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LA FAMILLE COLIGNY ET LEURS SÉPULTURES.

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Issus d'une ancienne famille des comtes de Bourgogne dont ils portaient les armes [Note : De gueules à l'aigle éployée d'argent, armée, lampassée et couronnée d'azur, avec deux levriers pour support et l'aigle de l'écu pour cimier et la devise : Je les espreuve tous. (Edmond Chevrier La maison de Coligny au Moyen âge)], les Coligny, seigneurs de Coligny, d'Andelot, de Fromente [Note : La sirerie de Coligny comprenait le marquisat de Coligny, d'Andelot et de Fromente, etc. La première localité était située dans l'Ain (Bourgogne), et les deux autres dans le Jura (Franche-Comté) à quelques kilomètres au-dessus et au N.-E. de Coligny], habitèrent la Bourgogne et notamment la Bresse [Note : La Bresse, partie de la Bourgogne acquise par Henri IV, en 1601, au traité de Lyon, aujourd'hui département de l'Ain] jusqu'au XVème siècle. Pendant leur long séjour dans dans ce dernier pays, ils se montrèrent zélés défenseurs du catholicisme et fournirent à l'Eglise de nombreux dignitaires.

Le plus célèbre fut Jacques de Coligny, administrateur du diocèse de Lyon, avec juridiction sur toute la Bresse. En 1437, Guillaume II de Coligny, ayant épousé Catherine Lourdin ; dame de Châtillon sur Loing, de Saligny, et de Dammarie en Puissaye, devint ainsi seigneur de Châtillon. Toutefois, il ne visita que rarement ses nouveaux domaines et il continua a habiter la Bourgogne où il fut inhumé dans l'abbaye du Miroir, à côté de sa femme qui l'avait précédé dans la tombe en 1499 [Note : Cette abbaye avait été fondée à la vicomté d'Auxonne en 1131 par Humbert Ier, fondateur de la maison de Coligny dont le fils, Humbert II fit partie de la Croisade de 1171].

Son fils, Jean III lui succéda et se fixa définitivement à Châtillon, qui devint ainsi comme le deuxième berceau de la famille des Coligny. Jean III, pas plus que ses successeurs, malgré ce changement de résidence familiale, ne renonça pour cela aux noms des domaines de ses ancêtres qu'il aima toujours à porter par la suite : Coligny, d'Andelot, Fromente [Note : En 1506, il existait à Châtillon-sur-Loing, deux cloches dont la plus grosse affectée à l'usage du Chapitre de la collégiale, portait l'inscription suivante : Mil cinq cent, je feuz nommée Lyonarde par Madame de Chastillon et Monsieur Gaspard de Coligny, son fils, seigneur de Fromentes. Remise céans pour servir Dieu el les paroyssiens. La dame de Chastillon, était Eléonore de Courcelles, dont il va être question. On appelle église collégiale, une église qui a un chapitre de chanoines, sans avoir de siège épiscopal]. Il avait dû quitter La Bresse, par suite de l'affaiblissement de sa maison occasionné par des partages de famille et la possession par le duc de Savoie de ses anciens domaines.

Château des Sires de Coligny à Chatillon-Coligny (Loiret).

Jean III resta fidèle à la royauté et soutint Louis XI dans sa lutte contre le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Il mourut à Châtillon et y fut inhumé avec sa femme, Eléonore de Courcelles, dans l'église Saint-Pierre.

Il laissa six enfants, Jacques II, Gaspard Ier et 4 filles.

Jacques II, blessé grièvement à Ravenne, mourut à Ferrare le 26 mai 1512.

Gaspard Ier succéda à son frère. Ce fut lui qui inaugura, le premier, le rôle joué dans notre histoire par les Coligny au XVIème et au XVIIème siècles. Ami personnel de François Ier, il fut créé Maréchal de France le 5 décembre 1516 et assista à l'entrevue du camp du Drap d'or. Il venait de recevoir le commandement en chef des troupes destinées à opérer en Biscaye, lorsqu'il mourut à Arcqs le 24 août 1522, enlevé par une maladie foudroyante. Une sorte de fatalité sembla peser sur les premiers Coligny. Ainsi qu'on vient de le voir, Gaspard Ier meurt subitement et trois de ses fils ont une fin tragique : l'un est assassiné à la Saint:-Barthélemy, les deux autres succombent empoisonnés, victimes, tous les trois, dit-on, de Catherine de Médicis.

Son corps fut ramené à Châtillon et y fut inhumé dans l'église où reposaient son père et sa mère.

De son mariage avec Louise de Montmorency, le 2 décembre 1514 il avait eu quatre fils : Pierre, Odet, Gaspard II et François.

Pierre, né le 4 novembre 1515, mourut à 18 ans, enfant d'honneur de François Ier.

Ses trois frères sont restés célèbres, le premier par la bizarrerie de la carrière étrange qu'il a parcourue, les deux autres par le rôle prépondérant qu'ils ont joué au cours des guerres civiles qui ont désolé notre patrie au XVIème siècle. Leur mère [Note : Sœur du connétable de Montmorency, premier baron de France, Louise fut une des grandes dames de la cour de François Ier, où elle dirigea l'instruction de Marguerite de Valois ou d'Angoulême qui épousa en secondes noces, Henri d'Albret, roi de Navarre, dont la fille Jeanne fut la mère de Henri IV]. les avait élevés avec le plus grand soin. Elle leur avait donné un gouverneur capable et un précepteur très instruit, ami d'Erasme. Malheureusement elle avait embrassé avec ardeur le parti de la Réforme et le précepteur inclinait lui aussi vers les idées nouvelles, il s'en suivit que les trois frères, dès leur enfance, acquirent les germes des doctrines de Luther et de Calvin auxquelles, pour leur malheur, par la suite, ils donnèrent tant de gages, au cours de leurs existences tourmentées.

Château des Sires de Coligny à Chatillon-Coligny (Loiret).

II.

Odet de Coligny, dit le Cardinal de Châtillon. Né le 10 juillet 1515, Odet occupa, dès l'adolescence, les situations les plus singulières dont nous ayons le spectacle au XVIème siècle. Il était à peine âgé de seize ans, lorsque sur la recommandation de son oncle le connétable de Montmorency, et sur le refus de son frère Gaspard [Note : Turenne, qui était aussi cadet de famille, fut également proposé pour le cardinalat, mais il s'empressa de décliner l'honneur qui lui était fait] à qui on l'avait d'abord proposé, Clément VII, oncle de Catherine de Médicis, par Bulle du 15 novembre 1533, le nomma cardinal, à l'occasion du mariage de sa nièce avec Henri II A dix-sept ans, il fut élevé à la dignité d'archevêque de Toulouse. Enfin, le 20 octobre 1535, il eut l'évêché de Beauvais. Cet évêché lui donnait le titre de comte et le faisait pair d'une des douze pairies du royaume. Hiérarchie étrange ! On devenait cardinal d'une paroisse, quoique souvent on ne fut qu'un simple tonsuré [Note : Sixte-Quint avait fixé à 70 le nombre des cardinaux. Ce nombre n'a jamais été dépassé, et ne pouvait l'être. En effet, il avait été adopté parce qu'il rappelle les 70 disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ. La plupart sont Italiens, c'est ce qui explique pourquoi les Papes, qui sont nommés par les cardinaux, sont italiens depuis Clément VII (Jules de Médicis, monté sur le trône pontifical en 1523). Sur 255 papes, en 1907, on compte 15 français seulement. Pour les autres nationalités les chiffres sont insignifiants]. Ainsi, sans être nullement engagé dans les ordres, on devenait évêque, archevêque, cardinal ; on aurait pu être Pape, comme, du reste, on pourrait le devenir encore vers 1907, rien, je crois, ne s'y opposant [Note : Il semblerait que le cas ne se serait jamais présenté dans la nomination des Papes qui se sont régulièrement succédé sur le trône de Saint Pierre, mais le fait s'est produit, pour l'antipape Félix V, lors du fameux Concile de Bâle qui siégea de 1431 à 1443. Ce concile en guerre ouverte avec le pape Eugène IV, prononça la déchéance de ce pontife en 1444 et nomma à sa place Amédée VIII, duc de Savoie, veuf de Marguerite de Bourgogne, un saint c'en vrai, mais parfaitement laïque. Tous les ordres, depuis le plus humble jusqu'au plus élevé, lui furent conférés dans les vingt-quatre heures de sa nomination, de telle façon que, le lendemain, le duc Amédée VIII, devenu Félix V, célébrait sa première messe que servirent pieusement ses deux fils, le prince de Piémont et le comte de Genève. Aussitôt après sa messe, tiare en tête, drapé d'une chape d'or, il faisait, à cheval, son entrée solennelle à Bâle, prodiguant force bénédictions papales sur son passage. Son pseudo-pontificat, sanctifié d'ailleurs par les plus hautes vertus, dura cinq ans. A l'avènement de Nicolas V, en 1449, Eugène IV étant décédé, il abdiqua la tiare, mais conserva le chapeau de cardinal et mourut deux ans après en 1451]. Mais, le dignitaire, ainsi nommé, devait, dans les huit jours, avoir reçu les ordres sacrés. On comprend que ces errements, subversifs de toute discipline et de toute hiérarchie, possibles à l'époque d'anarchie et de désordre du moyen-âge, ont été depuis longtemps abandonnés. Quoi qu'il en soit, Odet, bénéficiant de la forte éducation qu'il avait reçue de sa mère, débuta bien dans la vie, et, pendant de longues années, se rendit digne de la haute situation qui lui avait été faite dans son adolescence. Mais ce qui le mit surtout en relief, ce fut le commerce qu'il entretint avec les hommes de lettres de son temps, commerce qui lui valut une dédicace de Rabelais, d'un livre de Pantagruel et de nombreuses lettres de Ronsard. En 1561, il avait alors 44 ans, une nouvelle vie commence pour lui, une existence bizarre qui l'a rendu célébre. Sans doute, ainsi que ses frères, il ressentait un vif penchant pour les doctrines réformées, n'était-ce pas à lui, comme à l'aîné de ses fils, que sa mère expirant avait recommandé : qu'aucun prêtre ne lui fut amené ? Mais il ne serait pas impossible que le changement radical, qui s'opéra subitement en lui, n'eût pour cause un sentiment plus humain que son attachement à la Réforme. En effet, éperdument épris d'Isabelle de Hauteville, dame d'honneur de la duchesse de Savoie, sœur du Roi et appartenant au protestantisme, il avait contracté avec elle une liaison publique. Bien qu'il ne fut pas prêtre, il était dans les ordres et avait fait des vœux perpétuels de célibat. Il s'en affranchit, en abjurant solennellement le catholicisme, au château de Merlemont, en septembre 1562. Il prit alors le titre de comte de Beauvais, mais jusqu'à sa mort il ne cessa de signer : Cardinal de Chastillon. C'était un acheminement vers une union qu'il convoitait ardemment. Entre temps, le 31 mars 1563, le pape Pie IV ayant lancé contre lui une Bulle d'excommunication, il dut résigner tous ses bénéfices entre les mains du Roi et déposer le chapeau rouge ainsi que les titres de treize abbayes et de deux prieurés. L'année suivante, le 1er décembre 1564, en présence de ses frères Gaspard et François, auxquels il était lié par la plus tendre amitié, il épousa au château de Montataire (Oise) celle à laquelle il avait tout sacrifié : honneur, dignité, fortune. Il avait 49 ans et Isabelle vingt seulement. C'était la dernière étape dans la voie du scandale. Il devait, trois ans plus tard, être traître à son roi comme il l'avait été à son Dieu, Durant la seconde guerre civile, il assista, du côté des rebelles, avec Condé et ses frères à la bataille de Saint-Denis (1567) où fut tué son vieil oncle le connétable de Montmorency, âgé de 75 ans, qui commandait les troupes royales. L'année suivante, par arrêts des 19 et 24 mars 1568, le Parlement le dégrada de tous honneurs, estats, offices et dignités qu'il tenait du Roi, de la dignité de pairie et possession de tous bénéfices et le condamna de plus à 20.000 livres [Note : La livre, au temps de Charles IX, valait, d'après Leber, 10 fr. 31, d'après M. de La Borderie, 15 fr. Par suite, 20.000 livres équivalaient, à 10 fr. 31, à 206.200 fr., où sur le pied de 15 fr., à 300.000 fr. de notre monnaie en 1907] et à la suppression de ses armoiries en quelque lieu qu'elles fussent mises et apposées. Traqué alors par la Reine-mère qui voulait s'emparer des principaux huguenots, il s'enfuit en Angleterre. II s'apprêtait à rentrer en France après la paix de Saint-Germain, lorsque le 14 mars 1591, il mourut à Hampton, entré les bras d'Isabelle de Hauteville qui l'entoura de soins jusqu'à son dernier soupir, empoisonné par son valet de chambre, le basque Vuillin, soudoyé peut-être par Catherine de Médicis.

Le corps du cardinal de Châtillon n'a pas quitté l'Angleterre. Il repose toujours là où il fut inhumé, c'est-à-dire sous un massif de briques, derrière le maître-autel de l'église de Cantorbery. J'ai recherché si ce tombeau, à l'origine, n'avait pas eu une autre forme et un autre développement que ceux actuels. Godefroy Hermant, dans son Histoire Ecclésiastique et Civile de Beauvais et du Beauvaisis [Note : Composée de cinq volumes in-folio, manuscrits déposés à la Bibliothèque Nationale, Fonds français, n°' 8579 à 8583], rapportée à chaque évêque, écrit : « Qu'au XVIIème siècle, on voyait encore, comme ornementation du tombeau, son effigie en pierre, revêtue d'une longue robe pareille à celle des procureurs. ». Mais Sa Grandeur Monseigneur l'Archevêque catholique de Cantorbéry qui, à ma prière, a eu l'amabilité de faire opérer de nombreuses recherches à ce sujet, m'a fait connaître, que d'après les documents les plus anciens et les plus autorisés de la cathédrale, il n'est nullement question de l'effigie signalée par Hermant. Il ajoute qu’il est d'autant moins vraisemblable que cette effigie ait jamais existé, qu'elle serait hors de proportion avec le tout petit tombeau arrondi actuel, considéré par une tradition constante comme recouvrant les restes du Cardinal de Châtillon. En ce qui concerne l'inhumation proprement dite dans la cathédrale, les archives contemporaines sont également muettes sur ce point. Peut-être en trouverait-on la trace dans la Bibliothèque du Bristich Museum et le State Papers du règne d'Élisabeth. M. Charvet, ancien président de la Société Académique de l'Oise, a recueilli, en Angleterre même, de nombreuses notes sur les dernières années et la mort du Cardinal de Châtillon, mais ces notes sont à peine encore classées et ne pourront être utilement consultées que lorsque le travail dont elles sont actuellement l'objet sera terminé.

III.

L'amiral Gaspard de Coligny.

Gaspard II, dit l'Amiral de Coligny, naquit au château de Châtillon le 16 février 1517, et devint le chef de la famille par suite de l'entrée dans les ordres, comme on l’a vu, d'Odet son frère aîne. Il embrasse la carrière des armes où ses débuts furent des plus brillants, car, quatre ans plus tard, à 28 ans, ils lui valurent la charge de Colonel général de l'infanterie française; la première dans la hiérarchie militaire après celle de maréchal, d'amiral et de connétable. On lui doit le premier code de discipline militaire. En 1552, à la mort d'Annebaut, sous lequel il avait précédemment servi, il fut nommé amiral, fonction purement honorifique, car il n'exerça jamais de commandement à la mer et ne mit que rarement les pieds sur un vaisseau. Il s'intéressa cependant aux affaires coloniales, il organisa même des expéditions pour fonder des colonies françaises, en 1557, au Brésil ; en 1562 et en 1567, en Floride, mais toutes échouèrent. Nous ne nous étendrons pas sur la carrière politique et militaire de l'amiral, dont la vie est intimement liée à l'histoire de notre pays [Note : Cependant, signalons sa présence en Bretagne, lors de la troisième guerre civile, à l'automne de 1569, quelques mois après la défaite de Jarnac. Attaqué à l'improviste par le duc d'Alençon, près de Moncontour, le 3 octobre, il fut battu. Les Huguenots (mot allemand qui veut dire associés) perdirent 6.000 hommes et l'amiral lui-même, un instant très entouré, faillit y perdre la vie]. Rallié à la Réforme vers laquelle, on le sait, on l'avait dirigé dans sa jeunesse, un peu aussi, dit-on, par affection pour son frère François, il devint, à la mort de ce dernier, en 1567, le chef des troupes de la Réforme dans la deuxième guerre civile. Esprit pondéré, quoiqu'on l'ait accusé d'être d'un fanatisme féroce, les excès des huguenots prirent moins leur source dans son caractère que dans celui de la secte dont il avait pris en mains les destinées. Il la jugeait si bien du reste, que pour en débarrasser la France, il proposa à Charles IX de former une armée des huguenots et de l'amener en Flandre pour guerroyer contre l'Espagne. Le roi refusa par la raison toute simple qu'il n'était point en guerre avec ses voisins. « M. l'Admirai, écrit Brantôme, à cette occasion, voyait bien le naturel de ses Huguenots ; que s'il ne les amusait et occupait au dehors, que pour le seur « (sür) ils recommenceraient à brouiller au-dedans ; tant il les cognoissoit brouillons, remuants, frétillants et amateurs de la picorée. Je sçay ce qu'il m'en dict une fois à La Rochelle, que je l'étais allé voir ». Quoi qu'il en soit, la voie dans laquelle il s'engagea lui fut fatale. Soupçonné d'avoir fait assassiner le duc de Guise, il ne se leva jamais de cette accusation aux yeux des catholiques, malgré l'arrêt solennel du 29 janvier 1566, qui proclama son innocence. Il avait d'ailleurs contre lui un ennemi redoutable, la reine-mère, Catherine de Médicis. Imbue des maximes des cours italiennes, lasse de lutter depuis douze ans contre des adversaires que de multiples revers ne rendaient que plus ardents à la révolte, Catherine de Médicis, imagina de faire servir à ses desseins l'exaspération engendrée chez les catholiques par les guerres civiles, les massacres, les pillages et les appels incessants faits à l'étranger par les protestants. A cet effet, dissimulant ses sentiments, elle leur fit accorder, par l'édit de Saint-Germain, les meilleures conditions qu'ils avaient pu obtenir jusqu'alors, puis convia tous les chefs, y compris Coligny, au mariage, à Paris, de Henri de Béarn avec Marguerite de Valois. Quand ils furent tous réunis, elle fit signer au Roi l'ordre de mettre à mort tous les Huguenots du Royaume. Il était temps, car, le 24 août 1572, lorsque, à deux heures du matin, le tocsin de Saint-Germain l'Auxerrois, donna le signal du massacre général, on ne précédait que de deux heures le coup d'Etat médité par les protestants contre la Cour, coup d'Etat qui devait éclater à quatre heures. Coligny, qui avait été grièvement blessé deux jours avant dans un guet-apens |Note : Le guet-apens avait été préparé par Catherine de Médicis et le duc de Guise et exécuté par Maurevers, officier au service de ce dernier. L'amiral eut deux doigts brisés par une balle ; une autre balle le blessa dangereusement à l'aine. Il fut soigné par Ambroise Paré qui lui fit la section des deux doigts. Cruelle ironie, Catherine de Médicis, accompagnée du Roi, eut l'incroyable audace, alors qu'ils avaient décidé tous deux sa mort, de venir lui prodiguer, le jour même, leurs sympathiques condoléances], était couché. Arraché de son lit, il fut assassiné par Behme, ancien page du duc de Guise, aidé d'un aventurier, Petrucci de Sienne. Il avait 56 ans.

Après le meurtre, que devint le corps de l'infortuné Coligny ? La question est controversée sur certains points, et, a donné lieu à des légendes basées sur de simples probabilités qui, par la suite, ont dû disparaître pour laisser la place à la réalité.

Aussitôt après le meurtre, suivant les uns, le corps fut précipité dans la cour, où l'attendaient le chevalier d'Angoulême, le duc d'Aumale et le duc de Guise. Celui-ci lui essuya le visage pour s'assurer de son identité.

Le baron de Kervyn de Lettenhove |Note : Les huguenots et les Gueux, T. II. Bruges 1884, ch. 22, p. 6, p. 596] donne sur les restes de Coligny des détails assez complets . « Le meurtre de Coligny avait ouvert les scènes de désolation ; une dernière insulte à ses restes sanglants devait les clore ; il y avait 24 heures qu'ils gisaient sur la paille d'une écurie. On se souvient qu'une sentence du Parlement avait jadis ordonné que l'amiral mort ou vif, serait pendu par les pieds au gibet de Montfaucon ? [Note : Cette sentence, datée du 13 septembre 1569, semble avoir été de fait annulée par le retour en grâce de l'amiral, en septembre 1571, près du Roi et de Catherine de Médicis. Ceux-ci-lui prodiguèrent alors les plus grandes marques d'amitié et, Charles IX, à l'instigation de sa mère, lui fit don de 100.000 livres, plus d'un million de la monnaie actuelle, pour la réparation de son château de Châtillon]. Mais à peine son cadavre avait-il été jeté sur une claie et traîné à deux maisons de là, qu'un homme, saisissant une épée, lui coupa la tête et la mit à la pointe du fer ; puis montant à cheval, il la porta de rue en rue, en criant « Voicy le meschant traistre qui à voulu tuer le roy, qui a perdu la France et a faict tant de mal à la ville de Paris ». A chaque carrefour, on enlevait quelques lambeaux de chair, et quand on atteignit le gibet de Maufaucon, on n'y suspendit que des restes méconnaissables ». Une relation du drame déposée aux archives de Bruxelles dit en propres termes : Sans qu'il demeurast chose pour mettre ladicte sentence à exécution.

Ce récit, dans son ensemble, parait assez exact. Voici, en effet, ce qu'écrivait un contemporain des mieux informés, Hotman, auteur d'une vie, en latin, de Coligny, qu'il fit sur la demande même de la famille et dont une traduction française parut en 1643.

« Et ayant fait jeter le corps par les fenêtres dans la cour (où le duc de Guise le frappa du pied), il resta exposé à toutes sortes d'ignominies, partie de ses membres coupés, traîné par les boues, et, enfin, trois jours après, pendu par les pieds à Maufaucon, où il demeura quelques jours pour trophée et marque de la cruauté et rage que le peuple de Paris exerça non seulement sur lui étant en vie, mais aussi sur son corps mort ».

Une note ajoutée par Hotman à ce qui précède, complète ainsi son récit :

« Le peuple, animé par les ennemis de l'Amiral, après avoir mis son corps en plusieurs pièces et porté la plus grande à Montfaucon, en brûla une partie, ce qui resta de sa fureur et des flammes fut recueilli par des amis du défunt, et, comme ces reliques étaient précieuses à Madame la princesse d'Orange [Note : La princesse d'Orange, Louise de Coligny, fille de l'amiral, née à Châtillon-sur-Loing le 28 septembre 1555, morte à Fontainebleau le 20 novembre 1620, épousa en premières noces Charles de Téligny, un ami d'enfance (1571). Celui-ci ayant été, comme son père, tué à la Saint-Barthelémy, elle échappa comme par miracle au massacre et s'enfuit en Suisse d'où elle revint après la pacification de 1576. Suivant d'Aubigné, elle devait se trouver en 1582 à Montauban. Elle a laissé la réputation d'une femme supérieure, et, par le fait, elle joua un rôle considérable politique sous Henri IV. D'après le désir qu'elle en avait exprimé, son corps a été envoyé en Hollande pour être inhumé à côté du prince Guillaume. De Louise de Coligny est descendue la princesse Hélène de Mecklembourg, femme du duc d'Orléans, mort en 1812, fils du roi Louis-Philippe], quelque temps après, elle les fit enfermer dans un petit cercueil de marbre noir [Note : Comme on le verra plus loin, ces restes furent renfermés dans un double cercueil, l'un de bois, l'autre de plomb] couvert d'une lame de cuivre sur laquelle se voit gravée l'inscription suivante, dressée par le grand Scaliger [Note : Savant philologue du XVIème siècle, mort en 1609].

Magnus illius Franciæ
Admirabilis Gaspardis
A Coliniaco
Hujusce loci Domini
Ossa in spem resurrectionis
Hic sunt deposita
Anima autem
Apud eum pro quo
Constantissime
Pugnavit recepta
Est ».

Ce document est confirmé par Luc Geiskoffer.

Cet étudiant allemand qui, bien malgré lui, fut témoin du massacre : « On pendit, dit-il, le cadavre par les pieds au grand gibet, mais, dès la nuit suivante, des partisans, restés inconnus, l'enlevèrent ».

D'une autre part, on lit dans les Mémoires de l’Etat de France sous Charles IX :
« Les catholiques allaient en pèlerinage, assavoir au gibet de Montfaucon visiter le corps de l'amiral. La Reine-mère voulut saouler sa vue d'un tel spectacle, y alla et y mena le roi et ses autres fils. Mais, malgré la fureur des massacreurs, quelques gens allèrent de nuit en ce gibet et otèrent de là le corps de l'amiral, lequel ils enterrèrent en lieu si secret que quelque enquête que les catholiques en aient su faire, il est demeuré enterré ».

D'après tous les historiens jusqu'à, ce jour, ce fut le duc de Montmorency, neveu de l'amiral, qui recueillit les restes de Coligny et les fit inhumer dans la chapelle du château de Chantilly qu'il habitait alors. Rien n'est moins prouvé. Ce qui donna lieu à cette créance qui avait d'ailleurs pour elle la vraisemblance, ce fut le récit que Agrippa d'Aubigné [Note : Histoire universelle. Il y a eu trois éditions de cette histoire : La première est de 1616-20, 3 vol. in-folio. Brûlée par le bourreau. La deuxième, 1626, 3. vol. in-folio, Amsterdam-Genève. La troisième a été publiée par la Société de l'Histoire de France, Paris, 1886-93, 8 vol. in-8], qui écrivait sous Louis XIII, fit de l'événement :

« Quelques jours après, un valet du duc de Montmorency, nommé Antoine, alla de nuit à Montfaucon, seul, avec tenailles et marteaux, pour rompre les chaînes desquelles le corps était attaché. Il le dépendit, l'apporta à Chantilly et le fit consumer dans la chaux. Les os, gardés jusqu'en huitante-deux [Note : Huitante, probablement pour octante, quatre-vingts. Lire 1582] furent apportés à Montauban [Note : A Montauban, d'après ce que m'écrit l'archiviste du département, le fait de la présence de la princesse et la translation des restes de l'amiral dans cette ville, en 1582, sont contestés par les érudits du pays qui se sont occupés de la question. Ce serait de Thou, écrivain favorable à la Réforme comme on sait qui, le premier, fit paraître cette légende, en 1607, dans son Histoire Universelle, histoire qui fut du reste condamnée à Rome par Paul V le 9 novembre 1609 et Benoit XIV le 10 mai 1757. Ce qui semble corroborer cette opinion, c'est la propre correspondance de la princesse publiée par P. Marchegay de laquelle il résulte, qu'à son retour en France, elle se retira a Lierville, propriété que Teligny lui avait laissée en héritage, et y vécut dans la retraite la plus profonde, jusqu'à son second mariage le 12 avril 1583, avec le prince d'Orange, Guillaume le Taciturne qui, lui-même, fut massacré sous ses yeux, le 10 juillet de l'année suivante] et donnés à la princesse d'Orange, fille de l'Amiral ».

Le chanoine Afforty dans sa Chronique de Senlis, dix volumes manuscrits en latin [Note : Aujourd'hui à la bibliothèque de Senlis], rapporte le fait comme il suit : « François, fils aîné du connétable Anne de Montmorency, eut le courage et la consolation de faire enlever de Montfaucon les tristes restes de l'amiral son parent et son ami, qu'il fit enterrer dans la chapelle de Chantilly ». Rousseau-Leroy [Note : Etudes Historiques sur Chantilly] commentant ce passage, écrit « Afforty veut sans doute parler de l'amiral Coligny, massacré à la Saint-Barthélémy et dont on a trouvé les ossements en démolissant la chapelle du château ».

Le récit d’Afforty avec quelqùes variantes, ne fait que produire celui d'Aubigné, à qui il l'a certainement emprunté, car sa chronique, écrite deux siècles plus tard, de 1750 à 1780, n'est qu'une compilation. N'ayant rien qui lui soit propre, elle ne peut confirmer en rien la véracité des faits. Le bon chanoine n'a été qu'un écho, voilà tout. Sans doute il y a lieu de tenir compte de la concordance des relations de ces deux écrivains avec celle d'Hotman, quant à la remise des restes de l'amiral, mais on ne saurait les admettre sans réserves. Il est à remarquer d'ailleurs que, de tous les contemporains, d'Aubigné est le seul qui ait indiqué Chantilly comme ayant reçu le corps de Coligny, aussitôt la Saint-Barthélémy. Il n'en est nullement question dans les narrations qui précèdent. On pourrait objecter qu'Hotman, qui écrivait en pleine bataille, était tenu, pour ne rien compromettre, à une discrétion qui ne s'imposait plus sous Louis XIII, époque à laquelle vivait d'Aubigné où l'effervescence des passions religieuses s'était un peu calmée. On ne s'explique que difficilement ensuite comment un homme seul ait pu faire ce qu'a fait Antoine, soit à Montfaucon, soit en franchissant sans encombre le trajet long, périlleux, semé d'ennemis, qu'il avait à parcourir de Montfaucon à Chantilly. D'autre part, si l'on se reporte au procès-verbal dressé le 7 septembre 1851, lors de la remise par M. le marquis de Montesquiou au duc de Luxembourg des restes de l'amiral, on verra, qu'après avoir ouvert le double cercueil de plomb et de bois [Note : Suivant les apparences résultant de ce procès-verbal, il est fort probable, qu'en 1851, on s'est trouvé en présence du double cercueil où les restes de l'amiral avaient été renfermés, dès le principe, par le duc de Montmorency. On ne voit pas pourquoi, par la suite, on les aurait changés de cercueil. Si cela avait eu lieu, il est certain que, dans cette opération, la matière brunâtre, éminemment friable trouvée à son ouverture, sans doute aurait disparu, et qu'il ne serait resté que des ossements] contenant ces restes, on trouva sous une matière brunâtre, comme momifiée, deux fémurs, une omoplate percée d'un trou circulaire et divers ossements fracturés. Or, si, réellement, comme l'écrit d'Aubigné, le corps de l'amiral a été consumé dans la chaux, on n'aurait dû trouver que des os et nulle autre matière, d'apparence organique, dans son cercueil ou plus exactement dans la petite caisse qui les contenait ; cette caisse, en effet, ne mesurait que 55 centimètres sur 23.

Si l'envoi du corps de Coligny à Chantilly, comme on le voit, peut rester douteux, il n'en est pas de même de son inhumation dans la chapelle du château qui, elle, n'a jamais eu lieu. Ce fut le Mercure de France qui, dans un entrefilet de son numéro de janvier 1619, le premier, donna la nouvelle que, le 10 décembre 1618, on avait découvert, en démolissant la chapelle du château, dans un cercueil de plomb, ne portant aucune inscription, un corps parfaitement conservé. Petitpied, rejeton du Janséniste Duquesnel, fit courir le bruit que ce corps était celui de Gaspard II de Coligny. Le Mercure ayant négligé de publier l'enquête faite à la suite de la découverte qu'il avait annoncée ou ne l'ayant pas connue, ce bruit s'accrédita et peu à peu devint légende.

Cette enquête, en effet, ainsi que l'écrit, en 1722, Mathieu Luillier, un archiviste de Chantilly, démontra qu'on se trouvait en présence du corps de Guillaume Le Bouteiller, troisième du nom, seigneur de Chantilly, mort en 1340 et qui, sept ans plus tôt, avait obtenu l'autorisation de bâtir cette chapelle, d'où la conclusion assez naturelle qu'il y avait été inhumé.

En résumé, il est possible que Montmorency ait recueilli le corps de son oncle pour le soustraire à de nouveaux outrages, rien de plus naturel, mais on n'en est pas sûr. Quant au lieu où il les cacha, Chantilly, Ecouen, où il avait un château, et qui était moins loin de Montfaucon, on n'en sait rien. Les archives de Chantilly n'en ont conservé aucune trace, aucun souvenir, ce qui est étonnant, d'où l'on peut conclure, que Montmorency, étant donné l'acharnement féroce avec lequel on poursuivait Coligny a dû, évidemment, agir avec la plus grande prudence, la plus grande circonspection et s'entourer d'un secret d'autant plus profond qu'il savait avec quelle ardeur on cherchait à le découvrir. Cette situation dura dix ans. En 1582, jugeant, les temps étant un peu changés, qu'il pouvait sans péril, livrer son précieux dépôt aux hasards d'un voyage, il l'expédia à la princesse d'Orange à Montauban [NOTE : Charles IX était mort le 29 mai 1574. Henri III qui lui avait succédé, avait rendu la liberté aux protestants par le traité signé à Loches le 10 mai 1576].

Mais avant de suivre plus loin le malheureux amiral dans son lamentable exode, il reste à rechercher ce que sa tête était devenue. Seiskoffer, l'étudiant allemand que nous avons cité, témoin des événements, comme on sait, dit simplement : D'après « une rumeur, digne de créance, la tête fut apportée à Rome ». Le fait est contesté. Dans son histoire de Charles IX, M. de La Barre-Duparcq écrit : « On a prétendu, mais sans preuves, que cette tête fut portée à Catherine de Médicis, et, qu'ensuite, embaumé, un tel trophée parvint jusqu'au Pape » [Note : Le pape était alors Grégoire XIII, à qui l'on doit le calendrier qui porte son nom]. Mézeray [Note : Frère du fondateur de l'ordre des Eudistes] qui vivait au commencement du XVIIème siècle, c'est-à-dire à une époque relativement voisine de la Saint-Barthélémy, mentionne le fait dans son histoire, d'après le parti protestant ; Guizot le cite, sans pouvoir l'établir. Henri Martin le relate simplement. Mais, d'après M. John Vienot, le fait est exact. Il y a, en effet, à la Bibliothèque nationale, une copie d'une lettre de Mandelot, gouverneur de Lyon, dans laquelle il accuse réception d'une lettre de Charles IX lui enjoignant : « de faire arrêter un homme qui est parti de par là avec la tête qu'il aurait prise à l'amiral, après avoir été tué, pour la porter à Rome ».

Nous avons vu que, suivant d'Aubigné, les restes de l'Amiral avaient été envoyés, en 1582, à sa fille Louise, veuve de Charles de Téligny, à Montauban ; celle-ci s'étant unie, le 12 avril de l'année suivante, à Guillaume de Nassau, prince d'Orange, elle les avait emportés en Hollande. Ici, d'Aubigné nous apprend encore que : « gardés dans un cabinet d’Hollande jusqu'en 1608 et lors posés dans un tombeau de marbre à Châtillon-sur-Loing où sont enterrés les Chastillons. Maintenant, il y a une lame d'airain dessus avec l'épitaphe qui s'ensuit composée par Scaliger » (Suit l'épitaphe).

Le récit de d'Aubigné sur ce point paraît exact. Rapportées en France par Henri de Coligny, en 1601 |Note : Henri de Coligny, petit-fils de l'amiral, tué au siège d'Ostende en 1601. Il avait 23 ans] et non en 1608, comme le dit d'Aubigné, les cendres de l'Amiral furent probablement déposées, à leur arrivée à Châtillon, dans le tombeau de marbre qu'on leur avait préparé dans la chapelle du château et elles y restèrent jusqu'en 1657, date à laquelle s'éteignit la branche mâle des Coligny-Châtillon [Note : Ainsi qu'on le verra plus loin, la branche mâle des Coligny-Châtillon s'éteignit avec Henri Gaspard de Coligny, fils de Elisabeth-Isabelle-Angélique de Montmorency et de Gaspard IV, duc de Châtillon, celui-ci petit-fils de l'Amiral]. A cette époque, elles furent cachées dans la chambre des archives où elle ne furent découvertes que cent vingt-neuf ans plus tard, dans des circonstances singulières. En effet, en 1786, un jour que le marquis de Montesquiou était à, table dans le château de Châtillon avec le duc de Montmorency Luxembourg (Anne-Charles-Sigismond) [Note : Lieutenant général du royaume, pair de France, présida la noblesse aux Etats Généraux, mort en émigration à Lisbonne en 1805], on vint prévenir le duc que des ouvriers avaient découvert une cachette qui, sans doute, devait contenir un trésor. La cachette, au lieu d'un trésor, contenait la caisse de plomb où étaient renfermés les restes de Coligny. Désappointé, le duc laissa percer son mécontentement. Voyant cela, le marquis de Montesquiou lui dit : Eh bien, puisque cette trouvaille ne vous paraît pas précieuse, « donnez-moi les restes de Coligny ». Le duc, sur l'avis de sa femme, qui n'était pas fâchée de se débarrasser de ce dépôt, accueillit la demande qui lui était faite. Le marquis de Montesquiou emporta la caisse à Paris, et, le 16 août 1786, il la fit déposer dans la chapelle qu'il avait fait construire pour la recevoir, à son château de Maupertuis. Sur l'une des faces de cette chapelle, était gravée l'épitaphe suivante :

ICI REPOSENT ET SONT HONORÉS
APRÈS PLUS DE DEUX SIÈCLES
LES RESTES DE GASPARD DE COLIGNY
AMIRAL DE FRANCE
TUÉ A LA SAINT-BARTHÉLÉMY
LE 24 AOUT MDLXXII (1572).

Sur une autre face de la chapelle, était reproduite l'histoire de la Saint-Barthélemy par Voltaire.

A la Révolution, le château fut vendu et démoli, mais la famille de Montesquiou recueillit les cendres de l'amiral, les emporta à Paris et les conserva jusqu'au 7 septembre 1851. A cette date M. le général, Comte Anatole de Montesquiou en fit la remise, suivant procès-verbal de constat dressé le même jour, à M. le duc de Châtillon, Chartes-Emmanuel-Sigismond de Montmorency-Luxembourg, fils du duc qui les avait données, en 1786, à M. le marquis de Montesquiou et dernier duc de Châtillon. Le duc les fit placer dans un pan de mur, dernier débris de l'ancien château, sous une plaque de marbre blanc, avec l'inscription suivante :

« Les précieux restes de l'amiral Gaspard de Coligny, recueillis après la Saint-Barthélémy, par les soins du maréchal de Montmorency, son cousin [Note : François, fils aîné du Connétable Anne de Montmorency], furent, lors de la réhabilitation de l'amiral, qui eut lieu par lettres patentes du roi Henri IV, données le 10 juin 1599 » [Note : On se rappelle que Coligny avait été condamné comme criminel de lèse-majesté le 13 septembre 1569. Rentré en grâce deux ans après, en 1571, il est évident que la réhabilitation de 1599 ne se rapporte pas à cette condamnation, mais à l'arrêt que Charles IX fit rendre quelque temps après la Saint-Barthélémy, le 27 octobre 1572, par lequel Coligny fut déclaré et convaincu de crime de « lèse-majesté, chef principal et auteur d'une conspiration contre le roi et son Etat, ordonné que son corps, s'il se pouvait trouver, sinon en effigie, serait traîné sur une claie, pendu à une potence sur la grève, de là porté au gibet de Montfaucon, toutes ses portraitures brisées et foulées aux pieds par le bourreau, ses armes traînées à la queue des chevaux, par les rues de Paris, ses biens confisqués, ses enfants déclarés roturiers, intestables et indignes de tenir aucunes charges, dignités, ni biens dans le royaume, sa maison de Châtillon rasée et dans l'aire, attachée une lame de cuivre où serait gravé le contenu de l'arrêt ». On a vu que Charles IX après sa réconciliation avec l'amiral, en 1571, lui avait accordé 100.000 livres, pour la réparation de ce même château dont cet arrêt ordonnait la démolition. Celle-ci que l'on avait commencée fut interrompue en raison de la valeur du monument. Henri III, en 1576, le rendit avec toutes ses dépendances à François de Coligny, fils de l'amiral, devenu le chef de la famille par la mort de Henri et de Gaspard ses aînés]. Successivement déposés à Chantilly, à Montauban, à Châtillon-sur-Loing [Note : Il y a ici une erreur évidente et une lacune. En 1599, les cendres de l'amiral ne pouvaient être déposées à Chantilly, puisque elles avaient été emportées en Hollande par sa fille, en 1583, et qu'elles n'en furent ramenées qu'en 1601. Si elles ont été déposées à Chantilly, elles n'ont pu l'être que de 1572 à 1582, et, dans aucun cas, lors de la réhabilitation en 1599. La lacune, c'est précisément leur transfert en Hollande dont il n'est pas fait mention], duché dépendant de l'apanage de la maison de Coligny, transférés en 1786 à Maupertuis, dans un monument élevé à son souvenir par M. le marquis de Montesquiou ; retirés ensuite de ce monument en 1793, ils ont été conservés par sa famille jusqu'en 1851, époque où M. le comte Anatole de Montesquiou en a fait la remise à M. Charles-Emmanuel-Sigismond de Montmorency, duc de Luxembourg, de Piney et de Châtillon-sur-Loing, ancien pair de France, capitaine des Gardes du Corps des rois Louis XVIII et Charles X, qui, pour honorer la mémoire de l'amiral de Coligny, a déposé le 29 septembre 1851, sa dépouille mortelle, dans les ruines du château, duché de Châtillon-sur-Loing, à l'endroit même où l'amiral a pris naissance, dans le séjour objet de son affection.

ICI REPOSENT ET SONT HONORÉS ENFIN
APRÈS PLUS DE DEUX SIÈCLES
LES RESTES DE GASPARD DE COLIGNY
AMIRAL DE FRANCE
TUÉ A LA SAINT-BARTHÉLÉMY
LE XXIV AOUT MDLXXII

Note : Cette épitaphe n'est que la reproduction de celle qui figurait sur une des façades de la chapelle de Maupertuis.

Tombeau de Gaspard Coligny, amiral de Coligny

Les restes de l'infortuné et célèbre amiral de Coligny ont-ils enfin terminé pour toujours l'exode extraordinaire qu'ils ont commencé il y a plus de trois siècles ? C'est le secret de l'avenir.

Gaspard II de Coligny s'est marié deux fois :

De son mariage avec Charlotte de Laval, il eut huit enfants, un fils né en 1549 ne vécut que quelques instants.

Henri, né en 1551, ne vécut que 15 mois.

Gaspard, né en 1554, mort en 1568.

Louise, née en 1555, morte à Fontainebleau le 19 novembre 1620, veuve de Guillaume de Nassau, prince d'Orange.

François, seigneur de Châtillon, né en 1557, mort le 8 octobre 1591.

Odet, né en 1560, mort en 1577, en faisant campagne sous les ordres de son frère François. Nous en reparlerons.

Renée, née en 1561, morte jeune.

Charles, marquis d'Andelot, né en 1564, mort en 1632.

De son second mariage avec Jacqueline d'Entremonts, il n'eut qu'une fille Béatrix, née le 21 décembre 1572, quatre mois après la Saint-Barthélémy, qui épousa, le 30 novembre 1600, Claude-Antoine Bon, baron de Montauban.

IV.

François de Coligny, dit d'Andelot

François de Coligny, dit d'Andelot, le plus jeune des Coligny, naquit au château de Châtillon-sur-Loing le 18 avril 1521. Il fit ses premières armes avec son frère Gaspard et guerroya avec lui jusqu'à la fin du règne de François Ier et les débuts de celui de Henri II. En juillet 1551 il s'en sépara et partit pour l'Italie. Nommé « lieutenant pour le Roy contre les gens de l'Empereur » de la ville de Palerme, il fut fait prisonnier dans une sortie et renfermé au château de Milan d'où il ne sortit que cinq ans après (1556), à la paix de Vaucelles. A peine de retour en France il se signala par son ardeur pour les doctrines nouvelles, ce qui lui valut d'être interné au château de Melun par ordre de Henri II. Ce ne fut pas pour longtemps. Le roi et Catherine de Médicis avaient tout intérêt à ménager le fougueux chef huguenot pour se l'attacher. Ils lui demandèrent simplement, pour rentrer en grâce, de consentir à assister à une messe, et encore sans témoins, à l'intérieur de sa prison. D’Andelot qui ne se souvenait de son long séjour au château de Milan qu'avec amertume, naturellement ne se souciait nullement d'affronter une nouvelle épreuve, aussi se hâta-t-il d'acquiescer au désir du roi. Bien lui en prit, car, non seulement sa condescendance lui valut d'être libre, mais encore, faveur inappréciable, d'être nommé Colonel général de l'Infanterie, charge restée vacante par suite de la promotion de son frère à l'amiralat en 1552. Calvin lui ayant adressé de vifs reproches pour sa conduite, il lui répondit : « l'avoir fait par grande infirmité ». Quoi qu'il en soit, dans cette haute situation, d'Andelot, surnommé le premier soldat de France, aurait pu rendre les plus grands services à son pays. Mais, entraîné par ses convictions religieuses, d'autant plus grandes, qu'elles avaient été confirmées par la lecture de livres sur la Réforme et l'étude qu'il en avait faite dans sa prison de Milan, ce fut au protestantisme qu'il apporta l'appui de ses capacités, de son énergie et de sa valeur morale basée, malgré les séductions d'une cour corrompue, sur la pureté de ses mœurs.

C'est à d'Andelot, appuyé par les puissantes familles des Rohan, des Rieux et des seigneurs leurs vassaux que l'on doit, en majeure partie, l'introduction du protestantisme en Bretagne. En 1559, en effet, après la guerre d'Espagne, profitant de la paix signée à Câteau-Cambrésis, entre Henri II et Philippe II, roi d'Espagne, il s'en vint à son château de la Bretesche aux environs de La Roche-Bernard [Note : Le premier prêche public en Bretagne fut fait, le 10 juillet 1561, à la Roche-Bernard, par le pasteur Louveau, le même qui, le mois suivant, assista Claude de Rieux à ses derniers moments]. Son action fut d'autant plus efficace que sa prépondérance y était plus considérable. En effet, par suite de son mariage, le 15 mars 1547, avec Claude de Rieux qui, en plus du comté de Laval, lui avait apporté en dot un territoire énorme, comme dame de la Roche-Bernard, de Rieux, de Pontchâteau, d'Ancenis, etc., il se trouva être le suzerain de nombreux seigneurs. Ceux-ci, soit qu'ils eussent subi son influence, soit par condescendance ou indifférence, se rallièrent aux doctrines nouvelles. Mais, il n'apparaît pas, qu'en dehors de l'entourage immédiat de d'Andelot, la Réforme ait jeté de profondes racines en Bretagne, pays essentiellement catholique à cette époque. Les prosélytes furent si peu nombreux, si méprisés même, qu'un écrivain, Philippe Le Noir de Crévain, pasteur de Blain de 1651 à 1685 [Note : Marquis de Bellevue : Aperçu historique sur le Protestantisme et les guerres de la Ligue dans le pays de Châteaubriant] a pu écrire : « qu'on les méprisait plus qu'on ne les persécutait et qu'on avait plus de peine à les rencontrer qu'à les combattre ».

On a prétendu que ce fut d'Andelot qui entraîna ses deux frères dans le schisme. Pour Odet, c'est au moins douteux, le cardinal de Châtillon avait bien d'autres soucis. Quant à l'amiral, il paraît avoir surtout obéi aux événements et s'être laissé entraîner par eux. Une fois lancé, d'Andelot, étant donné la netteté de ses idées, ne s'arrêta plus. Cependant, malgré ses tendances d'irréconciliable, il ne semble pas avoir suivi son frère dans son opposition à la paix signée, pendant son absence, par Condé avec la Reine Mère. S'il fut plus tard le principal auteur des troubles de 1567 et de 1568, il y fut poussé par la perfidie de cette dernière. En 1569, il poursuivait la campagne, lorsque deux mois après la bataille de Jarnac où il avait sauvé du désastre la majeure partie des troupes protestantes, le 27 mai [Note : Certains auteurs écrivent le 27 juillet. D'après la Nemausa, revue Nîmoise, 1883, ce serait le 7 mai], dans une bourgade près de Saintes, il mourut subitenent, enlevé par une maladie foudroyante, où tous les écrivains ont cru entrevoir une intervention secrète de Catherine de Médecis [Note : Dubouchet, Histoire de la maison de Coligny, p. 1118, 1660, in-folio d'Aubigné. Histoire universelle, t. 1, Livre 5, chap. IX].

De sa première union avec Claude de Rieux [Note : Sœur de la célèbre Renée qui se fit appeler Guyonne XIX et qu'on surnomma Guyonne la folle], il eut quatre-enfants :

Une fille morte enfant.

Marguerite qui épousa Julien de Tournemines, seigneur de Montréal.

Guy Paul, comte de Laval, Guy XIX, mort en 1586 [Note : Guy Paul, comte de Laval qui, en 1579, rapporta les restes de son père à la Roche-Bernard, ainsi qu'on le verra plus loin].

François, sieur de Rieux, mort en 1586.

De son mariage en 1564, en Lorraine, avec la princesse de Salm, veuve du sieur d'Assenleville [Note : Arrière grand'tante du prince de Salm, guillotiné à Paris, peu de jours avant le 9 thermidor. Ce de Salm, très intrigant, disait, en parlant du prince d'Orange, cet adversaire redoutable que nos armées eurent devant elles jusqu'en 1797, prince dont il voulait capter la faveur « Croyez, du reste, que je n'ai pas tellement le goût du citron, que je ne m'accommode aussi très bien de l'orange ». Son mariage avec d'Andelot tient du roman. Comme elle l'avait contracté malgré l'opposition de ses parents, elle s'enfuit de la maison paternelle, en croupe derrière son mari], il eut également quatre enfants :

François, seigneur de Taulan, mort en 1586.

Benjamin, seigneur de Sailly, mort en 1586.

Anne et et Suzanne, baronne d'Outre.

En 1586, de la postérité mâle d'Andelot, il ne restait plus qu'un fils Guy XX, que Guy, Paul, avait eu de son mariage avec Anne d'Allègre et qui mourut en 1605 [Note : Tout ce qui concerne Nîmes, a été fait d'après des documents qui m'ont été adressés par M. Maruéjol, l'aimable et savant directeur de la Nemausa].

Lorsque d'Andelot eut cessé de vivre, son corps fut embaumé et transporté à La Rochelle où des funérailles magnifiques furent faites à celui qui avait été l'un des plus brillants et des plus fermes soutiens de la religion réformée. Le cercueil déposé dans la tour de La Chaîne, y resta dix ans, il en fut retiré en 1579 par les soins du comte de Laval, Guy XIX, son fils aîné. Ici les écrivains ne sont pas d'accord sur le lieu où le comte de Laval transporta les cendres de son père.

Ménard (écrivain) dans son Histoire des Evêques de Nîmes dit que le corps fut transporté à Nîmes parce que, en raison de l'état religieux de cette ville, alors acquise au protestantisme, on estimait qu'il y serait plus en sûreté et moins exposé aux outrages.

Un écrivain de Nîmes, M. Donnedieu de Vabres, est du même avis que Ménard [Note : Nemausa, t. 1er p. 39, 1883]. Il fait ressortir que, pendant la période qui nous occupe, François de Châtillon, fils de l'amiral, et neveu de d'Andelot, en septembre 1577, avait recruté à Nîmes une armée qu'il conduisit au secours de Montpellier assiégé par les catholiques. En 1578, il s'empara de Sernhac et de Bézouec. En janvier 1579, il est toujours dans la contrée. En 1580, il préside à, Nîmes un consistoire et prend le titre de « Commandant du Bas-Languedoc sous l'autorité du roi de Navarre et protecteur général des églises réformées du royaume ». François de Châtillon était donc un personnage important, dont la prépondérance était d'autant plus grande, qu'elle s'exerçait sur des populations amies, ralliées à la réforme dont il était le chef, avec son quartier général à Nîmes. Qu'il semble, dès lors, tout naturel qu'il ait recueilli près de lui les restes de son oncle pour les soustraire à un parti hostile et leur fait rendre les honneurs qui leur étaient dus. Le corps de d'Andelot arrivé à Nîmes en 1579, y fut reçu avec respect. Un tombeau lui fut élevé dans la cour de l'hôtel de ville. Ce tombeau était en pierre supporté par quatre colonnes et adossé au mur. Il fut respecté pendant un siècle et demi. Nous arrivons à 1729. Dans l'intervalle, en 1700, la municipalité avait cédé l'ancien hôtel de ville à la congrégation des religieuses de Notre-Dame de la Victoire que Fléchier avait fait venir pour diriger le Refuge des filles repenties. Le tombeau de d'Andelot y était toujours, seulement les temps étaient bien changés depuis 1579 et le brillant colonel général de Henri II (du moins on était convaincu que c'était lui), ne devait pas tarder à s'en apercevoir. En 1729, les religieuses, alors absolument dépourvues de ressources, réduites à la pauvreté, ne sachant que faire, irritées, à bout d'expédients, s'imaginèrent que la présence dans leur couvent du tombeau d'un hérétique était la cause de leur détresse et résolurent de se débarrasser de ces restes maudits. En conséquence, une nuit, à la lueur des torches, les religieuses, les unes armées de croix et de chapelets, les autres de pinces et de leviers, se jettent sur le tombeau, l'ouvrent, trouvent le corps, enveloppé de toile, dans une caisse de bois, l'en arrachent, le hachent en plusieurs morceaux et le brûlent. Les parfums les plus agréables provenant sans doute des aromates s'en exhalent. Mais, elles ne peuvent tout détruire, on charge alors une servante de ramasser les cendres et le reste des ossements et d'aller les jeter dans les fossés de la ville, ce qui fut fait. Ménard qui écrivait à ce moment là même son Histoire des Evêques de Nîmes, mentionne les faits d'une façon précise et d'après le témoignage d'une des personnes qui ont assisté à l'exhumation du corps. En effet, quelques jours après l'événement qui, naturellement avait été vite connu et fait grand bruit, un poète du temps [Note : Le poète est inconnu, mais son manuscrit, complètement inédit, ayant pour titre : Dandelot, Colonel général de l'infanterie française, exhumé, existe à la Bibliothèque de la Faculté de Théologie de Montauban] eut la curiosité d'en contrôler l'exactitude. Il eut la bonne fortune de rencontrer une des pensionnaires du Refuge qui avait pris une part active à cette scène macabre. Elle confirma de tous points les faits, ajoutant seulement : « que le cadavre était petit et qu'il avait sur la poitrine quelques fleurs de lys de cuivre doré (ce qui devait le rendre respectable) qu'elles s'en divertirent assez longtemps, en se les jettant les unes aux autres, qu'après en avoir assez badiné elles le hachèrent... ».

En voici les dix derniers vers :

Aussitôt on s'apprête et l'on prend le couteau,
Le cadavre en victime est haché par morceau,
Le feu, le recevant, pâlit paraît se plaindre,
Les flammes s'affaissant semble vouloir s'éteindre ;
La nuit même, la nuit, d'où naissent les terreurs,
Ne se prêta qu'à peine à toutes ces horreurs,
Le feu consume tout, on ramasse la cendre,
Et l'on fut hors des murs sans crainte la répandre,
Peut-on rien voir, hélas ! de plus humiliant ?
Les cendres d'un héros sont le jouet du vent.

Tel était l'état de la question en 1883. On était dans l'erreur et, certainement, les auteurs de la scène dramatique de 1729 auraient montré moins d'ardeur dans leur transport macabre et le poète qui l'a chantée, moins de lyrisme, s'ils avaient su la vérité qui n'est du reste connue que depuis peu d'années.

Dès le début de cette étude, je m'étais préoccupé de cette question du transfert du corps de d'Andelot de La Rochelle à Nîmes par le comte de Laval. Cela me semblait tout à fait inadmissble, d'autant plus que d'Andelot avait témoigné le désir, avant de mourir, d'être inhumé près de Claude de Rieux, sa première femme. Celle-ci ayant son tombeau à La Roche-Bernard, il devenait évident que le comte de Laval, se conformant aux volontés de son père, n'a pas fait le voyage de La Rochelle pour le transporter à Nîmes, voyage que la pacification de 1576 rendait désormais inutile, mais à La Roche-Bernard, près de Claude de Rieux, où d'Andelot avait voulu dormir son dernier sommeil. Mais si ce n'est pas François d'Andelot, quel est donc le personnage mystérieux qui a occupé le tombeau dont nous avons vu la violation par les religieuses de Notre-Dame de la Victoire ? Des documents contemporains des événements vont nous le dire. C'est d'abord Rulman [Note : Des antiquités de la Gaule narbonaise et des révolutions du Languedoc, 1627, récit 56, art. 3, Bibliothèque nationale, manusc. franç., n° 865, f° 91] dont voici le récit :

Le mauzolée de marbre dans la basse-cour de l'hostel de ville

« On voit dans fa basse-cour de l'hostel de ville un superbe tombeau relevé sur deux colonnes joignant la muraille à main droite de l'entrée. Cet antique sépulchre a sept pieds de longueur, deux et demi d'épaisseur et trois de hauteur. Il est orné de festons de fruits tout autour qui paraissent en demi relief et le couvert fait en dos dasne est parsemé d'escailles très délicatement addoucies les entrailles du sieur Dandelot, oncle du Maréchal de Chastillon, qui mourent dans Nismes, y furent déposées (1580). On le releva durant les mouvements passez au coin de la place aux herbes, joignant la porte de l'evesché ; après la prise de Témines et l'édit de Nantes, on l'enferma dans la tour lustrale de l'evesque (1598) dou il fut transporté dans la maison de ville, lorsque le chapitre fit rebastir l'église cathédraie (1620).

Toute l'ordonnance des colonnes qui le supporte est moderne et le losange dans lequel ce vers est escrit en lettres d'or, au beau milieu de la face de ce monument : « Ossa viri magni tenui quam clausa sepulchro.

O que les os d'un grand homme sont enclos dans un fort petit lieu ».

Cette narration est en partie confirmée par Gaillard Guiran, écrivain Nimois très scrupuleux et précis (1600-1680) dont le manuscrit en deux volumes sur les Antiquités et les Inscriptions de Nîmes se trouve en Autriche, à Vienne, à la bibliothèque impériale. Le premier volume (Manuscrit n° 7047, f° 301) contient un article qui a été transcrit comme suit, dans le Corpus Inscript. latinarum (T. XII, n° 3374), par M. Otto Hirschfeld :

« Nemausi, sarcophagus, cum prestaret ante cedes épiscopales, anno 1609 translatus in curiam municipalem, in cujus atrio duabus columnis impositus cernitur. In tabula quadrata olim legebatur hæc romana inscriptio ut audivi a quibusdam :

D. M.
L'AEMILIVS SIBI
ET UXORI
CARISSIMAE

quae deleta fuit et in illius locum hi versus appositi : Ossa viri magni tenui quam clausa sepulchro.
Sed omnia vetustate et injuria temporum corrupta sunt ita ut ne litterala supersit »
[Note : Le sarcophage de Nîmes qui se trouvait devant la maison épiscopale, fut transporté en 1609 à l'hôtel de ville et posé dans la cour sur deux colonnes. On lisait autrefois sur la table carrée cette inscription romaine, comme je l'ai entendu dire par bien des personnes : DIEUX MANES. L'AEMILIUS A LUI ET A SON ÉPOUSE TRÈS CHÈRE, laquelle fut détruite et remplacée par ce vers : Que les os d'un grand homme sont enclos dans un fort petit lieu. Mais le tout a été détruit par la vétusté et les injures du temps à tel point qu'il ne reste plus rien de cette inscription].

Enfin, un troisième écrivain, François Séguier, le plus éminent des archéologues Nîmois, né en 1703, mort en 1784, a reproduit la version de Guiran, mais en la modifiant notablement. Séguier n'en est pas moins digne de foi, et, si son texte n'est pas conforme, cela provient de ce que le second volume de l'ouvrage de Guiran a deux exemplaires entre lesquels les différences de texte sont sensibles. Voici la citation de Séguier. Les mots, en français, Tombeau au refuge, ne sont là que pour préciser l'endroit où se trouvait le tombeau :

Tombeau au refuge. — In isto sarcophage reconditum cor et intestina Odeti Andelot, Gasparis Colinii, Castellionœi, francisci Ammiralii qui obit nemansi anno 1577, 8bris 18. Anno 1609 translatus in curiam municipalem, Antiqua inscriptio romana legebatur in tabula quadrata istius monumenti quæ deleta fuit, et in illius locum hi versus appositi : Ossa viri magni tenui quam clausa sepulchro.

Inscriptio romana est :

D. M.
L'OEMILIUS SIBI
ET UXORI
CARISSIMAE
.

Note : Dans ce sarcophage sont renfermés le cœur et les entrailles de Odet Andelot, fils de Gaspard de Coligny de Châtillon, amiral de France, qui mourut à Nîmes, le 18 octobre 1577. En 1609, il fut transporté dans la cour de l'hôtel de ville. Sur la table carrée de ce monument se lisait une inscription romaine antique qui fut effacée et remplacée par ce vers : Que les os d'un grand homme, etc. L'inscription romaine est : DIEUX MANES, etc., etc. On se demande, en présence de ce qui précède, ce qu'il peut y avoir de vrai dans l'autodafé dramatique raconté par Ménard, à moins que la description du sarcophage formidable de sept pieds de long, de deux et demi d'épaisseur, de trois de hauteur, posé en plus sur des piliers, ne soit le fruit de la riche imagination de Rulman et qu'il y ait eu à l'intérieur autre chose que le cœur et les entrailles de Odet mentionnés par Séguier.

Voilà un texte du XVIIème siècle et d'un auteur sérieux qui dissipe tous les doutes et soulève le voile qui jusqu'à ces dernières années, cachait la véritable personnalité du héros posthume de la fameuse nuit de 1729. Le grand homme, était tout simplement Odet d'Andelot, fils de Gaspard de Coligny, seigneur de Châtillon, amiral de France. Il était né en 1560 et avait dix-sept ans quand il mourut à Nîmes en 1577. C'est donc avec raison que Rulman a écrit : oncle du Maréchal de Châtillon, Gaspard III, fils de son frère François, sous les ordres duquel il se trouvait à Nîmes au moment de sa mort, oncle, et non grand-oncle comme l'a reproduit une constante tradition jusqu'à nos jours.

Nous avons dit que Guy de Laval, en 1579, était venu à La Rochelle, pour y recueillir les cendres de son père. Tous les auteurs rochellois se sont occupés de d'Andelot et tous sont d'accord sur ce point. Nous n'en citerons que deux, Barbot et La Popelinière [Note : Barbot, Collection des archives de La Saintonge et de L'Aunis. T. XVI. — La Popelinière, Histoire de France 1581, p. 87. lmp. Abraham Haultiin, p. 351], contemporains des événements, dont le récit a dû vraisemblablement être reproduit par tous ceux qui ont écrit après eux, et est d'autant plus digne de foi, qu'ils étaient de La Rochelle où la famille de d'Andelot s'était réfugiée, avait longtemps vécu, et jouissait de la plus grande notoriété. C'est à La Rochelle que Anne de Salm, sa seconde femme, accoucha de son second fils, Benjamin, dont la marraine fut la célèbre Catherine de Parthenay [Note : Cette Catherine de Parthenay était la petite nièce de la fameuse Anne de Parthenay, un des plus brillants ornements de la Cour de Renée de France, et fille de Catherine de Parthenay, épouse, en premières noces, du baron de Pons et, en secondes noces, de René, vicomte de Rohan. Elle était la sœur du fameux duc de Rohan., prince de Léon, qui fut un des plus grands capitaines de son siècle mais aussi un des plus dangereux par son caractère romanesque, fantasque et son exaltation pour la religion réformée. Elle avait épousé Jean II, duc de Rieux. C'est elle qui fit à Henri IV cette fière réponse « Je suis trop pauvre pour étre votre femme et trop noble pour être votre maîtresse »].

Le premier, Barbot, fait mourir d'Andelot à Saintes le 27 mai 1569, d'une fièvre chaude « le corps, lequel ayant esté embaulmé, fut apporté peu de jours après en cette ville (de La Rochelle) où il fut recueilly avec toutes sortes d'honneurs, le maire et ceulx du corps de ville le recepvant à la porte avec les compagnies toutes en armes, comme ayant esté le collonel de l'Infanterie de France, et fut le susdit corps, conduit avec les dites compagnies, la noblesse qui l'avait amené, celle qui estoit en cette ville et par la royne de Navarre et sa suite, jusques à la tour de la Chaisne, avec tout l'honneur et respect qui pouvait être deu à son nom et à sa mémoire, en laquelle dite tour il auroit été gardé et desposé jusques en l'année 1579 que son fils aîné, le seigneur de Laval, l'en tira pour le faire porter au tombeau de ses ancêtres ».

Voici ce que dit le second, La Popelinière : « D'Andelot, sortant de Poitou, se retira à Saintes ; surprins d'une fièvre chaude (qu'on disait pestilentieuse) maladie fort commune en ces pays, et qui fist quitter ce monde à plusieurs. De fait, ne séjourna guères qu'un samedi vingt-septieme mai et finist ses jours au grand regret des Protestans. Ouvert, ses entrailles furent inhumées audit lieu et son corps embaumé fut porté à La Rochelle, d'où son fils aîné de La Val y passant, le fit enlever 1579 et porter à (en blanc) comme tombeau de ses ancestres. Aucuns estimoient qu'il avait été empoisonné et quelques médecins (avoir visité son corps) le rapportaient ainsi ».

Certainement ces historiens n'indiquent pas le lieu où le comte de Laval a transporté les cendres de d'Andelot ; ils ignoraient, sans doute, le désir qu'il avait exprimé, avant de mourir, d'être inhumé près de sa première femme, Claude de Rieux, et ils en conclurent que son fils ne pouvait pas l'emporter ailleurs que là où étaient les tombeaux de sa famille, de ses ancêtres. Dans la circonstance, ce ne pouvait être qu'à Châtillon-sur-Loing, mais d'après le relevé exact, fait à Châtillon, des Coligny qui y furent inhumés, il résulte que d'Andelot n'y a jamais été


transporté. Par suite, on est donc obligé d'admettre, comme la seule vraie, l'hypothèse de son transfert à la Roche-Bernard qui, en 1579, grâce à lui, était au pouvoir des Huguenots. Mais, hélas ! depuis le 27 mai 1569, les événements avaient marché. A la mort de sa femme, en 1561, au château de La Bretesche |Note : A 8 kilomètres de La Roche-Bernard], d'Andelot avait transformé la chapelle [Note : Cette chapelle a existé jusqu'en 1630, sous Louis XIII, et les matériaux de sa démolition ont été employés à la construction de l'ancienne église paroissiale (de Saint-Michel) démolie elle-même de nos jours et remplacée par l'église actuelle. Je relève un détail à retenir relatif à l'ancienne église. Avant la création du cimetière qui l'entourait, qui eut lieu en 1743, les inhumations étaient faites dans l'intérieur de l'église même, avec des prix différents suivant la place choisie. Le prix le plus élevé s'appliquait à la partie qui allait de la balustrade du chœur à la petite porte ; puis venait une deuxième zone depuis la petite porte jusqu'au bas de l'église. Où était le temple de l'hôpital ? Très certainement, hors de ville, sur le terrain-place, à l'entrée de la route de Nantes, d'un côté, et, de l'autre, à celle du petit chemin qui mène à la vieille fontaine. En effet, ce point, malgré la disparition du temple, s'est toujours appelé : Le Dôme. On y a fait de grands remblais, et, en 1851, creusé un puits, dont la margelle, en pierres de taille, provient du vieux puits qui existait autrefois au centre de la ville. Le temple ne devait pas être loin de ce puits] de l'hôpital, à la Roche-Bernard, antérieure au XVIème siècle, en temple calviniste et lui donna le nom de Dôme [Note : Sans doute en souvenir de son long séjour en Italie. En effet, le Dôme, il Duomo, est un italianisme qui désigne toujours la cathédrale, l'église, quand même l'architecture en serait ogivale]. C'est dans ce temple qu'il fit déposer ses restes dans un magnifique mausolée. Sept ans plus tard, en 1568, ce mausolée fut détruit par le chef catholique Quengo, qui tenait alors garnison à La Roche- Bernard (Lenoir, histoire ecclésiastique, Ed. Vaurigand, 1850). Il y a tout lieu de penser que Quengo se borna à démolir la partie monumentale de la sépulture sans la violer et sans toucher au temple, puisque celui-ci a duré encore plus d'un demi siècle et que le comte de Laval, onze ans plus tard, en 1579, a pu, en y déposant d'Andelot près des cendres de Claude de Rieux, réaliser la recommandation que son père lui avait faite en mourant.

Nous ajouterons que des fouilles, pratiquées actuellement avec soin et largement, mettraient peut-être à découvert les fondations de l'ancien temple calviniste et feraient retrouver des restes de sépultures.

V.

Au point oit nous sommes arrivé, 1586, il ne reste de survivants que trois des huit enfants de l'amiral, Louise, François, seigneur de Châtillon et Charles, marquis d'Andelot.

Louise, princesse d'Orange a, comme on l'a vu plus haut, été inhumée en Hollande près de Guillaume de Nassau.

François, seigneur de Châtillon, échappé comme par miracle à la Saint-Barthélémy, avec son frère puîné, Odet, le même dont on a lu l'aventure posthume et si dramatique à Nîmes, se réfugia en Suisse, en revint en 1575, prit le titre de seigneur de Châtillon et se mit au service du roi de Navarre. Son histoire est celle de la conquête par ce roi de son royaume aussi, quand, en pleine gloire, à l'âge à peine de 35 ans, la mort vint le surprendre à Châtillon le 8 octobre 1591, Henri IV pleura en lui, non seulement le chef militaire habile, mais encore l'ami dont la vie n'avait été qu'un long dévouement pour sa personne et pour sa cause. François de Coligny a été inhumé à Châtillon. Sa tombe, comme celles de ses ancêtres et de bien d'autres, fut violée en 1793.

De son mariage avec Marguerite d'Ailly de Pecquigny, il avait eu deux fils : Henri et Gaspard, et une fille : Françoise.

Henri lui succéda, alla en Hollande comme colonel général d'Infanterie, et, comme on l'a vu, ramena à Châtillon les cendres de son grand-père, puis retourna en Hollande pour se faire tuer au siège d'Ostende. Sépulture inconnue, son corps n'ayant pas été reporté en France.

Gaspard succède à son frère Henri.

Françoise épousa le 4 avril 1602 René de Talensac, seigneur de Londrières.

Charles de Coligny, marquis d'Andelot, enlevé au lendemain de la Saint-Barthélemy, fut renfermé à Marseille, au couvent de Notre-Dame de la Garde, d'où il ne fut libéré qu'en 1577. Par la suite, il servit sous les ordres de son frère François, qu'il mécontenta souvent. Nommé gouverneur général de la Champagne, il y mourut sans laisser de filiation mâle. Les recherches faites par nous jusqu'à ce jour, pour découvrir le lieu de sa sépulture, sont restées infructueuses.

Gaspard III, dit le Maréchal de Châtillon, Colonel général d'infanterie, maréchal de France, succéda à son frère Henri ; il se signala en divers sièges et combats, gagna la bataille d'Avein (20 mai 1635) et vit sa seigneurie de Châtillon érigée en duché-pairie. Il abjura le protestantisme et mourut en 1646 à Châtillon où il fut inhumé.

De sa femme Gabrielle de Polignac qu'il épousa en 1615, il eut quatre enfants :

Maurice, qui se fit tuer en duel pour Mme de Longueville en 1643.

Gaspard, qui lui succéda.

Henriette, d'abord comtesse de Hadington, puis comtesse de Suze, dont elle a rendu le nom trop célèbre par ses nombreuses galanteries.

Anne, mariée en 1648, à Montbéliard, au duc George II de Vurtemberg [Note : L'Eclair, énumérant les personnes assistant à un grand mariage, à Paris, vers 1907, citait M. le comte et Madame la comtesse de Coligny-Châtillon. D'après M. Tonnelier, cette famille prétend descendre de Léopold Eberhard, fils de cette Anne de Coligny].

Gaspard IV, s'appelle d'abord marquis d'Andelot, puis duc de Châtillon à la mort de son père. Aide de camp de celui-ci, il parut avec distinction aux sièges d'Ivry (1638), de Saint-Omer, de Mouzon, à la prise d'Arras ; prit une large part aux journées d'Honnecourt, (1642) de Rocroy (1643). En cette dernière année, il abjura le calvinisme. Créé, peu après, maréchal de camp, il continua de rendre au roi de bons et loyaux services, tantôt en Hollande, tantôt en Catalogne. Atteint d'une balle au ventre à l'attaque du pont de Charenton, il expirait le 19 février 1649. Ll n'avait que 39 ans.

Le roi voulant honorer la mémoire de ce grand homme de guerre, qui avait rendu à l'Etat de si grands services, ordonna qu'il fut inhumé, avec toute la pompe possible, à Saint-Denis. Le lieu de sa sépulture n'indique que trop ce que ses cendres sont devenues par la suite.

De son mariage avec Elisabeth-Isabelle-Angélique de Montmorency, il ne laissa qu'un fils, Henri Gaspard de Coligny, né en 1648, mort en 1657. En lui s'éteignit la postérité masculine des Coligny-Châtillon.

Restée veuve à 23 ans, sous le nom de duchesse de Châtillon, Elisabeth épousa, à 38 ans, en 1664, le duc Christian Louis de Mecklembourg-Schwerin, prince d'Allemagne. Cette union ne fut pas heureuse. A la suite de dissentiments, elle se sépara de son mari, quant aux biens, et, plus tard, refusa de le suivre lorsqu'il quitta définitivement la France pour retourner dans ses Etats, le 12 janvier 1695.

Morte sans laisser d'héritiers directs, la princesse, en cette prévision, avait quelques années avant, fait donation à Paul Sigismond de Montmorency Luxembourg, troisième fils du Maréchal de Luxembourg, son frère, du duché de Châtillon dont le dernier représentant est descendu dans la tombe le 5 mars 1861, à l'âge de 84 ans.

(F. Le Bihan).

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