures [Note : René-Charles de Maupeou, né le 11 juin 1689 à Paris et mort le 4 avril 1775, est un magistrat et homme d'État, chancelier et garde des sceaux de France] ; mais il transmit aussitôt cette dernière charge à son fils René-Nicolas-Charles-Augustin [Note : René-Nicolas de Maupeou, né le 25 février 1714 à Montpellier et mort le 29 juillet 1792 au Thuit, fils du précédent, est un magistrat et homme d'État, chancelier et garde des sceaux de France]. C'est celui-ci qui est célèbre par ses luttes contre les parlements et la création du parlement qui porte son nom dans l’histoire].

Le marquis de Maupeou ajouta dès lors à ses titres celui de seigneur du Diarnelez et de Poulleriguin. Il voulut développer sa situation en basse Bretagne et on le voit, en 1738, devenir acquéreur des terres et seigneurie de la baronnie du Faouët, de Barrégan, de la vicomté de Meslan, de la châtellenie de Kerlain, le tout saisi et vendu à la requête et poursuite de Jacques de Lopriac, seigneur abbé de la Haute-Touche, sur René-André de Fresnay, abbé du Faouët, dont les affaires avaient périclité ; l'adjudication tut faite au prix de 272.000 livres.

La prise de possession par le marquis de Maupeou de ses nouveaux domaines eut lieu en octobre et en novembre 1738, et des actes furent dressés pour constater l'accomplissement des formalités minutieuses auxquelles donnait lien la mutation des fiefs. Ces actes nous font voir le procureur du marquis de Maupeou, accompagné de deux notaires royaux, se transportant à cheval sur toutes les terres acquises, pour y faire acte de seigneur et propriétaire au nom de sons mandant. Les procès-verbaux de cette prise de possession présentent un certain intérêt, d'abord parce qu'ils rappellent le cérémonial consacré pour les cessions de seigneuries, puis par les détails qu'ils donnent sur l'état des lieux à cette époque (Archives du Morbihan, B. 2344). L'itinéraire parcouru fournirait un programme d'excursions dans les environs du Faouët.

La cavalcade des hommes de loi part de Gourin et se rend d'abord au Faouët, où elle s'installe à l'auberge où pend pour enseigne « le Lion d'or » [Note : L'enseigne existe toujours, mais l'hôtellerie a changé de place]. Le procureur se présente au château du Faouët [Note : Le château a disparu au cours du XIXème siècle ; il n'en reste qu'un rand jardin en terrasse et un puits de dimensions remarquables] et, passant outre à l'opposition de l'abbé, visite les appartements, cuisines, salles, chambres, chapelle, écuries, fait feu et fumée dans les appartements, ouvre et ferme portes et fenêtres, va et vient dans les cours et jardins, bêche la terre dans le jardin, goûte les fruits pendant aux arbres, espaliers et buissons. De là il se transporte dans l'auditoire de la juridiction, de la baronnie, du Faouët et autres seigneuries annexes, et, interrompant l'audience, prend place dans la chaire du sénéchal ; enfin il parcourt les plaçes de marché et carrefours pour notifer au public les droist du nouveau seigneur. Le lendemain, visite de l’église du Faouët, pour affirmer les droits de seigneur premier prééminencier et fondateur, allées et venues dans le choeur et les chapelles, recherche des intersignes de prééminence, supériorité et fondation sur la maîtresse vitre, au chanceau et aux murs (écussons des Goulaine et des Fresnay), inspection des tombes, des bancs réservés à accoudoir, saisie des clefs, sonnerie des cloches. Mêmes formalités à l’église des Dames, Ursulines, fondée, ainsi que le couvent, par Sébastien de Fresnay en 1658, visites de tous les locaux du monastère, des dépendances, cours et jardins. Puis visite de la chapelles de congrégation des hommes dédiée, à N.-D. de la Nativité (construite, dit le procés-verbal, sur un fonds servant ci-devant d'auditoire), rappel au préfet de la congrégation de faire dire à l'avenir les prières nominales au nom du nouveau seigneur. De là le procureur se rend à la halle, où il remarque un dôme avec horloge fournie, par le seigneur du Faouët pour l'usage des habitants, ambule et déambule en présence du public, frappe sur les étaux, vérifie les écussons et armes apposés au levant et au couchant de l'édifice, va voir les prisons, (près de la chapelle des congréganistes) ; il constale le mauvais état général tant des halles que des prisons. [Note : Le couvent des Ursulines, chapelle de la congrégation, la halle avec son dôme et son horloge subsistent toujours].

Le 3ème jour, visite du four banal, dont la fermière a aussi la ferme des halles et coutumes du bourg, de toutes les places de coutumes en compagnie de la fermière, du pont de la Coutume (sur la route de Quimperlé) affermé séparément ; de là les tabellions. chevauchent vers Saint-Fiacre, inspectent son presbytère et ses dépendances, autrefois occupées par des religieux, font la visite détaillée de chapelle. en observant les rites consacrés. Puis, en route pour le pont Tanguy (sur la route d'Hennebont) où se percevait un droit de coutume, le moulin Berzen, le grand pont (sur la route de Guémené, autre poste de péage), le moulin Roux, le moulin Blanc, le moulin de Barrégan, le moulin à papier dit moulin d'en bas ; dans tous les moulins, le procureur accomplit les divers actes de propriété, notamment « fait cesser les tournants et moulants, lève les pattes des moulins ». La tournée continue par la chapelle, Saint-Sébastien (sur la route de l'abbaye de Langonnet), puis par la chapelle Sainte-Barbe. Dans les visites des églises et chapelles, le procureur ne manque jamais de noter qu'en entrant il s'est mis à genoux devant le maître-autel et a fait dévotement ses prières. Revenant au bourg, il ambule et déambule dans le bois du Mail dépendant du château du Faouët, en ayant soin de ployer et de casser des branches.

Le 4ème jour, excursion au pont Inam où la rivière de ce nom passait sous la route de Quimper, pour y constater le droit de passage, à la chapelle Saint-Adrien, puis visite des maisons, places, issues, villages, manoirs, métairies de la paroisse du Faouët dépendant de la seigneurie.

Les jours suivants eurent lieu les prises de possession au Saint, à Lanvénégen, à Gourin, à Roudouallec, à Guiscriff, à Langonnet, à Scaër pour les biens et droits ressortissant aux seigneuries acquises. Au total, les formalités exigèrent neuf journées [Note : On dut procéder dans la même forme à la prise de possession de la vicomté de Meslan et de la châtellenie de Kerlain, en Priziac ; mais les procès-verbaux n'ont pas été retrouvés — Ces paroisses dépendaient de la sénéchaussée royale d'Hennebont].

En 1739, le marquis de Maupeou obtint un arrêt de la cour royale d'Hennebont pour faire expulser du château du Faouët l'abbé qui y résidait encore. L'expulsion eut lieu par autorité de justice, en présence du marquis de Maupeou. L'abbé était parti pour Quimper : on renvoya deux domestiques qu'il avait laissés et on posa les scellés.

Malgré les solennités de ces prises de possession, le marquis de Maupeou ne devait pas conserver longtemps la baronnie du Faouët et les seigneuries-annexes. Après la mort de l'abbé du Faouët, survenue à la fin de 1739, Charles-Louis d'Argouges (1709-1787 et fils de Louis, marquis de Rasnes d'Argouges et comte de Gabriac (1669-1748), comte de Rasnes (ou Rannes), mestre de camp du régiment de Languedoc-dragons, brigadier des armées du roi, dont la mère, Charlotte-Catherine d'Ernothon (1671-1764 et fille de François-Joseph d'Ernothon et de Marie Renée de Fresnay), était la propre nièce de l'abbé, invoqua le droit de retrait lignager et fit annuler les cessions faites au marquis de Maupeou (Archives du Morbihan B. 2346).

En 1751, on trouve le domaine du Diarnelez aux mains d'un autre Maupeou, René-Théophile, fils du précédent, colonel du régiment de Bigorre-infanterie, qui épousa : en première noces, Marie-Julie de Caqueray ; en deuxièmes noces, Marie-Stanislas de la Vergne de Tressan [Note : Née en 1753 à Toul ; fille de Louis Elisabeth de la Vergne de Tressan, lieutenant-général, qui fut un familier de la cour de Lunéville, eut un certain renom littéraire et entra à l'Académie française en 1781. Marie Stanislas était la filleule du roi Stanislas et de la reine Marie Leczinska].

En 1760, les archives de la cour royale de Gourin (Archives du Morbihan, B. 2366) relatent l'assassinat du procureur fiscal du Diarnelez. Le crime eut lieu dans le bois du Poulleriguin, alors que ce magistrat se rendait du manoir de ce nom à la chapelle neuve (en Langonnet) près de laquelle se trouvait l'auditoire de la juridiction. Après une lorgue instruction, interrompue par plusieurs évasions, un certain Michel le Floch fut convaincu du crime et condamné, le 13 août 1763, à avoir les bras, cuisses, jambes et reins rompus sur une croix et à être ensuite mis sur une roue pour y expirer, le tout néanmoins après avoir été appliqué à la question ordinaire et extraordinaire [Note : L'arrêt est signé : le Soueff de Montalembert, bailli à Gourin ; Pic de la Mirandole, sénéchal de Châteauneuf-du-Faou ; de Kergus, sénéchal de Gourin]. Le procès donna lieu à la publication de monitoires et de réaggraves ; il ne se presenta qu'un seul témoin. Le condamné fit appel au parlement.

A partir de 1776, on voit le marquis de Maupeou vendre successivement tous ses domaines de Bretagne. Il avait pris comme receveur et procurateur général messire Jean-Baptiste-Paul Hamon des Roches, sieur de Bournay, garde du corps de Monsieur frère du roi, qui, dans certaines pièces, se donne comme parent et ami du marquis et avait sa résidence au Diarnelez.

On constate d'abord en 1776 la vente à des Roches des « droits réparatoires et édificiers » du manoir du Diarnelez, de deux métairies et du moulin, ce qui le mettait dans la situation de domainier vis-à-vis du propriétaire du sol ; puis, la même année, la cession de la terre de Kerherne, en Lanvénégen, à Pierre le Canne, sieur de Rozangat, secrétaire du point d'honneur de NN. SS. les maréchaux de France ; du domaine noble de Leignou (trêve du Saint) à Jean-Célestin de Kergus, sieur de Kerstang ; de la métairie noble de Kerlos en Gourin à Jean le Cloarec (Archives du Morbihan, B. 2303).

Les actes de procuration donnés par M. de Maupeou sont reçus soit au bailliage de Meaux, soit à celui de Coulommiers, ce qui paraît indiquer qu'il avait des intérêts dans cette région. D’autre part, il se donne comme résidant à Paris, en son hôtel, rue Traversière-Saint-Honoré, paroisse Saint-Roch. Pour ces ventes, son procurateur général et spécial est noble maître François-Hyacinthe Bargain, avocat au parlement, qui fut plus tard procureur fiscal du Diarnelez et du Faouët.

En 1780, le marquis de Maupeou cède à Hamon des Roches le moulin de Poulleriguin, les villages de Saint-Germain (ou Moustoir-Monach), de Restangoasquen (avec la maison de l'auditoire), en Langonnet, les prééminences en la chapelle neuve et la chapelle Saint-Germain, les prééminences avec tombes en l'église paroissiale de Langonnet, le moulin du Quilliou (Archives du Morbihan, B. 2304).

Par acte du 19 février 1781, passé à Paris, des Roches acquiert les terres et seigneuries du Diarnelez, Kerdudoué, Bodès, Kerandraon, avec toutes leurs prééminences, fiefs, droits castels et féodaux, mouvances, métairies, domaines congéables, rentes censives et féodales, circonstances et dépendances sises dans les paroisses du Faouët, de Gourin et de Langonnet (Archives du Morbihan, B. 2392).

En 1786, ce sont les terres et seigneuries de Poulleriguin, du Quilliou, de Rosmellec (paroisses du Saint, du Faouët, de Langonnet) qui passent à Hamon des Roches (Archives du Morbihan, B. 2308). Celui-ci se trouva ainsi substitué au marquis de Maupeou pour la possession de la plus grande partie de l'héritage des Le Rousseau de Lanvaux.

Un dossier de procédure de 1781 (Archives du Morbihan, B. 2392) nous fait connaître un différend survenu entre Hamon des Roches et certains de ses domainiers qui lui devaient une rente en nature. Ce différend roule sur la valeur des mesures en usage, les domainiers prétendant payer à la mesure de Gourin et le propriétaire exigeant celle du Faouët [Note : Ces mesures anciennes étaient variables d'un lieu à l'autre, et leur emploi différait suivant la nature du grain. Ainsi l'avoine et le blé noir se vendaient à mesure comble, le froment et le seigle à mesure râcle. On distinguait le pairan, la bigottée, le minot, la somme. Il y avait bien à la halle du Faouët des étalons en pierre pour certaines unités, mais on ergotait sur le nombre d'unités comprises dans l'unité supérieure]. Cette cause donna lieu à un volumineux dossier où les procureurs s'appliquèrent à déployer tout leur esprit de chicane pour développer et compliquer l'affaire.

C'est ainsi que les défendeurs ayant refusé de donner à Hamon des Roches les qualifications de messire et de seigneur du Diarnelez, celui-ci, se basant sur l'adage : « non major defectus quam defectus qualitatis, » jugea nécessaire de faire détailler sa généalogie et de justifier ses prétentions à la noblesse, en produisant un certificat de d'Hozier, président juge de la noblesse de France. Nous avons ainsi, les origines de la famille des Roches :

I — Jean Hamon, écuyer, sieur des Roches, marié à Marguerite Hache, anobli par lettres d'août 1651 signées du roi, exempt des gardes de S. A. R. la duchesse d'Orléans (brevet de 1643), a servi dans les guerres des Flandres.

II. — Jean-Baptiste Hamon, écuyer, sieur des Roches, baptisé le 6 décembre 1648, marié en 1618 à Renée-Michelle de Beaulieu, maître d'hôtel de Mme la duchesse d'Orléans, brevet de 1672.

III. — Pierre-Paul Hamon, écuyer, sieur des Roches, baptisé en 1684 a Saint-André des Arts à Paris, marié en 1745 à Elisabeth Petitjean, mousquetaire de la première compagnie, a fait la campagne de Ramillies.

IV. — Enfin Jean-Baptiste-Paul Hamon des Roches, baptisé en 1747 à Nogent-l’Artaud, diocèse de Soissons, près de Château-Thierry.

Le nouveau seigneur du Diarnelez n'était donc nullement breton ; sa femme était Françoise-Agathe de Lorne.

Son titre de garde du corps de Monsieur frère du roi n'était pas purement honorifique ; car il résulte des pièces du procès avec les domainiers, qu'il eut à solliciter des remises en raison des absences périodiques auxquelles l'obligeait son service.

Hamon des Roches eut aussi à se défendre contre d'autres voisins qui lui contestaient le droit de chasse. Il semble qu'en sa qualité d'étranger à la Bretagne, il eut de la peine à se faire accepter dans la seigneurie qu'il avait acquise.

En 1790, Hamon des Roches était encore propriétaire du Diarnelez ; il est signalé par une lettre du directoire du district du Faouët aux commissaires du roi du 16 avril 1790 comme « ci-devant gentilhomme et aristocrate déchaîné » et ayant, « à force de menées, à force de terreurs exagérées des impôts, fait méconnaître, les principes à une partie de nos municipalités ».

Il mourut entre 1790 et 1792, car le 13 mai 1792 sa veuve vient au district du Faouët faire une déclaration sur le registre des créances d'émigré, concernant ce qu'elle doit encore aux héritiers de M. de Maupeou, tant en rente (700 l.) qu'en arrérages (1200 l.) (Archives du Morbihan L. 982).

En 1794, on trouve mention de l'arrestation et de l'emprisonnement au Faouët de « la Delorne, veuve de François des Roches, ex-noble et ci-devant garde du corps de ci-devant Monsieur, accusée de peu de civisme » (25 nivôse, an 2) (Archives du Morbihan L. 1000). Elle paraît avoir été mise en liberté quelque temps après, car elle ne figure plus sur une liste des détenus du 14 nivôse an 3.

Vers 1850, le domaine était possédé et habité par le comte Gabriel de Lantivy de Kerveno, qui, s'y retira après une carrière bien remplie ; il avait été successivement page de l'Empereur (comme tel, il avait eu les pieds gelés en Russie), préfet de la Corse et maître des requêtes au Conseil d'État sous la Restauration, enfin consul général à Jérusalem et à Dublin.

La propriété fut vendue entre 1860 et 1870 à M. François, ancien avoué à Nantes, qui mourut au Diarnelez en 1871, le Manoir reste habité par sa fille, Mlle François, jusqu'à sa morts survenue en 1921.

Le domaine, mis en vente, est passé aux mains d'un marchand de biens, qui l'a revendu en détail et fait couper les bois. Il est à prévoir que dans quelques années il restera peu de traces de l'aspect seigneurial qu'avait conservé jusqu'à ces derniers temps le manoir du Diarnelez.

(Colonel JUGE).

Note : De cette demeure habitée pendant plusieurs siècles par la famille Le Rousseau de Lanvaux et datant de 1248 et du XVIIIème siècle, il ne subsiste qu'une partie de l'aile principale qui a été rachetée vers 1994, par M. Guy Le Gouguec.

 © Copyright - Tous droits réservés.