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LA FAMILLE COËTANLEM.

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Nicolas Coëtanlem, sieur de Keraudy [Note : La terre de Keraudy est située dans la commune de Plouezoch], fut un des personnages les plus marquants de Morlaix, à la fin du XVème et au commencement du XVIème siècle. Sa famille appartenait à la noblesse du pays d'ancienne extraction et était originaire de Morlaix, de Saint-Pol-de-Léon ou des environs ; on n'est pas encore fixé, à ce sujet. Les armes des Coëtanlem étaient : d'azur à une fleur de lys surmontée d'une chouette de même, becquée et membrée de gueules.

Il épousa Méauce Le Borgne, fille aînée de la maison de Kerguydou. Sa mère était Catherine Calloët, de la maison de Lannidy, et soeur aînée de Pezron Calloët, seigneur dudit lieu de Lannidy et maître d'hôtel de la maison et seigneurie de Penhoat ; Messire Jehan Calloët, évêque de Tréguier, était aussi son frère. Yvon Coëtanlem, son père, était fils d'une demoiselle Catherine Le Houat, de l'évêché de Cornouailles, aussi de noble extraction. Sa fille aînée, Marguerite de Coëtanlem, épousa Guillaume de Goëzbriand, père de François de Goëzbriand, un des capitaines les plus remuants et aussi les plus infortunés des guerres de la Ligue, en Bretagne. Sa seconde fille épousa Jehan de Kergariou, et la troisième fut mariée à Guillaume de Trogoff, sieur de Kergadiou. Il eut aussi un fils, du nom de Jean, mais qui mourut jeune et sans avoir été marié.

Nicolas de Coëtanlem, quoique allié aux premières familles nobles du pays et noble lui-même, se livra au commence et y acquit des richesses considérables. Il n'en continua pas moins de rendre au duc de Bretagne, François le II, le service militaire auquel il était astreint, comme noble. Il combattit vaillamment, à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en 1488, et ravitailla par deux fois, à ses risques et périls, la ville de Nantes assiégée par les Français, en 1487. Frànçois II le récompensa de ce service en accordant des lettres de noblesse aux maîtres, contre-maîtres et mariniers de ses navires. Il faisait un commerce important avec Bordeaux, d'où il tirait du vin, avec l'Espagne, où il expédiait des toiles de Bretagne, et avec l'Angleterre, qu'il approvisionnait de charbon de terre et d'autres marchandises. En l'année 1500, le roi Louis XII et Anne de Bretagne le chargèrent de construire, dans l'anse du Dourduff, sur la rivière de Morlaix, d'armer et d'approvisionner la caraque ou navire de grande dimension appelé la Cordelière, qui était destiné à faire partie d'une flotte qui fut, plus tard, dirigée contre les Turcs. On sait quelle fut la fin malheureuse autant que glorieuse de la Cordelière. Dans une généalogie de la famille le Louët de Coatjunval, qui se trouve aux archives du Finistère, on lit ce qui suit : « Le jour de la saint Laurens (10 août) et l'an que dessus (1512, vieux style, et 1513, nouveau style), s'entrerencontrèrent la caraque de Bretagne nommée la Cordelière, et la caraque d'Angleterre nommée la Régente, bien près du raz de Saint-Mahé, (Saint-Mathieu) et combattirent jusqu'à la nuit, de sorte qu'ils s'entrebrûlèrent tous deux, et tous ceux qui dedans estoient moururent, sinon, bien peu qui s'échappèrent à force de nager. Il y avoit une autre nef d'Anglais que Porzmoguer mit sous l'eau, à grands coups d'artillerie, et estime-t-on qu'il en mourut d'Anglais environ 1300 personnes et de Bretons environ 500 : entre lesquels mourut capitaine Porzmoguer, Prigent Coëtmenec’h, expectant de Coatjunval, Morice Kerasquer, expectant de Quillimadec, François Le Baillif, sieur de Coatjunval, Tanguy Kerleroux, Martin Le Nault, maître de la caraque, Jean Le Saint, Christophe de l'Isle, Gabriel Brézal, Olivier et Yvon Nez, Yvon Kerdren, Jean Bouteville, Maudez, Quiniou, Jean Tanguy,... Dolou, Yvon Le Digouris, Guillaume Marrec, Jean Kermélec et plusieurs autres gentilhommes, mariniers et autres. Et le sieur de Coatjunval y fut bruslé, qui avoit nom Hervé.
Le capitaine Porzmoguer était marié à la veuve de l'Estang, qui était fille de Coatjunval »
.

D'après ce qui précède, le commandant de la Cordelière, dans ce combat du 12 août 1513, n'était pas Hervé Porzmoguer, comme on le croit généralement. Porzmoguer, dont on a fait aujourd'hui Primauguet [Note : Le nom de Primauguet, à qui l'on devrait bien restituer sa véritable orthographe, est encore porté aujourd'hui par un navire de notre marine militaire], n'était même pas homme de mer, mais capitaine d'une compagnie qui combattait aussi bien sur un navire que dans une place forte. La conduite du navire et la responsabilité des accidents de mer appartenaient à un autre officier, désigné sous le nom de Maître, qui avait sous ses ordres des contre-maîtres et des marins chargés de la manœuvre. Le Maître de la Cordelière était, en 1513, Martin le Nault.

La construction, l'armement et l'approvisionnement de la Cordelière coûtèrent à Nicolas Coëtanlem dix mille livres d'or, suivant les uns, quinze mille écus d'or, suivant d'autres, somme énorme, pour le temps, et dont il ne fut jamais remboursé. Cette perte ne le ruina pourtant pas, et, comme nous l'avons vu, plus haut, il maria ses trois filles à des gentilshommes appartenant aux premières familles du pays.

Nicolas Coëtanlem avait fait ses premières armes, comme homme de mer, sous les ordres et la direction de son oncle paternel, Jean Coëtanlem, oublié par tous les biographes tant Bretons qu'étrangers et dont nous croyons devoir dire un mot ici. C'était un de ces intrépides et héroïques marins bretons dont les aventures et les prouesses semblent tenir de la fable, quoique parfaitement réelles, et qui rappellent le malouin Robert Surcouf, le type du genre. Presque tout ce que nous connaissons de lui, d'une manière certaine (car déjà une légende commençait à se former autour de son nom, avant sa mort), est emprunté à une enquête faite en 1539, lorsque le fisc prétendit soumettre son neveu Nicolas Coëtanlem au fouage, sous prétexte qu'il s'était occupé de commerce et qu'il s'y était enrichi. François de Goezbriand, le petit-fils de ce dernier, protesta. Dix-sept témoins furent entendus et tous s'accordèrent à dire que les Coëtanlem étaient une famille de vieille noblesse et que Nicolas ne s'était jamais occupé de marchandise, si ce n'est pour équiper et approvisionner la Cordelière. Ces témoignages sont mensongers, sur ce point, car il était de notoriété publique que l'origine de la grande fortune de Nicolas Coëtanlem était dans la piraterie d'abord, puis dans le commerce, et un registre de ses trafics et opérations commerciales, conservé aux archives du département, ne permet aucun doute à cet égard. Mais ce n'est pas là ce qui nous intéresse le plus, dans ces dépositions, mais bien les détails historiques que nous y trouvons sur Jean Coëtanlem, sur la construction de la Cordelière, et aussi sur la vie des grands seigneurs bretons, aux XVème et XVIème siècles.

En 1484, Jean Coëtanlem vendit tous ses biens et équipa une petite escadre montée par des marins du pays, avec lesquels il se mit à courir la Manche et l'Océan, attaquant, sans s'effrayer du nombre ni de la force de l'ennemi, les navires commerçants de toutes les nations qu'il rencontrait, mais de préférence les Anglais, sur lesquels il fit des prises nombreuses Et importantes. Les Espagnols, les Flamands, les Ostréilins ou Ligue Anséatique, lui payèrent aussi tribut. Il règna bientôt en roi de la mer sur la Manche et l'Océan, et les commerçants étrangers n'osaient plus s'aventurer dans ces parages, à moins d'être bien escortés. Les Anglais, qui avaient eu le plus à souffrir, voulant en finir avec un voisin si incommode, armèrent, vers 1484, trois grands navires, pour lui donner la chasse et l'emmener captif en Angleterre avec sa flotille et ses hommes. Ils firent une procession dans la ville de Bristol, après avoir entendu la messe, à l'autel de saint Georges, pour demander à Dieu la grâce de rencontrer Coëtanlem. Ils le rencontrèrent, pour leur malheur. Bien qu'ils fussent cinq contre un, les Bretons leur prirent trois gros navires, à l'abordage, dispersèrent les autres et les poursuivirent jusque dans le port de Bristol, où ils les amarinèrent ; puis ils descendirent dans la ville, la pillèrent, l'incendièrent et amenèrent prisonniers les principaux habitants, auxquels ils firent payer, plus tard, de fortes rançons.

La piraterie, du reste, comme le fait remarquer M. Antoine Dupuy, dans son Histoire de la réunion de la Bretagne à la France, prit une grande extension, sur les côtes de Bretagne, vers 1480. Le duc publia bien un mandement défendant à tous ses sujets, de quelque état et condition qu'ils fussent, sous peine de confiscation de leurs biens et de punitions corporelles, « de non recueillir, vitailler, secourir, aider, ne favoriser lesdits pirates ne (ni) leurs dits navires, et aussi de non les récepter (recevoir), prendre ne acheter des navires et marchandises de leurs dits ravissements (prises), à quelque titre que ce soit, ainçois (mais) chasser ceulx pirates desdites côtes, et s'ils en trouvoient à terre, les prendre de corps et rendre prisonniers, sans aucune réservance ».

En 1486, le duc ordonna à ses officiers de Goëllo d'arrêter deux audacieux pirates, Rolland Le Faucheux et Yvon Lechény. Mais les ordonnances du duc étaient impuissantes ; la piraterie n'inspirait pas, au XVème siècle, la légitime répulsion qu'elle a excitée depuis. Les marins de ce temps confondaient volontiers les corsaires et les pirates. Ils avaient pour eux une certaine sympathie, à cause de leur audace, et ils leur savaient gré de leurs exploits, quand ils se bornaient à capturer des navires étrangers.

Avec Jean Coëtanlem, le roi de la mer, comme l'appelaient les siens, rivalisait François du Quélénec, seigneur de Bienassis, parent de l'amiral de Bretagne, Jehan du Quélénec, vicomte du Faou. Sur mer, dans l'exercice de ses fonctions, il était plus connu sous le nom de capitaine François. Il s'acharnait surtout sur les Anglais et les Flamands. En 1486, il captura les navires de deux marchands de Londres, Antoine Touère et Guillaume Fellangé. Le duc ordonna à ses officiers d'informer de cet attentat, d'obliger: le capitaine François à dédommager ses victimes, et, au besoin, de saisir ses biens. Le sire du Quélénec brava le duc et ses officiers et poursuivit près de vingt ans le cours de ses exploits. (Ant. Dupuy, Histoire de la réunion de la Bretagne à la France, tome II, p. 359)

Nous extrayons de l'enquête de 1539, provoquée par François de Goezbriand, comme on l'a vu plus haut, la déposition suivante, dans laquelle se trouve presque tout ce que nous savons de plus certain sur Jean Coëtanlem :

« Giles Moricze, sieur de Kerbavé, aigé de soixante-dix ans ou environ etc… recorde que environ l'an mil cinq cents trois ou quatre, le roy Louys douziesme et la royne Anne entrepreindrent d'envoyer par la mer d'Alevent (du Levant) gentz de guerre à ung lieu appelé Méthélin (Mitlène) que on dict entre environ Turquie ; ne scest (sait) ce tesmoing de Certain où est ledict lieu appelé Methelin, et que entre aultres y alla Jacques Guybé [Note : Jacques Guibé n'était pas plus homme de mer, ni commandant de la Cordelière que Hervé de Porzmoguer], qui estoit capitaine des gentilzhommes de la Royne, et que pour faire ledict voïage, ledict capitaine eust la neff de la royne qui fust appellée la Cordellière, qu'estoit navire de six à scept centz tonneaulx. Et que, pourtant que on ne trouvoit qui eust entreprins de faire la victuaille dudict navire, ledict Nicolas Coatanlem, sieur de Keraudy, qu'estoit estimé home de grand esperit et de grant conduicte, fust prié tant par ledict capitaine Jacques Guybé, que feu Missire Olivier de Coatmen, lors grant maistre de ce païs et duché, de faire et mectre ordre en la victuaille dudict navire, ce qu'il fist et, comme on dict notoirement, il y perdit ung gros nombre de bien, que ce tesmoign ne saurait à présent déclairer, comme il ouyd alors. Oultre, recorde (se souvient) qu'il a ouy dire comme chose notoire que Jehan Coatanlem, prochain parent dudict Nicolas, fust moult preux et vaillant en la mer. Et pour ce déclairer recorde ce tesmoign que, envyron cinquante-cinq ans, y a poy (peu) plus ou moyns, à ce que les Anglais faisoient quelques offenses et peilleries sur ceulx de ce païs et duché, ledict Jehan Coatanlem fist, à ses propres coustz et despens, sans ayde du duc Francoys, qui pour lors regnoit, équipper et mectre sur et en ordre des navires dont l'une estoit appelé La Cueiller, aultre appelé Le Singe, avec aultres que ce tesmoign ne sait nommer, et ainsi se mist sur mer, ayant o (avec) luy son lieutenant en qui de tout se fisit, ung gentilhomme nommé Alain de Plouecras, fils juveigneur de la maison de Plouecras, en Tréguier, et que dedans peu de temps amprès les Anglois furent advertis, et avoient pour lors troys grantz navires prest pour mectre en la mer, l'une appellée La Trinité, navire de cinq centz tonneaulx, l'aultre appellé Marie-de-Gracze, navire de deux à trois centz tonneaulx, et de l'aultre n'est ce tesmoingn souvenant de son nom ; qu'eulx (lesquels) troys navires Anglaises estoient équippés de double équipaige, munitz et garnitz d'artillerie et de marchandises de capitaines et maîtres mariniers, carczonniers, porczonniers et grant richesse, et encore fust bruict en après que les capitaines desdictz navires Angloises avoient faict célébrer une messe devant l'ymaige de Monsieur Saint George, pour que Dieu leur eust donné l'eur (le bonheur) de rencontrer ledict Jehan Coatanlem en la mer, ce que Dieu leur donna, le lendemain amprès estre partis de leur haffvre, et s'entrerencontrèrent environ uene (lieue?) et demye de la terre de Bretaigne, et vindrent lesdictz Ainglois sercher (chercher) et assaillir ledict Jehan Coatanlem et ses gentz, qu'il les entendit (attendit) et combastit à eulx pour la première venue, par espacze de cinq à six heures, et après demandèrent les Anglois treffve pour deux heures, ce que leur fust octroyé par ledict Coatanlem, et, la treffve finie, recommencèrent la bataille, et enfin ledict Jehan Coatanlem et ses gens y entrèrent (dans leurs navires) de plain assault et les prindrent et menèrent ; et de peur que ce n'eue esté cause de mouvoir la guerre entre le duc et le roy d'Angleterre, ledict Coatanlem, se disant fors banny de Bretaigne, alla o (avec) toutes lesdictes navires, au roy de Portuigal, qui les receust à très grant joye et le fist son admiral, et en oultre luy bailla en terre ung chanteau et une desmeure pour et contre la fin de sa vie et veillesse, là où il mourust. Et tout cecy dict ce tesmoingn savoir dès ledict temps de cinquante-cinq ans, par avoir parlé et ouy parler les mariniers qui estoient o ledict Coatanlem oudict faict et desqueulx y a ung encores en vye, nommé Jehan Le Gal, demeurant en la paroesse de Plouemiliau (Ploumilliau, commune de l'arrondissement de Lannion), en l'évêché de Tréguier. — Et est son record (ce dont il se souvient) » (Extrait des archives de la famille de Goesbriand, à Kerdaoulas).

Des plaintes contre ce terrible homme et son neveu arrivèrent de tous côtés au duc François II, qui se trouva fort embarrassé, car il avait besoin de ménager et l'Angleterre et l'Espagne, qui le pressaient le plus de sévir contre les coupables. Des mandements furent adressés aux « Sénéchaulx, alloués, baillifs et procureurs de Vennes, Cornouailles, Tréguier, Léon et Morlaix, leurs lieutenants et checun, de se transporter ès places de Saint-Pol-de-Léon, Morlaix et ailleurs que sauroient les vitailleurs des navires le Griffon, le Picard, la Figue et la Barque et Nicolas Coëtanlem, principal obligé pour Jehan Coëtanlem, de iceulx et checun sommer et requérir de par le duc que tout incontinent ils rendent et restituent en leurs mains certains biens et marchandises qu'ils ont pris sur mer, sur Pierre de Salamanque, Diego de Castre, Pierre de Valladolid, Fernando de Cariou et autres marchans des parties d'Espaigne, par espèces ou valleur, pour iceulx biens bailler et rendre auxdicts Espaigneulx etc. » (Archives du Finistère).

Mais Jean de Coëtanlem, sentant venir l'orage, avait cru prudent de se mettre à l'abri et de sauver le plus qu'il pourrait du produit de ses prises. Il se rendit en Portugal, avec ses navires et ses marins. Les uns veulent qu'il fût contraint de s'expatrier pour fuir la colère et la justice de François II ; des témoins déposent, au contraire, dans l'enquête, que le duc lui demanda bien de s'éloigner, pour lui éviter des désagréments avec l'Angleterre et l'Espagne, mais qu'il favorisa en sous-main son départ et le fit chevalier, de ses propres mains, et lui accorda même une somme d'environ douze cents pièces d'or, en reconnaissance des services qu'il lui avait rendus. Quoiqu'il en soit, le roi de Portugal, qui méditait alors une campagne contre les Turcs, lui fit le meilleur accueil et lui confia le commandement de sa flotte, avec le titre de grand Amiral de Portugal. Il lui donna aussi un beau palais, où il mourut, à une époque inconnue, entouré de ses fidèles marins bretons, qui, revenus plus tard dans leur pays, racontèrent des prouesses de leur capitaine et des merveilles de son palais de Lisbonne des histoires et aussi des contes qui défrayèrent longtemps les conversations et les récits du coin du feu, dans les longues veillées d'hiver.

Nicolas Coëtanlem, resté dans le pays, s'établit à Morlaix, où ils mourut, en 1519, et fut enterré dans l'église des Jacobins ou Dominicains de cette ville.

Il existe aux archives du département du Finistère deux copies de son testament, de l'écriture du temps. La première, sur papier format in-folio, contient huit feuillets écrits des deux côtés, sauf le dernier dont le verso contient en sept lignes et demie une reconnaissance de paiement par Christophe de Goesbriand à Fiacre Rolland d'un boisseau de froment de levée, en exécution des clauses de l'acte, le pénultième jour de Juillet 1524, avec les signatures : E. Rolland, passe ; Christophe de Goesbriand, passe.

La seconde copie, sur un rouleau en parchemin de cinq mètres et demi de long sur trente centimètres de large, est précédée d'un long préambule en latin relatif à l'ouverture du testament, devant l’official et le commissaire de l'archidiacre de Pougastel, en l'église de Tréguier, et les intéressés, qui sont : ecuyer Guillaume de Gësbriand, mari de Marguerite de Coëtanlem, Jean de Kergariou, armatae militiae miles, mari de défunte Catherine de Coëtanlem, et Guillaume de Tougoff (Trogoff), sr de Kergadiou, mari de défunte Jehanne de Coëtanlem, tous gendres de Nicolas Coëtanlem. La réunion a lieu dans la chapelle de Saint-Fiacre de Plourin, près de Morlaix, chez les frères mineurs, à cause de la peste qui sévissait alors à Morlaix, - ob pestem epidemiae regnantem et vigentem in oppido Montis-relaxi.

Les deux testaments, quoique celui sur papier porte en titre Premier testament de Nicolas Coëtanlem, sr de Keraudy, sont identiques, sauf quelques rares legs et indications de pélérinages des chapelles, ajoutés à celui sur vélin. Nous donnons ici le texte littéral et entier de celui sur papier, le premier rédigé et portant toutes les conditions requises d'authenticité.

Voir  Famille de Coetanlem (Bretagne) " Testament de Nicolas de Coëtanlem, sr. de Keraudy "

NOTE 1 : Les Coëtanlem, famille aujourd'hui éteinte, avaient autrefois de nombreux représentants, à Saint-Pol-de-Léon, à Morlaix et aux environs. Voici les noms que j'ai relevés, dans des actes de différente nature et autres documents, aux Archives du Finistère :

1486-87 — Mandement pour sommer les équipages des navires le Griffon, le Picard, la Figue et la Barque et Nicolas Coëtanlem, principal obligé pour Jehan Coëtanlem, de restituer par espèces ou valeurs les biens et marchandises qu'ils ont pris sur mer à des marchands d'Espagne, jusqu'à entière satisfaction de la somme de 15,000 livres monnaie. — 20 février 1505, Chrétien Coëtanlem, sieur de Lepanvel, livre à Messire Jehan Geffroy, prêtre, gouverneur, fabrique, syndic et ayant l'administration des biens de la chapelle de Notre-Dame de Lambader, un parc (champ) situé en la paroisse de Plaëmavorn (Plouvorn). — 1519, Nicolas de Coëtanlem vend le lieu noble de Tuongeredec, commune de Loguivy-Ploëgroix (Plougras) à Charles Le Lay, seigneur de Kerdelahaye, en Plounevez-Moëdec. — 1568. Tanguy Coëtanlem, sr de Keravel, et Jacques Coëtanlem, chanoine de Léon. — 1574. Loys Coëtanlem, notaire de la Cour de Saint-Pol-de-Léon.
— 1576. Noble homme Pierre Coëtanlem, sr de Pratmeur, demeurant en la ville de Saint-Pol-de-Léon. — 1605. Cession à noble homme Hamon Coëtanlem, par Goulfen Lohennec, sr de Kerangoundec'h, de prééminences, tombes et messes de fondation, dans l'église des Carmes de Saint-Pol-de-Léon. — 1626. Ecuyer Christophe Coëtanlem. — Par acte du 5 Juillet, 1759, en la juridiction royale de Lesnèven et Regaires de Léon, Ecuyer Hervé Coëtanlem, sieur de Chef-du-Bois, Hamon Coëtanlem, sr de Launay, et Jacques Coëtanlem, sr du Plessix, résidant en la ville de Saint-Pol-de-Léon, transportent à noble homme Yves Francquet, sr de Creac’hanton, demeurant au manoir de Kersauson, paroisse de Ploelan (Guiclan), 54 livres de rente foncière, sur la terre de Chef-du-Bois et le lieu de Launay-Guern-an-Liczou, lequel Creac'hanton leur cède en échange une maison et dépendances, en la ville de saint Pol. — 1667. Contrat passé entre Hamon de Kerguz, sr de Belair, et Guillaume Coëtanlem et demoiselle Mathurine Le Bouloign, sa compagne, pour certains biens que le premier vend au second, en la ville de Saint Pol-de-Léon. — 1686. Autre Loys Coëtanlem, notaire à Saint-Pol-de-Léon. — 1759. Ecuyer Hervé de Coëtanlem sr de Rostiviec, réclame comme lui appartenant, clans la chapelle Saint Nicolas, en l'église de Saint-Melaine de Morlaix, un banc clos avec, accoudoire, plus une tombe et quatre pierres tombales plates, lesquels banc et tombes lui seraient échus en la succession de Hervé de Coëtanlem et de demoiselle Perrine Le Gouverneur, ses ayeul et ayeule. — 1777. Pierre-Joseph-Jean de Coëtanlem, époux de dame Marie Bernard, dame propriétaire de la terre, fief et seigneurie de Trogriffon, en la trêve de Henvic, paroisse de Taulé.

Ainsi, il aurait existé des Coëtanlem, dans le pays, jusqu'en 1777, au moins. On trouve bien encore, à Quimper et aux environs, des Coatalem, mais je doute qu'ils descendent de la même famille, bien que le nom semble être le même.

P.-S. — M. de Grainville, descendant des Coëtanlem, par les femmes, et de qui nous attendons une généalogie complète de cette famille, avec de nouveaux renseignements sur Jean et Nicolas Coëtanlem, nous écrit que Pierre-Joseph-Jean, son grand père, n'est pas le dernier des Coëtanlem. Il eut en effet plusieurs enfants :
1° Bernard de Coëtanlem, non marié, décédé à Trogriffon, en Henvic, en novembre 1839 ;
2° Victoire de Coëtanlem, qui épousa M. de Kericuff, officier d'artillerie de marine ;
3° Marie-Perrine de Coëtanlem, qui épousa M. Gabriel-Omer-Marie de L'Espine de Grainville ; enfin, trois autres filles, décédées sans avoir été mariées. La soeur de Pierre-Joseph-Jean épousa M. Barazer de Lannurien, Notaire à Morlaix. Les Barazer-Lannurien de Morlaix sont les petits enfants de cette demoiselle de Coëtanlem.

NOTE 2 : L'extrait qui suit établit d'une manière incontestable l'alliance des Coëtanlem avec les Calloët de Lannidy, ce dont on paraissait douter jusqu'aujourd'hui, même parmi les descendants des Coatanlem qui existent encore.

« Sachent touz que par notre court de Mourlaix se sont comparuz aujourduy et représentez en droit en personnes Pierres Calloët aisné, filz de feux Yvon Calloët et Katerine En Houat sa fame, père et mère dudit Pierres ; Jehan Calloët, Katerine Calloët, fame espouse de Yvon Coëtanlem, Margerite Calloët fame de Henry Lonoré et Suzete Calloët, fame de Hervé Bellec ; iceulx Pierres, Jehan, Katerine, Margerite, Suzete frères et seurs germains desditz deffuntz Yvon Calloët et Katerine An Houat, leur père et mère, icelles fames desditz Coëtanlem, Lonoré et Bellec aiant suffisamment anctoritez de leurditz mariz présentz, donnantz et octroiantz leursdictes austorité et consentement respectivement à leursdictes fames quant à toutes les choses qui ensuilvent et contenu en cestes, par leurs sermentz, lesquelz frères et seurs et chacun delx avecques lesdictes austoritez, come hoirs desdictz deffunctz leur père et mère et aussi de feue Jehannete An Houat, fille de feu Jehan An Houat, leur cousin germain, décédé sans hoirs de son corps, sur quoy la succession héritière d'icelle leur est eschue…. (Suit l'énumération des biens à partager) ».
(Archives du Finistère, extrait d'un acte sur vélin, non daté, mais dont l'écriture paraît être de la fin du XVème siècle).

Dans une publication de la Société des Bibliophiles Bretons, parue sous le titre de : Complot breton de 1492, et précédée d'une introduction très-intéressante de Me de la Borderie, nous voyons que Nicolas Coëtanlem et un autre gentilhomme de Morlaix, ou des-environs appelé Yvon de Coëtcongar, entrèrent dans un complot ourdi par un nommé Pierre Le Pennec, aussi originaire des environs de Morlaix. Ce complot, soutenu par quelques seigneurs Bretons mécontents du mariage de leur reine Anne avec le roi de France Charles VIII, avait pour but de livrer la Bretagne à l'Angleterre. Mais, heureusement qu'il avorta. Coëtanlem et Coëtcongar furent arrêtés et conduits à Paris, pour y être jugés par le Parlement. Coëtanlem, emprisonné au Louvre, s'en échappa, au bout de deux mois et revint à Morlaix ; Coëtcongar, détenu à la Bastille, fut relâché, quatre ou cinq mois plus tard, ayant obtenu, comme Coëtanlem, des lettres de rémission. Quant à Le Pennec, on ne sait rien au juste ce qu'il advint de lui, mais il est probable qu'il se réfugia en Angleterre.

(M. LUZEL).

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